Jean-Marie Balestre, président de la FIA
Depuis plusieurs années, la Fédération internationale de l'automobile a perdu de son influence, et les clubs nationaux qui la composent perçoivent le besoin d'un renouveau. Ils sollicitent Jean-Marie Balestre, l'énergique président de la FISA, qui assure déjà les fonctions de président-délégué. Le prince de Metternich, âgé et malade, accepte de soutenir sa candidature à sa succession. Mais avant tout, Balestre modifie les statuts de la fédération afin que son futur mandat lui offre des pouvoirs très étendus. Le 8 octobre, il est élu président de la FIA à la quasi-unanimité. Trois jours plus tard il se présente devant le congrès de la FISA et est réélu pour quatre ans à sa tête avec 95 % des voix. Ceux qui osent crier au despotisme sont priés de se taire. Même Michel Boeri soutient son ancien adversaire ! Balestre cumule donc désormais les présidences de la FIA, de la FISA et de la FFSA. Voilà l'ancien journaliste parvenu au sommet de l'automobilisme mais qu'on ne s'y trompe pas: il ne délaisse pas la Formule 1 pour autant.
En ce qui concerne la catégorie reine des sports mécaniques, « Jean-Marie Ier » doit en rabattre face aux exigences de Bernie Ecclestone et de ses compères de la FOCA. La réglementation sportive et technique changera fort peu en 1986, et Ecclestone reste le vrai maître du calendrier. Celui-ci annonce d'ailleurs que le prochain championnat du monde pourrait comporter jusqu'à dix-neuf Grands Prix, dont une étape en Hongrie et un retour des épreuves espagnole et mexicaine.
La course polémique
Ce Grand Prix se tient dans le contexte tragique de la guerre civile et raciale qui ébranle l'Afrique du Sud. Plus de sept cents personnes ont été tuées dans le pays depuis le début de l'année, dont une quinzaine dans la seule semaine de la course. De nombreux gouvernements ont réclamé en vain son annulation. Bien évidemment, on moque les cris d'orfraie poussés par les politiciens en 1985 contre le régime de l'Apartheid qui existe depuis les années 1950 ! On peut aussi pointer du doigt la servilité des chaînes de télévision publiques qui, telle Antenne 2 en France, refusent de retransmettre cet événement, ce qui un an auparavant ne leur posait aucun problème de conscience. Ainsi seulement quatre chaînes assureront la diffusion en direct, contre vingt-trois habituellement. Par ailleurs, de nombreuses compagnies refusent d'être associées à cette course, à l'instar des cigarettiers Marlboro et Barclay qui demandent que leurs noms n'apparaissent pas sur les McLaren et les Arrows. Beatrice ordonne aussi à Carl Haas de retirer son nom de la Lola. Niki Lauda y va également de son petit couplet humaniste, dénonçant l'exploitation du sport par un régime oppressif. Curieusement, ce genre de réflexions ne lui étaient pas venues à l'esprit lorsque la Formule 1 se produisait dans des dictatures militaires comme l'Argentine et le Brésil...
Reste que le régime de Pretoria aggrave son cas en faisant exécuter le vendredi 18 octobre Benjamin Moloïse, un poète noir condamné pour le meurtre d'un policier. L'émotion est grande en Occident et l'atmosphère devient véritablement pesante à Kyalami. Face à la polémique, Jean-Marie Balestre reste droit dans ses bottes et maintient le Grand Prix. Le président de la FISA affirme lui aussi qu'il ne faut pas mélanger sport et politique, et soutient que la Formule 1 défend la démocratie et les droits de l'homme. On ne rappellera pas le passé de M. Balestre qui choisit par ailleurs de ne pas faire le déplacement. Quant à Bernie Ecclestone, il aurait opté pour une annulation, non pour des raisons éthiques, mais tout simplement parce que suite à la désertion des sponsors, il craint de perdre beaucoup d'argent...
