Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Honda
Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Williams Honda
Stefan JOHANSSON
 S.JOHANSSON
Ferrari

433e Grand Prix

LVII Gran Premio d'Italia
Ensoleillé
Monza
dimanche 7 septembre 1986
51 tours x 5.800 km - 295.800 km
Affiche
F1
Coupe

Le saviez-vous ?

Pilote
Constructeur
Moteur

Dernière ligne droite pour le titre mondial

A quatre courses du terme de la saison, la « bande des quatre » se dispute plus que jamais la couronne mondiale. Leader du classement général avec 55 points, Nigel Mansell est confronté pour la première fois de sa carrière à un tel enjeu et manque de réussite depuis trois épreuves. Il est de plus en plus souvent mis en échec par son équipier et « meilleur ennemi » Nelson Piquet (47 pts), plus roublard et surtout plus fin metteur au point. Comme toujours, le Brésilien feint de dédaigner son coéquipier et affirme que son principal concurrent est Alain Prost. Il n'empêche qu'avec la Williams-Honda, Mansell et Piquet bénéficient de la meilleure monoplace et du meilleur moteur du plateau. En tout logique, l'un d'eux devrait devenir champion du monde.

 

Cependant, grâce à sa victoire en Autriche, Alain Prost n'a plus que deux points de retard sur Mansell. Depuis le début de la saison, le Français résiste avec brio aux Williams et, avec un peu de chance et un moteur TAG-Porsche un poil plus efficace, il pourrait bien coiffer les deux paladins de Didcot sur le poteau. En revanche, les chances d'Ayrton Senna (48 pts) sont plus réduites. Certes, « Magic » fait toujours preuve d'un talent et d'une sensibilité technique exceptionnels, et cultive des relations très étroites avec Gérard Ducarouge, Bernard Dudot et Bob Dance, ses principaux interlocuteurs. Mais Lotus et Renault n'ont pas les moyens financiers pour suivre le rythme de Williams-Honda et de McLaren-TAG. La Lotus 98T évolue lentement. En outre, l'équipe prépare l'arrivée de Honda en 1987. Senna ne baisse cependant pas les bras et espère que grâce à quelques belles opportunités, il pourra tout de même devenir le troisième Brésilien à coiffer la couronne mondiale.

 

John Barnard rejoint Ferrari

Le 24 août 1986, John Barnard se rend à Modène pour rencontrer Marco Piccinini et parapher son contrat avec Ferrari. L'homme qui a révolutionné la Formule 1 par l'emploi de la fibre de carbone accepte la mission la plus délicate qu'il soit: relever une Scuderia en pleine décadence. Malgré la présence d'ingénieurs renommés comme Harvey Postlethwaite ou Gustav Brunner, voilà plus d'un an que celle-ci n'a pas remporté de Grand Prix. Barnard relève le défi mais impose une condition drastique. Il concevra la future monoplace de 1987 dans son cabinet de Guilford, GTO Limited. Il refuse catégoriquement de s'installer en Italie. Une Ferrari conçue en Grande-Bretagne ? Certains tifosi crient à l'hérésie. Mais, du haut de ses 88 ans, le Commendatore consent à cette entorse à son légendaire patriotisme.

 

La rupture entre Barnard et Ron Dennis est la conséquence d'une crise de confiance vieille de quelques mois. L'ingénieur espérait obtenir un rôle accru au sein de McLaren International. Il a tenté en vain de racheter des parts à son patron qui n'a pas du tout apprécié cette manœuvre. Dennis n'est pas homme à oublier un affront. Lorsqu'il apprend par les journaux que Barnard a signé avec Ferrari, il réagit prestement et met à pied le « traître » pour le Grand Prix d'Italie. « Il en va de la crédibilité de l'écurie... » assène-t-il sans sourciller.

