Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Williams Honda
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Honda
Alain PROST
 A.PROST
McLaren TAG Porsche

442e Grand Prix

LXXIII Grand Prix de France
Ensoleillé
Le Castellet
dimanche 5 juillet 1987
80 tours x 3.813 km - 305.040 km
Affiche
F1
Coupe

Le saviez-vous ?

Pilote
Constructeur
Moteur

Le « bunker » provençal

Afin de satisfaire aux exigences de la FISA et de la FOCA, Patrick Ricard et Philippe Gurdjian entament à l'hiver 1986-87 une nouvelle campagne de travaux sur le circuit du Castellet. Leurs maîtres-mots sont: bétonner et sécuriser. De nouveaux parkings sortent de terre tandis que toute la zone périphérique du Paul-Ricard est déclarée « zone dangereuse ». Gare à celui qui s'y aventure sans autorisation ! En revanche, les villages de toile réservés aux V.I.P. pullulent. De quoi faire enrager les journalistes et les photographes, refoulés manu militari par des « gorilles ». Gurdjian explique que cette « modernisation » est nécessaire pour rentabiliser un Grand Prix dont le budget est chiffré à 20 millions de francs. Or la moitié de cette somme doit revenir à la FOCA... Par ailleurs, Paddy McNally s'occupe de la répartition des panneaux publicitaires, une autre rentrée d'argent que Gurdjian doit abandonner à l'association des constructeurs.

 

Bref, Le Castellet doit bénéficier d'infrastructures irréprochables pour attirer un maximum de spectateurs... et conserver sa place au calendrier.

 

La complainte de Ligier

Guy Ligier reçoit dans le Var des hôtes de marque comme le ministre des Transports Jacques Douffiagues ou Jean-Pierre Teyssier, le patron de France Loto, principal sponsor de son écurie. Pour changer, Ligier se plaint de ses problèmes de trésorerie et affirme que chaque moteur Megatron lui coûte 300 000 francs. C'est trop, beaucoup trop pour le Vichyssois qui clame son intention de revenir à un moteur atmosphérique dès 1988. Il rêve encore de conclure un partenariat avec un géant français comme Renault ou Peugeot...

 

Pendant ce temps-là, Michel Tétu met la dernière main à sa Ligier JS29 version C. Les modifications comprennent des radiateurs plus petits, une carrosserie plus légère, des pontons raccourcis, une prise d'air turbo ouvrant sur le dessus et non plus sur le flanc du moteur, un capot-moteur abaissé et un extracteur arrière nettement plus angulé. La voiture bleue a ainsi perdu 25 kg sur la balance.

 

Frank Williams, le courage et la passion

Pour la première fois depuis son accident de mars 1986, Frank Williams revient au Paul-Ricard. Un instant chargé d'émotion pour cet homme qui a perdu l'usage de ses jambes à quelques kilomètres d'ici. D'aspect toujours frêle, Williams souffre de la chaleur et ne se déplace jamais sans une bouteille de liquide vitaminé. Mais la passion est plus forte que tout, et il ne manque pas une seule séance d'essais.

 

En outre, il se préoccupe de la rivalité entre ses pilotes. Honda n'apprécie pas la guerre stérile à laquelle se livrent Nigel Mansell et Nelson Piquet, et ne tolérera pas un nouvel échec au championnat des conducteurs. Dans le Var, Williams a plusieurs entretiens confidentiels avec les deux hommes. Il fait appel à leur sens des responsabilités. En pure perte. Mansell, plus « tête de bois » que jamais, a besoin de gagner à tout prix après un médiocre début de saison. Quant à Piquet, il ignore ce que le mot « compromis » veut dire. Ces deux-là ne se réconcilieront pas.

