Carlos SAINZ
 C.SAINZ
Ferrari
Sergio PEREZ
 S.PEREZ
Red Bull RBPT
Max VERSTAPPEN
 M.VERSTAPPEN
Red Bull RBPT

1064e Grand Prix

LXXIX Grand Prix Automobile de Monaco
Très variable
Monaco
dimanche 29 mai 2022
64 tours x 3.337 km - 213.568 km
Départ donné derrière la voiture de sécurité en raison de fortes pluies.
Course prévue pour 78 tours, interrompue au 30e tour, stoppée au bout de 2 heures.
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F1
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  • 5e victoire pour RBPT

Grand Prix de Monaco: un futur en suspens

Depuis plusieurs mois, le propriétaire de la F1, le groupe Liberty Media, brandit la menace d'une suppression du Grand Prix de Monaco au prétexte que celui-ci serait désormais anachronique et devrait céder la place à de nouvelles épreuves américaines, asiatiques et même africaines. La pauvreté du spectacle offert par les deux dernières éditions paraît confirmer cette analyse, et du reste une propagande anti-Monaco est à l'œuvre sur les réseaux sociaux. Se passer de cette épreuve légendaire n'est plus un tabou dans la communauté des « fans », puisque c'est désormais ainsi que l'on nomme ceux qui regardent la F1. Aussi, Stefano Domenicali indique que le contrat qui s'achève cette année pourrait ne pas être renouvelé. Mais le GP de Monaco est toujours un outil marketing remarquable et un grand succès populaire. En vérité, Stefano Domenicali est chargé de mettre la pression sur l'Automobile Club de Monaco afin que la Principauté renonce à ses nombreux privilèges garantis par le précédent accord, signé sous Bernie Ecclestone. Le GP de Monaco est en effet la seule épreuve qui ne verse presque rien à la FOM et récupère l'intégralité des revenus liés à la publicité. Il peut mettre en avant ses propres sponsors, comme l'horloger TAG Heuer, qui est en concurrence avec l'un des principaux commanditaires de la F1, Rolex. Le Grand Prix bénéficie aussi de son propre diffuseur, Télé Monte Carlo, et contrôle l'accès au Paddock Club. Autant de faveurs que Liberty Media juge abusives.

 

Ces menaces ont certainement poussé Michel Boeri, 83 ans, à solliciter l'hiver dernier un énième mandat à la tête de l'ACM. Président depuis tout juste un demi-siècle, le vieux dirigeant entend conduire lui-même les négociations avec Liberty Media. Il agit bien sûr en liaison direct avec le Palais. Le prince Albert II, très féru de sport automobile, entend sauver le Grand Prix et, diplomate, se dit prêt à envisager des aménagements, notamment au niveau du tracé. Boeri se montre, pour sa part, plus vindicatif afin de montrer que l'ACM ne capitulera pas devant Liberty Media. Dans une interview donnée à Monaco-Matin, il dévoile l'âpreté de ses premières approches avec les dirigeants américains: « Le style Ecclestone n'existe plus. Aujourd'hui, il faut une rentabilité, un profit à faire et éventuellement une revente avec bénéfice. A l'époque, sans être un philanthrope, Bernie Ecclestone distribuait ses cartes de façon moins intransigeante. Aujourd'hui, tout est une machine à compter. De plus, Liberty Media veut tout régenter. Lorsque se crée un nouveau Grand Prix, ils gèrent la piste, l'exploitation de la renommée, la publicité, la remise des prix, les accréditations presse, absolument tout ! Et nous sommes sommés de nous mettre au diapason ! »

 

Les Monégasques seront sans doute contraints d'en rabattre un peu sur leurs prétentions, mais leur position est plus solide qu'il n'y paraît. Car en effet, Monaco n'a pas de rival en termes de beauté, de glamour et de popularité. Le récent GP de Miami, censé la concurrencer en la matière, ne fut pas l'incroyable succès vanté par Liberty Media et une presse toujours très complaisante. Le monde entier a ri de sa marina artificielle et les quelques palmiers plantés de-ci de-là ne pouvaient faire oublier que les Formules 1 serpentaient sur un parking autour d'un stade de football américain. Rien à voir avec le cadre féerique de la Riviera ! « L'image de Monaco ne se caractérise pas par le seul circuit, mais par son cadre exceptionnel, sa tradition, son décorum et la qualité de son accueil », rappelle Michel Boeri. « Ici, le paysage est beau, les tribunes sont en bord de piste. Il y a des écrans de télévision partout, les virages ont un nom, pas un numéro, les aficionados peuvent se reconnaître géographiquement. En outre, nous avons plus de 52 caméras pour couvrir le circuit, la FOM ne peut pas en dire autant ! » D'ailleurs, pour appuyer l'argumentaire de l'ACM et contredire Liberty Media, le port Hercule de Monte-Carlo accueille ce week-end un nombre record de 125 yachts, dont l'immense majorité est louée par les sponsors de la F1 pour des invités de luxe. L'hôtellerie de la Principauté et des environs est saturée pour toute la période de l'Ascension grâce au Grand Prix et aux événements festifs annexes. En outre, comme chaque année, le Festival de Cannes qui se déroule en concomitance draine son lot de vedettes et de VIP avec lequel nulle autre compétition automobile ne peut rivaliser.

