Présentation de l'épreuve
Dans l'après-midi du mercredi 17 août, un terrible orage s'abat sur la région de Budapest et suscite un début d'inondation dans le paddock et la voie des stands. Le niveau de l'eau monte à 20 centimètres, un grand écran vidéo est renversé par le vent, tandis que la grêle endommage le motorhome de McLaren... qui venait tout juste d'être réparé après l'incendie de Barcelone ! Par bonheur, le temps se calme. Puis une fournaise s'abat sur la Hongrie. Jeudi, l'eau s'évapore et la journée consacrée aux médias se déroule à peu près normalement. Néanmoins, en raison des dégâts, McLaren doit à nouveau fermer son hospitalité pour l'ensemble du week-end.
Le tourniquet du Hungaroring est un circuit si particulier qu'il est bien difficile de prédire qui de Red Bull, Mercedes, McLaren ou Ferrari aura ici l'avantage. Cette saison 2024 ménage en effet bien plus de suspens que prévu. Après un début d'année archi-dominé par Max Verstappen et sa Red Bull RB20, nous assistons depuis le début du printemps à net resserrement des performances, avec quatre équipes pouvant prétendre presque chaque week-end à la victoire. Aussi, après douze épreuves, on compte déjà six vainqueurs différents (Max Verstappen, Carlos Sainz, Lando Norris, Charles Leclerc, George Russell et Lewis Hamilton). Et si Verstappen caracole toujours en tête du classement des pilotes avec 255 points, vient ensuite un peloton très serré de sept pilotes: Norris (171 pts), Leclerc (150), Sainz (146), Piastri (124), Pérez (128), Russell (111) et Hamilton (110). Autant dire que cette deuxième partie de championnat s'annonce ouverte et passionnante.
Néanmoins, certains estiment que McLaren aura un avantage sur le tracé hongrois, ce qu'admet Lando Norris après des essais intensifs dans le simulateur de Woking. Oscar Piastri rappelle pour sa part qu'il a toujours brillé ici en formules juniors. Toutefois, on se montre prudent chez les Papayes qui ont perdu les deux dernières courses (Autriche et Grande-Bretagne) à cause d'erreurs de pilotage de Norris, et surtout d'errements opérationnels, notamment en ce qui concerne les stratégies. C'est pourquoi Andrea Stella tient à ses troupes un discours mesuré: « Nous sommes en bonne position au championnat des constructeurs. Nous avons surpassé nos plus proches rivaux au cours des dernières épreuves, néanmoins, il nous reste encore beaucoup à accomplir. Il faut maintenir la pression sur la concurrence. »
Par ailleurs, bien que toujours second du championnat du monde, Lando Norris fait face à quelques critiques après avoir une fois de plus laissé échapper la victoire à Silverstone. Le jeune Anglais a commis une erreur en qualifications, puis a loupé son emplacement lors de son arrêt aux stands, ce qui lui a sans doute coûté les lauriers. Par ailleurs, depuis sa collision avec Max Verstappen en Autriche, Norris est parfois décrit comme trop tendre, trop accommodant, face à un « tueur » tel que Max Verstappen. N'a-t-il pas exonéré celui-ci de toute excuse, alors qu'il était évident que le Hollandais était responsable de l'incident ? Interrogé à ce sujet à Budapest, Norris répond plutôt sèchement: « Je me fiche de ce que disent les médias. Je suis un garçon gentil et je ne veux pas devenir une enflure ! » D'autre part, il minimise les erreurs stratégiques de McLaren qui lui ont pourtant fait perdre beaucoup de points cette année, et notamment en Grande-Bretagne: « Tout est une question de détails, de millisecondes. Les gars sur le muret sont soumis à un stress énorme pour prendre des décisions en très peu de temps. Cela ne marche pas toujours bien, mais nul n'est infaillible. Red Bull et Mercedes ont aussi laissé filer des victoires. » Certains diraient qu'un vrai leader n'hésiterait pas à taper du poing sur la table pour réveiller son équipe... comme le fait régulièrement Verstappen avec Red Bull.
Le partenariat entre Haas et Ferrari est sans surprise aucune renouvelé jusqu'en 2028. En toute logique, la petite équipe américaine demeure sous la bienveillante protection de la « grande sœur » de Maranello avec laquelle elle partage des locaux communs, ainsi que bon nombre de pièces mécaniques (et les concepts de voitures, diront certains). Toutefois, des rumeurs lient en parallèle Haas à Toyota qui souhaiterait effectuer un prudent retour en Formule 1, d'abord comme simple sponsor, puis éventuellement, à long terme, comme fournisseur de moteurs. Cet éventuel soutien serait bénéfique pour Haas qui pourrait utiliser la soufflerie Toyota de Cologne, abandonnée par McLaren qui a construit son propre tunnel à Woking. Verra-t-on d'ici peu des Toyota-Haas-Ferrari ?...
