Jacques VILLENEUVE
 J.VILLENEUVE
Williams Renault
Damon HILL
 D.HILL
Williams Renault
Jean ALESI
 J.ALESI
Benetton Renault

589e Grand Prix

XXXIV Grand Prix du Canada
Ensoleillé
Montréal
dimanche 16 juin 1996
69 tours x 4.421 km - 305.049 km
Affiche
F1
Coupe

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Jacques Villeneuve à domicile: gloire, profits et polémiques

À la veille de ce Grand Prix du Canada, tout le Québec chavire dans la « Villeneuve-mania ». Les rues de Montréal se parent ainsi de portraits géants de Jacques Villeneuve alors que la télévision lui consacre de multiples sujets, tout en rappelant bien sûr le souvenir de son père Gilles. « C'est beaucoup, peut-être même trop », suggère le nouvel héros, quelque peu gêné. Pour le préserver de l'enthousiasme de ses compatriotes, son manager Craig Pollock lui ménage une retraite secrète dans un vaste duplex de l'Hôtel Westin. Aussi Villeneuve limite-t-il au maximum ses apparitions. « Il n'est pas question de soumettre Jacques à des horaires de fou », confie Pollock au journaliste Pierre Lecours. « S'il avait fallu répondre à toutes les sollicitations, il n'aurait même pas eu le temps de monter dans sa voiture ! » Le 12 juin, Villeneuve consent à donner une unique conférence de presse au muséum d'Art moderne de Montréal. Sont présents plusieurs dizaines de journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision. Il leur répond avec une humeur égale, tout en éludant avec soin les questions ayant trait à son père.

 

En effet, au même moment, le « p'tit Jacques » est au centre d'une controverse déclenchée par son propre oncle, Jacques Senior. Ce dernier l'a égratigné dans un article publié dans Le Journal de Montréal sous un titre provocateur (« C'est qui ça, Jacques Villeneuve ? »). Le « tonton » reproche à son neveu, monégasque d'adoption, d'avoir abandonné sa famille résidant au Canada et de se couvrir d'une gloire factice car, selon lui, piloter une Formule 1 en 1996 est « bien plus facile » que « de son temps » ! Beaucoup voient dans ces propos acerbes de la pure jalousie, et c'est bien ainsi que l'entend « Junior » : « Je me sens canadien à 100 %, c'est mon pays, et je suis toujours ému d'y retourner... Et puis, si c'est facile de conduire une F1, qu'est-ce qu'il fiche encore planté à la maison ? » D'autre part, le petit milieu journaliste montréalais sait que, l'hiver passé, Jacques Jr. a prêté 10 000 dollars à Jacques Sr. pour qu'il puisse disputer des courses de motoneige. Élégamment, ce dernier demande à ce que cette information ne soit pas utilisée contre son oncle. « Il a droit à ses opinions. Je ne veux pas répondre sur la place publique », conclut-il.

 

Le circuit Gilles-Villeneuve tire évidemment un grand profit de l'arrivée en Formule 1 de Jacques Villeneuve. Le jeudi 13 juin, veille des premiers essais, le promoteur Normand Legault organise une journée « portes-ouvertes » qui attire près de 40 000 personnes. Les jours suivants, tous les records d'affluence sont battus: on totalisera 228 000 spectateurs sur l'ensemble du week-end. En coulisse, l'atmosphère est moins sereine. Bernie Ecclestone rappelle à Normand Legault qu'il avait promis en 1994 d'amener Villeneuve II en Formule 1. Il attend un renvoi d'ascenseur. Le contrat de partenariat avec les brasseries Molson s'achevant fin 1996, le président de la FOCA réclame à celles-ci 10 millions de dollars (le double du montant actuel) en échange d'un renouvellement. André Tranchemontagne, le président de Molson, ulcéré, rejette cette proposition. Par ailleurs, Ecclestone sursaute en découvrant à Montréal des affiches publicitaires reproduisant Jacques Villeneuve avec un pack de bières Labatt, grand rival de Molson et sponsor de Williams. Le promoteur de la F1 demande à Frank Williams d'intervenir pour faire cesser cette campagne. Il apprend néanmoins que grâce à elle Labatt a pulvérisé ses records de ventes. Une information qu'il ne manque pas de transmettre à André Tranchemontagne...

