L' « Enfer vert » en sursis
Ce Grand Prix d'Allemagne devrait être le dernier à se courir sur l'antique circuit du Nürburgring. En effet sa licence F1 arrive à son terme à la fin de l'année et peu nombreux sont ceux qui souhaitent sa prolongation. Le tracé est en effet devenu obsolète et beaucoup trop dangereux pour la Formule 1 moderne. Depuis le début de l'année 1976, trois pilotes s'y sont tués. Sa longueur (22,8 km !) empêche les secours d'en couvrir la totalité. En cas d'accident un pilote peut attendre plusieurs minutes avant qu'on lui vienne en aide.
Cette situation est devenue inacceptable. L'édition 1976 elle-même est menacée. Lors d'une réunion entre pilotes à Long Beach, Niki Lauda a déclaré qu'il ne voulait plus courir au Nürburgring. Certains observateurs ont alors glosé sur sa couardise. L'Autrichien fait fi de ces commentaires imbéciles et est bel et bien présent dans l'Eifel, mais il est bien décidé à faire pression pour retirer le circuit du calendrier. Il est soutenu par la plupart de ses collègues et par le toujours influent Jackie Stewart. Celui-ci rappelle d'ailleurs les angoisses qui l'assaillaient avant de partir pour Nürburgring : « J'avais toujours très peur. Quand je quittais ma maison pour le Grand Prix d'Allemagne, j'avais toujours pour habitude de faire une pause au bout de mon allée et de regarder en arrière. Je n'étais jamais sûr de revenir chez moi. » Sans se montrer particulièrement enthousiaste, James Hunt rejette lui l'idée d'un boycott : « Les coureurs de Formule 1 actuels ont en général assez de métier et de talent pour affronter un circuit difficile [...] Si l'on veut aller au fond des choses, un coureur doit choisir : faire son métier ou laisser tomber. »
Dissensions chez Ferrari
En arrivant en Allemagne, l'équipe Ferrari est fébrile. Elle reste en effet sur trois défaites consécutives, et si l'avance au championnat de Niki Lauda sur James Hunt est encore conséquente, elle ne cesse de diminuer. De plus le moteur italien a cassé trois fois en deux courses, ce qui nécessite un contrôle accru des Flat 12 pour éviter une récidive. Enfin, Enzo Ferrari est furieux contre Clay Regazzoni qu'il considère comme le principal responsable du carambolage de Brands-Hatch. Exaspéré par la désinvolture du Tessinois, il souhaitait le licencier sur-le-champ avant de s'apaiser. Mais Rega sait qu'il peut déjà se chercher une autre écurie pour 1977.
L'ambiance sur le circuit est délétère depuis que Ferrari a porté réclamation contre la victoire de Hunt à Brands-Hatch, mais aussi contre celle de Jarama qui a été réattribuée à l'Anglais sur tapis vert. McLaren et Ferrari s'échangent des noms d'oiseaux. Mais la situation n'est pas meilleure au sein de la Scuderia, où Lauda supporte de moins en moins l'autoritarisme du directeur sportif Daniele Audetto. Toujours présent sur les circuits où il est le représentant de FIAT, Luca di Montezemolo tente d'arrondir les angles. Quant à l'autre directeur sportif Guido Rosani, il est tout à fait transparent. Quant à Niki Lauda, il apparaît tendu. Jeudi après-midi, en se rendant sur le circuit, un « fan » l'a alpagué en brandissant une photographie de la tombe de Jochen Rindt. Une plaisanterie de très mauvais goût qui n'arrange pas l'humeur du leader du championnat.
Présentation de l'épreuve
Frank Williams a mis fin au contrat de Jacky Ickx, officiellement à cause des mauvaises performances du pilote belge. En fait celui-ci ne s'intéressait plus au développement d'une FW05 calamiteuse. Il est remplacé par Arturo Merzario qui abandonne donc sa March sponsorisée par Ovoro. L'écurie RAM engage cette fois-ci comme pilotes Lella Lombardi et l'éternel revenant Rolf Stommelen. Enfin apparaît une équipe italienne, la Scuderia Rondi qui engage une Tyrrell 007donnée à Alessandro Pesenti-Rossi, 33 ans, pilote correct de Formule 2.