 

Présentation de l'épreuve

Les remous suscités par l'interview donnée par John Barnard au Sunday Times au mois de juin persistent. L'affaire a même été évoquée par Gianni Agnelli devant le conseil d'administration de Fiat. « Si le salut de Ferrari passe par un bon ingénieur anglais, assumons-le, dit l'Avvocato. Ce qui m'importe, c'est de vaincre. » Aux journalistes italiens qui lui demandent son avis sur cette déclaration, John Barnard rétorque: « Je ne connais pas M. Agnelli. Je ne parle qu'avec M. Ferrari. » Sur le terrain, la direction technique est assumée par Harvey Postlethwaite. Barnard reste à Guilford pour concevoir la monoplace de 1988. Par ailleurs, Michele Alboreto a finalement accepté de prolonger d'une saison son contrat avec la Scuderia. Voilà qui met un terme aux spéculations qui envoyaient Alain Prost à Maranello. Mais selon Marco Piccinini, l'engagement du Français fut bien près de se concrétiser...

 

Alain Prost aimerait beaucoup remporter sa vingt-huitième victoire en carrière au Paul-Ricard et ainsi battre de record de Jackie Stewart à domicile. Mais il sait que ce sera difficile car le moteur TAG-Porsche rend près de cent chevaux au V6 Honda sur un tracé rapide. Les magnums de champagne que Mansour Ojjeh traîne depuis Monaco en prévision de cet exploit commencent à s'éventer...

 

La garde au sol de la McLaren MP4/3 a été raccourcie de 15mm. Elle utilise aussi dorénavant des amortisseurs Bilstein. Selon Hans Mezger, le V6 Porsche a fait l'objet de retouches pour accroître sa puissance et réduire sa consommation. Chez Williams, les prises d'air type « schnorkel » font leur retour du fait de la forte chaleur. Le moteur Ferrari a reçu d'importantes modifications pour les circuits rapides, mais la firme de Maranello reste muette quant à leur nature... La Lola de Philippe Alliot affiche désormais 511 kg sur la balance grâce à une carrosserie allégée. Tyrrell apporte aussi une nouvelle carrosserie en forme de « delta » devant les pontons, uniquement utilisée par Philippe Streiff. La March reçoit un nouvel aileron arrière. L'AGS arbore un nouveau capot-moteur mais Christian Vanderpleyn planche désormais sur la voiture de 1988. Enfin, Minardi utilise pour la première fois des freins en carbone, seulement présents sur la voiture d'Alessandro Nannini.

 

En raison du caractère particulièrement abrasif de cette piste, Goodyear alloue aux écuries un train de pneus supplémentaire. En outre, le manufacturier d'Akron apporte un pneu arrière d'un profil plus arrondi afin de réduire les efforts sur l'épaulement, très sollicité dans la longue ligne droite du Mistral.

 

Les nouvelles ambitions d'Ayrton Senna

Gérard Ducarouge a derechef retouché la configuration aérodynamique de la Lotus, testée à l'occasion d'essais privés à Silverstone. La 99T arbore notamment un tout nouvel aileron arrière. L'objectif est de permettre aux voitures jaunes de concurrencer les Williams dotées du même moteur Honda. Ayrton Senna reconnaît que la mise au point de la suspension active a entravé le développement de l'ensemble de la monoplace: « Notre système hydraulique ne nous pose aujourd'hui plus aucun problème, déclare le Brésilien. Par contre, si nous voulons progresser et faire face à la concurrence, le domaine aérodynamique doit être entièrement revu. A Silverstone, lors de mes premiers essais, j'étais 20 km/h moins vite que les Williams et la consommation était énorme. De retour là-bas, en début de semaine dernière, nous avons été les plus rapides, en pointe comme en accélération. La consommation était revenue à un niveau normal. » Senna aborde donc les Grands Prix de l'été avec optimisme. Il espère bien vaincre les Williams et convoite ouvertement le titre mondial.

 

Toutefois, il apparaît que justement la Lotus ressemble de plus en plus à la Williams FW11B... Nelson Piquet ne laisse pas passer l'occasion de lancer une nouvelle polémique. « Nous avons été copiés ! » clame-t-il à qui veut l'entendre. Senna hausse les épaules et refuse de répondre à son compatriote. « Il n'y a pas de mystère. J'ai revu l'aérodynamisme de la Lotus. Tant pis si nous en effrayons certains... » lâche Ducarouge.