 

Présentation de l'épreuve

Comme l'avait demandé Bernie Ecclestone, le circuit de l'Île Notre-Dame a été remanié durant l'hiver, notamment dans le secteur longeant le bassin olympique. Après l'épingle du Casino, la piste infléchit désormais très légèrement à gauche, puis à droite, avant de piquer tout droit vers la chicane de l'entrée des stands. Le dangereux « coude droit », témoin de nombreux accident depuis 1978, a été supprimé. La vilaine chicane installée en 1994 n'est également plus qu'un souvenir. Désormais, l'épingle et les stands sont séparés par une longue pleine charge d'1,2 km au bout de laquelle les bolides frôlent les 310 km/h. Enfin, le tracé bénéficie d'un nouveau tarmac très lisse et donc peu adhérent.

 

Le 12 juin 1996 se tient à Paris le Conseil mondial de la Fédération internationale de l'automobile, dont l'une des principales décisions est de créer une Commission de sécurité de la Formule 1 qui réunira de façon permanente les principaux acteurs des Grands Prix. Jean Todt y représentera les écuries alors que trois sièges sont prévus pour les pilotes. En outre, Max Mosley a fait part de sa dernière idée de réforme: réduire la durée des Grands Prix à deux jours. Le président de la FIA souhaite ainsi diminuer les frais d'hébergement et d'entretien des écuries, mais il se heurte bien sûr à l'opposition des ingénieurs (quid des essais libres ?) et des organisateurs de courses qui n'ont pas envie de perdre une journée d'entrées « plein tarif »...

 

Après deux abandons consécutifs à Monte-Carlo puis à Barcelone, Damon Hill désire reprendre sa marche en avant à Montréal pour consolider son avance au championnat. Sa piteuse prestation catalane (deux sorties de route sous la pluie avant d'heurter le mur) a ébranlé ses supporteurs qui ne le croyaient plus capable de telles maladresses. Mais le pilote britannique ne se démonte pas et affiche toujours un prudent optimisme. « Ma déception fut longue à disparaître après Barcelone, car je n'ai pas vraiment fait un bon travail là-bas... », confie-t-il. « Mais maintenant je n'ai en tête que cette course au Canada. Ce sera une épreuve dure pour les freins, le moteur, la boîte de vitesses. La tactique, le pilotage et la fiabilité mécanique seront les facteurs primordiaux. »

 

À l'orée de la mi-saison, le bilan de la paire Jordan-Peugeot n'est pas fameux, avec neuf points inscrits en sept Grands Prix. Eddie Jordan est très déçu: non seulement la 196 s'avère une monoplace extrêmement difficile à mettre au point et à manier, mais en plus la fiabilité des accessoires laisse à désirer. Du côté de Peugeot, on garde le moral: Pierre-Michel Fauconnier proclame ainsi que le V10 flanqué du lion, avec 750 chevaux, est désormais le plus puissant du plateau. Toutefois, en terme de couple et de plage d'utilisation, celui-ci demeure encore loin de son concurrent au losange...

 

Michel Bonnet, le responsable des activités sportives d'Elf, déambule dans le paddock montréalais, où il dément les rumeurs de retrait du pétrolier français à la fin de la saison. Il s'entretient ainsi avec Jackie Stewart derrière le motorhome Ford et ne cache pas son intérêt pour le projet Stewart Grand Prix. Bonnet rencontre aussi Guido Forti qui lui propose d'aligner Franck Lagorce au prochain GP de France... en échange d'un « petit effort financier ». Le représentant d'Elf refuse: il ne veut pas prendre le risque d'une non-qualification de Lagorce qui n'a encore jamais touché la Forti en compétition.

 

Ferrari lance la version « B » de sa F310, longuement testée à Imola et au Mugello, et qui se distingue par son museau surélevé. Cet aileron s'inspire de Minardi (fixations en V renversé) et de Williams (dérives latérales). Les profils secondaires sont beaucoup plus incurvés qu'autrefois. Le châssis a été adapté à ce nouvel élément et arbore une forme plus arrondie. Les déflecteurs situés derrière les roues avant sont rallongés, alors que de petits volets horizontaux sont insérés à l'intérieur des roues. Michael Schumacher rappelle à cette occasion que sa victoire en Espagne ne fut que le fruit des conditions météorologiques: « Sur le sec, nous pouvons encore être relégués à une seconde au tour des Williams », prévient-il.