 

Dans le paddock, les opinions sont partagées autour du futur du Grand Prix. Les pilotes sont pour la majorité d'entre eux très favorables à son maintien, alors que les team managers, qui doivent jongler avec les budgets capés et un calendrier toujours plus lourd dans un contexte inflationniste, sont beaucoup plus partagés. Entre respect de la tradition et souci d'économies, leur cœur balance... « Il est certain que Monaco est plus qu'unique, avec ses avantages et ses inconvénients, et en fin de compte, c'est toujours un méga-événement », déclare Frédéric Vasseur. « Mais d'un autre côté, nous avons de plus en plus de candidatures à l'organisation de courses, venant de partout dans le monde. Pour ce qui nous concerne, il est difficile d'imaginer faire plus de 24 courses avec un plafond des coûts qui nous permet à peine d'en faire 20... » Andreas Seidl, comme la plupart de ses collègues, s'en remet à Stefano Domenicali pour trouver un compromis: « Il y a aujourd'hui un énorme intérêt pour la Formule 1, c'est là l'essentiel. Mais, il y a une limite au nombre de courses que nous pouvons organiser et bien sûr les considérations financières sont aussi très importantes. Je suis sûr que Stefano trouvera le bon équilibre entre le maintien des courses traditionnelles et l'ajout de nouveaux circuits. »

 

Présentation de l'épreuve

Charles Leclerc est très attendu pour son Grand Prix national, même s'il paraît enveloppé ici d'une sorte de « scoumoune »: en effet, il n'a jamais reçu le drapeau à damiers chez lui, que ce soit en Formule 2 (2017) ou en Formule 1 (2018, 2019, 2021) ! Sa plus cruelle mésaventure eut lieu sans conteste l'année précédente où, quoique poleman, il fut contraint de renoncer avant même le départ suite à un bris de suspension, conséquence d'un accident survenu la veille. Cette saison, Leclerc espère bien entendu clore cette série noire, ne serait-ce que dans la perspective de la bataille pour le titre mondial contre Max Verstappen. Le prélude est pourtant néfaste: convié mi-mai au GP historique de Monaco, il fracasse contre les rails de la Rascasse la Ferrari 312B3-74 que pilotait Niki Lauda en 1974... Toutefois, Leclerc ne veut pas entendre parler de « malédiction » et confie au quotidien L'Équipe sa joie de piloter à domicile: « Vous connaissez la valeur sentimentale que j'attache à ce rendez-vous: je roule sur les routes que je prenais en bus pour aller à l'école ! » En outre, pour la première fois le pilote Ferrari admet ambitionner la couronne mondiale: « Tout ce que je veux, c'est gagner le championnat avec Ferrari, contre Verstappen ou qui que ce soit. Je désire ramener Ferrari au top. Ce titre, je le veux ! »

 

Cependant, depuis le Grand Prix d'Espagne, ce sont bien Max Verstappen et Red Bull qui occupent les premiers rangs des deux championnats. Vainqueur ici en 2021, le Néerlandais vise la passe de deux, mais admet que Ferrari sera avantagée en Principauté: la F1-75 a une excellente motricité, est la meilleure dans les virages lents et semble en outre avoir fait un pas en avant grâce aux évolutions apportées huit jours plus tôt à Barcelone. « Il nous faudra de la chance pour gagner », confesse le champion en titre.

 

La position de Daniel Ricciardo chez McLaren paraît de plus en plus périlleuse. Recruté pour devenir le leader de la légendaire écurie britannique, le pilote australien n'a pas cessé de décevoir. En 2021, constamment dominé par son jeune équipier Lando Norris, son cadet de dix ans, il prétendait avoir du mal à se fondre dans le moule de Woking et ne pas apprécier la McLaren MCL35M. Du reste, éloigné de son pays et des siens pendant deux ans en raison de la Covid-19, Ricciardo pouvait plaider un certain désarroi expliquant une saison en dessous du médiocre, à peine sauvée par sa victoire-surprise à Monza. Mais en 2022, alors qu'il a retrouvé cet hiver sa chère Australie, il n'est pas plus performant au volant de la nouvelle MCL36, loin s'en faut. Après six courses, son bilan est accablant: 11 points marqués contre 39 pour Norris. Pis encore, il n'a terminé qu'un seul Grand Prix dans les dix premiers, celui d'Émilie-Romagne. En Espagne, une semaine plus tôt, Ricciardo a subi une véritable humiliation, menant une course complétement anonyme dans le ventre mou du peloton, alors que Norris accrochait quatre points en dépit d'une mauvaise infection...

