Conflit F.O.C.A. - F.I.S.A. : Ecclestone passe à l'offensive
On ne voulait pas y croire mais le fait est là: après des années de conflit latent entre le pouvoir sportif et l'association des constructeurs, la Formule 1 se retrouve au bord du schisme.
Depuis Zolder, la guerre était déclarée entre la FISA et la FOCA. Les pilotes des équipes affiliées à l'organisation de Bernie Ecclestone boycottent les briefings d'avant-course organisés par la fédération internationale. Son président Jean-Marie Balestre est décidé à prendre des sanctions pour faire céder ses ennemis. Peu avant Jarama, comme les amendes infligées aux pilotes fautifs n'ont pas été payées, il brandit la menace de suspendre leurs licences s'ils ne se présentent pas à la réunion précédent le Grand Prix d'Espagne. Cela est inacceptable pour la FOCA qui lance l'offensive le vendredi 30 mai 1980. Au-delà de la défense des coureurs, l'association britannique a un objectif précis: faire revenir Balestre sur l'interdiction de l'effet de sol décrétée pour le 1er janvier 1981.
Le vendredi matin, la FOCA annonce qu'elle refusera de disputer le Grand Prix d'Espagne si les amendes infligées aux pilotes ne sont pas levées. Le Real Automovil Club de España (RACE), organisateur de l'épreuve, inquiet pour le sort de celle-ci, propose à la FISA de régler les pénalités. Balestre refuse. Afin de sauver son Grand Prix, le président du RACE, le marquis de Cubas, décide de ne plus reconnaître l'autorité de la FISA et d'organiser le GP d'Espagne « sous les auspices de la FIA ». Ravi, Ecclestone se rallie à cette solution. Mais Cubas prend le risque d'être désavoué par la FIA...
De plus si le RACE est propriétaire du circuit de Jarama et organisateur de la course, les pouvoirs sportifs reviennent à la Fédération espagnole de l'automobile (FEA). Ce vendredi matin, le Royal Automobile Club lui reprend ces pouvoirs malgré la protestation du gouvernement espagnol. Le marquis de Cubas est sous l'influence d'Ecclestone qui prétend que la FIA désavouera certainement Balestre. Les écuries légalistes, à savoir Renault, Alfa Romeo et Ferrari refusent de participer à une course illégale et menacent de quitter Jarama.
Les impossibles négociations
Le vendredi et le samedi matin se passent en conciliabules interminables entre d'une part Bernie Ecclestone, d'autre part Jean Sage, Pier Luigi Corbari et Marco Piccinini, les directeurs des trois équipes légalistes. Sage est le plus déterminé à ne pas céder à Ecclestone et annonce d'ailleurs le retrait de Renault de la FOCA, quatre semaines seulement après son adhésion. Cependant, d'après Ecclestone, Piccinini est le plus résolu au boycott de l'épreuve car il sait que les Ferrari vont de nouveau faire piètre figure... Durant toute la journée du samedi, les journalistes espèrent qu'un accord sera trouvé. Les pilotes des trois équipes concernées sont dépités de ne pouvoir courir du fait d'intrigues politiques. Mais on sent bien que personne ne veut parvenir à un accord.
Le prince Ferdinand de Bavière, président de la fédération espagnole, et le directeur de la course Angel Murcia sont exclus des négociations par Ecclestone. Balestre multiplie les communiqués provocateurs. De son côté Max Mosley, l'avocat de la FOCA, dénonce les « abus d'autorité » dont aurait fait preuve le président de la FISA. Certains patrons d'équipes réclament tout haut à sa démission.
Arrivés sur le circuit, les représentants des grands sponsors, François Guiter (Elf), Aleardo Buzzi (Philip Morris) et Jean Carrière (Gitanes) sont pris entre deux feux et impuissant.
