Mercedes promeut Andrea Kimi Antonelli
Les Alpinistes en résistance
Ils ont traversé les Alpes la nuit, en bus, avec la ferme intention de défendre leurs emplois, leur avenir, leur passion. Une centaine de salariés de l'usine de Viry-Châtillon débarquent à Monza ce vendredi 30 août pour protester contre l'arrêt annoncé de leur activité F1 qui met en péril des dizaines, voire des centaines d'emplois. Dans le même temps, leurs collègues restés en Essonne manifestent devant les locaux avec le soutien du maire Philippe Vilain et de la députée (LFI) Claire Lejeune. Ces hommes et ces femmes ne digèrent pas la décision, aussi brutale qu'injuste, de tirer un trait sur un demi-siècle d'histoire, d'expérience, de savoir-faire. Alors que le groupe propulseur Renault 2026 est au banc d'essai depuis juin, Luca de Meo a décidé de jeter ce dernier aux orties, sans attendre les premières évaluations, pour acquérir un groupe propulseur Mercedes. Le tout pour une économie estimée à 100 millions d'euros...
Ce vendredi, les salariés de Viry-Châtillon arpentent le paddock, flanqués de t-shirts au A fléché, de brassards noirs et de banderoles réclamant la poursuite de leur activité. Leur porte-parole Clément Gamberoni annonce à Motorsport.com que l'action ne fait que commencer: « C'est une première étape. Nous sommes des passionnés, très fiers de voir une F1 rouler avec notre moteur. Et nous mettrons toute notre passion pour être entendus. Nous voulons faire valoir des arguments pour faire changer d'avis notre patron. Si nous ne sommes pas entendus d'ici le 30 septembre, alors nous apporterons d'autres solutions. » Faut-il comprendre une grève ? En outre, si le président d'Alpine Philippe Krief a assuré que les 334 salariés de Viry garderaient leur emploi, l'avenir des 200 et quelques prestataires sur site est très incertain. Sans compter celui de tous les sous-traitants. « Ce programme moteur, c'est une centaine de millions d'euros injectés dans le tissu industriel français, rappelle M. Gamberoni. La F1 est la colonne vertébrale de Viry-Châtillon, sa force d'attraction. Sans elle, nous n'aurions pas les hommes et les femmes pour réaliser d'autres projets. » Invisibilisés par la télévision, les malheureux salariés d'Alpine ne seront pas reçus par Luca de Meo, pourtant bien présent à Monza, ni par aucun représentant d'Alpine F1 Team. Un silence qui a valeur de crachat.
Williams: Colapinto remplace Sargeant
Le crash de Logan Sargeant lors des essais du Grand Prix des Pays-Bas fut celui de trop. Après plus d'une saison et demie passée chez Williams, le Floridien a fait la preuve de son insuffisance. Constamment dominé par son équipier Alexander Albon, il s'est distingué par un grand nombre d'accidents qui ont coûté des millions de dollars à son écurie. À Zandvoort, ses mécaniciens ont dû veiller fort tard samedi soir pour réparer sa voiture et lui permettre de prendre le départ. James Vowles estime qu'il a été assez patient avec ce maladroit, dont l'éviction était de toute façon programmée avec l'arrivée dans l'équipe de Carlos Sainz en 2025. Deux jours après le GP des Pays-Bas, Williams annonce que Logan Sargeant est remplacé avec effet immédiat par l'Argentin Franco Colapinto. « Personne n'aime changer de pilote en course de saison, commente Vowles. Le moment propice aurait été en début de saison, mais à la fin de l'année dernière, Sargeant se rapprochait d'Albon. Hélas, nous savons désormais qu'il a atteint ses limites. Il est presque injuste pour lui de continuer comme ça. Logan a toujours donné 100 % de ce qu'il pouvait, mais lui et nous savons désormais que cela n'est pas suffisant. » Sargeant commente cette mise à l'écart par des propos lénifiants, tandis que Vowles précise qu'il reste sous contrat avec Williams.
