Présentation de la saison 1978
Lotus aborde l'année 1978 en tant que favorite du championnat du monde. En 1977 l'équipe de Colin Chapman a fait très forte impression grâce à la 78 à effet de sol. Mario Andretti a remporté quatre courses à son volant et, sans quelques défaillances des moteurs, il aurait probablement remporté le championnat du monde. Pour cette nouvelle saison Chapman a conçu un modèle perfectionné mais qui n'apparaîtra qu'en Europe. En tout cas Andretti compte bien devenir champion du monde des conducteurs et pour cela se concentre entièrement sur la Formule 1, abandonnant les courses américaines. Il a également repoussé une offre mirifique de Ferrari. Son équipier est Ronnie Peterson qui, suite à une piètre saison chez Tyrrell, fait son retour chez Lotus après s'être réconcilié avec Chapman. Son protecteur le comte Zanon est l'artisan de cet accommodement. Cependant, celui que l'on considère encore comme le pilote le plus rapide du monde a dû courber l'échine et accepter un contrat de pilote n°2. Andretti aura toute les faveurs de l'équipe technique.
Après le départ de Niki Lauda, la Scuderia Ferrari entame un nouveau cycle en 1978. Enzo Ferrari a nommé un nouveau directeur de la compétition en la personne de Marco Piccinini, autrefois son représentant auprès de la FIA. Carlos Reutemann est promu pour de bon premier pilote. Il est associé au jeune et fougueux Québécois Gilles Villeneuve qui a encore tout à prouver. Mauro Forghieri a conçu une nouvelle voiture mais elle n'apparaîtra qu'à Kyalami. En attendant, la 312 T2 reprend du service. Mais la principale nouveauté est le partenariat avec Michelin pour la fourniture des pneus. Déjà engagée avec Renault, qui reviendra un peu plus tard dans la saison, l'entreprise clermontoise part à la conquête de la F1 avec ses pneus radiaux et entend atteindre très vite les sommets grâce à cette alliance avec Ferrari.
Bernie Ecclestone a réussi un grand coup en recrutant Niki Lauda chez Brabham. Le double champion du monde apporte son talent et aussi le concours de son sponsor personnel Parmalat. John Watson se retrouve un peu marginalisé au rang de pilote n°2. Lauda a surtout été attiré par le projet BT46 de Gordon Murray. Cette voiture très ambitieuse possède un système de refroidissement en surface. Mais celui-ci n'a absolument pas fonctionné lors des essais de pré-saison, si bien que Murray est obligé d'aménager une BT45C pour les deux premières courses. Le principal point faible des Brabham réside dans le Flat 12 Alfa Romeo dont le refroidissement est un véritable casse-tête pour l'équipe technique.
McLaren dispute cette nouvelle saison avec la M26 qui a tout de même plus de deux ans d'existence derrière elle. James Hunt espère reconquérir sa couronne mondiale perdue en 1977, mais beaucoup se demandent s'il est aussi motivé que naguère. Il est associé au jeune espoir Français Patrick Tambay dont on attend beaucoup.
L'équipe Wolf a surpris tout le monde lors de sa première saison en permettant à Jody Scheckter de remporter trois victoires. Pour 1978 Harvey Postlethwaite a imaginé une voiture inspirée de la Lotus 78 à effet de sol. Mais en attendant ses débuts, la W04 est utilisée bien qu'elle apparaisse assez obsolète.
Tyrrell a fini par abandonner la P34 à six roues, impossible à développer sans le soutien actif de Goodyear. Recruté en remplacement de Derek Gardner, Maurice Philippe a conçu une nouvelle 008 très traditionnelle, mais élégante. Patrick Depailler entame sa cinquième saison pour le compte de Ken Tyrrell. Il est associé à son jeune compatriote Didier Pironi, champion de France et d'Europe de Formule Renault en 1976.
En 1977 Jacques Laffite a offert sa première victoire à Guy Ligier en Suède. Le constructeur vichyssois a cependant appris que Matra cesserait de lui fournir ses moteurs à la fin de la saison 1978. Reste à améliorer la fiabilité du V12 pour cette dernière saison, ce à quoi s'attelle Georges Martin. En attendant la nouvelle JS9, Laffite conduit la JS7 en ce début de saison.
