Emerson FITTIPALDI
 E.FITTIPALDI
McLaren Ford Cosworth
Niki LAUDA
 N.LAUDA
Ferrari
Carlos PACE
 C.PACE
Brabham Ford Cosworth

255e Grand Prix

XXXIII Grand Prix Automobile de Monaco
Variable
Monaco
dimanche 11 mai 1975
75 tours x 3.278 km - 245.850 km
Course prévue pour 78 tours, stoppée au bout de 2 heures.
Affiche
F1
Coupe

Le saviez-vous ?

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Deux semaines après le tragique Grand Prix d'Espagne se déroule le Grand Prix de Monaco. Les drames de Montjuïc ont fait réfléchir Michel Boeri, le président de l'Automobile Club de Monaco, qui a décidé de réduire le nombre de voitures partantes à dix-huit par mesure de sûreté. Boeri prend ainsi sa revanche sur le conflit qui l'avait opposé à la FI1CA en 1972. De plus il ordonne le renforcement des rails qui entourent le tracé afin d'éviter un conflit avec les pilotes. En outre, sur recommandation du président du GPDA Denny Hulme, le départ sera désormais donné en quinconce sur une grille de 200 mètres pour éviter les collisions.

 

Monte-Carlo, c'est le grand rendez-vous de tout ce qui compte dans la Formule 1 moderne et dans le sport automobile en général. La cité princière est en plein essor architectural et constitue le cadre rêvé par tous les grands commanditaires. Elf et Marlboro reçoivent ainsi leurs hôtes avec faste dans le nouveau Sporting d'été. Avant même d'être achevé, le futur hôtel Loews a déjà fait le plein de ses réservations pour la période du Grand Prix de 1976...

 

En Espagne les nouvelles Ferrari 312T ont fait forte impression mais ont été éliminées dès le premier virage. Il est donc temps que Niki Lauda et Clay Regazzoni marquent de gros points pour rester en lutte pour le titre mondial.

 

Rolf Stommelen s'étant grièvement blessé à Montjuïc, Graham Hill fait son retour au volant de sa propre GH1. Cet engagement pourrait être le dernier car à 46 ans le double champion du monde envisage de plus en plus de se consacrer à la direction de son équipe. François Migault aurait dû être son équipier mais sa voiture n'est pas prête pour la course.

John Surtees voulait présenter une deuxième voiture pour Henri Pescarolo mais l'engagement doit être abandonné.

En revanche, Alan Jones est toujours présent au volant de l'Hesketh de Harry Stiller. Une troisième Hesketh 308 est alignée avec le soutien du constructeur de caravanes Polar. Son pilote est le Suédois Torsten Palm qui sera aussi présent au GP de Suède.

Enfin Jacques Laffite fait son retour chez Williams et pilotera pour la première fois la FW04, Arturo Merzario se contentant de l'ancienne Iso FW.

 

Dans la rubrique carnet mondain, Ronnie Peterson a enfin épousé sa compagne, la charmante et pulpeuse Barbro Edwardsson qui assure généralement le chronométrage pour le Team Lotus.

 

Les qualifications

Les essais qualificatifs confirment la supériorité des Ferrari entrevue en Espagne. Lauda réalise sa deuxième pole position consécutive. L'Autrichien est si souverain qu'il s'est permis d'approcher son meilleur temps avec son simple mulet. Les principales adversaires des bolides italiens sont les surprenantes Shadow DN7. Pryce et Jarier sont deuxième et troisième, à moins d'une seconde de Lauda. Vainqueur l'année précédente et très à l'aise sur ce tracé, Peterson hisse son antique Lotus 72E au quatrième rang. En troisième ligne on retrouve le toujours surprenant Brambilla et Regazzoni, très en retrait par rapport à son équipier. Scheckter et Pace composent la quatrième ligne. On retrouve ensuite le leader du championnat Fittipaldi (victime de soucis avec ses suspensions) et Reutemann, très handicapé par des problèmes de tenue de route. Hunt est onzième devant Depailler. Andretti, Ickx, Mass, Donohue, Watson et Jones sont les autres pilotes qualifiés.

 

Les deux Williams de Laffite et Merzario sont éliminées. La BRM d'Evans, l'Ensign de Wunderink, la Copersucar de Wilson Fittipaldi, l'Hesketh de Palm et la March de Lombardi échouent à se qualifier. Mais l'éliminé le plus notable est bien Graham Hill, quintuple vainqueur en Principauté. Le vétéran est désabusé par cet échec et comprend qu'il est temps pour lui de raccrocher son casque.