A noter que la March de Ronnie Peterson a troqué ses couleurs jaune et bleu pour le blanc, bleu et rouge de son nouveau sponsor, la First National City Bank. Sa voiture ressemble donc beaucoup à la Penske de John Watson qui arbore exactement la même livrée. Pour la voiture de Stuck, Max Mosley a trouvé l'apport financier des liqueurs Jägermeister.
En début de saison Loris Kessel avait avancé à John Macdonald l'argent promis par son sponsor Tissot. La saison a passé et Kessel a été mis à pied par l'équipe sans qu'il soit remboursé. Par conséquent Kessel fait un coup d'éclat: accompagné d'un huissier et de gendarmes, il arrive sur le circuit et fait apposer des scellés sur tout le matériel de l'équipe RAM, voitures comprises. Le lendemain le tribunal de Coblence rend justice à Kessel et confirme la saisie. RAM se retrouve sans voiture. Bon prince, Bernie Ecclestone permet tout de même à Rolf Stommelen de disputer son Grand Prix national en lui confiant le mulet à moteur Alfa Romeo de l'écurie Brabham officielle.
Les qualifications
Afin d'éviter les nombreuses crevaisons qui ont marqué la course de 1975, et bien que la chaleur ne soit pas au rendez-vous, Goodyear a préféré amener une gamme de pneus durs. Par conséquent les records du tour établis l'année précédente ne seront pas battus.
Hunt domine globalement ces essais et réalise sa cinquième pole position de la saison avec neuf dixièmes de seconde sur son rival Lauda qui a pourtant donné tout ce qu'il pouvait. Depailler est troisième mais relégué à plus de deux secondes de Hunt ! Il a été handicapé par un problème d'injection alors qu'il pouvait faire beaucoup mieux. Comme d'habitude Stuck est excellent sur ce difficile tracé et a obtenu une belle quatrième place. Regazzoni et Laffite se partagent la troisième ligne. Pace obtient une satisfaisante septième place avec la Brabham et précède Scheckter. Mass est neuvième devant Reutemann, Peterson et Andretti. Stommelen est quinzième pour sa première course de l'année. D'habitude excellent aux essais, Amon n'est cette fois-ci que dix-septième. L'autre déception provient de Watson, seulement 19ème à cause d'une Penske rencontrant des problèmes d'équilibre.
Jarier, Lunger, Edwards et Pesenti-Rossi sont les derniers qualifiés. Lombardi et Pescarolo sont éliminés.
Le Grand Prix
Le dimanche 1er août 1976, le ciel est très couvert sur le Nürburgring. Une averse tombe sur la piste en début d'après-midi. Dans les stands, les discussions entre pilotes et ingénieurs vont bon train: faut-il partir en pneus pluie ou en pneus intermédiaires. Le départ est reporté de trente minutes afin de permettre aux équipes de se décider. Finalement, tous les pilotes chaussent des pneus rainurés, excepté Jochen Mass qui part en pneus slicks; L'Allemand fait là un gros pari mais qui pourrait se révéler payant: la pluie cesse tandis que les moteurs commencent à vrombir.
Départ: Lauda et Hunt partent très moyennement, au contraire de Regazzoni qui se faufile entre les concurrents et arrive en tête au premier virage. Laffite est dans son sillage mais il a légèrement heurté Regazzoni et endommagé sa calandre. Il se fait doubler par Hunt à Südkehre. Suivent Mass, Pace et Peterson. Stuck est resté bloqué à son rang, embrayage coincé, mais il peut partir.
1er tour: Les pilotes s'aperçoivent que la piste n'est humide qu'à quelques endroits. Cela n'empêche pas Regazzoni de faire un 360° à Flugplatz. Il repart en ayant laissé passer Hunt, l'étonnant Peterson et Pace.
