Volkswagen se rapproche de la F1
Présentation de l'épreuve
La Formule 1 retrouve l'Australie pour la première fois depuis deux ans et la pantalonnade de mars 2020, lorsque le Grand Prix de Melbourne fut annulé à quelques heures des premiers essais libres en raison de la pandémie de Covid-19. Cette épreuve aurait dû réapparaître en novembre 2021, mais elle fut finalement de nouveau annulée par les autorités australiennes qui se sont longuement entêtées dans une stratégie « Zéro Covid » reposant sur des « confinements » interminables et la fermeture quasi-totale des frontières du pays. Ce n'est donc qu'en avril 2022, alors que Canberra et les divers États du pays assouplissent leur législation sanitaire, que le GP d'Australie revient au calendrier. Les Australiens, très las des restrictions et toujours aussi férus de sport automobile, lui font honneur puisque pas moins de 420 000 spectateurs sont recensés sur l'ensemble du week-end, un record absolu pour un Grand Prix d'Australie. Daniel Ricciardo, le héros local, est quant à lui d'autant plus heureux de ce retour qu'il n'a pas revu son pays entre mars 2020 et décembre 2021 en raison du blocage des frontières.
Le tracé de l'Albert Park a été largement retouché depuis 2020, afin de le rendre plus rapide et plus spectaculaire.. Plusieurs virages, et notamment les deux premiers, ont été élargis afin d'atténuer l'effet d'entonnoir propice aux accrochages. Le virage n°6, dit de la Marina, jadis très serré, ressemble désormais à une courbe légère qui permettra un passage plus rapide. Surtout, le freinage Clark a disparu pour céder la place à un simple enchaînement gauche-droite qui se prend pied au plancher. Cette nouvelle section permet dans un premier temps d'instaurer une quatrième zone d'activation du DRS, une première dans un Grand Prix de Formule 1, mais celle-ci sera abandonnée dès le vendredi soir par le directeur de course Niels Wittich, pour des raisons de sécurité. Les pilotes arrivaient en effet beaucoup trop vite sur l'enchaînement de Waite. L'approche du virage n°11, dit Ascari, est redressée et élargie afin d'offrir de nouvelles trajectoires et donc de faciliter les dépassements. Par ailleurs, le bitume, qui n'avait jamais été retouché depuis sa pose en 1995, a été intégralement refait au cours de l'année 2021. Enfin, la voie des stands, régulièrement décriée pour son étroitesse, a été élargie de deux mètres.
Le folklore sportif australien est bien évidemment au rendez-vous pour ce grand retour au pays des kangourous. Sergio Pérez et Fernando Alonso parcourent ainsi vendredi après-midi le circuit de Melbourne aux volants de V8 Supercars, un événement organisé grâce à leurs sponsors respectifs. Pérez s'amuse ainsi avec une Mustang du Red Bull Ampol Racing Team tandis que Alonso conduit la Holden Commodore du Tickford Castrol Team.
Vendredi, Niels Wittich organise une réunion de près de deux heures pour spécifier aux pilotes de nouvelles normes en matière vestimentaires. Il annonce notamment que la fédération a décidé de leur imposer le port de sous-vêtements ignifugés pour mieux les protéger en cas d'incendie. Et si certains s'obstinent à revêtir des boxers ou des chaussettes synthétiques, les autorités se réservent le droit de procéder à des contrôles ! Cette contrainte suscite, au choix, l'irritation ou l'ironie, notamment chez Pierre Gasly: « S'ils veulent vérifier mon c*l, qu'ils n'hésitent pas ! Je n'ai rien à cacher ! Ma b*te, aussi, tout, si cela leur fait plaisir ! » Lewis Hamilton regrette pour sa part que les officiels aient tenu ce briefing... sans porter de masques ! Le Britannique est du reste dans le collimateur de Wittich qui a rappelé que le port de bijoux et de piercings était interdit pour les pilotes depuis 2005, prescription dont il fait fi depuis longtemps. « Ce sont des choses privées », tempête le septuple champion. « Il y a des trucs que je ne peux pas enlever. Ceux-ci sur mon oreille droite sont littéralement soudés, donc je devrais les couper, ou quelque chose comme ça. Ils resteront. »
Plus sérieusement, Niels Wittich apporte une modification au règlement touchant à la neutralisation derrière la voiture de sécurité. Afin d'éviter les manœuvres d'intimidation au redémarrage, dont Max Verstappen est notamment coutumier, les accélérations et les freinages brusques sont dorénavant interdits à partir du moment où s'éteignent les feux de la Pace Car. Les pilotes sont par ailleurs priés de maintenir une allure constante jusqu'au passage de la ligne pour empêcher les « empilages », tel celui qui a marqué le Grand Prix de Toscane, au Mugello, en 2020.