Le 18 juillet, Haas annonce aussi le départ de Kevin Magnussen à la fin de la saison 2024. Cette issue était attendue puisque le pilote danois subit depuis un an et demi la loi de son équipier Nico Hülkenberg, notamment en qualifications. Cette saison, alors que la VF-24 est une bonne voiture, capable de figurer régulièrement dans le « top 10 », Magnussen erre le plus souvent dans la seconde partie du peloton pendant que Hülkenberg engrange les points. Du reste, l'écurie américaine, revigorée par Ayao Komatsu, a besoin de sang neuf. Or Magnussen est présent depuis 2017 (avec une interruption d'un an en 2021)... En 2025, Haas alignera un pilote solide et expérimenté, Esteban Ocon (dont l'arrivée sera officialisée à Spa), et un espoir très prometteur, Ollie Bearman. À 32 ans, après une décennie de F1 au cours de laquelle il se sera distingué par de rares exploits (sa pole à Interlagos en 2022), une conduite trop souvent à la limite de la correction et beaucoup d'accrochages, Magnussen n'est courtisé par aucune autre équipe et va devoir se reconvertir dans une autre discipline, peut-être en Endurance, puisqu'il avait disputé en 2021 le championnat IMSA outre-Atlantique. Il exclut en tout cas un poste de réserviste en F1, voulant se concentrer en priorité sur la compétition.
Esteban Ocon sera le successeur de Magnussen chez Haas et l'officialisation de son arrivée n'est qu'une question de jours. Pourtant, dans le même temps, la presse fait état d'une récente visite du Normand à l'usine Williams de Grove, entre les GP de Grande-Bretagne et de Hongrie ! Très agacé par le comportement d'Alpine à son égard depuis le GP de Monaco, Ocon aurait envisagé de remplacer Logan Sargeant après la trêve estivale, avec l'espoir de signer ensuite un contrat longue durée avec Williams. En Hongrie, il admet s'être rendu à Grove et même avoir fait mouler son baquet, mais ce n'était que pure précaution: « C'est parce que mon gabarit est très particulier, je suis très grand, mais rien n'est scellé ! » Ce transfert en cours de saison s'est avéré impossible en raison du veto d'Alpine. Huitième du championnat des constructeurs avec 9 points, l'écurie française est en concurrence directe avec Williams (4 pts) et n'a évidemment aucun intérêt à lui céder immédiatement Ocon, un bien meilleur pilote que Sargeant. Du côté de Williams, James Vowles priorise toujours la piste Carlos Sainz, et a sans doute utilisé la rumeur Ocon pour titiller celui-ci. En tout cas, à Budapest, Vowles annonce qu'Ocon ne rejoindra pas Williams, ni en 2024, ni en 2025.
Malgré toutes ces tensions, Esteban Ocon s'offre un peu de baume au cœur en se remémorant un passé plus joyeux. Voilà trois ans, il remportait à la surprise générale ce GP de Hongrie avec Alpine-Renault. Que cela paraît loin ! Quelques jours avant ce rendez-vous, le constructeur français lui a livré à domicile l'A521 avec laquelle il avait triomphé en 2021. Il ne s'agit toutefois pas d'un cadeau d'adieux, mais de l'exécution d'une clause contractuelle... Point égoïste, Ocon n'entend pas garder chez lui son ancien bolide. Il souhaite le déménager dans un endroit spacieux où les passionnés pourront l'admirer.
Au soir du GP de Grande-Bretagne, Ferrari annonce le départ immédiat de son directeur « châssis » Enrico Cardile, recruté par Aston Martin. L'Italien de 49 ans quitte Maranello après deux décennies de service pour devenir « directeur technique en chef » d'Aston Martin F1 Team. Il deviendra ainsi le supérieur hiérarchique de l'actuel directeur technique en titre Dan Fallows, dont la position paraît ébranlée par les récents mauvais développements de l'AMR24. Le transfert de Cardile annonce peut-être celui d'Adrian Newey, dont on attend depuis des mois la future destination. Une chose est sûre : en 2025, le génial ingénieur sera vêtu en rouge ou en vert. Il a en effet le choix entre Ferrari et Aston Martin. Newey et son agent Eddie Jordan ménagent le suspens. Pour certains, le départ de Cardile, peu retenu par Frédéric Vasseur, ouvre la voie à l'arrivée de Newey à Maranello. Point du tout, selon d'autres: il va rejoindre Silverstone où il retrouvera son ancien bras droit Dan Fallows...