Face à cette situation, quatorze pilotes décident de regagner leurs stands à la fin de ce tour pour chausser des pneus slicks. Ce sont Hunt, Pace, Laffite, Lauda, Scheckter, Depailler, Merzario, Reutemann, Stuck, Watson, Amon, Fittipaldi, Jarier et Pesenti-Rossi.
Peterson demeure en piste et mène donc devant, Mass, Regazzoni, Andretti, Nilsson, Pryce et Brambilla.
2e: Grâce à ses pneus slicks, Mass n'a pas à s'arrêter à son stand et a donc la victoire à portée de main. Il double facilement Peterson et s'échappe en tête.
Lauda est reparti en seizième position et roule assez lentement. Soudain, dans la grande courbe à droite suivant l'épingle de Bergwerk, la Ferrari semble déséquilibrée à l'arrière droit. Elle dérape à vive allure et pique vers la droite. Elle se pulvérise contre le talus puis est renvoyée en piste. Le réservoir s'étant percé, des flammes jaillissent de l'épave. Survient alors un groupe de pilotes composé d'Edwards, Lunger et Ertl. Edwards parvient à éviter la Ferrari, mais pas Lunger qui la percute de plein fouet et la renvoie quelques mètres plus loin. Ertl s'accroche quant à lui avec Lunger. La Ferrari de Lauda est désormais un braiser. L'Autrichien a perdu son casque dans l'accident, mais il est conscient. Toutefois il lui est impossible de dégrafer son harnais et il est prisonnier des flammes. Edwards, Lunger et Ertl sont sortis de leurs voitures et tentent de secourir le malheureux. Mais le feu est impressionnant et aucun n'ose y plonger. Un commissaire de piste arrive avec un extincteur mais son action est dérisoire. Lauda semble perdu. Arrive soudainement Merzario qui a arrêté sa voiture. Sans hésiter, il plonge dans les flammes, arrache le harnais de Lauda, le saisit et parvient à l'extraire avec l'aide d'Edwards. Le geste héroïque de Merzario est d'autant plus beau qu'il déteste notoirement Lauda. Ce dernier fait quelques pas avant de s'écrouler dans l'herbe. Il est resté cinquante secondes dans le brasier. Il a toujours ses esprits, mais son visage est complétement brûlé et ensanglanté. Les secours tardent à venir: du fait de la longueur du circuit, ils ne sont présents que cinq minutes après le drame. Pendant que des pompiers maîtrisent l'incendie, Lauda est placé rapidement sur une civière et évacué en urgence vers l'hôpital d'Adenau.
Pendant ce temps-là la course continue, avec Mass en première position devant Nilsson et Hunt, mais bientôt toutes les voitures arrivent sur les lieux du drame et doivent stopper à cet endroit. La direction de course décide d'interrompre l'épreuve. Un nouveau départ sera donné avec la grille originelle, toujours pour quatorze tours de piste.
Plus d'une heure et demie s'écoule avant cette deuxième course. La Ferrari de Lauda est ramenée vers les stands, complétement démolie. Une autre voiture est ramenée aux stands, celle de Laffite, qui était tombé en panne de batterie. Les commissaires de piste ont été peu soigneux et ont endommagé la boîte de vitesses. Le directeur technique de Ligier Gérard Ducarouge demande à préparer le mulet, ce qui lui est refusé. Tous les pilotes sont évidemment inquiets du sort de Lauda. Carlos Reutemann s'emporte contre les secours venus trop tardivement. Profondément choqué, Chris Amon décide de quitter la course. Il n'est pourtant pas au bout de ses surprises: Daniele Audetto vient le trouver pour lui proposer, contre tout règlement, de prendre place dans le mulet Ferrari pour le second départ !
Hunt reprend sa place en pole position mais il est désormais seul en première ligne. Outre Lauda, Amon, Laffite, Lunger, Ertl et Stuck, dont l'embrayage est grillé, ne prennent pas le deuxième départ. La piste est alors tout à fait sèche et tous les pilotes s'élancent évidemment en pneus slicks.
Deuxième départ: Hunt s'élance bien et conserve l'avantage, même si Regazzoni a essayé de rééditer son excellent premier envol. Il est deuxième au premier freinage, suivi par les Tyrrell de Depailler et Scheckter. Pace est cinquième.
