Alan JONES
 A.JONES
Williams Ford Cosworth
Carlos REUTEMANN
 C.REUTEMANN
Williams Ford Cosworth
Riccardo PATRESE
 R.PATRESE
Arrows Ford Cosworth

344e Grand Prix

X Grande Premio do Brasil
Variable
Jacarepagua
dimanche 29 mars 1981
62 tours x 5.031 km - 311.922 km
Course prévue pour 63 tours, stoppée au bout de 2 heures.
Affiche
F1
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Le Grand Prix du Brésil revient sur le tracé de Jacarepaguá près de Rio de Janeiro, celui d'Interlagos était jugé obsolète. C'est un évènement « made in FOCA » puisque son organisateur n'est autre que Bernie Ecclestone lui-même !

 

La controverse concernant la Lotus 88 n'en finit pas. La cour d'appel de l'Automobile Competition Committee for the United States (ACCUS) a confirmé sa légalité, mais la FISA a précisé que cette décision n'était valable que pour le territoire américain. Il semble que Bernie Ecclestone ait réussi à persuader Jean-Marie Balestre de la nécessité d'interdire cette « voiture-gigogne ». Ecclestone n'a sans doute pas la conscience tranquille car sa Brabham BT49C viole elle-aussi l'esprit du règlement...

Toujours est-il qu'au Brésil, les commissaires techniques autorisent la 88 à courir... avant que, comme à Long Beach, une avalanche de réclamations ne s'abatte sur leur bureau. Ferrari se joint aux protestations des Britanniques. Le vendredi matin, les commissaires se rendent au garage Lotus pour observer si, avec deux pneus dégonflés, la voiture ne touche pas le sol, tel que le contraint le règlement. Les mécaniciens s'exécutent et effectivement la 88 ne touche pas le sol... jusqu'à ce qu'un commissaire s'appuie lourdement sur la carrosserie, qui alors frotte l'asphalte. Quelques instants plus tard, la 88 de de Angelis reçoit le drapeau noir. Cette mascarade a été montée de toutes pièces par les officiels, sans doute sur ordre d'Ecclestone. Colin Chapman enrage mais ne renonce pas à faire courir sa voiture. Il retentera sa chance en Argentine.

 

Autant que la Lotus 88, la Brabham BT49C suscite la polémique à cause de sa suspension hydraulique. Lors des essais, tout le monde constate qu'à pleine vitesse des jupes se rabattent sous la coque du bolide... et que celui retrouve sa garde au sol originelle à l'arrêt. Le système de Gordon Murray est très ingénieux. La concurrence est perplexe mais n'ose pas protester ouvertement puisque Bernie Ecclestone est l'organisateur de la course. Le plus réactif est Patrick Head qui a installé un prototype d'amortisseurs à gaz spéciaux sur les Williams mais celui-ci n'est utilisé que lors des entraînements.

 

Pour la Temporada sud-américaine Ken Tyrrell loue sa deuxième Tyrrell à l'Argentin Ricardo Zunino qui obtient là une dernière chance de briller après son piètre passage chez Brabham.

A cours d'argent, Mo Nunn a signé un contrat avec un obscur pilote colombien déjà aperçu en CanAm et IMSA, Ricardo Londoño-Bridge, moyennant une valise de billets. Cette expérience tourne court dès les essais du vendredi. Après quelques tours très lents, Londoño percute la Fittipaldi de Rosberg et atterrit dans le décor. Les commissaires s'aperçoivent alors que l'impétrant n'a pas sa licence pour courir en Formule 1. Nunn s'en sépare et fait donc de nouveau appel à Marc Surer. Londoño disparaît du paddock aussi rapidement qu'il était apparu...

McLaren utilise à nouveau la M29F en attendant Buenos Aires où devrait enfin apparaître en course la MP4/1.

 

Talbot-Ligier emmène et inscrit trois pilotes pour cette course : Jacques Laffite, Jean-Pierre Jarier et Jean-Pierre Jabouille. Celui-ci souffre toujours de la cheville droite. Il a mené une séance d'essais sur le circuit de Ladoux au volant d'une JS15. Malgré des temps corrects, il faut admettre que sa convalescence n'est pas terminée. A Rio, Jabouille participe à la séance chronométrée du vendredi et tourne trois secondes plus lentement que Jarier. Sa cheville est trop raide sur les pédales. Jabouille décide sagement de déclarer forfait. Jarier le remplace officiellement, mais il est peu satisfait de ce rôle de suppléant, estimant qu'il mérite mieux.

