Lewis HAMILTON
 L.HAMILTON
Mercedes
Nico ROSBERG
 N.ROSBERG
Mercedes
Kimi RAIKKONEN
 K.RAIKKONEN
Ferrari

935e Grand Prix

VII Abu Dhabi Grand Prix
Nuit
Yas Marina
dimanche 29 novembre 2015
55 tours x 5.554 km - 305.355 km
(Offset: 115 m)
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F1
Coupe

Le saviez-vous ?

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King Lewis, un prince contesté

Dernière étape du championnat du monde 2015, le Grand Prix d'Abou Dhabi apparaît dépourvu d'enjeu. Les équipes se concentrent essentiellement sur les essais de pneumatiques qui auront lieu sur ce même circuit le 1er décembre. On attend toutefois une réaction de Lewis Hamilton, piqué d'avoir été battu par son équipier Nico Rosberg au Mexique et au Brésil. Le champion du monde justifie cette baisse de régime - tout relative - par des changements techniques opérés par Mercedes à partir de Singapour, sans préciser leur nature.

 

Quoiqu'il en soit, cette fin d'année marque l'apogée de la carrière de Hamilton. A 30 ans, celui-ci assoit un règne sans partage sur la Formule 1, ce qui comme toute hégémonie suscite quelques grincements de dents. Il est vrai que le personnage prête le flanc à la critique. Son style de vie très « bling-bling » et son arrogance ne favorisent pas sa popularité. Mais il est par là même le meilleur ambassadeur possible pour la Formule 1. Bernie Ecclestone en est conscient et ne cesse de lui tresser des louanges. Grâce à sa relation avec une starlette, à son appartenance à la « jet-set », à sa forte présence sur les réseaux sociaux, Hamilton contribue à la notoriété de son sport, même si cela ne sied guère à certains puristes. Lewis Ier est un « people », une célébrité que l'on reconnaît dans la rue et qui communique sur les moindres aspects de sa vie publique et privée. Qui ignore encore l'existence de ses chiens Roscoe et Coco qu'il photographie à tort et à travers, au point de les installer dans sa monoplace entre deux séances d'essais ? Il ne faut donc pas s'étonner s'il est plus populaire que le « fils à papa » Nico Rosberg, rangé et propre sur lui, ou qu'un Sebastian Vettel allergique à Facebook et à Twitter. On n'aime ou on n'aime pas...

 

Le moteur bon marché enterré ?

La FIA avait mis en avant l'idée d'un « moteur alternatif » construit par un motoriste indépendant, afin de réduire les coûts de fabrication et de contrebalancer l'influence des quatre marques engagées dans le championnat du monde. Ilmor, AER et Mecachrome se sont mis sur les rangs pour remporter un possible appel d'offre. Cette idée a été approuvée par le Groupe stratégique grâce aux suffrages de la FIA et de la FOM, mais elle a été rejetée par la Commission F1 de la fédération. Mercedes, Ferrari et McLaren-Honda s'y sont notamment opposées.

 

Jean Todt peut encore passer en force et faire adopter son projet la Conseil mondial de la FIA, mais ce serait courir à la rupture avec les motoristes. Ceux-ci sont contraints de présenter leurs propres propositions avant le 15 janvier 2016. Leurs réflexions sont limitées par quatre impératifs définis par la FIA : garantir la fourniture à toutes les écuries, faire baisser le coût des groupes propulseurs, simplifier leur fonctionnement et accroître leur bruit. Cette dernière prescription est d'ores et déjà assurée par l'ajout d'un échappement supplémentaire aux blocs à compter de l'année suivante. En fait, il semblerait que l'idée du « moteur indépendant » n'était qu'un leurre destiné à contraindre le quatuor Renault - Mercedes - Ferrari - Honda à faire des concessions.

 

Ferrari - Haas: polémique autour d'un partenariat

La relation technique privilégiée entre Maranello et la future écurie de Gene Haas fait des vagues. Mercedes a demandé à la FIA de diligenter une enquête concernant l'emploi de la soufflerie de Ferrari. En effet, le règlement stipule qu'une soufflerie ne doit pas fonctionner plus de vingt-cinq heures par semaine. Or, Mercedes accuse sa rivale de contourner cette restriction en louant son tunnel à Haas. Une partie du temps alloué à l'équipe américaine servirait en fait à essayer des composants destinés à la Scuderia. Pourtant au mois de mai, Marcin Budkowski, le coordinateur technique de la fédération, avait conduit une inspection à Maranello sans rien déceler d'anormal. Mais Mercedes, désormais soutenue par Force India, n'en démord pas même si Toto Wolff affirme qu'il ne s'agit pas d'embêter Ferrari, mais d'obtenir une clarification des normes encadrant la collaboration entre les équipes, afin de savoir ce que sa propre structure peut faire et ne pas faire.

