Lewis Hamilton n'a plus gagné depuis trois Grands Prix et doit absolument se reprendre pour sa course nationale à Silverstone. En effet il compte déjà 29 points de retard sur son équipier Nico Rosberg, et un nouvel échec serait du plus mauvais effet.
Après des mois d'incertitude, Tony Fernandes a finalement concrétisé la vente de l'équipe Caterham à un groupe d'investisseurs venant apparemment de Suisse et de pays du Golfe. Colin Kolles serait à la manœuvre et devrait prendre le contrôle de l'équipe, associé à l'ancien pilote néerlandais Christjan Albers. Cet investissement serait aussi l'aboutissement du projet de Kolles visant à créer une structure roumaine appelée Forza Rossa, du nom de l'importateur de Ferrari et de Lotus en Roumanie. Mais tout ceci reste à confirmer. Renault continuera en tout cas à fournir ses moteurs à l'équipe. Le directeur sportif Cyril Abitboul quitte d'ailleurs immédiatement ses fonctions chez Caterham pour remplacer Jean-Michel Jalinier à la tête de Renault Sport.
En revanche Renault risque de perdre son partenariat avec son ancienne écurie officielle. Les dernières rumeurs annoncent pour certaine la signature d'un accord entre Lotus F1 Team et Mercedes pour 2015.
De son côté la future équipe américaine de Gene Haas, dont les débuts sont reportés à 2016, est très proche d'un accord de motorisation avec Ferrari.
Le marché des transferts est jusqu'ici fort peu animé. Il se murmure en tout cas que Kimi Räikkönen, 34 ans, auteur jusqu'ici d'une saison catastrophique, ne sera pas conservé par Ferrari à la fin de l'année. Le Finlandais, d'habitude peu disert, a en tout cas déclaré qu'il prendrait sûrement sa retraite à l'expiration de son contrat, fin 2015.
L'autre vétéran du circuit Jenson Button n'est pas mieux loti. Il est très critiqué par la presse britannique qui rapporte que Ron Dennis songerait à s'en défaire afin d'obtenir le retour de Lewis Hamilton chez McLaren.
Essais et qualifications
Ce Grand Prix de Grande-Bretagne est l'occasion d'un mini-événement : pour la première fois depuis 1992 une femme va piloter une Formule 1 lors d'essais officiels. L'Écossaise Susie Wolff, 31 ans, se retrouve au volant la Williams-Mercedes de Valtteri Bottas pour les essais du vendredi matin. Cette pige est surtout un événement promotionnel. La jeune femme est en effet l'épouse de Toto Wolff, le directeur de Mercedes GP et ancien actionnaire de Williams. Bien qu'elle ait couru pendant sept ans en DTM, ses performances ne justifient aucunement un tel honneur. Elle ne couvre d'ailleurs que quatre tours avant d'être stoppée par une panne mécanique. Le vendredi est une très mauvaise journée pour Williams puisque Felipe Massa se met assez bêtement dans le mur.
Un peu plus sérieusement, le jeune Espagnol Daniel Juncadella effectue lui aussi ses débuts lors des essais au volant d'une Force India.
Rosberg et Hamilton réalisent chacun le meilleur temps dans une des séances du vendredi. Celle du samedi matin se déroule sous la pluie et Vettel la domine.
La piste est encore humide au début des qualifications. Pourtant certains pilotes font le pari de chausser des pneus slicks. Mal leur en prend : la Q1 est marquée par un grand nombre d'excursions hors-piste. Alonso effectue un tête-à-queue et est éliminé lors de cette session (19ème), comme son équipier Räikkönen (20ème). Les deux Williams, si brillantes en Autriche, ont aussi fait un mauvais choix de pneus et sont éliminées prématurément. La Q2 n'est pas très passionnante, seulement perturbée par un accident de Gutiérrez.
En Q1, Hamilton tient longtemps la pole position, estimant que la piste ne s'asséchera plus. Mais en fin de séance, plusieurs pilotes reprennent la piste, parmi lesquels Hamilton et Rosberg. Après avoir franchi le deuxième secteur, Hamilton commet une énorme erreur en abandonnant son tour rapide, estimant que l'asphalte est trop humide. Or, au contraire, la piste est bien plus sèche dans la troisième portion du tracé ! Rosberg lui ne flanche pas et réalise ainsi la pole position devant Vettel. Button se hisse au troisième rang, sa meilleure qualification de la saison. Il précède Hülkenberg et Magnussen. Hamilton est seulement sixième. Pérez et Ricciardo occupent la quatrième ligne et devancent les Toro Rosso de Kvyat et de Vergne. Derrière Grosjean, onzième, on retrouve l'étonnante Marussia de Bianchi. Suivent Sutil et les deux Williams.