Finalement, le samedi à la mi-journée, Balestre quitte Madrid. C'est le signal pour Ferrari, Alfa Romeo et Renault qui plient bagages dans l'après-midi. Ecclestone savoure son triomphe. Il est de courte durée: spontanément, la majorité des grands médias de la presse écrite et audiovisuelle boycottent ce Grand Prix au rabais. Celui-ci ne sera pas diffusé en direct sur les chaînes étrangères. Ecclestone est dubitatif. Les sponsors eux sont impressionnés par cette réaction et en déduisent que cette fois-ci, ce ne sont peut-être pas les absents qui auront tort...
Le sport, malgré tout... changement de pilotes et qualifications
Malgré la politique, il y a bien eu un Grand Prix d'Espagne 1980...
Patrick Gaillard est de retour au volant de l'Ensign à la place de Tiff Needell. Deux ans après sa dernière apparition, l'Espagnol Emilio de Villota parvient à engager une Williams FW07 privée préparée par le RAM Racing de Mike Ralph et John Macdonald et habituellement engagée dans le championnat Aurora.
Enzo Osella a rebaptisé sa voiture du nom de son sponsor, la marque de parfum Denim, afin d'éviter que la FISA ne se venge de sa participation à ce Grand Prix « pirate » sur la voiture qu'il a engagée aux prochaines 24 heures du Mans.
Imbattables à Jarama l'année précédente, les Ligier dominent de nouveau les essais. De son propre aveu, Laffite bénéficie d'une voiture absolument parfaite et réalise la pole position dès le vendredi. Comme depuis deux courses, on assiste à un duel Williams - Ligier. Jones est en effet second sur la grille devant Pironi et Reutemann. En proie à une voiture sous-vireuse, Piquet se classe cinquième. Malgré un spectaculaire accident au volant de son mulet (de nouveau à cause d'une rupture de suspension !), Prost se hisse à une très belle sixième place. Pour une fois Zunino fait bonne impression en obtenant la septième place. Il précède la Lotus d'Andretti, l'ATS de Lammers et la « Denim » de Cheever qui a été excellent. On retrouve ensuite Patrese, Watson, de Angelis et Mass.
De Villota est dix-septième et précède Rosberg et Fittipaldi qui ont été accablés de soucis techniques. Lees, Gaillard et Kennedy complètent le fond de la grille.
Le Grand Prix
C'est sous un beau soleil et dans une ambiance des plus tendues que se déroule ce Grand Prix d'Espagne illégal.
Départ : Laffite part moyennement tandis que Reutemann surgit sur sa gauche depuis la deuxième ligne. L'Argentin se porte en tête au premier freinage suivi par Jones, Pironi, Laffite et Piquet. Lammers est très bien parti et se retrouve sixième.
1er tour : Reutemann est premier devant Jones, Pironi, Laffite, Piquet, Lammers, Zunino, Andretti, Cheever et Patrese. Mal parti, Prost n'est que treizième.
2e : Les Williams et les Ligier se suivent en tête de l'épreuve. Kennedy part en tête-à-queue et atterrit dans un grillage.
3e : Reutemann, Jones, Pironi, Laffite et Piquet sont roues dans roues.
4e : Laffite attaque Pironi et le double sur la ligne de chronométrage.
5e : Le train des leaders poursuit sa route tandis que Lammers et Zunino sont sans surprise distancés. Cheever prend la huitième place à Andretti.
6e : Prost abandonne suite à une panne de moteur. De Villota s'arrête à son stand pour changer de pneus.
8e : Reutemann mène devant Jones (0.8s.), Laffite (1.4s.), Pironi (2s.) et Piquet (3s.). Patrese et Mass doublent Andretti.
10e : Jones est à l'attaque derrière Reutemann mais il est inquiet car son moteur surchauffe. Les leaders reviennent déjà sur le pauvre Gaillard qui n'est pas au mieux au volant de son Ensign. Piquet parvient à déborder Pironi.