La Ferrari reçoit ce week-end un gain de puissance de quelques chevaux grâce à une configuration moteur un peu plus agressive, afin de contrer la Red Bull, un peu plus rapide que la F1-75 en ligne droite. Par ailleurs, la Scuderia évalue vendredi un diffuseur qui n'est qu'une partie d'un ensemble de nouveautés destinées à apparaître au GP d'Espagne. La F1-75 continue de « pomper » fortement à l'accélération, mais ce « marsouinage » ne paraît pas obérer ses performances. « Je ne sais pas pourquoi mais je n'y suis pas très sensible », confie Leclerc. « Je sais que cela l'air horrible depuis la caméra embarquée. Bien sûr que je le sens, mais ça ne me dérange pas en termes de performance, hormis avant certains virages. Mais il s'agit clairement d'un problème dont nous voulons nous débarrasser. » Il est vrai que la situation est bien pire sur la Mercedes W13 qui rebondit également dans les courbes rapides !
D'autre part, on note sur la McLaren des écopes de frein redessinées, ainsi que l'apparition d'une ailette destinée à redirigée le flux d'air vers l'angle arrière de la voiture. Alpine teste également des ailettes placées sur les écopes de frein. Otmar Szafnauer confirme aussi que le moteur utilisé par Fernando Alonso à Djeddah est perdu: la pompe à eau est tombée dans le bloc, l'endommageant de manière irrémédiable. L'Espagnol doit donc déjà utiliser son troisième moteur en 2022. Haas a travaillé d'arrache-pied pour réparer la monoplace de Mick Schumacher, détruite à Djeddah. Selon certaines indiscrétions, la facture s'élèverait à près d'un million de dollars, ce qui n'arrange pas les finances serrées de l'écurie américaine. A signaler enfin que Pirelli innove ce week-end en sautant un cran dans la hiérarchie des composés proposés. Les pneus durs (C2) et médiums (C3) seront sans doute privilégiés en course car le pneu tendre n'est autre que le C5, le plus souple possible.
Essais et qualifications
Vendredi matin, Sainz réalise le premier chrono de référence (1'19''806''') à Melbourne lors de la première séance libre, une demi-seconde devant Leclerc et Pérez. L'après-midi, sous un ciel chargé, Leclerc améliore le temps de son équipier (1'18'978''') et précède Verstappen de 2/10e. Les Alpine-Renault se posent en troisième force du peloton alors que les Mercedes ne décollent pas du ventre mou. Les Red Bull souffrent pour leur part de graining sur les pneus arrière. En conséquence, l'aileron de la RB18 est un peu plus incliné pour protéger les gommes, mais cela lui fait perdre son avantage en vitesse de pointe. Samedi matin, la troisième séance libre est d'abord interrompue par un accident de Vettel, qui heurte rudement les glissières en sortant de l'enchaînement de Waite, puis définitivement stoppée par le crash de l'autre Aston Martin, celle de Stroll, qui tape le mur à plus faible allure au virage Ascari. Norris réalise un étonnant meilleur chrono qui confirme les progrès de la McLaren.