 

Le retour des moteurs atmosphériques

Jean-Marie Balestre organise à Monza une réunion de travail avec Bernie Ecclestone et Marco Piccinini, puis se rend à Maranello pour rencontrer Enzo Ferrari, tout cela afin d'évoquer la future réglementation technique. Les journalistes qui voudraient en savoir plus en sont pour leurs frais. FISA et FOCA refusent de s'exprimer sur la question. Mais une petite phrase d'un proche du président Balestre éclaire sa position: « Malgré les progrès réalisés, la technologie du moteur suralimenté demeure trop éloignée du domaine du sport automobile mondial. Son évolution est devenue incontrôlable. Il est temps de changer d'orientation. » Le retour des moteurs atmosphériques paraît donc certain, mais selon quelles modalités ? Cohabiteront-ils avec des moteurs turbocompressés bridés ? En tout cas, Balestre enregistre un soutien de poids avec Ferrari qui a totalement changé son point de vue. Trois mois plus tôt, Marco Piccinini rejetait toute marche arrière. Aujourd'hui, il vante les vertus du moteur atmosphérique ! FISA et FOCA doivent désormais convaincre Honda du bien-fondé de leur position...

 

En tout cas, le président Balestre annonce une conférence de presse pour le 3 octobre. D'ici là, il devra affronter le procès que lui intente Peugeot pour sa très controversée réforme du championnat du monde des rallyes.

 

Le garagiste de la pinède

Ancien pilote amateur, Henri Julien, 59 ans, débarque en F1 avec son écurie, les Automobiles Gonfaronaises Sportives (AGS). Fondée en 1969 en collaboration avec l'ingénieur Christian Vanderpleyn, AGS s'est produit durant en quinze ans en Formule France, Formule Renault, F3 et enfin F2, faisant courir des pilotes français chevronnés comme Philippe Streiff ou Richard Dallest. Elle a remporté de nombreuses victoires mais jamais de titres, par manque de moyens. Julien considère la Formule 3000 apparue en 1985 trop onéreuse estime qu'il serait plus judicieux d'investir autant d'argent en F1. Ne trouvant pas de soutien en France, il s'associe avec Piero Mancini, le président de Motori Moderni, pour fonder le Jolly Club AGS, la structure franco-italienne qui participera officiellement au championnat du monde. V6 Motori Moderni, pneus Pirelli, Ivan Capelli, actuel leader du championnat de F3000, derrière le volant... tout respire l'Italie chez AGS. En ce qui concerne la monoplace, Vanderpleyn a récupéré les trains arrière et les boîtes de vitesses de feue l'écurie Renault-Elf. La JH21 ressemble ainsi étrangement à la Renault RE60...

 

AGS détonne en tout cas dans le « F1 Circus ». Outre Julien, Vanderpleyn et le directeur sportif Frédéric Dhainault, l'écurie ne compte que sept employés ! L'unique monoplace a été assemblée dans un petit atelier varois perdu sous les pins... Un charmant anachronisme.

 

Ecclestone rachète le Team Haas

Privée de subsides par Beatrice, l'écurie FORCE de Carl Haas n'a pas les moyens de poursuivre l'aventure en Formule 1 l'année prochaine. En outre, Ford s'interroge sur l'avenir de son turbo au moment même où la FISA envisage un retour aux moteurs atmosphériques. L'écurie américaine se désagrège peu à peu. Alan Jones semble prêt à se retirer dans son ranch australien, pour de bon cette fois. A 40 ans, le champion du monde 1980 n'est plus que l'ombre de lui-même: constamment dominé par Patrick Tambay, il est tellement en surpoids qu'il peine à rentrer dans son cockpit... Toujours médisant, il met son échec sur le compte du team manager Teddy Mayer: « Il a déjà coulé McLaren... comment voulez-vous qu'il réussisse chez Haas ? »

 

Constatant l'étendue des dégâts, Carl Haas a revendu en secret son écurie à... Bernie Ecclestone. Le président de la FOCA est désormais propriétaire de deux écuries ! Mais il n'a aucunement l'intention de faire survivre FORCE, et cherche uniquement à faire main basse sur le V6 Ford, au cas où BMW abandonnerait Brabham au cours de l'hiver...

 

Présentation de l'épreuve

La rumeur enfle à Monza: Gerhard Berger aurait signé chez Ferrari pour la saison 1987. Le jeune Autrichien préfère rejoindre la Scuderia en pleine reconstruction plutôt que de rester au sein d'une écurie Benetton prometteuse mais aux moyens financiers encore limités. On ne sait pas pour l'heure qui sera son équipier. Michele Alboreto ne cache pas son intérêt pour Marlboro-McLaren, mais il est plus probable que c'est Stefan Johansson qui remplacera Keke Rosberg. De toute façon le Suédois quittera les Rouges à la fin de l'année. Marco Piccinini le trouve en effet trop indocile depuis le GP de Belgique où il n'a pas obéi à ses consignes.

