Red Bull: retenez-moi ou...
Le retrait de Honda de la Formule 1 ne laisse pas de mettre Red Bull dans l'embarras pour l'après-2021. Le fabricant de boissons énergisantes recherche un nouveau motoriste mais rechigne à se tourner de nouveau vers Renault, tant les deux parties se sont quittées fâchées fin 2018. Certes, le règlement sportif obligera quoiqu'il advienne le Losange à s'entendre avec le Taureau rouge si celui-ci ne trouve pas un autre partenaire. Mais les mariages forcés sont rarement heureux... Aussi, Helmut Marko propose que Red Bull rachète la propriété intellectuelle du groupe propulseur Honda. Cette solution permettrait ainsi à RBR de devenir son propre motoriste, les installations de Milton Keynes pouvant accueillir un département « groupes propulseurs ».
Mais un tel processus serait aussi fort coûteux, c'est pourquoi l'équipe austro-britannique demande qu'en parallèle la FIA décrète le gel du développement des moteurs à compter de 2022. Afin d'imposer ses vues, Dietrich Mateschitz procéderait même à l'éternel chantage au retrait si prisé par Ferrari... Or, justement, il paraît peu plausible que les trois autres motoristes accepteront un tel accommodement, en particulier Ferrari dont le moteur est actuellement le plus mauvais du plateau et nécessiterait deux à trois années d'évolution pour rattraper Mercedes et Renault. Mais Mateschitz, avec deux écuries entre ses mains, menace de réduire le peloton à peau de chagrin... Toutes les parties se réuniront le lundi 26 octobre à Portimão, autour de la FIA et de Liberty Media, pour s'entendre (ou pas) sur l'avenir.
Transferts: Haas fait table rase
Le 22 octobre, Haas F1 Team annonce que Romain Grosjean et Kevin Magnussen ne feront plus partie de l'équipe en 2021. Les deux hommes cohabitaient depuis 2017 au sein de l'écurie américaine qui décide donc d'entamer un nouveau chapitre de sa jeune histoire. Ces évictions ne surprennent personne. Voilà au moins deux ans que Grosjean était sur la sellette en raison de ses bourdes régulières et de son manque global de résultats. En outre, depuis cette saison, le Genevois ne retenait plus ses critiques contre sa monoplace et certaines subtilités du management de Guenther Steiner, avec lequel les relations ont toujours été tendues. Quant à Magnussen, son ardeur en piste a fini par s'émousser et son mauvais caractère s'est encore aigri devant les difficultés. Gene Haas et Guenther Steiner ont fini par convenir qu'ils n'avanceraient plus avec ce duo, même si les mauvais résultats proviennent sans doute surtout d'un modèle de développement contestable. Les deux baquets Haas sont donc disponibles pour 2021. L'un d'entre eux devrait revenir à un pilote de la filière Ferrari: Robert Shwartzman, Callum Ilott ou Mick Schumacher. L'autre semble réservé au jeune Russe Nikita Mazepin, fils du milliardaire Dmitry Mazepin qui cherche désespérément à investir en Formule 1 depuis deux ans et paraît avoir trouvé en Gene un interlocuteur intéressé.
Présentation de l'épreuve: retour au Portugal
À la faveur de la crise de la Covid-19, le Portugal revient au calendrier de la Formule 1 pour la première fois depuis 1996. Mais le vétuste circuit d'Estoril cède le pas à l'ultra-moderne Autodrome de l'Algarve sis à Portimão, Édifié en 2008 par l'architecte Ricardo Pina, ce tracé était destiné à accueillir la Formule 1, du moins dans le cadre d'essais privés, car le petit Portugal n'avait guère les moyens d'organiser un nouveau Grand Prix. Mais Portimão ne fut finalement utilisé que pour quelques épreuves de Formule 3, d'Endurance ou de Tourisme. Ce n'est qu'en avril 2020 qu'il obtient de la FIA la « certification grade 1 » qui lui permet de prétendre à l'organisation d'un Grand Prix de F1. Une promotion due à la cascade d'annulations liées à la pandémie: la discipline a besoin de nouveaux circuits pour que le championnat 2020 comprenne un nombre d'épreuves décent. C'est pourquoi le GP du Portugal refait son apparition au calendrier du championnat du monde Formule 1, comme du reste à celui du Moto GP.