Après des années de galère, la chance tourne enfin en faveur de Frank Williams. Il a réussi à obtenir un accord de financement avec la puissante compagnie aérienne saoudienne Saudia Airlines, notamment par l'entremise d'un jeune homme d'affaires nommé Mansour Ojjeh. Désormais assuré de son avenir, Williams a confié au jeune ingénieur Patrick Head la conception d'une nouvelle voiture, la Williams FW06, fine et élégante. Son pilote est le rude Australien Alan Jones, 31 ans, vainqueur du GP d'Autriche 1977 sur Shadow. Celui-ci va toute de suite sympathiser avec Williams et Head.
Durant l'hiver 77-78 Shadow a subi une scission menée par Jackie Oliver, Alan Rees et Tony Southgate, partis fonder leur propre écurie, Arrows. Ils ont en plus emmené avec eux le jeune pilote italien Riccardo Patrese. Don Nichols se retrouve seul, avec en plus une nouvelle voiture, la DN9, conçu par Southgate qui s'est servi de ses plans pour créer la future Arrows... Jo Ramirez est nommé directeur sportif et John Baldwin directeur technique. Côté pilotes Nichols a recruté un Clay Regazzoni sur le déclin, ainsi que le rapide mais irrégulier Hans Joachim Stuck.
L'équipe Surtees est toujours aussi désargentée, surtout depuis le départ de Teddy Yip. Elle commence l'année avec la TS19. A 40 ans passés Vittorio Brambilla est toujours de l'aventure grâce au soutien financier de Beta tandis que le pilote payant Rupert Keegan s'installe dans le second baquet.
Malgré une saison 77 assez satisfaisante, Copersucar a retiré son soutien financier aux frères Fittipaldi, contraints de reprendre eux-mêmes l'équipe désormais baptisée Fittipaldi Automotive. L'ancien président de la F1CA Peter Macintosh est nommé directeur sportif. Ralph Bellamy remplace Dave Baldwin au poste de concepteur. Très ambitieux Bellamy a imaginé une FD5A possédant des pontons déporteurs avec jupes, comme ceux de la Lotus 78. Seul Emerson Fittipaldi sera chargé de la conduire.
Après avoir engagé une Penske privée, Günther Schmidt devient un constructeur à part entière avec pour ambition de faire d'ATS l'« équipe nationale allemande ». Il a pour cela repris l'exploitation du département F1 de March qui a décidé de se concentrer sur la Formule 2. Robin Herd et Geoff Ferris ont dessiné la HS1. Renvoyé par McLaren, Jochen Mass cherche un second souffle en rejoignant l'équipe. Bruno Giacomelli a d'abord été recruté comme second pilote mais il a préféré s'intéresser au projet F1 100 % Alfa Romeo. En désespoir de cause, Jean-Pierre Jarier, éternel espoir déçu, rempile avec ATS.
Dans les tréfonds du peloton, Ensign n'a pas construit de nouvelle voiture et poursuit avec sa N177 confiée à deux coureurs peu expérimentés en F1, l'Hawaïen Danny Ongais et le jeune Italien Lamberto Leoni. Lord Hesketh a déniché le soutien du fabricant japonais d'appareils photos Olympus pour financer la 308E, mais il a surtout engagé une femme comme pilote, la Britannique Divina Galica, qui est aussi une ancienne skieuse.
Deux nouvelles petites équipes font leur apparition. Après avoir engagé une Ensign privée en 1977, Teddy Yip lance la Theodore TR1 qui est issue du projet avorté Ralt F1 mené par Ron Tauranac. L'Américain Eddie Cheever, ancien pilote d'essais de Ferrari, âgé de seulement 20 ans, est à son volant.
Arturo Merzario a lui aussi conçu sa propre voiture, l'A1, avec l'aide de Guglielmo Bellasi. C'est un projet ambitieux puisqu'il est censé pouvoir exploiter le principe de l'effet de sol.
Parmi les voitures privées, le jeune Mexicain Hector Rebaque engage une Lotus 78 achetée avec ses propres deniers. L'Américain Brett Lunger conduit comme la saison précédente une McLaren 23 préparée par l'équipe de Bob Sparshott.
Renault Sport et Arrows vont apparaître un peu plus tard dans l'année. On ne reverra plus en revanche BRM, l'équipe ayant mis la clef sous la porte, même si un rachat par John Jordan laissera un temps espérer un retour en 1979.
Goodyear s'inquiète de la perte de son monopole provoquée par la venue de Michelin. Le manufacturier américain concentre ses efforts sur ses meilleurs partenaires, à savoir Lotus, McLaren, Brabham, Tyrrell et Wolf, ce qui provoque l'ire des petites équipes qui s'estiment à juste titre lésées.
