Esteban OCON
 E.OCON
Alpine Renault
Max VERSTAPPEN
 M.VERSTAPPEN
Red Bull Honda RBPT
Pierre GASLY
 P.GASLY
Alpine Renault

1122o Gran Premio

IV Grande Premio de São Paulo
Lluvia
Interlagos
domingo, 3 de noviembre de 2024
69 vueltas x 4.309 km - 297.261 km
(Offset: 60 m)
info
Carrera prevista a 71 vueltas, reducida a 69 tras la anulación del procedimiento de salida, interrumpida en la vuelta 33 debido a un accidente.
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

Piloto
Constructore
Motor

La Colapinto-mania

Les Brésiliens n'ont toujours pas de compatriote à encourager au départ de ce Grand Prix national, même si le Pauliste Gabriel Bortoleto a de bonnes chances de décrocher un volant chez Stake-Sauber en 2025. En revanche, leurs voisins argentins viennent en masse encourager leur nouvel héros Franco Colapinto. Celui-ci réalise depuis Monza des débuts sensationnels avec Williams: en cinq courses, toutes terminées, il a déjà inscrit cinq points et malmène sérieusement son équipier Alexander Albon. Sa réussite est d'autant plus remarquable que Colapinto, protégé de Williams, n'avait jusqu'ici guère attiré l'œil des chasseurs de têtes de la F1. Au point que quelques mois plus tôt, il n'avait pas le budget pour finir sa saison de Formule 2 avec MP Motorsport... Mais depuis le natif de Pilar, près de Buenos Aires, premier Argentin à atteindre la F1 depuis un quart de siècle, suscite la ferveur chez ses compatriotes, très férus de sport automobile, au point d'être devenu en quelques semaines le sportif le plus populaire du pays derrière Lionel Messi ! « Le sport auto est dans la culture argentine et son irruption a un effet boule de neige, explique son manager Jamie Campbell-Walter. Des gens rejoignent le projet, puis d'autres. Franco est aussi un influenceur car ses réseaux sociaux sont très suivis. Cela a aidé les entreprises à se décider en sa faveur. » En effet, Colapinto a drainé vers Williams un pool de généreux sponsors argentins, notamment Mercado Libre. Et cette « Colapinto-mania » permet aussi d'évoquer l'éventuel retour d'un Grand Prix en Argentine, épreuve disparue depuis 1999. Le ministre des Sports Daniel Scioli rencontre dans cette optique à São Paulo Greg Maffei et Mohammed Ben Sulayem.


Reste cependant à assurer l'avenir. Malgré ses débuts remarquables, Colapinto n'a pas de volant pour 2025, puisqu'il cédera sa place chez Williams à Carlos Sainz. Stake-Sauber semble lui préférer Gabriel Bortoleto. Mais une formidable opportunité pourrait tout de même se présenter à lui. En septembre, Jamie Campbell-Walter a été approché par Christian Horner. Et si ce jeune loup sorti de nulle part était le remplaçant idoine de ce pauvre Sergio Pérez ? « Je pense que Franco a les qualités pour être une star potentielle du futur, assure Horner au Brésil. Il fait partie de cette nouvelle génération de talents comme Lawson ou Bearman. Nous gardons un œil sur le marché des pilotes. » Il n'en faut pas plus pour affoler les réseaux sociaux de Red Bull Argentine... Toutefois, si Horner est très bien disposé à l'égard de Colapinto, il n'en va pas de même d'Helmut Marko qui préférerait promouvoir un produit de sa pépinière, Liam Lawson ou Isack Hadjar. Du reste, Williams ne cédera pas sa jeune pépite sans une compensation (très) substantielle...


Présentation de l'épreuve

Max Verstappen doit faire oublier un week-end mexicain au cours duquel il a repoussé toutes les limites, hélas dans le mauvais sens du terme. Le champion en titre s'est illustré par une défense et une attaque outrées contre son rival Lando Norris, sanctionnées par 20 secondes de pénalité qui l'ont relégué à la sixième place. Au championnat, le Néerlandais compte encore 47 points d'avance sur son poursuivant. À quatre épreuves de la fin, c'est un solide matelas, mais qui a fondu de 10 unités à Mexico... La pression serait-elle désormais sur ses épaules ? Certains, notamment dans la presse anglais, se demandent si ces batailles toutes griffes dehors contre Norris, à la limite voire au-delà de la légalité, ne serait pas un signe de fébrilité... Damon Hill, consultant pour Sky F1, insinue que Verstappen a utilisé à Mexico sa Red Bull « comme une simple arme » contre son rival. Le champion du monde 1996, qui a sans doute quelques souvenirs à ce sujet, conclut en affirmant « qu'on ne peut pas se contenter d'un ''Demolition derby'' pour garder sa place. » « Je l'aime trop en tant que pilote pour ne pas me désoler de le voir se conduire ainsi », ajoute pour sa part Martin Brundle. Verstappen répond à ces assertions sans prendre de gants: « J'en suis à ma dixième saison de F1 et je suis triple champion du monde. Je sais ce que je fais. J'aime gagner et n'aime pas perdre, et d'ailleurs, qui aime ça ? Pour le reste... Il y a un mot qui commence par ‘'f'' que je ne peux plus employer... Mais certaines personnes sont très agaçantes. Elles sont partiales. Et tant pis pour elles, ce n'est pas mon problème en fin de compte. »


Le clan Verstappen semble vouloir accréditer l'idée qu'il serait victime d'une cabale orchestrée par les journalistes et consultants britanniques, par nature pro-Norris. En effet, après Hill et Brundle, c'est Johnny Herbert, lui aussi consultant sur Sky, qui attaque le pilote Red Bull en fustigeant son « horrible mentalité ». Problème: l'ancien pilote faisait partie du collège des commissaires qui a sanctionné le Hollandais à Mexico. Jos Verstappen accuse son ancien confrère de partialité et l'enjoint de cesser de s'exprimer sur son fils, puisqu'il serait à la fois juge et partie. « Ce n'est pas du parti-pris, j'exprime seulement mon opinion, répond Herbert. Je tiens ma langue lorsque j'exerce mes fonctions de commissaire, mais le reste du temps, j'ai droit à une entière liberté de parole. »