 

Le 28 août, Gérard Larrousse convie Didier Pironi à essayer la Ligier JS27 à Dijon-Prenois. Ce n'est pas une simple invitation amicale, mais un véritable test puisque Pironi couvre soixante tours, sans rencontrer d'ailleurs la moindre défaillance physique. Guy Ligier envisage de l'associer à René Arnoux en 1987 si Jacques Laffite n'était pas remis de sa blessure. Mais, du fond de son lit de la Porte de Choisy, « Jacquot » n'apprécie pas ces démarches et fait savoir à la presse qu'il sera de retour sur les pistes d'ici trois mois ! Une pure fanfaronnade. A 43 ans, Laffite va devoir se résoudre à admettre qu'il est trop vieux pour conduire une F1...

 

Une nouvelle attristante mais attendue: après six années de prestations pour le moins médiocres, Pirelli se retirera de la Formule 1 à la fin de la saison, abandonnant le monopole de la fourniture des pneumatiques à Goodyear. Dario Calzavara, le porte-parole de la firme milanaise, confirme cette information. Dans le même temps, Pierre Blanchet en visite à Monza déclare que le retour de Michelin n'est pas à l'ordre du jour, même si à Clermont-Ferrand on apprécie toujours autant la F1...

 

Allen Berg n'a pas réglé quelques arriérés à Enzo Osella et se retrouve mis à pied pour cette course. Il est remplacé par Alex Caffi, un jeune Italien de 22 ans qui n'a jusqu'ici pas dépassé le stade de la Formule 3 transalpine.

 

Chez McLaren, la mise à l'écart de John Barnard laisse les responsabilités techniques à ses deux lieutenants, Tim Wright, l'ingénieur de Prost, et Steve Nichols, celui de Rosberg. Toujours dédaigneux, Dennis affirme que son écurie saura fort bien se passer de Barnard. Sur le plan technique, McLaren a étrenné lors d'essais à Imola un nouveau système d'alimentation afin de résoudre les problèmes de puisage d'essence qui ont failli coûter la victoire à Prost en Autriche.

 

Ferrari a bien sûr tout fait pour améliorer sa 186 avant le grand rendez-vous de Monza. Celle-ci utilise de nouveaux turbos tandis que ses échangeurs sont plus longs et plus minces. Harvey Postlethwaite introduit aussi quelques légères innovations aérodynamiques. Du côté de Williams, les cardans sont renforcés afin d'éviter les ruptures qui ont frappé Mansell en Autriche. La suspension avant et les points d'ancrage des triangles inférieurs sont aussi retouchés. Chez Haas, Adrian Newey transforme les suspensions de la Lola-Ford afin d'améliorer l'accessibilité aux différents éléments. Gordon Coppuck a tenté de corriger la catastrophique Arrows A9, mais celle-ci est reléguée au rang de mulet. Boutsen et Danner piloteront l'A8 jusqu'à la fin de l'année. Enfin, chez Minardi, de Cesaris hésite toujours entre la vieille M185B et la M186 avant d'opter pour cette dernière.

 

Accident domestique pour Michele Alboreto

Mini-drame vendredi matin: Michele Alboreto est blessé et ne pourra pas conduire la Ferrari n°27 de toute la journée ! Officiellement, le Milanais s'est abîmé l'épaule droite en glissant dans sa baignoire ! Selon d'autres sources, il serait tombé de moto en se rendant au circuit. Quoiqu'il en soit, « Albo » est contraint au repos forcé pour vingt-quatre heures. Il n'en faut pas plus pour enflammer la presse italienne qui annonce son remplacement par Eddie Cheever, voire par Mario Andretti !

 

Mais finalement, samedi matin, malgré une épaule toujours douloureuse, Alboreto se glisse bel et bien dans son baquet.