Initialement non qualifiées, les deux Caterham sont autorisées à prendre le départ et partiront depuis la dernière ligne. Gutiérrez a reçu dix places de pénalité à cause de l'incident survenu dans les stands à Zeltweg, et qui n'était pourtant pas de son fait. Maldonado a quant à lui été exclu des qualifications car sa Lotus n'avait pas un seul litre de carburant dans son réservoir à la fin de la séance. Il partira vingtième.
Le Grand Prix
La plupart des coureurs s'élance en pneus Pirelli médiums, exceptés les deux pilotes Ferrari qui sont chaussés de durs.
Départ : Rosberg part bien, au contraire de Vettel et de Hülkenberg. Button et Magnussen se hissent aux deuxième et troisième rang. Bien élancé, Hamilton est cinquième derrière Vettel au premier freinage. Massa est resté scotché quelques secondes avant de pouvoir partir. Au virage de Farm, Vergne heurte Pérez qui va dans l'échappatoire.
1er tour : Hamilton double Vettel à The Loop. A la sortie d'Aintree, avant la longue ligne droite, Räikkönen part très loin dans une échappatoire. En revenant sur la piste, il continue à appuyer sur le champignon, mord sur la bordure herbée et perd le contrôle de sa Ferrari. Celle-ci part en vrille et va se pulvériser contre le rail extérieur avant d'être renvoyée en piste comme un boulet de canon. Massa qui fonçait droit sur l'obstacle monte sur ses freins et se met en tête-à-queue, l'évitant de justesse, tout comme Kobayashi qui de son côté a dû obliquer en catastrophe vers le gazon. La Ferrari, complètement détruite, finit par s'arrêter de l'autre côté de la piste.
La voiture de sécurité entre aussitôt en piste, mais le rail en acier ayant été enfoncé par la Ferrari, le drapeau rouge est brandi par Charlie Whiting. La course est arrêtée. Räikkönen sort sans trop de mal de sa machine, mais il est tout de même évacué vers le centre médical du circuit. Massa regagne son stand avec une crevaison à l'arrière, conséquence de son embardée. La suspension est touchée et il ne pourra pas repartir. Chilton a vu l'avant de sa Marussia abîmé par un gros débris. Il entre aux stands pour réparer mais cela est interdit sous drapeau rouge et il sera pénalisé.
Il faut une bonne heure aux spécialistes pour remplacer le rail endommagé, opération critiquée car peu nécessaire, Räikkönen étant bien le premier à être sorti de la route à cet endroit précis.
La course étant seulement interrompue, elle reprendra au deuxième tour avec une nouvelle grille de départ selon le classement de la seule boucle couverte. Celle-ci est la suivante : Rosberg, Button, Magnussen, Hamilton, Vettel, Hülkenberg, Ricciardo, Kvyat, Bottas, Bianchi, Sutil, Gutiérrez, Alonso, Maldonado, Ericsson, Grosjean, Vergne, Kobayashi et Pérez. Chilton partira depuis les stands.
Alonso a mis des pneus médiums tandis que Vettel, Ricciardo, Grosjean, Vergne et Pérez ont mis des gommes dures.
2e : Le nouveau départ est donné sous l'égide de la voiture de sécurité qui s'efface à la fin de ce tour.
3e : La course reprend. Rosberg conserve le commandement. Bottas double Kvyat puis Ricciardo. Hamilton attaque Magnussen à Copse et le double après une petite faute du Danois.
4e : Hamilton dépasse Button à Brooklands : le voici revenu en deuxième position. Bottas est tout aussi déchaîné et passe Hülkenberg avant Stowe. De son côté, Alonso remonte également et s'est débarrassé des deux Sauber.
5e : Cinq secondes séparent Rosberg et Hamilton.
6e : Alonso passe Kvyat par l'intérieur à Woodcote. Puis il double Ricciardo à la chicane des virages 16 et 17, alors que l'Australien butait derrière Hülkenberg.
7e : Rosberg mène devant Hamilton (5s.), Button (10s.), Magnussen (14s.), Vettel (15.5s.) et Bottas (16.5s.).
8e : Les Mercedes sont deux secondes au tour plus rapides que leurs poursuivants. A Brooklands, Alonso double Hülkenberg. Le voici revenu à la septième place.