Le circuit de Portimão est méconnu des pilotes qui pour la grande majorité n'y ont jamais mis les pieds. Il s'agit d'une large bande sillonnant les collines de l'Algarve, d'une succession de déclivités, y compris au niveau de la ligne de départ/arrivée, qui fait immanquablement songer à des « montagnes russes ». Ça monte, ça descend, et ça tourne parfois en aveugle. Ce véritable « toboggan » s'apparente quelque peu à Spa-Francorchamps et à l'ancien Nürburgring. Parmi les portions impressionnantes, on peut souligner l'enchaînement des virages n°7 à 9 qui consiste en l'escalade d'une colline en aveugle, suivi d'une descente abrupte. Une seule zone de DRS est prévue, au niveau du bout droit principal, et le premier virage, un droit assez serré qui suit une petite pente, sera l'endroit idéal pour dépasser. À l'origine, l'autodrome de l'Algarve avait prévu d'accueillir 50 000 spectateurs par jour pour ce véritable événement qu'est le retour de la Formule 1 au Portugal. Hélas, en raison du rebond épidémique que subit l'Europe occidentale depuis septembre, les gouvernements multiplient de nouveau les mesures de restriction et un second « grand renfermement » des populations est redouté. Pour l'heure, les autorités portugaises décident de fixer la jauge quotidienne à 27 500 spectateurs. 46 000 billets avaient pourtant été vendus pour la course du dimanche... Les organisateurs doivent donc rembourser les fans lésés.
Mercedes peut battre ce week-end un nouveau record en décrochant son septième titre mondial des constructeurs consécutif. Il faut pour cela que les « Flèches noires » réalisent un doublé et que les Red Bull-Honda n'inscrivent pas plus de quatre points, ce qui paraît somme toute improbable. Cette septième couronne sera donc vraisemblablement acquise lors des deux prochaines épreuves, le GP d'Émilie-Romagne ou celui de Turquie. En revanche, Lewis Hamilton a ici toutes les chances de battre le record de victoires en carrière détenu par Michael Schumacher (91).
Peu avant le GP du Portugal tombe une nouvelle inouïe: Lance Stroll, qui avait officiellement manqué le GP de l'Eifel pour une « grippe intestinale », était en fait traversé par le Covid-19 ! Le jeune Canadien explique qu'à après maints tests négatifs, il a reçu le dimanche 11 octobre, soit le jour de la course, un résultat positif. Voilà qui n'est en rien dramatique puisqu'il s'était par prudence déjà mis à l'isolement et est aujourd'hui en bonne forme. Mais certains soupçonnent Otmar Szafnauer, directeur de Racing Point, d'avoir appris plus tôt que son pilote avait le coronavirus sans en informer la FIA, contournant ainsi le protocole sanitaire... « Lance a consulté un médecin qui ne croyait pas que ses symptômes indiquaient une présence du Covid-19 et ne recommandait pas d'effectuer un test », se justifie-t-il. « Sur la base de cette évaluation clinique, il n'était pas nécessaire d'informer la FIA de la nature de la maladie. » Du reste, rien n'interdit de penser que c'est un autre microbe qui a cloué Stroll aux toilettes... Connaîtrons-nous un jour les dessous de ce drame ?