 

Pressée de répondre à ces interrogations, la FIA publie un communiqué le dimanche après-midi déclarant que Ferrari a « probablement » appris des choses en louant sa soufflerie à Haas, mais qu'il n'y existe évidemment aucune preuve d'une telle transgression. En conséquence, la fédération prévient qu'elle va réduire le « périmètre de collaboration » entre les différentes équipes, selon des modalités qui seront définies durant l'intersaison.

 

Présentation de l'épreuve

Elle devrait la dernière où le nom de Lotus apparaîtra. Matthew Carter, le directeur exécutif de l'équipe d'Enstone, a en effet confirmé que cette dernière changerait d'appellation si le rachat par Renault devenait effectif. Or l'officialisation de la transaction se fait toujours attendre. Ce qui ne manque pas d'inquiéter car Gérard Lopez a démenti l'existence d'un « plan B » en cas de désistement de la firme française. Cette vénérable écurie, créée en 1977 sous le nom de Toleman, avant de se nommer successivement Benetton, Renault, LRGP et Lotus, pourrait donc fermer ses portes à l'issue de cette saison.

 

Christian Horner confirme que Red Bull Racing sera bien au départ de la saison 2016 et qu'un partenariat a été conclu avec un motoriste, probablement Renault. En outre, il semble que Toro Rosso a conclu un accord avec Ferrari pour l'année prochaine. Le constructeur italien devrait donc fournir des groupes propulseurs à pas moins de quatre équipes en 2016.

 

Roberto Merhi retrouve sa place chez Manor car Alexander Rossi doit disputer la dernière manche du championnat GP2 sur ce même circuit.

 

Essais et qualifications

Les essais libres se déroulent sans histoire, si ce n'est que les pilotes se plaignent d'un fort survirage. Les Mercedes occupent bien sûr les premiers rangs.

Le samedi, Rosberg obtient sa sixième pole position consécutive devant Hamilton. C'est aussi la sixième fois de suite que nous avons une première ligne absolument identique. Räikkönen se classe troisième avec la Ferrari. Vettel (16ème) a été éliminé dès la Q1 car il est revenu aux stands trop tôt. Il pensait que son chrono lui assurerait son ticket pour l'étape suivante. Ce ne fut pas le cas... Pérez obtient une excellente quatrième place pour Force India, trois rangs devant son équipier Hülkenberg. Les Red Bull-Renault (Ricciardo cinquième, Kvyat neuvième) et les Williams-Mercedes (Bottas sixième, Massa huitième) tiennent leurs rôles d'outsiders. Les Toro Rosso (Sainz onzième, Verstappen douzième) se placent aussi en embuscade.

 

En revanche, il est temps que l'année se terminent pour les Lotus-Mercedes qui manquent d'appui: Maldonado est 13ème, Grosjean 18ème après avoir été arrêté en Q2 par une panne de sa boîte de vitesses. Il a été contraint de changer cet élément par la suite et a récolté cinq places de pénalité. Button amène sa McLaren-Honda à une satisfaisante douzième place mais Alonso, dix-septième, a été éliminé dès la Q1. Chez Sauber, Nasr se classe 14ème et Ericsson 17ème. Enfin les Manor-Ferrari de Stevens (19ème) et Merhi (20ème) peuplent la dernière ligne. Stevens a changé quelques éléments sur son groupe propulseur Ferrari et s'en trouve sanctionné.

 

Le Grand Prix

On croise du beau monde sur la grille de départ. Les anciens champions du monde Alain Prost et Mika Häkkinen sont présents, de même que Dieter Zetsche, le PDG de Daimler venu encourager Mercedes GP. Consultant pour la chaîne britannique Sky TV, Damon Hill s'entretient avec Jackie Stewart à propos de son père Graham, disparu il y a tout juste quarante ans.

 

Merhi doit partir depuis les stands en raison d'une modification du réglage de ses suspensions. La plupart des pilotes s'élancent en pneus super-tendres, excepté Vettel, Ericsson, Grosjean, Stevens et Merhi, munis de gommes tendres.