En tout cas, Max Verstappen sait qu'il ne pourra guère compter dans cette lutte pour le titre sur son coéquipier Sergio Pérez. Auteur d'un week-end lamentable à domicile, le pauvre Mexicain se noie en cette fin de saison, et c'est pitié quand on songe à l'excellent pilote qu'il fut jadis. Son calvaire durera jusqu'à Abou Dhabi, puisque Christian Horner exclut de le remplacer d'ici là. Mais comme d'habitude, Helmut Marko endosse le costume du « bad cop » et assomme le malheureux Checo, sous-entendant qu'il serait un boulet à la fois sportif et financier pour son équipe: « Notre chute à la troisième place du championnat des constructeurs et les 200 points que Pérez concède à Verstappen en disent long. Remporter le titre des constructeurs est devenu complètement irréaliste. Or, la différence entre la première et la troisième place est de 17 millions d'euros. C'est un sérieux coup financier, surtout pour les employés, car leur bonus est basé sur ce championnat ! » En interne, Pérez a tenté de se défendre en arguant qu'il avait rencontré des soucis de freins à Mexico. « Il va recevoir un nouveau châssis, ça devrait le calmer ! » cingle Marko. On ne peut pas faire plus cassant...


Le circuit d'Interlagos reçoit pour cette saison un tout nouveau revêtement, ce qui inquiète les pilotes, tant les récents resurfaçages se sont avérés peu heureux sur bien des pistes. En outre, les travaux ont été achevés à la dernière minute, et les écuries n'ont pour ainsi dire aucune donnée sur ce nouvel asphalte. Hélas, comme on pouvait s'y attendre, les premières impressions sont mauvaises. Les pilotes dénoncent la présence de nombreuses bosses. « C'est encore pire qu'avant ! C'est bosselé partout et cela génère beaucoup de rebond », s'agace Max Verstappen. Enfin, la météo s'annonce incertaine puisqu'une forte dépression venue d'Amazonie doit s'abattre sur São Paulo dimanche durant la course.


Les pilotes de F1 sont un peu patraques en cette fin de saison. Conséquence des milliers de kilomètres avalés en quelques jours ? Fernando Alonso, victime de maux gastriques, manque la journée du jeudi car il a dû effectuer un aller-retour en Europe pour consulter un médecin. Au Brésil, c'est Kevin Magnussen qui se fait porter pâle. Après avoir fait l'impasse sur le vendredi, le Danois déclare finalement forfait pour l'ensemble du week-end. Ayao Komatsu le remplace de nouveau par Olivier Bearman qui effectue ainsi sa troisième « pige » de la saison.


Dimanche, lors d'une matinée pluvieuse, entre les qualifications et la course, Lewis Hamilton a l'immense honneur de piloter la McLaren-Honda MP4/5B avec laquelle Ayrton Senna est devenu champion du monde en 1990. Afin de suivre exactement les pas de son idole, le septuple champion du monde se gare même en bord de piste pour se saisir d'un drapeau brésilien tendu par un commissaire, exactement comme Senna l'avait fait après sa victoire ici même en 1991. La foule auriverde acclame celui qu'elle considère comme un « Brésilien d'honneur », lequel ne dissimule pas son émotion : « C'est le plus grand honneur de ma carrière », confie-t-il. C'est aussi son meilleur moment du week-end. « J'aurais préféré garder cette McLaren pour la course, car c'est une voiture formidable ! » lance-t-il en guise de pique, destinée à Mercedes...


Verstappen encaisse d'emblée cinq places de pénalité sur la grille pour un changement de moteur. Il s'agit de son second dépassement de quota de la saison. Voilà un nouveau coup dur pour le Hollandais. Son équipier Pérez reçoit comme annoncé un nouveau châssis, mais reprend un ancien moteur pour ne pas encaisser de pénalité. McLaren pare la MCL38 d'un nouvel aileron arrière à moyen appui, jugé plus efficace pour Interlagos. Enfin, Aston Martin, en pleine dégringolade, réinstalle le plancher utilisé au Japon en tout début de saison, signe de ses errements en termes de développement...


Vendredi: essais et qualifications pour le sprint

Vendredi après-midi, Norris signe le meilleur temps (1'10''610''') de l'unique séance libre devant Russell et le toujours impressionnant Bearman. Les pilotes utilisent principalement cette séance à apprivoiser le nouveau bitume qui ne les satisfait guère.


Un peu plus tard, les McLaren dominent les qualifications pour le sprint. Piastri (1'08''899''') partira premier, mais se dit prêt à ouvrir la voie à Norris (2e) pour l'aider dans la course au titre. Leclerc (3e) est pessimiste quant à la capacité de Ferrari à lutter contre McLaren. Sainz (5e) cherche de la performance avec les pneus tendres, obligatoires en SQ3. Verstappen (4e) se plaint d'une Red Bull très instable sur le nouveau revêtement. Pérez (13e) tente de trouver des explications à une énième contre-performance... Les Mercedes souffrent beaucoup sur les bosses, mais Russell (6e) s'en sort nettement mieux que Hamilton (11e). Chez Alpine, Gasly (7e) continue de se mettre en évidence alors qu'Ocon (17e) est beaucoup plus loin. Lawson (8e) impressionne en plaçant sa Visa Cash RB en SQ3, alors que Tsunoda (18e) sombre d'entrée de jeu. Albon place sa Williams en neuvième position pendant que son équipier Colapinto (14e) découvre ce circuit. Chez Haas, Bearman (10e) se montre de nouveau excellent et précède Hülkenberg (12e), peu à l'aise avec le nouveau bitume. Les Aston Martin (Alonso 16e, Stroll 19e) sont dramatiquement lentes et éliminées en SQ1. Bottas (15e) amène sa Kick-Sauber en SQ2. Zhou (20e) est une fois de plus dernier, mais une erreur de timing l'a empêché de signer un second tour rapide.


Le sprint

La journée de samedi commence avec le cinquième sprint de la saison. Le ciel est voilé et l'humidité élevée. Toutefois, les averses sont attendues pour plus tard dans la journée. Tous les pilotes partent en pneus médiums (C3). Alonso, Stroll et Zhou s'élancent depuis les stands car leurs bolides ont été modifiés durant le parc fermé.


Départ: Piastri coupe la route à Norris pour garder l'ascendant l'entrée du Esse. Verstappen tente en vain de doubler Leclerc dans celui-ci.