Le choix de Vitaly Petrov comme commissaire sportif pour ce Grand Prix crée une petite polémique. L'ancien pilote russe s'est en effet distingué un mois plus tôt, à l'occasion de l'épreuve de Sotchi, par une violente charge contre la propagande politique menée depuis le début de la saison par Lewis Hamilton. À l'instar de son compatriote Daniil Kvyat, il avait rappelé que mettre un genou à terre était considéré dans son pays comme un geste religieux et ne pouvait donc être exécuté à la légère. Petrov avait du reste ironisé sur l'arc-en-ciel peint cette année sur toutes les monoplaces en signe de solidarité anti-raciste, se demandant si les pilotes ne voulaient pas là afficher leur homosexualité... À Portimão, Hamilton se récrie à l'idée qu'un individu ne partageant ses opinions puisse officier comme commissaire. « C'est une surprise d'embaucher quelqu'un avec ces croyances alors que nous tentons de combattre tout ça. Vous devriez le signaler à la FIA, pas à moi, je ne peux rien y faire » commente l'apôtre de la tolérance. « Nous devons vraiment inclure les gens qui sont en phase avec notre époque, qui comprennent ce que traverse le monde et qui sont sensibles aux problèmes qui nous entourent. Je ne sais pas pourquoi Petrov est là, ce n'est pas comme s'il n'y avait pas d'autres options... » L'oukase est également paraphé par Valtteri Bottas qui se prétend « dans le même état d'esprit que son coéquipier. » Néanmoins, la fédération tient bon et maintient Petrov à son poste.
Cette controverse assez ridicule se dénoue tragiquement. Le samedi 24 octobre, Vitaly Petrov apprend que son père Alexander, député et homme d'affaires en vue, a été assassiné à son domicile de Vyborg. Il abandonne aussitôt ses fonctions pour rejoindre la Russie et sera remplacé par le pilote portugais de tourisme Bruno Correia.
Mercedes laisse provisoirement de côté son fameux système DAS (Dual Axis Steering) qui cette année s'est révélé fort précieux pour maintenir les gommes en température lors des périodes neutralisation. Mais le dispositif est déjà banni par la fédération pour la saison 2021, et l'équipe anglo-allemande doit donc apprendre à s'en passer. Les W11 en seront donc dépourvues pour les essais du vendredi matin, avant de le récupérer pour la suite du week-end. Ferrari apporte à sa SF-1000 des évolutions d'envergure destinées à préparer la prochaine saison, notamment un fond plat et un diffuseur qui devraient entrer en service en 2021. Il s'agit d'évaluer les évolutions de charge qui apparaîtront l'année prochaine ainsi que d'améliorer l'échauffement des pneus, un des (nombreux) points faibles de cette monoplace. Enfin, Pirelli fait tester lors des essais libres du vendredi quelques exemplaires de sa future gamme de pneumatiques pour 2021, qui sera peu ou prou une simple évolution de celle actuellement en service qui, rappelons-le, date de 2019.
Essais et qualifications
Durant tout le week-end, les pilotes affrontent une adhérence précaire en raison du bitume peu abrasif, de fortes rafales de vent et de températures assez basses qui empêchent les pneus de chauffer rapidement. Ils multiplient ainsi les figures. Bottas signe le meilleur temps de la première séance libre devant Hamilton et Verstappen. L'après-midi, Bottas confirme avec un nouveau meilleur chrono, au cours d'une session marquée par une stupide collision entre Verstappen et Stroll. Les deux jeunes gens échangent des noms d'oiseaux après s'être tamponnés au premier tournant, le Hollandais qualifiant même le Canadien de « mongolien ». Samedi matin, Bottas se montre une fois encore le plus rapide. Au cours de cette session, Vettel arrache une grille d'évacuation, ce qui contraint la direction de course à mener ensuite une inspection minutieuse de tous ces éléments sur l'ensemble du tracé. La séance qualificative s'en trouve repoussée d'une demi-heure.
Comme souvent en 2020, Bottas brille aux essais mais s'incline devant son équipier en qualifications. Hamilton réalise sa neuvième pole de la saison (1'16''652'''), un dixième devant son compère finlandais, second sur la grille. Verstappen (3ème) frôle la première ligne pour quinze centièmes mais estime que la Red Bull-Honda peine ici à exploiter les pneus Pirelli. Albon (6ème) concède comme d'habitude une demi-seconde au Néerlandais. Leclerc décroche une très belle quatrième place avec sa Ferrari, à seulement quatre dixièmes de la pole. Les évolutions semblent revivifier la monoplace rouge, en tout cas celle du Monégasque, car Vettel (15ème) se plaint à la fois de survirage et d'une usure excessive des gommes. Après avoir longtemps tâtonné dans ses réglages, Pérez place sa Racing Point-BWT au cinquième rang. Il écope toutefois d'une réprimande pour avoir involontaire gêné Gasly. Stroll (12ème) est plus en retrait et déplore un manque d'équilibre. Très véloces vendredi, les McLaren-Renault (Sainz 7ème, Norris 8ème) rentrent un peu dans le rang en qualifications mais devraient se battre en course pour de gros points.
