Horizon 2021: les idées de Liberty Media
Pressée par les controverses l'opposant aux constructeurs, et notamment à Ferrari, Liberty Media dévoile à Sakhir une feuille de route présentant ses objectifs à l'horizon 2021. Il s'agit d'un catalogue reprenant la plupart des idées avancées ces derniers mois par Chase Carey: réduction des coûts via des budgets plafonnés, meilleure redistribution des revenus, moteurs hybrides moins complexes etc. Rien de nouveau sous le soleil du Golfe. Cependant, Ross Brawn lance l'idée d'instaurer une course qualificative le samedi afin de déterminer de manière plus excitante la grille de départ pour le Grand Prix du lendemain.
Dans le même temps, le Formula One Group se penche sur la question du spectacle en piste. Le premier Grand Prix de la saison en Australie a en effet été fort pauvre en dépassements (cinq !). Les réformes techniques adoptées en 2017 renforçant les appuis des autos ne rendent pas aisées ce genre de manœuvres. L'IndyCar a d'ailleurs pris cette année l'exact contre-pied de la F1 en bannissant les appendices aérodynamiques superflus, pour des résultats très satisfaisants. C'est ce qu'explique Mario Andretti: « Les Américains ont réduit l'appui, mais gardé l'effet de sol, ce qui ne crée pas de turbulences. Avec les ailerons plus petits, vous pouvez rester près de la boîte de vitesses de la voiture de devant, et ensuite la dépasser. Je pense que c'est là que la F1 s'est loupée. Ils ont instauré des pneus plus larges, qui augmentent le grip mécanique, et des ailerons plus grands, qui créent plus de turbulences. »
Afin de permettre plus de bagarres en piste, Ross Brawn réunit les écuries à Bahreïn pour leur proposer d'élargir l'aileron arrière mobile et de repenser l'architecture de l'aile avant. Ces mesurettes n'emportent pas l'adhésion des team managers qui y voient le fruit d'une certaine précipitation. Seule Williams, probablement poussée par ses performances désastreuses, demande leur mise en application.
Controverse autour de la « Ferrari blanche »
Bien qu'elles aient achevé le GP d'Australie sur un double abandon piteux, les Haas-Ferrari ont effectué un bond en avant cet hiver, au point semble-t-il de devancer les Renault, McLaren et autres Force India. Toutefois, ces performances agacent car la Haas VF-18 ressemble beaucoup à la Ferrari de 2017. Fernando Alonso évoque même une « réplique de la SF70-H ». Le team manager de Force India, Otmar Szafnauer, s'étonne qu'une écurie ne disposant ni de soufflerie ni de cellule de développement puisse produire seule une machine aussi efficace. « Chaque équipe est supposée développer ses propres pièces aérodynamiques, explique-t-il, et il est impossible de dire que Haas se conforme à ce point du règlement sans enquête. Les idées viennent-elles d'eux-mêmes ou de quelqu'un d'autre ? C'est la question que nous devons nous poser. Tout cela est suspect... »
Le 29 mars, Force India demande une enquête officielle auprès de la FIA. Il ne faut que cinq jours à celle-ci pour conclure à la légalité de la VF-18. En effet, Gene Haas est trop malin pour violer le règlement. Si le transfert technologique entre Ferrari et son écurie sœur est bien réel, c'est officiellement Dallara qui produit les pièces que la FIA interdit d'acheter à un concurrent. Cela dure depuis la création du Haas F1 Team en 2015, et si Force India et McLaren s'alarment aujourd'hui, c'est parce qu'elles craignent d'être devancées sur la piste par l'équipe américaine... et donc de percevoir moins de droits TV à la fin de la saison. Par ailleurs, on notera que Force India utilise le groupe propulseur, la boîte de vitesses et le système hydraulique de Mercedes.
Néanmoins, il est exact que Haas exploite de manière éhontée le libéralisme du règlement. On retrouve ainsi sur sa machine le volant, le système électrique, les écopes de frein, les boîtiers électroniques, les radiateurs et même les suspensions de la Ferrari ! Les dissemblances entre les deux modèles sont à rechercher dans l'aérodynamisme. Mais Haas teste ses propres solutions dans la soufflerie de... Maranello. Bref, nous sommes en présence d'une sorte de filouterie légale...