Alain Prost, champion et rebelle
Alain Prost arrive en retard à Kyalami après avoir manqué son avion à Genève. Mais c'est pour une toute autre raison que le nouveau champion du monde est sollicité par les (rares) journalistes présents: au contraire des écuries Renault et Ligier, il ne s'est pas plié aux instructions du ministre des Sports qui ne souhaitait pas la présence de Français en Afrique du Sud. Il devient donc la cible des donneurs des leçons. Prost assume cependant ses responsabilités: « En venant, je ne fais que mon métier. Je suis lié avec McLaren pour disputer seize épreuves, McLaren est liée aux organisateurs, par FOCA interposée, et à la FISA [...] C'est aux hommes politiques de résoudre les problèmes, pas à nous [...] Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons, aucun de nous ne possède le pouvoir d'annuler l'épreuve. La FISA si. Que devons-nous faire sur place ? Observer une minute de silence ? Se lancer dans des déclarations fracassantes ? A quoi cela servirait-il ? A rien. Ne pas venir eût été la meilleure chose. Nous sommes prisonniers d'un système, ce qui n'empêche aucun de nous d'être sensibilisé par les faits. Et vous, journalistes, pourquoi êtes-vous là ? Sans doute pour le respect de vos lecteurs... »
Accessoirement, des mauvaises langues font remarquer que Prost est d'autant moins disposé à obéir au gouvernement socialiste qu'il est notoirement proche du maire de Paris Jacques Chirac, le principal chef de l'opposition...
Présentation de l'épreuve
Si le titre des pilotes est acquis à Alain Prost, le championnat des constructeurs reste disputé entre McLaren-TAG-Porsche (86 pts), Ferrari (77 pts) et Lotus-Renault (71 pts). Les hommes de Ron Dennis sont grands favoris au regard des mauvaises performances des Ferrari en cette fin d'année.
Remis de sa blessure au poignet, Niki Lauda fait son retour chez McLaren. Par ailleurs, il laisse entendre qu'il pourrait revenir sur sa décision de quitter la Formule 1 et signer chez Brabham. Mais ce n'est que du bluff. En revanche, Elio de Angelis a bel et bien paraphé un contrat avec l'écurie de Bernie Ecclestone. Libéré par le forfait de Ligier, Philippe Streiff prend place au volant de la seconde Tyrrell, agrémentée du sigle Blanchet-Locatop, et qui lui est promise pour la saison prochaine. Il courra néanmoins une dernière fois pour les Bleus en Australie.
Ferrari apporte de nouveaux turbos KKK et revoit ses wastegate ainsi que ses attaches de turbos. La voiture d'Alboreto est munie d'un soubassement ancienne manière, avec extracteur long et aileron arrière monoplan, tandis que celle de Johansson a un soubassement raccourci et l'aileron supplémentaire. Tyrrell utilise pour la première fois le moteur Renault EF15 sur la monoplace de Martin Brundle.
Les qualifications
Place au sport, tout de même. La bataille pour la pole position oppose les Williams-Honda aux Brabham-BMW qui ont passé le dernier hiver à tester leurs pneus Pirelli sur ce tracé. L'affrontement est sans merci. Mansell obtient la pole position avec un chrono exceptionnel, 1'02''366''', effectué sur un tour « limite » où il frôle à plusieurs reprises la catastrophe au volant d'une Williams instable dans le secteur sinueux du parcours. En outre, le moteur Honda affiche une puissance phénoménale: Mansell est « flashé » à 340 km/h avant Crowthorne ! Piquet échoue à 124 millièmes, Rosberg (le plus rapide le jeudi), à 138 millièmes. Surer se classe cinquième avec la seconde Brabham. Senna tire le maximum de sa Lotus-Renault pour s'adjuger une superbe quatrième place. Son collègue de Angelis est sixième avec une 97T manquant d'adhérence. Les Toleman-Hart (Fabi 7ème, Ghinzani 13ème) profitent de leur excellente tenue de route mais une foule de pépins techniques les empêchent de briller.