Gasly place son AlphaTauri-Honda en neuvième position malgré un incendie qui a gâché sa séance du vendredi après-midi et imposé une nuit blanche à ses mécaniciens. Kvyat (13ème) met sa piètre performance sur le compte du vent qui fragiliserait la stabilité de sa machine. Encore des qualifications ratées pour Renault: Ricciardo (10ème) s'évanouit dans les graviers à la fin de la Q2 et Ocon (11ème) est comme trop souvent décevant. Très rapide depuis le début du week-end, Russell (14ème) atteint la Q2 avec sa modeste Williams-Mercedes. Son équipier Latifi (20ème) est en revanche inexistant. Les Alfa Romeo (Räikkönen 16ème, Giovinazzi 17ème) progressent quelque peu sans pouvoir dépasser la Q1. Haas doit composer avec des surchauffes de suspension qui contraignent les mécaniciens à modifier constamment les hauteurs de caisse... Dans ces conditions, Grosjean (18ème) et Magnussen (19ème) ont bien du mal à demeurer en piste.
Le Grand Prix
Dimanche après-midi, le vent souffle fort sur l'Algarve et charrie des nuages chargées de pluie. Les météorologues ne prédisent cependant pas de grosses averses. La plupart des coureurs partent en pneus médiums. Verstappen, Albon, Sainz, Norris, Räikkönen, Ricciardo et Gasly ont cependant des gommes tendres. Seul Magnussen choisit les pneus durs.
Tour de formation: Une légère bruine tombe sur le circuit. Elle ne devrait pas humidifier le bitume mais les pilotes pourront-ils faire monter leurs pneus en température ?
Départ: Hamilton prend un bon envol, contrairement à Bottas qui se fait déborder par Verstappen, puis a bien du mal à rester devant Pérez. Suivent Sainz, Leclerc et Norris.
1er tour: Bottas reprend l'ascendant sur Verstappen dès le virage n°3. Puis Pérez tente de faire l'extérieur au Néerlandais après le quatrième virage, mais leurs roues s'entrechoquent et le Mexicain part en tête-à-queue. Il se redresse et repart dernier. Verstappen continue mais bloque ses roues à l'épingle de Torre Vipe, puis se fait doubler par Sainz quelques virages plus loin. Pendant ce temps, l'averse s'intensifie et il apparaît que les pneus médiums ne parviennent pas à chauffer, contrairement aux tendres. Hamilton roule sur des œufs et se fait doubler par Bottas, puis par Sainz. Norris se défait de Verstappen. Plus loin, Räikkönen, en pneus tendres, fend la bise dans le peloton et double pas moins de neuf pilotes ! En fin de tour, Sainz attaque Bottas pour la première place. Viennent ensuite Hamilton, Norris, Verstappen, Leclerc, Räikkönen, Ricciardo, Albon et Gasly. Pérez passe aux stands pour changer d'enveloppes.
2e: Sainz est beaucoup plus rapide que Bottas. Il le déborde et s'empare du commandement. Hamilton résiste pour sa part à Norris. Räikkönen dépasse Leclerc au premier tournant. Albon se fait doubler par Gasly, Stroll et Ocon.
3e: Parti septième, Sainz est un incroyable leader, mais la pluie a déjà cessé et les pneus médiums gagnent en température, et donc en performance. Les Mercedes se rapprochent déjà de la McLaren-Renault. Verstappen est aux trousses de Norris.
4e: Les pneus médiums sont « à point ». Bottas prend Sainz en chasse. Norris résiste difficilement à Verstappen.