1er tour: Piastri mène devant Norris, Leclerc, Verstappen, Sainz, Russell, Gasly, Lawson, Hülkenberg et Bearman.


2e: Le DRS est autorisé. Piastri et Norris repoussent Leclerc à plus d'une seconde. Verstappen menace celui-ci.


3e: Verstappen tente de déborder Leclerc par l'extérieur au premier tournant, mais ce dernier retarde son freinage et reste devant. Le Hollandais retente sa chance par l'intérieur à la courbe du lac, en vain. Pérez est 11e après avoir doublé Albon tandis que Hamilton est englué au 14e rang.


4e: Leclerc revient à moins d'une seconde des McLaren, tandis qu'aucun changement de positions n'est encore prévu pour celles-ci.


5e: Les quatre premiers se tiennent en deux secondes et demie. Sainz (5e) est relégué à plus de trois secondes.


6e: Norris signale par radio qu'il est « proche » de Piastri, mais ce dernier ne le laisse pas passer.


7e: Piastri mène devant Norris (1.2s.), Leclerc (2s.), Verstappen (2.3s.), Sainz (6s.), Russell (8.4s.), Gasly (10s.), Lawson (10.8s.), Hülkenberg (12.2s.) et Bearman (13s.).


8e: Norris s'énerve dans sa radio : « Je ne sais pas ce que je fais là... On en avait parlé ! » « Continue ! » lui répond laconiquement son ingénieur Will Joseph.


9e: Piastri a pris plus d'une seconde d'avance sur Norris, rattrapé par Leclerc. Bearman double son équipier Hülkenberg au premier virage. Pérez surprend ensuite l'Allemand au virage n°4.


10e: McLaren ordonne à Piastri de donner le DRS à Norris. L'Australien laisse ainsi revenir son équipier, mais aussi Leclerc et Verstappen...


11e: Pérez double Bearman et se retrouve neuvième, à la poursuite de Lawson.


12e: Piastri devance Norris (0.6s.), Leclerc (1.6s.), Verstappen (2s.), Sainz (5.6s.), Russell (9.6s.), Gasly (13.6s.), Lawson (14.7s.), Pérez (15.6s.) et Bearman (18s.).


13e: Leclerc se loupe dans le Esse. Verstappen tente de prendre son aspiration dans la ligne droite opposée, en vain, car le Monégasque freine tôt avant la courbe.


15e: Norris est toujours un peu plus rapide que Piastri et guette en vain une consigne d'équipe. Il semblerait que McLaren veuille attendre la toute fin d'épreuve.


16e: Will Joseph prévient Norris que l'échange de positions se fera lors du dernier tour, mais l'Anglais refuse cette solution et dit qu'il va attaquer son équipier. Pendant ce temps-là, Leclerc et Verstappen sont toujours sur leurs talons. Pérez assaille Lawson par l'extérieur au premier virage, mais il freine trop tard et vire au large.


17e: Piastri précède Norris (0.7s.), Leclerc (2.2s.), Verstappen (2.7s.), Sainz (6.6s.), Russell (10s.), Gasly (16s.), Lawson (17s.), Pérez (17.6s.) et Bearman (21.2s.).


18e: Verstappen se colle au train arrière de Leclerc à la sortie du Esse, ouvre son DRS et le déborde par l'extérieur avant la courbe du lac.


19e: Albon apparaît au 10e rang après avoir double les deux Haas, désormais menacées par Hamilton qui s'est défait de Colapinto.


20e: Hülkenberg se gare sur un bas-côté au Cotovelo à cause d'une coupure de moteur. Le drapeau jaune est déployé dans le second secteur.


21e: Le drapeau jaune est toujours agité, mais la voiture de sécurité menace et McLaren doit intervertir tout de suite les positions. Hamilton dépasse Bearman.


22e: Piastri laisse passer Norris dans la ligne droite opposée. Il était temps: la « voiture de sécurité virtuelle » est instaurée pour évacuer la Haas de Hülkenberg.


24e et dernier tour: La « Virtual Safety Car » prend fin à l'entame de cette dernière boucle. Piastri se laisse surprendre par le drapeau vert. Verstappen prend son aspiration à la sortie du Esse. Mais, sans DRS, il ne peut se porter à sa hauteur et lève le pied à l'entrée de Subida do Lago.


Lando Norris remporte ce sprint devant son équipier Piastri. Verstappen se classe troisième, Leclerc quatrième. Sainz (5e) et Russell (6e) ont mené une mini-course anonyme. Gasly est un bon septième, alors que Pérez (8e) ramasse un point. Suivent Lawson, Albon, Hamilton, Colapinto, Ocon, Bearman, Tsunoda, Bottas, Zhou, Alonso et Stroll.


Toutefois, il s'avère que Max Verstappen a roulé trop rapidement à la fin de la voiture de sécurité virtuelle, sans doute afin d'attaquer Oscar Piastri. En conséquence, il écope de cinq secondes de pénalité et recule au quatrième rang. Il concède ainsi un point supplémentaire à Lando Norris, tandis que Charles Leclerc recueille la troisième place.


Lando Norris fait une bonne affaire: ce sprint victorieux lui permet de reprendre trois points à Max Verstappen. Si la McLaren confirme sa supériorité le lendemain, il pourra encore davantage combler son retard au championnat des pilotes. L'Anglais est cependant piqué d'avoir patienté presque toute l'épreuve derrière Oscar Piastri. Après le départ, Andrea Stella a voulu attendre le dernier moment pour intervertir les positions, jouant ainsi avec les nerfs de celui qui est désormais, de fait, son pilote n°1. « C'était difficile, confirme Norris. Cela faisait le yo-yo, je revenais, Piastri repartait, il y avait beaucoup d'air sale. J'étais plus rapide mais je ne pouvais pas passer. Je ne suis pas fier d'avoir gagné comme cela, mais l'équipe a fait du bon travail et je remercie Oscar. »


Report des qualifications

Un peu plus tard, des pluies diluviennes s'abattent sur São Paulo. La piste est totalement détrempée, impraticable à 14 heures, coup d'envoi prévu des qualifications. La direction de course décide de reporter celui-ci, mais de demi-heure en demi-heure les conditions météorologiques ne s'améliorent pas. Les responsables s'inquiètent aussi de la réaction du nouvel asphalte: la pluie fait souvent ressortir l'huile du nouveau goudron... À 15h30, Niels Wittich annonce que les qualifications devraient démarrer à 16 heures. Mais il est trop optimiste, car la pluie persiste, et un nouveau report est annoncé. Pendant ce temps-là, l'après-midi s'avance et la luminosité commence à diminuer.