L'après-midi, deux drapeaux rouges entrecoupent les qualifications. En Q1, un violent incident oppose les deux Canadiens Stroll et Latifi dans l'étroit virage Lauda. Gêné par la lenteur du pilote Aston Martin, celui de Williams tente de le contourner par l'intérieur lorsque Stroll l'harponne avec sa roue avant-droite. Latifi est précipité dans le mur à haute vitesse. Plus de peur que de mal, mais beaucoup de dégâts pour la FW44. Puis, en Q3, Alonso chasse une excellente position, peut-être la première, lorsque son moteur coupe sans crier gare à l'orée du virage Ascari en raison d'une panne hydraulique. L'Espagnol finit sa route dans les glissières et occasionne donc un second temps mort.
Leclerc n'apprécie guère le circuit de Melbourne, mais cela ne l'empêche pas de conduire sa Ferrari en pole position pour la seconde fois de la saison (1'17''868'''). Sainz connaît une très mauvaise dernière manche: alors qu'il était en passe de signer un très bon chrono, la séance est interrompue par le drapeau rouge. Puis, il perd du temps à cause d'un moteur lent à l'allumage. Il récolte au final une très médiocre neuvième place. Verstappen (2e) n'échoue qu'à 3/10e de la pole, mais il n'est pas satisfait de l'équilibre de sa Red Bull. Pérez se classe troisième, à quelques millièmes de son équipier, après avoir été un temps suspecté - à tort - de ne pas avoir assez ralenti sous drapeau jaune. Les McLaren-Mercedes sont en nets progrès. Norris décroche une très belle quatrième place et revient ainsi à son niveau de 2021. Ricciardo (7e) est aussi bien placé, même s'il aurait pu faire mieux s'il n'était pas tombé sur un mauvais train de pneus en Q3. Les Mercedes (Hamilton 5e, Russell 6e) sont toujours en proie à une terrible instabilité. Elles se retrouvent cette fois à plus d'une seconde de Leclerc. La déception est vive chez Alpine-Renault, car Alonso (10e) visait la pole position avant son accident. Ocon (8e) échoue pour sa part à quelques centièmes des Mercedes.
Les AlphaTauri ne sont pas rapides et souffrent surtout de survirage. Gasly (11e) échoue en Q2 et Tsunoda (13e) est réprimandé pour avoir bouclé un tour à vitesse trop réduite durant cette séance. Les Alfa Romeo sont en retrait par rapport aux deux premières courses. Bottas (12e) n'atteint pas la Q3 pour la première fois depuis 2016, soit 103 Grands Prix. Zhou (14e) concède 7/10e à son équipier. Après deux bons premiers Grands Prix, les Haas sont ici très en retrait, en manque de rythme. Schumacher (15e) atteint néanmoins la Q2, contrairement à son équipier Magnussen (16e), immédiatement éliminé. Aston Martin vit un week-end proprement désastreux. Vettel (17e) ne roule pas vendredi suite à une panne de moteur, puis se crashe samedi matin et ne couvre que quelques tours en qualifications. Stroll, on l'a vu, est victime de deux accidents. Jugé responsable de la collision avec Latifi, il perd deux points sur son permis et encaisse une pénalité toute fictive de trois positions sur la grille. Il s'élancera 19e. Chez Williams, Albon était d'emblée pénalisé de trois places suite à sa collision avec Stroll à Djeddah. Il est ici éliminé dès la Q1, puis disqualifié car les commissaires ne retrouvent pas dans son réservoir le litre d'essence réglementaire. Le Thaïlandais partira dernier. Latifi (18e) finit quant à lui une fois encore dans le mur.
Le Grand Prix
La course se déroule sous un beau et chaud soleil (30°C) et devant une foule innombrable d'Australiens ravis de retrouver enfin la F1. La plupart des pilotes partent avec les pneus médiums. Sainz, Alonso, Magnussen, Vettel, Stroll et Albon sont toutefois en gommes dures. Pirelli ne prévoit qu'un seul pit-stop. Les mécaniciens de Red Bull s'activent longuement sur la machine de Verstappen avant le départ, dans le garage et jusque sur la grille, ce qui alerte évidemment les observateurs. De son côté, Sainz rencontre des problèmes électroniques et doit changer de volant quelques instants seulement avant de démarrer. Enfin, Alonso prend ce départ avec des doigts pansés suite à un mauvais retour de volant encaissé la veille lors de son accident.
