Claudio a l'image type du non-pilote de F1. Alors que dans la légende, ceux-ci sont toujours assimilés à des play-boys, des chevaliers des temps modernes, ils sont souvent décris comme des jeunes gens riches, beaux, musclés... Il symbolise un degré extrême de réussite.
Claudio est en quelque sorte à l'opposé de cette image d'Epinal. Durant sa carrière, il s'est vu affublé de plusieurs surnoms tel que "Droopy" ou "le Panda". Il se rapproche plus de l'homme de tous les jours approchant de la quarantaine avachie : taille moyenne, quelque peu ventripotent, voûté, l'air triste... Néanmoins, Claudio a réussi l'exploit de faire partie du cercle très fermé des pilotes de F1.
Un exploit marqué du sceau de la fidélité puisque dès 1980, il arrive en F3 pour ne la quitter que cinq ans plus tard. Durant cette période, il ne remporte ni titre, ni victoire et parvient tout de même à finir quatrième du championnat d'Europe 1984. C'est est suffisant pour lui ouvrir les portes de la nouvelle discipline qu'est la F3000, successeur de la F2. Dans cette formule aussi, il va s'installer pour un bail de cinq ans.
La première saison, à bord d'une Tyrrell, ne lui permet guère de briller, ne parvenant qu'à une seule reprise à franchir le drapeau à damier en quinzième position. L'année suivante n'est guère plus brillante mais lui permet de marquer son premier point à l'occasion de l'épreuve d'Enna-Pergusa.
1987 sera sa plus difficile année puisqu'il accumule non-qualification, accidents, abandons et classement en queue de peloton. L'année suivante lui permet d'enfin se faire remarquer. Et c'est à Enna qu'il parvient une nouvelle fois à se distinguer. Huitième sur la grille, il rallie l'arrivée en quatrième position. On rajoute cette année-là une cinquième place à Monza, toujours sur le sol transalpin. 1989 est sa meilleure année dans la discipline puisque Claudio parvient à monter sur son premier podium. Et c'est à ... Enna-Pergusa (!) qu'il réussit cet exploit, parti septième, il échoue à la deuxième place à six dixièmes seulement, du vainqueur, Andrea Chiesa. Néanmoins, Langes fait partie des cinq survivants de cette épreuve, marquée par quatorze abandons sur accident ! Claudio finit la saison à la douzième place au championnat. Il veut faire le grand saut vers la F1. Son bilan en cinq ans de F3000 est celui-ci : 33 courses, 1 non-qualification, 1 podium et 15 petits points. Bien entendu, c'est insuffisant pour pouvoir obtenir un volant dans la discipline reine. Que nenni !! Claudio est embauché pour piloter la seconde voiture du team de Walter Brun...
Moyennant une belle liasse de billets verts, Claudio a donc le droit de participer tous les vendredi matin à la séance de préqualification aux côtés de Roberto Moreno. Il compte sur son expérience de la F3000 pour amener cette voiture sur la grille. Malheureusement, ce ne sera jamais le cas, Claudio finissant toujours les séances très loin de la barre fatidique. Sa saison se résume à quatorze fois une heure de préqualification, puisque Eurobrun met la clef sous la porte avant la fin de la saison. Pour Claudio, le bilan est bien maigre, et aucune écurie ne songe à faire appel à lui pour la saison suivante.
Découragé et financièrement démuni pour continuer sa carrière au plus haut niveau, Claudio se rabat occasionnellement sur les courses de Tourisme en Italie, accrochant notamment une pole en 1992 à ... Enna-Pergusa ! Certes, Claudio n'était pas le meilleur pilote entraperçu en F1, mais il restera à jamais comme un homme simple, accessible et diablement passionné. Le monde de la F1 est impitoyable et il n'y a jamais eu de place pour des "gars biens" comme Claudio, qui symbolisait merveilleusement bien sa génération où les petites écuries fleurissaient et où la passion prédominait parfois sur le business... Le passage éphémère de Claudio en F1 est là pour nous le rappeler.
Alex Mondin