À 16h45, il faut se rendre à l'évidence: les bolides ne pourront pas rouler. Stefano Domenicali annonce que les qualifications sont reportées à dimanche. « Nous ne pouvons pas contrôler la météo, c'est triste mais ce n'est pas assez sûr et l'obscurité arrive », déclare le président de la Formule 1. Lewis Hamilton conteste cependant ce fatalisme et interpelle Domenicali: « Vous auriez dû nous envoyer sur le circuit ! C'est ridicule. Nous pouvions sortir à un moment. Si vous nous donniez de meilleurs pneus pluie et des couvertures chauffantes, nous pourrions rouler. C'est stupide. » Porte-parole des pilotes, George Russell pointera par la suite la grande médiocrité des pneus « full wet » proposés par Pirelli qui dissuade toute sortie dans ces conditions extrêmes. Un peu plus tard, le directeur général de la FIA David Martin dévoile le programme de la journée du dimanche. Les qualifications se tiendront très tôt : à 7h 30 du matin ! La course est quant à elle avancée de 14h à 12h30, et ce afin d'éviter un nouveau déluge prédit par les météorologues pour la fin de l'après-midi.


Les qualifications

Dimanche matin, les pilotes se lèvent donc aux aurores pour participer à la séance de qualifications. Pas de chance, la pluie est de nouveau au rendez-vous, et les conditions ultra-piégeuses provoquent pas moins de cinq interruptions provoquées par des accidents de Colapinto, Sainz, Stroll, Alonso et enfin Albon.


Norris émerge du déluge pour réalise sa huitième pole position (1'23''405''') et se placer en favori du Grand Prix. Sur l'autre McLaren, Piastri (8e) est plus en retrait. Chez Mercedes, Russell se qualifie en seconde position, à seulement un dixième de Norris. Hamilton (14e), éliminé en Q1, dénonce pour sa part la « pire monoplace qu'il ait jamais pilotée », rien de moins. Tsunoda réalise la meilleure qualification de sa carrière en plaçant sa VCARB en troisième position. Son collègue Lawson se classe pour sa part cinquième, ce qui augure une belle moisson de points pour l'équipe italienne. Ocon passe en travers les gouttes et conduit son Alpine-Renault à une superbe quatrième place. Gasly (13e) est en revanche éliminé dès la Q2 suite à de mauvais timings. Ferrari connaît une mauvaise matinée. Gêné par les divers incidents, Leclerc ne réalise que le 6e temps en Q3. Sainz sort de la route dans les Esses et heurte le rail en marche arrière. Sa voiture doit être ensuite réparée sous régime de parc fermé.


Désastre chez Williams: Albon signe le 7e chrono de la Q3, mais une défaillance de freins l'envoie dans le mur au bout de la ligne droite principale. Tout le train arrière de FW46 est détruit et le Thaïlandais n'a d'autre choix que de déclarer forfait. Colapinto (16e) sort lui dans la Curva do Sol, mais son bolide est moins endommagé. Chez Aston Martin, Alonso (9e) et Stroll (10e) glissent tous deux dans les barrières du virage n°3. Leurs mécaniciens auront donc beaucoup de travail avant le coup d'envoi. Bottas (11e) tire son épingle du jeu au volant de la Kick-Sauber, tandis que Zhou (19e) est encore une fois très loin. La séance vire au cauchemar pour Red Bull: piégé par le drapeau rouge provoqué par Stroll, Verstappen ne franchit pas la Q2 et partira seulement 17e du fait de sa pénalité. Pérez (12e) ne franchit pas non plus cette étape. Très mauvaise affaire pour Haas: Bearman (15e) et Hülkenberg (18e) ne vont pas plus loin que la Q1 à cause d'un manque d'adhérence sur piste humide.


Le Grand Prix

C'est donc à mi-journée que commence ce Grand Prix de São Paulo. La matinée fut très pluvieuse et la piste est encore très humide au moment du départ. En conséquence, tous les pilotes s'élancent en pneus intermédiaires. Sainz démarre des stands après que sa Ferrari a été réparée. Les mécanos d'Aston Martin sont eux parvenus à remonter les voitures d'Alonso et de Stroll, au moyen d'anciennes spécifications de pièces.


Tour de formation: Stroll bloque ses roues arrière à la courbe du lac, pirouette et heurte le mur externe. Le Canadien garde le pied sur les gaz et finit par s'enliser dans les graviers. Il n'ira pas plus loin.


Comme les commissaires doivent retirer l'Aston Martin, la direction de course prévoit d'annuler le départ. Mais lorsque les voitures reviennent sur la grille, Norris, qui mène la meute, se méprend sur le sens des feux orange et entame un deuxième tour de formation. Russell puis leurs poursuivants immédiats l'imitent, tandis que la queue de la grille n'avance pas. Devant cette confusion, Niels Wittich rappelle tout le monde sur la grille. Le départ est logiquement reporté. Les mécaniciens reviennent sur la piste pour refroidir les bolides pendant qu'une grue ôte la voiture de Stroll. Le second départ est lancé après dix minutes d'interruption. La distance originelle de l'épreuve est amputée de deux tours. Suite à cet imbroglio, Norris et Russell écoperont d'une amende de 5000 euros et d'une réprimande.


Troisième tour de formation: La pluie refait son apparition alors que les bolides s'installent sur la grille.


Départ: Russell démarre mieux que Norris, plonge à l'intérieur au premier virage et conquiert le commandement. Tsunoda parvient à rester devant Ocon tandis que Leclerc double Lawson.


1er tour: Piastri (7e) résiste à une attaque d'Alonso à l'entrée de la courbe du lac. Pérez exécute à un tête-à-queue à la sortie du Bico do Pato. Le Mexicain se relance toutefois aussitôt. Russell mène devant Norris, Tsunoda, Ocon, Leclerc, Lawson, Piastri, Alonso, Gasly et Hamilton. Verstappen a doublé six concurrents et est déjà remonté en onzième position.


2e: Russell prend deux secondes d'avance sur Norris. Verstappen déborde Hamilton au S de Senna. Le voici dixième.


