McLaren-Mercedes: Mansell viré !
Au soir du Grand Prix d'Espagne, Nigel Mansell, déjà déçu et démotivé par sa nouvelle collaboration avec McLaren-Mercedes, a résolu de disputer encore quelques courses, avant d'annoncer son énième retraite avec effet immédiat devant ses fans à Silverstone, à l'occasion du prochain GP de Grande-Bretagne. Mais ses employeurs ne vont pas lui laisser le temps de réaliser ce projet. Le tout nouveau président de Daimler-Benz Jürgen Schrempp a en effet été outré par l'esclandre que le Britannique a fait en sa présence dans le garage McLaren à Barcelone. Il a décidé de régler son sort avant même le GP de Monaco. Ron Dennis et Mansour Ojjeh sont rapidement mis dans la confidence, et ne soulèvent aucune objection à cette décision. Au contraire, Dennis est ravi de pouvoir se séparer de Mansell dont il juge la collaboration décidément peu opportune. En revanche, Walter Thoma et John Hogan, président et vice-président de Philip Morris Europe, sont tenus à l'écart du processus décisionnel, ce qu'ils ne vont guère goûter.
Le renvoi de Mansell est bientôt conçu comme un contre-feu à un événement calamiteux pour Mercedes: la non-qualification des Marlboro-Penske à moteur allemand d'Al Unser Jr. et d'Emerson Fittipaldi aux 500 Miles d'Indianapolis. Un terrible affront pour cette écurie et ses pilotes, les deux derniers vainqueurs de la prestigieuse épreuve ! Une diversion s'impose donc. Le 22 mai, Norbert Haug, le directeur de Mercedes Motorsport, prépare le terrain en déclarant à l'agence allemande DPA que le salaire que perçoit Mansell (10 millions de dollars) est trop élevé. Le champion du monde 1992 a compris le message. Il ne cherchera pas à se défendre. Le 24 mai, McLaren et Mercedes annoncent la rupture du contrat de Nigel Mansell, lequel quitte probablement pour de bon la Formule 1, sans faire de scandale. Les deux parties s'entendent pour se séparer à l'amiable. Mansell explique sans amertume qu'il n'avait tout simplement pas confiance dans la McLaren-Mercedes MP4/10. Pour combler la baquet vide de la seconde McLaren, Ron Dennis rappelle sans surprise Mark Blundell qui a réalisé d'excellentes piges en début d'année, lors de la tournée sud-américaine.
Un Schumi très convoité
Michael Schumacher est en contrat avec Benetton-Renault jusqu'à fin 1995, et sera bien évidemment la vedette du futur marché des transferts. A Imola, l'Allemand a glissé cette confidence, faussement candide: « Je n'effectuerai mon choix d'écurie pour 1996 que sur la fin de la saison. » Bien sûr, lui et son manager Willi Weber étudient déjà plusieurs pistes. La plus sérieuse mène à Maranello. En effet, depuis le début du printemps, Luca di Montezemolo a fixé comme objectif à Jean Todt de recruter Schumacher, quel que soit son prix. Les deux hommes désirent poursuivre la reconstruction de la Scuderia Ferrari autour de la nouvelle star de la Formule 1. Schumacher est en effet non seulement un pilote extraordinaire, mais est aussi un formidable catalyseur d'énergies, comme il le démontre mois après mois chez Benetton. Et Ferrari a grand besoin d'un leader capable de transcender ingénieurs et mécaniciens. Montezemolo charge Niki Lauda d'établir les premières approches courant mai avec Willi Weber.
Toutefois, à ce stade de l'année, Schumacher n'est pas encore hypnotisé par le mythe Ferrari. Il vient en effet de reprendre contact avec le constructeur qui a parrainé ses débuts dans le sport automobile puis son entrée en F1, Mercedes. La firme de Stuttgart espère en effet l'attirer chez McLaren en 1996, et renouer ainsi le fil de l'histoire interrompue en 1991. C'est même un des objectifs avoués de la nouvelle direction de Daimler-Benz. De son côté, après avoir eu dans son équipe Lauda, Prost et Senna, Ron Dennis serait évidemment ravi de recruter le champion allemand. A défaut de se battre aux avant-postes sur la piste, Ferrari et McLaren vont se disputer en coulisse le « petit Mozart de la Formule 1 »...
