James HUNT
 J.HUNT
Hesketh Ford Cosworth
Emerson FITTIPALDI
 E.FITTIPALDI
McLaren Ford Cosworth
Carlos REUTEMANN
 C.REUTEMANN
Brabham Ford Cosworth

251e Grand Prix

XII Gran Premio de la Republica Argentina
Légérement nuageux
Buenos Aires
dimanche 12 janvier 1975
53 tours x 5.968 km - 316.304 km
Affiche
F1

Le saviez-vous ?

Pilote
Constructeur
Moteur

Présentation de la saison

La saison 1975 de Formule 1 commence par la traditionnelle tournée sud-américaine, dont la première étape est l'Argentine. Cette saison voit croître les conflits politico-économiques entre le pouvoir sportif représenté par la CSI et les constructeurs regroupés au sein de la F1CA. Ces derniers, emmenés par Bernie Ecclestone, prennent de plus en plus la main sur l'organisation des Grands Prix en signant leurs propres contrats avec les instances sportives nationales. De plus, tandis que les retransmissions télévisées se développent, les constructeurs réclament une augmentation de leurs revenus en échange du spectacle offert aux téléspectateurs. D'où des sources de tension.

 

La Scuderia Ferrari aborde cette nouvelle année en posture de quasi favorite. L'équipe italienne a en effet manqué de peu le titre mondial en 1974 avec Clay Regazzoni, mais elle compte sur le pilote tessinois et sa nouvelle star Niki Lauda pour prendre sa revanche. Surtout, elle attend avec impatience la nouvelle création de Mauro Forghieri, la 312 T à boîte de vitesses transversale qui fera ses débuts en Afrique du Sud. En attendant la 312 B3 est utilisée pour les premières épreuves.

 

Championne du monde des pilotes et des constructeurs, McLaren a évidemment pour ambition de conserver ses titres. Emerson Fittipaldi rêve de devenir triple champion du monde. Pour l'aider, Gordon Coppuck a modifié le train avant et les suspensions de la M23 qui entame tout de même sa troisième saison. Denny Hulme parti à la retraite, c'est le jeune Allemand Jochen Mass qui épaule Emmo.

 

Révélation de la saison 74 malgré des performances irrégulières, la Brabham BT44 a été améliorée par Gordon Murray et transformée en BT44B. L'objectif de Bernie Ecclestone et de ses pilotes, les deux Carlos, Reutemann et Pace, est le titre mondial. De plus l'équipe a enfin obtenu le concours d'un gros sponsor, à savoir le fameux vermouth Martini, grâce à l'entregent de David Yorke, l'ancien team manager de Vanwall et de l'équipe de John Wyer, et grand ami d'Ecclestone.

 

Tyrrell aborde cette saison en position d'outsider. La 007 a encore une belle marge de progression et Ken Tyrrell pense qu'elle peut conduire Jody Scheckter au sacre. Le fougueux Patrick Depailler est toujours chargé d'assister le Sud-Africain.

 

Le moral est en revanche en berne chez Lotus. La marque subit le contre-coup de la crise de l'automobile et, qui pis est, John Player Special a diminué son soutien financier de 60%. Dans ces conditions, Colin Chapman n'a pu construire une nouvelle voiture et du coup, l'antique 72, conçue fin 1969 (!), va reprendre du service aux mains de Ronnie Peterson et Jacky Ickx. Les ambitions sont d'emblée forts modestes: la 72 est la seule voiture du plateau à ne pas avoir de freins à l'intérieur des roues, ce qui ne convient évidemment pas aux nouveaux pneus Goodyear.

 

L'écurie de l'excentrique Lord Hesketh, toujours associé à James Hunt, a en revanche plus d'ambition avec une 308 encore améliorée par Harvey Postlethwaite. Elle bénéficie désormais d'un nouveau système de suspensions avant composé de cornes en caoutchouc. Un inconvénient cependant: la diminution du rayon de braquage.