Départ: Leclerc démarre assez moyennement mais demeure devant Verstappen, quitte à changer deux fois de trajectoire. Serré par son équipier, Pérez est surpris par Hamilton qui surgit depuis la troisième ligne. Suivent Russell et Norris qui a fait patiner ses roues. Sainz prend un envol calamiteux et perd de nombreuses places.
1er tour: Leclerc mène devant Verstappen, Hamilton, Pérez, Russell, Norris, Ricciardo, Ocon, Gasly et Alonso. Sainz s'incline devant Schumacher et se retrouve seulement quatorzième.
2e: Leclerc et Verstappen s'échappent devant Hamilton et Pérez. Sainz fait l'extérieur à Schumacher avant l'enchaînement de Waite, mais il décélère beaucoup trop tard, sort dans l'herbe, pirouette et atterrit à contre-sens dans le bac à graviers opposé. Zhou et Schumacher évitent de peu la Ferrari en perdition.
3e: Planté dans les graviers, Sainz abandonne pour la première fois depuis son arrivée chez Ferrari. La voiture de sécurité entre en piste pour permettre à une grue de retirer sa machine. Stroll passe aux stands pour mettre les pneus médiums.
5e: La course est toujours neutralisée. Stroll réapparaît chez Aston Martin et rechausse les gommes dures avec lesquelles il espère rallier l'arrivée.
6e: La Ferrari de Sainz a été ôtée, la course va reprendre au tour suivant. Leclerc devance Verstappen, Hamilton, Pérez, Russell, Norris, Ricciardo, Ocon, Gasly, Alonso, Tsunoda, Bottas, Schumacher, Zhou, Magnussen, Vettel, Latifi, Albon et Stroll.
7e: Le drapeau vert est agité. Leclerc appuie sur le champignon avant le dernier tournant et reste ainsi devant Verstappen. En fin de tour, il possède déjà six dixièmes d'avance sur Verstappen.
8e: Leclerc précède Verstappen (0.9s.), Hamilton (2.4s.), Pérez (3.1s.), Russell (4.6s.), Norris (5.3s.), Ricciardo (6.3s.), Ocon (7.3s.), Gasly (8.8s.), Alonso (9.5s.), Tsunoda (10.3s.) et Bottas (11s.).
10e: L'usage du DRS est autorisé. Pérez l'actionne pour dépasser Hamilton par l'intérieur au virage n°3. Vettel connaît une excursion dans les graviers au virage Ascari et repart lanterne rouge.
11e: Leclerc compte trois secondes d'avance sur Verstappen qui voit se pneus avant se pelucher.
12e: Hamilton est désormais menacé par Russell et les deux McLaren. Schumacher sort large dans l'enchaînement de Waite et perd deux positions au bénéfice de Magnussen et de Zhou.
13e: Leclerc précède Verstappen (4s.), Pérez (8.5s.), Hamilton (11s.), Russell (12s.), Norris (13s.), Ricciardo (14s.), Ocon (16s.), Gasly (18s.) et Alonso (18.5s.).
14e: Verstappen rencontre de plus en plus de « graining » et rend maintenant six secondes à Leclerc.
15e: Ferrari prolonge le premier relais de Leclerc car ce dernier ménage ses pneus médiums. Mais les autres pilotes commencent à passer en gommes dures. Latifi et Schumacher ouvrent le bal.
16e: Bottas prend la onzième place à Tsunoda. Magnussen attaque ensuite le Japonais avant Waite mais, trop proche, il se fait déventer et sort dans la pelouse. Le Danois perd une place au profit de Zhou.
17e: Verstappen concède désormais plus de huit secondes à Leclerc. Ocon passe chez Alpine pour prendre les pneus durs et repart au bout de quatre secondes. Le voici 17ème.
18e: Verstappen entre aux stands à l'issue de cette boucle et chausse les enveloppes dures (2.9s.). Il redémarre juste devant Gasly et Alonso. Arrêt aussi pour Tsunoda.