Franco Colapinto sera ce week-end le premier Argentin à disputer un Grand Prix depuis 23 ans. Il n'était toutefois pas le premier choix de Williams qui lorgnait tout d'abord sur Liam Lawson. Mais Colapinto a bénéficié d'un argument-massue : 4,5 millions de dollars offerts par l'Automobile club d'Argentine et de grands sponsors nationaux comme Mercado Libre, Globant, Quilmes et YPF. Red Bull a refusé de débourser une telle somme au profit de Lawson, et voilà comme Colapinto s'installe dans la seconde Williams. L'autre candidat à ce poste, Mick Schumacher, n'a même pas été contacté, faute de financement... À peine arrivé, Colapinto se voit ainsi attribuer l'étiquette de pilote payant. Il n'est toutefois pas un inconnu puisqu'il a remporté le championnat d'Espagne de Formule 4 en 2019, gagné quelques courses de F3 et réalise en 2024 une bonne première saison en F2, avec une victoire et une sixième place au classement général. Élève de l'académie Williams, l'Argentin a déjà piloté la FW46 lors des essais du GP de Grande-Bretagne. Mais beaucoup se demandent si la marche entre la F2 et la F1 ne serait pas un peu haute pour lui... En tout cas, il peut compter sur le soutien de la communauté argentine, très implantée en Italie, qui lui réserve ce week-end un accueil de star !
Présentation de l'épreuve
L'autodrome de Monza commence à faire peau neuve dans l'espoir de sauver sa place au calendrier mondial. Sous la double pression de la FIA et de Liberty Media, le circuit lombard a entreprise de grands travaux de rénovation, lesquels ont d'ailleurs pris un peu de retard. L'intégralité du tracé a ainsi été resurfacé. Le nouveau bitume, très foncé, devrait logiquement retenir davantage la chaleur et éprouver les gommes. Par ailleurs, l'angle du premier virage a été redessiné et les hauts trottoirs ont été remplacés par des vibreurs plats, ce qui a pour conséquence de modifier le caractère de certains enchaînements, en particulier la Variante della Roggia et la Variante Ascari. Certains pilotes regrettent cette disparition: escalader les vibreurs à plus de 200 km/h pour gagner un centième de seconde était tout un art... Mais dans l'ensemble, beaucoup estiment qu'il ne s'agit que de changements mineurs.
Comme cela devient la coutume, Ferrari adopte une livrée spéciale pour son Grand Prix national. Cette année, le Cheval cabré rend hommage... au carbone, matériau de base de la construction des voitures de course. D'où l'ajout d'un peu de noir sur les SF-24, tandis que Carlos Sainz et Charles Leclerc porteront des casques où la fibre de carbone sera laissée nue, et des combinaisons Puma toutes noires. Même leurs Ray-Ban reprendront ce thème dans une édition limitée ! Quant aux tifosi, ils croisent les doigts pour une victoire rouge à Monza qu'ils attendent depuis 2019...
Les Italiens attendent aussi au tournant Lewis Hamilton. Pas facile de se faire à l'idée que l'Anglais qu'ils conspuent depuis quinze ans sera leur héros en 2025. Pour l'heure, les tifosi réservent leurs vivats à « Carlito » Leclerc, leur enfant chéri, et dans une moindre mesure à Carlos Sainz. Hamilton lance tout de même une opération séduction: il s'affiche justement avec son ami Leclerc et se glisse avec un peu d'avance dans ses futurs habits de Ferrariste : « Il faut que je prenne des cours d'italien, sourit-il, car je n'ai pas progressé dans cette langue depuis le karting... et j'étais déjà assez mauvais ! (...) Certaines personnes m'ont demandé de signer des casquettes Ferrari et j'ai répondu : ‘'Non, non, c'est trop tôt !'' Mais j'ai signé quand même, évidemment ! » Dans l'ensemble, Hamilton est accueilli ce week-end avec sympathie par la foule et même quelque fois applaudi. Pour les cris d'enthousiasme, il faudra attendre l'année prochaine...
Si le Groupe Renault fera 100 millions d'euros d'économie sur le dos de centaines d'ingénieurs et ouvriers, il ne regarde pas à la dépense pour le bling-bling. Alpine F1 Team inaugure à Monza un impressionnant motorhome sur trois étages, conçu par le célèbre designer Philippe Starck. Panneaux en verre et cadres en acier laissent paraître un décor évoquant les chalets alpins, avec force boiseries. « Alpine a ce je-ne-sais-quoi de français, c'est la haute couture de la course automobile. Le motorhome représente cette élégance », commente Starck. Nul doute que cette extravagance financée par des investisseurs américains fera rire jaune à Viry...