Force India désargentée
Malgré ses excellents résultats en 2016 et 2017, Force India n'a pas su attirer beaucoup de commanditaires, sans doute en raison de la sulfureuse réputation de son patron Vijay Mallya. Tout le monde aura noté sur la livrée de la VJM11 la multiplication des logos BWT, pour cacher la quasi-absence d'autres sponsors. Les autres bailleurs de fonds du team de Silverstone sont le géant électronique japonais NEC et la boisson énergisante Hype promue par Bertrand Gachot. Bob Fernley révèle que Force India n'a pas bouclé son budget 2018 et n'est donc pas assurée d'achever la saison. « Tout va se jouer dans les prochaines semaines, confie-t-il à Auto Bild. Nous saurons alors si nous pourrons continuer ou si nous devrons passer la main, voire mettre la clé sous la porte. » Pis, contrairement à ce qui s'était produit l'an passé, les Roses ne pourront pas toucher en avance leur part des droits commerciaux. Williams a en effet mis son veto à cette faveur. Enfin, pour ne rien arranger, suite aux piètres prestations de la VJM11 en Australie, Esteban Ocon admet que celle-ci est mal née: « Nous manquons de performance pour être au niveau de nos rivaux. La voiture a besoin de plus d'appui aérodynamique. Il faut apporter une évolution avec de nouvelles pièces. Une amélioration est capitale pour la suite. »
Présentation de l'épreuve
Sebastian Vettel - qui célèbre ce week-end son 200ème Grand Prix - demeure prudent après la victoire très chanceuse glanée deux semaines plus tôt en Australie. Il estime en effet que les Mercedes jouissent encore sur les Ferrari d'une avance de trois à quatre dixièmes. Néanmoins il est permis de penser que la Scuderia cache son jeu. En effet, certains spécialistes estiment que le groupe propulseur du cheval cabré est dorénavant aussi puissant que celui des Flèches d'Argent. Ferrari aurait gagné environ dix chevaux au cours de l'intersaison. Ainsi, à Melbourne, la SF71H s'est révélée plus véloce que la W09 dans les lignes droites, tout en utilisant il est vrai une moindre charge aérodynamique. Par ailleurs, afin de répliquer au « mode fête » des Mercedes qui avait permis à Hamilton de décrocher aisément la pole en Australie, Ferrari introduit à Bahreïn son propre « boost », un mode à forte puissance destiné aux qualifications.
Sauber poursuit la restructuration de son staff technique et recrute le Franco-Allemand Jan Monchaux au poste d'aérodynamicien en chef. Celui était, depuis cinq ans, responsable de l'ingénierie chez Audi, et a auparavant travaillé pour Toyota et Ferrari. Monchaux succède à Nicolas Hennel de Beaupreau dont les nouvelles occupations ne sont pas connues.
Après la désastreuse prestation des Toro Rosso à Melbourne, Honda apporte déjà un lot de nouvelles pièces. Pierre Gasly comme Brendon Hartley en bénéficieront. Toyoharu Tanabe, le nouveau directeur technique de la firme nippone, annonce que les deux pilotes devront changer leur turbo, leur moteur et leur MGU-H. A ce rythme, Honda aura vite dépassé la limite des trois composants autorisés par saison... Dans le même temps, Toro Rosso apporte quelques nouveautés à sa STR13, notamment un fond plat et des tambours de freins inédits. Force India présente un nouvel aileron avant disponible en un seul exemplaire. C'est Pérez qui en bénéficiera. L'équipe indo-britannique va profiter du temps sec de Bahreïn pour mieux évaluer son package aérodynamique qui n'avait pas donné satisfaction à Melbourne.
Essais et qualifications
Si Ricciardo réalise le meilleur chrono de la première séance d'essais, les autre sessions sont dominées par les Ferrari, plus précisément par celle de Räikkönen, particulièrement à l'aise sur ce tracé. Le Finlandais est cependant victime d'une mésaventure vendredi soir: il doit s'arrêter sur le tracé à cause d'un écrou de roue mal serré ! Les Mercedes souffrent, en partie à cause des températures élevées. En outre, le premier jour, Hamilton casse sa boîte de vitesses et doit la remplacer, ce qui lui vaut une pénalité de cinq places sur la grille.