Les McLaren utilisent de nouveaux turbos KKK qui ne vont pas donner satisfaction. Pour la seconde fois seulement en deux ans de cohabitation, Lauda (8ème) parvient à devancer Prost (9ème). On trouve ensuite les Arrows-BMW (Boutsen 10ème, Berger 11ème) et les Alfa Romeo (Patrese 12ème, Cheever 14ème). Les Ferrari se comportent de manière catastrophique. Elles sont dépourvues d'adhérence et pathétiquement lentes en ligne droite (314 km/h contre 333 aux Williams...). Alboreto et Johansson, dépités, sont rejetés en huitième ligne. Du côté de Tyrrell-Renault, Streiff (18ème) découvre sa nouvelle machine et ne concède que six dixièmes à Brundle (17ème). Les duettistes des petites scuderie, Martini et Rothengatter, occupent la dernière rangée. Initialement qualifié en dix-huitième position, Alan Jones déclare forfait samedi matin, terrassé par une mauvaise grippe.
Le Grand Prix
Samedi 19 octobre, une chaleur sèche s'abat sur Kyalami. Les ingénieurs redoutent de nombreuses pannes de turbos du fait de l'altitude. En effet, la baisse de la pression atmosphérique réduit la puissance des turbos et les capacités de refroidissement des radiateurs et des échangeurs. La fragilité des turbos KKK utilisés par McLaren, Alfa Romeo et Ferrari ne cesse d'inquiéter. Aux essais, Prost et Lauda ont monté des gros turbos, pensant compenser le problème posé par l'altitude. Erreur: le temps de réponse devient trop long. L'avantage va aux Garrett des moteurs Renault ou aux IHI des Williams-Honda.
Les essais se sont déroulés devant des tribunes vides et une trentaine de journalistes. Mais samedi après-midi, surprise: 55 000 spectateurs se massent dans les tribunes. Ils écouteront un speaker en langue française, aucun Anglo-saxon n'ayant voulu se charger de la besogne... Alain Prost est de mauvais poil: il a dû couper le téléphone de sa chambre d'hôtel pour dormir, car des « belles âmes » l'ont harcelé pour lui « conseiller » de déclarer forfait... Les choix de pneus sont très variés. Les Williams ont plutôt une monte dure, au contraire des McLaren.
Départ: Mansell prend un départ parfait et conserve sa première place devant Piquet, Surer, Senna et de Angelis. Après un bon démarrage, Rosberg a subi un raté de son moteur et ne pointe qu'au sixième rang. A Crowthorne, Ghinzani coince Patrese contre la seconde Alfa de Cheever. Les deux équipiers entrent en collision et atterrissent dans les graviers. C'est fini pour eux...
1er tour: De Angelis double Senna puis Surer. Senna plonge à l'intérieur de Sunset pour déborder Surer. La manœuvre est très hardie et les roues des deux monoplaces se frôlent. Surer est ensuite dépassé par Rosberg et Lauda. Mansell mène ce premier tour devant Piquet, de Angelis, Senna, Rosberg, Lauda, Surer, Prost, Fabi et Alboreto. Ghinzani s'arrête chez Toleman pour faire changer sa calandre endommagée.
2e: Prost double Surer et Alboreto dépasse Fabi. Rothengatter abandonne déjà son Osella suite à un court-circuit.
3e: Mansell a une seconde et demie d'avance sur Piquet. Rosberg fait l'extérieur à Senna dans la descente vers Crowthorne. Surer regagne son stand avec un moteur expirant. Une soupape s'est rompue sur le bloc BMW.
4e: Rosberg double de Angelis à Crowthorne. Prost dépasse Lauda. Fabi abandonne avec un moteur Hart cassé.
5e: Rosberg efface Piquet et se retrouve second, à deux secondes de Mansell. Ghinzani observe un second passage aux stands.
6e: Senna attaque de Angelis par l'extérieur dans la descente vers Crowthorne. De Angelis rattrape un début d'embardée au freinage et doit laisser filer son impétueux coéquipier. Comme Surer, Piquet regagne les stands pour abandonner à cause d'une soupape cassée. Les deux Williams restent seules aux commandes.