Le projet Audi F1 soulève de nombreux doutes depuis son officialisation il y a près de deux ans, et en cet été 2024 la presse relaie de fâcheux bruits de couloir en provenance d'Hinvill. Il est vrai que les résultats de l'entité de transition « Stake - Kick-Sauber » sont peu reluisants. L'équipe helvétique est jusqu'ici la seule à afficher un zéro pointé au classement des constructeurs et paraît devoir hériter de la cuillère de bois en fin de saison. Plus fâcheux, des ingénieurs, déçus de la situation actuelle et des perspectives offertes par Audi, prépareraient leur départ. Pire encore, les relations entre Oliver Hoffmann, le responsable du projet F1 délégué par le directoire d'Audi, et le président de l'écurie Andreas Seidl sont exécrables. Les disputes entre les deux Allemands seraient fréquentes, et Hoffmann reprocherait à Seidl son incapacité à faire signer Carlo Sainz. En effet, Audi risque désormais d'arriver en F1 sans pilote de pointe dans ses rangs. De son côté, Seidl déplorerait les investissements trop faibles d'Audi qui aurait décidément sous-estimé financièrement son entreprise. En outre, il doit désormais composer avec un adjoint, Stefan Strähnz, nommé « directeur du programme F1 ». Cet ancien ingénieur chevronné a travaillé pendant 13 ans chez Mercedes où il s'occupait de la mise en œuvre de stratégies opérationnelles et organisationnelles. Sa mission est de faciliter la mue de Sauber Motorsport en Audi F1... ce qui semblait être la tâche d'Andreas Seidl.
Red Bull aligne ici une nouvelle version de la RB20. L'aileron et les suspensions avant sont retravaillés, mais le gros du travail porte sur la portion arrière, avec la disparition sur la voiture de Verstappen des « boudins » (ou « canon cooling ») qui entouraient le capot moteur. L'ingénieur en chef Paul Monaghan indique qu'il s'agit d'éprouver une nouvelle configuration de refroidissement et que cet élément pourrait réapparaître huit jours plus tard à Spa. Aston Martin présente une importante évolution de son AMR24, avec un aileron avant, un plancher, un diffuseur et un beam wing modifiés. Williams inaugure un capot moteur avec une plus large échancrure, afin d'améliorer le refroidissement. Mercedes, Alpine et Visa Cash RB ont retouché leurs écopes de frein.
La panne informatique mondiale du vendredi 19 juillet 2024 a quelques répercussions dans le paddock, notamment chez Mercedes, partenaire de la marque CrowdStrike dont un logiciel a provoqué ce collapsus. L'équipe anglo-allemande perd du temps avant les essais libres à dénicher des solutions pour utiliser ses outils informatiques. Microsoft ayant aussi été touchée, la plupart des équipes rencontrent aussi çà et là des difficultés pour travailler.
Essais et qualifications
Vendredi, dans la fournaise, Sainz réalise le meilleur temps des premiers essais libres (1'18''713''') devant Verstappen et Leclerc. Norris est le plus rapide (1'17''788''') de la seconde séance que Leclerc achève dans une barrière. Samedi, à mi-journée, sous un ciel menaçant, Norris confirme son ascendant (1'16''098''') et précède Piastri et Verstappen.
L'après-midi, les qualifications sont perturbées par des averses orageuses, au tout début et à la fin de la séance. Les deux McLaren-Mercedes verrouillent la première ligne, une première depuis 2012 (!). Norris réalise sa troisième pole position (1'15''227'''). Piastri décroche la seconde place à 22 millièmes de son équipier. Verstappen (3e) est mécontent de sa Red Bull, même s'il ne concède que 4 centièmes à Norris. Le cauchemar continue pour Pérez (16e) qui part en glissade au virage n°8 et heurte rudement les barrières, provoquant un drapeau rouge. Les Ferrari (Sainz 4e, Leclerc 6e) déçoivent à nouveau à cause d'un manque de stabilité. Les Mercedes ne sont guère dans le coup ce week-end. Hamilton (5e) limite les dégâts mais Russell (17e) est éliminé dès la Q1 car il n'avait pas assez de carburant pour entamer un dernier tour lancé. Les évolutions semblent fonctionner chez Aston Martin puisque Alonso (7e) et Stroll (8e) peuplent la quatrième ligne.
Les RB atteignent toutes deux la Q3. Ricciardo (9e) devance Tsunoda (10e) qui se crashe dans les derniers instants de la Q3. Sa machine rebondit sur une bosse en sortant du virage n°5 puis retombe très violemment. Les Haas-Ferrari (Hülkenberg 11e, Magnussen 15e) sont éliminées en Q2, la faute selon les pilotes au temps perdu à faire la queue dans les stands. Les Kick-Sauber paraissent en progrès, même si comme souvent Bottas (12e) s'en tire nettement mieux que Zhou (18e), victime d'un manque d'adhérence. Les Williams se comportent mieux que prévu ici, même si Albon (13e) et Sargeant (14e) se plaignent du trafic. Enfin, les Alpine-Renault (Ocon 19e, Gasly 20e) sont en queue de peloton pour la simple et bonne raison que les pilotes ne sont pas ressortis à la fin de la Q1, alors que la piste s'améliorait. L'équipe voulait ainsi économiser les pneus. Les deux Normands affichent un vif mécontentement...