 

Les qualifications

La plomberie hydropneumatique fonctionne désormais parfaitement sur la voiture de Piquet. Le Brésilien bénéficie d'un effet de sol déguisé et réalise la pole position avec une nette avance sur ses adversaires déconfis (1'35''079'''). Seul Reutemann parvient à l'approcher à trois dixièmes. Suit Jones qui est relégué à plus d'une seconde à cause d'une Williams sous-vireuse. Patrese confirme les excellentes performances réalisées par l'Arrows à Long Beach avec le quatrième temps. On pensait que les moteurs turbo domineraient grâce aux longues lignes droites du circuit : ce n'est pas le cas. Cinquième, Prost est le premier des turbos. Il retrouve Giacomelli en troisième ligne. Les Alfa Romeo se comportent bien puisqu'Andretti est neuvième. En revanche Arnoux a la mine sombre car il n'est que huitième avec la seconde Renault, position obtenue au volant de la voiture de Prost !

 

« Nous roulons 15 km/h plus vite que les Cosworth en ligne droite, mais nous sommes tellement lents en virage que cela ne nous sert à rien. » déclare Villeneuve, soulignant les problèmes de la Ferrari 126 CK. Si le Québécois obtient une septième place tout à fait correcte, Pironi n'est que 17ème... Aux volants de leurs vieilles Lotus 81, de Angelis et Mansell font de leur mieux et se classent respectivement dixième et treizième. A leurs côtés on trouve Rebaque, onzième, et Rosberg, douzième. Les Tyrrell font plutôt pâle figure : Cheever se classe quatorzième et Zunino est 24ème et dernier. Chez McLaren, Watson se dit content de sa 15ème place. De Cesaris, vingtième, n'a pas cessé de partir en tête-à-queue. Les Talbot-Matra ont été accablées de problèmes. Laffite se classe à une piteuse seizième place, tandis que Jarier s'est qualifié de justesse au 23ème rang. Dépêché de justesse pour remplacer Londoño, Surer se classe 18ème. On retrouve aussi en fond de grille Tambay, Stohr et Serra.

 

Lammers a dû se débattre avec un châssis retapé à la hâte après son accrochage avec Giacomelli à Long Beach et ne peut pas se qualifier. Les Osella de Gabbiani et Guerra, ainsi que les March de Daly et de Salazar ne sont pas qualifiées.

 

Le Grand Prix

Événement peu avant le départ : Emerson Fittipaldi boucle quelques tours au volant de sa F8 pour célébrer sa retraite. Les Brésiliens réservent une ovation à leur ancienne idole qui égale celle offerte à leur nouvel héros Nelson Piquet. Celui-ci doit faire face à une énorme pression populaire. Il s'isole de l'hôtel Intercontinental dévolu aux coureurs pour trouver un peu de calme au sud de Rio avec son ami Eddie Cheever.

 

Hélas le dimanche est gâché par la pluie qui tombe drue sur Rio de Janeiro. Le circuit est très détrempé et presque tous les pilotes partent en pneus rainurés. A la surprise générale, Piquet choisit de monter des slicks, persuadé que l'averse va cesser. Un choix assez hasardeux et Ecclestone lui-même n'est pas très optimiste. Seuls Pironi et Stohr montent aussi des slicks.

 

Départ : Piquet patine à cause de ses slicks et reste presque sur place. Reutemann, Patrese et Jones lui passent devant. Derrière, Villeneuve frotte l'arrière de la Renault de Prost et endommage son aileron contre Arnoux qui part en tête-à-queue. Andretti heurte l'arrière de la Ferrari, décolle et retombe sur la piste. Dans la confusion, Rosberg percute Cheever tandis qu'Arnoux et Serra entrent en contact. Stohr tape la Fittipaldi du jeune Brésilien et rebondit sur Rebaque. De Cesaris échappe à ce tumulte en passant par l'herbe.

 

1er tour : Serra, Andretti et Arnoux abandonnent suite au carambolage. Jones prend l'avantage sur Patrese pendant que Piquet dégringole au classement. En fin de tour, Reutemann mène devant Jones, Patrese, Giacomelli, de Angelis, Rosberg, Villeneuve, Prost, Surer et Watson. Tambay sort dans les graviers mais va pouvoir repartir.