L'agonie de Simtek
La détresse financière de Simtek paraît sans remède. Nick Wirth révèle ainsi à Monaco que, depuis ses débuts en 1994, son équipe a accumulé six millions de £ de dettes. En outre, les sponsors japonais d'Hideki Noda, qui devait remplacer Mimmo Schiattarella à compter du GP du Canada, se sont retirés suite au catastrophique tremblement de terre de Kobe. Par ailleurs, les relevés bancaires d'un autre commanditaire, les boissons énergétiques XTC, se sont révélés falsifiés... Simtek n'a en réalité pas touché le moindre centime de cette firme !
Afin de sauver ce qui peut l'être, Wirth n'a d'autre choix que d'ouvrir le capital à d'éventuels repreneurs. On parle ainsi de David Richards, le président du préparateur Prodrive, de David Spears, le propriétaire de l'écurie de F3000 Super Nova, ou encore de Tom Walkinshaw. Le pilote Jos Verstappen est lui-même sollicité. Mais aucun ne souhaite investir dans un projet à la dérive. Wirth annonce ainsi que, faute de nouveaux subsides, il n'effectuera pas le coûteux déplacement à Montréal et mettra la clef sous la porte afin de ne pas accumuler d'autres ardoises.
Présentation de l'épreuve
Renault aborde le Grand Prix de Monaco avec une certaine appréhension. En effet, depuis ses débuts en Formule 1 en 1977, la firme au Losange n'est jamais parvenue à remporter cette course, que ce soit avec son ex-équipe d'usine ou en tant que motoriste. Néanmoins, cette année, elle met toutes les chances de son côté en propulsant les deux meilleures voitures du peloton, la Williams et la Benetton. Parmi les pilotes, le plus avide de l'emporter sur le Rocher est probablement Damon Hill. D'abord parce qu'il souhaite reprendre la première place du championnat du monde, perdue à Barcelone au profit de Michael Schumacher. Ensuite afin de suivre les traces de son père Graham qui a gagné cinq fois cette épreuve prestigieuse. Sa mère Bette effectue comme chaque année le déplacement sur la côte d'Azur pour l'encourager.
Le paddock de Monte-Carlo accueille comme chaque année de nombreuses vedettes. Le vainqueur à l'applaudimètre est cette année le footballeur argentin Diego Maradona, invité par Bernie Ecclestone. « El pibe de oro », qui a longtemps joué en Italie, à Naples, se proclame tifosi de la Scuderia Ferrari. Les journalistes cherchent aussi à rencontrer Viviane Senna, présente sur le Rocher pour la vente du yacht de son frère, le « Senna Offshore 42 ». Réfugiée à Beaulieu, à l'hôtel Riviera, la jeune femme ne se rendra pas sur le circuit afin de fuir les reporters indélicats.
Les péripéties qui ont émaillé les deux derniers championnats, des innombrables scandales de la saison 94 à l'« affaire Elf » consécutive au Grand Prix du Brésil 95, ont ébranlé l'image et la popularité de la F1. C'est ce que déclare Walter Thoma jeudi soir lors d'une soirée à l'hôtel Loews. Le président de Philip Morris Europe éreinte notamment la fédération internationale et laisse entendre que d'importants sponsors, comme sa compagnie, pourraient bien se lasser de financer des « spectacles de cirque ». Marlboro finançant près de la moitié du plateau, cette violente sortie est bien sûr amplement relayée. Michel Boeri, le président de l'Automobile Club de Monaco, critique lui aussi vertement la FIA et la FOCA dont les exigences juridico-commerciales paralyseraient les organisateurs de Grands Prix. Seraient-ce les prémices d'une révolte ? Max Mosley et Bernie Ecclestone se chargent dans les jours suivants de calmer les deux mécontents.