 

Les qualifications

Les essais se déroulent sous une très forte chaleur. Le bitume devient très glissant le samedi, ce qui empêche beaucoup de pilotes d'améliorer leurs temps du vendredi. C'est le cas de Mansell qui n'en décroche pas moins sa cinquième pole position en six courses. Son chrono (1'06''454''') est plus rapide que la pole réalisée par Senna en 1986. Prost démontre que le V6 TAG-Porsche en a encore dans le ventre en décrochant la seconde place. Troisième, Senna est mécontent de la tenue de route de sa voiture. De plus, une panne de moteur l'a coupé dans son élan samedi. Son collègue Nakajima est seizième après avoir rencontré de sérieux problèmes techniques. Piquet se contente de la quatrième place avec la seconde Williams

 

Les Benetton-Ford (Boutsen 5ème, Fabi 7ème) sont rapides mais confrontées à une myriade d'avaries mécaniques. Les pilotes Ferrari (Alboreto 6ème, Berger 8ème) se plaignent de sous-virage et d'un manque permanent de traction. Bien moins à l'aise que son chef de file, Johansson (9ème) a pour excuse d'avoir été percuté par Campos vendredi. Les Arrows (Warwick 10ème, Cheever 14ème) rencontrent des problèmes de moteur. Du côté de Brabham, de Cesaris (11ème) est sorti de la route à Signes suite à une crevaison, mais devance pour la première fois Patrese (12ème). Les nouvelles Ligier (Arnoux 13ème, Ghinzani 17ème) font plutôt bonne figure. Nannini hisse sa Minardi au quinzième rang, toujours très loin devant Campos (21ème). Les Zakspeed (Brundle 18ème, Danner 19ème) ne brillent pas à cause de la température excessive des gaz à l'admission. Caffi (20ème) s'est fait peur vendredi matin lorsqu'une rupture de suspension arrière a envoyé son Osella dans le décor à haute vitesse, sans mal heureusement.

 

En « seconde division », Capelli (22ème) place sa March devant la Lola d'Alliot et les Tyrrell de Palmer et de Streiff. Fabre ferme la marche avec son AGS.

 

Jackie Stewart s'est posté au virage de Signes pour étudier les techniques de pilotage du « carré d'as ». Ses impressions sur le vif sont très pertinentes: « Mansell fonce et passe. Piquet entre à pleine vitesse et lève un peu le pied. Prost pilote tout en finesse et en souplesse. Senna, étonnant, affronte Signes en progression et s'en tire bien. »

 

Le Grand Prix

Il fait très chaud dans le Var en ce dimanche de juillet. La température avoisine les 40°C. Mansell réalise le meilleur chrono lors du warm-up. Le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua est l'invité d'honneur de ce Grand Prix. Flanqué de son conseiller Jean-Michel Schoeler, un ami de René Arnoux, il se fait présenter les pilotes français. Il souhaite un bon anniversaire à Arnoux, qui fête ses 39 ans, tout en lui signifiant qu'il ne peut pas lui rendre son permis de conduire. « Néné » a en effet commis quelques excès de vitesse répréhensibles ces dernières semaines...

 

Le Grand Prix de Formule 3 est remporté par Jean Alesi, sur une Dallara-Alfa Romeo de l'écurie Oreca, devant deux Ralt pilotées par Éric Bernard et Érik Comas.

 

Lors du tour d'installation, Prost décèle grâce à son ordinateur une légère disparité entre les deux bancs de cylindres de son V6, mais choisit de conserver sa voiture. Ghinzani et Brundle s'élancent avec leurs mulets.

 

Départ: Mansell réalise un excellent envol et franchit le premier virage devant Prost, Piquet, Senna et Boutsen. Alboreto anticipe le départ à cause d'un embrayage collé. Au contraire, son équipier Berger, mal garé à son emplacement, démarre avec beaucoup de peine. Au freinage de la bretelle, de Cesaris coupe la trajectoire à Johansson et arrache le volet gauche de l'aileron de la McLaren.

 

1er tour: Piquet dépasse Prost dans la ligne droite du Mistral. Mansell précède Piquet, Prost, Senna, Boutsen, Fabi, de Cesaris, Patrese, Alboreto et Arnoux. Berger est seizième. Cheever gare son Arrows... après avoir accidentellement coupé l'interrupteur d'allumage ! Johansson passe par les stands pour faire remplacer son museau.

