Crise chez McLaren: Boullier prend la porte
Les piteux résultats des McLaren-Renault et les tensions au sein de l'écurie, dont la presse s'est récemment faite l'écho, ont eu raison d'Éric Boullier, poussé par Zak Brown à la démission. Le Français, devenu très impopulaire à l'usine de Woking, endosse la peau du bouc émissaire. « Les performances de la MCL33 en 2018 ne sont pas à la hauteur des attentes de McLaren, y compris de nos fans fidèles », déclare Brown. « Ce n'est pas la faute des centaines d'hommes et de femmes investis et qui travaillent dur chez McLaren. Les causes sont systémiques et structurelles, ce qui requiert un changement majeur. Avec l'annonce faite aujourd'hui, nous commençons à corriger ces problèmes et c'est la première étape sur la route de notre guérison. » L'organigramme est ainsi bouleversé: Simon Roberts devient responsable de la production, Andrea Stella est promu superviseur des opérations en piste tandis que Gil de Ferran devient directeur sportif. Beaucoup voient dans ces nominations la main de Fernando Alonso: Stella a en effet travaillé avec lui chez Ferrari avant de le suivre chez McLaren, et de Ferran est le maître d'œuvre de son programme d'IndyCar.
Ce même projet américain semble d'ailleurs abandonné. Mansour Ojjeh et les actionnaires émiratis du McLaren Group ont calmé les ardeurs de Zak Brown et de Fernando Alonso, estimant nécessaire de concentrer tous les efforts de l'usine sur la Formule 1. Le programme Indy est reporté sine die, ce qui pose un peu plus la question de l'avenir d'Alonso.
Présentation de l'épreuve
Après son abandon en Autriche sur panne technique, Lewis Hamilton retrouve avec entrain « son » Grand Prix de Grande-Bretagne, épreuve qu'il a déjà remportée à cinq reprises. Il reste notamment sur une série de quatre succès d'affilée à Silverstone. Un nouveau triomphe lui permettrait de devancer le légendaire Jim Clark qui s'est comme lui imposé cinq fois lors de son rendez-vous national. Hamilton jouit du soutien sans faille des Britanniques et ne manque pas une occasion de les remercier. Le champion fait aussi preuve de générosité en invitant personnellement le jeune pilote Billy Monger. Cet adolescent a perdu ses deux jambes dans un terrifiant accident survenu l'an passé à Donington lors d'une épreuve de Formule 4. Malgré son handicap, il a repris le volant en F3 et même testé une vieille Sauber F1 à Corby. Son courage et son abnégation lui valent une profonde admiration parmi les passionnés, et Hamilton lui rend ainsi hommage à l'occasion de ce Grand Prix.
En 2017, faute de bénéfices financiers, le British Racing Drivers' Club a activé la clause visant à rompre le contrat de Silverstone avec la F1 qui était censé courir jusqu'en 2026. Le GP de Grande-Bretagne 2019 devrait donc être le dernier à se disputer sur l'ancien aérodrome. Les discussions se poursuivent pourtant entre le BRDC et Liberty Media mais n'ont abouti à rien pour le moment. Les promoteurs américains souhaitent toujours organiser une course de F1 dans les rues de Londres, une vieille idée reprise à Bernie Ecclestone. Toutefois, ces projets se heurtent à un écueil de taille: la municipalité travailliste londonienne refuse d'organiser toute épreuve de F1 pour des raisons écologiques. Du coup, Liberty Media ne ferme pas la porte aux négociations avec le BRDC. Le président de celui-ci, John Grant, affirme que « Silverstone est la seule option réaliste » pour un prochain Grand Prix britannique.