Après quatre Grands Prix en 1995, il apparaît évident que Karl Wendlinger n'est pas remis de son tragique accident, survenu ici même un an plus tôt, à la sortie du tunnel. L'Autrichien décide donc de prendre du champ pour quelques mois, en accord avec Peter Sauber. Ce dernier le remplace par le jeune Français Jean-Christophe Boullion, champion international en titre de Formule 3000. Âgé de 25 ans, le petit Boullion (1,71m.), surnommé « Jules » par ses amis, occupe depuis cette année le poste envié d'essayeur chez Williams-Renault. C'est Daniel Trema, responsable de la filière Elf, qui l'a mis en contact avec Sauber. Frank Williams le prête au Suisse de bon cœur, afin qu'il s'aguerrisse en course. Boullion est en effet prétendant à un volant de titulaire en 1996... En attendant, il doit montrer ce qu'il sait faire au volant d'une Sauber-Ford prometteuse, et surtout aux côtés d'un autre jeune loup très ambitieux, Heinz-Harald Frentzen.
On sait que Michael Schumacher et Heinz-Harald Frentzen ne s'apprécient guère, moins en raison de leur rivalité sportive que pour des motifs d'ordre privé. Samedi matin, lors de la seconde séance d'essais libres, les deux ennemis entrent en contact lors d'un freinage. Contraint de mettre pied à terre avec un train arrière faussé, Schumacher attend le retour de Frentzen aux stands pour l'alpaguer. Les Allemands échangent quelques propos fleuris avant de se séparer, très mécontents. Leur contentieux s'épaissit donc un peu plus...
Lors de la seconde séance libre du samedi matin, Taki Inoue gare son Arrows-Hart, moteur calé, sur le bas-côté du virage de Mirabeau. Le néophyte japonais attend patiemment le drapeau à damiers pour être remorqué par un véhicule de secours. Le moment venu, il saute dans son baquet pour se laisser tracter, sans penser à se harnacher. Cet attelage arrive aux « S » de la Piscine lorsque soudain, déboule sur ses arrières la voiture de sécurité, une Renault Clio Maxi, pilotée à vive allure par le fameux rallyman Jean Ragnotti. Les commissaires ayant rangé leurs drapeaux, personne ne prévient Ragnotti ou Inoue du danger. Aussi, la collision est inévitable: à la sortie du premier « S », la Renault Clio heurte l'Arrows à l'arrière-gauche. La Formule 1 se retourne et atterrit sur son arceau, tandis que le pauvre Inoue est éjecté ! Par miracle, il ne se relève qu'avec quelques contusions ! Un examen au centre médical du circuit confirmera l'absence de fractures. Inoue pourra même disputer la course du lendemain. Mais voilà un incident qui aurait pu avoir des conséquences tragiques...
Le circuit urbain de Monte-Carlo réclame un appui maximal, et en toute logique les écuries braquent au maximum leurs ailerons arrière. Benetton pare même la B195 de points d'appui supplémentaires: deux mini-ailerons installés au-dessus des triangles de suspension, ainsi que des doubles « flaps » de 60 cm de hauteur. L'équipe d'Enstone offre aussi à Schumacher une coque neuve, dotée d'une suspension avant retouchée et d'une nouvelle installation de la direction assistée. Chez Williams, Patrick Head accélère le programme de fiabilisation de la boîte et du différentiel alors qu'Adrian Newey introduit un aileron avant modifié et une suspension avant possédant un point d'ancrage variable. Alan Jenkins apporte à l'Arrows un large flap dans l'axe des roues arrière pour résoudre les soucis de déportance. Les Ligier-Mugen-Honda reçoivent une grande quantité d'innovations, notamment au niveau des ailerons et du diffuseur. Beaucoup de nouveautés aussi chez Ferrari. D'abord, Alesi et Berger bénéficient d'un V12 plus puissant et plus souple éprouvé au Castellet. Ensuite, l'aileron arrière de la 412 T2 est adapté au circuit de Monte-Carlo, avec un profil incurvé et des cloisons verticales étirées à la limite des 30 cm réglementaires. Enfin la suspension arrière est revue au niveau du triangle inférieur.