 

La Benetton B196 a été remaniée. Elle reçoit aussi un nouvel aileron avant simplifié qui travaille avec un diffuseur arrière inédit et fort complexe. Berger, qui a longuement éprouvé ce modèle à Silverstone, le juge plus facile à conduire, ce dont son équipier Alesi n'est pas convaincu. Des modifications similaires (aileron avant et extracteur) sont apportées à la très rétive Sauber C15. La Ligier de Panis est équipée ici pour les qualifications de la nouvelle version du V10 Mugen-Honda (Spec 8) qui se singularise par la nouvelle position des injecteurs, placés au-dessus des trompettes. Ce moteur apparaîtra en course au GP de France. Enfin, la Forti de Badoer est munie d'une nouvelle suspension avant.

 

Essais et qualifications

La séance libre du vendredi se déroule par un temps chaud et humide. Comme à l'ordinaire, les pilotes Williams se contentent de mettre au point leurs bolides, ce qui permet à Alesi de réalise le meilleur temps. En revanche, lors de la session du samedi, Villeneuve signe le meilleur chrono devant Hill.

 

Samedi après-midi, les qualifications se résument à un duel entre les Williams-Renault. Villeneuve détient longtemps le meilleur chrono mais, à la grande déception du public, Hill lui souffle la pole position dans son dernier tour lancé pour vingt millièmes (1'21''059''' contre 1'21''079'''). Chez Ferrari, Schumacher est satisfait de la tenue de route de sa F310 modifiée. Mais des coupures de moteur l'empêchent de menacer les Williams. Il saute alors dans son mulet avant d'être ralenti par l'accident de Berger. Il se contente donc du troisième temps. Irvine (5ème) se montre de plus en plus à son avantage. Les Benetton-Renault se révèlent plus compétitives. Hélas, Alesi (4ème) et Berger (7ème) sont tous deux victimes de ruptures de freins dans le même virage. Le Français s'en tire avec quelques contusions, et sa sortie engendre même un drapeau rouge. Fortunes diverses chez McLaren-Mercedes: Häkkinen (6ème) ne rencontre aucun souci contrairement à Coulthard (10ème) qui se débat vendredi avec des problèmes de boîte de vitesses, avant d'exécuter un tête-à-queue le lendemain en qualifications.

 

Les Jordan-Peugeot rencontrent des problèmes de traction, mais pour une fois Brundle (9ème) parvient à rester au contact de Barrichello (8ème). Chez Ligier, Panis (11ème) ne peut mettre en valeur le nouveau V10 Mugen-Honda à cause d'un manque de motricité et de freins défaillants. Diniz (18ème) est stoppé par une panne d'accélérateur électronique. Malgré quelques améliorations apportées au V10 Ford-Cosworth, les Sauber (Frentzen 12ème, Herbert 15ème) souffrent d'un manque de puissance. Verstappen (13ème) parvient à apprivoiser son Arrows-Hart au fur et à mesure du week-end alors que Rosset (21ème) rencontre plusieurs coupures moteur... et se retrouve entre les deux Forti ! Cela va mal chez Tyrrell: Salo (14ème) subit vendredi de graves problèmes de transmission et Katayama (17ème) est frappé samedi par un bris de moteur. Bien servi par un châssis équilibré, Fisichella amène sa Minardi-Ford au 16ème rang. Lamy doit en revanche se qualifier avec l'ancienne version du V8 Ford et n'est que vingtième. Enfin, les deux Forti-Ford parviennent cette fois à se qualifier: Badoer (20ème) arrache son billet juste avant de casser sa boîte de vitesses et Montermini (22ème) partira lanterne rouge.

 

Le Grand Prix

Les Williams dominent à nouveau lors de l'échauffement du dimanche matin. Schumacher tourne avec son mulet qu'il juge plus efficace que sa voiture de course. Coulthard casse un moteur et devra disputer la course avec sa McLaren de réserve. Diniz partira aussi avec son mulet suite à une nouvelle panne électronique.