 

Bref, « Danny Ric » ne justifie absolument pas son statut contractuel de « n°1 » et McLaren concentre ses efforts sur Norris. Zak Brown ne dissimule plus sa déception: « Lando a définitivement un avantage. Si l'on excepte le GP d'Italie de l'an passé, Daniel n'est pas à la hauteur de nos attentes. » Se pose alors la question de son maintien. Le contrat de l'Australien court jusqu'à fin 2023, mais il comprend des clauses de résultats. A Monaco, Ricciardo admet lui-même se trouver « sur un siège éjectable ». Il se murmure qu'il pourrait céder sa place au jeune Mexicain Patricio O'Ward qui pilote brillamment pour McLaren en IndyCar. En outre, lorsque Ricciardo heurte le mur à la Piscine vendredi après-midi, son ingénieur Tom Stallard s'enquiert de l'état de la voiture avant de lui demander comment il se porte. Un petit signe de l'état des relations entre l'Aussie et son écurie...

 

A Monaco devait entrer en vigueur l'interdiction du port des bijoux par les pilotes dans les baquets. Mais cette mesure drastique a suscité un levier de bouclier dans le paddock, notamment de la part de Lewis Hamilton qui a fait savoir qu'il ne comptait se priver de ses piercings. D'autres coureurs réclament une liste claire des objets proscrits. Face à cette fronde, le directeur de course Eduardo Freitas décide finalement d'offrir un nouveau sursis de trois courses. La mesure doit désormais entrer en vigueur pour le GP de Grande-Bretagne, le 3 juillet prochain. Sur le plan des accessoires, comme tous les ans, plusieurs pilotes dégainent des casques spéciaux pour l'épreuve monégasque. Celui de Charles Leclerc représente tout simplement le drapeau rouge et blanc de la Principauté. Lewis Hamilton se recouvre d'améthyste, sa pierre favorite, alors que Sergio Pérez, plus sobre, arbore le casque gris de Pedro Rodriguez, l'autre Mexicain à avoir gagné un Grand Prix de F1.

 

Essais et qualifications

La refonte du format des week-ends de Grand Prix, avec la suppression de la journée promotionnelle du jeudi, a contraint l'ACM à rompre avec l'antique tradition d'un Grand Prix de Monaco étalé sur quatre jours, avec les premiers essais le jeudi, le plus souvent le jour de l'Ascension, et un vendredi « chômé ». Dorénavant, les essais débuteront comme partout le vendredi. Ainsi, peu à peu, Monaco devient malgré tout un Grand Prix comme un autre... Vendredi après-midi, Leclerc effectue le chrono le plus rapide durant la première séance libre. Schumacher provoque un drapeau rouge en tombant en panne de moteur à l'entrée des stands. Un peu plus tard, lors de la deuxième session, les Ferrari de Leclerc et de Sainz occupent le haut de la feuille des temps tandis que Ricciardo crée une interruption en tapant le mur à la Piscine. Samedi, sous un soleil de plomb, Pérez signe le meilleur chrono de la troisième séance d'essais devant les Ferrari. A noter que Sainz et Zhou sont réprimandés pour avoir gêné des concurrents, alors que Pérez écope d'une amende de 10 000 euros pour avoir perturbé Russell.

 

Un peu plus tard, les qualifications sont dominées par Leclerc, jusqu'à ce qu'elles prennent fin sur un double accident: Pérez dérape au Portier et heurte les glissières par l'arrière, juste avant d'être percuté par Sainz, ce qui crée un embouteillage. Dans le même temps, Alonso tire tout droit à Mirabeau et tape le mur avec le train avant. Suite à ces incidents, Pérez et Sainz devront remplacer leurs boîtes de vitesses, ce qui ne leur vaudra pas de pénalité.