 

2e: Les Williams occupent sereinement le commandement. Senna est sous la menace de Boutsen. Caffi s'arrête chez Osella pour faire réparer sa boîte de vitesses.

 

3e: Mansell et Piquet s'échappent en tête, une seconde et demie devant Prost. De Cesaris s'arrête dans les graviers avec un moteur en feu. Les commissaires interviennent pour éteindre l'incendie.

 

4e: Berger rattrape le temps perdu en début de course et occupe maintenant le treizième rang.

 

5e: Mansell précède Piquet (1.1s.), Prost (2.8s.), Senna (4s.), Boutsen (5.1s.), Fabi (7.3s.), Patrese (11s.) et Alboreto (14s.).

 

7e: Mansell a deux secondes de marge sur Piquet. Victime d'une crevaison, Nakajima tire tout droit avant les S de l'École. Il retrouve péniblement la piste puis regagne les stands cahin-caha.

 

8e: Senna résiste à Boutsen. Fabi utilise moins de pression de suralimentation que son équipier et roule isolé en sixième position. Nakajima arrive chez Lotus pour chausser des pneus neufs et réparer sa calandre.

 

10e: Mansell, Piquet et Prost doublent les premiers retardataires.

 

11e: Mansell est premier devant Piquet (2s.), Prost (4s.), Senna (9s.), Boutsen (10s.), Fabi (14s.), Patrese (25s.), Alboreto (26s.), Arnoux (28s.), Warwick (29s.), Nannini (33s.) et Berger (34s.).

 

12e: Johansson perd cette fois le volet droit de son aileron. Cette pièce vient se loger sous l'aile avant-gauche de la Williams de Mansell. Berger dépasse Nannini.

 

13e: La Williams de Mansell est affectée par du sous-virage à cause de la pièce coincée sous la calandre. L'Anglais doit diminuer son rythme pour ménager ses pneus. Johansson s'arrête pour la seconde fois aux stands afin de changer son aileron avant.

 

14e: Patrese est en difficulté et se fait doubler par Alboreto et par Arnoux.

 

15e: Piquet se rapproche nettement de Mansell et se place dans son sillage à la faveur du trafic.

 

16e: Piquet tente de faire l'extérieur à Mansell avant le premier freinage, sans succès. Prost est revenu derrière les Williams. Berger dépasse Warwick. Patrese stoppe chez Brabham pour faire examiner sa machine. Caffi renonce suite à une panne de boîte de vitesses.

 

17e: Piquet est gêné par Capelli dont il se débarrasse devant les stands. Alboreto reçoit une pénalité d'une minute pour avoir volé le départ.

 

19e: Piquet bloque ses freins et exécute un demi-tête-à-queue au premier virage. Il parvient à contrôler son embardée mais Prost en profite pour lui chiper la seconde place. Brundle s'arrête chez Zakspeed pour changer ses pneus. Second arrêt pour Patrese.

 

20e: Mansell est leader devant Prost (0.9s.), Piquet (2s.), Senna (9.6s.), Boutsen (11.3s.), Fabi (18s.), Alboreto (34s.), Berger (42s.), Arnoux (43s.), Warwick (43.5s.) et Nannini (47s.). A peine sorti des stands, Brundle perd sa roue arrière-droite ! Il s'immobilise au niveau de la bretelle de raccordement, et peut s'estimer heureux que cet incident ne se soit pas produit plus loin...

 

22e: Grâce à son excellente tenue de route, la McLaren de Prost garde le contact avec la Williams de Mansell. Warwick double Arnoux. Patrese renonce suite à une panne de différentiel.

 

23e: Nakajima s'arrête pour la seconde fois chez Lotus pour changer son capot avant et ses pneus.

 

24e: Mansell, Prost et Piquet se tiennent en trois secondes. A quinze secondes, Senna contient toujours Boutsen.

 

25e: Nannini conclut son beau week-end par un nouvel abandon, moteur cassé.

 

26e: Mansell devance Prost (0.6s.), Piquet (2.4s.), Senna (14.6s.), Boutsen (18.3s.) et Fabi (28s.). Ghinzani casse son moteur suite à une détonation dans les chambres à combustion.