11e : Rosberg part en tête-à-queue et sa Fittipaldi s'enfonce dans le sable. Il ne repartira pas.
12e : Laffite se montre pressant derrière Jones qui a aussi un souci avec son sélecteur de vitesses.
13e : Jones manque une vitesse dans un virage et évite de peu la sortie de piste. Cependant Laffite, Pironi et Piquet lui passent devant. Trahi par ses freins, Daly sort de la piste et finit sa course dans les champs.
14e : Reutemann est premier devant Laffite (0.8s.), Piquet (1.5s.), Pironi (2.4s.) et Jones (4s.). Lammers est sixième à vingt secondes et précède Zunino, Cheever, Patrese et Mass.
15e : Lammers est victime d'ennuis électriques. Il regagne son stand avant de reprendre la piste bon dernier.
17e : Laffite menace Reutemann qui ne cède pas. Piquet et Pironi sont sur les talons du Français.
20e : Statu quo en tête de l'épreuve. Laffite est toujours blotti derrière Reutemann sans pouvoir le doubler. Piquet et Pironi sont dans leur sillage tandis que Jones ménage sa monture et évolue à cinq secondes de la tête de course. Suivent Zunino, Cheever, Patrese, Mass et Andretti.
22e : Laffite tente de déborder Reutemann dans la longue pleine charge, sans succès.
24e : Pas de changement en tête. Les quatre premiers se tiennent en deux secondes, Jones est un peu en retrait tandis que Zunino est sixième à trente-cinq secondes, talonné par Cheever et les deux Arrows.
25e : Patrese s'arrête à son garage car il subit une fuite à un étrier de frein. Il fait changer cette pièce.
27e : Patrese reprend la piste avec deux tours de retard.
28e : Laffite est toujours collé derrière l'Argentin mais il ne peut pas le doubler car le circuit est trop étroit. Le seul endroit propice aux dépassements est la ligne droite principale, mais la vitesse de pointe de la Williams y est supérieure à celle de la Ligier. Lammers abandonne à cause de ses problèmes électriques.
30e : Reutemann contient toujours Laffite, lequel précède d'une seconde les inséparables Piquet et Pironi. Andretti voit son moteur partir en fumée.
32e : Laffite se donne à 110 % derrière Reutemann mais il sent que sa pédale de frein s'allonge.
33e : Patrese abandonne, trahi par ses freins.
34e : Zunino est au ralenti avec une tringlerie de boîte de vitesses défectueuse. Il regagne son garage.
35e : Reutemann mène devant Laffite (0.6s.), Piquet (1.2s.), Pironi (1.7s.) et Jones (4.2s.). Suivent Cheever, Mass, Watson et de Angelis.
36e : Reutemann et Laffite arrivent sur de Villota pour lui prendre un tour. A la sortie du virage Varzi, l'Argentin passe l'Espagnol par la droite avant de plonger à l'épingle suivante à gauche. Impatient, Laffite tente alors de se faufiler sur la gauche de de Villota, mais celui-ci ne le voit pas. La Ligier escalade la roue arrière gauche de la Williams privée, s'envole, retombe lourdement et éperonne le flanc de la voiture de Reutemann. Les deux premiers se retrouvent dans le bas à sable ! Laffite a commis une erreur de jugement mais a eu chaud : sa roue avant droite a décollé à sa hauteur mais est heureusement restée attachée au porte-moyeu... Le choc a surtout été violemment pour Reutemann qui est groggy mais indemne.
37e : Piquet se retrouve en tête de la course devant Pironi et Jones. De Villota se traîne jusqu'aux puits pour abandonner avec une suspension arrière altérée.
38e : Cheever occupe une incroyable quatrième place avec son Osella mais un de ses pontons commence à se détacher. Mass le rattrape petit à petit.
40e : Piquet est premier devant Pironi (2.1s.), Jones (3.8s.), Cheever (51.8s), Mass (52.6s.), Watson (1m. 02s.) et de Angelis (1m. 03s.). Jarier est le dernier pilote à être encore dans le même tour que le leader.