5e: Verstappen dépasse Norris au premier freinage grâce à l'aileron arrière mobile.
6e: Bottas recolle à Sainz et le déborde par l'extérieur avant la première courbe. Hamilton est aussitôt sur les talons du Madrilène. Leclerc prend la septième place à Ricciardo.
7e: Hamilton double Sainz sur la ligne de chronométrage. Verstappen menace ensuite l'Espagnol. Räikkönen est poursuivi par Leclerc.
8e: Tout rentre dans l'ordre: les Mercedes dominent. Bottas compte deux secondes d'avance sur Hamilton. Verstappen efface Sainz sans difficulté. Leclerc déborde Räikkönen, bientôt attaqué par Ricciardo.
9e: Le trio de tête s'enfuit devant Sainz. Leclerc dépasse Norris au premier virage. Ricciardo déborde Räikkönen. Gasly doublera aussi le Finlandais au tour suivant. Stroll se voit présenter le drapeau noir et blanc pour avoir roulé hors des limites de la piste.
10e: Bottas est premier devant Hamilton (2.2s.), Verstappen (5.2s.), Sainz (10.5s.), Leclerc (11.8s.), Norris (14.6s.), Ricciardo (15.4s.), Gasly (16s.), Räikkönen (17.4s.), Stroll (18s.), Albon (18.5s.) et Ocon (19.3s.).
11e: Le trio Stroll - Albon - Ocon dépasse Räikkönen, dorénavant à la dérive avec ses pneus tendres. Ce dernier rejoint ensuite les stands pour mettre les pneus jaunes.
12e: Leclerc rejoint Sainz et le dépasse au passage devant les stands. Le Monégasque retrouve la quatrième place de laquelle il était parti.
13e: Gasly est l'un des rares pilotes en pneus tendres à garder un bon rythme, ce qui lui permet de doubler Norris, pourtant pareillement chaussé. Stroll prend l'avantage sur Ricciardo.
14e: Hamilton roule à deux secondes et demie de Bottas. Verstappen est repoussé à dix secondes. Vettel émerge et prend la douzième place à Russell. Ricciardo fait halte chez Renault afin de prendre les enveloppes médiums.
16e: Bottas précède Hamilton (2s.), Verstappen (11s.), Leclerc (15.3s.), Sainz (22s.), Gasly (22.6s.), Norris (26.3s.), Stroll (26.6s.), Ocon (28.7s.), Albon (31s.), Vettel (34.3s.) et Russell (36.7s.). Pérez est remonté au quinzième rang depuis sa collision.
17e: Les pneus des McLaren s'effondrent. Gasly est dans le sillage de Sainz. Stroll pourchasse Norris pour le gain de la septième place.
18e: Stroll déborde Norris par l'extérieur avant le premier freinage, quitte à mordre sur la bordure. Le Canadien braque alors que l'Anglais ne sort pas de sa trajectoire, et tous deux entrent en collision. Stroll part en tête-à-queue puis redémarre au petit trot avec un museau endommagé.
19e: Bottas déplore un soudain manque d'adhérence et voit Hamilton grossir dans ses rétroviseurs. Norris et Stroll rejoignent tous les deux leurs garages pour réparer leurs voitures et changer de pneus.
20e: Hamilton actionne son DRS et fond sur Bottas dans la ligne droite principale. Le Scandinave se déporte pour briser l'aspiration, mais cela ne suffit pas: le Britannique le contourne par l'extérieur et s'empare de la première place. Gasly déborde Sainz par l'extérieur au même endroit. Albon chausse les pneus médiums.
22e: Quelques gouttes de pluie sont signalées. Hamilton devance Bottas (2.8s.), Verstappen (14.4s.), Leclerc (17.4s.), Gasly (30s.), Sainz (32.5s.), Ocon (38.7s.), Vettel (41.6s.), Russell (46.3s.), Giovinazzi (48.3s.), Pérez (48.8s.) et Kvyat (49.5s.).