Tyrrell introduit ici sa suspension arrière « Hydrolink », un système imaginé par Jean-Claude Migeot et composé deux vérins hydrauliques rassemblés de façon coaxiale au poussoir. La Minardi M195 est dotée d'un nouveau système de soufflage testé à Fiorano: les échappements débouchent directement sur le diffuseur. La Sauber C14 reçoit un aileron arrière à profil avancé inspiré de celui de Ferrari. L'extracteur central adopte pour sa part une forme courbe. Enfin, Pacific grée sa PR02 avec un petit aileron type McLaren pour cette course monégasque.
Essais et qualifications
La séance qualificative du jeudi après-midi est perturbée par une giboulée, mais les pilotes ont le temps de signer des chronos sur le sec. Sorti juste avant la pluie, Alesi s'empare de la pole provisoire (1'23''754'''). De bon augure pour la seconde session du samedi après-midi. Hélas, l'Avignonnais est alors coupé dans son élan par une panne hydraulique. Il se relancera un peu plus tard avec la voiture de Berger, mais ne pourra pas améliorer. Très déçu, il est relégué en cinquième position. Dès lors, la bataille pour la position de pointe se dispute entre Hill et Schumacher. C'est l'Anglais qui l'emporte (1'21''952''') aux dépens de l'Allemand (1'22''742''') qui s'élancera second, après avoir tâté le rail jeudi matin. Le jeune Coulthard progresse au fur et à mesure du week-end: onzième jeudi, il signe le surlendemain un excellent troisième temps. Berger (4ème) n'a pu se hisser au niveau des meilleurs, malgré une Ferrari puissante et stable. Jolie prestation d'Häkkinen, sixième avec la McLaren-Mercedes, à seulement un dixième d'Alesi. Son collègue Blundell réalise le dixième temps. Sur la seconde Benetton, Herbert (7ème) ne concède cette fois qu'une seconde à Schumacher.
Chez Ligier, Brundle (8ème) précède pour la seconde fois un Panis (12ème) un peu trop agressif avec ses gommes. Les Jordan-Peugeot manquent d'équilibre et rendent plus de trois secondes au poleman. Irvine (9ème) tape le rail au Bureau de Tabac samedi, mais devance une fois de plus Barrichello (11ème). Morbidelli (13ème) fait de son mieux avec l'Arrows-Hart. Inoue se qualifie bon dernier après sa mésaventure narrée plus haut. Mauvais week-end pour Sauber-Ford: Frentzen (14ème) et Boullion (19ème) s'offrent une sortie de route chacun. L'usine d'Hivill doit même envoyer en catastrophe un châssis pour l'Allemand. Les pilotes Tyrrell (Katayama 15ème, Salo 17ème) peinent à utiliser leur nouvelle suspension hydraulique et rencontrent des soucis de fiabilité. Les Minardi (Badoer 16ème, Martini 18ème) tirent leur épingle du jeu sur ce circuit où leur V8 Cosworth ED asthmatique ne les handicape pas trop. Surprise chez Simtek: pour la première fois, Schiattarella (20ème) précède Verstappen (23ème) qui tape les glissières samedi. Les Pacific (Gachot 21ème - malgré la perte d'une roue jeudi -, Montermini 25ème) côtoient les Forti (Diniz 22ème, Moreno 24ème) en queue de classement.
C'est dans l'indifférence la plus complète que se déroule samedi après-midi la traditionnelle épreuve de Formule 3, qui a perdu son prestige de jadis. Le vainqueur est l'Italien Gianantonio Pacchioni, mais les journalistes s'intéressent plutôt à son dauphin Ralf Schumacher, le frère cadet de Michael.
Le Grand Prix
Un chaud soleil inonde la Principauté de Monaco en ce dimanche de mai. Lors de l'échauffement du matin, les Ferrari d'Alesi et de Berger se placent en haut de la feuille des temps devant la Benetton de Schumacher et la McLaren d'Häkkinen. Le dénouement de la course reposera probablement en grande partie sur les stratégies d'arrêts-ravitaillements. Benetton opte pour un seul passage aux stands contre deux pour Williams. Ferrari choisit un « panachage » : deux arrêts pour Berger, un seul pour Alesi.