Mattia Binotto fait son retour dans le paddock en tant que nouveau patron du projet Audi F1. Le président de la marque aux anneaux Gernot Döllner a fait le déplacement pour l'introniser et marquer solennellement la fin de l'ère Seidl - Hoffmann. Binotto sait qu'une rude tâche l'attend: il doit transformer une équipe Sauber qui végète en queue de peloton en véritable team d'usine, vitrine d'un grand constructeur automobile. En août, il a effectué plusieurs visites à l'usine Audi de Neubourg et a pu constater avec satisfaction que le futur groupe propulseur a déjà parcouru de longues distances au banc d'essai. Ses efforts vont donc principalement se porter sur la partie helvétique de l'association. « Nous sommes en concurrence avec de grandes écuries installées en F1 depuis longtemps, note-t-il. Ce n'est pas notre cas. En termes d'organisation, de processus, d'outils, de méthodologie etc., il y a beaucoup de choses à mettre en place. Il s'agit aussi de culture, d'état d'esprit. Il faut du temps pour qu'une écurie devienne gagnante. Lorsque je suis arrivé chez Ferrari, en 1995, Jean Todt était là depuis 1993, et nous n'avons triomphé que de longues années après ! »
Jim Farley, P-DG de Ford, arpente aussi le paddock de Monza et renoue le dialogue avec Christian Horner. Cette rencontre était indispensable après le scandale de mœurs qui a frappé le patron de Red Bull Racing en début d'année. Farley avait alors écrit aux dirigeants du Groupe Red Bull pour leur demander que l'affaire soit éclaircie au plus vite, ce qui avait été interprété comme un appel au départ d'Horner. Le manager britannique ayant sauvé sa tête, il était important de mettre en scène une confiance retrouvée avec Ford, partenaire de Red Bull Powertrains dans la conception du premier groupe propulseur « maison ». « Tout va bien entre Red Bull et Ford, et tout avance bien en vue de 2026 », clame Horner. Par ailleurs, dimanche, l'actionnaire majoritaire de Red Bull Chalerm Yoovidhya rencontre le co-président Oliver Mintzlaff. Les deux hommes, qui s'étaient écharpés en février sur le sort d'Horner, affichent une entente retrouvée. La passe très difficile que traverse RBR (aucune victoire depuis juin) joue sans doute un rôle dans ce rabibochage...
C'est un grand week-end pour Andrea Kimi Antonelli. Le jeune Italien, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans, effectue avec Mercedes et à domicile ses débuts en Formule 1 lors des essais libres du vendredi. Ces premiers tours de roue sont le prélude à l'annonce de sa titularisation qui aura lieu le lendemain. Sa première apparition est cependant fort courte. Après seulement cinq tours, le Bolonais perd le contrôle de sa W15 à l'approche de la Parabolica et s'écrase avec violence dans les murs de pneus ! Simple incident pour Toto Wolff qui préfère retenir les excellents chronos réalisés auparavant par son jeune protégé.
Comme toujours, les écuries apportent à Monza un package aérodynamique à faible appui, avec des ailerons très fins, le plus réduit étant sans doute celui apporté par Alpine, très handicapée ici par son moteur Renault poussif. Red Bull se singularise toutefois en parant sa RB20 de l'aileron utilisé à Spa-Francorchamps, quelque peu déchargé. Christian Horner explique que le budget plafonné et la restriction des heures d'essais en soufflerie ont empêché son équipe de développer une pièce spéciale. Par ailleurs, Ferrari introduit la dernière évolution majeure de la SF-24, avec des pontons, un diffuseur et un plancher redessinés.
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent sous un soleil de plomb (33°C). Verstappen réalise le meilleur chrono de la première séance libre (1'21''676''') devant Leclerc et Norris. Plus tard, Hamilton est le plus rapide (1'20''738''') de la seconde session devant Norris et Sainz. Samedi, il fait tout aussi chaud sur la Lombardie, et Hamilton obtient de nouveau le meilleur chrono (1'20''117''') lors des troisièmes essais libres.
L'après-midi, les McLaren-Mercedes assoient leur nouvelle suprématie et monopolise la première ligne. Norris s'empare de la pole position (1'19''327''') devant Piastri (1'19''436'''). Contraint de céder sa W15 à Antonelli la veille, Russell a peu roulé mais il arrache le 3e temps, à quatre millièmes seulement de Piastri. Hamilton (6e) est furieux contre lui-même: il estime qu'il aurait pu être en pole sans quelques fautes de pilotage. Les Ferrari ne sont qu'à un dixième de la pole, mais Leclerc (4e) déplore du sous-virage tandis que Sainz (5e) pense ne pas avoir tiré le maximum de ses pneus. Les Red Bull sont en revanche très distancées, à 7/10e, en raison d'un équilibre catastrophique. Verstappen (7e) subit un fort sous-virage et Pérez (8e) déplore une machine excessivement piégeuse.