 

Le drapeau rouge permet à Leclerc de sécuriser une nouvelle pole position (1''11'''376'''). La première rangée sera 100 % Ferrari grâce à Sainz (2e) qui n'a cependant pas évité la Red Bull de Pérez, en travers à l'entrée du tunnel. Plus à l'aise que son collègue depuis la veille, le Mexicain s'élancera néanmoins troisième. Verstappen (4e) n'a pas pu améliorer en raison de l'accident de son coéquipier et déplore un sous-virage dont Pérez s'accommode mieux. Norris décroche une très belle cinquième place au volant de la McLaren, et ce bien qu'il ne soit pas guéri de son amygdalite. Ricciardo (14e) déplore en revanche un sérieux manque d'adhérence et a abîmé sa voiture la veille à la Piscine. Les Mercedes souffrent encore de rebond à cause d'une faible hauteur de caisse et d'une rigidité destinées à atténuer le « marsouinage ». Russell (6e) précède une fois de plus un Hamilton (8e) fort discret. Pour une fois, Alpine-Renault réussit pleinement ses qualifications: Alonso (7e) et Ocon (10e) sont bien placés pour la course.

 

Vettel (9e) est très heureux de hisser son Aston Martin-Mercedes en Q3. Stroll (18e) commet en revanche deux fautes à la Piscine, lors des essais puis lors des qualifications. Les AlphaTauri se montrent performantes, mais sans résultat: Tsunoda (11e) touche le rail en Q1 et occasionne un drapeau rouge qui ruine les efforts de Gasly (17e). Le Normand, très rapide lors des essais, ne dissimule pas son irritation. Alfa Romeo vit jusqu'ici un week-end difficile. Bottas (12e) perd la première séance libre en raison d'une panne et dit ne pas comprendre le comportement de la C42. Zhou (20e) est immédiatement éliminé et prétend ne pas avoir pu effectuer un seul bon tour. Les Haas-Ferrari (Magnussen 13e, Schumacher 15e) ne parviennent pas à s'extraire de la deuxième étape des qualifications. Enfin, les Williams sont toujours aussi difficiles à conduire. Albon (16e) manque cependant la Q2 pour seulement un 1/100e. Latifi (19e) tâtonne dans ses réglages.

 

Le Grand Prix

Les météorologues redoutaient de la pluie pour l'épreuve de dimanche et, de fait, de lourds nuages pointent au-dessus de La Turbie en début d'après-midi, lors de la parade des pilotes. Les premières gouttes de pluie apparaissent vingt minutes avant le coup d'envoi, prévu pour 15 heures. Un quart d'heure plus tard, les pilotes s'apprêtent à prendre le départ munis de gommes intermédiaires, lorsqu'à la surprise générale, la direction de course annonce que le départ est reporté de dix minutes. Cette décision suscite l'incompréhension, car le bitume est alors peu mouillé et les officiels n'ont même pas envoyé la voiture de sécurité en repérage. Selon certains bruits colportés par la suite par Martin Brundle, c'est en fait une panne de liaison qui aurait entraîné ce report, tandis que Eduardo Freitas et les autres commissaires se seraient écharpés sur la conduite à tenir.

 

Un quart d'heure plus tard, la pluie s'est intensifiée et les concurrents se munissent des pneus Pirelli bleus (full wet). Freitas lance néanmoins les bolides pour deux tours de reconnaissance derrière la Safety Car. Chacun s'aperçoit alors que la piste est totalement détrempée et que des rigoles d'eau apparaissent dans certains virages, notamment à la Piscine. Sans surprise, le directeur de course brandit le drapeau rouge. Tout le monde rentre aux stands ! Puis, le micro-climat monégasque fait des siennes. A 15h30, l'averse s'atténue, avant de retomber de plus belle dix minutes plus tard ! Finalement, vers 15h45, une éclaircie point à l'horizon. La pluie cesse et les voitures vont pouvoir s'ébranler à 16h05, soit avec une heure de retard. La course démarrera immédiatement, dès la sortie des stands, derrière la Safety Car.

 

Départ: Les monoplaces quittent la voie des stands sous la direction de la Pace Car.

 

1er tour: Le peloton découvre une piste toujours humide, mais beaucoup moins glissante que trois quarts d'heure plus tôt. Néanmoins, les Canadiens partent à la faute: Stroll lèche le rail à Massenet tandis que Latifi ne parvient pas à braquer à l'épingle et tire droit contre la barrière, qu'il ne fait cependant qu'effleurer. Tous deux se tirent de ces mauvais pas.

 

2e: Stroll et Latifi passent aux stands pour changer de pneus. Le pilote Williams s'empare en outre d'un nouvel aileron avant. Les coureurs jugent qu'il est possible de démarrer la course et la voiture de sécurité va s'effacer à l'issue de ce tour pour un départ lancé.

 

3e: Leclerc ne met les gaz qu'après la Rascasse et lance la compétition. Les bolides soulèvent encore de projections d'eau et chacun s'astreint à la prudence. Cependant Gasly, Stroll et Latifi passent aux stands pour mettre les pneus intermédiaires.