Samedi soir, les Ferrari monopolisent la première ligne. Vettel réalise sa première pole position en 2018 (1'27''958''') avec 143 millièmes de marge sur Räikkönen. Bottas place sa Mercedes au troisième rang, à moins de deux dixièmes de Vettel. Hamilton réalise le quatrième chrono et, du fait de sa sanction, s'élancera neuvième. Les Red Bull sont dans le rythme de leurs rivales. Mais si Ricciardo (4ème) ne concède que quatre dixièmes au poleman, Verstappen (15ème) sort de la route à la fin de la Q1, surpris par une montée de puissance inattendue. Quinze jours après leurs piteux débuts, les Toro Rosso-Honda semblent transfigurées. Gasly réalise une splendide performance en arrachant la cinquième place. Hartley (11ème) perd du temps en Q1: il heurte un oiseau qui détruit son aileron avant ! Il franchit tout de même ce palier puis échoue aux portes de la Q3.
Les pilotes Renault n'ont pas le même ressenti quant à la RS.18. Hülkenberg (7ème) se dit satisfait de son comportement mais Sainz (10ème) n'arrive pas à dénicher un bon équilibre. La Haas-Ferrari n'offre qu'une étroite fenêtre d'exploitation des pneumatiques. Magnussen (6ème) parvient à s'y glisser tandis que Grosjean (16ème) ne trouve aucune adhérence et se fait sortir dès la première manche. Les Force India-Mercedes sont en progrès, mais Ocon (8ème) se met plus en valeur que Pérez (12ème). Les McLaren-Renault (Alonso 13ème, Vandoorne 14ème) peinent à faire chauffer leurs gommes en qualifications. Les Sauber-Ferrari (Ericsson 17ème, Leclerc 19ème) rendent trois secondes aux meilleurs. Le jeune Monégasque se distingue également par quelques pirouettes. Enfin, les Williams-Mercedes de Sirotkin (18ème) et de Stroll (20ème) sombrent corps et biens. La FW41 n'offre aucune adhérence et réclame d'importantes révisions.
Le Grand Prix
La course se déroule par une chaude nuit étoilée. Pirelli propose aux pilotes les pneus médiums, tendres et super-tendres, et prévoit un ou deux arrêts. La majorité des coureurs s'élancent en pneus rouges, mais Verstappen, Hamilton, Alonso, Pérez, Leclerc, Ericsson, Stroll et Sirotkin sélectionnent les gommes jaunes.
Départ: Vettel s'élance sans problème. Bottas dépasse Räikkönen et Gasly surprend Ricciardo au premier virage.
1er tour: Magnussen vient à bout d'Ocon au prix d'une longue passe d'armes. Hamilton échoue à doubler Alonso. Hartley percute Pérez au virage n°4 et l'expédie en tête-à-queue. Le Mexicain parvient à repartir sans dommage. Vettel mène devant Bottas, Räikkönen, Ricciardo, Gasly, Magnussen, Ocon, Hülkenberg, Alonso et Hamilton. Verstappen est déjà remonté au onzième rang.
2e: Verstappen prend l'aspiration d'Hamilton au passage de la ligne et le déborde au freinage. L'Anglais ne s'en laisse pas compter, et les deux adversaires franchissent le premier virage roue contre roue. Verstappen tente de s'imposer en barrant le passage à Hamilton, mais il heurte la Mercedes avec sa roue arrière-gauche et subit aussitôt une crevaison. Au même instant, son collègue Ricciardo est victime d'une coupure électrique et s'immobilise entre les virages n°8 et 9. La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée.
3e: Les voitures roulent au pas sous le commandement de Vettel. Verstappen fait remplacer ses pneus et se retrouve bon dernier. Leclerc passe en pneus médiums.
4e: Les drapeaux verts sont agités. Vettel conserve l'avantage devant Bottas et Räikkönen. Magnussen attaque Gasly au virage n°11. Le Normand repousse l'assaut du Scandinave en l'envoyant au large. Magnussen retrouve le circuit sous la menace d'un train comprenant Ocon, Hülkenberg, Alonso et Hamilton. Hülkenberg déborde Ocon dans la dernière courbe.
5e: Dans la ligne droite principale, Gasly résiste derechef à Magnussen. Plus loin, Hamilton fait l'intérieur Alonso, puis grâce à la puissance de son moteur, laisse sur place Hülkenberg et Ocon qui bataillent à nouveau. Voilà un superbe triple dépassement ! Pris en sandwich entre la Mercedes et la Renault, Ocon allume ses roues au premier freinage et se trouve déporté vers l'extérieur. Alonso en profite pour le doubler. L'Espagnol s'en prend ensuite à Hülkenberg, mais sans succès. Stroll abîme son aileron avant en combattant contre Grosjean. Verstappen stoppe sur le bas-côté. Son différentiel a été fatalement endommagé lors de la collision avec Hamilton. Le Grand Prix est déjà fini pour Red Bull.