23e: Pérez prend la dixième place à Giovinazzi. Verstappen passe chez Red Bull pour prendre les pneus médiums et repart entre Sainz et Ocon. Jugé responsable de l'accrochage avec Norris, Stroll reçoit cinq secondes de punition.
25e: Le vent chasse la pluie. Hamilton s'échappe facilement devant Bottas: quatre secondes les séparent. Pérez prend l'ascendant sur Russell. Changement de pneus pour Kvyat.
26e: Sainz arrive chez McLaren pour prendre les enveloppes médiums (3s.) et chute en quatorzième position. Arrêt aussi pour Grosjean.
27e: Bottas rend une seconde par tour à Hamilton. Vettel s'arrête chez Ferrari pour prendre les gommes dures.
29e: Gasly fait escale chez AlphaTauri et met des gommes médiums avant de se relancer en neuvième position, entre Russell et Ricciardo. Pit-stop aussi pour Giovinazzi.
30e: Ricciardo dépasse Gasly qui n'a pas encore fait monter ses pneus en température. Nouvelle pénalité de cinq secondes pour Stroll, cette fois pour avoir roulé hors des limites du circuit.
31e: Hamilton est en tête devant Bottas (8s.), Leclerc (26s.), Verstappen (47s.), Ocon (54s.), Pérez (55s.), Russell (1m. 04s.), Ricciardo (1m. 12s.), Gasly (1m. 13s.), Räikkönen (1m. 14s.), Sainz (1m. 15s.) et Albon (1m. 17s.).
32e: Sainz tente de faire l'extérieur à Räikkönen au premier freinage, mais celui-ci résiste férocement. Les deux hommes franchissent côte à côte les courbes suivantes, au bénéfice du Finlandais. Arrêt pneus pour Magnussen.
33e: Sainz dépasse Räikkönen grâce au DRS dans la ligne droite principale.
34e: Pérez se déporte pour dépasser Ocon au premier freinage, mais celui-ci ne lui laisse aucun espace. Le Mexicain retente sa chance à l'épingle par l'extérieur, puis les deux hommes avalent le bout droit suivant roue dans roue. Mieux placé, à l'intérieur désormais, pour aborder le virage n°8, Pérez parvient à prendre l'ascendant.
35e: Hamilton compte toujours huit secondes de marge sur son coéquipier. Leclerc passe chez Ferrari pour prendre les enveloppes dures (2.7s.) et ne perd qu'une place au profit de Verstappen. Bon dernier, Stroll s'arrête pour subir ses pénalité et changer de pneus.
37e: Bottas ressent désormais des vibrations générées par ses pneus. Russell passe chez Williams pour mettre les pneus durs et dégringole au quinzième rang.
39e: Hamilton précède Bottas (9.2s.), Verstappen (50s.), Leclerc (1m.), Pérez (1m. 03s.), Ocon (1m. 06s.), Ricciardo (1m. 25s.), Gasly (1m. 26s.), Sainz (1m. 27s.), Räikkönen (-1t.), Albon (-1t.) et Vettel (-1t.).
40e: Pérez se rapproche de Leclerc. Sainz pourchasse Gasly pour la huitième place.
41e: Hamilton arrive chez Mercedes pour s'emparer des gommes dures (2.7s.). Bottas recueille le commandement.
42e: Bottas rallie à son tour les stands afin de prendre les Pirelli blancs (2.4s.) puis redémarre en plein trafic. Hamilton reprend la première place. Grosjean reçoit cinq secondes de pénalité car il a une fois encore dépassé le bord de la piste.
44e: Hamilton est actuellement le plus rapide (1'20''995'''). Son avance sur Bottas est désormais de douze secondes. Verstappen roule à vingt secondes. En délicatesse avec ses pneus, Ricciardo défend sa septième place devant Gasly. Norris repasse chez McLaren pour prendre des gommes médiums.
45e: Hamilton abaisse le record du tour à chaque passage. Gasly fait l'intérieur à Ricciardo au premier virage.
46e: Pérez effectue un second changement de pneus et prend le composé tendre. Il redémarre en sixième position.