 

4e: Leclerc mène devant Sainz, Pérez, Verstappen, Norris, Russell, Alonso, Hamilton, Vettel et Ocon. Schumacher s'empare à son tour de gommes mixtes.

 

5e: Leclerc compte deux secondes d'avance sur Sainz. Les Red Bull se suivent de près. Gasly est le plus rapide en piste, signe que la piste s'assèche assez vite.

 

6e: Vettel commet un écart à Sainte-Dévote et cède une place à Ocon. L'Allemand rejoint ensuite son stand pour mettre les pneus verts. Tsunoda fait de même.

 

8e: Leclerc devance Sainz (3s.), Pérez (5.2s.), Verstappen (6.6s.), Norris (12.6s.), Russell (14s.), Alonso (17.7s.), Hamilton (22.4s.), Ocon (31.1s.), Bottas (35.5s.), Magnussen (36s.) et Ricciardo (39.6s.).

 

9e: Pour l'heure, ni Ferrari ni Red Bull ne prévoient de rappeler leurs pilotes aux stands pour passer en intermédiaires. Russell menace Norris pour la cinquième place. Latifi exécute un tout-droit à Sainte-Dévote.

 

10e: Leclerc porte son avance sur Sainz à plus de quatre secondes. Gasly, en pneus verts, a rejoint Zhou, muni de pneus bleus.

 

11e: Albon glisse à son tour dans l'échappatoire de Sainte-Dévote et perd trois places dans cette mésaventure. Pressé par Gasly, Zhou coupe la chicane du port.

 

12e: Leclerc est le plus véloce en piste (1'35''077''') et repousse Sainz à cinq secondes. Gasly déborde Zhou par l'intérieur à Mirabeau.

 

13e: Gasly recolle à Ricciardo et le dépasse par la gauche avant le second S de la Piscine. Vettel a pour sa part rattrapé Zhou.

 

14e: Leclerc mène devant Sainz (4.8s.), Pérez (7.7s.), Verstappen (9s.), Norris (19.2s.), Russell (23.4s.), Alonso (26.1s.), Hamilton (30.7s.), Ocon (42.7s.), Bottas (52.4s.), Magnussen (53s.) et Gasly (59s.).

 

15e: La trajectoire s'assèche de plus en plus. Monter des slicks devient envisageable, comme en témoigne les chronos de Gasly qui tourne deux secondes au tour plus vite que Leclerc. Hamilton fait escale chez Mercedes et reprend toutefois des intermédiaires.

 

16e: Pérez arrive chez Red Bull et chausse les gommes mixtes. Il se réinsère entre Norris et Russell. Gasly a rejoint le duo Bottas - Magnussen qui ne s'est pas quitté depuis le départ.

 

17e: Fausse alerte chez Ferrari: la murette rappelle Sainz avant de se raviser. En revanche, Norris passe aux stands et remet les gommes vertes. Hamilton tente de faire l'intérieur sur Ocon à Sainte-Dévote. Le Français se rabat vivement devant le Britannique. Leurs roues se frottent, mais tous deux peuvent poursuivre sans grands dommages.

 

18e: Leclerc entre aux stands et Ferrari lui donne des pneus mixtes (2.7s.), Sainz prend les commandes de l'épreuve. Aussitôt, Red Bull rappelle Verstappen qui s'empare lui aussi d'intermédiaires. Schumacher prend le premier des slicks, des Pirelli durs (C3).

 

19e: Pérez tourne en 1'25'' et revient à grandes enjambées sur Sainz. Verstappen a pour sa part repris trois secondes à Leclerc. Hamilton met une forte pression sur Ocon. Albon s'empare de pneus durs.

 

20e: Pérez est revenu à seulement deux secondes de Sainz qui reste bien trop longtemps en piste. Hamilton tente en vain de faire l'extérieur à Ocon à la Rascasse. Bottas, Ricciardo, Zhou et Latifi prennent les pneus slicks. Magnussen se retire suite à une fuite hydraulique sur son système de récupération d'énergie cinétique.

 

21e: Sainz stoppe aux stands à la fin de ce tour pour mettre les slicks durs. Au même instant, Ferrari rappelle aussi Leclerc, avant de se raviser, mais trop tard: le Monégasque, furax, a déjà pénétré la pit-lane et doit attendre que les mécaniciens en aient fini avec son équipier pour chausser à son tour les gommes blanches ! Entretemps, les deux Red Bull sont passées. Leclerc, qui voit en plus Norris lui passer sous le nez, vient de perdre la course... Russell, Alonso, Ocon et Tsunoda passent aussi en slicks.