 

Le Grand Prix

Le dimanche matin est très pluvieux à Monte Carlo. L'échauffement permet à Peterson de se mettre en valeur en réalisant une série de tours fantastiques dans des conditions extrêmes. En début d'après-midi, les pilotes doivent se résoudre à disputer la course sur une piste humide. Heureusement pour eux l'averse a cessé au moment du départ. Néanmoins l'asphalte est détrempé et toutes les voitures sont équipées de pneus Goodyear rainurés.

 

Départ: Excellent envol de Lauda qui conserve l'avantage à Sainte-Dévote. Jarier est derrière l'Autrichien. Peterson est très bien parti et par l'extérieur déborde Pryce, imité bientôt par l'opportuniste Brambilla.

 

1er tour: Jarier frotte le rail à Mirabeau mais cela n'a pas de conséquences pour le moment. Pryce plonge à l'intérieur à l'épingle de l'ancienne gare et dépasse Brambilla, mais l'Italien lui résiste. Les deux voitures se touchent et Brambilla reprend sa place au Portier, avant de ralentir car sa March est déséquilibrée. A la chicane, Regazzoni se frotte à Scheckter et touche le rail. Au Bureau de Tabac, Jarier tente d'attaquer Lauda et part en aquaplanage. Il tape la barrière intérieure puis rebondit contre le rail extérieur. La course est déjà finie pour le Français.

 

Lauda mène avec une seconde et demie d'avance sur Peterson. Suivent Pryce, Scheckter, E. Fittipaldi, Pace, Hunt, Depailler, Andretti et Reutemann.

 

2e: Lauda mène devant un peloton composé de Peterson, Pryce (dont l'aileron est endommagé suite à la collision avec Brambilla) et Scheckter. Fittipaldi est à quelques secondes du leader. Reutemann est à la peine et se fait doubler par Mass et Ickx. Brambilla s'arrête à son stand pour réparer une barre de direction faussée lors de son choc avec Pryce. Malgré son accrochage avec Scheckter, Regazzoni poursuit sa route en seizième position.

 

3e: La piste est encore très glissante malgré l'arrêt de la pluie. Les voitures tournent environ en 1' 48''.

 

5e: Lauda mène juste devant Peterson et Pryce. Scheckter est à deux secondes de l'Autrichien. Plus loin viennent Fittipaldi, Pace, Hunt et Depailler.

 

6e: Tandis que les trois leaders sont roues dans roues, Scheckter perd peu à peu le contact avec eux.

 

7e: Lauda contient toujours Peterson et Pryce, collés à ses basques. Scheckter est à plus de dix secondes du leader et voit revenir Fittipaldi.

 

9e: Un léger vent balaie la Principauté et la piste commence à s'assécher. De son côté Lauda prend un peu de marge sur Peterson.

 

10e: Andretti revient aux stands à cause d'un incendie sur son moteur Cosworth provoqué par une fuite d'huile. Ses mécaniciens doivent éteindre le feu.

 

12e: Lauda mène toujours sur une piste détrempée avec une seconde d'avance sur Peterson, qui lui-même possède quelques mètres d'avance sur Pryce.

 

14e: Lauda et Peterson sont toujours très proches. Dans ces conditions difficiles, la faiblesse de la Lotus 72 du Suédois est compensée par l'adresse de son pilote. Pryce perd peu à peu le contact avec les leaders. A une dizaine de secondes se trouve Scheckter qui devance Fittipaldi, Pace, Hunt et Depailler.

 

16e: Une partie de la trajectoire s'assèche. Lauda a environ cinq dixièmes d'avance sur Peterson.

 

18e: Hunt entre aux stands et est le premier pilote à chausser des slicks. Il repart en treizième position.

 

19e: Mass fait monter des pneus slicks. Pryce touche le rail à la Piscine et fait un tête-à-queue. Il peut continuer mais entretemps Scheckter et Fittipaldi l'ont dépassé.

 

20e: L'écart est à peu près le même entre Lauda et Peterson. Dans les équipes on songe de plus en plus à mettre des pneumatiques pour piste sèche.

 

22e: Pryce entre au stand Shadow pour mettre des slicks mais aussi pour réparer un support de radiateur d'huile endommagé lors de sa touchette à la Piscine. L'opération va prendre cinq bonnes minutes, ruinant la course du Gallois. Pace et Watson s'arrêtent aux stands pour mettre des pneus pour le sec.