 

28e: Prost continue de menacer Mansell malgré un moteur de moins en moins efficace. L'incident détecté lors du warm-up n'est pas résolu. Troisième arrêt de Nakajima, cette fois pour remplacer son écope de freins avant-droite.

 

29e: Alboreto s'arrête chez Ferrari pour chausser un train de pneus neufs et ressort en dixième position. Danner s'arrête dans les graviers avec un moteur surchauffé.

 

30e: Mansell précède Prost (0.7s.), Piquet (3s.), Senna (19s.), Boutsen (21s.), Fabi (31s.), Berger (32s.), Warwick (1m. 02s.), Arnoux (1m. 07s.) et Alboreto (-1t.). Capelli mène la course des moteurs atmosphériques.

 

31e: Piquet entre aux stands à la fin de ce tour et chausse des gommes neuves en neuf secondes. Il chute au cinquième rang.

 

32e: Boutsen s'arrête dans les graviers, moteur muet. Le dispositif d'entraînement de distributeur n'est plus alimenté sur la Benetton.

 

33e: Senna stoppe chez Lotus pour changer de pneus (11s.). Il en profite pour se plaindre à Gérard Ducarouge du comportement de sa voiture. Il repart derrière Fabi.

 

34e: Piquet est désormais le plus rapide sur la piste. Une demi-seconde sépare Mansell et Prost. Warwick et Johansson changent leurs Goodyear. Arnoux renonce à cause d'un échappement fêlé.

 

35e: Changement de pneus pour Prost (7s.). Le Français reprend la piste juste derrière Piquet. En fin de parcours, c'est Mansell qui se présente aux stands.

 

36e: Mansell chausse ses nouvelles enveloppes (8.9s.), fait retirer le débris coincé sous son aileron... et redémarre loin derrière Piquet et Prost ! L'Anglais a fait une très mauvaise affaire en s'arrêtant tardivement.

 

37e: Piquet est premier avec trois secondes d'avance sur Prost. Furieux de s'être fait ainsi posséder, Mansell revient comme une fusée sur le Brésilien et le Français. Il abaisse le meilleur chrono de l'épreuve: 1'11''212'''. Fabi s'arrête chez Benetton et ressort derrière les Ferrari.

 

39e: Mansell déborde Prost en passant devant les stands et se lance à la poursuite de son coéquipier. Berger stoppe chez Ferrari pour changer ses pneus et repart entre Alboreto et Fabi.

 

40e: Berger prend la cinquième place à Alboreto

 

41e: Piquet est en tête devant Mansell (3s.), Prost (5s.), Senna (34s.), Berger (1m. 04s.), Alboreto (1m. 05s.), Fabi (-1t.), Warwick (-1t.), Capelli (-2t.) et Streiff (-2t.).

 

42e: Mansell est revenu à une seconde et demie de Piquet.

 

43e: Dans la courbe de Beausset, Piquet arrive sur Alboreto qui s'écarte sportivement vers l'extérieur. Heureusement, l'Italien scrute ses rétroviseurs car Mansell déboule dans le virage à toute allure, garde la corde et s'inscrit dans le sillage de Piquet !

 

45e: Piquet et Mansell sont désormais roues dans roues. Prost ne peut plus les suivre car son moteur perd de la puissance, et leur concède cinq secondes. Palmer prend la dixième place à Streiff.

 

46e: Piquet aborde trop rapidement le double droit de Beausset. Sa Williams sous-vire et se déporte vers l'extérieur. Elle ouvre ainsi la porte à Mansell qui déborde son équipier par l'intérieur. Piquet tente de lui résister, se place à sa hauteur le temps d'une seconde, avant de lever le pied et de céder le commandement. Le Carioca a commis une grossière erreur de jugement...

 

47e: Piquet demeure dans le sillage de Mansell, bien décidé à lui rendre la monnaie de sa pièce.

 

49e: Piquet ne parvient pas à recoller à Mansell. Prost abandonne la poursuite des Williams pour ménager son moteur. Johansson grimpe dans la hiérarchie. Il « avale » coup sur coup les Tyrrell de Palmer et de Streiff.

 

50e: Mansell mène la course devant Piquet (1s.), Prost (10s.), Senna (46s.), Berger (-1t.), Alboreto (-1t.), Fabi (-1t.), Warwick (-1t.), Capelli (-2t.) et Johansson (-2t.).