 

L'équipe Shadow a de grandes ambitions pour ses pilotes Jean-Pierre Jarier et Tom Pryce. Tout d'abord une nouvelle voiture, la DN5, est confiée à Jarier, pendant que Pryce pilotera une DN3B. Surtout Tony Southgate a pris langue avec Jean-Luc Lagardère pour obtenir à terme la fourniture d'un moteur V12 Matra.

 

Le reste du plateau fait grise mine. John Surtees se débat toujours avec des difficultés financières et n'engage qu'une voiture, toujours la médiocre TS16, confiée à John Watson, laissé libre par le retrait de l'écurie de John Goldie. Après avoir d'abord annoncé son retrait, March a entrepris la construction d'une nouvelle voiture, mais en attendant une seule 741 est engagée pour Vittorio Brambilla. Les deux équipes américaines Parnelli et Penske sont toujours là avec comme pilotes respectifs Mario Andretti et Mark Donohue. A bientôt 46 ans, Graham Hill entame sa 18ème saison de Formule 1. En ce début d'année, son équipe Embassy utilise toujours les Lola de la saison précédente mais bientôt le double champion du monde bénéficiera de son propre châssis. Rolf Stommelen est son coéquipier.

 

Frank Williams s'est séparée de son sponsor Iso qui ne l'a pas payé. De plus Marlboro a considérablement réduit sa quote-part. Qu'à cela ne tienne, Williams engage désormais ses châssis sous son propre nom. Arturo Merzario est toujours premier pilote tandis que Jacques Laffite l'assiste, moyennant mille livres sterling par Grand Prix.

 

BRM est sur la pente descendante. Rachetée par son directeur Louis Stanley mais sans soutien financier, l'équipe anglaise n'engage plus qu'une seule voiture, une vieille P201, pour le Britannique Mike Wilds.

 

L'évènement de ce début de saison est l'arrivée d'une écurie 100% brésilienne, projet de Wilson Fittipaldi. Ce dernier a obtenu le soutien de la compagnie nationale sucrière Copersucar. La FD01 conçue par Richard Divila est apparue cependant comme trop audacieuse sur le plan aérodynamique et a été modifiée avant même le début de la saison. Enfin une autre équipe nationale sud-américaine aurait dû voir le jour, Berta, écurie argentine du grand constructeur Oreste Berta qui avait engagé le pilote Nestor Garcia-Veiga. Il doit cependant renoncer à cause de soucis financiers et techniques.

 

Cette saison Goodyear a désormais le quasi-monopole de la fourniture des pneumatiques. Néanmoins pour cette première course Parnelli utilise encore des gommes Firestone et on ne sait pas si cette situation va perdurer.


Les qualifications

Comme chaque année, le public argentin s'est déplacé en masse pour soutenir Carlos « Lole » Reutemann qui a perdu la victoire en 1974 à deux tours de la fin, suite à une panne d'essence.

 

Les essais vont démontrer les capacités des Brabham BT44B qui signent régulièrement d'excellents chronos. Et pourtant, à la surprise générale, c'est Jarier qui réalise la pole position au volant de la nouvelle Shadow. Les progrès de l'équipe anglo-américaine stupéfient le paddock. Reutemann et Pace suivent toutefois Jarier de près. Lauda est quatrième sur Ferrari et précède E. Fittipaldi et Hunt. Suivent Regazzoni, Depailler, Scheckter et Andretti qui confirme le potentiel de la Parnelli entrevu fin 1974. Comme prévu, les Lotus sont « à la ramasse »: Peterson est 11ème, Ickx 18ème. Mass est seulement treizième pour sa première course au volant d'une McLaren officielle. La dernière ligne est composée de Wilds sur BRM et de W. Fittipaldi sur la Copersucar, victime de gros soucis mécaniques lors des qualifications.

 

Le Grand Prix

Wilds part des stands à cause d'un phénomène de « vapor lock » sur sa BRM.