 

2e : Reutemann, Jones et Patrese possèdent une large avance sur leurs poursuivants grâce à la confusion du départ. Watson dépasse Surer puis Prost. Cheever regagne les stands avec peine pour réparer les dégâts subis.

 

3e : Reutemann et Jones sèment Patrese. Piquet n'occupe plus que le dix-septième rang. Pironi et Stohr, également partis en Michelin slicks, ferment la marche.

 

4e : Les Williams et Patrese prennent déjà un tour à Stohr qui est presque « arrêté ». De Angelis prend la quatrième place à Giacomelli. Surer double Prost.

 

5e : Reutemann mène devant Jones (2.2s.) et Patrese (7s.). De Angelis est à quinze secondes. Jarier prend la onzième place à Laffite. Devant les stands, les commissaires de course se demandent comment évacuer la Fittipaldi de Serra, toujours en bordure de piste.

 

6e : L'averse a cessé. Villeneuve roule avec un aileron avant abîmé depuis son accrochage avec Prost. Cela ne l'empêche pas de menacer Rosberg mais Watson est sur ses talons.

 

7e : Giacomelli rencontre un souci d'allumage. Il regagne le stand Autodelta pour faire changer sa bobine.

 

8e : A trente secondes de la tête de course, de Angelis est sous la menace de Rosberg. Villeneuve tente désespérément de résister à Watson.

 

9e : Reutemann conserve une seconde et demie d'avance sur Jones. Patrese les suit à dix secondes. Watson puis Surer dépassent Villeneuve.

 

10e : La piste s'assèche un peu. Reutemann et Jones prennent un tour à Pironi. Villeneuve entre enfin à son stand pour faire changer son train avant. De Cesaris renonce à cause d'une panne d'allumage. Cheever a repris la piste.

 

11e : Villeneuve redémarre derrière les Williams qu'il laisse passer. Rebaque arrive chez Brabham pour changer ses pneus.

 

12e : Même si la pluie a cessé, la piste est encore très humide. Giacomelli est reparti.

 

13e : L'écart est le même entre Reutemann et Jones. Tous les deux doublent Zunino. Watson menace Rosberg dont la Fittipaldi est en proie à du sous-virage.

 

14e : Stohr concède un deuxième tour aux leaders. Watson prend la cinquième place à Rosberg.

 

15e : Reutemann mène devant Jones (4s.), Patrese (16s.), de Angelis (34s.), Watson (41s.) et Rosberg (43s.). A la faveur du dépassement de Giacomelli attardé, Jarier déborde Surer à l'abord de la courbe Sul. Quelques secondes derrière eux se trouvent Prost et Laffite.

 

16e : Jarier et Surer sont derrière Rosberg. Jarier déborde le Finlandais dans Juncao et s'empare ainsi du sixième rang.

 

17e : Surer menace Rosberg qui lui résiste farouchement. Nouveau passage de Giacomelli au stand Alfa Romeo.

 

18e : Surer prend la septième place à Rosberg. Le Suisse est vraiment impressionnant dans ces conditions au volant de la très modeste Ensign. Prost et Laffite se battent pour la neuvième place.

 

20e: Reutemann précède Jones de deux secondes. Suivent Patrese (24s.) et de Angelis (42s.). Watson est cinquième devant Jarier et Surer. Après avoir contré fermement une attaque de Laffite, Prost dépasse Rosberg au bout de Juncao. Toujours équipé de slicks, Piquet navigue en treizième position.

 

21e : Après le passage de la première courbe Molykote, Prost prend un tour à Pironi en le doublant par l'intérieur. Hélas, Pironi part en aquaplanage au même instant, fait un tête-à-queue à pleine vitesse et percute la roue arrière gauche de Prost. Les deux voitures quittent la route, glissent dans l'herbe et atterrissent dans les grillages. Les deux jeunes Français sortent indemnes de leurs voitures. Pendant ce temps-là, Rosberg est dépassé par Laffite.

 

22e : Jarier est sur les talons de Watson.

 

23e : Jarier attaque Watson dans la partie sinueuse mais le Nord-Irlandais lui ferme la porte. Alors dixième, Tambay prend un tour à Stohr mais ce faisant le bouscule. L'Arrows part en toupie et heurte le rail par l'avant. L'Italien n'a plus qu'à jeter l'éponge.