Le tracé de Silverstone bénéficie cette année d'un nouveau revêtement. Hélas, il ne satisfait pas les pilotes qui se plaignent de la présence de nombreuses saillies tout au long du parcours. Lewis Hamilton est furieux: « C'est le pire asphalte que j'ai jamais vu. Quel gâchis d'argent ! Ils ont dû engager les pires ouvriers du monde. Je n'ai jamais vu un circuit avec autant de bosses. Encore plus que la Nordschleife, qui doit avoir cent ans ! Le circuit est fantastique mais je ne comprends pas comment on peut faire un travail aussi mauvais en posant le goudron par terre. » Valtteri Bottas renchérit: « Les grosses bosses ont effectivement été enlevées mais il y en a plein de nouvelles, plus petites. Il n'y a pas de circuit plus bosselé que Silverstone maintenant au calendrier... »
La santé financière de Force India ne s'améliore pas, bien au contraire, et les rumeurs autour de son rachat continuent d'aller bon train. Michael Andretti manifeste un intérêt de plus en plus vif à l'écurie de Silverstone: il a récemment visité ses locaux et s'est entretenu avec les dirigeants de Liberty Media. Mercedes ne verrait pas d'un mauvais œil cette reprise qui pourrait être une opportunité de créer un véritable « Junior Team ». Mais Vijay Mallya réaffirme pour sa part son refus de vendre le team... Pour l'heure, sur le terrain, les Roses apportent enfin des évolutions majeures à la VJM11.
Ferrari présente à Silverstone la version « B » de sa SF71H, une semaine après l'introduction du nouveau package de Mercedes en Autriche. La voiture au petit cheval possède un fond plat retravaillé, doté de nouvelles encoches et d'entretoises rigidifiées. En outre, son capot-moteur est davantage incurvé, avec des creux accentués de part et d'autre de l'échappement. Ici, Ferrari copie Mercedes. Ces éléments améliorent la circulation de l'air et vont de pair avec l'aileron arrière en forme de cuiller, à faible traînée, testé par Vettel lors des essais du vendredi matin, probablement en vue des tracés rapides de la fin de l'été (Spa et Monza). Enfin, pour la première fois de la saison, Pirelli propose son pneu dur dont les flancs sont couleur « bleu glacé ».
Essais et qualifications
Les essais libres préludent à une bataille d'Angleterre entre les Mercedes et les Ferrari. Hamilton signe le meilleur chrono vendredi matin, avant d'être devancé par Vettel l'après-midi, puis de reprendre son bien lors de la troisième session du samedi matin. Au cours de cette dernière, Hartley est victime d'une spectaculaire rupture de suspension avant-gauche au virage de Brooklands, à l'issue d'une longue pleine charge. Le Néo-Zélandais quitte la route et pulvérise sa monoplace contre les glissières. Il s'en tire sans mal, mais devra faire l'impasse sur les qualifications, le temps que ses mécaniciens réparent la Toro Rosso.
Samedi matin, Sebastian Vettel se présente avec une sangle au niveau des vertèbres. Il souffre en effet d'une assez vive douleur à la nuque, probablement due à l'irrégularité du bitume. Il n'est évidemment pas question pour lui de déclarer forfait, mais Ferrari renforce son appui-tête afin qu'il ne souffre pas derrière le volant. « J'ai sans doute mal encaissé une bosse hier en me coinçant un nerf ou quelque chose comme ça », explique-t-il au micro de Martin Brundle. « C'est douloureux mais la nuit devrait atténuer les choses pour la course. Je ne suis pas inquiet. »
Hamilton ne déçoit pas ses fans en décrochant la pole position (1'25''892''') mais précède Vettel (2ème), gêné par sa nuque, de seulement quarante-quatre millièmes. Räikkönen (3ème) ne rend pour sa part qu'un petit dixième au poleman. Bottas (4ème) fait une erreur dans son dernier tour rapide. Les Red Bull (Verstappen 5ème, Ricciardo 6ème) sont beaucoup plus en retrait à cause d'un lourd déficit en vitesse de pointe. Les Haas-Ferrari sont sur la quatrième ligne: Magnussen (7ème) précède Grosjean (8ème) qui s'est encore crashé, vendredi, au virage de Copse.