Le Grand Prix
La course se déroule sous une forte chaleur (30°C dans l'air, plus de 40°C au sol). La stratégie à deux arrêts s'impose. La majorité du peloton part avec les pneus médiums (C2). Stroll, Alonso, Albon et Magnussen s'élancent en pneus tendres (C3). Pérez, Russell et Gasly tenteront un long premier relais en durs (C1). Déjà bon dernier sur la grille, Gasly s'élance depuis les stands après avoir fait changer sa batterie.
Départ: Norris serre son équipier Piastri vers la droite, et ce faisant ouvre à gauche un espace à Verstappen. Au freinage, Piastri prend l'avantage, contraignant Norris à mordre sur la bordure et Verstappen à virer très au large. Le Hollandais revient en piste pied au plancher, derrière Piastri, mais devant Norris. Opportuniste, Hamilton double celui-ci entre les virages n°1 et 2.
1er tour: Hamilton tente en vain de surprendre Verstappen par l'extérieur au second tournant. Norris en profite pour redoubler son compatriote par la gauche au virage n°3. Piastri mène devant Verstappen, Norris, Hamilton, Leclerc, Alonso, Sainz, Stroll, Albon et Magnussen.
2e: Le DRS est activé. Piastri a plus d'une seconde et demie d'avance sur Verstappen. Norris demande par radio que ce dernier lui rétrocède la seconde place.
3e: Sainz dépasse Alonso au premier virage. Hülkenberg bascule déjà sur les enveloppes dures.
4e: Red Bull redoute que Verstappen écope d'une pénalité pour son dépassement sur Norris au départ. Sur le conseil de Gianpiero Lambiase, le Batave rend ainsi sa position à l'Anglais avant le virage n°2.
5e: Piastri devance Norris (2.4s.), Verstappen (2.8s.), Hamilton (4.7s.), Leclerc (6.1s.), Sainz (8.9s.), Alonso (11.4s.), Stroll (12s.), Albon (12.4s.), Magnussen (13.6s.), Ricciardo (14.2s.) et Tsunoda (15s.).
6e: Albon, Magnussen et Ocon passent aux stands pour chausser les pneus durs.
7e: Piastri a deux secondes et demie d'avance sur Norris. Verstappen est à plus d'une seconde du pilote anglais. Alonso, Ricciardo et Zhou prennent les gommes dures. Sargeant fait de même au tour suivant.
9e: L'intervalle entre les McLaren frôle les trois secondes. Verstappen ne paraît pas en mesure de les menacer et est même rejoint par Hamilton.
11e: Piastri mène devant Norris (3.1s.), Verstappen (5s.), Hamilton (6.2s.), Leclerc (7.8s.), Sainz (11.8s.), Stroll (19.3s.), Tsunoda (21.6s.), Bottas (24.2s.), Russell (24.7s.), Pérez (25.4s.) et Gasly (30s.).
13e: Tout va bien pour Piastri qui porte son avantage sur Norris à trois secondes et demie. Verstappen est relégué à six secondes.
14e: Après un début de remontée, Russell et Pérez sont désormais bloqués derrière Bottas. Dernier pilote muni de pneus tendres, Stroll chausse les pneus durs lors d'un arrêt trop long (4.1s.) et se réinsère entre Magnussen et Ricciardo.
15e: Piastri précède Norris (3.5s.), Verstappen (7s.), Hamilton (8.2s.), Leclerc (10s.), Sainz (14.3s.), Tsunoda (25.3s.), Bottas (29s.), Russell (30.1s.) et Pérez (31.1s.).
17e: Hamilton est chez Mercedes pour mettre des pneus durs (2.3s.) et repart septième. Bottas chausse aussi ce composé.
18e: Norris se saisit de pneus blancs (2.8s.) puis repart devant Hamilton qui a effacé Tsunoda.
19e: Piastri apparaît à son tour chez McLaren pour prendre les gommes dures (2.5s.) puis se relance devant Norris. Verstappen recueille le commandement mais se plaint de la maniabilité de sa Red Bull.
20e: Verstappen compte trois secondes et demie d'avance sur Leclerc. Les McLaren remontent sur Sainz. Hamilton est le plus rapide en piste.