19e: Gêné par le redémarrage de Verstappen, Gasly est assailli par Alonso qui le déborde par l'intérieur au virage n°3.
20e: Pérez est frappé à son tour par du graining et voit revenir Hamilton. Le Mexicain s'arrête en fin de tour pour s'emparer des pneus blancs (2.5s.). Norris fait pour sa part escale chez McLaren (2.4s.).
21e: Leclerc mène avec dix-huit secondes de marge sur Hamilton. Verstappen réalise le meilleur chrono provisoire (1'22''633'''). Ricciardo, Gasly et Zhou prennent les enveloppes dures. Ricciardo se relance juste devant Albon et Stroll. Le Thaïlandais tente de doubler l'Australien au troisième tournant, mais il est finalement lui-même dépassé par Stroll.
23e: Leclerc arrive aux stands pour prendre les gommes dures (2.7s.) et redémarre une seconde devant Russell. Hamilton et Bottas remplacent aussi leurs pneus. Hamilton quitte les stands devant Pérez qui l'attaque plus loin dans la portion rapide. Le Mexicain déborde l'Anglais par l'extérieur à Waite. A cet instant, Vettel perd la maîtrise de son Aston Martin entre les virages n°4 et 5 et heurte les glissières par l'avant. L'Allemand s'immobilise peu après en pleine piste. La voiture de sécurité intervient pour la seconde fois de la journée.
24e: Cette neutralisation permet à Russell de remplacer ses gommes sans perdre de temps. Le jeune Britannique retrouve le circuit en troisième position devant Alonso, Pérez et Hamilton. Stroll exécute également un « arrêt gratuit ».
25e: Une Aston Martin emmène le peloton, mais il s'agit de la DBX de Bernd Mayländer. Celle-ci s'avère trop lente selon Leclerc qui craint de trop refroidir ses gommes. Les commissaires retirent la monoplace de Vettel. Leclerc précède Verstappen, Russell, Alonso, Pérez, Hamilton, Magnussen, Norris, Ricciardo, Albon, Ocon, Bottas, Stroll, Gasly, Tsunoda, Schumacher, Zhou et Latifi.
26e: C'est le dernier tour sous drapeau jaune. Entamant la ligne droite de départ/arrivée, Schumacher est surpris par un brusque ralentissement de Tsunoda et évite de justesse l'AlphaTauri...
27e: La Safety Car s'efface. Leclerc sous-vire en prenant le dernier virage, offrant ainsi une aspiration inespérée à Verstappen. Ce dernier se décale à l'extérieur, mais la cavalerie de la Ferrari permet à Leclerc de conserver l'ascendant pour quelques mètres.
28e: Leclerc s'enfuit de nouveau et repousse Verstappen à une seconde et demie. Alonso poursuit avec ses pneus usés mais se retrouve menacé par Pérez.
29e: Leclerc mène devant Verstappen (2.5s.), Russell (4.1s.), Alonso (5.5s.), Pérez (5.8s.), Hamilton (7.2s.), Magnussen (8.1s.), Norris (8.9s.), Ricciardo (10.6s.), Albon (11.3s.) et Ocon (12s.).
30e: Pérez actionne son aileron arrière mobile dans la seconde accélération et se défait sans peine d'Alonso au virage n°3.
31e: Leclerc abaisse le record du tour (1'22''450'''). Hamilton dépasse Alonso au premier virage.
33e: Pérez se rapproche de Russell. Norris est aux trousses de Magnussen et tente en vain de lui faire l'extérieur au troisième tournant.
34e: Leclerc porte son avantage sur Verstappen à quatre secondes et demie. Norris efface Magnussen au virage n°1. Le Scandinave entraîne derrière lui un peloton compact comprenant Ricciardo, Albon, Ocon, Stroll, Bottas et Gasly.
35e: Ricciardo dépasse Magnussen. Leclerc précède Verstappen (5s.), Russell (9s.), Pérez (9.7s.), Hamilton (13.7s.), Alonso (19.6s.), Norris (21.8s.), Ricciardo (23.2s.), Magnussen (25.4s.), Albon (26.2s.), Ocon (26.8s.), Stroll (27s.) et Bottas (27.5s.).