Leclerc (9ème) hisse pour la seconde fois sa Sauber-Ferrari en Q3. Ericsson (15ème) est comme toujours dominé. Chez Force India, Ocon (10ème) fait une nouvelle fois mieux que Pérez (12ème). Les Renault (Hülkenberg 11ème, Sainz 16ème) louvoient dans les courbes rapides et ne sont pas performantes. Fortunes diverses chez McLaren: si Alonso (12ème) se dit content de son bolide, Vandoorne (17ème) juge le sien proprement inconduisible. Du côté de Toro Rosso, Gasly (14ème) change plusieurs éléments sur son moteur Honda sans subir de pénalité. Hartley partira donc dernier. Enfin, les Williams souffrent d'un grave manque d'adéquation entre leur fond plat et un nouvel aileron arrière. La fermeture du DRS cause ainsi des décrochages à haute vitesse. Sirotkin (18ème) comme Stroll (19ème) exécutent des pirouettes durant les qualifications. Le Canadien demeure même planté dans la sable à Brooklands et ne réalise aucun chrono. Finalement, Williams retire son nouvel aileron et change plusieurs éléments sur les moteurs de ses pilotes, lesquels partiront depuis la pit-lane.
Le Grand Prix
Il se déroule sous un chaud soleil. 140 000 spectateurs sont massés dans les tribunes pour soutenir Lewis Hamilton. Tous les pilotes partent en pneus tendres, exceptés Hülkenberg, Sainz et Stroll, chaussés en Pirelli médiums. Comme à l'ordinaire, un seul arrêt aux stands est prévu en cours d'épreuve.
Pré-grille: Hartley rencontre un problème technique durant son tour d'installation. Il partira depuis les stands derrière tout le monde.
Départ: Hamilton fait patiner ses roues et prend un mauvais envol, ce qui permet à Vettel de s'emparer immédiatement du commandement. Bottas se place tout à droite et prend la seconde place au premier freinage devant Hamilton, Räikkönen, Verstappen et Ricciardo. Suite à une touchette avec Alonso, Pérez exécute un tête-à-queue sous le nez des Williams qui quittent les stands. Par bonheur, tout le monde repart sans mal.
1er tour: Räikkönen attaque Hamilton par l'intérieur au freinage de Village, mais bloque ses roues avant au point de corde et harponne la Mercedes. Le Finlandais poursuit sa route derrière les Red Bull tandis que l'Anglais se retrouve en tête-à-queue sur le dégagement. Au même endroit, Grosjean freine sur la partie sale et heurte son équipier Magnussen, situé à sa gauche. Les deux Haas traversent l'échappatoire et évitent de peu la Mercedes d'Hamilton. Le champion du monde reprend la piste avant-dernier, devant Pérez. Plus loin, Räikkönen reprend l'ascendant sur Ricciardo par l'extérieur à Copse. Vettel conclut cette première boucle en tête devant Bottas, Verstappen, Räikkönen, Ricciardo, Hülkenberg, Leclerc, Ocon, Sainz et Magnussen. Hamilton a déjà repris une place aux dépens de Stroll. Hartley effectue un tour avant de renoncer: un câble s'est cassé dans son groupe propulseur.
2e: Vettel compte une confortable avance de trois secondes sur Bottas. Hamilton remonte comme un météore. Il dépasse Sirotkin, Ericsson puis Vandoorne. Sa machine ne semble pas touchée.
3e: Quatre secondes entre Vettel et Bottas. Räikkönen pourchasse Verstappen dont la Red Bull est trop lente en ligne droite.
4e: Hamilton prend la treizième place à Grosjean.
5e: Vettel mène devant Bottas (5.1s.), Verstappen (8.7s.), Räikkönen (9.7s.), Ricciardo (10.7s.), Hülkenberg (16s.), Leclerc (17.8s.), Ocon (19.4s.), Sainz (20.4s.) et Magnussen (23.6s.). Hamilton dépasse Gasly puis Alonso et se retrouve déjà onzième !
6e: Hamilton double Magnussen. Sainz est sa prochaine cible.
7e: Vettel a près de six secondes de marge sur Bottas. Räikkönen file toujours le train de Verstappen. Hamilton prend le meilleur sur Sainz.