22e: Verstappen est aux stands pour mettre les pneus durs (3s.), puis se relance cinquième, loin derrière Hamilton. Sainz fait de même chez Ferrari et redémarre derrière Pérez. Leclerc est un leader tout provisoire.
24e: Leclerc fait escale chez Ferrari et se saisit de gommes blanches. Il repart entre Verstappen et Tsunoda qui n'a pas stoppé. Piastri retrouve le commandement, deux secondes et demie devant Norris. Sainz dépasse Pérez.
25e: Sainz déborde Russell par l'intérieur au premier tournant.
26e: Sainz prend l'ascendant sur Tsunoda, qui poursuit avec ses pneus médiums. Alonso attaque Hülkenberg pour la 11e place.
27e: Piastri devance Norris (3.7s.), Hamilton (7.3s.), Verstappen (10.6s.), Leclerc (18.7s.), Sainz (25.5s.), Tsunoda (29.8s.), Russell (30.6s.), Pérez (31.6s.) et Gasly (43s.). Alonso dépasse Hülkenberg.
28e: Stroll prend la 12e place à Hülkenberg. Après un long premier relais, Pérez chausse les pneus médiums et repart 14e. Gasly change aussi pour la première fois d'enveloppes, alors que Ricciardo stoppe déjà pour la deuxième fois.
29e: Quatre secondes séparent Piastri et Norris. Tsunoda passe chez Visa Cash RB pour prendre les pneus durs et se réinsère 10e, devant les Aston Martin. Hülkenberg et Albon observent un second pit-stop.
31e: Verstappen revient peu à peu sur Hamilton. Une seconde et demie les sépare. Pérez prend la 11e place à Magnussen. Second arrêt d'Ocon.
32e: Piastri précède Norris (4.4s.), Hamilton (9.2s.), Verstappen (10.6s.), Leclerc (16.2s.), Sainz (25s.), Russell (41.5s.), Alonso (52s.), Stroll (53.6s.), Tsunoda (58.2s.), Pérez (59.2s.) et Magnussen (1m. 02s.).
33e: Piastri vire large au tournant n°11 et perd deux secondes en un tour. Verstappen est à moins d'une seconde d'Hamilton. Pérez double Tsunoda et retrouve la zone des points.
34e: Russell passe chez Mercedes afin de chausser les pneus durs et glisse derrière Tsunoda. Gasly rentre au garage Alpine pour abandonner à cause d'une fuite hydraulique. Le Rouennais était 15e. Deuxième arrêt pour Sargeant.
35e: Hamilton résiste à Verstappen au virage n°1, au prix d'un freinage appuyé. Puis le Hollandais attaque le Britannique par l'extérieur du second tournant, mais il arrive trop vite au freinage, vire au large et laisse filer son rival.
36e: Piastri rencontre un peu de trafic. Norris est revenu à une seconde et demie. Pérez dépasse Stroll.
37e: Verstappen est revenu sur les talons d'Hamilton. Russell efface Tsunoda. Second arrêt pour Zhou.
38e: Piastri garde un peu plus d'une seconde de marge sur son équipier. Tous deux sont dans le trafic. Hamilton verrouille toutes les issues devant un Verstappen très pressant. Leclerc se rapproche de ce duo. Alonso reprend un jeu de pneus durs.
40e: Hamilton résiste toujours à Verstappen malgré des pneus bien usés. Il entre finalement aux stands en fin de tour.
41e: Hamilton reprend des gommes dures (2.8s.), tandis que Leclerc opte pour des médiums (2.9s.). Tous deux repartent derrière Sainz.
42e: Piastri mène devant Norris (1.8s.), Verstappen (11.1s.), Sainz (18.4s.), Hamilton (31.4s.), Leclerc (32s.), Pérez (46.7s.), Russell (49.5s.), Stroll (58s.), Tsunoda (1m.), Alonso (1m. 10s.) et Bottas (1m. 11s.).
45e: Piastri a repoussé Norris à deux secondes. Leclerc menace Hamilton grâce à ses gommes médiums.
46e: Curieusement, McLaren rappelle Norris en premier pour le second pit-stop. L'Anglais prend les enveloppes médiums (2.3s.) et repart en quatrième position. Stroll et Bottas s'emparent de pneus durs.
47e: Piastri est appelé aux stands à son tour... alors qu'il n'a que 20 secondes d'avance sur Norris. Son ingénieur Tom Stallard lui dit cependant de ne pas s'inquiéter. Norris est pour sa part bloqué derrière Sainz.
48e: Piastri chausse des pneus jaunes (2.9s.) et reprend la piste derrière Norris ! Très énervé, l'Australien s'offre un léger écart dans la poussière. Sainz prend les pneus médiums (2.4s.) et repart derrière Leclerc. Pérez fait de même puis perd une place. Verstappen récupère provisoirement le leadership.