 

25e : Une seconde sépare Reutemann et Jones. Patrese a trente-deux secondes de retard sur les Williams. Il maintient à bonne distance de Angelis qui roule isolé. Neuf secondes derrière la Lotus, Watson, Jarier et Surer luttent pour les points. Giacomelli est encore arrêté aux stands.

 

26e : La piste s'asséchant peu à peu, Piquet est plus rapide et lutte maintenant avec Mansell. Après une excursion hors-piste Rebaque a endommagé sa suspension arrière et rejoint son garage pour abandonner. Villeneuve est aussi à son stand car la wastegate de son turbo est abîmée.

 

28e : Piquet prend la onzième place à Mansell. Villeneuve abandonne : son turbo ne fonctionne plus.

 

29e : La piste s'assèche et Jarier qui a réglé sa Ligier de manière sous-vireuse devient une proie pour Surer qui le déborde à Juncao. Puis Laffite surprend son équipier et le dépasse à son tour.

 

30e: Reutemann mène devant Jones (1.8s.), Patrese (36s.) et de Angelis (58s.). Vient ensuite un peloton composé de Watson, Surer, Laffite et Jarier. Rosberg est neuvième et précède Tambay, Piquet et Mansell.

 

31e : Surer est collé à l'arrière de la McLaren de Watson mais n'arrive pas à la doubler. Laffite est juste derrière l'Ensign.

 

33e : La bagarre fait rage entre Watson et Surer pour la cinquième place. Watson ferme toutes les portes à son inattendu adversaire.

 

35e : L'écart est stable entre Reutemann et Jones. Sous la pression de Surer, Watson part en tête-à-queue dans la courbe de Sul et effectue une pirouette dans le gazon. Il peut regagner assez aisément la piste mais Surer, Laffite et Jarier sont passés devant lui.

 

36e: Maintenant cinquième, Surer continue d'étonner puisqu'au volant de son Ensign il réalise le meilleur chrono de l'épreuve : 1'54''302'''.

 

38e : Piquet double successivement Tambay puis Rosberg. Le public brésilien reprend espoir de le voir terminer dans les points. Piquet utilise la trajectoire désormais sèche pour se débarrasser de ses adversaires en pneus pluie.

 

40e : Reutemann a une seconde et demie d'avance sur Jones. Patrese suit à quarante-deux secondes. Surer, Laffite et Jarier rattrapent de Angelis aux prises avec un amortisseur défaillant et une crevaison lente.

 

42e : Surer menace de Angelis qui lui résiste comme il peut.

 

43e : Les Williams sont dans le trafic et doivent se débarrasser de Rosberg, de Tambay et des deux Tyrrell de Cheever et de Zunino.

 

44e : Reutemann est gêné par Rosberg qui ne lui cède pas le passage.

 

45e : Il pleut de nouveau sur le circuit. Les espoirs de Piquet s'envolent : la course s'achèvera sur piste humide. Surer et Laffite menacent de Angelis.

 

46e : La piste est de nouveau détrempée. Reutemann se débarrasse de l'encombrant Rosberg. De Angelis résiste à un trio composé de Surer, Laffite et Jarier.

 

47e : Jarier dépasse Laffite dans la ligne droite de Juncao. Avec le retour de la pluie, sa Ligier est de nouveau mieux réglée que celle de son équipier.

 

49e : De nouveau handicapé par ses pneus lisses, Piquet effectue un tête-à-queue et perd deux places. Les Williams lui prennent un tour... Surer prend la quatrième place à de Angelis.

 

50e : Reutemann est premier devant Jones (2.3s.), Patrese (56s.), Surer (1m. 21s.), de Angelis (1m. 24s.), Jarier (1m. 25s.) et Laffite (1m. 26s.). Suivent Watson, Rosberg, Tambay, Piquet, Mansell et Zunino.

 

52e : La pluie continue de tomber et rend les conditions d'adhérence très précaires en cette fin de course. Reutemann a trois secondes et demie d'avance sur son équipier.

 

54e : Surer sème sans mal de Angelis et les Ligier et gagne du terrain sur Patrese, mais il est trop loin pour pouvoir le menacer. Jarier a semé Laffite et se montre très pressant derrière de Angelis. Le jeune Italien lui résiste superbement.

 

55e : Piquet effectue un tête-à-queue juste devant les stands. Il se relance mais vit un calvaire en cette fin de course.