6e: Vettel compte deux secondes de marge sur Bottas. Hamilton dépasse Magnussen devant les stands grâce au DRS. Le voici cinquième.
7e: Vettel mène devant Bottas (2.4s.), Räikkönen (5.1s.), Gasly (14s.), Hamilton (14.6s.), Magnussen (17.7s.), Hülkenberg (18.3s.), Alonso (19.1s.), Ocon (20.4s.), Hartley (21.4s.), Sainz (22.2s.) et Ericsson (23.1s.).
8e: Hamilton prend l'ascendant sur Gasly au virage Schumacher.
9e: Vettel mène avec une confortable avance de trois secondes sur Bottas. Räikkönen ne suit pas le rythme des deux leaders. Alonso pourchasse Hülkenberg qui rencontre quelques soucis avec sa batterie. Jugé responsable de l'accrochage avec Pérez, Hartley écope d'une pénalité de dix secondes.
10e: Hamilton reprend quelques dixièmes à Räikkönen. Pérez fait changer ses Pirelli et examiner sa voiture, puis redémarre en queue de peloton. Vandoorne passe en pneus tendres
11e: Vettel devance Bottas (3.3s.), Räikkönen (6.3s.), Hamilton (14.7s.), Gasly (21s.), Magnussen (24.3s.), Hülkenberg (25.6s.), Alonso (26.9s.), Ocon (28.8s.) et Hartley (30.1s.). Stroll fait halte chez Williams pour remplacer son museau et ses gommes.
13e: L'intervalle est stable entre Vettel et Bottas. Magnussen pénètre dans la pit-lane et reprend des Pirelli super-tendres.
14e: Alonso apparaît chez McLaren et s'équipe de pneus médiums (3.1s.).
15e: Gasly et Hülkenberg observent leur premier arrêt et prennent tous deux les pneus tendres. Ocon se munit de gommes médiums. Magnussen trace son chemin dans le peloton en doublant Leclerc puis Sirotkin.
16e: Hamilton ne concède plus que six secondes à Räikkönen. Sainz prend des pneus tendres.
17e: Bottas revient à deux secondes de Vettel.
18e: Vettel arrive chez Ferrari et prend des pneus tendres. L'Allemand compte donc s'arrêter encore une fois. Grosjean chausse des gommes tendres.
19e: Bottas occupe le commandement avec cinq secondes d'avance sur Räikkönen. Ce dernier passe par les stands en fin de tour (2.9s.) et prend lui aussi les pneus jaunes. Les deux Mercedes se retrouvent aux deux premières places.
20e: Gasly déborde Ericsson qui a adopté une stratégie à un seul arrêt. Hartley change de gommes et subit sa pénalité. Il se retrouve ainsi bon dernier. Bottas regagne le stand Mercedes en fin de parcours.
21e: Hamilton s'empare des commandes grâce à sa stratégie décalée. Bottas chausse les Pirelli médiums (3.8s.) et ira au bout avec cette monte. Vettel devra donc le repousser très loin pour demeurer en tête après son second arrêt.
22e: Hamilton est premier devant Vettel (3.8s.), Bottas (10.6s.), Räikkönen (12.9s.), Gasly (33.4s.), Ericsson (40s.), Magnussen (40.3s.), Hülkenberg (40.8s.), Alonso (44.3s.), Vandoorne (52.3s.) et Ocon (53.7s.). Pérez et Sainz luttent pour la douzième place. Bottas boucle le tour le plus rapide du jour (1'33''740'''). Arrêt de Sirotkin.
23e: Magnussen déborde Ericsson. Hülkenberg bute en revanche contre le Suédois, mais heureusement celui-ci regagne les stands. Il prend des pneus médiums pour rejoindre l'arrivée sans s'arrêter de nouveau.
24e: Vettel rattrape facilement Hamilton au moyen de ses pneus neufs. Neuf dixièmes séparent les deux champions.
25e: Vettel est dans le derrière d'Hamilton et tente, en vain, de lui faire l'extérieur au virage n°13. Grosjean dépasse Sainz qui n'est pas content de son rythme avec les pneus rouges. Il troquera ceux-ci contre des jaunes au tour suivant.