 

Tour de formation: Jarier casse sa transmission (couple conique) après quelques mètres. Il doit renoncer à prendre le départ. Déception dans le clan Shadow mais grand sourire chez Brabham: Reutemann et Pace se retrouvent premiers sur la grille de départ.

 

Départ: Reutemann conserve l'avantage devant Pace, Lauda, Hunt et Fittipaldi. Scheckter et Mass entrent en collision et endommagent leurs voitures. Watson reste arrêté, à cause d'une rupture de pompe à essence. Sa voiture est poussée et les mécaniciens de Surtees vont essayer de réparer le problème, ce qui est contraire au règlement.

 

1er tour: A la grande joie du public argentin, Reutemann est en tête devant Pace, Lauda, Hunt, Fittipaldi, Peterson, Regazzoni, Depailler, Andretti et Brambilla. Scheckter et Mass sont aux stands pour faire réparer leurs voitures.

 

2e: Wilds prend la piste avec deux tours de retard. Scheckter a repris sa route.

 

3e: Les deux Brabham sont en tête avec deux secondes d'avance sur Lauda qui est attaqué par Hunt. Mass sort des stands après de longues réparations: les mécaniciens de McLaren ont changé de calandre puis de nez avant au moyen d'adhésifs. Watson a aussi repris la piste.

 

5e: Reutemann a une seconde d'avance sur Pace. Un petit peu plus loin, Lauda, Hunt, Fittipaldi et Peterson roulent en peloton.

 

7e: Hunt menace sérieusement Lauda.

 

8e: Hunt prend la troisième place à Lauda. Fittipaldi revient sur la Ferrari.

 

9e: Le drapeau noir est présenté à Watson pour assistance illégale sur sa voiture.

 

10e: Reutemann et Pace sont en tête de l'épreuve mais Hunt n'est qu'à une poignée de secondes des Brabham. Lauda est menacé par Fittipaldi. Peterson est sixième et précède Regazzoni, Depailler, Andretti et Brambilla.

 

11e: Reutemann est aux prises avec une voiture survireuse. Hunt semble en mesure de pouvoir rattraper les Brabham.

 

13e: A Entrado a Mixtos, un cardan se brise sur la Copersucar de W. Fittipaldi et l'envoie contre une barrière. La voiture s'embrase, si le pilote en sort immédiatement sans dommage, les commissaires doivent intervenir avec des extincteurs pour éteindre l'incendie.

 

14e: Pace est juste derrière Reutemann. Les drapeaux jaunes sont agités dans le secteur où Fittipaldi s'est crashé.

 

15e: Pace double Reutemann sans grande difficulté. Mais vers Entrado a Mixtos, le Brésilien glisse sur l'huile répandue par W. Fittipaldi et part en tête-à-queue. Il parvient à repartir en septième position. Pendant ce temps-là, Peterson est victime d'une panne de bougie sur son moteur et doit regagner son stand au ralenti.

 

16e: Reutemann a repris la tête juste devant Hunt. Lauda est troisième devant Fittipaldi. Suivent Regazzoni, Depailler, Pace, Andretti, Brambilla et Ickx. Laffite est arrêté au stand Williams, en panne de boîte de vitesses. Il renonce.

 

18e: Hunt est sur les talons de Reutemann dont la voiture continue de survirer. De son côté Fittipaldi attaque Lauda.

 

20e: Hunt continue de se rapprocher de Reutemann. Pendant ce temps-là Pace essaie de revenir sur Depailler.

 

23e: Fittipaldi attaque et dépasse Lauda. Le Brésilien est aussi rapide que Hunt et peut se lancer dans la course à la victoire.

 

24e: Hunt et Fittipaldi sont désormais sur les talons de Reutemann qui résiste tant bien que mal, encouragé par les spectateurs.

 

26e: Hunt attaque Reutemann et parvient enfin à s'emparer du commandement. C'est la première fois de sa carrière qu'il mène un Grand Prix. Pace prend la sixième place à Depailler.