36e: Nouveau meilleur temps pour Leclerc: 1'21''986'''. Russell glisse en courbe et doit s'incliner face à Pérez qui le dépasse au virage Ascari.
38e: Norris est revenu au contact d'Alonso qui se débat avec ses gommes usées. Dans la même situation que l'Espagnol, Magnussen et Albon tiennent tête à Ocon et Stroll.
39e: Verstappen entame le premier tournant lorsque son moteur se coupe soudainement. Le Batave effectue en vain quelques manipulations avant de s'immobiliser dans l'herbe à la sortie de la courbe Brabham. Il hèle ensuite les commissaires car quelques flammes s'échappent de sa Red Bull. La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée.
40e: Alonso et Magnussen profitent de cette neutralisation pour s'emparer de gommes médiums. Albon demeure cependant en piste avec ses enveloppes dures vieilles de quarante boucles. La Red Bull de Verstappen mise à l'abri, le drapeau vert est brandi. Stroll assaille Bottas sans prendre de gants au troisième virage et le pousse vers la bordure, ce qui permet à Gasly de doubler également le Finlandais.
42e: Leclerc est leader devant Pérez (12.7s.), Russell (16.8s.), Hamilton (18.2s.), Norris (30.1s.), Ricciardo (31.7s.), Albon (36s.), Ocon (37.5s.), Stroll (41.2s.), Gasly (41.6s.), Bottas (42s.), Schumacher (43s.), Alonso (43.6s.) et Zhou (44.5s.).
43e: Stroll écope d'une pénalité de cinq secondes pour avoir changé plusieurs fois de trajectoire devant Bottas un peu plus tôt.
45e: Leclerc a la course en main et jouit de 15 secondes de marge sur Pérez. Alonso se défait de Schumacher et tente de remonter vers les points.
46e: Albon tient encore une bonne cadence avec ses vieilles chausses et résiste sans trop de peine à Ocon. Stroll contient un peloton comprenant Gasly, Bottas et Alonso.
48e: Leclerc devance Pérez (14.2s.), Russell (19.4s.), Hamilton (20.8s.), Norris (35.5s.), Ricciardo (38.1s.), Albon (43.4s.), Ocon (44.3s.), Stroll (52.2s.), Gasly (53s.), Bottas (53.4s.) et Alonso (54s.).
49e: Leclerc abaisse encore le record du tour (1'20''966'''). Alonso voit ses pneus médiums s'user prématurément et ne parvient pas à menacer Bottas.
50e: Pérez glisse en abordant l'avant-dernier tournant et traverse la pelouse. Il concède maintenant dix-huit secondes à Leclerc. Gasly prend l'ascendant sur Stroll.
51e: Bottas conquiert la dixième place aux dépens de Stroll. Schumacher traverse le bac à graviers du premier tournant et reprend la piste derrière Zhou et Magnussen. Il perd ainsi une chance d'inscrire un point.
52e: Alonso souffre d'un terrible graining et s'incline devant Zhou et Magnussen. Il rejoint le stand Alpine à la fin de cette boucle pour changer d'enveloppes et sombre au dernier rang.
53e: Leclerc précède Pérez (20s.), Russell (23.2s.), Hamilton (24.5s.), Norris (42.5s.), Ricciardo (47s.), Albon (52.5s.) et Ocon (53.3s.). Gasly sort dans la pelouse au virage n°13 et cède ainsi la neuvième place à Bottas.
55e: Hamilton se rapproche de son équipier Russell en cette fin de course, mais sans grand espoir de le doubler car il constate un début de surchauffe sur sa W13. De son côté, Ricciardo revient à tire-d'aile sur Norris.
56e: Albon tient toujours ferme en septième position, mais il va devoir effectuer un changement de pneus d'ici trois tours. Zhou passe devant Stroll et Schumacher reprend l'avantage sur Magnussen.