Albon conduit sa Williams au 9e rang mais redoute du graining en course. Son nouvel équipier Colapinto (18e) fait ses classes. Chez Haas, Hülkenberg (10e) retrouve la Q3 tandis que Magnussen, accidenté la veille, sort cette fois dans la parabolique, puis se classe 13e en se plaignant encore du trafic. Les Aston Martin sont très en retrait. Alonso (11e) s'attendait toutefois à pire, mais Stroll (17e), gêné par la sortie de Magnussen, est éliminé d'emblée. Ricciardo place sa Visa Cash RB en 12e position, alors que Tsunoda (16e) est éliminé en Q1 à cause d'une voiture selon lui très dure à conduire. Les Alpine-Renault (Gasly 14e, Ocon 15e) sont moins distancées que redouté, mais peinent à exploiter les Pirelli. Les Kick-Sauber sont encore en queue de peloton, mais Bottas (19e) et Zhou (20e) ont vu leurs dernières tentatives ruinées par des drapeaux jaunes.
Le Grand Prix
Le ciel se couvre brusquement avant le coup d'envoi, au point qu'une averse est redoutée en cours d'épreuve. Il fait malgré tout toujours très chaud (33°C), et le grainage est très redouté par les écuries. Pirelli laisse à ses clients le choix d'opter pour un ou deux arrêts. La majorité du peloton part en pneus médiums (C2). Verstappen, Pérez, Ocon, Tsunoda, Stroll et Bottas sont en gommes dures (C1).
Départ: Norris tente de couper l'aspiration à Piastri. Ce dernier se décale vers l'extérieur avant le freinage, contenant ainsi un Russell menaçant. Celui-ci freine tard, bloque une roue, frôle la McLaren et doit emprunter l'échappatoire. Il se réinsère derrière les Ferrari et son équipier Hamilton.
1er tour: Piastri assaille Norris par l'extérieur à la Variante della Roggia et passe en force, sans mettre une roue derrière la ligne. Surpris, l'Anglais est attaqué par Leclerc qui tente de se faufiler à droite. Norris le tasse vers l'herbe, mais le Monégasque ne flanche pas et s'impose à Lesmo. Verstappen déborde Russell. Plus loin, Ricciardo touche Hülkenberg à la Variante Ascari et le contraint à virer au large. En fin de tour, Piastri mène devant Leclerc, Norris, Sainz, Hamilton, Verstappen, Russell, Pérez, Albon et Alonso.
2e: Le DRS es activé. Leclerc roule à sept dixièmes de Piastri. Pérez attaque en vain Russell dans la ligne droite principale.
3e: Piastri n'a qu'une demi-seconde d'avance sur Leclerc. Norris est à une seconde et demie de son équipier. Russell évolue un aileron avant endommagé. Sa dérivé latérale droite se détache.
5e: Piastri mène devant Leclerc (0.6.), Norris (2.2s.), Sainz (3.1s.), Hamilton (4.4s.), Verstappen (5.7s.), Russell (6.8s.), Pérez (7.8s.), Albon (9.8s.), Alonso (10.6s.), Ricciardo (11.3s.) et Magnussen (11.6s.). Hülkenberg tamponne Tsunoda au premier virage et endommage ainsi sa Haas.
6e: Leclerc maintient la pression sur Piastri. Hülkenberg change ses pneus et fait remplacer son museau à la suite de son accrochage avec Tsunoda.
8e: Les quatre premiers se tiennent en cinq secondes. Tsunoda rejoint son garage pour abandonner car son plancher a été abîmé lors du choc avec Hülkenberg.
9e: Ricciardo reçoit cinq secondes de pénalité pour avoir contraint Hülkenberg à rouler hors limite. L'Allemand est cependant lui-même sanctionné de 10 secondes suite à la collision avec Tsunoda.
10e: Piastri précède Leclerc (1.2s.), Norris (3s.), Sainz (4.6s.), Hamilton (7s.), Verstappen (8.7s.), Russell (10.5s.), Pérez (10.8s.), Albon (17s.) et Alonso (18s.).
11e: Pérez déborde Russell par l'intérieur avant le premier virage. Magnussen double Ricciardo à cette première chicane. Gasly chausse les pneus durs.