3e: L'averse s'intensifie dans le troisième secteur. Ocon et Leclerc pourchassent Tsunoda pendant que Verstappen menace Gasly.


4e: Norris revient à une seconde de Russell. Bearman heurte Colapinto au virage n°10 et exécute un 360°. Il se relance en ayant perdu quatre positions.


5e: Norris est à moins d'une seconde de Russell. Verstappen déborde Gasly au premier tournant.


6e: Verstappen se défait d'Alonso et grimpe ainsi au huitième rang.


7e: Russell précède Norris (0.7s.), Tsunoda (4.1s.), Ocon (5.8s.), Leclerc (6.6s.), Lawson (8.3s.), Piastri (8.8s.), Verstappen (10.4s.), Alonso (13s.), Gasly (13.5s.), Hamilton (14.3s.) et Hülkenberg (17.3s.).


8e: La pluie s'arrête mais la piste est détrempée. Verstappen est le plus rapide sur le mouillé et revient sur Piastri. Bearman reçoit 10 secondes de pénalité pour avoir accroché Colapinto.


10e: Russell garde une seconde de marge sur Norris. Verstappen dépasse Piastri au premier virage. Lawson est sa prochaine cible.


11e: Verstappen déborde Lawson dans la portion sinueuse et se retrouve sixième. Hamilton quitte la route à Junçao et retrouve le bitume derrière Hülkenberg, juste devant Colapinto.


12e: Ocon et Leclerc menacent Tsunoda sans l'attaquer. Colapinto déborde brillamment Hamilton dans le S de Senna, à la grande joie des nombreux Argentins présents dans les tribunes.


13e: Russell devance Norris (1s.), Tsunoda (8.2s.), Ocon (8.7s.), Leclerc (9.4s.), Verstappen (10.3s.), Lawson (13.6s.), Piastri (14.3s.), Alonso (16.4s.) et Gasly (19.2s.). Sainz est 14e, Pérez 16e.


14e: Norris reprend quelques dixièmes à Russell. Verstappen a rejoint le trio Tsunoda - Ocon - Leclerc. Sa progression s'en trouve freinée.


16e: La piste s'assèche, mais la météo annonce une forte averse dans un quart d'heure. Sous la pression de Verstappen, Leclerc esquisse quelques attaques contre Ocon, mais sans succès. Gasly prend la neuvième place à Alonso.


18e: Russell mène devant Norris (0.6s.), Tsunoda (9.4s.), Ocon (10.4s.), Leclerc (11s.), Verstappen (11.6s.), Lawson (15.6s.), Piastri (16.5s.), Gasly (20s.), Alonso (21.5s.), Hülkenberg (22.6s.) et Colapinto (30.3s.).


19e: Tout va mal pour Hamilton. Dépourvu d'adhérence, le septuple champion du monde cède devant Sainz, puis Bearman, et sombre au 15e rang.


21e: Russell conserve une seconde et demie d'avantage sur Norris. Tsunoda contient toujours un peloton comprenant Ocon, Leclerc et Verstappen. Piastri menace Lawson.


22e: Verstappen attaque Leclerc par l'extérieur au premier tournant, cependant le Monégasque ne lui laisse aucun espace et reste devant. Le Hollandais retente sa chance à Ferradura mais ne parvient pas à la hauteur de la Ferrari. Il rattrape ensuite un fort sous-virage dans la portion sinueuse. Sainz glisse à Subida do Lago et repart derrière Bearman et Hamilton.


23e: Tsunoda emprunte toutes les trajectoires possibles pour contenir un Ocon pressant. Bearman et Hamilton dépassent Colapinto.


25e: Norris roule à huit dixièmes de Russell. Leclerc arrive chez Ferrari pour reprendre des pneus intermédiaires et repart 13e.


26e: Pilotes et stratèges s'interrogent sur l'utilité de changer de pneus. Le bitume s'assèche mais la pluie refait son apparition ! Piastri harponne Lawson au virage n°1 et l'expédie en tête-à-queue. Le Néo-Zélandais perd ainsi plusieurs places. Hülkenberg change ses pneus.


27e: L'averse s'intensifie et la visibilité devient très précaire. Norris est tout près de Russell. Ocon surprend enfin Tsunoda dans la partie sinueuse. Changement de pneus pour Colapinto. Hülkenberg glisse sur la ligne blanche au premier tournant, part en tête-à-queue et se retrouve coincé sur une bordure.


28e: La « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée. Piastri plonge aux stands pour reprendre des pneus intermédiaires. Alonso, Bearman, Hamilton, Sainz et Zhou font de même. Pérez chausse les pneus « full wet ». Hülkenberg reprend la piste avec l'aide des commissaires, ce qui est totalement interdit, mais met fin à la neutralisation.


29e: Le drapeau vert est agité au moment même où Russell et Norris plongent dans la pit-lane ! Tous deux prennent des pneus intermédiaires et repartent dans cet ordre, en quatrième et cinquième position, puisque Ocon, Verstappen et Gasly restent dehors. Tsunoda et Lawson s'emparent de pneus pleine pluie, imités par Zhou et Hülkenberg. Piastri reçoit 10 secondes de punition pour avoir heurté Lawson.


30e: Ocon compte huit secondes d'avance sur Verstappen. Norris déborde un Russell très prudent avant la courbe du lac. Lawson double Hamilton au premier tournant, quitte à embrasser la roue avant-gauche de la Mercedes. L'averse tombe drue et la piste devient extrêmement glissante. La direction de course décide de lancer la Safety Car en piste afin d'éviter tout accident.


31e: La voiture de sécurité intervient. Ocon devance Verstappen, Gasly, Norris, Russell, Tsunoda, Leclerc, Piastri, Alonso, Lawson, Hamilton, Bottas, Sainz, Pérez, Bearman, Zhou et Hülkenberg. Colapinto passe en pneus bleus.


32e: Colapinto part en aquaplanage à l'entame de la grande remontée et s'écrase contre le mur extérieur. La Williams revient en piste avec le flanc gauche complètement démoli. L'Argentin est indemne, mais cette fois, le drapeau rouge est brandi.


