24 Grands Prix en 24
La FIA a dévoilé une première mouture du calendrier 2024 qui comptera un nombre record de vingt-quatre épreuves. Le pouvoir sportif et Liberty Media se sont concertés avec les différents organisateurs afin de dresser un programme plus rationnel, regroupant au maximum les épreuves par aire géographique pour réduire les déplacements d'un bout à l'autre de la planète. Le Grand Prix du Japon est ainsi déplacé au printemps pour se tenir entre les GP d'Australie et de Chine. L'étape de Bakou est repoussée à mi-septembre, à mi-chemin des épreuves de Monza et de Singapour. Enfin, le GP du Qatar aura lieu une semaine avant celui d'Abou Dhabi, 24ème et dernière épreuve de cette interminable saison. Quelques anomalies subsistent néanmoins: le GP de Miami est maintenu début mai entre les GP de Chine et d'Émilie-Romagne et celui du Canada conserve sa place début juin, en pleine saison européenne.
Ce programme paraît excessivement lourd et épuisant pour le personnel des écuries en raison du nombre d'épreuves et du rythme avec lequel elles s'enchaîneront. Le dénouement du championnat s'annonce ainsi intense, avec six courses en sept semaines ! Les team managers affichent leur scepticisme face aux défis humain et logistique qui attendent leurs entreprises, non sans hypocrisie, puisqu'ils ont approuvé le principe d'un calendrier de 24 dates proposé par Stefano Domenicali. La manne financière promise est appétissante... « Je pense que nous ne sommes pas loin de la limite, mais c'est à nous de rendre cela viable à nos employés », commente cependant Mike Krack (Aston Martin). « Ce calendrier montre la force de notre sport et nous l'avons accepté. Désormais, il faut trouver les moyens de rendre un tel programme pérenne. » « Il est clair que nous ne pouvons pas continuer à envoyer les mêmes personnes sur le terrain », souligne James Vowles (Williams). Nous devons repenser notre façon d'organiser les courses. Comment faire pour rendre cette vie supportable tout en maintenant notre niveau de performance ? C'est la vraie question ! » Un « turnover » des effectifs paraît donc indispensable, mais pour ce faire, les écuries vont devoir recruter du personnel supplémentaire...
Red Bull - AlphaTauri: grandes manœuvres en vue
Après le Grand Prix de Grande-Bretagne, Daniel Ricciardo participera à des essais de pneumatiques au volant de la Red Bull RB19. Malgré les démentis officiels, il s'agira bien d'un galop d'essai en vue de l'arrivée imminente de l'Australien chez AlphaTauri à la place de Nyck de Vries. Le sort du très décevant pilote néerlandais paraît scellé. Helmut Marko et Franz Tost n'attendront même pas la trêve estivale pour le mettre à la porte. A Silverstone, certains annoncent que Ricciardo sera au volant de l'AlphaTauri à Budapest quinze jours plus tard. Le retour en grâce de « Danny Ric » est aussi une pierre dans le jardin de Sergio Pérez qui enchaîne les contre-performances. Le Mexicain n'est pas parvenu à atteindre le dernier stade des qualifications lors des quatre derniers Grands Prix ! Une série inacceptable quand on roule avec la meilleure monoplace du peloton. Ces derniers temps, Pérez est si inefficace que Red Bull occuperait la première place du championnat des constructeurs avec les résultats du seul Max Verstappen !...
Ainsi, Ricciardo apparaît comme le remplaçant naturel de Pérez en 2024 si ce dernier ne parvient pas à remonter la pente. Toutefois, Helmut Marko est aperçu à Silverstone en compagnie de Mark Berryman, le manager de Lando Norris. Il n'en faut pas plus à la presse pour échafauder l'hypothèse d'une arrivée du jeune pilote anglais, par ailleurs ami de Max Verstappen, à Milton Keynes en 2024 ou 2025. De fait, Norris a noué des contacts jadis avec Red Bull, de l'aveu même de Marko. Certes, il est sous contrat avec McLaren jusqu'à fin 2025 et affirme vouloir accompagner l'œuvre de redressement de son équipe. Mais si on lui proposait à court terme de piloter une machine capable de l'emmener au titre mondial...
Présentation de l'épreuve
Le Grand Prix de Grande-Bretagne établit ce week-end le record absolu d'affluence pour une épreuve de Formule 1, avec 480 000 spectateurs recensés en trois jours. Ce chiffre est à mettre en rapport avec la moyenne de 350 000 spectateurs enregistrée avant la Covid-19. Depuis 2021, galvanisée par la série Netflix et le duel entre Max Verstappen et Lewis Hamilton, la F1 ne cesse de battre des records de popularité. Et la domination sans partage exercée cette saison par Verstappen n'inverse pas une tendance qui s'étend d'ailleurs à tous les autres sports mécaniques : le Moto GP, l'IndyCar et les 24 heures du Mans se déroulent à guichets fermés. Et ne boudons pas notre plaisir: cela fait enrager les écologistes fanatiques...