Départ: Hill s'élance bien, suivi par Schumacher. Alesi tente hardiment de s'infiltrer entre Coulthard et le rail interne. Il ne passe pas: les deux voitures se touchent, puis la Williams décolle sur la roue avant-gauche de la Ferrari et retombe sur le bitume à contre-sens. Berger, qui suivait Coulthard, harponne son équipier et effectue-lui aussi un bond. Les trois machines obstruent le premier virage et sèment la panique dans le peloton. Frentzen, Morbidelli et Katayama entrent en contact, tout comme Schiattarella et Verstappen un peu plus loin. Le drapeau rouge est logiquement brandi: il y aura un nouveau départ.
Par chance, Ferrari dispose de deux mulets pour cette course, ce qui permet à Alesi et Berger de prendre tous deux le second départ. Coulthard grimpe lui aussi dans sa « T-Car », réglée à la hâte. Les autres pilotes impliqués dans le carambolage ont le temps de réparer ou de grimper dans le véhicule de réserve. Seul Schiattarella ne prendra pas le second départ, Simtek ne disposant pas de mulet. La course reprend ses droits après vingt-cinq minutes d'interruption et un second tour de chauffe. Salo prend le départ depuis la pit-lane
Deuxième départ: Hill conserve l'avantage devant Schumacher et Coulthard. Viennent ensuite les deux Ferrari et Herbert. Verstappen ne parcourt que cent mètres avant de s'arrêter, transmission cassée.
1er tour: Hill mène devant Schumacher, Coulthard, Alesi, Berger, Herbert, Häkkinen, Irvine, Brundle et Barrichello.
2e: Hill et Schumacher s'échappent en tête et se tiennent en moins d'une seconde.
3e: Le duo Hill - Schumacher relègue le quintet Coulthard - Alesi - Berger - Herbert - Häkkinen à trois secondes et demie.
5e: Hill mène devant Schumacher (0.6s.), Coulthard (5.7s.), Alesi (6.5s.), Berger (7.2s.), Herbert (8.1s.), Häkkinen (9.1s.), Irvine (12.6s.), Brundle (14s.), Barrichello (15.6s.), Blundell (18s.) et Panis (19s.).
6e: Schumacher demeure dans le sillage immédiat de Hill. Morbidelli subit une crevaison après s'être frotté à Boullion au départ. Il regagne le stand Arrows pour changer d'enveloppes.
8e: Hill prend une seconde et demie d'avance sur Schumacher. Coulthard, Alesi et Berger composent le groupe de chasse, à huit secondes du leader. Häkkinen met la pression sur Herbert.
9e: Häkkinen perd toute la puissance de son moteur Mercedes. Il se gare à Sainte-Dévote et met pied à terre.
10e: Hill devance Schumacher (1.8s.), Coulthard (9.5s.), Alesi (10.3s.), Berger (11.5s.), Herbert (16.4s.), Irvine (22.1s.), Brundle (23.6s.), Barrichello (27.4s.) et Blundell (29.1s.). Moreno se retire suite à une panne de freins.
12e: Schumacher laisse Hill prendre un peu de champ pour ne pas surchauffer son moteur et ses pneus. Six pilotes ont volé le départ et écopent d'un « stop-and-go » de dix secondes. Il s'agit de Brundle, Frentzen, Barrichello, Panis, Morbidelli et Montermini.
13e: Alesi est aux trousses d'un Coulthard peu à l'aise au volant du mulet Williams. Brundle et Frentzen rejoignent le bout de la pit-lane pour subir leurs pénalités.
14e: Les leaders ont doublé les premiers attardés, Diniz et Inoue. Barrichello et Panis observent leur punition.
15e: Deux secondes séparent Hill et Schumacher. Alesi trépigne toujours derrière Coulthard.
17e: Schumacher perd un peu de temps en doublant les Pacific de Gachot et Montermini. Coulthard regagne son garage car la sélection électronique de sa boîte de vitesses est déréglée. C'est fini pour le jeune Britannique.
18e: Morbidelli et Montermini sont aux stands pour leurs « stop-and-go ».