Les pilotes regagnent les stands pendant que les commissaires s'activent pour retirer la Williams de Colapinto et surtout ramasser les très nombreux débris de carbone. Cette interruption dure environ 25 minutes. C'est une bénédiction pour les pilotes qui ne s'étaient pas arrêtés, à savoir Ocon, Verstappen, Gasly et, dans une moindre mesure, Bottas. Ceux-ci vont pouvoir changer de gommes durant ce drapeau rouge et n'auront donc plus à stopper ensuite. Les grands perdants sont évidemment Norris, Russell et Tsunoda qui ont changé de pneus juste avant le drapeau rouge. Comme la pluie cesse, mais que la piste reste imprégnée d'eau, tout le monde opte pour des pneus intermédiaires neufs. Hülkenberg ne repartira pas, puisqu'il est tout bonnement disqualifié par les commissaires pour être reparti à la poussette.


33e: À 14 heures 02, les bolides s'ébranlent pour un tour de formation derrière la voiture de sécurité, prélude à un départ lancé. Ocon est leader devant Verstappen, Gasly, Norris, Russell, Tsunoda, Leclerc, Piastri, Alonso, Lawson, Hamilton, Bottas, Sainz, Pérez, Zhou et Bearman. Alors que la Safety Car s'efface, ces deux derniers font une excursion dans le gazon.


34e: La course reprend sur une piste encore passablement détrempée. Ocon garde l'ascendant devant Verstappen. Norris glisse à la courbe du lac et sort de la route. Il revient en piste au niveau de Russell qui le dépasse à Ferradura. Leclerc et Piastri passent devant Tsunoda. Alonso et Hamilton doublent Lawson. Puis l'Anglais double l'Espagnol sur la ligne.


35e: Épargné par les projections d'eau, Ocon repousse Verstappen à deux secondes et demie. Gasly roule à plus de six secondes de son équipier.


36e: Hamilton pourchasse Tsunoda. En lutte avec Sainz pour la 13e place, Bearman part en tête-à-queue à Ferradura et atterrit le nez contre la barrière de pneus. Il parvient à se sortir de ce mauvais pas sans trop de dégâts, mais se retrouve dernier.


37e: Trois secondes et demie séparent Ocon et Verstappen. Bearman s'offre une nouvelle embardée dans la pelouse, cette fois à Junçao.


38e: Ocon mène devant Verstappen (3.2s.), Gasly (8.5s.), Russell (11.5s.), Norris (13.7s.), Leclerc (15.7s.), Piastri (18.2s.), Tsunoda (23.7s.), Hamilton (25s.), Alonso (27.4s.), Lawson (30s.) et Pérez (30.7s.).


39e: Sainz arrive au virage n°8 lorsqu'il freine sur la ligne blanche humide. Aussitôt, la Ferrari pirouette et heurte les glissières par l'avant, puis par l'arrière. C'est fini pour le Madrilène, et la voiture de sécurité réapparaît pour permettre l'évacuation de sa voiture.


40e: La Safety Car revient en piste. Ocon devance Verstappen, Gasly, Russell, Norris, Leclerc, Piastri, Tsunoda, Hamilton, Alonso, Lawson, Pérez, Bottas, Zhou et Bearman. Cette neutralisation permet à ce dernier de rattraper tout son retard.


42e: La Ferrari de Sainz a été retirée, la voiture de sécurité regagne les stands à l'issue de cette boucle.


43e: Malgré les projections, Verstappen parvient à prendre l'aspiration d'Ocon, le déborde par l'intérieur au premier virage et s'empare du commandement. Russell tente en vain d'attaquer Gasly, tandis que Norris, à l'extérieur, résiste à une attaque de Leclerc et finit par glisser au freinage. L'Anglais emprunte l'échappatoire et retrouve la piste derrière Piastri. Entretemps, Leclerc a surpris Russell à l'entrée du S. Dans le peloton, Lawson se distingue en effaçant d'un coup les briscards Hamilton et Alonso au virage n°8. Hamilton cède aussi devant Pérez, mais résiste à Bearman. Alonso glisse ensuite à Junçao et s'évanouit dans un tête-à-queue. L'Espagnol repart mais se retrouve lanterne rouge.


44e: Verstappen a maintenant la voie libre vers la victoire et repousse Ocon à deux secondes. Norris évolue derrière son équipier Piastri et attend évidemment que ce dernier s'efface.


46e: Leclerc sous-vire au virage n°4 et part au large. Russell profite de cette erreur pour repasser le pilote Ferrari. Piastri laisse passer Norris sur ordre de McLaren.


47e: Verstappen possède trois secondes et demie d'avance sur Ocon. Leclerc est sous la menace de Norris.


48e: Verstappen précède Ocon (3.7s.), Gasly (6.5s.), Russell (9.6s.), Leclerc (13.2s.), Norris (13.8s.), Piastri (14.7s.), Tsunoda (16.4s.), Lawson (17.3s.), Pérez (17.8s.), Hamilton (18.7s.) et Bearman (20.2s.).


50e: Verstappen possède maintenant cinq secondes et demie de marge sur Ocon. Norris et Piastri mettent la pression sur Leclerc. Pérez chasse Lawson pour la neuvième place.


51e: Piastri bloque sa roue avant-gauche à Junçao et met deux roues dans l'herbe. Il devient ainsi une proie pour Tsunoda.


52e: Tsunoda déborde Piastri par l'extérieur au passage devant les stands, mais l'Australien garde l'ascendant au premier virage au moyen d'un freinage appuyé fort périlleux.


53e: Sept secondes séparent Hamilton et Ocon. Russell revient à un peu plus d'une seconde de Gasly. Hamilton rattrape Lawson et Pérez.


54e: Pérez tente de surprendre Lawson par des freinages audacieux, en vain, et se retrouve sous le feu d'Hamilton.


55e: Pérez plonge à l'intérieur du premier virage pour doubler Lawson, mais sans succès. Ils franchissent le Esse côte à côte, et le Mexicain doit céder à la sortie. Puis, il glisse à la courbe du lac, et Hamilton saisit cette opportunité pour lui chiper la 10e place.


57e: Verstappen est premier devant Ocon (9.4s.), Gasly (13s.), Russell (14s.), Leclerc (22s.), Norris (23.4s.), Piastri (25.6s.), Tsunoda (29.7s.), Lawson (32s.), Hamilton (32.4s.), Pérez (33s.) et Bearman (35.5s.).