"Lole" a disparu !
Une semaine avant le Grand Prix, le beau-père de Carlos Reutemann apparaît à la télévision : le champion argentin, son épouse Mimicha et leurs deux enfants ne sont pas revenus d'une croisière en bateau sur les rives du Río Paraná ! Un avis de recherche national est lancé. La famille Reutemann a en fait été prise dans une tempête qui a détruit leur embarcation. Fort heureusement ils ont pu trouver refuge sur une petite île. La police parvient à les localiser et à les récupérer sains et saufs.
Après cette énorme frayeur, Reutemann peut préparer son Grand Prix à domicile.
Manœuvres de Bernie Ecclestone
Après une saison 1977 houleuse secouée par un nouveau bas de fer avec la CSI, Bernie Ecclestone décide de prendre officiellement le contrôle de la F1CA. Le 6 janvier 1978 il remplace son homme de paille Peter Macintosh à la direction générale de l'association. Il la rebaptise Formula One Constructors Association (FOCA) car le sigle F1CA était souvent nommé « FICA » par la presse, notamment italienne. Or en italien,« fica » signifie vulve...
Ce Grand Prix d'Argentine se déroule en même temps que le tirage au sort de la Coupe du Monde de football qui doit se dérouler dans le pays au moins de juin suivant. Jamais pris de court, Bernie Ecclestone estime que cet événement fait de l'ombre au Grand Prix et que les retombées médiatiques seront donc amoindries. Quelques jours avant l'épreuve, il exige de la part des organisateurs une nouvelle prime de 800 000 $ pour la FOCA. S'il n'est pas satisfait, les constructeurs boycotteront le Grand Prix. Les Argentins sont contraints d'obtempérer... Ils sont récompensés de leur zèle car pour la première fois le plateau est presque au complet pour cette première course. Ecclestone s'est assuré que presque toutes les écuries feraient le déplacement, même celles qui ne sont pas affiliées à la FOCA.
Les qualifications
Les essais sont perturbés par des averses intermittentes. Reutemann surprend tout le monde en réalisant le meilleur chrono de la première séance officielle, ce qui constitue une excellente surprise pour Michelin. Néanmoins les Lotus 78 sont bien les plus rapides et Andretti réalise la pole position devant Reutemann. Peterson classe la deuxième Lotus au troisième rang. Les Brabham-Alfa Romeo font plutôt bonne impression : Watson et Lauda sont quatrième et cinquième. Hunt obtient la sixième place. Ces six pilotes se tiennent en moins d'une seconde. La quatrième ligne est occupée par la Ferrari de Villeneuve et la Ligier de Laffite. Ce dernier a encore fort à faire avec le V12 Matra : il a cassé quatre blocs lors des essais ! Il précède trois compatriotes : Tambay, Depailler et Jarier. « Godasse de plomb » s'est fait une sacrée frayeur : l'éclatement d'un pneu l'a envoyé dans l'herbe à 280 km/h ! Il n'a heureusement rien touché. Victime d'un gros crash le vendredi, Brambilla se qualifie tout de même en douzième position. Scheckter est seulement quinzième avec la Wolf. Merzario qualifie sa voiture au vingtième rang.
Le fond de la grille est constitué des Ensign d'Ongais et de Leoni, de la Tyrrell de Pironi et de la McLaren privée de Lunger.
Rebaque, Cheever et Galica ne parviennent pas à se qualifier.
Le Grand Prix
Comme souvent à Buenos Aires, la course se déroule sous une forte chaleur. Il fait près de quarante degrés dans les habitacles. Le choix des pneus est ici crucial. Tablant sur une course longue et éprouvante, Reutemann choisit de partir avec des gommes dures.
Départ : Bon envol d'Andretti qui conserve la première place devant Reutemann et Peterson. Watson s'est fait doubler par Lauda et par Laffite.
1er tour : Watson passe devant Laffite dans la portion sinueuse.
Andretti mène devant Reutemann, Peterson, Lauda, Watson, Laffite, Hunt, Depailler, Tambay et Scheckter qui a pris un excellent envol. Il précède trois furieux : Villeneuve, Jones et Brambilla.
2e : Andretti prend déjà une bonne avance sur Reutemann. L'écart est de trois secondes. Scheckter prend la neuvième place à Tambay.
3e : Villeneuve passe Tambay. Il réalise à cette occasion le meilleur chrono de l'épreuve : 1'49''76'''.