 

Départ : Rosberg prend un envol parfait et sème facilement Hamilton qui demeure second devant Räikkönen et Pérez. Hülkenberg démarre bien et se hisse au cinquième rang. Poussé par Ericsson, Alonso bloque ses roues au premier freinage et harponne Maldonado. L'Espagnol parvient se dégager de l'échappatoire tandis que le Vénézuélien renonce, suspension cassée.

 

1er tour : Verstappen et Kvyat se battent dans l'enchaînement des virages 5 et 6. Au virage n°11, les deux jeunes pilotes se frôlent et Verstappen doit rouler sur le dégagement. Rosberg est premier devant Hamilton, Räikkönen, Pérez, Hülkenberg, Riccardo, Sainz, Massa, Kvyat, Bottas et Verstappen. Vettel est douzième.

 

2e : Alonso arrive au stand McLaren pour faire changer son museau et repart bon dernier. Bottas attaque Kvyat au virage n°11 mais ne trouve pas d'ouverture.

 

3e : Rosberg a une seconde et demie de marge sur Hamilton. Massa déborde Sainz. Bottas menace de nouveau Kvyat au virage n°11 mais il manque son freinage et reste derrière le Russe.

 

4e : Rosberg mène devant Hamilton (1.8s.), Räikkönen (3.4s.), Pérez (5.8s.), Hülkenberg (7.7s.), Ricciardo (8.3s.), Massa (10.9s.), Sainz (12.1s.), Kvyat (13.5s.), Bottas (14.3s.), Verstappen (15s.) et Vettel (15.8s.).

 

5e : Bottas prend enfin l'avantage sur Kvyat.

 

6e : Kvyat s'arrête déjà aux stands pour troquer ses pneus super-tendres contre des tendres simples. Ricciardo dépasse Hülkenberg au virage n°8 mais l'Allemand reprend le dessus dans la grande courbe qui suit. Idéalement placé à l'intérieur, Ricciardo s'impose pour de bon au onzième virage. Alonso reçoit un « drive-through » pour le sanctionner de son accrochage avec Maldonado.

 

7e : Deux secondes et demie séparent Rosberg de Hamilton. Pérez, Ricciardo et Massa arrivent aux stands pour mettre les pneus tendres.

 

8e : Hülkenberg et Sainz remplacent leurs pneus. L'Espagnol peine à redémarrer tandis que l'Allemand repart juste devant Massa. Pérez se défait d'Ericsson qui a adopté une stratégie décalée.

 

9e : Bottas fait changer de pneus. Il est libéré trop tôt par ses mécaniciens et croise la route de Button qui s'apprête lui aussi à stopper. Bottas frotte l'arrière de la McLaren et brise son aileron avant. Il doit cependant continuer tandis que fort heureusement rien n'est abîmé sur la voiture de Button. Changement de gommes pour Verstappen.

 

10e : Bottas s'arrête chez Williams pour changer son capot avant. Il sombre au dix-huitième rang.

 

11e : Rosberg arrive aux stands pour mettre des pneus tendres (2.6s.), bientôt imité par Räikkönen (3.1s.). Hamilton prend le commandement et Vettel se retrouve troisième. Pérez menace Grosjean qui, comme Ericsson, s'arrêtera plus tard.

 

12e : Hamilton est chez Mercedes pour mettre les pneus tendres (2.2s.). Il redémarre en troisième position derrière Vettel. Pérez double Grosjean tandis que Ricciardo et Hülkenberg dépassent Ericsson. Bottas écope d'un drive-through car il est jugé responsable de l'incident survenu avec Button.

 

13e : Massa puis Kvyat doublent Ericsson.

 

14e : Le soleil se couche. Hamilton déborde Vettel dans la longue ligne droite sans mal grâce au DRS.

 

15e : Rosberg est en tête devant Hamilton (6.1s.), Vettel (7.6s.), Räikkönen (9.3s.), Pérez (17.6s.), Grosjean (20.6s.), Ricciardo (24s.), Hülkenberg (26.3s.), Massa (27.9s.), Kvyat (28.5s.). Ericsson est sous la menace des deux Toro Rosso.

 

16e : Räikkönen dépossède Vettel de la troisième place. Ericsson change ses pneus.

 

18e : Rosberg a six secondes d'avance sur Hamilton. Kvyat menace Massa pendant que Verstappen double Sainz.