49e: L'embarras est grand chez McLaren après cet « undercut » involontaire. Will Joseph indique à Norris qu'il serait bon de redonner la première place à Piastri...
50e: Verstappen fait halte chez Red Bull pour prendre les pneus médiums (2.3s.) et repart seulement cinquième, derrière Leclerc. Le Hollandais a perdu une place à chacun de ses arrêts !
51e: Verstappen s'empare du meilleur tour en course (1'20''908''').
52e: Norris est premier devant Piastri (2.9s.), Hamilton (10.3s.), Leclerc (11s.), Verstappen (12.8s.), Sainz (20.3s.), Russell (27.6s.), Pérez (39.6s.), Tsunoda (51.8s.), Alonso (56.6s.), Ricciardo (1m. 01s.) et Stroll (1m. 03s.).
53e: Verstappen revient aisément sur Hamilton et Leclerc, mais il est furieux de la stratégie adoptée par son équipe et enguirlande son ingénieur par radio.
54e: Verstappen menace Leclerc sans porter d'attaquer pour le moment. Russell prend des gommes blanches (2.2s.) et cède la 7e place à Pérez.
55e: Norris attaque et porte son avance sur Piastri à quatre secondes. Cependant son ingénieur lui suggère de « ménager ses pneus »... Russell réalise le meilleur tour de l'épreuve (1'20''305'''). Stroll double Ricciardo.
57e: Verstappen ouvre son aileron mobile et déborde Leclerc par l'intérieur au virage n°1. Il vire un peu large en sortie de courbe, mais parvient à contenir le Monégasque dans l'enchaînement suivant.
58e: Norris garde plus de quatre secondes d'avantage sur Piastri et ne semble pas envisager de s'effacer pour le moment.
60e: Norris mène devant Piastri (4.8s.), Hamilton (15s.), Verstappen (16.1s.), Leclerc (20s.), Sainz (22.4s.), Pérez (39.7s.), Russell (44.5s.), Tsunoda (1m. 05s.) et Alonso (1m. 07s.).
61e: Will Joseph demande à Norris de laisser passer Piastri, mais l'Anglais répond que celui-ci doit d'abord combler son retard... Verstappen est de nouveau aux trousses d'Hamilton. Un peu plus loin, Sainz s'est nettement rapproché de Leclerc.
62e: Norris porte son avance sur Piastri à cinq secondes. Verstappen tente de contourner Hamilton par l'extérieur du virage n°2, mais l'Anglais se défend fermement. Le champion du monde doit céder.
63e: Verstappen assaille Hamilton au bout de la ligne droite principale, alors que tous deux doublent Albon. Le Hollandais, DRS ouvert, plonge à l'intérieur, retarde son freinage au maximum alors que son adversaire prend la corde. La Red Bull escalade la roue avant-droite de la Mercedes avec sa roue arrière-gauche, se soulève et retombe dans le dégagement. Par une chance inouïe, ses suspensions tiennent bon. Verstappen peut reprendre sa route juste derrière Leclerc.
64e: Rassuré sur l'état de sa Red Bull, Verstappen repart à l'offensive et tente de revenir sur Leclerc. Par radio, il affirme que Hamilton a bougé au freinage, mais Gianpiero Lambiase le rembarre en lui demandant d'« arrêter de son comporter comme un môme ! »
65e: Norris précède Piastri (5.7s.), Hamilton (19.3s.), Leclerc (23.3s.), Verstappen (25.3s.), Sainz (31.7s.), Pérez (47s.), Russell (51.3s.) et Tsunoda (1m. 18s.). Alonso laisse passer Stroll afin que celui-ci prenne le Japonais en chasse.
66e: Will Joseph envoie le message suivant à Norris: « Laisse passer Oscar. Pense au championnat, tu auras besoin d'Oscar, tu auras besoin de l'équipe. » Un tour plus tard, il lui ordonne clairement de s'effacer.
67e: Piastri est revenu à moins de trois secondes de Norris. Sargeant et Ocon effectuent un dernier changement de pneus.
68e: Norris ralentit après la ligne, attend Piastri et lui rétrocède finalement la première place. Mais il prend garde à rester dans la zone d'activation du DRS.
69e: Norris évolue à neuf dixièmes de Piastri, mais ne pourra pas porter d'attaque. Bien plus loin, Aston Martin demande à Stroll de rétrocéder sa 10e place à Alonso... mais le Canadien n'obtempérera pas.
70e: Oscar Piastri remporte son premier Grand Prix. Norris, second, complète le doublé McLaren. Hamilton finit troisième : c'est son 200e podium en F1. Leclerc finit quatrième devant Verstappen et Sainz. Pérez achève une solide remontée à la 7e place. Russell est huitième. Tsunoda (9e) et Stroll (10e) empochent les derniers points. Suivent Alonso, Ricciardo, Hülkenberg, Albon, Magnussen, Bottas, Sargeant, Ocon et Zhou.