26e: Vettel actionne son aileron arrière mobile dans la ligne droite principale et « dépose » Hamilton. L'Allemand retrouve ainsi la première place. L'Anglais rejoint ensuite les stands pour chausser des enveloppes médiums (2.5s.) et se retrouve quatrième.
27e: Magnussen effectue son second arrêt et finira la course en pneus tendres. Il repart entre Pérez et Ericsson. Le Danois ne tardera pas à se défaire du Mexicain.
28e: Vettel précède Bottas (4.9s.), Räikkönen (7.1s.), Hamilton (24.4s.), Gasly (36.2s.), Hülkenberg (46.3s.), Alonso (50s.), Ocon (1m. 03s.) et Grosjean (1m. 04s.). Vandoorne prend des pneus médiums.
29e: Ericsson prend la onzième place à Pérez, preuve du niveau satisfaisant de la Sauber. Grosjean perd son « bargeboard » gauche devant les stands et son adhérence diminue en conséquence. Ce qui ne l'empêche pas de bloquer son équipier Magnussen...
30e: Bottas tient une bonne cadence malgré ses pneus médiums et revient à quatre secondes de Vettel. Grosjean repasse en enveloppes super-tendres. Second arrêt de Stroll.
32e: Magnussen dépasse Ocon dans la première pleine charge. Pérez passe par les stands pour terminer l'épreuve en gommes rouges.
33e: Vettel mène devant Bottas (4.3s.), Räikkönen (6.2s.), Hamilton (21s.), Gasly (42s.), Hülkenberg (53.6s.), Alonso (57.5s.), Magnussen (1m. 09s.), Ocon (1m. 14s.), Ericsson (1m. 15s.), Hartley (1m. 22s.) et Vandoorne (1m. 26s.).
34e: Gasly chausse les pneus super-tendres et retrouve e circuit entre Alonso et Magnussen.
35e: Vettel porte son avantage sur Bottas à cinq secondes. Mais il est désormais clair qu'un second arrêt lui fera perdre la victoire. Inaki Rueda, le stratège de la Scuderia, ordonne donc à Vettel d'aller au bout vaille que vaille avec ses pneus tendres. Ocon apparaît pour la seconde fois aux stands et prend les Pirelli jaunes. Second arrêt pour Leclerc.
36e: Räikkönen arrive au stand Ferrari pour effectuer un dernier relais en pneus super-tendres. Hélas, il est relâché alors que le préposé à la roue arrière-gauche n'a pas pu remplacer cette dernière. Le malheureux est projeté au sol par la Ferrari. Räikkönen ne parcourt que quelques mètres avant de s'arrêter sur ordre de son écurie. Il rejoint à pied son garage sans se préoccuper du sort du pauvre mécanicien, blessé aux jambes et entouré par les secours.
38e: Vettel gagne une seconde sur Bottas à chaque passage. Les pneus tendres sont dans leur meilleure fenêtre de performance.
39e: Hülkenberg et Alonso se succèdent dans la pit-lane. Tous deux s'emparent de pneus super-tendres. Le mécanicien blessé est évacué sur un brancard vers l'hôpital de campagne.
40e: Vettel devance Bottas (7.5s.), Hamilton (18.6s.), Gasly (1m. 09s.), Magnussen (1m. 12s.), Ericsson (1m. 27s.), Hülkenberg (1m. 28s.), Alonso (1m. 31s.), Hartley (-1t.), Vandoorne (-1t.), Grosjean (-1t.) et Sains (-1t.). Arrêt pneus pour Sirotkin.
42e: Hülkenberg dépasse Ericsson. Vandoorne s'empare de la neuvième place aux dépens d'Hartley qui change de gommes en fin de boucle.
43e: L'avance de Vettel sur Bottas culmine à huit secondes. Hamilton roule à dix-sept secondes du leader.
44e: Les pneus tendres de Vettel commencent à se dégrader. Bottas lui reprend six dixièmes en un seul tour. Alonso déborde Ericsson par l'extérieur du virage n°4.
45e: Le renversement de tendance se confirme: Bottas n'est plus qu'à six secondes et demie de Vettel.
46e: Grosjean a encore perdu un morceau d'appendice et doit laisser passer Sainz puis Ocon. Pérez le poursuit également, mais ce faisant ignore ses rétroviseurs et se rabat devant Hamilton qui voulait lui prendre un tour. Finalement, le Mexicain s'écarte devant la Mercedes et Grosjean regagne les stands pour chausser un quatrième train de pneus.