4e : Peterson est menacé par Lauda et Watson. Il a fait un mauvais choix de pneus et sa Lotus souffre de sous-virage. Keegan est au stand Surtees à cause d'une surchauffe et va devoir renoncer.
5e : Andretti a cinq secondes d'avance sur Reutemann. Dans la même boucle, Watson parvient à se défaire de Lauda puis de Peterson et se hisse au troisième rang. Depailler double Hunt.
6e : Watson est maintenant à la poursuite de Reutemann.
7e : Watson double Reutemann dans la ligne droite Recta del Lago. Depailler prend la sixième place à Laffite.
8e : Andretti a six secondes d'avance sur Watson. Reutemann est troisième à neuf secondes. Lauda a doublé Peterson. Hunt passe devant Laffite.
9e : Watson sème facilement Reutemann. Sa Brabham-Alfa semble seule à pouvoir concurrence la JPS Lotus d'Andretti.
10e: Watson perd du terrain sur Andretti et totalise huit secondes et demie de retard. A une quinzaine de secondes se trouvent Reutemann, Lauda et Peterson, desquels se rapproche Depailler. Hunt est septième devant Laffite, Scheckter et Villeneuve. Regazzoni entre aux stands pour changer un pneu avant.
11e : Depailler menace maintenant Peterson. Merzario est arrêté sur le circuit à cause d'une avarie de son différentiel.
12e : Neuf secondes et demie séparent Andretti et Watson. A dix-neuf secondes du leader, Reutemann et Lauda se battent pour la troisième place. Depailler dépasse Peterson.
13e : Reutemann, Lauda, Depailler, Peterson, Hunt et Laffite forment un train. Scheckter navigue à deux secondes de ce groupe.
14e : Lauda déborde Reutemann par l'intérieur de la première courbe. Depailler dépasse ensuite l'Argentin dans la très longue ligne droite. Derrière lui, Hunt passe Peterson.
15e : Andretti a douze secondes de marge sur Watson. Reutemann a des ennuis avec ses pneus Michelin. Il est attaqué par Hunt.
17e : Dans la portion sinueuse du tracé, Reutemann se fait doubler par Hunt puis par Peterson. Laffite est dans ses roues.
19e: Stuck s'arrête chez Shadow pour changer deux de ses pneus qui se sont dégonflés à cause de jantes poreuses !
20e : Andretti mène devant Watson (11.2s.), Lauda (21s.), Depailler (23s.), Hunt (30.6s.), Peterson (35.4s.), Reutemann (39s.), Laffite (39.5s.), Scheckter (41s.) et Villeneuve (46.5s.). Tambay est onzième devant Brambilla, Jones et Fittipaldi.
22e : Reutemann résiste tant bien que mal à Laffite. Il a fait manifestement le mauvais choix en prenant des pneus durs.
23e : Tête-à-queue de Brambilla à cause d'un amortisseur grippé.
25e : Andretti caracole toujours en tête avec dix secondes d'avance sur Watson. Lauda et Depailler ont une vingtaine de secondes de retard.
27e : Reutemann entre au stand Ferrari pour changer ses pneus. Il chausse cette fois-ci des Michelin tendres. Le héros de la foule repart en quinzième position.
29e : Andretti prend un tour aux premiers retardataires. Leoni arrête son Ensign dans l'herbe, en panne de moteur.
30e : Andretti a onze secondes d'avance sur Watson. A vingt-et-une secondes se trouve Lauda qui précède Depailler de trois secondes. Hunt est cinquième, avec 33 secondes de retard, et précède Peterson, Laffite, Scheckter, Villeneuve et Tambay.
31e : Tête-à-queue de Jones, perturbé par un sélecteur de vitesses capricieux. Il chute du onzième au vingtième rang.
33e : Andretti est bouchonné pendant quelques centaines de mètres par Stuck. Arrêt aux stands de Jones.
35e : Andretti a creusé l'écart sur Watson, désormais relégué à dix-huit secondes après avoir peiné à se défaire du trio d'attardés Pironi - Lunger- Ongais. Grâce à ses pneus tendres neufs, Reutemann remonte dans le peloton : il a pris la treizième place à Jarier.
36e : Les écarts se resserrent entre Watson, Lauda et Depailler.
37e : Tandis qu'il allait concéder une boucle de retard à Depailler, Ongais s'engage dans une échappatoire, en panne de transmission. Lauda se défait avec peine de Lunger.
38e : Alors qu'Andretti est irrattrapable, Watson n'a plus que quatre secondes d'avance sur Lauda. Depailler double Pironi et Lunger dans Recta del Lago. Hunt se rapproche du pilote auvergnat.