42e : Jones est assez menaçant derrière Pironi tandis que Piquet semble être solidement installé au commandement.
43e : Piquet n'avance plus car sa boîte de vitesses vient de se gripper à cause d'un roulement de pignon défaillant. Il stoppe sa Brabham dans le sable tandis que Pironi s'empare de la tête.
44e : Jones passe à l'attaque pour rattraper Pironi. Il réalise le meilleur chrono de la course : 1' 15'' 467'''. Lees est victime d'une rupture de suspension arrière et abandonne.
45e : Pironi a deux secondes de marge sur Jones qui le prend en chasse. Cheever est troisième mais a de plus en plus de mal à résister à Mass. Watson est cinquième juste devant de Angelis.
47e : Jones est revenu à une seconde et demie de Pironi.
48e : Mass prend la troisième place à Cheever dont la tenue de route est altérée par un ponton ébréché.
49e : Tout à sa lutte avec de Angelis, Watson se retrouve derrière l'Ensign attardée de Gaillard. Il percute l'arrière de cette voiture et détruit son train avant. Le Nord-Irlandais doit quitter la course tandis que Gaillard rejoint son stand pour faire changer son aileron arrière.
50e : Jones sollicite trop son moteur en attaquant Pironi et celui-ci surchauffe. Le stand Williams lui indique de lever le pied pour rallier l'arrivée.
52e : Pironi a six secondes d'avance sur Jones. Mass est troisième à plus d'une minute et précède Cheever, de Angelis, Jarier et Fittipaldi.
53e : Gaillard reprend la piste avec quatre tours de retard. Il occupe la huitième et dernière position.
55e : Pironi prend un tour à Cheever. Seuls deux pilotes, Jones et Mass, sont encore dans le même tour que lui.
57e : Pironi porte son avance sur Jones à quinze secondes. Il revient dans les roues de Mass.
58e : Mass s'écarte devant Pironi qui n'a plus de rival pour la victoire.
60e : A vingt tours du but, Pironi est premier devant Jones (18s.), Mass (-1t.), Cheever (-1t.), de Angelis (-1t.), Jarier (-1t.), Fittipaldi (-1t.) et Gaillard (-5t.).
62e : Au volant d'une Osella de plus en plus instable, Cheever est désormais la proie des attaques de de Angelis.
63e : Pironi a maintenant vingt-deux secondes d'avance sur Jones.
65e : Pironi arrive derrière Fittipaldi pour lui prendre un deuxième tour mais ressent des vibrations dans le train avant.
66e : Au premier virage, Pironi prend l'avantage sur Fittipaldi mais sa roue avant droite se dérobe. Elle finit par se détacher dans la courbe Farina. Le jeune Français n'a plus qu'à garer sa Ligier à trois roues.
67e : Jones fonce maintenant vers la victoire. Il précède Mass (53.6s.), Cheever (1m. 05s.), de Angelis (1m. 06s.), Jarier (1m. 15s.) et Fittipaldi (-1t.).
68e : Cheever tombe en panne de boîte de vitesses. L'Américain, qui habituellement a beaucoup de mal à se qualifier, était troisième avec sa modeste Osella... De Angelis récupère sa position.
70e : Jones prend un tour à Jarier. Il n'y a plus que trois voitures dans la même boucle.
73e : La fin de la course est tranquille pour Jones qui ménage toutefois son moteur. Mass est en revanche très inquiet car son V8 surchauffe.
75e : Jones mène devant Mass (55s.), de Angelis (1m. 10s.), Jarier (-1t.), Fittipaldi (-1t.) et Gaillard (-5t.).
77e : Jones et Mass sont assez lents en cette fin de course car tous les deux doivent préserver leur moteur. De Angelis ne hausse pas le rythme cependant pour les rattraper.