8e: Jugé responsable de la collision avec Hamilton, Räikkönen reçoit une pénalité de dix secondes. Hamilton se débarrasse d'Ocon dans Hangar Straight. Pérez remonte aussi depuis sa sortie et se défait des Williams.
9e: Räikkönen pense que son train avant est endommagé depuis sa touchette et se plaint de sous-virage. Hamilton double maintenant Leclerc et apparaît au septième rang.
10e: Six secondes séparent Vettel et Bottas. Hamilton déborde Hülkenberg à Stowe sous les vivats de la foule. Le héros local a gagné douze places en dix tours !
11e: Vettel devance Bottas (6s.), Verstappen (11.2s.), Räikkönen (13.4s.), Ricciardo (14.8s.), Hamilton (27.1s.), Hülkenberg (30.2s.), Leclerc (31.6s.), Ocon (33.8s.), Sainz (35.7s.), Magnussen (39.4s.), Alonso (40.4s.) et Gasly (41.8s.).
12e: L'intervalle n'évolue plus entre Vettel et Bottas. Hamilton reprend une seconde au tour à Ricciardo, lequel se rapproche de Räikkönen.
13e: Räikkönen pénètre dans la voie des stands pour chausser les pneus médiums et subir sa pénalité. Ses mécaniciens ne touchent pas à sa calandre. Il redémarre en onzième position puis double aussitôt Magnussen. Alonso et Pérez chaussent les Pirelli médiums.
15e: Vettel est premier devant Bottas (5.8s.), Verstappen (12.2s.), Ricciardo (16s.), Hamilton (26.1s.), Hülkenberg (36.5s.), Leclerc (37.5s.) et Ocon (40.1s.). Räikkönen dépasse Sainz.
16e: Le toujours surprenant Leclerc est aux trousses d'Hülkenberg. Räikkönen double facilement Ocon et se retrouve huitième.
17e: Bottas réduit à cinq secondes son retard sur Vettel. Räikkönen vole avec ses nouveaux pneus et déborde Leclerc puis Hülkenberg. Verstappen passe par les stands pour prendre les gommes médiums (2.4s.) et ressort loin devant Räikkönen. Sainz s'équipe pour sa part en pneus durs (bleus).
18e: Ricciardo fait halte aux stands et prend les pneus médiums (2.6s.). Il s'intercale entre son équipier et Räikkönen. Leclerc change aussi ses enveloppes.
19e: Bottas remonte toujours sur Vettel qui rencontre du bullage sur son pneu avant-gauche. Quatre secondes les séparent désormais. Leclerc se range dans les graviers sitôt après avoir quitté les stands car ses mécaniciens ont mal fixé une de ses roues arrière. C'est terminé pour le jeune Monégasque. Ocon prend les pneus argentés.
20e: Vettel entre aux stands pour chausser les pneus médiums (3.1s.) puis ressort sous le nez d'Hamilton. Bottas est leader. Lancé aux trousses de Ricciardo, Räikkönen est déventé au virage n°1 et emprunte le dégagement. Hülkenberg passe par le stand Renault pour s'emparer des pneus durs. Gasly stoppe lui chez Toro Rosso et sélectionne les médiums.
21e: Bottas prend des pneus médiums (2.4s.) et se retrouve troisième. Vettel réapparaît aux commandes de la course. Arrêts pneus également pour Vandoorne et Sirotkin.
22e: Vettel précède Hamilton (3.4s.), Bottas (4.4s.), Verstappen (11.2s.), Ricciardo (14.4s.), Räikkönen (15.8s.), Magnussen (35.1s.), Grosjean (42.4s.), Ericsson (44.6s.), Hülkenberg (47.7s.), Ocon (49.6s.) et Alonso (53.2s.).
23e: Hamilton ouvre la voie à Bottas. Les deux équipiers ne sont en effet pas du tout sur la même stratégie.
25e: L'écart entre Vettel et Bottas est de trois secondes et demie. Räikkönen roule dans les échappements de Ricciardo. Ericsson prend des pneus médiums.
26e: Hamilton observe son changement de pneus (3.5s.). Il prend les gommes argentées et tombe au sixième rang. Magnussen passe aussi par les stands.