 

51e: Piquet se rapproche à moins d'une seconde de Mansell. Senna se plaint d'une surchauffe de ses pneus arrière. Le pauvre Brésilien craint de concéder un tour aux Williams d'ici l'arrivée... Johansson dépasse Capelli.

 

53e: Piquet n'est qu'à sept dixièmes de Mansell. Prost rend dorénavant douze secondes au leader.

 

55e: Le moteur DFZ de Capelli explose alors que l'Italien menait aisément en « seconde division ». C'est désormais Palmer qui domine les débats dans cette catégorie. Campos renonce, turbo cassé.

 

56e: Piquet est très proche de Mansell et tente plusieurs fois de prendre l'aspiration dans la ligne droite du Mistral, sans succès.

 

58e: Les spectateurs sont debout dans les tribunes. Mansell et Piquet sont collés l'un à l'autre. Frank Williams et Patrick Head ne leur donnent aucune consigne.

 

59e: Piquet tente de faire l'extérieur à Mansell dans la longue pleine charge mais l'Anglais lui coupe la trajectoire.

 

60e: Mansell précède Piquet (0.4s.), Prost (16s.), Senna (52s.), Berger (-1t.), Alboreto (-1t.), Fabi (-1t.), Warwick (-1t.), Johansson (-3t.) et Palmer (-3t.). Alliot abandonne après avoir cassé un cardan sur sa Lola LC.

 

62e: Une seconde sépare désormais les deux Williams.

 

63e: Piquet perd du terrain. Il tente alors un pari en regagnant les stands pour terminer la course avec un train de pneus tendres frais. Malheureusement, il cale au redémarrage, et ne se relance qu'après quinze secondes d'immobilisation, derrière Prost.

 

64e: Warwick met pied à terre à cause d'une wastegate défectueuse. C'est son sixième abandon en six courses.

 

65e: Mansell domine devant Prost (23.2s.), Piquet (29.4s.), Senna (1m.), Berger (-1t.) et Fabi (-1t.). Le moteur d'Alboreto part en fumée. Streiff dépasse Palmer et prend la tête en « D2 ».

 

66e: Piquet améliore à chaque passage le record du tour et remonte facilement sur Prost. Il le dépasse dans le double droit de Beausset sans que le Français n'ait opposé la moindre résistance.

 

68e: Piquet concède vingt secondes à Mansell et n'a plus que douze tours pour le rattraper. L'Anglais a perdu le pommeau de son levier de vitesses et s'écorche la main droite à chaque changement de rapport.

 

69e: Piquet fixe le meilleur tour de la course de la journée: 1'09''548'''. Le moteur de Berger bafouille. L'Autrichien laisse passer Fabi.

 

70e: Dix-sept secondes séparent Mansell et Piquet. Berger s'arrête chez Ferrari pour faire remplacer son boîtier électronique.

 

71e: Mansell devance Piquet (15.5s.), Prost (32s.), Senna (1m. 07s.), Fabi (-1t.), Johansson (-3t.), Berger (-3t.), Streiff (-4t.) et Palmer (-4t.).

 

72e: Senna concède un tour à Mansell... C'est la revanche de Détroit ! Berger a repris la piste.

 

74e: Piquet n'est plus qu'à treize secondes de Mansell.

 

76e: Piquet reprend environ deux secondes par tour à Mansell. Berger part en tête-à-queue dans les S de l'École suite à une rupture de porte-moyeux. L'Autrichien se tire de ce mauvais pas avant de se garer sur le bas-côté.

 

77e: Mansell est devant Piquet (11.5s.), Prost (38s.), Senna (-1t.), Fabi (-1t.), Johansson (-3t.), Streiff (-4t.) et Palmer (-4t.).

 

78e: Piquet n'est plus qu'à sept secondes de Mansell, mais trop loin pour l'attaquer. Johansson arrête sa McLaren face aux stands, victime d'une rupture de sa courroie d'alternateur, comme Prost à Imola. Streiff récupère la sixième place.

 

79e: Fabi roule au pas en raison de la rupture d'un cardan sur sa Benetton.