1er tour: Hunt s'échappe en tête de la course. Pace double Scheckter. Regazzoni part en tête-à-queue, Depailler tente de l'éviter et percute une barrière de sécurité. La course est terminée pour le Français. En revanche le Tessinois repart après avoir laissé passer Pace et Scheckter. A Flugplatz, Peterson perd le contrôle de sa voiture et s'écrase dans les piquets de protection. La March est complétement détruite mais fort heureusement le Suédois est indemne.
Hunt mène Pace, Scheckter, Regazzoni, Nilsson, Brambilla, Andretti, Jones, Mass et Pryce. Reutemann renonce à cause d'une panne de pompe à essence.
2e: Hunt a déjà neuf secondes d'avance sur Pace. Celui-ci se fait bientôt doubler par Scheckter. A cause d'une rupture de suspension, Brambilla tape le rail au pont d'Adenau. Jones sort de la route en voulant l'éviter et se fait doubler par le peloton avant de reprendre la piste.
3e: Hunt semble inarrêtable et possède une dizaine de secondes d'avance sur Scheckter. Regazzoni prend la troisième place à Pace, bientôt menacé par Nilsson et Mass. Merzario regagne le stand Williams pour abandonner à cause d'une panne de freins.
4e: Hunt mène devant Scheckter (10s.), Regazzoni et Pace (19s.), Nilsson (20s.), Mass (21s.) et Andretti (23s.).
5e: Hunt caracole en tête avec une quinzaine de secondes d'avance sur Scheckter. Regazzoni est troisième et précède Pace. Mass double Nilsson. Andretti est septième devant Stommelen, Pryce et Watson.
6e: La principale lutte en course concerne la troisième place pour laquelle se battent Regazzoni, Pace et Mass. Quelques centaines de mètres plus loin, les deux Lotus de Nilsson et Andretti se battent pour la sixième place.
7e: Vingt secondes séparent Hunt et Scheckter. Regazzoni, Pace et Mass se tiennent en quelques dizaines de mètres. Andretti prend la sixième place à Nilsson tandis que Watson double Pryce.
8e: Hunt compte vingt-cinq secondes d'avance sur Scheckter. A près d'une minute viennent Regazzoni, Pace et Mass. Suivent Andretti, Nilsson, Stommelen, Watson et Pryce.
9e: Regazzoni n'a qu'une demi-seconde d'avance sur Pace qui lui-même surveille Mass dans ses rétroviseurs.
10e: Mass parvient à prendre la quatrième place à Pace. Le moteur Cosworth d'Andretti cafouille et l'Américain regagne le stand Lotus. Ses mécaniciens changent sa batterie et il repart en treizième position.
11e: L'écart est stable entre Hunt et Scheckter. En revanche Regazzoni est à la peine car son levier de vitesse se dérègle. Mass ne parvient pas à s'échapper devant Pace. Sixième, Nilsson est relégué à près de deux minutes du leader.
12e: Regazzoni effectue son troisième tête-à-queue de la journée et heurte un rail. Il parvient à repartir et regagne les stands. Sa calandre ainsi qu'une de ses roues sont endommagées. Mauro Forghieri les fait tout de même réparer et Rega repart en neuvième position, entre Pryce et Jones.
13e: Scheckter réalise le meilleur tour en course: 7'10''8'''. Il a une trentaine de secondes de retard sur Hunt. Mass est désormais troisième, à cinquante secondes du leader, avec Pace dans son sillage. Suivent Nilsson, Stommelen, Watson et Pryce.
14ème et dernier tour: Après une solide démonstration, James Hunt remporte sa troisième victoire consécutive. Scheckter finit deuxième: il ne pouvait espérer mieux. Mass termine troisième mais regrettera toujours que la première course ne soit pas allée à son terme... Pace obtient une belle quatrième place devant Nilsson qui marque des points pour la première fois depuis son podium espagnol. Enfin, pilote Brabham improvisé, Stommelen a été brillant et rapporte un point. Watson, Pryce, Regazzoni, Jones, Jarier, Andretti, Fittipaldi, Pesenti-Rossi et Edwards sont aussi à l'arrivée.