9e : Ricciardo double Hülkenberg. Gutiérrez attaque Maldonado par l'intérieur à la chicane. Les deux se frottent, aucun ne voulant céder. La Lotus escalade la roue avant droite de la Sauber, décolle avant de retomber lourdement au sol. Curieusement, Maldonado peut continuer. En revanche, la suspension de Gutiérrez a souffert. Le Mexicain sort dans les graviers au virage de Farm et abandonne.
11e : Vettel est aux stands pour changer de pneus. Il chausse un train de Pirelli médiums. Il repart en dixième position.
12e : Ericsson est au ralenti avec une suspension avant gauche affaissée après avoir heurté un vibreur. Il rentre à son garage. Rosberg mène devant Hamilton (4.7s.), Button (23.3s.), Magnussen (25.4s.), Bottas (26.2s.), Alonso (28.2s.), Ricciardo (33s.), Hülkenberg (36.9s.), Kvyat (37.6s.) et Vettel (42.7s.).
13e : Bottas est revenu derrière Magnussen et le double à Stowe. Alonso reçoit une pénalité de cinq secondes pour ne pas s'être correctement installé à son emplacement lors du premier départ.
15e : Alonso double Magnussen. Bottas se rapproche désormais de Button. Vettel passe Hülkenberg. Kvyat fait changer ses pneus.
16e : Arrêt aux stands de Ricciardo qui repart en neuvième position, entre Hülkenberg et Sutil.
17e : Hamilton est revenu à trois secondes de Rosberg. Bottas déborde Button par l'extérieur à Stowe. Le voici troisième.
18e : Rosberg s'engouffre dans la voie des stands en fin de boucle. Il chausse des pneus durs (2.7s.) et repart en deuxième position.
19e : Hamilton est désormais premier avec seize secondes d'avance sur Rosberg. Button est attaqué par Alonso.
21e : Ricciardo est de nouveau derrière Hülkenberg. Il le double à Brooklands.
23e : Hamilton a quinze secondes d'avance sur Rosberg. Bottas est à 32 secondes, Button et Alonso à 41 secondes.
24e : Button ferme toutes les portes à Alonso. Sutil fait changer ses pneus. Hamilton entre aux stands en fin de tour.
25e : Hamilton chausse des pneus durs au cours d'un arrêt un peu long (4.1s.). Il repart en deuxième position, à 5.7s. de Rosberg. Vettel déborde Magnussen par l'intérieur à Woodcote.
26e : Hamilton réalise le meilleur tour de l'épreuve : 1'37''176'''. Alonso entre aux stands pour effectuer sa pénalité puis pour chausser des pneus médiums. Il ressort en neuvième position.
27 e : Hamilton est plus rapide que Rosberg : il lui a déjà repris plus d'une seconde.
28e : Alonso dépasse Hülkenberg dont les pneus ne sont plus en bon état. Magnussen passe par les stands et met des pneus durs. Il est suivi par Vergne qui cède provisoirement une place dans les points à Grosjean.
29e : Rosberg prend un tour à Bianchi, puis ralentit soudainement. Sa boîte de vitesses est bloquée au cinquième rapport. Hamilton prend le commandement sous les vivats de la foule. Rosberg continue à faible allure, tripatouillant les boutons de son volant pour essayer de débloquer la boîte, sans succès. Button effectue son changement de pneus.
30e : Button a mis des gommes dures comme son équipier et est reparti cinquième derrière Ricciardo. Rosberg stoppe dans le gazon au niveau de Chapel. Cet abandon relance complètement le championnat du monde. Changement de pneus pour Hülkenberg.
31e : Hamilton mène devant Bottas (24.8s.), Vettel (40.9s.), Ricciardo (49.1s.), Button (59.2s.), Alonso (1m. 02s.), Magnussen (1m. 03s.) et Kvyat (1m. 13s.). Suivent Hülkenberg, Vergne, Sutil et Pérez. Grosjean change de pneus.
32e : Bottas s'arrête chez Williams pour mettre des pneus durs (2.9s.). Il repart troisième derrière Vettel.
33e : Bottas rattrape Vettel très facilement. Il le déborde dans la ligne droite qui précède la courbe de Stowe. Le quadruple champion du monde stoppe aux stands en fin de tour.
34e : Vettel a mis des pneus médiums et repart juste devant Alonso et Magnussen. L'Espagnol attaque Vettel par l'extérieur avant Copse et le double.