 

27e: Reutemann n'a plus les moyens de résister et se fait doubler par Fittipaldi. Wilds abandonne après que tous les joints retenant son moteur se soient rompus.

 

28e: Moins d'une seconde sépare Hunt et Fittipaldi, désormais en lutte pour la victoire. Andretti abandonne après la rupture d'un joint homocinétique.

 

30e: Hunt mène devant Fittipaldi qui se trouve à une seconde. Reutemann est troisième à trois secondes. A une dizaine de secondes roule Lauda qui devance son équipier Regazzoni. Pace est sixième devant Depailler, Brambilla, Ickx et Donohue. Merzario est à son stand pour faire réparer une rotule de commande d'accélérateur.

 

32e: Pace est un des pilotes les plus rapides en piste. Il remonte facilement sur les deux Ferrari.

 

33e: Pace prend la cinquième position à Regazzoni.

 

34e: Hunt réalise le meilleur tour en course: 1'50''91'''. Mais Fittipaldi signe aussi son meilleur tour en 1'50''97'''. Les deux hommes sont roues dans roues.

 

35e: A l'épingle de Horquilla Hunt dérape légèrement mais a du mal à tourner à cause de ses nouvelles suspensions qui diminuent son rayon de braquage. Fittipaldi en profite pour se jeter à l'intérieur et prendre la tête de la course.

 

36e: Fittipaldi mène désormais mais il doit surveiller Hunt qui reste derrière lui.

 

37e: Pace prend la quatrième place à Lauda. Donohue prend la huitième place à Brambilla qui rencontre des problèmes d'accélérateur.

 

38e: Merzario reprend la piste avec huit tours de retard.

 

39e: Le moteur de Lauda a des ratés et émet par moment une fumée noirâtre. Regazzoni en profite pour doubler son équipier.

 

40e: Fittipaldi a deux secondes d'avance sur Hunt. Reutemann suit à une quinzaine de secondes. A quarante secondes Pace précède Regazzoni, Lauda et Depailler. Suivent Donohue, Brambilla et Ickx.

 

42e: Depailler est revenu juste derrière Lauda qui tente seulement de rallier l'arrivée.

 

43e: Depailler prend la sixième place à Lauda.

 

45e: Fittipaldi creuse peu à peu l'écart sur Hunt qui a semble-t-il renoncé à la victoire.

 

47e: Le moteur de Pace cesse de fonctionner quelques mètres avant l'entrée des stands. C'est l'abandon pour le jeune Brésilien.

 

50e: Fittipaldi a une poignée de secondes d'avance sur Hunt. La course est jouée.

 

52e: Pryce tombe en panne de transmission alors qu'il occupait la dixième place.

 

53ème et dernier tour: Emerson Fittipaldi remporte le Grand Prix d'Argentine pour la deuxième fois de sa carrière. Il précède Hunt qui est passé près de son premier succès. Reutemann finit troisième, ce qui constitue son premier podium à domicile. Regazzoni est quatrième et devance Depailler et Lauda. Donohue est septième avec la vaillante Penske. Brambilla, Ickx, Hill, Scheckter, Stommelen et Mass sont les autres pilotes à rallier l'arrivée. Merzario n'est pas classé.

 

Après la course

Fittipaldi est acclamé par les supporteurs brésiliens qui ont fait le déplacement à Buenos Aires. Mais c'est bien évidemment Carlos Reutemann qui reçoit le plus d'applaudissements. Toutefois les Brabham ont mené une course décevante: parties pour signer un doublé, elles n'obtiennent qu'une troisième place.

 

McLaren débute donc l'année 1975 par un succès encourageant. L'Hesketh a impressionné tandis que les Ferrari ont été en retrait, mais cela était plus ou moins attendu du fait de la vieillesse de la 312 B3. Quant aux Tyrrell, elles n'ont pas démontré grand-chose.

Tony