 

22e: Sainz est ressorti derrière Latifi qui tarde à s'écarter. De son côté, Leclerc bute sur Albon. Pendant ce temps-là, Pérez puis Verstappen arrivent chez Red Bull pour prendre des slicks durs. Le Mexicain repart en tête tandis que le Néerlandais redémarre juste devant Leclerc. Norris, Hamilton, Vettel et Gasly changent aussi d'enveloppes.

 

23e: Achevant son tour, Sainz met une roue sur la partie humide de la piste et rattrape de justesse un début d'embardée sur le boulevard Albert Ier. Albon exécute un tête-à-queue à Sainte-Dévote en voulant « résister » à Leclerc. Stroll passe en slicks.

 

24e: Pérez mène devant Sainz (1.5s.), Verstappen (3.5s.), Leclerc (4s.), Russell (16.7s.), Norris (19.1s.), Alonso (27s.), Hamilton (42.6s.), Ocon (48.8s.) et Bottas (1m. 03s.). Vettel et Albon prennent les gommes slicks. La direction de course est avisée que Pérez et Verstappen ont mordu la ligne jaune en quittant les stands.

 

25e: Les quatre premiers se fraient un chemin parmi les premiers attardés et se regroupent en quatre secondes. Albon reçoit une pénalité de cinq secondes pour avoir tiré un avantage d'un passage hors-piste.

 

26e: Schumacher glisse en abordant le second S de la Piscine. La Haas part en toupie et heurte le mur intérieur avec le museau, mais cela ne la ralentit nullement et elle se pulvérise dans les murs de Tecpro. Sous la violence de l'impact, le train arrière se désolidarise du reste du châssis. Schumacher se tire par bonheur sans peine de son habitacle, mais la « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée.

 

27e: La Safety Car entre en piste. Pérez emmène le peloton.

 

28e: Une grue retire ce qui subsiste de la Haas de Magnussen alors que les commissaires monégasques balaient les nombreux débris. Toutefois, les barrières de Tecpro sont endommagées...

 

30e: La direction de course brandit le drapeau rouge pour permettre la remise en état des glissières. Les pilotes regagnent les stands.

 

L'interruption dure vingt minutes, le temps pour les commissaires de réparer les Tecpro. Pendant ce temps-là, les météorologues dévoilent leurs dernières prédictions et annoncent que la course ne devrait pas être perturbée par une nouvelle averse. En raison de la limite des deux heures, la course va redémarrer pour un peu plus de trente tours. Les pilotes peuvent changer de pneus et leur choix est varié. Il diffère pour les deux écuries de pointes: les Ferrari sont en gommes dures (C3), les Ferrari en médiums (C4). Russell, Alonso, Hamilton, Ocon, Tsunoda, Latifi et Albon sont en pneus jaunes, alors que Norris, Bottas, Vettel, Gasly, Ricciardo et Stroll ont des gommes dures.

 

31e: Les pilotes quittent la pit-lane derrière la voiture de sécurité. Le classement est le suivant: Pérez précède Sainz, Verstappen, Leclerc, Russell, Norris, Alonso, Hamilton, Ocon, Bottas, Vettel, Gasly, Ricciardo, Stroll, Tsunoda, Zhou, Latifi et Albon. Les attardés peuvent se dédoubler.

 

32e: La Safety Car regagne les stands à l'issue de cette boucle pour laisser place à un départ lancé.

 

33e: Drapeau vert: Pérez emmène la meute. Le Mexicain, peut-être surpris par un oiseau imprudent, bloque sa roue avant-gauche avant le virage de Mirabeau, mais cet incident sera sans conséquence.

 

34e: Pérez compte plus d'une seconde d'avance sur Sainz. Verstappen et Leclerc demeurent au contact de l'Espagnol. Hamilton menace Alonso pour la septième place. L'Asturien mène un train de sénateur pour ménager ses pneus médiums.

 

35e: Ocon écope d'une sanction de cinq secondes car il est jugé responsable de la collision survenue un peu plus tôt avec Hamilton, ce qu'il contestera vivement.

 

36e: Pérez mène devant Sainz (1s.), Verstappen (2.5s.), Leclerc (3.6s.), Russell (5.4s.), Norris (8.8s.), Alonso (13.4s.), Hamilton (14s.), Ocon (15.6s.), Bottas (16.5s.), Vettel (17s.) et Gasly (17.8s.).

 

37e: Sainz revient à quelques dixièmes de Pérez. Hamilton klaxonne derrière Alonso.

 

38e: Pérez répond à Sainz par un meilleur chrono (1'17''081'''). Verstappen et Leclerc sont un peu semés. L'usage du DRS est autorisé.

 

40e: Pérez devance Sainz (1.4s.), Verstappen (2.7s.), Leclerc (5s.), Russell (7.5s.), Norris (10s.), Alonso (28s.), Hamilton (28.4s.), Ocon (30s.), Bottas (31.5s.), Vettel (33.6s.), Gasly (34.3s.), Ricciardo (35s.) et Stroll (35.5s.).