 

23e: La trajectoire est désormais presque sèche. Lauda mène devant Peterson, Scheckter, Fittipaldi, Depailler, Donohue, Ickx et Pace.

 

24e: Lauda et Peterson sont roues dans roues. Fittipaldi est au stand McLaren pour monter des slicks. Le Brésilien repart cinquième. Donohue effectue la même opération et repart dixième derrière Hunt.

 

25e: Lauda s'arrête aux stands pour son changement de gommes, laissant le commandement à Peterson. Les mécaniciens de Ferrari effectuent un changement de roues très rapide en trente secondes, laissant repartir leur pilote au deuxième rang. Scheckter fait changer ses pneus et ressort sixième entre Fittipaldi et Pace. Pryce reprend la piste avec trois tours de retard.

 

26e: Peterson regagne le stand Lotus pour mettre des slicks. Malheureusement, un des mécaniciens ne parvient pas à centrer une roue arrière. Inquiet pour la température de son moteur, Peterson coupe l'allumage. Lorsque Nigel Bennett lui fait signe de repartir, la batterie n'est pas encore rechargée ! Ronnie ne redémarre qu'au bout d'une minute d'immobilisation... au septième rang ! Lauda est désormais en tête devant Depailler et Ickx qui sont toujours en pneus rainurés.

 

27e: Depailler et Ickx font changer leurs pneus et repartent respectivement huitième et neuvième. Fittipaldi et Pace prennent leurs places derrière Lauda.

 

28e: La piste est pratiquement sèche.

 

30e: Lauda fonce maintenant vers la victoire puisqu'il compte quinze secondes d'avance sur Fittipaldi. Pace est troisième à une vingtaine de secondes. Scheckter est quatrième et précède Peterson, Mass, Hunt, Depailler, Ickx et Donohue.

 

32e: Tout va bien pour Lauda qui creuse peu à peu l'écart sur Fittipaldi.

 

34e: Tandis que Lauda caracole en tête, Ickx et Donohue sont en bagarre pour la neuvième place.

 

36e: Donohue prend la neuvième place à Ickx.

 

38e: Dans les S de la Piscine, Watson part en tête-à-queue. Il est bientôt heurté Pryce qui était alors très rapide en piste. Le pilote Surtees renonce, sa batterie étant à plat, tandis que le jeune Gallois continue mais sa voiture est encore endommagée.

 

39e: Regazzoni tape le rail de sécurité à la Piscine. Le Suisse sort de sa voiture qui va être évacuée par une grue.

 

40e: Lauda possède une vingtaine de secondes d'avance sur Fittipaldi. Pace est à environ vingt-cinq secondes. Peterson est désormais quatrième car Scheckter entre aux stands après avoir tapé le rail à la chicane. Le Sud-Africain est victime d'une crevaison. Après un rapide changement de roue, il repart en huitième position derrière Depailler.

 

42e: Pryce renonce, sa voiture étant trop endommagée suite à ses divers chocs. Les excellentes qualifications des Shadow ne débouchent donc encore sur aucun résultat.

 

43e: Lauda continue de grappiller plusieurs dixièmes d'avance sur Fittipaldi. Plus loin, la lutte fait toujours rage entre Donohue et Ickx.

 

45e: Statu quo entre Lauda et Fittipaldi. Pace est à vingt-cinq secondes du leader, Peterson à une trentaine de secondes. Plus loin, Mass, Hunt et Depailler sont près les uns des autres. Ickx repasse devant Donohue.

 

48e: Pas de changement en tête: Lauda a maintenant plus de vingt secondes d'avance sur Fittipaldi.

 

50e: Tandis que les quatre premiers sont assez isolés, Mass, Hunt et Depailler sont en lutte pour la cinquième place.

 

52e: Jusqu'alors dernier, Brambilla abandonne à cause d'un bras de direction faussé.

 

55e: Lauda a vingt-cinq secondes d'avance sur Fittipaldi. Pace est à plus de trente secondes. Peterson est assez proche du Brésilien.

 

58e: Il semble que désormais Fittipaldi soit un peu plus rapide que Lauda.

 

60e: Lauda mène devant Fittipaldi (23s.), Pace (40s.), Peterson (45s.) et Mass (50s.), lequel a Hunt et Depailler sur ses talons. Suivent Scheckter, Ickx, Donohue, Reutemann et Jones.