 

Le beau temps est au rendez-vous pour ce Grand Prix du Canada. Les tribunes sont évidemment bondées, et des dizaines de milliers de Québécois brandissent des drapeaux bleus et blancs marqués de la fleur de lys pour encourager Jacques Villeneuve. Celui-ci a déjà gagné sur le circuit qui porte le nom de son père: c'était en 1993, en Formule Atlantic, et il compte bien rééditer cet exploit en F1. Comme l'adhérence est faible, l'usure des pneumatiques s'annonce inexistante, et donc la plupart des pilotes prévoient de n'effectuer qu'un seul ravitaillement. Williams adopte cependant une stratégie croisée: si Villeneuve ne programme qu'un passage aux stands, Hill s'arrêtera deux fois sur les conseils d'Adrian Newey, qui a décidé ce week-end de le cornaquer.

 

Tour de formation: Schumacher ne parvient pas à démarrer son moteur suite à un problème de pression d'essence. Après quelques manipulations de ses ingénieurs, il met les gaz, mais trop tard pour éviter de s'élancer en queue de peloton.

 

Départ: Villeneuve démarre un petit peu mieux que Hill et tente de le doubler. Mais celui-ci le serre à droite, puis à gauche, se retrouve ainsi à l'intérieur au premier virage et reste en tête. Viennent ensuite Villeneuve, Alesi, Irvine, Häkkinen et Berger.

 

1er tour: Schumacher entame sa remontée et double pas moins de cinq concurrents dans cette première boucle. Hill mène devant Villeneuve, Alesi, Irvine, Häkkinen, Berger, Brundle, Frentzen, Barrichello et Coulthard.

 

2e: Parti avec peu de carburant, Hill s'envole et compte trois secondes d'avance sur son équipier. Irvine ralentit après le pont de la Concorde: une pierre a brisé un poussoir de sa suspension avant-gauche. Il rejoint son stand et abandonne.

 

3e: Villeneuve est sous la pression d'Alesi. Barrichello tente de faire l'extérieur à Frentzen à l'épingle. Devant la résistance musclée du pilote Sauber, le Pauliste allume ses roues et évite de justesse le tête-à-queue. Verstappen, Panis, Herbert et Salo bataillent pour la onzième place.

 

4e: Hill compte trois secondes et demie d'avance sur Villeneuve et Alesi. Plus loin, Häkkinen contient Berger et Brundle. Schumacher a doublé Fisichella et Diniz. Il occupe maintenant la 14ème place.

 

5e: Berger dépasse Häkkinen et grimpe au quatrième rang. En fin de tour, Hill devance Villeneuve (4s.), Alesi (4.8s.), Berger (8.4s.), Häkkinen (8.8s.), Brundle (9s.), Barrichello (10.5s.), Frentzen (11s.), Coulthard (12.2s.) et Verstappen (14.2s.).

 

6e: Hill améliore le record du tour à chaque passage et continue de s'échapper. Brundle double Häkkinen à la dernière chicane. Le Finlandais est maintenant sous le feu de Barrichello.

 

7e: Katayama attaque Rosset à l'ultime chicane pour la 18ème place. Le Japonais freine trop tard et heurte violemment la roue avant-droite de l'Arrows avec sa roue arrière-gauche. La Tyrrell se soulève, traverse le bac à graviers et s'immobilise sur la piste, face au mur des stands, hors trajectoire. Rosset finit quant à lui en tête-à-queue dans les graviers.

 

8e: Les commissaires parviennent à retirer les monoplaces de Katayama et de Rosset en un temps record. Verstappen et Panis se doublent et se redoublent pour le gain de la onzième position.

 

10e: Hill devance Villeneuve de cinq secondes, Alesi de sept secondes. Barrichello est sur les talons de Häkkinen. Plus loin, Schumacher bute désormais sur Salo.

 

11e: Barrichello fait l'intérieur à Häkkinen à la dernière chicane et grimpe au sixième rang. Verstappen est frappé d'une panne de moteur et doit renoncer une fois de plus.