7e: Rosberg remonte comme une fusée sur Mansell.
8e: Rosberg utilise plus de pression de turbo que son équipier et le déborde sans coup férir sur la bosse devant les stands. Senna renonce avec un moteur en flammes. Au même instant, le moteur de Ghinzani explose et répand de l'huile au premier virage. Martini se laisse surprendre et exécute un tête-à-queue avant de repartir. Alboreto abandonne suite à une nouvelle rupture de turbo KKK.
9e: A Crowthorne, Rosberg glisse sur l'huile laissée par Ghinzani et part en toupie dans les graviers. Également surpris, Mansell parvient à maîtriser le dérapage de sa Williams et reprend le commandement. Par bonheur, Rosberg parvient à ne pas caler et retrouve la piste en sixième position, la FW10 couverte de sable mais intacte. Gêné par la poussière soulevée, Berger fait un travers et laisse passer Brundle, Johansson et Boutsen.
10e: Prost fait l'intérieur à de Angelis à Crowthorne, contraignant l'Italien à freiner fortement sur la partie couverte de lubrifiant. Cela permet à Lauda de s'infiltrer également par la droite, laissant sur place le malheureux Elio.
11e: Mansell mène devant Prost (2.2s.), Lauda (3s.), de Angelis (5.4s.), Rosberg (10.3s.), Brundle (19.9s.), Johansson (20.4s.), Boutsen (21.2s.), Berger (22.8s.), Streiff (29.2s.) et Martini (-1t.).
13e: L'écart est stable entre Mansell et les deux pilotes McLaren. De Angelis est semé.
14e: Johansson prend la sixième place à Brundle.
15e: Mansell précède Prost (3s.), Lauda (4s.), de Angelis (6.9s.), Rosberg (11s.) et Johansson (24.2s.).
16e: Rosberg est revenu sur les talons de de Angelis.
17e: Rosberg double de Angelis à Crowthorne. Au virage de Clubhouse, Streiff glisse sur une flaque d'huile, tire tout droit et heurte les piquets de protection. Les commissaires parviennent à dégager sa Tyrrell, mais le jeune Français doit renoncer, train avant endommagé.
18e: Prost grignote son retard et n'est plus qu'à deux secondes et demie de Mansell.
20e: Mansell est devant Prost (1.6s.), Lauda (3.3s.), Rosberg (15.6s.), de Angelis (17.6s.), Johansson (32.9s.), Brundle (35.6s.), Boutsen (37.9s.) et Berger (40.4s.).
22e: Prost et Lauda comblent leur retard sur Mansell. Les trois hommes se tiennent en un peu plus de deux secondes. Mansell a des pneus durs et préfère ne pas forcer sur la pression de suralimentation. Il opte donc pour une tactique attentiste.
23e: Contrairement à ce que l'on pronostiquait, Rosberg ne remonte pas sur le trio de tête et au contraire lui concède près d'une seconde par passage.
25e: Mansell tient à distance les deux McLaren, mais ne se prive pas d'exécuter d'effrayants travers, escaladant volontiers les trottoirs. On croirait suivre Rosberg !
27e: Johansson s'arrête chez Ferrari pour changer de pneus. Il est imité par Rosberg qui reste immobilisé neuf secondes pour mettre trois Goodyear C et un B, soit une monte plus tendre que celle choisie au départ. Il redémarre en sixième position.
28e: Prost est à moins d'une seconde de Mansell. Lauda demeure dans le sillage de son coéquipier. Rosberg dépasse Brundle.
29e: Boutsen s'arrête chez Arrows pour changer ses pneus
30e: Mansell est premier devant Prost (0.3s.), Lauda (0.7s.), de Angelis (33.4s.), Rosberg (43.8s.), Johansson (32.9s.), Berger (1m. 01s.), Johansson (-1t.) et Boutsen (-1t.).