80ème et dernier tour : Alan Jones remporte ce Grand Prix d'Espagne « pirate » qui s'est conclu par une hécatombe. Mass est second et monte sur son premier podium de Formule 1 depuis trois ans. De Angelis finit troisième avec sa Lotus. Jarier a mené une course anonyme et termine quatrième devant Fittipaldi. Gaillard amène l'Ensign au sixième et dernier rang avec cinq tours de retard suite à son accrochage avec Watson.
Après la course
Jones et toute l'équipe Williams se montrent satisfaits de ce succès, mais l'enthousiasme n'est pas vraiment au rendez-vous car ils savant que ce Grand Prix a de très fortes chances d'être exclu du championnat du monde. Le pilote australien est très amer car les neuf points de sa victoire lui permettraient de prendre confortablement la tête du classement mondial grâce aux abandons de tous ses rivaux.
En revanche Mo Nunn et toute l'équipe Ensign sablent le champagne pour fêter le « point » obtenu par Patrick Gaillard.
Sommet d'Athènes: Metternich soutient Balestre, la FOCA désavouée
L'épilogue de ce sinistre week-end a lieu dès le lendemain lundi 2 juin à Athènes où se réunit le bureau exécutif de la Fédération internationale de l'automobile. Il doit se prononcer sur la légalité du Grand Prix d'Espagne disputé la veille. Sans surprise le prince de Metternich, président de la FIA, soutient pleinement Jean-Marie Balestre. Il confirme que le GP d'Espagne 1980, s'étant tenu hors de toute légalité, ne comptera pour le championnat du monde. La FOCA et le Royal automobile club d'Espagne sont sévèrement critiqués. De plus Metternich assure que les décisions prises par la FISA à l'occasion du congrès de Rio seront appliquées en 1981. Pour couronner l'ensemble, Balestre annonce quant à lui que la FOCA ne sera plus admise à siéger au comité exécutif de la FISA.
La rupture est totale entre les deux camps en présence. Pour ne rien arranger, le prochain Grand Prix doit avoir lieu en France, fief de Balestre qui est aussi président de la FFSA. Bernie Ecclestone envisage un boycott. Après le Grand Prix de France doit aussi se tenir le Grand Prix de Grande-Bretagne, organisé par le RAC dont le président Basil Tye s'est rallié à la FOCA. Dans cette perspective, ce sont les équipes légalistes qui songent à ne pas se déplacer... Le championnat du monde 1980 pourrait donc s'arrêter là. Ecclestone envisage de fonder un championnat parallèle. Avec le soutien du RAC, il a le projet de créer en 1981 une compétition d'une douzaine d'épreuves, dont quatre se dérouleraient en Grande-Bretagne. Mais il sait aussi qu'il joue très gros car il a bien remarqué que les sponsors et les grands médias ont boudé le Grand Prix « pirate » d'Espagne. Ecclestone a bâti sa fortune sur l'exploitation du « nom » Formule 1. Or en cas de rupture avec la FISA, il perdrait la possibilité d'exploiter ce simple nom qui influence grandement l'esprit du public... et des commanditaires. La porte des négociations n'est donc pas entièrement fermée entre les deux belligérants.
Goodyear annonce son retrait
Une autre conséquence de cette « guerre civile » est l'annonce du retrait de Goodyear de la Formule 1 à l'issue de la saison 1980. Certes, après une année 1979 difficile, le manufacturier américain a repris l'ascendant sur Michelin. Mais ces querelles politiques nuisent à l'image de la Formule 1 et Goodyear ne souhaite plus y être associé. Les dissensions avec Michelin concernant l'utilisation des pneus de qualifications ont aussi lassé en haut lieu.
Ce départ engendre lui aussi de graves interrogations car Goodyear fournit 25 des 29 voitures du plateau... et rien n'indique que Michelin souhaitera exercer un monopole en 1981.
Tony