47e: A dix tours du but, Vettel précède Bottas (5.9s.), Hamilton (18s.), Gasly (1m. 08s.), Magnussen (1m. 12s.), Hülkenberg (1m. 28s.), Alonso (1m. 31s.), Ericsson (-1t.), Vandoorne (-1t.), Sainz (-1t.), Ocon (-1t.) et Pérez (-1t.).
49e: Bottas poursuit son effort et ne concède plus que cinq secondes à Vettel. Hamilton commet quelques freinages intempestifs et va se contenter de sa troisième place.
51e: La situation devient critique pour Vettel. Son avance tombe à trois secondes et sept dixièmes. Beaucoup plus loin, Vandoorne est à la poursuite d'Ericsson.
52e: Les pneus de Vettel sont très dégradés. L'Allemand se plaint de vibrations à l'avant-gauche.
53e: Bottas n'est plus qu'à deux secondes de Vettel. Alonso chasse Hülkenberg avec en vue la sixième position. Vandoorne double Ericsson. Sainz réduit sa cadence pour économiser ses pneus et son essence. Il devient une proie facile pour Ocon.
54e: Vettel est premier devant Bottas (1.3s.), Hamilton (12.4s.), Gasly (1m. 05s), Magnussen (1m. 15s.), Hülkenberg (1m. 23s.), Alonso (1m. 24s.), Vandoorne (-1t.), Ericsson (-1t.), Sainz (-1t.) et Ocon (-1t.).
55e: Une seconde pleine sépare les deux leaders. Ocon prend la dixième place à Sainz. Encore plus loin, Pérez résiste aux assauts d'Hartley.
56e: Bottas roule sept dixièmes derrière Vettel et peut donc actionner l'aileron arrière mobile.
57ème et dernier tour: Grâce au DRS, Bottas se rapproche de Vettel dans la première ligne droite mais quelques mètres lui font défaut pour qu'il se porte à sa hauteur. La seconde zone d'activation ne lui est pas plus favorable. Il renonce à la victoire.
Sebastian Vettel remporte sa 49ème victoire devant les Mercedes de Bottas et d'Hamilton. Gasly décroche une exceptionnelle quatrième place au volant de sa Toro Rosso-Honda. Magnussen finit cinquième et ouvre le compteur de Haas-Ferrari. Hülkenberg se classe sixième et précède les McLaren-Renault d'Alonso et de Vandoorne. Ericsson amène sa modeste Sauber à une belle neuvième place. Ocon ramène le point de la dixième position. Sainz finit onzième, puis viennent Pérez et Hartley qui coupent ensemble la ligne d'arrivée ! Leclerc, Grosjean, Stroll et Sirotkin figurent aussi à l'arrivée.
Hartley et Pérez ne se seront pas quittés de la soirée. Ils se retrouvent au collège des commissaires qui leur adresse à chacun une pénalité de trente secondes pour des faits survenus avant le départ. Le Mexicain a en effet doublé le Néo-Zélandais lors du tour de chauffe et ne lui a ensuite pas permis de récupérer sa position, d'où sa punition. Quant à Hartley, n'ayant pu reprendre sa place attitrée avant la ligne de Safety Car, il aurait dû s'élancer depuis la voie des stands. La pénalité vient sanctionner sa méconnaissance du règlement. Les deux maladroits se retrouvent repoussés en fond de classement.
Après la course: les petites polémiques du dimanche soir
Cette seconde victoire de Sebastian Vettel est plus probante que la première, mais elle a bien failli lui échapper. L'Allemand a fini avec des pneus à la corde et n'aurait pas résisté à Bottas deux tours de plus. « Quand Bottas a pris les médiums, je me suis dit que c'était échec et mat pour nous, parce que nous avions prévu de repasser aux stands, » explique Vettel à David Coulthard sur le podium. « C'était le plan de base, mais nous nous en sommes évidemment éloignés. J'ai essayé de faire durer les gommes le plus longtemps possibles, de les préserver, et ça a marché. Mais de justesse ! Il ne restait pas grand-chose. »
Mais c'est évidemment l'incident survenu lors du changement de pneus de Räikkönen qui retient l'attention, d'autant plus que le Finlandais avait déjà été victime d'un incident similaire vendredi. Beaucoup d'observateurs s'interrogent sur la fiabilité du logiciel chargé d'ordonner le redémarrage des bolides et réclament le retour des « hommes à la sucette », qui étaient aguerris à ce genre de situations délicates. Le système de diodes est en effet passé au vert sans raison, alors que la roue arrière-gauche n'avait même pas été dévissée. Le mécanicien renversé, Francesco Cigarini, souffre d'une double fracture du tibia-péroné mais, promptement pris en charge, il est opéré avec succès dans la soirée. Kimi Räikkönen, critiqué pour son indolence lors de son retour au garage, se rattrape en publiant un message de soutien au blessé. Mais le Finlandais l'a mauvaise. C'est en effet la troisième fois (après les GP d'Australie de 2015 et celui des USA de 2016) qu'il abandonne suite à une erreur de ce genre ! Quant à la Scuderia, elle s'en tire devant les officiels avec une amende de 50 000 dollars.