19e: Hill est quelque peu gêné par Salo, puis par Morbidelli. Schumacher recolle à la Williams.
20e: Hill précède Schumacher (1.2s.), Alesi (10s.), Berger (13s.), Herbert (28.4s.), Irvine (40.3s.), Blundell (41s.), Badoer (1m. 05s.), Katayama (1m. 07s.) et Martini (1m. 15s.). Brundle opère un arrêt-ravitaillement et se retrouve quatorzième.
22e: Barrichello observe son premier pit-stop, imité par Montermini.
23e: Hill bute sur les attardés Diniz, Brundle et Frentzen. Schumacher en profite pour réduire son retard à néant. Ravitaillement de Blundell.
24e: Hill entre aux stands pour effectuer son premier pit-stop (8.5s.) et reprend la piste derrière les Ferrari. Montermini reçoit le drapeau noir pour ne pas avoir effectué sa pénalité dans les trois tours réglementaires. Premier arrêt pour Badoer. Irvine abandonne après avoir endommagé une jante lors d'une touchette.
25e: Schumacher a désormais piste libre pour creuser l'écart. Il n'a en effet planifié qu'un seul arrêt. Berger ravitaille pour la première fois (6.7s.). Montermini obéit aux commissaires sportifs et regagne son garage.
26e: Schumacher précède Alesi de dix secondes, Hill de vingt-huit secondes. Ravitaillements pour Martini, Gachot et Diniz.
27e: Brièvement sixième, Katayama part en tête-à-queue dans la descente vers Mirabeau. Il se retrouve à contre-sens, heureusement hors trajectoire. Le Japonais quitte son habitacle et les drapeaux jaunes sont agités pour que les commissaires ôtent la Tyrrell de la piste.
28e: Schumacher mène devant Alesi (11.8s.), Hill (33.1s.), Herbert (41s.), Berger (41.5s.), Blundell (1m. 26s.), Frentzen (-1t.), Brundle (-1t.), Badoer (-1t.) et Boullion (-1t.).
30e: Schumacher prend un tour à Blundell. Le pilote Benetton creuse l'écart sur Hill grâce à sa voiture légère en essence. Inoue abandonne avec une boîte bloquée.
31e: Schumacher est bouchonné sur quelques virages par Diniz. Alesi lui reprend ainsi quelques dixièmes.
32e: Alesi est revenu à sept secondes de Schumacher. En revanche, l'Allemand devance encore Hill de trente-deux secondes. Il pourra donc ravitailler et repartir devant son rival. Plus loin, Berger pourchasse Herbert.
33e: Schumacher réalise son meilleur chrono de la journée: 1'24''773'''. Morbidelli effectue un ravitaillement.
35e: Schumacher arrive au stand Benetton pour son unique pit-stop (10.2s.) et reprend la piste plus de dix secondes devant Hill. Alesi s'empare provisoirement du leadership. Frentzen observe un ravitaillement.
36e: Alesi boucle le meilleur tour de la course (1'24''621'''), puis rejoint les stands pour ravitailler. Arrêt aussi pour Boullion.
37e: Schumacher retrouve la première place. Alesi effectue son arrêt en onze secondes et retrouve le circuit en seconde position. Hill est donc le dindon de l'après-midi.
38e: Schumacher est leader devant Alesi (10.7s.), Hill (13s.), Herbert (36.8s.), Berger (37.5s.), Blundell (1m. 20s.), Brundle (-1t.), Badoer (-1t.), Frentzen (-1t.) et Martini (-1t.).
39e: Herbert est chez Benetton pour prendre de l'essence et des pneus frais. Il tombe au cinquième rang.
41e: Schumacher devance Alesi de quatorze secondes. Hill prend en chasse l'Avignonnais. Ravitaillement de Salo.
42e: Alesi sort du tunnel derrière l'attardé Brundle. Celui-ci perd soudain le contrôle de la Ligier à l'entame du virage du Bureau de Tabac. Alors que l'Anglais se retrouve à contre-sens, Alesi n'a pas d'autre choix que de faire un écart pour l'éviter et s'écrase contre le rail de sécurité. Si Brundle parvient à se ranger dans une échappatoire, Alesi reste un temps dans son habitacle, fou de rage contre son vieil adversaire. Les commissaires agitent les drapeaux jaunes le temps d'évacuer la Ferrari et la Ligier.