36e : Hamilton a quarante-et-une seconde d'avance sur Bottas. Kvyat effectue son second changement de pneus et repart derrière Vergne qu'il va repasser presque aussitôt.
37e : Vettel met la pression sur Alonso. Il le double par l'intérieur au niveau de Brooklands, mais Alonso conserve sa ligne, demeure à la hauteur de la Red Bull, et par conséquent reste devant après la courbe à droite de Luffield.
39e : L'écart demeure stable entre Hamilton et Bottas
41e : Alonso et Vettel sont toujours en lutte pour la cinquième place. Hamilton entre au stand Mercedes.
42e : Hamilton rechausse un train de pneus durs (3.4s.) et repart sans avoir perdu le commandement. Avant Copse, Vettel se place à l'extérieur pour surprendre Alonso, sans résultat.
44e : Par radio, Vettel se plaint au stand Red Bull des manœuvres d'Alonso l'empêchant de le dépasser...
45e : Hamilton est premier devant Bottas (22.1s.), Ricciardo (35.8s.), Button (43s.), Alonso (49.6s.), Vettel (49.8s.), Magnussen (52s.), Hülkenberg (1m. 20s.), Kvyat (1m. 23s.) et Vergne (1m. 29s.).
47e : Comme dix tours plus tôt, Vettel déborde Alonso à Brooklands, mais cette fois-ci par l'extérieur. Alonso réplique en lui coupant la trajectoire, et reste ainsi devant l'Allemand à Luffield. Vettel ne s'en laisse pas conter, se glisse à l'intérieur à Woodcote et les deux champions passent devant les anciens stands côte à côte, Vettel à droite, Alonso à gauche. Idéalement placé, Vettel finit par s'imposer à Copse.
48e : Vettel s'échappe facilement devant Alonso. Celui-ci pleurniche à son tour en disant à son ingénieur de course que Vettel a parfois enclenché son DRS hors des limites de la piste...
50e : Vingt-sept secondes séparent Hamilton et Bottas. Button remonte sur Ricciardo en cette fin d'épreuve.
51e : Button est à une seconde de Ricciardo. Maldonado s'arrête au virage n°1 suite à une panne d'échappement.
52ème et dernier tour : Pour la seconde fois après 2008, Lewis Hamilton remporte le Grand Prix de Grande-Bretagne, salué par un public ravi. Bottas finit deuxième et monte sur son second podium consécutif après une course remarquable. Ricciardo sauve le podium d'extrême justesse, quelques mètres devant Button qui a prouvé ce week-end que l'on pouvait encore compter avec lui. A cause d'une mauvaise stratégie, Vettel se contente du cinquième rang. Mécontent de sa course malgré une remontée, Alonso est sixième. Il précède Magnussen, Hülkenberg et les deux Toro Rosso de Kvyat et de Vergne. Suivent Pérez, Grosjean, Sutil, Bianchi, Kobayashi et Chilton.
Après la course
Cette 27ème victoire en Formule 1 permet à Hamilton de rejoindre Jackie Stewart au palmarès. Sur le podium, il se voit remettre un curieux trophée en plastique rouge commandé par le sponsor de l'épreuve Santander. John Surtees, qui vient de fêter ses 80 ans, remet la récompense à Valtteri Bottas. Puis c'est David Coulthard qui entre en scène pour interviewer Hamilton. C'est alors que le socle de sa coupe « à trois francs six sous » tombe au sol... Hamilton aura la satisfaction de recevoir le trophée officiel en or en conférence de presse.
Cette victoire permet à Hamilton de revenir à quatre points de Rosberg au classement mondial. Le combat est plus serré que jamais entre les deux équipiers. Grâce aux excellents résultats de Bottas, Williams grimpe au quatrième rang au classement des constructeurs et menace maintenant Ferrari.
Polémique autour de Kimi Räikkönen
Kimi Räikkönen souffre de quelques contusions suite à son accident, mais c'est un moindre mal après avoir subi un tel « carton ». Le Finlandais n'échappe pas à la critique pour avoir essayé de revenir en piste sans ralentir, d'où un accident qui aurait pu se terminer en tragédie. Felipe Massa et Kamui Kobayashi ont bien failli le percuter de plein fouet à plus de 200 km/heure... De plus on souligne ses difficultés à équilibrer sa voiture, ce qui engendrerait pour compenser un pilotage agressif.
En tout cas Räikkönen doit déclarer forfait pour les essais privés qui commencent à Silverstone le mardi 8 juillet. Ferrari le remplace par Jules Bianchi.
Tony