12e: Piastri a creusé un petit écart de deux secondes sur Leclerc. Russell arrive chez Mercedes pour prendre les pneus durs et changer son museau (10.5s.). Il tombe au 16e rang. Ricciardo prend aussi les gommes blanches et subit sa pénalité.
13e: Piastri a deux secondes et demie d'avance sur Leclerc, trois secondes et demie sur Norris. Alonso change de gommes.
15e: Norris entre aux stands et donne un gros coup de frein pour éviter l'excès de vitesse. Il s'empare de pneus durs (2.2s.) et repart derrière Ocon. Il se défait de celui-ci mais perd de précieux dixièmes dans la perspective de l'undercut sur Leclerc. Magnussen et Zhou changent aussi d'enveloppes.
16e: Leclerc s'empare de pneus durs (2.5s.) et reprend la piste derrière Norris. Hamilton se saisit aussi de gommes blanches (2.3s.) et repart dixième.
17e: Piastri apparaît chez McLaren et chausse les gommes dures. Sainz recueille le commandement devant les Red Bull. Arrêt de Colapinto.
18e: Brièvement cinquième, Albon s'empare de pneus durs. Ricciardo reçoit 10 secondes de pénalité car sa précédente punition n'a pas été correctement exécutée.
19e: Pourchassé par Verstappen, Sainz entre aux stands en fin de tour. Leclerc revient sur Norris.
20e: Sainz prend des gommes dures (2.4s.) et repart derrière Leclerc. Verstappen est le nouveau leader. Hamilton double Ocon et se retrouve septième. Magnussen assaille Gasly à la seconde chicane, retarde son freinage et touche le pilote Alpine qui doit tirer tout droit. Cet incident est noté par les commissaires. Arrêt de Stroll.
21e: Verstappen devance Pérez (2.7s.), Piastri (8.3s.), Norris (9s.), Leclerc (10s.), Sainz (19s.), Hamilton (18.8s.) et Ocon (20.8s.). Russell remonte et vient de prendre la 10e place à Bottas.
23e: Verstappen est chez Red Bull pour reprendre des gommes dures. Cela gamberge toutefois à l'arrière-droit et le Néerlandais repart au bout de six secondes, en huitième position. Pérez est leader avec moins de deux secondes d'avance sur Piastri.
24e: Pérez rechausse des pneus durs (2.8s.) et glisse derrière Ocon. Piastri retrouve la première place.
25e: Piastri signe le meilleur tour (1'23''230'''). Pérez double Ocon avant le premier virage. Russell dépasse ensuite le Normand à la Variante Ascari. Magnussen est pénalisé de 10 secondes pour avoir poussé Gasly hors-piste.
26e: Piastri devance Norris (2.2s.), Leclerc (3.8s.), Sainz (15s.), Hamilton (16.5s.), Verstappen (25.3s.), Pérez (28.3s.), Russell (30s.), Ocon (32.3s.), Alonso (33.4s.), Albon (39.4s.) et Magnussen (41.6s.).
27e: Alonso prend la 9e place à Ocon qui n'a toujours pas stoppé. Gasly défend sa 15e place devant Ricciardo, mais finit par tirer tout droit à la seconde chicane. Il laisse ainsi filer l'Australien.
29e: L'intervalle est stable entre les pilotes McLaren. Leclerc roule à deux secondes de Norris.
30e: Piastri précède Norris (3.1s.), Leclerc (4s.), Sainz (16.3s.), Hamilton (17.5s.), Verstappen (25s.), Pérez (29s.), Russell (29.6s.), Alonso (38.8s.) et Ocon (43s.). Deuxième arrêt de Gasly.
31e: Norris se plaint de graining sur de son pneu avant-gauche. Russell assaille Pérez par l'extérieur au premier virage, mais ne parvient pas à s'imposer et emprunte l'échappatoire. Il retrouve la piste devant le Mexicain et lui rétrocède la position.
32e: Les pneus de Norris s'effondrent. L'Anglais loupe son freinage à la Variante della Roggia et revient en piste par l'échappatoire. Il concède désormais cinq secondes à Piastri, et Leclerc est dans son sillage. Ocon s'empare de pneus médiums et se retrouve seulement 16e.
33e: Norris revient chez McLaren et rechausse des pneus durs (3.3s.). Il repart derrière Verstappen. Magnussen double Albon au virage n°1. Second arrêt pour Hülkenberg.