58e: À la poursuite de Lawson, Hamilton commet un écart dans la portion sinueuse. Pérez tente de revenir à sa hauteur, en vain.


59e: Verstappen est le plus rapide en piste (1'21''551''') et jouit de onze secondes d'avance sur Ocon. Russell est à huit dixièmes de Gasly.


61e: La piste sèche un peu, mais demeurera humide jusqu'à l'arrivée. L'intervalle entre Verstappen et Ocon atteint douze secondes. Hamilton presse Lawson sans trouver d'ouverture. Pérez reste dans le sillage de ce duo.


62e: Will Joseph demande à Norris de hausser son rythme pour permettre à Piastri de distancer Tsunoda et ainsi annuler de fait sa pénalité. L'Anglais répond vertement à son ingénieur qu'il fait de son mieux...


65e: Verstappen précède Ocon (15.2s.), Gasly (18.8s.), Russell (20s.), Leclerc (25.5s.), Norris (28.3s.), Piastri (29.8s.), Tsunoda (35.5s.), Lawson (41.7s.), Hamilton (42.3s.), Pérez (43s.) et Bearman (47s.).


66e: Pérez puise dans sa batterie pour se porter à la hauteur d'Hamilton dans la seconde ligne droite. Sans résultat.


67e: Verstappen réalise le meilleur tour de la course (1'20''472''') et inscrira donc un point supplémentaire. Il relègue Ocon à 18 secondes. Gasly garde Russell une seconde derrière lui.


68e: Pérez ébauche une attaque contre Hamilton par l'intérieur du premier virage, mais il lui manque quelques mètres pour aller chercher un petit point...


69e et dernier tour: Max Verstappen remporte une victoire décisive dans la course au titre mondial. Ocon (2e) et Gasly (3e) offrent un formidable double podium à Alpine. Russell finit quatrième, Leclerc cinquième. Norris est seulement sixième. Piastri recule au huitième rang du fait de sa pénalité. Tsunoda recueille la septième place. Lawson (9e) marque deux nouveaux points et Hamilton se contente de la 10e place. Pérez, Bearman, Bottas, Alonso et Zhou rallient aussi l'arrivée.


Après la course: Verstappen met Norris K.O.

« Où sont les journalistes anglais ? Déjà à l'aéroport ? » lance cyniquement Max Verstappen en conférence de presse. Le Hollandais peut savourer sa revanche. En remportant ce Grand Prix de São Paulo, il met non seulement fin à une disette inouïe de dix épreuves, mais fait un pas de géant vers sa quatrième couronne mondiale. Certes, il peut remercier le drapeau rouge qui lui a épargné un arrêt aux stands et a puissamment contribué à son succès. Reste qu'avant cette interruption, Verstappen volait sous la pluie. Revenu des tréfonds du classement, aucun adversaire ne semblait pouvoir lui résister. C'est ainsi: même si le personnage est irritant, même si son éthique sportive est discutable, il est bien le maître des éléments et de la F1 actuelle. « Même en partant 17e, je savais que je pouvais faire une belle course, raconte-t-il. Après un excellent premier tour, je me suis retrouvé un peu bloqué derrière Tsunoda. Il a fallu rester très calme. La course s'annonçait fort longue, avec une seule trajectoire possible à cause de la pluie. Quand certains sont passés aux stands, je suis resté en piste bien que l'averse gagnait en intensité. J'ai vu Ocon s'envoler au rythme de 4 secondes par tour alors que je me contentais de rester en piste. Le drapeau rouge est arrivé au bon moment. J'avais alors l'impression de conduire un bateau ! Après le nouveau départ, j'ai pu dépasser Esteban et ensuite j'ai préservé mes pneus. Je me sentais bien, la voiture était bien équilibrée. »


Avec 393 points, Verstappen compte désormais 62 longueurs d'avance sur Lando Norris alors qu'il reste trois Grand Prix et un sprint à disputer. Il peut donc s'assurer de la couronne quinze jours plus tard à Las Vegas. « C'est un énorme coup de pouce pour toute l'équipe qui a su rester calme tout en progressant, dit-il. Je me sens confiant, car je sais que désormais nous pouvons nous battre en course. » Helmut Marko est plus triomphaliste. Il proclame déjà la consécration de son protégé, et éreinte au passage Norris et ses soutiens britanniques: « Max a été parfait, et on ne peut pas en dire autant de Norris. Il évoluait dans son propre monde. Quand il pouvait rouler dans l'air libre, sans les projections d'eau, il volait sur la piste. Il a gagné en vrai champion. Max a répondu à toutes les bêtises que nous avons entendues ces dernières semaines. Est-ce qu'il a fait un pas vers le titre ? Mais non, il est déjà sacré ! »


Du côté de McLaren, c'est évidemment la soupe à la grimace. Le doublé de la veille, lors du sprint, paraît bien loin. Et Lando Norris, une nouvelle fois trop brouillon dans des conditions météorologiques qu'il n'apprécie guère, ne peut qu'admettre sa défaite face à Verstappen: « Max était bien plus rapide que nous. S'il était parti devant, il nous aurait collé un tour ! soupire-t-il. Mon rythme était assez similaire à celui de Russell, mais celui de la Red Bull était bien supérieur. » Bien sûr, Norris a perdu gros avec le drapeau rouge, brandi alors qu'il venait de changer de pneus. « C'est une règle stupide avec laquelle personne n'est d'accord, sauf si elle est à votre avantage ! » ironise-t-il. Mais Norris fut aussi loin d'être irréprochable et sa sortie de route après la seconde Safety Car lui a coûté une poignée de points. « J'aurais probablement fini troisième si les choses s'étaient mieux enchaînées. J'ai commis quelques erreurs, mais au final, nous n'avons pas eu de chance », conclut-il. Andrea Stella avoue pour sa part que la MCL38 était loin d'être à l'aise sur le mouillé, comme l'a démontré la course tout aussi erratique d'Oscar Piastri. McLaren ramasse tout de même sept points de plus que Ferrari et conforte ainsi son leadership au classement des constructeurs. Mais Stella entérine déjà la défaite de Norris chez les conducteurs, championnat qu'il qualifie de « secondaire » dans son optique, et déclare que les deux pilotes vont désormais tout faire pour aller chercher l'autre couronne.