27e: Vettel devance Bottas (2.9s.), Verstappen (13.3s.), Ricciardo (15s.), Räikkönen (16.6s.), Hamilton (28.2s.), Hülkenberg (57s.), Ocon (58.4s.), Alonso (59.8s.), Magnussen (1m. 01s.), Sainz (1m. 02s.) et Gasly (1m. 06s.). Changement de pneus pour Grosjean.
28e: Bottas reprend quelques dixièmes à Vettel qui semble peu à l'aise avec les pneus médiums. Hamilton tourne en 1'31''632''' et se rapproche du trio Verstappen - Ricciardo - Räikkönen.
30e: Vettel n'a plus que deux secondes et demie d'avance sur Bottas. Ricciardo entre aux stands pour remettre un jeu de pneus tendres (2.2s.) et laisse ainsi filer Räikkönen. Ocon, Alonso, Magnussen et Sainz se bagarrent pour les premiers points. Arrêt de Stroll.
32e: Ericsson aborde le premier virage avec l'aileron arrière mobile ouvert. La Sauber échappe à son pilote, quitte la route, traverse le dégagement à 200 km/h et heurte de plein fouet la barrière de vieux pneus. La voiture de sécurité entre en piste alors qu'Ericsson quitte sans mal son habitacle. Alonso, Sainz, Gasly et Pérez entent aussitôt aux stands pour prendre des pneus tendres.
33e: Vettel et Räikkönen se succèdent au garage Ferrari pour s'emparer de pneus tendres. Les Mercedes demeurent en piste. Verstappen et Vandoorne prennent aussi des gommes jaunes.
34e: Les pilotes se rangent derrière la Safety Car. Bottas retrouve le commandement devant Vettel, Hamilton, Verstappen, Räikkönen, Ricciardo, Hülkenberg, Ocon, Magnussen, Alonso, Grosjean, Sainz, Gasly, Pérez, Vandoorne, Sirotkin et Stroll.
35e: La direction de course autorise les voitures attardées, en l'occurrence les Williams, à reprendre leur tour de retard.
36e: La course s'apprête à reprendre ses droits. Les pilotes Mercedes, chaussés de vieux pneus médiums, s'attendent à subir les assauts des Ferrari équipées de pneus tendres neufs.
37e: La voiture de sécurité s'efface, le drapeau vert est agité. Bottas reste premier devant Vettel et Hamilton. Räikkönen déborde Verstappen dans la ligne droite de Wellington, bien que le Hollandais le serre contre la bordure. Verstappen réplique à Luffield et parvient à faire l'extérieur à la Ferrari dans cette courbe difficile. Räikkönen tente de répliquer par l'intérieur à Copse, en vain. Dans ce virage, Sainz déborde Grosjean par l'extérieur, puis se rabat devant le Genevois qui lâche les gaz au milieu du virage. Il perd la maîtrise de sa Haas et percute la Renault. Les deux voitures vont mourir dans le bac à sable. La voiture de sécurité revient sur le circuit.
38e: Les bolides se rangent derechef aux ordres de Bernd Mayländer. Les commissaires retirent les monoplaces de Grosjean et de Sainz.
40e: Le Grand Prix sera relancé au tour suivant. Le peloton est rassemblé. Bottas précède Vettel, Hamilton, Verstappen, Räikkönen, Ricciardo, Hülkenberg, Ocon, Magnussen, Alonso, Gasly, Pérez, Vandoorne, Sirotkin et Stroll. La lutte promet d'être chaude car les pneumatiques sont froids.
41e: Le drapeau vert est agité en cette fin de tour. Les leaders gardent leurs positions. Alonso se plaint par radio de Magnussen qui le tasse très dangereusement à plusieurs reprises, selon son habitude. Pérez dépasse Gasly.
42e: Vettel se montre dans les rétroviseurs de Bottas au virage de Brooklands.
43e: Vettel file le train de Bottas qui tient bon pour le moment. Räikkönen fait l'extérieur à Verstappen dans Hangar Straight et s'impose à Stowe.