34e: Russell reprend des pneus durs (4.2s.). Bottas effectue son unique changement de gommes.
35e: Piastri mène devant Leclerc (5.8s.), Sainz (17.3s.), Hamilton (18.8s.), Verstappen (27s.), Norris (29s.), Pérez (33s.), Magnussen (55s.), Albon (56.8s.) et Russell (1m.). Alonso reprend des pneus durs.
36e: Pérez passe chez Red Bull pour mettre des gommes médiums (2.3s.), puis repart juste devant Russell.
37e: Pérez double Albon au premier tournant. Le Thaïlandais coupe la chicane et laisse ensuite filer Russell. Second arrêt de Stroll.
38e: Leclerc concède cinq secondes et demie à Piastri. Norris revient sur Verstappen. Russell assaille Pérez dans la ligne droite principale. Le Mexicain serre l'Anglais vers la bordure, mais ce dernier s'impose tout de même au virage n°1. Pérez contre-attaque dans la Curva Grande, en vain.
39e: Inquiet quant à l'usure de sa monte, Piastri fait escale chez McLaren pour reprendre des enveloppes blanches. Il repart troisième. Les deux Ferrari sont en tête sous les vivats des tifosi. S'arrêteront-elles une seconde fois ? Hamilton reprend des pneus durs et glisse au sixième rang.
40e: Leclerc compte onze secondes d'avance sur Sainz. Norris attaque Verstappen dans la grande ligne droite, mais le Hollandais bloque toutes les issues au freinage. L'Anglais perd ainsi un temps précieux.
41e: Norris ouvre son DRS et déborde Verstappen au passage de la ligne. Le Hollandais fait mine de contre-attaquer par la gauche, mais il n'a aucun espace et s'incline.
42e: Verstappen effectue son second pit-stop et chausse les pneus médiums (2.3s.). Russell double Magnussen avant le premier virage.
43e: Verstappen prend le meilleur tour (1'21''745'''). Leclerc devance Sainz (10.6s.), Piastri (13s.), Norris (18s.), Hamilton (32.2s.), Verstappen (45s.), Russell (51.4s.), Magnussen (54s.), Pérez (54.5s.), Albon (1m.), Ricciardo (1m. 05s.) et Alonso (1m. 10s.).
44e: Piastri est revenu dans les roues de Sainz. Pérez déborde Magnussen et conquiert la huitième place.
45e: Aileron arrière ouvert, Piastri déborde aisément Sainz par l'extérieur avant la Variante Ascari.
46e: Leclerc a onze secondes d'avance sur Piastri et ne compte évidemment plus s'arrêter. Norris est aux trousses de Sainz. Alonso dépasse Ricciardo.
48e: Piastri est revenu à huit secondes de Leclerc. Norris dépasse Sainz sans difficulté sur la ligne.
49e: Leclerc est en tête devant Piastri (8s.), Norris (11.5s.), Sainz (15s.), Hamilton (25s.), Verstappen (40s.) Russell (44.3s.), Pérez (51.6s.), Magnussen (56s.), Albon (1m. 03s), Alonso (1m. 06s.) et Ricciardo (1m. 11s.).
50e: Encouragé par les tifosi, Leclerc maintient une avance de sept secondes sur Piastri. Le Monégasque a la victoire en poche.
51e: Piastri a repris une seconde à Leclerc, mais c'est bien insuffisant pour le menacer. Stroll effectue un troisième pit-stop.
52e: Leclerc a quatre secondes de marge sur Piastri à l'entame du dernier tour.
53e et dernier tour: Charles Leclerc remporte son second GP d'Italie devant les McLaren de Piastri et Norris. Celui-ci prend sur la ligne le point du meilleur tour (1'21''732'''). Sainz se classe quatrième devant Hamilton et Verstappen. Russell finit septième, Pérez huitième. Magnussen est 9e, mais il recule d'un rang du fait de sa pénalité. Albon récupère cette neuvième place. Viennent ensuite Alonso, Ricciardo, Colapinto, Ocon, Gasly, Bottas, Hülkenberg, Zhou et Stroll. Ricciardo perd une place à cause de sa pénalité.