 

Les qualifications

Comme en Autriche, les Benetton-BMW survitaminées sont les plus véloces. Fabi réalise la troisième pole position de sa carrière avec une moyenne exceptionnelle de 248 km/h ! Berger (4ème) est trahi par son moteur alors qu'il était en passe de battre son équipier. Prost fait un sans-faute grâce à son excellent châssis, et bien qu'il rende 15 km/h aux Benetton en ligne droite, il se place en première ligne. Rosberg (huitième) est beaucoup plus en retrait, accablé par ce sous-virage qu'il déteste. Chez Williams, si Mansell se contente de la troisième place, Piquet (sixième) est mécontent car il n'a pas choisi les bons pneus de qualification. Senna est le plus rapide vendredi et se montre suffisamment confiant pour utiliser le lendemain de nouveaux turbos. Hélas, son moteur serre aussitôt, et le Brésilien est repoussé au cinquième rang. Son adjoint Dumfries (mais oui, il est toujours là...) se classe seulement 17ème. Les Brabham-BMW se montrent un peu plus rapides malgré une fiabilité toujours aléatoire. Warwick est septième, Patrese dixième. Malgré son épaule endolorie, Alboreto réalise un beau neuvième temps et devance Johansson, décevant douzième.

 

L'ambiance est morose dans le camp Ligier. Arnoux (11ème) se distingue en explosant son V6 vendredi après-midi. Alliot (14ème) a fait encore « mieux »: son moteur s'est cassé à chaque séance ! Boutsen décroche une très belle treizième place au volant de l'antique Arrows A8, il est vrai munie d'un moteur spécialement préparé par Heini Mader. Son compère Danner obtient une satisfaisante seizième position. Malgré de nouveaux radiateurs, les pilotes Lola ne peuvent toujours pas accroître la pression de suralimentation du V6 Ford. Tambay est quinzième, Jones, accablé de pépins mécaniques, dix-huitième. Du côté de Minardi, Nannini (19ème) précède comme d'habitude un de Cesaris (21ème) désabusé. Les deux Italiens côtoient des Tyrrell (Brundle 20ème, Streiff 23ème) peu performantes et fragiles. On découvre ensuite les Zakspeed (Palmer 22ème, Rothengatter 24ème) et l'AGS de Capelli (25ème) qui se qualifie valeureusement... trois secondes devant les Osella ! Ghinzani est le dernier qualifié. Mais, puisque nous sommes en Italie et que tout y est permis, une pétition de la FOCA agréée par la FISA autorise le néophyte Caffi (27ème) à prendre le départ.

 

La pole position de Teo Fabi console un peu les supporteurs italiens des déboires de Ferrari et d'Alboreto. Mais ils ne passionnent pas davantage pour ce discret petit bonhomme qui passe inaperçu au sein du bruyant « F1 Circus ». Du reste, il s'échine à fuir les journalistes. Entre deux Grands Prix, Fabi gère avec sagacité l'entreprise familiale héritée de son père, une fabrique... de talc. Dans sa prime jeunesse, il disputa la coupe du monde de ski sous licence brésilienne. C'est tout ce que l'on sait de lui...

 

Le Grand Prix

Les tifosi sont toujours exaltés mais moins nombreux que les années précédentes. Lors du warm-up, Patrese réédite l'opération de propagande réalisée à Hockenheim en signant le meilleur chrono avec des pneus qualifications, afin de complaire aux commanditaires italiens de Brabham, Olivetti et Pirelli. Pas sûr que ceux-ci oublient que Brabham n'a inscrit que deux minuscules points depuis le début de l'année... Capelli casse le moteur de son AGS. En un temps record, les courageux mécaniciens de l'écurie varoise parviennent à greffer sur sa machine un V6 Motori Moderni prévu pour... Minardi. La plupart des pilotes choisissent de partir avec des gommes tendres.

 

Tour de formation: Fabi cale sur la grille de départ et est obligé de s'élancer depuis la dernière place sur la grille. Au même instant, Prost ne peut démarrer suite une panne d'alternateur ! Le petit Français se précipite dans les stands pour monter dans son mulet, ce que le règlement interdit de faire alors que le tour de formation est lancé. En attendant, le champion du monde s'élancera des stands. La première ligne se retrouve déserte et c'est donc Mansell qui est virtuellement en pole.