57e: Leclerc achève sa course dans le trafic. Albon arrive chez Williams à l'issue de cette boucle, s'empare de pneus tendres et ressort de la pit-lane juste devant Zhou, sauvant ainsi le point de la dixième place.
58ème et dernier tour: Charles Leclerc coupe la ligne en affolant encore le chrono (1'20''260''') et réalise le premier grand chelem de sa carrière: pole, victoire, meilleur tour, en tête d'un bout à l'autre. Pérez termine deuxième avec la Red Bull rescapée. Russell (3e) grimpe sur son premier podium pour Mercedes. Hamilton se classe quatrième. Les McLaren de Norris (5e) et de Ricciardo (6e) confirment leur redressement. Ocon (7e) engrange huit points pour Alpine. Bottas finit huitième, Gasly neuvième. Albon (10e) donne à Williams son premier point en 2022. Zhou, Stroll, Schumacher, Magnussen, Tsunoda, Latifi et Alonso sont aussi classés.
Après la course
Charles Leclerc a accompli un week-end d'autant plus parfait que ses deux plus dangereux rivaux dans la course au titre mondial, Max Verstappen et Carlos Sainz, ont abandonné. Les astres commencent à s'aligner favorablement pour le jeune Monégasque qui jouit déjà d'une très confortable avance au championnat après cette course idéale. Il se garde néanmoins de toute fanfaronnade et affirme que Ferrari s'attendait à subir ici la loi de Red Bull. « Nous avons tous été surpris par notre niveau de performance », dit-il. « A la fin du premier relais, en pneus médiums, nous étions extrêmement rapides et prenions soin de la gomme. Je n'avais pas beaucoup de dégradation. Et puis une fois en durs, nous nous attendions à ce que Red Bull soit un peu plus proche, mais là encore nous avions l'avantage. Il est clair qu'après les qualifications, nous ne pensions pas avoir une telle avance. Ce fut donc une bonne surprise. » La seule alerte est survenue au second redémarrage, lorsque Verstappen s'est porté à sa hauteur. « J'essayais de préparer le dernier virage du mieux possible en restant sur la gauche, mais j'ai roulé sur de la gomme et je n'ai pas pu tourner correctement. Nous sommes arrivés, Max et moi, roue contre roue au premier virage, mais je suis parvenu à garder l'avantage. La situation s'est alors améliorée avec les pneus et j'ai pu creuser l'écart. »
Le pilote Ferrari paraît si à l'aise au volant de sa Belle Rouge que certains lui prédisent déjà un premier titre mondial en fin de saison, perspective qu'il refuse pour l'heure d'envisager. Et qu'on ne lui parle pas non plus d'un « nouveau Leclerc » qui aurait éclos cette année à la faveur de la révolution technologique ! « Bien sûr, je mûris d'une année sur l'autre, comme tout le monde, mais je préfère parler de croissance linéaire. Je n'ai pas franchi d'énorme cap par rapport à l'an dernier », corrige-t-il.
Son équipier Carlos Sainz a lui bu le calice jusqu'à la lie en Australie. Après avoir manqué ses qualifications, le Madrilène a raté son départ, puis a achevé sa course dans les graviers dès le deuxième tour ! Il explique cependant ne pas être pour grand-chose dans ses déboires dominicaux: « Nous avons rencontré des problèmes avec les interrupteurs. Cela s'était déjà produit hier... Nous avons donc dû changer de volant une minute seulement avant le départ. Hélas, ce deuxième volant n'était pas bien configuré pour le démarrage. J'avais la mauvaise cartographie, ce qui a déclenché l'anti-calage. Cela m'a fait rétrograder dans la hiérarchie avec les pneus durs et ensuite, avec la précipitation de vouloir revenir au contact des voitures devant moi, j'ai fait une erreur de pilotage. » Et Sainz de conclure que Ferrari a selon lui commis trop d'erreurs ce week-end. Cette liberté de ton laisse à penser qu'il a déjà prolongé son contrat avec la Scuderia au-delà de 2022...