44e: Vettel prend l'aspiration de Bottas avant le virage de Brooklands puis se déporte à l'extérieur sans pouvoir passer. L'Allemand retente sa chance à Luffield, toujours par l'extérieur, et toujours en vain. Enfin, il tente de se porter à la hauteur de son adversaire au passage des anciens stands, sans succès. Pendant ce temps-là, Räikkönen revient sur les talons d'Hamilton. Celui-ci se décale dans Hangar Straight afin que le Finlandais ne soit pas aspiré.
45e: Bottas, Vettel, Hamilton et Räikkönen se tiennent dans un mouchoir en tête de l'épreuve. Les deux Red Bull sont distancées.
46e: Vettel est une demi-seconde derrière Bottas, prêt à saisir la moindre opportunité. Au virage de Club, la pédale de frein de Verstappen va au plancher. Le Hollandais part en tête-à-queue. Il redémarre au petit trot.
47e: Vettel se blottit derrière Bottas dans Wellington Straight. Au virage de Brooklands, l'Allemand se décale tardivement, retarde au maximum son freinage et surprend Bottas par l'intérieur. Cette fois, le verrou finlandais a sauté. En outre, Vettel s'adjuge le meilleur chrono de la journée (1'30''696'''). Verstappen s'immobilise dans le gazon. Ses freins ne répondent plus du tout.
48e: Les pneus de Bottas sont très abîmés. Hamilton double sans trop de peine son équipier à Brooklands. Räikkönen menace ensuite son compatriote.
49e: Vettel compte deux secondes d'avance sur Hamilton. Räikkönen se défait de Bottas par l'extérieur du premier virage. Ricciardo pourchasse dorénavant le Finlandais de Mercedes.
50e: Vettel roule vers la victoire devant Hamilton (2.6s.), Räikkönen (4.6s.), Bottas (7.4s.), Ricciardo (8.2s.), Hülkenberg (23.5s.), Ocon (25.4s.), Magnussen (26.3s.) et Alonso (27.1s.). Gasly attaque Pérez par la gauche à la dernière chicane. Il touche la Force India, ce qui contraint le Mexicain à emprunter le dégagement. Le Français s'impose ensuite par l'intérieur de la courbe Club.
51e: Ricciardo met la pression sur Bottas mais il n'a pas la puissance pour le menacer véritablement.
52ème et dernier tour: Alonso prend la huitième place à Magnussen au virage de Village.
Sebastian Vettel remporte sa cinquante-et-unième victoire en F1 devant Hamilton et Räikkönen. Bottas finit quatrième après avoir mené une partie de la course. Ricciardo se classe cinquième. Hülkenberg, sixième, rapporte huit points à Renault qui craignait pourtant un mauvais week-end. Ocon termine septième devant Alonso et Magnussen. Gasly est dixième, suivi de Pérez, Vandoorne, Stroll et Sirotkin.
Gasly écope finalement de cinq secondes de pénalité pour avoir touché Pérez au cinquantième tour. Il recule ainsi au treizième rang, et son adversaire mexicain récupère le dernier point. Une décision que le jeune Français qualifiera de « merdique » sur son compte Twitter.