Après la course
A peine sorti de sa voiture, Hunt demande des nouvelles de son ami Niki. L'ambiance n'est évidemment pas joyeuse sur le podium. C'est le ministre-président du Land de Rhénanie-Palatinat, un certain Helmuth Kohl, qui remet les lauriers au vainqueur.
Aux classements mondiaux, Hunt revient à quatorze points de Lauda et McLaren à onze points de Ferrari.
Lauda lutte contre la mort
De l'hôpital d'Adenau, Niki Lauda a été transféré en urgence à celui de Ludwigshafen, spécialisé dans le traitement des grands brûlés. Il souffre de graves brûlures à la face et aux mains et de fractures à la pommette et au sternum. Mais ce qui met sa vie en danger, ce sont les gaz toxiques inhalés au cours des cinquante secondes passées dans sa voiture en flammes. De graves problèmes respiratoires sont à craindre. Il est finalement envoyé en soins intensifs à l'hôpital de Mannheim. Lauda est placé dans un semi-coma. Lors des deux premiers jours d'hospitalisation, son état est jugé très critique mais stable. Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 août, une grave crise respiratoire se déclare. Son sang n'est plus suffisamment alimenté en oxygène. Les médecins préviennent alors Marlène Lauda que son mari est perdu. Un prêtre est appelé à son chevet pour lui administrer l'extrême onction. Mais dans sa demi-conscience, Lauda refuse de mourir et continue à se battre. Son état s'améliore sensiblement. Le vendredi 6, l'hôpital de Mannheim annonce que ses jours ne sont plus en danger. Les problèmes respiratoires sont surmontés. Mais l'Autrichien n'a plus de visage et sa carrière de pilote automobile semble terminée. Du moins, c'est ce que pensent les journaux...
La cause de l'accident de Lauda ne sera jamais connue, sa 312 T2 ayant été complétement détruite. Mais durant tout le week-end, Lauda et Regazzoni se sont plaints de l'instabilité de leurs voitures. Le Suisse a ainsi effectué trois tête-à-queue le dimanche après-midi. Un défaut de suspension a été évoqué. On sait aussi que Goodyear avait privilégié l'emploi de gommes plus dures que Ferrari n'avait guère eu le temps de tester, et qui faisaient souffrir les amortisseurs.
Classements (Avant la disqualification de J. Hunt au GP de Grande-Bretagne et la réintégration du J. Watson au classement du GP de France)
| Pilotes | |
| Constructeurs | |
1. | Lauda | 58 pts | 1. | Ferrari | 61 pts |
2. | Hunt | 44 pts | 2. | McLaren-Ford-Cosworth | 50 pts |
3. | Scheckter | 35 pts | 3. | Tyrrell-Ford-Cosworth | 47 pts |
4. | Depailler | 26 pts | 4. | Ligier-Matra | 10 pts |
5. | Regazzoni | 16 pts | | Brabham-Alfa Romeo | 10 pts |
6. | Mass | 14 pts | 5. | Lotus-Ford-Cosworth | 9 pts |
7. | Laffite | 10 pts | 6. | March-Ford-Cosworth | 7 pts |
8. | Pace | 8 pts | 7. | Shadow-Ford-Cosworth | 6 pts |
9. | Stuck | 7 pts | 8. | Penske-Ford-Cosworth | 5 pts |
10. | Pryce | 6 pts | 9. | Surtees-Ford-Cosworth | 3 pts |
| Nilsson | 6 pts | 10. | Ensign-Ford-Cosworth | 2 pts |
11. | Watson | 5 pts | | Copersucar-Ford-Cosworth | 2 pts |
12. | Andretti | 4 pts | 10. | Parnelli-Ford-Cosworth | 1 pt |
13. | Reutemann | 3 pts |
| Jones | 3 pts |
14. | Amon | 2 pts |
| Fittipaldi | 2 pts |
15. | Stommelen | 1 pt |
Tony