 

42e: Hamilton est toujours bloqué derrière Alonso. Ce faisant, le vétéran espagnol pénalise aussi involontairement son équipier Ocon qui ne peut pas creuser l'écart sur ses poursuivants et ainsi neutraliser sa pénalité de cinq secondes.

 

43e: Le soleil paraît au-dessus du Rocher. Pérez tourne en 1'16''276''' et repousse Sainz à deux secondes. Verstappen et Leclerc roulent respectivement à quatre et six secondes.

 

45e: Pérez est premier devant Sainz (2s.), Verstappen (4.3s.), Leclerc (6.6s.), Russell (9s.), Norris (13s.), Alonso (40.5s.), Hamilton (41.5s.), Ocon (42.5s.), Bottas (43.7s.) et Vettel (45.2s.). De fait, Alonso emmène un train compact comprenant aussi Gasly, Ricciardo, Stroll, Tsunoda et Zhou.

 

47e: Pérez améliore encore le meilleur chrono (1'16''028'''). Leclerc reprend une demi-seconde à Verstappen.

 

49e: Sainz exécute un « tout-droit » à la chicane. Leclerc roule à deux secondes de Verstappen.

 

50e: Sainz revient à deux secondes et demie de Pérez qui rencontre du « graining » sur ses pneus avant. Alonso appuie soudain sur le champignon et signe le meilleur tour (1'15''882''') ! Albon regagne le stand Williams pour abandonner car sa monoplace serait affectée de rebonds inquiétants à l'accélération.

 

51e: Zhou tente de déborder Tsunoda à la sortie du tunnel, mais il se laisse surprendre par le freinage anticipé du Japonais. Le jeune Chinois braque, contre-braque, se met en travers et emprunte l'échappatoire pour revenir en piste derrière Tsunoda et Latifi. Plus de peur que de mal !

 

52e: Norris compte plus de trente secondes d'avance sur Alonso et en profite pour se saisir de pneus médiums (2.8s.).

 

53e: Pérez devance Sainz (1.4s.), Verstappen (2.9s.), Leclerc (4.6s.), Russell (11.7s.), Norris (40s.), Alonso (54s.), Hamilton (55.7s.), Ocon (57.7s.), Bottas (1m. 01s.), Vettel (1m. 02s.) et Gasly (1m. 03s.).

 

55e: Il reste dix minutes avant le drapeau à damiers. Les écarts se resserrent en tête: les quatre premiers se tiennent en deux secondes et demie. Norris s'adjuge le meilleur tour de la course et le point qui le récompense (1'14''693''').

 

56e: Sainz entame son « rush » final et revient à une demi-seconde de Pérez. Verstappen et Leclerc se rapprochent également.

 

57e: Le quatuor de tête rejoint les premiers attardés, Latifi et Zhou. Sainz est blotti dans les échappements de Pérez mais n'a aucune opportunité de le dépasser. Tsunoda opère un ultime changement de gommes.

 

59e: Le train des Red Bull et des Ferrari se tient en deux secondes. Sainz se montre dans les rétroviseurs de Pérez après le tunnel.

 

60e: Pérez précède Sainz (0.6s.), Verstappen (1.1s.), Leclerc (1.8s.), Russell (10.2s.), Norris (29s.), Alonso (48s.), Hamilton (50s.), Ocon (50.5s.), Bottas (52.7s.), Vettel (54.3s.) et Gasly (55.4s.). Tsunoda s'égare dans l'échappatoire de Sainte-Dévote puis redémarre.

 

61e: Zhou s'écarte devant les quatre premiers sur la ligne de chronométrage. Verstappen se montre menaçant derrière Sainz.

 

62e: Les leaders dépassent Latifi. Pérez compte 7/10e de marge sur Sainz et s'est mis à l'abri de toute attaque.

 

63e: Les deux heures de course sont presque atteintes: la boucle suivante sera la dernière.

 

64e et dernier tour: Sergio Pérez remporte le GP de Monaco devant Sainz et Verstappen. Leclerc échoue à une décevante quatrième place. Russell termine cinquième, Norris sixième. Alonso se classe septième après avoir bouchonné Hamilton (8e) pendant plus d'une heure. Ocon termine neuvième mais recule en douzième position en raison de sa pénalité. Bottas recueille cette neuvième place et Vettel empoche le point de la 10e position. Gasly, Ricciardo, Stroll, Latifi, Zhou et Tsunoda rallient aussi l'arrivée.