Après la course: Forza Carlito
Monza bascule dans l'euphorie, comme à chaque victoire de Ferrari à domicile. Cinq ans après son premier succès ici, « Carlito » Leclerc est acclamé par une impressionnante marée humaine. Pendant la cérémonie du podium, les tifosi entonnent à pleins poumons le Fratelli d'Italia, et tirent force fumigènes, au point que le vainqueur du jour disparaît dans une nuée rougeâtre ! Pour Charles Leclerc, ce succès est en tout cas très important. Sur le plan symbolique d'abord, puisqu'après Monaco, il aura gagné ses deux courses « à domicile » de la saison. Sur le plan psychologique surtout, car l'intervalle entre ces deux succès fut une longue succession de résultats médiocres. « Monaco et Monza sont les deux courses qui me font rêver depuis que je suis tout petit, confie-t-il. Donc si je pouvais choisir deux courses à gagner, ce serait celles-ci ! Mais une saison c'est beaucoup plus que deux épreuves. La mienne a été faite de bas et de hauts, mais on a bien travaillé, on a amené des évolutions qui nous ont aidés à gagner. »
Pour ce qui concerne la stratégie, Leclerc confirme que son équipe avait bien prévu un seul pit-stop, pour lui comme pour Sainz. Il a donc saisi la formidable opportunité offerte par les problèmes des McLaren. « Un arrêt était notre stratégie de base, dit-il, mais quand on a vu en début de course les Red Bull souffrir de graining et prévoir deux arrêts, nous avons douté. Mais j'ai fait du bon travail en restant derrière Norris sans user les pneus avant, les plus sensibles à la dégradation. De plus, après mon unique arrêt, j'avais une très bonne adhérence. Puis les McLaren ont stoppé une seconde fois, et j'ai bénéficié d'un air propre. J'ai rencontré du graining à mon tour, mais mes pneus n'étaient pas morts. J'ai retrouvé de l'adhérence et j'ai tenté d'aller au bout. Qu'avais-je à perdre, au fond ? C'est comme ça que nous avons gagné. Piastri est revenu sur moi à la fin, mais tant que mon pneu avant-gauche tenait, je savais que je n'avais rien à craindre. »
De son côté, Frédéric Vasseur constate avec plaisir que la gestion des gommes, talon d'Achille des Ferrari en 2023, est devenue cette année leur point fort: « Nous sommes désormais très constants en ce domaine, grâce à la voiture, et aux pilotages de Leclerc et de Sainz. Nous avons constaté une très faible dégradation des pneus durant le deuxième relais, ce qui nous a déterminé à aller au bout avec les mêmes enveloppes. » Vasseur tire aussi un coup de chapeau à Sainz qui finit au pied du podium, mais a joué un grand rôle dans le succès de son équipier: « Carlos a été très utile en retardant les McLaren. Et puis, son retour sur l'état des gommes nous a déterminés à faire les bons choix. Chacun a joué son rôle à la perfection aujourd'hui. »
Les autres
McLaren passe à côté d'une victoire, et même d'un doublé, à cause de l'usure excessive des pneus Pirelli que la MCL38 n'a pas ménagés. Le plus déçu est bien sûr Oscar Piastri qui avait magnifiquement surpris son équipier Lando Norris dans le premier tour et semblait se diriger vers une seconde victoire. Mais la murette McLaren, alarmé par la dégradation du pneu avant-gauche de Norris, a préféré ne pas prendre de risques et a rappelé Piastri une seconde fois, en pensant que les Ferrari feraient de même. Ce fut une mauvaise pioche. « Cela fait mal, vraiment, soupire l'Australien. Faire un seul arrêt semblait trop risqué et pourtant cela s'est avéré être la bonne décision. Les mediums étaient détruits, les durs descendaient aussi en performance et je ne pensais pas qu'ils retrouveraient du rythme, ce qu'ils ont pourtant fait. » Surtout, Piastri s'agace lorsque les journalistes l'interrogent sur son offensive contre Norris lors du premier tour. Compte-t-il aider ce dernier à remporter le championnat du monde ? Le Melbournien refuse de répondre...