Après la course: Oscar du jeune premier
Après Jack Brabham, Alan Jones, Mark Webber et Daniel Ricciardo, Oscar Piastri devient le cinquième Australien à remporter un Grand Prix de F1. Certes heureux, il n'affiche pourtant pas une joie exubérante. Ce jeune homme très cérébral, plutôt réservé, se laisse rarement submergé par l'émotion. « C'est toujours spécial de monter sur un podium de F1, mais c'est plus beau quand vous êtes au sommet, dit-il. C'est un moment incroyable dont je rêvais depuis très longtemps. Mon premier rêve était d'atteindre la F1. Le deuxième était de gagner une course. Une vraie, cela n'avait rien à voir lors du sprint au Qatar, l'an passé. Oui, je suis très heureux et fier, et pas seulement de moi, mais de tous ceux qui m'ont aidé à atteindre cette position. Je pense d'abord à ma famille. Vous savez, il a fallu prendre de grandes décisions, très jeune, pour poursuivre mon rêve. Il est très difficile de devenir pilote de F1 en restant en Australie. Et je suis très, très fier que ces décisions aient porté leurs fruits. » Son choix le plus important fut de confier sa carrière à son agent et mentor Mark Webber - retenu ce dimanche à Londres par la Formule E - lequel a eu la sagacité deux ans plus tôt de négocier son transfert d'Alpine vers McLaren. Sans cela, vues les performances de l'équipe française, où en serait aujourd'hui la carrière du jeune Aussie ?... « Le recul de Mark sur sa carrière est ma prévoyance, ajoute Piastri. Il m'a évité de tomber dans quelques pièges qu'il a lui-même connu jadis. C'est un soutien essentiel. »
Ce 21 juillet 2024 est sans doute une date importante dans l'histoire de la F1, car le jeune Piastri, par son talent et son impressionnante maturité, paraît promis à un avenir très glorieux. Hélas, ce premier succès est quelque peu entaché par les tâtonnements stratégiques de McLaren. Alors qu'Oscar Piastri, auteur d'un départ remarquable et d'une course impeccable, avait la victoire en poche, l'équipe l'a inexplicablement rappelé aux stands en premier pour le second changement de pneus, opérant ainsi un « undercut » involontaire au profit de Lando Norris. Celui-ci s'est ensuite fait prier pendant près de 20 tours avant de rendre sa position. De nouveau, le comportement du jeune Anglais pose question. Aiguillonné par le démon de la victoire et la quête du titre mondial, il a envisagé de profiter de ce « cadeau » et de rester aux commandes, avant d'être rappelé à l'ordre (et à la raison) par son ingénieur Will Joseph. En effet, que serait devenue la cohésion du team après pareille incartade ? Mais Norris aurait cependant dû trancher le dilemme immédiatement au lieu d'attendre aussi longtemps et de créer un stress inutile. Oscar Piastri a beau déclarer qu'il était persuadé que son équipier lui rendrait la position, nul doute qu'un immense point d'interrogation a obstrué son esprit...
Une fois sorti de sa voiture, Lando Norris endosse le costume du parfait équipier modèle et « corporate » : « Bravo à l'équipe et bravo à Oscar, il a mérité ce succès. J'ai eu un départ horrible, avec un problème sur le second rapport. Oscar s'est retrouvé à l'intérieur et j'ai dû céder. C'est tout. » Interrogé sur la consigne qu'il a dû respecter, l'Anglais botte en touche dans un premier temps: « On me l'a demandé et je me suis exécuté. Voilà. Bien sûr, j'ai songé à rester en tête, aux 7 points que j'allais perdre en m'effaçant. C'est dur de céder une victoire, mais j'ai essayé de me mettre à la place d'Oscar et j'ai compris que c'était la meilleure décision. » Un peu plus tard, Norris reconnaît franchement que Piastri méritait davantage les lauriers que lui: « Il a fait une meilleure course que moi. Il a pris un bon départ et le mien a été nul. C'était la bonne chose à faire. Bien sûr, c'est difficile de perdre encore des points au championnat alors que Verstappen est loin devant moi. Mais en vérité, cette victoire, je l'ai perdue au démarrage et pas ensuite. »
Andrea Stella justifie pour sa part la curieuse stratégie adoptée en fin de course: « Il fallait assurer et je ne voulais pas qu'il y ait un problème aux stands qui aurait mis Norris derrière une Mercedes ou une Ferrari. Je sais que cela fait causer dans les médias, mais c'était notre approche et nous savions pouvoir la maîtriser. » Interrogé sur la probité de Norris, le team manager italien se récrie: « Lando est un pilote de course ! Citez m'en un qui ne se serait pas exécuté avant le 70e tour ! Je serais extrêmement inquiet ce soir si Lando n'avait pas démontré qu'il était un vrai professionnel. Il a agi avec éthique, comme un champion, et c'est très rassurant quand on doit se battre contre des pilotes comme Max Verstappen, Lewis Hamilton, ou désormais Oscar lui-même. » Reste que McLaren devra dorénavant ménager les egos de ses pilotes car, même si « tout est bien qui finit bien », ni l'un ni l'autre ne peuvent faire comme si rien ne s'était passé. Néanmoins, l'équipe britannique peut savourer ce doublé, son premier depuis trois ans, qui la hisse au deuxième rang du classement des constructeurs, à seulement 51 points de Red Bull.