 

12e: Hill est premier devant Villeneuve (5.6s.), Alesi (8.2s.), Berger (11.5s.), Brundle (14s.), Barrichello (18.6s.), Häkkinen (20s.), Frentzen (22.2s.), Coulthard (22.7s.), Panis (23.6s.), Herbert (28.4s.), Salo (28.9s.) et Schumacher (29.7s.).

 

14e: Alesi est semé par Villeneuve car il se débat avec des pneus arrière peu efficaces. Schumacher subit pour sa part des vibrations et freine avec difficulté à cause d'un répartiteur déficient. Cela explique qu'il piétine derrière la Tyrrell de Salo.

 

15e: Hill repousse Villeneuve à sept secondes. Frentzen, Coulthard et Panis sont en lutte pour la huitième place.

 

16e: Berger rejoint son équipier Alesi. Montermini passe par les stands pour faire examiner sa boîte capricieuse puis reprend la piste.

 

18e: Hill précède Villeneuve (6.6s.), Alesi (13.8s.), Berger (14.5s.), Brundle (18s.), Barrichello (22.2s.), Häkkinen (26s.), Frentzen (30.5s.), Coulthard (31.1s.) et Panis (31.8s.). Schumacher évolue toujours derrière le duo Herbert - Salo.

 

20e: Pressé par Villeneuve, Montermini part en tête-à-queue au droit du Casino... à cause d'un lest venu se loger sous son pédalier ! L'Italien atterrit dans les graviers mais parvient à reprendre sa route. Frentzen est trahi par sa boîte de vitesses et doit abandonner. Fisichella observe un pit-stop.

 

21e: Berger est dans les échappements d'Alesi. Barrichello effectue son premier ravitaillement. Mais son embrayage, déjà éprouvé au départ de la course, a failli lâcher au redémarrage...

 

22e: Neuf secondes entre Hill et Villeneuve. Berger cherche en vain une ouverture pour doubler Alesi, ce qui permet à Brundle de rattraper les Benetton. Arrêt de Badoer.

 

23e: Barrichello refait une halte à son stand pour faire examiner sa Jordan. Toujours gêné par la pièce tombée sous sa pédale de frein et en proie à des coupures électriques, Montermini se gare à proximité de la pit-lane.

 

24e: Panis effectue son premier arrêt-ravitaillement, imité peu après par Salo. Schumacher est ainsi débarrassé du Finlandais mais tombe aussitôt sur Herbert. L'embrayage de Barrichello a grillé. Le Brésilien n'a plus qu'à rejoindre son garage pour se retirer.

 

25e: Brundle passe chez Jordan pour reprendre de l'essence et des pneus neufs (9s.).

 

26e: Hill est en tête devant Villeneuve (10.7s.), Alesi (24.1s.), Berger (25.3s.), Häkkinen (39s.), Coulthard (41s.), Brundle (48s.), Herbert (57s.), Schumacher (59s.) et Diniz (1m. 01s.).

 

28e: Hill pénètre aux stands pour exécuter le premier de ses deux ravitaillements (9.4s.). L'Anglais repart second et Villeneuve récupère la première place.

 

29e: Villeneuve compte sept secondes d'avance sur Hill. Tous deux doivent encore s'arrêter une fois aux stands. Schumacher est à la peine: non seulement il a perdu le contact avec Herbert, mais il est menacé par... Diniz !

 

31e: Villeneuve mène devant Hill (7.2s.), Alesi (15.1s.), Berger (17.2s.), Häkkinen (32.1s.), Coulthard (33.5s.), Brundle (40.8s.), Herbert (55s.), Schumacher (59s.), Diniz (1m.), Panis (1m. 04s.) et Salo (1m. 12s.).

 

32e: Grâce à ses pneus neufs et une faible charge en carburant, Hill est de nouveau plus rapide que Villeneuve et lui reprend quelques dixièmes. Berger a abandonné la poursuite d'Alesi.

 

34e: L'intervalle entre les Williams tombe sous les sept secondes. Diniz opère son ravitaillement.

 

35e: Berger fait escale au stand Benetton pour un pit-stop (12s.) et ressort derrière les McLaren.