Lando Norris estime à contrario que McLaren a bien fait de l'arrêter une seconde fois. Selon lui, jamais ses pneus, atteints de graining, auraient pu tenir jusqu'à l'arrivée. En outre, il n'affiche aucune amertume après que son équipier l'a doublé au départ. Il a pourtant ainsi perdu quelques points dans l'optique du championnat. Mais Norris a compris qu'il devait se montrer diplomate face à son ambitieux collègue. Beaucoup se demandent si Andrea Stella ne va pas imposer à Piastri de se mettre dorénavant au service de Norris. Serait-ce la fin des « Papaya rules », ce blanc-seing donné aux pilotes McLaren pour se battre tant qu'ils ne s'accrochent pas ? C'est ce que semble indiquer au soir de ce Grand Prix le manager italien : « Lando est dans la meilleure position du point de vue du championnat des pilotes, donc nous aurons des conversations avec lui et Oscar, et ensemble nous définirons de nouvelles règles. »
« Nous sommes au fond du trou ! » clame Helmut Marko au soir d'un GP d'Italie catastrophique pour Red Bull. Le carrosse RB20 qui écrasait la concurrence en début de saison est devenue citrouille. Au classement des pilotes, Verstappen ne compte plus que 62 points d'avance sur Lando Norris, et chez les constructeurs, le Taureau Rouge ne devance McLaren que de 8 maigres unités... Bref, tout va mal, et Verstappen refuse toute langue de bois : « Le rythme était trop lent, d'autant que j'avais un problème sur le moteur qui m'empêchait de donner toute la puissance. En outre, j'ai subi un mauvais arrêt. La stratégie n'était pas optimale. C'était vraiment un mauvais week-end. Si nous ne changeons rien sur la voiture maintenant, tout ira mal jusqu'à la fin de la saison. L'année dernière, nous avions une voiture formidable, la plus dominante de tous les temps, et nous l'avons transformée en monstre. Nous devons inverser la tendance. » « Nous avons une déconnexion de l'équilibre avant / arrière qui ne fonctionne tout simplement pas, explique Christian Horner. Cette situation est nocive pour les pneus. Pour compenser, on déplace l'équilibre, ce qui résout le problème... et en crée un autre. C'est un cercle vicieux. Les récentes évolutions ont déconnecté l'avant et l'arrière. Nous pouvons le constater - notre soufflerie ne le dit pas, mais la piste le dit. » Le patron de Red Bull nie en outre que cette spirale infernale soit une conséquence du départ d'Adrian Newey: « Tous ces problèmes auraient pu survenir même avec lui. Lorsque cela a commencé, à Miami, Adrian était encore parmi nous. Et l'intervention d'un seul homme n'aurait jamais pu tout résoudre aussi rapidement. »
Mercedes a vécu un nouveau week-end décevant. Troisième force du peloton, le constructeur allemand n'a pu se mêler à la lutte pour la victoire contre McLaren et Ferrari. La W15 est toujours aussi difficile à régler, semble-t-il. « Nous avions besoin d'un meilleur équilibre pour faire mieux aujourd'hui, confie Lewis Hamilton. J'ai réussi à suivre Sainz, mais je n'ai pas pu faire deux relais seulement comme lui. C'est regrettable, car nous étions plus forts vendredi et samedi. » Quant à George Russell, ses chances ont été ruinées au départ lorsqu'il a abîmé son aileron contre la voiture d'Oscar Piastri. « Nous ne sommes pas aussi forts qu'avant la pause estivale, constate-t-il. Il faut travailler avec diligence pour revenir au niveau des meilleurs. »
Kevin Magnussen ramène un bon point à Haas, mais sa tentative de dépassement un peu hasardeuse sur Pierre Gasly lui coûte très cher. Pénalisé de 10 secondes, il perd les trois derniers points qui lui restaient sur son « permis » et est ainsi suspendu pour la prochaine course à Bakou. Le Danois est le premier pilote à être victime de ce système répressif. Cette suspension paraît cependant sévère au regard de la faute qui lui est reprochée. Magnussen critique vertement les commissaires sportifs: « Pierre et moi avons eu un léger contact avant le virage n°4, puis nous avons tous les deux raté ce tournant et sommes revenus sur la piste, sans aucun dommage sur les deux voitures. Et pourtant j'écope d'une pénalité de 10 secondes, alors qu'au premier tour Ricciardo a ruiné la course d'Hülkenberg en le percutant [NDLA : L'Australien fut pourtant bel et bien sanctionné...]. C'est incohérent. J'ai parlé de nombreuses fois aux commissaires sans comprendre leur logique. On dirait qu'ils rejettent la bagarre en piste... » Plusieurs pilotes, notamment Pierre Gasly, jugent la décision des commissaires trop dure, mais ceux-ci restent inflexibles. Magnussen ne participera pas au prochain Grand Prix et sera remplacé par son successeur désigné pour 2025, Oliver Bearman.
Sources :
-Auto Hebdo n°2477, 4 septembre 2024
Tony