31e: Mansell, Prost et Lauda sont roues dans roues. De Angelis est chez Lotus pour mettre des Goodyear neufs (13s.). Il repart derrière Brundle qui a décidé de s'arrêter le plus tardivement possible. Changement de pneus également pour Berger.
33e: Lauda s'arrête chez McLaren pour changer de pneus. L'arrêt dure plus de quinze secondes à cause d'une roue avant-droite récalcitrante, et si l'Autrichien conserve la troisième place, il a perdu trop de temps dans cette opération.
34e: Mansell et Prost sont désormais seuls en tête de la course, très proches l'un de l'autre. Johansson, relégué à un tour, les suit de près.
35e: Prost arrive aux stands pour mettre lui aussi des pneus neufs. Cette fois, c'est à l'arrière-gauche qu'il y a un pépin, et le Français ne redémarre qu'après dix-huit secondes d'immobilisation... derrière Lauda et juste devant Rosberg !
36e: Mansell précède Lauda (30s.), Prost (35.5s.), Rosberg (36s.), Brundle (58s.) et de Angelis (58.3s.).
37e: Prost est le pilote le plus rapide en piste et refait son retard sur Lauda. De Angelis dépasse Brundle.
38e: Mansell s'engouffre dans la voie des stands pour mettre des pneus C tendres en douze secondes. Au même instant, Lauda regagne son garage avec une pression de suralimentation à zéro. Le turbo gauche vient de casser sur la McLaren. C'est un coup de théâtre car Lauda pouvait très certainement repartir devant Mansell.
39e: Mansell a repris la piste juste devant Prost. Rosberg concède cinq secondes à son équipier.
40e: Mansell devance Prost (0.7s.), Rosberg (4.4s.), de Angelis (30s.), Brundle (40.8s.), Johansson (44.8s.), Boutsen (57.3s.), Berger (1m. 01s.) et Martini (-2t.).
42e: Prost n'est qu'à une seconde de Mansell. Rosberg a déjà « fusillé » son second train de Goodyear et ne peut pas les suivre.
43e: Brundle change tardivement de pneumatiques (11s.) et chute au huitième rang.
44e: Une demi-seconde sépare Mansell et Prost. Rosberg est à quatre secondes et demie de son coéquipier.
46e: Mansell et Prost continuent de se suivre et s'apprêtent à prendre un tour aux Arrows.
48e: Prost est très près de Mansell. Rosberg effectue un second passage aux stands pour mettre des pneus B assez durs. Il ne perd pas la troisième place, mais très certainement toutes ses chances de succès.
49e: Prost est gêné par l'Arrows de Berger. Martini s'arrête dans les graviers après la fêlure de son radiateur d'eau. Il n'y a plus que huit voitures sur la piste.
50e: Mansell précède Prost (1.7s.), Rosberg (26.5s.), de Angelis (32.5s.), Johansson (56.2s.), Boutsen (1m. 08s.), Berger (-1t.) et Brundle (-1t.).
51e: Rosberg remonte sur les leaders au rythme de deux secondes par tour.
52e: Le moteur de Prost commence à bafouiller à cause d'une défaillance de son boîtier électronique. Le Français décide de ne pas abuser de la pression de turbo pour éviter l'abandon.
53e: De Angelis quitte la course avec un turbo Renault cassé. Brundle doit changer une seconde fois ses pneus.
55e: Mansell a une seconde et demie d'avance sur Prost. Rosberg lui concède vingt secondes.
56e: Mansell s'inquiète de voir sa température d'eau augmenter dangereusement. Le temps de réponse du moteur Honda s'en trouve affecté.
57e: Prost garde le contact avec Mansell malgré un moteur de moins en moins performant.
59e: Mansell prend un tour à Johansson. Boutsen change pour la seconde fois de gommes et perd une position au profit de Berger.
60e: Mansell est leader devant Prost (2.4s.), Rosberg (16.8s.), Johansson (-1t.), Berger (-1t.), Boutsen (-1t.) et Brundle (-1t.).