Le retour de Mad Max
Max Verstappen est apparu fort brouillon cet après-midi. Très agacé par la stratégie de son équipe qui l'a relégué au cinquième rang après son deuxième arrêt, il a porté une attaque désespérée contre Lewis Hamilton et a fini dans le décor. Le Néerlandais s'en néanmoins très bien sorti, puisqu'il a évité l'abandon et que les commissaires de course classent l'incident sans suite. Cela ne l'a pas empêché de pester contre la Terre entière par radio, comportement qui lui a valu une volée de bois vert de son ingénieur Gianpiero Lambiase. Après l'arrivée, Verstappen laisse libre cours à sa mauvaise foi: « J'ai tenté une manœuvre qui était très vigoureuse, mais ensuite, au milieu de la zone de freinage, Lewis a soudainement continué à tourner à droite. Si je n'avais pas tourné en freinant, je serais entré en contact avec lui. Je n'ai pas commis d'erreur. Je n'ai pas freiné trop tard. C'est lui qui a été dangereux ! » Verstappen n'oublie pas au passage de tacler Red Bull: « De toute façon, cela ne serait pas arrivé si nous avions eu une meilleure stratégie. L'équipe m'a laissé sur le carreau après le deuxième pit-stop. Je me suis retrouvé cinquième, au milieu du trafic. Or sur cette piste, dès que vous êtes derrière un concurrent, les pneus surchauffent en deux tours. Certaines personnes n'ont pas fait leur travail... » Cerise sur le gâteau, lorsque Gianpiero Lambiase lui annonce que les commissaires n'ont pas sanctionné Hamilton, il lui répond d'appeler un médecin pour vérifier la santé mentale de ceux-ci !... Hélas, lorsque tout ne tourne pas rond, « Mad Max » perce encore sous Verstappen...
Lewis Hamilton grimpe sur le 200e podium de sa carrière, un chiffre étourdissant, mais il aurait fort bien pu rester sur le carreau après sa collision avec Max Verstappen. Il nie toute responsabilité dans cet incident et en profite pour tacler son rival dont il regrette le mauvais état d'esprit: « Nous étions en train de doubler un retardataire. Je suis arrivé dans la zone de freinage, et Max est apparu pour dépasser la voiture derrière moi, alors je me suis déplacé pour défendre. J'ai laissé suffisamment d'espace à l'intérieur, mais il allait tout droit alors que j'entrais dans le virage. C'est un incident de course. Il est facile de commettre ce genre d'erreur. Il ne devrait pas y a voir d'hostilité entre nous, mais hélas, de son côté, il y en aura toujours. » Pour ce qui est de Mercedes, ce week-end hongrois s'avère au final décevant. L'erreur commise sur la voiture de George Russell en qualifications a coûté de gros points. Et la W15 était selon Toto Wolff trop sensible à la chaleur...
Ferrari n'a toujours pas retrouvé son niveau de performance du printemps, mais au moins Charles Leclerc et Carlos Sainz ont-ils vécu une course propre, sans incident, et surtout pas trop loin des meilleurs. « Notre rythme était solide aujourd'hui, commente Frédéric Vasseur. L'an passé ici, nous avions fini à plus d'une minute de Red Bull et cette année nous sommes seulement à 20 secondes du vainqueur. Certes, ce n'est pas assez, mais nous nous sommes bien battus avec Red Bull et Mercedes en tirant le maximum de notre package. » La Scuderia peine toujours à optimiser sa SF-24 : en Hongrie, elle n'avait pas moins de quatre kits aérodynamiques dans ses bagages ! Cette période de tâtonnement l'éloigne en tout cas des couronnes mondiales. Ferrari est désormais seulement troisième du classement des constructeurs, derrière McLaren et menacée par Mercedes.
Sources :
- Auto Hebdo n°2472, 24 juillet 2024
- https://motorsport.nextgen-auto.com/fr/
Tony