 

Départ: Berger catapulte sa Benetton en tête à la chicane devant Mansell, Piquet et Arnoux. Senna ne parcourt que quelques dizaines de mètres avant de s'immobiliser. Sa transmission a lâché !

 

1er tour: Berger tourne à fond sa molette de pression de suralimentation et conclut cette boucle trois secondes devant Mansell. Suivent Piquet, Arnoux, Rosberg, Alboreto, Alliot, Johansson, Warwick et Dumfries.

 

2e: Alboreto dépasse Rosberg tandis qu'Alliot perd deux places au profit de Johansson et Warwick. Rothengatter s'arrête sur le bas-côté suite à une panne de moteur.

 

3e: Alboreto déborde facilement Arnoux, privé d'embrayage. Patrese tente de dépasse Tambay à la seconde chicane pour prendre la onzième place. Mais le Padouan s'emmêle les pinceaux et percute la Lola. Il poursuit sa route à faible allure tandis que Tambay, roues arrière détruites, s'arrête dans la pelouse. Fabi est remonté en onzième position alors que Prost est déjà revenu au dix-septième rang.

 

4e: Berger modère son allure et permet à Mansell, Piquet et Alboreto de le rattraper. L'Italien ne ménage absolument pas sa consommation. Patrese regagne les stands avec un ponton droit effondré et abandonne.

 

5e: Berger est en tête devant Mansell (1.3s.), Piquet (2.4s.), Alboreto (3.4s.) et Arnoux (8s.). Johansson prend la sixième place à Rosberg.

 

6e: Mansell se rapproche de Berger. Johansson effectue un retour fulgurant et dépasse Arnoux. Prost a effacé Streiff, de Cesaris, Brundle et Boutsen, et apparaît au treizième rang.

 

7e: Mansell déborde Berger à la Parabolica. Le voici en tête. Piquet et Alboreto sont aussi sur les talons de l'Autrichien. Fabi dépasse Alliot. De Cesaris exécute un tête-à-queue et percute l'avant de la Tyrrell de Streiff. Tous deux parviennent à repartir.

 

8e: Piquet attaque et dépasse Berger dans la Parabolica. Alboreto en profite pour doubler à son tour la Benetton devant les tribunes. Fabi dépasse Dumfries puis Warwick. Streiff est aux stands pour réparer la calandre de sa Tyrrell.

 

10e: Rosberg double Arnoux. Prost dépasse Alliot et Warwick. Il occupe maintenant le dixième rang. Cependant, la direction de course estime qu'il n'aurait pas dû prendre le départ et signifie à Jo Ramirez, le team manager de McLaren, que sa disqualification va être prononcée.

 

11e: Mansell mène devant Piquet (1s.), Alboreto (2s.), Berger (6s.), Johansson (9s.), Rosberg (14s.), Arnoux (15s.) et Fabi (25s.). Prost prend la neuvième place à Dumfries.

 

12e: Mansell, Piquet et Alboreto sont roues dans roues. Le leader se fraie habilement un chemin parmi le trafic.

 

14e: Mansell a pris un peu de champ sur Piquet et Alboreto. Prost double Fabi. Ghinzani perd le contrôle de son Osella qui se retrouve en tête-à-queue, sur la partie extérieure du Rettifilo Centrale. Les commissaires mettent beaucoup de temps à dégager cette machine.

 

15e: Mansell mène devant Piquet (1.3s.), Alboreto (2.2s.), Berger (9s.), Johansson (10.5s.) et Rosberg (18.7s.).

 

17e: Nannini s'arrête dans l'herbe après la première chicane, en panne de boîte de vitesses. Au même endroit, Alboreto glisse sur une flaque d'huile et part en tête-à-queue. Il parvient à reprendre la piste, non sans avoir frotté une glissière avec une jante. Warwick se débat depuis le départ avec des freins défectueux et part en toupie à la Variante della Roggia. Il tente de repartir mais ne réussit qu'à heurter un rail ! L'Anglais n'a plus qu'à rentrer aux stands à pied.

 

18e: Prost est l'homme le plus rapide en piste et dépasse Arnoux. Alboreto revient aux stands pour faire vérifier sa machine et changer ses pneus. Il ressort onzième. Capelli effectue un tête-à-queue au premier virage mais parvient à repartir avec l'aide des commissaires.