 

36e: Villeneuve entre aux stands pour son unique ravitaillement (11.5s.) puis retrouve la piste derrière Alesi. Hill reprend possession de la première place et signe en sus le record provisoire (1'21''957'''). Herbert et Lamy passent aussi aux stands.

 

37e: Alesi effectue son arrêt-ravitaillement (12s.) et ressort devant Berger. Häkkinen part en tête-à-queue à l'épingle en voulant dépasser Fisichella. Le Finlandais se relance et rejoint ensuite son stand pour ravitailler (11s.).

 

38e: Hill possède vingt secondes de marge sur Villeneuve. Coulthard est provisoirement troisième.

 

39e: Villeneuve est un tout petit peu plus véloce que son coéquipier. Panis dépasse Schumacher « au forceps » à la dernière chicane. Diniz abandonne, moteur serré.

 

40e: Léger en carburant, Hill est maintenant plus rapide que Villeneuve et le repousse à vingt-deux secondes. Sa stratégie semble s'avérer judicieuse. Le moteur Yamaha de Salo explose. Le Scandinave se range dans la pelouse. Catastrophe chez Ligier: Panis est frappé d'une panne électrique sur son moteur et rejoint son garage pour abandonner.

 

41e: Coulthard s'arrête chez McLaren pour reprendre de l'essence et des pneus frais. Il repart derrière Brundle mais devant Häkkinen. Schumacher regagne les stands et ravitaille en douze secondes.

 

42e: Hill mène devant Villeneuve (21.2s.), Alesi (41.1s.), Berger (45.6s.), Brundle (46.7s.), Coulthard (1m.), Häkkinen (1m. 17s.), Herbert (-1t.), Schumacher (-1t.), Fisichella (-1t.), Lamy (-1t.) et Badoer (-2t.).

 

43e: Berger freine trop tard en arrivant sur la première petite chicane et part en tête-à-queue. Il se retrouve à contre-sens, face au rail, en position périlleuse. L'Autrichien quitte son habitacle alors que les commissaires grutent rapidement sa Benetton. Schumacher regagne son stand au petit trot. Un bris de demi-arbre de roue à l'avant-droit met fin à son calvaire.

 

44e: Brundle effectue son deuxième arrêt-ravitaillement (11s.). En sortant des stands, il tombe sur l'attardé Lamy. L'Anglais se jette à l'intérieur de l'épingle pour doubler le Portugais qui ne l'aperçoit pas et braque comme si de rien n'était. La Jordan harponne la Minardi et l'envoie en tête-à-queue. Lamy est contraint à l'abandon alors que Brundle poursuit avec une moustache arrachée.

 

45e: Hill compte maintenant vingt-quatre secondes d'avance sur Villeneuve. Un véhicule intervient pour ôter la Minardi de Lamy. Brundle regagne son stand pour remplacer sa calandre et tombe au septième rang.

 

46e: Villeneuve trépigne derrière Herbert qui tarde à s'écarter. Badoer se gare à l'épingle de l'île suite à une avarie de boîte de vitesses. Il n'y a plus que huit bolides sur le circuit.

 

48e: Hill devance Villeneuve (28.3s.), Alesi (50s.), Coulthard (1m. 08s.), Häkkinen (-1t.), Herbert (-1t.), Brundle (-1t.) et Fisichella (-2t.).

 

50e: Hill surgit dans l'allée des stands pour son second ravitaillement (8.6s.) et ressort largement devant Villeneuve. La course est jouée.

 

51e: Hill possède douze secondes de marge sur Villeneuve. Alesi évolue à trente-quatre secondes, complétement isolé. Brundle est aux trousses de Herbert qui doit ménager des freins fragiles.

 

52e: Brundle prend la sixième place à Herbert au bout de la longue accélération.

 

55e: Villeneuve n'abdique pas encore et réduit à dix secondes son retard sur son équipier.

 

57e: Hill prend un tour à Häkkinen. Il n'y a plus que trois pilotes évoluant dans le même tour que le leader.

 

58e: Villeneuve reprend plusieurs dixièmes par tour à Hill, mais ce dernier paraît maîtriser la situation. Il n'y a plus d'autres batailles en piste.