 

80ème et dernier tour: Nigel Mansell gagne le GP de France, sept secondes devant Piquet. C'est le premier doublé de la saison pour les Williams-Honda qui ont écrasé toute concurrence. Prost termine troisième devant Senna. Fabi coupe la ligne d'arrivée en cinquième position mais avec trois tours de retard. Streiff inscrit son premier point de la saison et remporte la course des moteurs DFZ devant son équipier Palmer. Fabre ramène une nouvelle fois son AGS à l'arrivée. Nakajima finit non-classé à neuf tours.

 

Après la course

C'est un Frank Williams très ému qui applaudit ses pilotes depuis son petit fauteuil. Ron Dennis vient sportivement féliciter cet homme harassé. Dans son état, demeurer deux heures au soleil, en période de canicule, n'a rien d'une sinécure. « Mes deux pilotes se sont affrontés à la loyale, ils m'ont beaucoup plu, déclare-t-il. Je me sens très touché et chacun en comprendra les raisons. »

 

Nelson Piquet ne partage pas la satisfaction de son patron. Il est persuadé que sa stratégie à deux changements de pneus aurait été payante s'il n'avait pas calé après son second arrêt. A la vue de ses chronos lors des quinze derniers tours, on peut lui donner raison. Mais la Carioca a aussi commis deux fautes de pilotage inhabituelles durant cette course, aux 19ème et 46ème tours... Selon certains observateurs, c'est une preuve supplémentaire qu'il n'est pas au meilleur de sa forme physique. Nigel Mansell a lui gardé la tête froide. Du moins, jusqu'à l'arrivée. Entré le premier dans la salle de conférence de presse, il s'aperçoit qu'aucun journaliste n'est présent ! Furieux et très éprouvé par la chaleur, Nigel repart s'enfermer dans le motorhome Williams...

 

Alain Prost s'épanche au micro de Bernard Giroux de TF1: « Mon moteur était trop faible. J'ai essayé d'attaquer pour rester au contact de Mansell et de Piquet. Mais, au fil des tours, je perdais de la puissance. Un calvaire. Comment compenser un écart de 80 à 100 chevaux avec le moteur Honda ? Par l'aérodynamisme et la tenue de route. Mais si la fiabilité n'est pas là, il n'y a rien à espérer... » Ce n'est pas la première fois que le V6 TAG-Porsche perd des chevaux en cours d'épreuve cette saison. Mais le mal n'est pas résolu...

 

Ayrton Senna est encore plus désappointé. Après les essais encourageants de Silverstone, il pensait pouvoir se battre avec les Williams... Et il leur concède au final plus d'un tour, à moteur égal ! Preuve que l'aérodynamisme de la Lotus est très inférieur à celui de la Williams. Très irrité, Senna accable de reproches ses ingénieurs. Peter Warr prend mal ces récriminations. Les deux hommes échangent des mots très durs.

 

Le plus heureux du jour est finalement Philippe Streiff, vainqueur de la catégorie 3,5 litres pour son Grand Prix national. Le Grenoblois est exténué mais heureux. Avec son épouse Renée, il fonce sur Saint-Tropez pour prendre quelques jours de vacances. Après avoir connu des moments très difficiles en début de saison et frôlé le drame à Spa puis à Monaco, Streiff a reconquis la confiance de Ken Tyrrell. Il vit une véritable renaissance.

 

Senna conserve la première place du championnat avec 27 points, soit un de plus que Prost. Mais pour beaucoup, le titre se jouera entre les deux pilotes Williams, Piquet (24 pts) et Mansell (21 pts). Au classement des constructeurs, Williams-Honda (45 pts) s'empare de la première place aux dépens de McLaren-TAG-Porsche (39 pts).

 

 

Trophée Jim Clark Trophée Colin Chapman
1. J. Palmer 33 pts 1. Tyrrell-Ford-Cosworth 63 pts
2. P. Streiff 30 pts 2. AGS-Ford-Cosworth 26 pts
3. P. Fabre 26 pts 3. Lola-Ford-Cosworth 15 pts
4. P. Alliot 15 pts 4. March-Ford-Cosworth 6 pts
5. I. Capelli 6 pts
Tony