 

19e: Dumfries stoppe dans le gazon, boîte de vitesses cassée. Les deux Lotus-Renault sont out.

 

20e: Mansell est en tête devant Piquet (2.7s.), Berger (11s.), Johansson (11.5s.), Rosberg (21s.), Prost (23s.), Arnoux (26s.), Fabi (31s.), Alliot (51s.), Alboreto (52s.) et Jones (57s.).

 

21e: Prost dépasse Rosberg et occupe dorénavant le cinquième rang. Le Français remonte avec une adresse de métronome car ses chronos sont d'une régularité exemplaire. Il ignore que Derek Ongaro est à ce moment même en train de faire signer à Ron Dennis sa mise hors course...

 

22e: Piquet s'arrête chez Williams pour changer ses pneus mais ses mécaniciens ont du mal à fixer la roue avant-droite, à la grande fureur de l'impulsif Carioca. L'opération dure seize secondes. Piquet redémarre cinquième derrière Rosberg. Prost entre aux stands pour mettre des pneus neufs et changer de museau car le tube soutenant son aile avant s'est brisé. Inexplicablement, aucun commissaire sportif ne l'informe de sa disqualification. Après un arrêt de trente secondes, Alain reprend la piste en onzième position.

 

23e: Changement de pneus pour Rosberg qui se retrouve septième devant Alboreto et Prost. Le moteur d'Alliot explose et répand de l'huile sur l'asphalte. Boutsen, Jones et Brundle mettent des gommes neuves.

 

24e: Arrêts de Johansson et Fabi qui ressortent respectivement cinquième et huitième.

 

25e: Mansell s'arrête changer ses pneus (8.3s.) et retrouve le circuit en seconde position. Berger est provisoirement leader. Alboreto prend la sixième place à Rosberg. Le Finlandais roule avec prudence car son ordinateur de bord lui donne de fausses informations sur sa consommation... Arrêt de Danner.

 

26e: Palmer s'arrête chez Zakspeed pour remplacer son boîtier électronique.

 

27e: Prost reçoit enfin le drapeau noir pour avoir utilisé son mulet après le départ du tour de formation. Berger stoppe chez Benetton pour changer de pneus. Il ressort en quatrième position. Mansell récupère la tête devant Arnoux qui ne s'est pas encore arrêté.

 

28e: Prost poursuit sa route avant de s'arrêter peu après la deuxième chicane car son moteur Porsche a rendu l'âme.

 

29e: Arnoux entre au garage Ligier avec une boîte de vitesses bloquée. Gérard Larrousse ordonne une réparation de fortune. Le Grenoblois perd toute chance de bien figurer.

 

30e: Mansell est premier devant Piquet (5.8s.), Berger (10s.), Johansson (17s.), Alboreto (20s.), Rosberg (24s.), Fabi (30s.), Jones (-1t.), Boutsen (-1t.) et Brundle (-1t.). Palmer renonce suite à une panne d'alternateur.

 

31e: Mansell n'est pas à l'aise car il a perdu la cale de buste qu'il avait fait installer contre le flanc de son baquet. Jones est contraint de remplacer une seconde fois ses roues car il a perdu un plomb d'équilibrage. Fabi est au stand Benetton à cause d'un souci d'allumage. On démonte son capot pour essayer de résoudre le problème.

 

32e: Piquet est l'homme le plus rapide en piste et remonte sur Mansell. Le Brésilien utilise un aileron arrière conférant moins d'appui mais aussi moins de traînée que celui choisi par Mansell. Sa vitesse de pointe est donc plus élevée.

 

33e: Trois secondes séparent encore les deux pilotes Williams.

 

34e: Grande tristesse pour les tifosi: Alboreto stoppe devant les stands, moteur cassé. Boutsen est désormais sixième. Capelli abandonne son AGS dans le gazon suite à une crevaison à l'arrière-gauche. Fabi reprend la piste.

 

35e: Fabi décroche le meilleur tour en course: 1'28''099'''. Arnoux effectue une seconde halte chez Ligier.

 

36e: Piquet est revenu à une seconde de Mansell. Johansson menace Berger. Abandon de de Cesaris, en panne de moteur.