 

20e : Rosberg devance Hamilton (5.9s.), Räikkönen (10s.), Vettel (15.2s.), Pérez (25.6s.), Grosjean (30.5s.), Ricciardo (31.5s.), Hülkenberg (36s.), Massa (37.3s.) et Kvyat (38.2s.). Verstappen s'arrête une seconde fois pour chausser des pneus neufs.

 

22e : La nuit enveloppe désormais le circuit. Hamilton est revenu à quatre secondes de Rosberg.

 

24e : Vettel est chez Ferrari pour mettre des pneus tendres (2.9s.). Il repart entre Ricciardo et Massa. Changement de pneus aussi pour Grosjean qui redémarre derrière Button avant de le repasser aussitôt.

 

25e : Hülkenberg observe son deuxième changement de pneumatiques.

 

26e : Hamilton poursuit sa remontée et revient à deux secondes de Rosberg. Kvyat chausse un troisième train de Pirelli.

 

27e : Changements de pneus pour Ricciardo et pour Massa.

 

28e : Rosberg a 1.7s. de marge sur Hamilton. Pérez change de gommes et ne perd qu'une seule position au profit de Vettel.

 

29e : Brièvement sixième, Sainz remplace ses pneus et repart derrière Ericsson qu'il efface presque aussitôt.

 

30e : Bottas arrive au stand Williams pour observer sa pénalité et changer ses pneus. Il navigue en seizième position avec un tour de retard.

 

31e : Rosberg est premier devant Hamilton (1.1s.), Räikkönen (11.6s.), Vettel (37.6s.), Pérez (58.4s.), Ricciardo (1m.), Grosjean (1m. 05s.), Hülkenberg (1m. 09s.), Kvyat (1m. 11s.), Massa (1m. 12s.), Verstappen (1m. 19s.) et Sainz (1m. 21s.).

 

32e : Arrêt aux stands de Rosberg (2.6s.). L'Allemand remet les pneus tendres et repart en troisième position.

 

33e : Hamilton est de nouveau en tête et décide de retarder son second arrêt. Räikkönen change une seconde fois de pneus mais l'opération dure six secondes à cause d'un souci à l'avant-droit. Le Finlandais retrouve le circuit derrière Vettel. Sainz double Verstappen.

 

35e : Hamilton est en tête devant Rosberg (18.3s.), Vettel (36.2s.), Räikkönen (37s.), Pérez (55.6s.), Ricciardo (1m.), Grosjean (1m. 08s.), Hülkenberg (1m. 10s.), Kvyat (1m. 11s.) et Massa (1m. 13s.).

 

36e : Räikkönen repasse devant Vettel qui ne vise pas le podium mais la quatrième place. Grosjean, Hülkenberg et Kvyat sont en bagarre.

 

37e : Les pneus de Hamilton sont usés et l'Anglais perd environ une seconde par tour sur Rosberg.

 

39e : Hamilton précède Rosberg de douze secondes. Troisième changement de pneus pour Verstappen.

 

40e : Vettel stoppe chez Ferrari et choisit de fixer les pneus super-tendres. Il redémarre derrière Ricciardo.

 

41e : Hamilton ne s'arrête toujours pas. Il semble vouloir demeurer le plus longtemps possible en piste pour pouvoir ensuite mettre les pneus super-tendres. Vettel dépasse facilement Ricciardo.

 

42e : Les gommes de Hamilton sont détruites. Le champion du monde s'engouffre dans la voie des stands et chausse des pneus tendres. Les « super-soft » ne tiendraient pas les treize boucles qu'il reste à couvrir. Massa attaque Kvyat au virage n°8 mais il glisse dans l'échappatoire.

 

43e : Rosberg retrouve le commandement devant Hamilton (11.8s.), Räikkönen (18.6s.), Pérez (45.4s.), Vettel (47.4s.) et Ricciardo (52s.). Grosjean entre aux stands pour changer ses gommes et repart en onzième position, derrière Sainz.

 

44e : Hamilton réalise le meilleur tour de la course : 1'44''517'''. Il grappille plusieurs dixièmes par tour sur Rosberg.

 

45e : Vettel double Pérez avec le DRS dans la longue ligne droite.

 

46e : Verstappen et Button luttent pour la douzième place. Au dixième virage l'Anglais pousse le jeune Hollandais vers l'extérieur, l'obligeant à emprunter le dégagement. Verstappen lui coupe ensuite la trajectoire et s'empare ainsi illégalement d'une position supplémentaire.