47e: Sainz utilise son aileron arrière mobile pour dépasser Ricciardo. Albon chausse les pneus tendres dans un arrêt - éclair: 1.8s. !
48e: Hamilton est premier devant Bottas (14.6s.), Verstappen (23s.), Leclerc (37s.), Ocon (48s.), Pérez (1m. 09s.), Gasly (1m. 10s.), Sainz (1m. 11s.), Ricciardo (1m. 12s.), Räikkönen (1m. 14s.), Vettel (1m. 16s.) et Albon (-1t.).
50e: Hamilton continue d'attaquer bien qu'il souffre d'une crampe au mollet droit. Il donne le change afin de ne laisser aucun espoir à Bottas, repoussé à quinze secondes.
52e: Ricciardo, Räikkönen et Vettel se tiennent en deux secondes et se battent pour les derniers points. Ce trio se fait en outre prendre un tour par Hamilton.
53e: Lanterne rouge, Stroll regagne son garage pour abandonner. Sa monoplace était endommagée depuis sa touchette avec Norris. Le drapeau noir et blanc est présente à Latifi qui a dépassé les limites du circuit.
54e: Après un premier relais interminable en pneus médiums, Ocon fait halte chez Renault pour prendre les gommes tendres (4.5s.). Le Normand redémarre huitième. Vettel s'empare de la dixième position aux dépens de Räikkönen.
55e: Hamilton devance Bottas (15s.), Verstappen (25s.), Leclerc (43s.), Pérez (1m. 13s.), Gasly (1m. 17s.), Sainz (1m. 20s.), Ocon (-1t.), Ricciardo (-1t.), Vettel (-1t.), Räikkönen (-1t.) et Albon (-1t.).
57e: Auteur d'une course anonyme, Kvyat subit un « stop-and-go » de cinq secondes pour avoir dépassé les bordures.
58e: Hamilton maintient une confortable avance de dix-sept secondes sur Bottas.
60e: Les écarts se resserrent dans le peloton. Gasly et Sainz remontent sur Pérez qui a déjà usé ses pneus tendres. Plus loin, les Renault sont poursuivies par la Ferrari de Vettel.
62e: À quatre tours du but, Hamilton précède Bottas (20s.), Verstappen (30s.), Leclerc (54s.), Pérez (-1t.), Gasly (-1t.), Sainz (-1t.), Ocon (-1t.), Ricciardo (-1t.), Vettel (-1t.), Räikkönen (-1t.) et Albon (-1t.).
63e: Impérial, Hamilton s'empare du meilleur tour définitif (1'18''750''').
64e: Gasly prend l'aspiration de Pérez dans la ligne droite principale. Le Mexicain change deux fois de trajectoire et tasse brutalement le Français au moment où celui-ci se déportait vers la droite. Gasly doit freiner brutalement pour éviter l'accrochage. Une manœuvre des plus rudes... qui vaudra à son auteur une simple réprimande.
65e: Gasly actionne son DRS au passage de la ligne et cette fois file à l'extérieur pour dépasser Pérez qui ne peut répliquer. Celui-ci se retrouve sous la menace de Sainz.
66ème et dernier tour: Sainz double à son tour Pérez au premier virage.
Lewis Hamilton remporte sa 92ème victoire et détrône ainsi Michael Schumacher. Bottas se classe second, Verstappen troisième. Leclerc recueille une excellente quatrième place pour Ferrari. Gasly décroche une très belle cinquième position. Sainz finit sixième, Pérez septième. Les Renault d'Ocon et de Ricciardo sont respectivement huitième et neuvième. Vettel, dixième, récolte un point... son deuxième en six courses !... Suivent Räikkönen, Albon, Norris, Russell, Giovinazzi, Grosjean, Magnussen, Latifi et Kvyat. Grosjean reculera d'un rang en raison de sa pénalité.