 

Après la course

Sur le podium, Sergio Pérez apparaît ému aux larmes, ce qui ne l'empêche pas quelques instants plus tard de perpétuer la tradition du plongeon dans la piscine de la barge flottante louée par Red Bull dans le port de Monte-Carlo. Premier Mexicain à triompher sur le Rocher, Pérez a bénéficié d'un coup de génie de Hannah McMillan, la stratège de RBR: en chassant très tôt les pneus intermédiaires, puis les slicks, « Checo » a déboussolé Ferrari qui a trop longtemps hésité à rappeler Carlos Sainz et Charles Leclerc. Les excellents chronos effectués en gommes mixtes ont fait le reste. Après la neutralisation, Pérez a cependant dû gérer une sérieuse dégradation de ses gommes, mais on sait aussi qu'il excelle dans cette tâche d'économe. « A la fin de l'épreuve, j'avais du graining et j'ai dû contenir Sainz... Cependant, à la fin, cela s'est arrangé, et j'étais donc prêt à continuer ! » plaisante-t-il. « Quoiqu'il en soit, gagner à Monaco est un rêve pour tous. Je suis vraiment heureux. Je portais le casque de Pedro Rodriguez, et je suis sûr que là-haut, il est fier de ce que nous avons accompli tous les deux dans ce sport. »

 

Au classement mondial, Pérez occupe désormais le troisième rang, à seulement 15 points de Verstappen, et annonce que le titre mondial est bel et bien son objectif. Il est cependant douteux que Red Bull l'autorisera à titiller son coéquipier, mais son opiniâtreté est récompensée quelques jours après ce Grand Prix par l'annonce de la prolongation de son contrat jusqu'à fin 2024. Max Verstappen doit pour sa part se contenter de la troisième place derrière son coéquipier, ce qui est un moindre mal puisqu'il devance Leclerc et accroît ainsi de trois unités son avance au championnat du monde. Toutefois, son père Jos ne peut s'empêcher de déplorer que Red Bull n'ait pas donné de consignes pour que Pérez soit en mesure de s'effacer devant Max. Nul doute que ce dernier est consterné de la sortie d'un paternel toujours aussi encombrant...

 

Cette victoire est toutefois, un temps, mise entre parenthèses, car Ferrari dépose une réclamation contre les deux pilotes Red Bull qui ont tous deux mordu la ligne jaune en repartant des stands. Mattia Binotto déclare ne pas souhaiter leur disqualification (et ainsi obtenir un doublé rouge sur tapis vert...) mais seulement « clarifier les règles ». En fait, il s'agit de s'entendre sur ce que l'autorité sportive entend par « franchir la ligne ». Ferrari se fonde sur les notes délivrées par Eduardo Freitas avant la course, stipulant qu'il suffit de rouler sur la bande pour commettre une infraction. Or, le directeur de course n'a pas tenu compte d'un récent amendement du Code sportif international qui affirme au contraire qu'il n'y a faute que si la roue dépasse le bord extérieur de la ligne... Freitas doit manger son chapeau et les deux pilotes Red Bull sont logiquement blanchis. Mais cet incident ternit l'image du directeur de course portugais. Son alter-ego Niels Wittich étant peu apprécié, certains en sont déjà à regretter Michael Masi...

 

C'est un Charles Leclerc furibard qui se présente devant la presse à sa descente de voiture. Le jeune Monégasque avait déjà laissé libre cours à sa colère dans son cockpit après avoir constaté que Ferrari s'était fourvoyée dans sa stratégie. Une erreur qu'il juge intolérable: « Je suis dégoûté ! » lâche-t-il au micro de Canal +. « J'avais dit que l'on pouvait directement passer des pneus pluie aux slicks, mais on m'a dit d'attendre un peu... On avait tout pour gagner, et on l'a foutu à la poubelle ! Tout était brouillon aujourd'hui... La saison est longue, nous avons les moyens de récupérer, mais on ne peut pas se permettre de faire des courses comme ça... C'est difficile à accepter, j'espère qu'on va apprendre de cette erreur. » Et lorsque le journaliste Laurent Dupin lui fait remarquer que c'est la première fois qu'il termine une épreuve à Monaco, Leclerc part en haussant les épaules... Mattia Binotto ne peut que reconnaître les fautes stratégiques de Ferrari, non seulement auprès de Leclerc, privé d'une victoire à domicile, mais aussi de Sainz qui aurait pu sauver les meubles et devancer Pérez si lui-même avait suivi le Mexicain immédiatement dans les stands. Une semaine après la panne ayant frappé Leclerc en Espagne, la Scuderia lâche des points à pleines poignées et se retrouve dans une posture délicate, concédant désormais 36 points à Red Bull au classement des constructeurs. L'enthousiasme du début du printemps est bien mort à Maranello.

Tony