39e : Lauda rattrape facilement Watson dont le moteur Alfa Romeo perd de la puissance. Il le double sans peine. Depailler est bientôt juste derrière la Martini Brabham n°2.
40e : Watson est vraiment en difficulté et se fait doubler par Depailler. Jones arrête sa Williams à mi-parcours derrière celles de Ongais et de Merzario. Le circuit d'arrivée d'essence de sa voiture est entré en ébullition.
41e : Andretti a vingt-deux secondes d'avance sur Lauda, suivi par Depailler, Watson et Hunt. A près d'une minute du leader, Peterson est sous la menace de Laffite.
42e : Le moteur de Watson rend l'âme. Le pilote sort de sa voiture et la pousse dans le gazon avec l'aide des commissaires de piste. Watson n'a pas démérité : il a été le seul à suivre le rythme de la Lotus d'Andretti.
43e : Tambay prend la huitième place à Villeneuve. Reutemann est dixième après avoir doublé Fittipaldi puis Mass.
44e : Peterson et Laffite sont en lutte pour la cinquième place. Tambay est très en verve en cette fin d'épreuve et rattrape la Wolf de Scheckter.
46e : Tambay dépasse Scheckter.
47e : Laffite surprend Peterson et s'empare enfin de la cinquième position. Reutemann double Villeneuve.
48e : Reutemann est très rapide grâce à ses pneus frais et dépasse Scheckter.
49e : Depailler se rapproche sensiblement de Lauda et convoite la deuxième place. Scheckter va se faire doubler par Villeneuve.
50e : Andretti mène devant Lauda (15s.), Depailler (16.5s.) et Hunt (20s.). Laffite est cinquième à plus d'une minute et précède Peterson, Tambay, Reutemann, Villeneuve, Scheckter, Fittipaldi et Mass. Les autres coureurs ont concédé un tour à Andretti.
51e : Une demi-seconde sépare Lauda et Depailler. Laffite regagne son garage à faible allure : son V12 Matra ne fonctionne plus. Cet abandon permet à Tambay d'entrer dans les points.
52ème et dernier tour : Depailler se montre dans les rétroviseurs de Lauda dans Recta del Lago, mais il lui manque quelques mètres de pleine charge pour pouvoir le passer.
Le directeur de course Juan Manuel Fangio abaisse par erreur le drapeau à damiers un tour trop tôt, qui plus est devant Peterson et non Andretti. Les pilotes continuent pour un tour supplémentaire, mais le Grand Prix est bel et bien terminé.
Mario Andretti remporte donc sa septième victoire en Formule 1 après une course en solitaire. Lauda conserve de justesse la seconde place devant Depailler. Celui-ci offre d'excellents débuts à la Tyrrell 008. Hunt finit quatrième mais il n'est pas satisfait car la McLaren n'a jamais été vraiment dans le coup. Peterson se contente de la cinquième place tandis que Tambay inscrit le dernier point. Suivent les deux Ferrari de Reutemann et de Villeneuve. Fittipaldi a pris la neuvième place à Scheckter dans les derniers mètres. Mass, Jarier, Lunger, Pironi (qui a dû courir avec un moteur engorgé pendant deux heures), Regazzoni, Stuck et Brambilla sont aussi à l'arrivée.
Après la course
Le Grand Prix a été entièrement dominé par Mario Andretti et sa Lotus 78. Le pilote américain semble bien s'affirmer comme le grand favori de cette nouvelle saison. Le paddock est inquiet : si la « vieille » 78 est encore si performante, qu'en sera-t-il de la future 79 que prépare Chapman ? Les Brabham-Alfa Romeo, les Ferrari et les Tyrrell sont apparemment les principales rivales des voitures noires et or. Du moins de celle d'Andretti, car Ronnie Peterson est mécontent de ce premier Grand Prix et se demande si Lotus va vraiment lui fournir du bon matériel...
Pierre Dupasquier, directeur de la compétition de Michelin, est relativement satisfait de cette première sortie avec Ferrari. Certes Reutemann a fait un mauvais choix de pneus et les deux voitures finissent hors des points, mais les performances lors des essais ont été très satisfaisantes. Son rival Paul Lauritzen, nouvel ingénieur de Goodyear, est en revanche tout sourire : les pneus utilisés par Mario Andretti en course se sont à peine dégradés malgré la chaleur. Dans la guerre des pneus, Goodyear mène par 1 à 0...
Tony