 

37e: Piquet reste blotti dans le sillage de Mansell, attendant le moment opportun pour l'attaquer.

 

38e: Piquet se montre dans les rétroviseurs de Mansell et le déborde par l'intérieur de la Curva Grande.

 

39e: Johansson bute contre Berger qui joue avec sa pression de turbo dans les lignes droites. Arnoux ne parvient plus à sélectionner ses rapports et s'arrête dans l'herbe.

 

40e: Piquet commande ce Grand Prix devant Mansell (1s.), Berger (14s.), Johansson (15s.), Rosberg (42s.), Boutsen (-1t.), Jones (-1t.) et Brundle (-1t.).

 

42e: Mansell demeure à une seconde de Piquet.

 

44e: Le moteur BMW de Berger cafouille suite à la rupture d'une canalisation d'essence. Le jeune Autrichien peut poursuivre sa route, mais Johansson en profite pour lui subtiliser la troisième place. Jones double Boutsen qui a perdu l'usage de son sixième rapport.

 

46e: Piquet creuse un écart de trois secondes sur Mansell qui a usé ses pneus. Rosberg revient sur Berger qui rencontre des problèmes d'injection.

 

48e: Cinq secondes séparent désormais Piquet et Mansell. Rosberg dépasse Berger.

 

49e: Fabi subit une crevaison et s'arrête dans les graviers après la ligne d'arrivée.

 

50e: Mansell a « fusillé » ses pneus et rend désormais sept secondes à son coéquipier.

 

51ème et dernier tour: Trop peu économe, Berger tombe en panne d'essence à quelques centaines de mètres de l'arrivée.

 

Nelson Piquet remporte sa dix-septième victoire en Formule 1 devant Mansell. Johansson termine troisième et monte ainsi sur son troisième podium de la saison. Rosberg retrouve une place dans les points avec la quatrième position. Berger est classé cinquième et Jones marque le dernier point. Suivent Boutsen, Danner, Streiff, Brundle et Caffi, ce dernier ayant concédé six tours.

 

Après la course

Beau joueur, Nigel Mansell tend la main à Nelson Piquet sur le podium pour le féliciter de sa victoire. Un fair-play « so british » dont on aimerait qu'il soit réciproque. En tout cas, le Carioca a une nouvelle fois fait montre d'une belle intelligence de course en attendant sagement son heure pour dépasser son équipier. « Me voilà définitivement fixé pour la suite du championnat, claironne-t-il. J'ai autant de chances que Mansell et Prost. » Mansell pense quant à lui qu'il aurait pu gagner si son harnais ne s'était pas desserré. « Mon épaule sortait du cockpit à chaque bosse... Ça m'a déconcentré. » affirme-t-il.

 

Alain Prost broie du noir, et est même carrément furieux contre les officiels qui ont mis beaucoup trop de temps à lui signifier sa disqualification. Sa remontée homérique n'aura servi à rien... « Le règlement doit être appliqué tout de suite ou pas du tout ! » râle le pilote français. Comme il répand sa mauvaise humeur devant certains micros complaisants, Jean-Marie Balestre estime qu'il nuit à la réputation de la si honorable FISA... et lui inflige cinq mille dollars d'amende ! Les relations tumultueuses entre les deux hommes connaissent un nouveau creux...

 

Dans ce contexte, la troisième place de Stefan Johansson apparaît comme une grande performance pour Ferrari. Quant à Michele Alboreto, il a fait montre d'une belle abnégation malgré sa blessure. Il se satisfait de son week-end bien qu'il ait abandonné. « Je n'avais jamais piloté une Ferrari aussi efface ! » s'exclame-t-il avec quelque exagération.

 

Au classement général, Piquet (56 points) n'a plus que cinq longueurs de retard sur Mansell (61 pts). Les deux équipiers sont désormais à égalité quant au nombre de victoires: quatre partout. Prost (53 pts) et Senna (48 pts) sont les deux grands perdants du jour. Au championnat des constructeurs, grâce à ce doublé Williams-Honda compte maintenant 42 points d'avance sur McLaren-TAG-Porsche, et est ainsi quasi assurée d'obtenir le titre de championne du monde.

Tony