 

62e: Lauda lève le pied en cette fin de course. Averti par son stand, Fittipaldi sonne la charge et remonte sur l'Autrichien au rythme de deux secondes par tour. Le temps lui est toutefois compté car, la limite des deux heures de course approchant, les 78 tours prévus ne seront pas couverts.

 

63e: Mass, Hunt et Depailler sont roues dans roues. Ils rattrapent un Peterson peu véloce. Une des roues de Jones se détache, obligeant l'Australien à arrêter son Hesketh.

 

64e: A l'abord de Mirabeau, Depailler plonge à l'intérieur pour doubler Hunt. L'Anglais résiste si bien qu'il tire tout droit et heurte le rail de face. Il sort furieux de sa voiture, estimant que Depailler l'a tassé. Il décide d'attendre le prochain passage du Français pour lui exprimer sa colère. Mais les commissaires sont déjà en train d'évacuer sa voiture. L'un d'eux veut lui demander de quitter la piste mais Hunt, surpris, manque de peu de lui mettre son poing dans la figure...

 

65e: Lorsque Depailler passe à Mirabeau, Hunt lui adresse un poing vengeur. Il traverse ensuite imprudemment la piste pour regagner les stands.

 

66e: L'écart entre Lauda et Fittipaldi n'est plus que de treize secondes.

 

68e: Nullement troublé par les menaces de Hunt, Depailler réalise le meilleur tour en course avec un temps de 1'28''67'''. Donohue tape le rail suite à une rupture de sa suspension avant-gauche. Il n'y a plus que neuf voitures en piste.

 

70e: Onze secondes séparent encore Lauda et Fittipaldi. Pace est à une trentaine de secondes du leader. Plus loin Peterson voit revenir derrière lui Mass et Depailler.

 

71e: Fittipaldi fonce pour rattraper Lauda mais ses efforts semblent quelque peu désespérés.

 

72e: Fittipaldi a sept secondes de retard sur Lauda alors qu'il semble que seuls trois tours seront encore parcourus.

 

73e: Le retard de Fittipaldi est désormais de six secondes. Depailler parvient à surprendre Mass et lui prend la cinquième place.

 

74e: Les deux heures de course étant atteintes, le tour suivant sera le dernier. Fittipaldi n'est plus qu'à quatre secondes de Lauda.

 

75ème et dernier tour: Niki Lauda remporte son premier Grand Prix de la saison et donne à la Ferrari 312T sa première victoire en championnat du monde. Malgré ses beaux efforts, Fittipaldi échoue à la deuxième place, à 2.7s. de Lauda. Pace termine troisième, ce qui est un bon résultat sur cette piste peu favorable aux Brabham. Après un excellent début de course, Peterson finit quatrième et marque ses premiers points de la saison. Depailler finit cinquième devant Mass. Scheckter, Ickx et Reutemann qui a connu un horrible week-end sont les seuls autres pilotes à l'arrivée.

 

Après la course

Lauda est chaudement félicité par Luca di Montezemolo, heureux que la saison de la Scuderia Ferrari soit enfin lancée. Le jeune Autrichien invite le responsable de Magneti Marelli « Scintilla » Tramonti à sabler le champagne avec lui sur le podium, aux côtés du prince et de la princesse de Monaco. A sa descente des marches il est interviewé par Jackie Stewart pour le compte de la télévision américaine. Fort de sa démonstration, Lauda apparaît désormais comme le principal concurrent de Fittipaldi pour le titre mondial.

 

Ronnie Peterson est évidemment très déçu d'avoir perdu la course lors de sa halte aux stands. Mais il refuse d'accabler son mécanicien: « Nous sommes tous pareils dans la course, et les mécaniciens sont comme les coureurs. Ils deviennent très nerveux. C'est peut-être de sa faute, mais je ne peux pas le blâmer pour cela. » Quant à Jean-Pierre Jarier, sa bourde du premier tour consterne jusqu'à ses plus fidèles partisans. Après un superbe envol, Godasso n'a pas su prendre son mal en patience derrière un Lauda prudent... et affirme que celui-ci aurait dû le laisser passer !

 

Au classement du championnat des pilotes, Fittipaldi consolide sa première place avec 21 points. Pace est deuxième avec 16 points puis suivent Lauda (14 pts) et Reutemann (12 pts). Au classement des constructeurs, McLaren reprend la première place avec un point et demi d'avance sur Brabham. Ferrari est maintenant troisième à 9,5 points de l'équipe de Teddy Mayer.

Tony