 

56e : Frank Williams et Jeff Hazell font brandir un panneau à l'adresse de Reutemann : « Jones-Reut ». En vertu de son contrat, Reutemann doit s'effacer devant Jones s'il n'a pas plus de sept secondes d'avance sur lui, ce qui est le cas ici.

 

57e : Bénéficiant d'une piste claire, Reutemann a forcément vu le panneau de son équipe mais ne cède pas le passage à Jones !

 

58e : Chez Ligier, Gérard Ducarouge ordonne à Jarier de laisser passer Laffite pour que celui-ci inscrive un point. Et ce alors que « Godasse de plomb » harcèle de Angelis...

 

59e : On approche des deux heures de course : celle-ci n'ira sûrement pas au but. Reutemann a deux secondes d'avance sur Jones. Patrese a maintenant une minute de retard sur le leader. Watson concède un tour aux leaders.

 

60e : Jarier obéit à Ducarouge et laisse passer Laffite, non sans faire étalage de sa mauvaise humeur.

 

61e : Non seulement Reutemann ne s'efface pas devant Jones, mais en plus il réalise son meilleur tour de la course (1'54''780''') ! C'est une provocation. Jones s'impatiente mais il ne peut rien tenter contre son collègue à cause de la pluie. Les deux heures de course sont atteintes : le prochain tour sera le dernier.

 

62ème et dernier tour : Carlos Reutemann ne s'est pas écarté et remporte sa onzième victoire en F1, quatre secondes devant Jones. Patrese a mené une course très solide et monte sur le troisième podium de sa carrière. Surer a été fantastique et permet à Ensign d'inscrire ses premiers points depuis 1978. Non moins héroïque, de Angelis finit cinquième malgré une crevaison lente. Laffite prend le dernier point et termine juste devant son équipier Jarier. Watson a tout perdu sur son tête-à-queue et se contente de la huitième place. Suivent Rosberg, Tambay, Mansell, Piquet et Zunino. Cheever et Giacomelli ne sont pas classés.

 

Après la course: La rébellion de Reutemann

En n'offrant pas la victoire à Jones, Reutemann entre en rébellion ouverte contre son équipe. Sitôt l'arrivée, l'Australien sort furieux de sa monoplace et refuse de paraître à la remise des récompenses. « El Lole » ne retrouve que Riccardo Patrese sur le podium. Il est radieux, comme libéré d'avoir brisé le joug de Frank Williams. Celui-ci sermonne son pilote au pied du podium. Reutemann ne répond pas. Il se répand en excuses absurdes, prétend qu'il n'a pas vu les panneaux, ou qu'il comptait laisser passer Jones dans le 63ème tour qui n'a pas eu lieu. Personne ne le croit, alors Reutemann fait front. Le « gaucho triste », d'habitude si prompt à s'écrouler psychologiquement, fait preuve cette fois de caractère. Il pense que son heure est venue, qu'il peut devenir champion du monde et qu'il ne doit donc plus accepter d'être un porteur d'eau. Dans l'ensemble ses collègues l'approuvent. « Il n'est pas fait pour rester second pilote à vie... » résume Eddie Cheever.

 

Alan Jones estime quant à lui que Reutemann est entré en rébellion ouverte. Maintenant, chez Williams, ce sera chacun pour soi : « La guerre est déclarée. Reutemann m'a trahi. Il connaît très bien les clauses de son contrat. [...] Maintenant, Carlos n'est pour moi qu'un adversaire de plus à battre. »

 

Au-delà de ces polémiques, cette longue course aura permis à quelques jeunes éléments de se distinguer : Riccardo Patrese a cette fois-ci effectué un « sans-faute » au volant de l'Arrows, Marc Surer a enfin pu se révéler sous la pluie, tandis que le bel Elio de Angelis a fait montre d'une pugnacité peu commune malgré une Lotus blessée. Nelson Piquet a en revanche péché par orgueil et sa stratégie s'est révélée désastreuse. Le jeune Brésilien fait profil bas le dimanche soir. A noter l'excellente tenue des pneumatiques Michelin sur piste humide que manquent de saluer les constructeurs anglais, toujours aussi méfiants à l'encontre des produits français.

 

Jones et Reutemann se partagent la première place du championnat du monde avec 15 points chacun. Avec 30 points dans l'escarcelle sur 30 possibles, Williams-Ford-Cosworth est déjà partie pour un second titre.

Tony