 

47e : Rosberg précède Hamilton (7.7s.), Räikkönen (17.6s.), Vettel (44.4s.), Pérez (52.7s.), Ricciardo (56.3s.) et Hülkenberg (1m. 17s.). Massa prend la huitième place à Kvyat.

 

49e : Grosjean convoite la dixième position détenue par Sainz. Verstappen reçoit une pénalité de cinq secondes pour avoir dépassé Button en roulant hors des limites de la piste.

 

50e : Rosberg mène devant Hamilton (6.8s.), Räikkönen (17.6s.), Vettel (42s.), Pérez (56.4s.), Riccardo (1m.), Hülkenberg (1m. 22s.), Massa (1m. 27s.), Kvyat (1m. 30s.), Sainz (1m. 31s.) et Grosjean (1m. 34s.).

 

51e : Hamilton est gêné par Verstappen qui tarde à s'écarter devant les drapeaux bleus.

 

52e : Hamilton a compris qu'il ne rattraperait pas Rosberg et baisse son rythme. Grosjean est rapide grâce à ses pneus frais et s'empare de la dixième place aux dépens de Sainz. Kvyat se trouve maintenant dans son viseur.

 

53e : Grosjean dépasse Kvyat au onzième virage.

 

55ème et dernier tour : Nico Rosberg remporte sa troisième victoire consécutive devant Hamilton. C'est le douzième doublé de la saison pour Mercedes, ce qui constitue un nouveau record. Räikkönen est troisième devant son équipier Vettel. Pérez décroche une belle cinquième place devant Ricciardo et Hülkenberg. Massa se contente d'une médiocre huitième place. Grosjean termine neuvième devant Kvyat. Sainz, Verstappen, Button, Bottas, Ericsson, Nasr, Alonso, Stevens et Merhi rallient aussi l'arrivée.

 

Déjà pénalisé de cinq secondes, Max Verstappen reçoit une sanction de vingt-cinq secondes pour avoir gêné Hamilton et dégringole au seizième rang. En outre, il a déjà perdu huit des douze points figurant sur son « permis ». Comble du ridicule, Fernando Alonso, le grand Alonso, se voit retirer deux points pour avoir percuté Pastor Maldonado au départ...

 

Après la course

Le podium de cette ultime manche est un peu plus gai que les précédents, peut-être grâce à la présence exceptionnelle d'une femme, l'aérodynamicienne de Mercedes Kimberley Stevens, déléguée pour recevoir le trophée des constructeurs. Entre Rosberg et Hamilton, le ton est toujours âcre. En conférence de presse, lorsque Nico se déclare « très heureux » de ses trois victoires successives, Lewis lui rétorque méchamment : « Je pense qu'être champion du monde, c'est bien mieux que gagner la course... » Et lorsqu'un journaliste taquin leur demande s'ils vont s'échanger des cadeaux de Noël, l'Anglais clôt rapidement l'affaire : « Je ne pense pas qu'on se soit déjà offert des cadeaux, donc aucune raison de changer ! » Comme aurait dit feu Thierry Roland, ces deux-là ne passeront pas leurs vacances ensemble !

 

Mercedes conclut l'année avec un compteur de 703 points. C'est un autre record. Au classement des pilotes, Räikkönen prend la quatrième place à son compatriote Bottas. Les deux pilotes Mercedes finissent devant les deux pilotes Ferrari, les deux pilotes Williams, les deux pilotes Red Bull et les deux pilotes Force India. C'est ce qu'on appelle un beau rangement.

 

Bilan 2015: une Formule 1 en crise

Cette saison 2015 est enfin terminée. Elle restera comme l'une des plus ennuyeuses de l'histoire de la Formule 1, et symbolise tristement le fiasco de la réglementation introduite en 2014. La révolution annoncée est un échec complet. Revenons en arrière. A compter des années 1980, la Formule 1 s'est considérablement industrialisée et professionnalisée en parallèle du processus d'internationalisation impulsé par Bernie Ecclestone. Cela a engendré une croissance spectaculaire des moyens financiers, humains et technologiques engagés. La crise économique de 2008 a porté un coup d'arrêt à cette situation. L'extension infinie des budgets n'était alors plus soutenable. Bien des acteurs, constructeurs, motoristes, sponsors, ont quitté le sport. Pour les faire revenir, la FOM et surtout la FIA ont promu la réduction des coûts tout en désirant coller à la grande problématique économique de l'époque, à savoir la « transition écologique ». Mais, d'une part, ne pouvant contrôler sérieusement les budgets, la fédération a décidé de freiner les dépenses en limitant le développement technologique, et d'autre part elle a imposé des groupes propulseurs extrêmement complexes et... onéreux. Elle pensait attirer les grands constructeurs avec ce « label écologique », mais dans le contexte économique actuel ceux-ci n'ont pas envie d'investir des millions d'euros dans des projets incertains, comme le montre la malheureuse expérience de Honda. En outre la Formule 1 n'a absolument pas réussi à se construire une image « environnementaliste », qui lui est de toute façon étrangère par nature.