43e: Schumacher compte maintenant une quinzaine de secondes de marge sur Hill. Les commissaires monégasques retirent en un éclair les bolides accidentés de Brundle et Alesi.
45e: Schumacher domine devant Hill (15.5s.), Berger (45.8s.), Herbert (1m. 18s.), Blundell (-1t.), Badoer (-1t.), Frentzen (-1t.), Martini (-1t.), Barrichello (-1t.) et Panis (-1t.). Ce dernier observe un pit-stop à l'issue de cette boucle. Gachot renonce suite à une énième panne de boîte sur la Pacific.
47e: Badoer est un surprenant sixième, mais il est poursuivi par Frentzen. Barrichello effectue son deuxième ravitaillement.
49e: Hill remonte quelque peu sur Schumacher, mais doit passer aux stands une autre fois... Berger subit son deuxième arrêt-ravitaillement (7s.) et retrouve la piste devant Herbert.
50e: Blundell stoppe chez McLaren pour un second pit-stop (8s.). Badoer passe aussi aux stands et cède ainsi la sixième place à Frentzen. Panis manque son freinage à la sortie du tunnel et doit couper la chicane du port.
51e: Hill pénètre au stand Williams afin de prendre du carburant et des gommes neuves (7s.). Il demeure deuxième.
54e: Schumacher devance Hill de trente-sept secondes mais il rencontre du trafic. Martini et Diniz passent pour la seconde fois aux stands.
55e: Schumacher devance Hill (32.2s.), Berger (1m. 01s.), Herbert (-1t.), Blundell (-1t.), Frentzen (-1t.), Badoer (-2t.), Panis (-2t.), Barrichello (-2t.) et Martini (-2t.).
57e: Schumacher attaque toujours se prémunir de tout retour de Hill. L'intervalle se chiffre à trente-quatre secondes.
60e: Tout va bien pour Schumacher qui précède Hill de trente-six secondes et accroît son avantage à chaque passage. Hill a baissé les bras.
62e: L'accélérateur de Barrichello reste ouvert par moments. Le Pauliste préfère renoncer avant d'avoir un accident.
63e: Schumacher précède Hill (40s.), Berger (1m. 07s.), Herbert (-1t.), Blundell (-1t.), Frentzen (-1t.), Badoer (-2t.) et Panis (-2t.).
64e: Berger est longtemps bloqué par Blundell qui s'écarte finalement à l'épingle du Loews.
65e: Hill est bouchonné par Panis sur plusieurs virages. Salo se retire de la course avec un moteur muet. Il était onzième.
66e: Quarante-deux secondes séparent maintenant Schumacher et Hill. Berger évolue à plus d'une minute dix. Panis prend Badoer en chasse et guigne la septième place.
68e: À trop attaquer, Panis finit par heurter le rail dans le droit du Casino. Le Français s'extrait aussitôt de sa Ligier, évacuée ensuite par les commissaires.
70e: L'écart entre Schumacher et Hill se fixe à quarante-deux secondes.
71e: Badoer a frotté un rail quelques tours plus tôt. Sa suspension avant-gauche s'effondre dans la descente vers Mirabeau. Le jeune Italien garde le contrôle de sa Minardi et se gare dans l'échappatoire. Il occupait une belle septième place.
72e: Schumacher est en mesure de prendre un tour à Berger, mais il réduit son allure pour ces derniers tours.
74e: À quatre tours du but, Schumacher est premier devant Hill (42.6s.), Berger (1m. 19s.), Herbert (-1t.), Blundell (-1t.), Frentzen (-2t.), Martini (-2t.), Boullion (-3t.), Morbidelli (-4t.) et Diniz (-6t.).
76e: Deux tours avant l'arrivée, Schumacher précède Hill de quarante secondes.
78ème et dernier tour: Boullion se défend face à un Morbidelli pressant (quoique relégué à un tour). Le débutant français se met en tête-à-queue à la Rascasse et cale son moteur. Il ne pourra pas recevoir le drapeau à damiers, mais sera classé huitième.