 

60e: Hill est premier devant Villeneuve (8.2s.), Alesi (40.5s.), Coulthard (59s.), Häkkinen (-1t.), Brundle (-1t.), Herbert (-1t.) et Fisichella (-2t.).

 

62e: L'écart entre les deux Williams se stabilise autour des huit secondes.

 

64e: Villeneuve a renoncé à poursuivre Hill et lui concède maintenant plus de neuf secondes. Coulthard se rapproche quelque peu d'Alesi qui adopte un train de sénateur.

 

65e: À quatre tours du but, Hill devance Villeneuve (9.1s.), Alesi (52s.), Coulthard (1m. 04s.), Häkkinen (-1t.), Brundle (-1t.), Herbert (-1t.) et Fisichella (-2t.).

 

67e: Villeneuve signe le meilleur tour de la course (1'21''916''') et finit l'épreuve à sept secondes du leader.

 

69ème et dernier tour: Damon Hill remporte sa dix-huitième victoire en F1 devant Villeneuve. C'est le troisième doublé des Williams-Renault en 1996. Alesi termine troisième. Coulthard, quatrième, et Häkkinen, cinquième, rapportent cinq points à McLaren. Brundle empoche le point de la sixième place. Herbert et Fisichella coupent aussi la ligne d'arrivée.

 

Après la course

Damon Hill remercie chaleureusement Adrian Newey: la stratégie à deux arrêts que l'ingénieur lui a conseillée avant le départ s'est révélée la plus efficiente. En tirant moins de poids que son équipier sur l'ensemble de la course, le leader du championnat a pu aisément compenser le temps perdu lors de son second arrêt-ravitaillement. Bien sûr, pour que ce plan fonctionne, il fallait que Hill bénéficie le plus souvent d'une piste claire, et donc qu'il conserve l'avantage de sa pole position. Une mission parfaitement exécutée. « Dès que Schumacher n'était plus là, il était clair que la course se jouerait entre Jacques et moi », narre Hill, soulagé. « Il était essentiel que je négocie le premier virage en tête, car je savais que Jacques partait pour un seul arrêt. Par bonheur, ma manœuvre a réussi. Sans cela, l'ordre d'arrivée aurait été inversé en sa faveur. Toutefois, peut-être à cause d'un revêtement s'améliorant au fil des tours, je n'ai pas tiré le meilleur parti de ma stratégie. Entre un et deux arrêts, l'écart était vraiment infime. Ce fut donc une course dure, à fond du premier au dernier tour. Après deux courses « blanches », il était urgent que je me refasse. D'où ma satisfaction. »

 

Jacques Villeneuve n'est pas parvenu à triompher à domicile, comme son père Gilles l'avait fait en 1978. Mais il ne témoigne d'aucune déception et se satisfait des six points engrangés: « La pression était forte, mais le public a été parfait et je suis très heureux du résultat, même si j'aurais préféré gagner... Deuxième, ce n'est pas mal... Tout reste possible, le championnat n'est pas terminé. J'aurais pu attaquer plus dans les premiers tours, mais je préservais mes freins. La stratégie d'un seul arrêt était tout de même la bonne, aussi j'ai poussé jusqu'à la fin et je me suis rapproché de Damon pour pouvoir profiter de la moindre erreur de sa part. Il me manquait tout de même quelques secondes... »

 

Jean Alesi se contente pour sa part de sa troisième place après une course en solitaire. À défaut de viser la victoire, le natif d'Avignon devient un habitué du podium avec sa médiocre Benetton-Renault. Sa satisfaction se teinte néanmoins d'amertume au souvenir de la victoire remportée ici en 1995. Le pilote français balaie son spleen par l'humour: « Ils sont forts quand même ces Québécois. Agiter des drapeaux pendant une heure et demie sans discontinu n'est pas à la portée de tout le monde... »

 

Au classement des pilotes, Hill (53 points) creuse de nouveau l'écart sur ses poursuivants Villeneuve (32 pts), Schumacher (26 pts) et Alesi (21 pts). Chez les constructeurs, Williams-Renault (85 points) n'a rien à craindre de Ferrari (35 pts), alors que McLaren-Mercedes (23 pts) se rapproche de Benetton-Renault (28 pts).

Tony