Après la course
Sebastian Vettel célèbre sa seconde victoire à Silverstone, neuf ans après son précédent succès au volant d'une Red Bull. Avec 51 trophées, il rejoint aussi Alain Prost au palmarès. Il est surtout fier de s'imposer sur les terres de son grand rival Lewis Hamilton. « Être au niveau des Ferrari ici montre que la voiture est compétitive. Nos évolutions fonctionnent, nous avions un bon rythme et nous sommes très heureux du résultat », confie-t-il au journal français L'Équipe. « Il était crucial de creuser l'écart dans les premiers tours et j'ai forcément tapé dans mes pneus. Durant le deuxième relais, je contrôlais la situation avant l'entrée de la voiture de sécurité, et cela aurait tenu jusqu'à l'arrivée. Mais, à ce moment-là, il a fallu faire un choix et on a pris le risque de perdre des positions mais de finir avec des gommes moins usées. Contre Bottas, ce ne fut pas facile. J'avais l'avantage d'avoir des pneus frais, mais lui n'avait pas de perturbations aérodynamiques. Ce n'était pas facile de le suivre. Je l'ai doublé au moment opportun, car ensuite mes pneus allaient souffrir. »
Lewis Hamilton est profondément dépité de sa défaite, même si sa deuxième place est finalement satisfaisante, compte-tenu de son accrochage avec Kimi Räikkönen au troisième virage. Mais l'Anglais peine à ravaler sa déception. A sa descente de voiture, il refuse de répondre aux questions de Martin Brundle et ne salue pas ses fans. Sur le podium, il affiche un visage fermé, se contentant d'applaudir sportivement Vettel. Il ne s'ouvre qu'en conférence de presse: « Finir deuxième est incroyable, je suis content de ma performance, moins du résultat. La course a été difficile, je me suis battu jusqu'au bout. Je me suis donné à 1000 %. A la fin, j'étais vidé, j'avais besoin de reprendre mon souffle. Au départ, je me suis mal élancé, mes roues ont trop patiné. J'ai été dépassé par Vettel et Bottas, puis j'ai été heurté par une Ferrari et je me suis retrouvé dernier... » Le champion du monde lance une pique contre ses adversaires: « C'est la deuxième fois, après le GP de France, qu'une Ferrari touche une Mercedes dans le premier tour, d'abord Valtteri, puis moi. Les pénalités ne compensent pas. C'est sûrement un incident de course, mais il va falloir qu'on travaille pour être moins exposés. » Son patron Toto Wolff est plus virulent, sous-entendant que Ferrari ordonne à ses pilotes de percuter les Mercedes. James Allison va encore plus loin: « Il s'agit soit d'un acte délibéré, soit d'incompétence ! »
Ces accusations sont évidemment absurdes, Ferrari n'ayant aucun intérêt à sacrifier une de ses monoplaces dans l'optique des deux championnats. Par ailleurs, il est insultant de sous-entendre qu'un pilote comme Kimi Räikkönen, qui a toujours été un modèle de fair-play, puisse se prêter à ce genre de combinaisons. « C'était ma faute, je méritais ma pénalité », avoue même le Finlandais devant la presse. Vettel répond à Mercedes avec vigueur: « Penser que c'est une manœuvre de sortir délibérément quelqu'un est assez idiot. En France, cet incident a gâché ma course ! » Finalement, Hamilton accepte les excuses de Räikkönen et l'affaire en reste là.
Quant à Valtteri Bottas, il est très déçu d'avoir dégringolé de la première à la quatrième position dans les derniers tours : « J'ai fait tout ce que je voulais lors des restarts. Il fallait que j'attaque comme en qualifications, mais à environ cinq tours de l'arrivée, les pneus n'ont plus tenu. J'ai fait tout mon possible pour ne pas lâcher la tête, mais à un moment, je ne pouvais rien faire pour me défendre face à des pilotes qui avaient des pneus plus frais. » Bottas est décidément bien malchanceux: il a souvent mené cette saison mais court toujours après son premier succès en 2018.
Enfin, ce week-end fut une véritable purge pour les Red Bull, incapables de concurrencer les Ferrari et les Mercedes. Comme à son habitude, l'écurie au taureau rejette la faute sur son motoriste. Renault n'est visiblement pas capable de suivre la courbe de développement de ses rivales. Max Verstappen use du sarcasme pour dépeindre son dépit: « Il vous manquait 70 ou 80 chevaux par rapport aux moteurs de Ferrari ou Mercedes. Dans les lignes droites, on n'avait pas l'impression de rouler dans la même série qu'eux. C'était ridicule. Un peu comme si nous étions en F2... » Renault ne réagit pas à ces aigres propos.
Vettel (171 points) creuse l'écart sur Hamilton (163 pts) au championnat des pilotes, tout comme Ferrari (287 pts) sur Mercedes (267 pts) chez les constructeurs. Dans ce même classement, Force India-Mercedes, sixième, passe pour un point devant McLaren-Renault.
Tony