La belle seconde place de Sergio Pérez ne console pas l'écurie Red Bull, accablée par le nouvel abandon de Max Verstappen, le deuxième en trois Grands Prix. Cette fois, c'est une fâcheuse fuite de carburant qui a frappé le champion en titre. En outre, celui-ci fut mécontent de sa monture tout au long du week-end. Bien que pourvue d'un aileron plus incliné, la RB18 n'a pas cessé de dévorer ses gommes, et de plus était très instable dans les virages serrés. « Nous avons beaucoup de retard ! soupire Verstappen. Je ne veux même pas penser au championnat pour le moment, je pense qu'il est plus important de terminer les courses. Aujourd'hui a encore été une mauvaise journée. Je n'avais pas vraiment de rythme, je gérais juste mes pneus pour essayer d'aller au bout parce que je pensais pouvoir finir facilement deuxième. Je ne pouvais pas combattre Leclerc. Mais nous n'avons même pas terminé, donc c'est assez frustrant. » « Nous n'avons jamais réussi à bien faire fonctionner nos pneus sur cette piste urbaine », concède de son côté Christian Horner. « L'histoire sera différente lors du retour en Europe où nous apporterons des évolutions. Rien n'est perdu. Pérez n'a, de nouveau, pas été chanceux avec la voiture de sécurité, mais il a effectué de beaux dépassements sur les pilotes Mercedes et a pu ramener une belle deuxième place. C'est le mieux qu'on pouvait espérer aujourd'hui. Ici, Ferrari évoluait dans une autre catégorie. » Verstappen concède déjà 46 points à Leclerc au classement des pilotes, et Red Bull 49 unités à Ferrari chez les constructeurs...
La Mercedes W13 n'est pas plus performante, mais elle est fiable, ce qui permet à la marque allemande d'occuper encore la seconde position du championnat des constructeurs devant Red Bull. Mieux: avec sa troisième place, certes un peu chanceuse car obtenue grâce à une neutralisation opportune, George Russell est désormais le dauphin de Charles Leclerc au classement des pilotes, avec certes 34 points de retard sur ce dernier. Le jeune Anglais savoure néanmoins ce premier « vrai » podium en F1, celui acquis lors du grotesque GP de Belgique 2021 ne comptant guère. Lewis Hamilton est pour sa part quelque peu piqué de terminer une nouvelle fois derrière son équipier, et ce en dépit d'un très bon envol. Mais l'important pour Mercedes est de faire évoluer une monoplace au comportement toujours aussi incompréhensible. « A ce stade, confie Andrew Shovlin, nous nous concentrons sur deux choses: limiter les dégâts et apprendre. » Voilà qui n'est pas à proprement parler de l'optimisme...
On constate en revanche plus d'allant chez McLaren. Après une première copie calamiteuse à Bahreïn, les Papayes s'étaient montrées sous un meilleur jour à Djeddah. Cette fois, Lando Norris et Daniel Ricciardo atteignent tous deux le « top 6 ». Toutefois, la nature des tracés semble beaucoup influer sur la tenue de la MCL36, comme le confie Andreas Seidl: « Nous avons été un peu plus compétitifs ce week-end pour trois raisons. Le tracé plus fluide convient mieux à notre ensemble actuel, rétif aux virages serrés. Nos petites améliorations ont bien fonctionné et nous avons appris beaucoup de choses sur le comportement de la voiture. » McLaren repasse ainsi devant Alpine-Renault au classement des constructeurs. L'écurie anglo-française récolte de nouveau des points grâce à Esteban Ocon, mais peut regretter la nouvelle panne dont fut victime Fernando Alonso en qualifications, car celui-ci pouvait prétendre à la pole position. En course, ce sont les pneus qui ont ruiné la course du vétéran. « Je suis sans voix, dégoûté même », lâche Alonso, qui n'affiche que deux points au compteur après trois courses, alors que Ocon en possède déjà vingt. L'Ibère est en quête de réussite. Il sait qu'en coulisse, le jeune Australien Oscar Piastri guette son volant pour 2023...
Sources:
- Auto Hebdo n°2358, 13 avril 2022.
Tony