62e: Prost rend maintenant trois secondes à Mansell. Rosberg n'est plus qu'à une douzaine de secondes du Français.
64e: Cela va mal pour Prost dont le moteur cafouille de plus en plus. Rosberg revient à onze secondes.
65e: Mansell est premier devant Prost (3.8s.), Rosberg (13.4s.), Johansson (-1t.), Berger (-1t.), Boutsen (-1t.) et Brundle (-1t.).
67e: Rosberg est revenu dans le sillage de Prost et paraît en mesure de le doubler sans mal. Le Finlandais emprunte de larges trajectoires, frôle les bordures, franchit les courbes le pied au plancher, bref du pur « rosbergisme » !
69e: Quatre secondes séparent Prost et Rosberg. Très loin de là, Johansson roule à faible allure pour économiser de l'essence.
70e: Mansell est toujours en tête devant Prost (8.1s.), Rosberg (10.1s.), Johansson (-1t.), Berger (-1t.), Boutsen (-1t.) et Brundle (-2t.).
71e: Rosberg rattrape facilement Prost et le double par l'extérieur dans la courbe Sunset.
72e: Rosberg se lance dans une poursuite effrénée de son équipier qui se trouve à huit secondes. Escaladant les vibreurs sans égard pour ses pneus, il gagne plusieurs dixièmes par tour.
73e: Sept secondes entre Mansell et Rosberg. Celui-ci prend à fond la courbe de Barbeque, dérape, met deux roues dans la poussière, ne lâche pas l'accélérateur... et revient en piste sans avoir perdu une seconde ! Prost vit un calvaire: son moteur est en train d'expirer et tourne au ralenti.
74e: Rosberg rafle le meilleur tour de la course: 1'08''149'''. Cependant Mansell a appuyé sur le champignon et l'écart entre les deux équipiers ne diminue pas.
75ème et dernier tour: Le moteur de Prost est muet. Mais le pilote McLaren décide d'aller au bout en continuant sur son élan. Il agite son volant dans tous les sens afin de parcourir les derniers mètres.
Nigel Mansell remporte sa deuxième victoire devant Rosberg. C'est le doublé des « moustachus couillus » de Frank Williams ! Prost arrive en vue de l'arrivée à 5 km/h ! Encouragé par son team, il donne de furieux coups de reins à son bolide qui vient mourir sur la ligne de chronométrage. Johansson termine quatrième. Berger finit cinquième et inscrit ses deux premiers points en Formule 1. La sixième place revient à son coéquipier Boutsen. Brundle est septième et dernier.
Après la course
Sur le podium se retrouvent Mansell, Rosberg, Prost... et Johansson, qui croyait par erreur avoir doublé Prost ! Malheureusement pour lui, il possédait bel et bien un tour de retard sur le Français. Pendant que Mansell embrasse la belle miss sud-africaine, Rosberg s'amuse à lui verser le contenu d'une bouteille d'eau dans le cou. Puis c'est la douche au champagne. Mansell avoue que ce succès fut moins aisé à obtenir que celui de Brands-Hatch: « Cette fois-ci, j'ai été sous pression de bout en bout. Je dois reconnaître que je suis ravi, car c'est encore plus satisfaisant. Je pense avoir définitivement tordu le cou à cette légende qui disait que j'étais incapable de gagner... »
Alain Prost est toujours d'humeur massacrante et constate que la paire Williams-Honda est devenue la meilleure du plateau. L'écurie de Didcot est déjà la favorite de la saison 1986. « A mon avis, Rosberg a fait une belle connerie en signant chez McLaren... » murmure Prost à un journaliste.
Avec 76 points, le champion français bat cependant le record de points inscrits en une saison. Au classement des constructeurs, McLaren (90 pts) est bien partie pour être sacrée en Australie devant Ferrari (80 pts). Avec 62 unités, Williams-Honda peut encore chiper la troisième place à Lotus-Renault (71 pts).
Tony