Michael Schumacher remporte le GP de Monaco pour la seconde année consécutive. Hill se classe second. Berger, troisième, monte sur son quatrième podium en cinq courses. Herbert prend la quatrième position. Blundell, cinquième, ramène deux points à McLaren-Mercedes. Frentzen, sixième, grappille un point supplémentaire. Martini, Morbidelli et Diniz sont les seuls autres pilotes à couper la ligne d'arrivée.
Après la course
Une fois de plus, la stratégie s'est avérée déterminante pour l'issue du Grand Prix. Et, une fois de plus, Ross Brawn, le stratège de Benetton, s'est montré le plus malin. En début de course, la Williams de Hill et la Benetton de Schumacher faisaient jeu égal, bien que la seconde avait plus d'essence que la première. La décision s'est donc faite dans les stands. Aux dépens de Williams et de Hill qui ont choisi d'effectuer deux ravitaillements contre un seul pour Benetton et Schumacher. Une erreur rédhibitoire, car ici à Monte-Carlo l'entrée des stands est très lente, l'allée exiguë et le trafic y est souvent dense. La perte de temps est donc importante et ne peut guère être compensée par un rythme échevelé lors des différents relais. Toutefois, Hill souligne que, même avec un seul arrêt, il n'aurait probablement pas pu l'emporter, car sa FW17 n'était pas aussi performante que lors des qualifications: « Hier, ma voiture était superbe, je ne l'ai malheureusement pas retrouvée ainsi en course », soupire l'Anglais. « Impossible d'expliquer ce renversement. Mais je suis dans le sillage de Michael au championnat. Rien n'est perdu. » Certes, mais l'écart se creuse, puisque l'Anglais concède maintenant cinq points à Schumacher. En outre, au classement des constructeurs, Benetton-Renault (36 points) passe devant Williams-Renault (32 pts) et Ferrari (31 pts).
Michael Schumacher a certes bénéficié d'une tactique astucieuse, mais il a aussi une fois de plus fait étalage de sa grande classe en adaptant toujours son rythme à la situation et en évitant tous les nombreux pièges du circuit monégasque. D'où cette seconde victoire sur le Rocher qui le comble d'aise. « Je crois que je vais prendre goût à ces victoires à Monaco ! » exulte-t-il. Le soir, Schumacher est l'invité d'honneur du gala du Sporting Club d'Été. Convié à la table du prince Albert, il est sur le point de somnoler lorsque les organisateurs lancent la projection d'un film documentaire commenté par Bernard Spindler relatant son exploit dominical. Le « Schumi » du soir sort de sa torpeur pour observer le Schumi triomphal de l'après-midi...
Après dix-sept tentatives infructueuses, Renault a enfin réussi à triompher à Monaco ! Cela vaut un bain dans le port à Bernard Dudot, prestement saisi par des mécaniciens facétieux. L'ingénieur français regagne le quai grâce à l'échelle de coupée d'un yacht, puis se venge sur Vincent Gaillardot, l'ingénieur motoriste de Schumacher, qui goûte à son tour l'eau tiède de la Méditerranée. Qui a dit qu'on ne rigolait plus en Formule 1 ?
Pour la énième fois, un incident a opposé Jean Alesi à Martin Brundle, et cette fois les deux ennemis ont fini dans le décor. Furibard, le Français agonit d'injures l'Anglais qu'il accuse de s'être mis délibérément en travers de sa route. Cesare Fiorio, le directeur sportif de Ligier, a beau absoudre son pilote de toute arrière-pensée, la vindicte d'Alesi n'est pas apaisée: « Depuis mes débuts en F1, depuis 1990 (sic), il s'est toujours mal comporté avec moi, pour des raisons que j'ignore ! » Jean Todt prend un ton à la fois sévère et paternel pour consoler son pilote: « Tu as une voiture pour gagner, et ce sera encore mieux à Montréal. Alors, tu vas prendre une bonne nuit de repos, et demain au réveil, on prépare le Canada ! » Le message sera entendu.
Tony