 

De plus, en limitant drastiquement le développement des groupes propulseurs, les autorités gèlent la hiérarchie sans réduire les dépenses qui se répercutent sur d'autres composants. La situation est aberrante : la Formule 1 est devenue une compétition technologiquement fort complexe, comprenant de nombreux défis à relever, mais où toute évolution est entravée. De fait, la marque qui a le mieux travaillé en amont, à savoir Mercedes, se retrouve dans une situation d'hégémonie absolue et durable. Il faudra des années à la concurrence pour combler l'écart. L'aérodynamisme des véhicules étant sévèrement encadré, ce sont désormais les moteurs qui font toute la différence entre les voitures. Bien sûr, il serait possible d'animer un peu les choses grâce aux pneumatiques, mais Pirelli ne le permet pas en fournissant des « pneus en bois ». Dans ce contexte les saisons risquent de ne plus offrir le moindre suspens. Ainsi en 2015, il n'y a eu aucune différence entre les performances affichées lors GP d'Australie et d'Abou Dhabi, bien que huit mois les séparent. Pis encore : le champ d'évolution ne sera pas élargi en 2016 et devrait décroître passée cette saison. Il était même prévu à l'origine que l'usage des « jetons » de développement serait interdit en cours de compétition ! Autant dire qu'il pourrait suffire de regarder seulement la première des vingt-et-une (!) courses prévues...

 

2015 aurait pu susciter quelque enthousiasme si au moins, comme en 2014, nous avions assisté à une réelle bataille pour le titre entre les deux pilotes Mercedes. Or Nico Rosberg n'a jamais été vraiment capable de se mesurer à Lewis Hamilton. Certes, l'Anglais a toujours été excellent, et il ne fait désormais plus aucun doute qu'il est meilleur que son équipier. Cependant, il faut aussi souligner que l'aérodynamisme des monoplaces rend presque tout dépassement impossible à moteur égal. On l'a vu à de nombreuses reprises cette saison : celui des pilotes Mercedes qui tentait de menacer son collègue surchauffait presque instantanément ses pneus. Du reste, obsédé par le souvenir du GP de Belgique 2014, Toto Wolff a solidement tenu la bride à ses coureurs, au point de les contraindre à adopter strictement les mêmes stratégies, annihilant leur dernière possibilité de se mesurer l'un à l'autre. Ainsi, tout au long de cette année, Hamilton et Rosberg ne se sont en fait battus que durant les qualifications et lors des trois cents premiers mètres des Grands Prix. Celui qui sortait en tête du premier virage avait course gagnée. Hamilton l'a fort bien compris et a donc évincé manu militari son rival à Suzuka et à Austin...

 

Ceci n'est malheureusement qu'un détail dans la grave crise structurelle que traverse la Formule 1. Celle-ci n'a jamais fait aussi peu rêver les foules. Et pourtant, avec Sebastian Vettel, Lewis Hamilton, Fernando Alonso, Kimi Räikkönen, Nico Rosberg, Daniel Ricciardo, Jenson Button ou Valtteri Bottas, elle possède un des plus beaux plateaux de son histoire. Cet immense gâchis est à la hauteur de la lassitude de bien des férus de sport automobile.

 

Le 2 décembre 2015, le Conseil mondial de la FIA donne les pleins pouvoirs à Jean Todt et à Bernie Ecclestone pour légiférer en matière de gouvernance, de réduction de coûts et de motorisation. Ils pourront passer outre les avis du Groupe stratégique et de la Commission F1. Pourront-ils s'entendre pour sauver la Formule 1 ? Rien n'est moins sûr. Todt ne peut désavouer la « révolution écologiste » qu'il a imposée tandis qu'Ecclestone serait prêt à revenir en arrière. Il est hélas probable qu'ils n'inventeront que des mesurettes qui ne changeront rien à la donne. Pauvre Formule 1...

Tony