Après la course: Hamilton, l'Everest de la Formule 1
Grâce à ce succès, Lewis Hamilton détrône Michael Schumacher du fauteuil de recordman des victoires en Grands Prix (92 contre 91). Un événement historique, rare dans l'histoire de la Formule 1, et qui semble avoir le Portugal comme terrain de prédilection, puisque c'est à Estoril, en 1987, qu'Alain Prost avait battu le record de Jackie Stewart (27) qui tenait alors depuis quatorze ans. Le Français a lui-même gardé cette distinction pendant deux septennats, jusqu'à ce que Schumacher le renverse à Spa-Francorchamps en 2001. Le « Baron Rouge » a ensuite hissé ce chiffre jusqu'à des cimes qui semblaient inatteignables: 91 victoires... L'immense talent de Lewis Hamilton, mais aussi l'écrasante domination de Mercedes depuis sept ans, l'ont fait tomber.
Hamilton, toujours humble dans ses propos, reste très mesuré devant ce magnifique accomplissement et ne manque pas d'y associer Mercedes. « Je suis très fier de notre travail, des problèmes que nous avons résolus, et aussi d'avoir rejoint cette équipe il y a huit ans. Ce n'est pas moi qui entre dans l'Histoire, c'est toute l'écurie Mercedes, ce sont tous ces hommes qui travaillent comme ces fous. » Il remercie même son équipier Valtteri Bottas de le pousser dans ses retranchements ! Ce qui est beaucoup dire... Après cette 92ème victoire, Hamilton se dirige tout droit vers son septième titre mondial et égalera là encore Schumacher. Jusqu'où s'arrêtera-t-il ? Le Britannique laisse entendre que ses nouveaux engagements politiques pourraient un jour prendre le pas sur sa carrière sportive: « Cela va dépendre des limites que nous voulons nous fixer avec l'équipe. À chaque course, nous progressons. J'ai l'impression que chaque Grand Prix est mon premier. Cela me surprend, mais c'est ainsi. Et puis, j'ai encore beaucoup de choses à faire dans cette période très spéciale, comme me battre pour la diversité. Le sport change un peu mais il faut continuer. Je suis en forme physiquement, mais parfois je me dis que j'ai 35 ans... »
Et cette 92ème victoire ? « Durant la course, je n'ai pas pensé au record, mais à bien faire chauffer mes pneus, car c'était la clé du succès », précise-t-il. « Les ingénieurs m'ont dit que faire monter les médiums en température au départ serait difficile, mais aussi qu'ils avaient confiance en moi, que je saurais gérer. Cela a pris plus de temps que prévu avec la pluie qui tombait. J'ai préféré assurer et garder la voiture en piste. Je savais que je pourrais revenir. [...] En fin de course, j'ai eu une crampe, probablement parce que je ne m'étais pas assez hydraté avant le démarrage. Je ne bois jamais pendant la course. Et ici, il fallait appuyer à fond sur l'accélérateur, avec toutes ces ondulations de terrain. J'ai senti une violente douleur au mollet. Mais cela n'a duré que quatre ou cinq tours, avant de passer. Sans doute grâce à l'adrénaline... » Néanmoins, par précaution, il passe l'après-course entre les mains de son inséparable physiothérapeute Angela Cullen.
Valtteri Bottas a littéralement été assommé par son équipier ce dimanche. Passé en tête après l'« intermède Sainz », il n'a pas su conserver ce leadership à cause de ses pneus qui ont perdu leur grip après quinze tours. Le Finlandais n'a plus d'espoirs de remporter le titre mondial et espère simplement qu'il pourra conserver sa seconde place au classement des pilotes devant un Max Verstappen toujours remarquable de constance. Le Néerlandais ne manque pas de commenter avec humour le nouveau record de Hamilton. « Lewis me disait qu'il voulait porter le record le plus haut possible pour que je ne puisse pas le rattraper un jour ! C'est une performance incroyable et je pense qu'il ira bien au-delà de 100 victoires, donc il va m'obliger à courir jusqu'à plus de 40 ans ! »
Au championnat des constructeurs, Mercedes (435 points) devra attendre Imola pour être titrée. La bataille pour la troisième place fait toujours rage entre Racing Point-BWT (126 pts), McLaren-Renault (124 pts) et Renault (120 pts).
Tony