Lewis Hamilton se satisfait d'avoir sauvé les meubles après sa pénalité. Il peut aussi s'estimer heureux de s'être tirer sans dommage de l'accrochage avec Max Verstappen. « Il faut que je revoie l'action, mais ça n'avait pas l'air d'une manœuvre respectueuse », déclare-t-il. « C'était une stupide de sa part. Verstappen a tendance à faire pas mal d'erreurs ces derniers temps. Il n'avait aucunement besoin de faire ça. » Le Hollandais rejette lui la faute sur Hamilton: « Je suis bien sorti du dernier virage et j'ai pris l'intérieur. Lewis tentait de faire l'extérieur, mais j'étais passé. Je pense qu'il restait suffisamment de place à gauche, mais j'ai été touché à l'arrière-gauche et ça a détruit mon différentiel. » Quoiqu'il en soit, les commissaires de course, emmenés par Danny Sullivan, décident de donner aucune suite à cet incident de course.
Cependant, dans la « cool room », encore sous le coup de l'action, Hamilton se permet de qualifier Verstappen de « tête de gland ». Une déclaration qui lui attire les reproches d'un journaliste en conférence de presse. Vettel vient alors au secours de son rival: « Je ne pense pas que ce soit justifié de nous poser ce genre de questions merdiques et de faire des histoires à partir de rien. Nous faisons la course, nous sommes pleins d'adrénaline et nous disons ces choses-là. Si je vous mets un coup de poing dans la figure, vous n'allez pas me dire « Sebastian, ce n'est pas gentil ». C'est humain comme réaction ! » Cette solidarité des quadruples champions du monde face aux zélotes du politiquement correct qui font plus que jamais la loi dans le paddock (et ailleurs) apparaît des plus salutaires.
L'émergence de Pierre Gasly
Pierre Gasly offre à Honda son meilleur résultat depuis son retour en Formule 1 en 2015. Les déboires du GP d'Australie paraissent oubliés, et la collaboration entre Toro Rosso et les Japonais semble partir sur des bases sereines. Franz Tost déclare ainsi que son équipe a franchi un cap majeur ce week-end: « Je n'ose pas rêver mais j'espère que pour Toro Rosso, Honda et Red Bull, une nouvelle ère de succès arrive ! » Red Bull ? Serait-ce à dire que, comme l'annoncent les rumeurs, la maison mère songe à abandonner Renault en 2019 ? N'anticipons pas...
Pour l'heure, Gasly est fêté comme un héros, et le milieu sportif français apprend à connaître ce jeune garçon fluet mais extrêmement doué. « Voilà des années que je bosse pour ça. Je savais que je pouvais le faire. Là, je l'ai prouvé ! » s'exclame-t-il, avant de résumer sa course: « Le départ a été excellent, j'ai pu doubler Ricciardo au premier virage, ce qui était bien, mais ensuite c'était un peu dur parce que Magnussen m'a doublé. Je savais que je devais repasser devant lui immédiatement car j'aurais ensuite perdu du temps derrière lui. Ceci fait, j'ai réussi à le contenir et j'ai roulé à fond tout en géant les pneus [...] Pour le deuxième Grand Prix de la saison, un tel résultat est incroyable. Nous ne nous attendions vraiment pas à quelque chose comme ça. Je suis aux anges ! » Hélas, Pierre ne pourra pas fêter cela en se grisant, islam oblige. « On est à Bahreïn. Je ne crois pas qu'il va se passer grand-chose... » lâche-t-il dans un sourire.
Tony