Ferrari n'a pas réussi la passe de trois. Après ses succès à Austin et à Mexico, la Scuderia s'est noyée à São Paulo. La SF-24, instable sur le sec et plus encore sur le mouillé, n'a pas été à la hauteur du rendez-vous, ce que regrette Frédéric Vasseur: « Nous avons des sentiments mitigés car nous avons pu limiter les dégâts dans notre combat avec McLaren, mais d'un autre côté, nous aurions également dû marquer des points avec Sainz comme Leclerc. Le timing des arrêts aux stands n'était pas le meilleur, mais en général nous avons eu beaucoup de mal à mettre les pneus à la bonne température après chaque redémarrage. Ce n'est qu'au fur et à mesure du deuxième relais que Charles a retrouvé du rythme, mais Russell l'avait déjà repassé. » « Je ne suis qu'à moitié frustré car nous ne perdons pas trop de points sur McLaren au classement des constructeurs », philosophe Leclerc. Sainz s'excuse pour sa part d'avoir fini deux fois dans le mur: « Cette voiture est extrêmement difficile à piloter sous la pluie. C'était déjà le cas au Canada. Je présente mes excuses à l'équipe pour ces deux erreurs, car elles nous ont coûté cher. »


Mercedes a peut-être laissé échapper une occasion de victoire cet après-midi. George Russell menait en effet l'épreuve jusqu'à la première neutralisation, et aurait sans doute été un rival très sérieux pour Lando Norris... s'il n'y avait pas eu le drapeau rouge. « J'avais pris un bon départ et le rythme lors du premier relais était plutôt bon, en dépit de pression de pneus que nous pensions erronée, raconte le pilote Anglais. Lorsque la VSC est arrivée, je ne voulais pas rentrer car j'espérais un drapeau rouge. La pluie a redoublé à cet instant et je me suis tout de même arrêté. Ce n'était pas la bonne décision, voilà tout. Il n'y a personne à blâmer, nous sommes tous dans le même bateau. » Quant à Lewis Hamilton, il n'a jamais eu confiance dans sa W15 et achève ce week-end à une piteuse 10e place, en assurant « attendre Noël avec impatience » !...


Alpine, la rédemption

Le double podium réalisé par Esteban Ocon et Pierre Gasly est exceptionnel à plus d'un titre. D'abord, c'est la première fois fois que deux Français se côtoient sur la « boîte » depuis Olivier Panis et Jean Alesi au GP d'Espagne... 1997. Ensuite, ils ramènent à Alpine-Renault une moisson de points extraordinaire (35 en comptant le sprint) qui propulse l'écurie anglo-française de la neuvième à la sixième place du championnat des constructeurs, au nez et à la barbe de Haas et Visa Cash RB ! « Je ne sais pas si je rêve ou si tout cela est bien réel. Mais je sens l'odeur du champagne, donc je pense que je suis bien réveillé ! » lâche Esteban Ocon. Celui-ci a vécu un dimanche extraordinaire. Parti 4e, il a su naviguer avec maestria sous la pluie pour se retrouver en tête après les arrêts de Russell et Norris. Puis, le drapeau rouge lui a épargné un arrêt, et il aurait sans doute gagné la course si derrière lui ne s'était trouvé ce diable de Verstappen. « C'était une journée incroyable, confie-t-il. Qui aurait cru que je me qualifierais 4e ? Ces conditions humides ont vraiment nivelé la hiérarchie. Et ça fait du bien de pouvoir se battre, y compris avec les meilleurs. Cela montre que nous sommes toujours là, prêts à saisir les opportunités quand elles se présentent. Après le drapeau rouge, j'ai cru un instant à la victoire. Malheureusement, la réalité est revenue, et Max a été meilleur, dit-il. Il était trop rapide, je ne pouvais pas résister. »


Esteban Ocon et Pierre Gasly pavoisent fièrement sur ce podium brésilien. Les deux anciens camarades n'ont peut-être pas tout à fait jeté la rancune à la rivière, mais au moins leur cohabitation chez Alpine s'achève sur une bonne note note. Ils ne se donneront pas l'accolade, mais de francs sourires éclairent leurs visages. « Je suis extrêmement heureux et fier, pour moi comme pour Pierre », assure Ocon. « On a eu nos histoires, mais ce dernier tour de parade ensemble m'a rappelé beaucoup de souvenirs. Des images me sont revenues du temps où nous courrions sur le mouillé ou la neige en karting, avec des pneus slicks. Aujourd'hui, c'était un peu la même chose. C'est une belle histoire et elle restera gravée dans nos mémoires. » « Personne ne peut comprendre, ajoute Gasly. Esteban et moi, à 9-10 ans, étions les seuls à nous pointer l'hiver sur des pistes de kart normandes, par 5°C. Je me souviens quand nous remontions dans le camion pour nous réchauffer, car nous étions complètement gelés. Nous avons eu des hauts et des bas, mais on peut être fiers de la façon dont nous refermons de chapitre de deux ans comme équipiers. » Et les deux Normands reçoivent l'hommage de celui qui fut aussi jadis leur adversaire durant l'adolescence, Max Verstappen: « Les gars qui étaient bons sur le mouillé en karting le sont aujourd'hui en F1. J'ai participé à des courses avec ces deux-là. Et je peux vous dire que dans les régions d'où nous venons, il pleut un peu plus qu'en d'autres contrées ! »


Ce superbe résultat ne consolera sans doute pas les salariés de Viry-Châtillon, meurtris par l'abandon du moteur Renault 2026. Mais il souligne tout de même le regain de forme de l'A524, revigorée par David Sanchez. Cette étape brésilienne est la confirmation des progrès entrevus avec la dernière évolution apparue à Austin. « La voiture est mieux équilibrée, confirme le team manager Oliver Oakes. Évidemment, c'est relatif car le peloton est très serré, mais ici nous fûmes rapides sur le sec comme sur le mouillé. Notre chance fut notre bonne stratégie. Nous avons priorisé les positions en piste au lieu de nous jeter aux stands, car il était très difficile de doubler. Cette stratégie a été la bonne. » Et puis, cette sixième place au classement des constructeurs, tombée du ciel, pourrait rapporter gros si elle est préservée. « Ce podium nous vaut 30 millions d'euros ! » calcule Flavio Briatore, prosaïque.


Sources :

- Auto Hebdo n°2486, 6 novembre 2024

- https://motorsport.nextgen-auto.com/

Tony