Malgré cette prospérité, les entreprises de la « Motorsport Valley », c'est-à-dire de la région d'Oxford, se plaignent des nombreuses contraintes générées par la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, effective depuis 2020. La fermeture des frontières entrave le recrutement du personnel étranger, tout comme la circulation des biens, c'est-à-dire des pièces mécaniques. Ces tracasseries administratives entraînent des dépenses de temps et d'argent bien superflues. Pour apaiser la situation, le secrétaire d'État aux Sports Mme Lucy Frazer a reçu à Downing Street une délégation comprenant des dirigeants de la Formule 1 (Stefano Domenicali, Christian Horner, Toto Wolff, Otmar Szafnauer) et diverses personnalités de ce sport (Jackie Stewart, Johnny Herbert, Martin Brundle). Selon la formule consacrée, la réunion a été constructive. « Nous avons demandé au gouvernement britannique de soutenir la F1 », confie Szafnauer. « Il est nécessaire d'effectuer des aménagements pour la circulation des personnes disposant d'un permis de travail, comme cela a été fait pour l'industrie du divertissement. » Ces doléances ont notamment été relayées par Christian Horner, porte-parole de ses collègues managers, et ce bien qu'il fut et demeure un ferme partisan du « Brexit ».
Williams célèbre ce week-end son 800ème Grand Prix en tant que constructeur. Du fait de l'annulation du GP d'Émilie-Romagne, ce chiffre sera en réalité atteint quinze jours plus tard en Hongrie, mais la légendaire équipe britannique a choisi de maintenir cette commémoration à domicile. Les FW45 se parent ainsi d'une livrée spéciale, avec un Union Jack bleu et blanc peint sur le capot moteur. Williams fait par ailleurs revivre son glorieux passé avec une exhibition de Jenson Button au volant de la FW14B qui a conduit Nigel Mansell au titre mondial en 1992. McLaren modifie aussi ses couleurs, toujours dans une veine « rétro » : l'orange papaye de la MCL60 voisine avec du chrome afin de rappeler la livrée utilisée par l'équipe entre 2006 et 2014. D'autre part, Aston Martin introduit sur son AMR23 le logo de son nouveau partenaire, les lubrifiants Valvoline. Enfin, les pilotes Alpine se coiffent de couvre-chefs spéciaux: Esteban Ocon inscrit sur le sien les noms de tous les employés d'Enstone et de Viry-Châtillon et Pierre Gasly adopte un curieux mélange de tricolore français et d'Union Jack britannique.
Une onzième équipe débarque ce week-end dans le paddock de Silverstone. Une équipe fictive, APX GP, celle de Brad Pitt qui va tourner plusieurs scènes de son film consacré à la F1, coproduit par Lewis Hamilton. A cette occasion, l'acteur de 58 ans s'installe au volant d'une « Formule 1 », en fait une F2 modifiée à robe noire faisant penser aux Lotus de la grande époque. Certains se demandent si la star quinquagénaire est à même de résister physiquement au pilotage éprouvant d'un tel bolide, mais Pitt a déjà testé celui-ci à de multiples reprises, et sa condition physique est excellente selon Hamilton qui le compare à... Benjamin Button ! « Brad vieillit à l'envers, il est en pleine forme pour son âge ! » assure le septuple champion du monde. De fait, si la voiture de Pitt tourne bien à Silverstone, nul ne sait si c'est bien lui qui la conduit... L'équipe de tournage menée par Apple Films a déjà effectué des prises de vues sur d'autres Grands Prix, avec l'accord de Liberty Media et des écuries qui l'ont laissé pénétrer dans les garages. A Silverstone, « APX GP » dispose de son propre « box » installé entre ceux de Ferrari et de Mercedes. A l'intérieur, on retrouve des installations hypermodernes dignes d'une authentique écurie, tandis que sur un chariot gisent des pneus enveloppés dans leurs couvertures chauffantes. Comme chez les pros ! Attention toutefois: chacun est tenu de « faire comme si de rien n'était afin de ne pas perturber le tournage.
Alpine modifie (encore) son organigramme. Bruno Famin, jusqu'alors directeur exécutif d'Alpine F1 Team et patron de l'usine de Viry-Châtillon, est promu directeur d'Alpine Motorsports. L'ingénieur français chapeautera ainsi l'écurie de F1, le programme d'Endurance, le rallye-raid (Alpine aidant Dacia dans son projet Dakar) et la compétition clients. Famin est aussi placé à la tête de l'académie des jeunes pilotes. Il devient ainsi le véritable n°2 de l'entreprise, sous la responsabilité directe du président Laurent Rossi. On ne sait trop ce qu'il adviendra de Davide Brivio qui dirigeait les « projets compétition » de la firme dieppoise...
Après le Grand Prix, le jeudi 13 juillet, Mercedes et McLaren rouleront à Silverstone pour tester des « garde-boue », des arches situées derrière les roues arrière destinées à limiter les projections d'eau en cas de fortes pluies. Ce dispositif a été imaginé suite au fiasco du GP de Belgique 2021 qui s'était limité à deux tours derrière la voiture de sécurité en raison d'une piste détrempée. L'idée est de permettre aux pilotes de rouler sous la pluie en améliorant les conditions de visibilité. Lors de ces essais, les commissaires techniques étudieront aussi le rôle du diffuseur qui capte l'eau en surface et participe à la création du « spray ». Enfin, il s'agira de voir si ces garde-boues ne gêneront pas les changements de pneumatiques. En attendant une adoption en 2024 ?
Pirelli introduit ce week-end une nouvelle gamme de pneumatiques plus résistants, testés un mois plus tôt lors des essais libres à Barcelone. « Ce changement de spécification était nécessaire en raison de l'augmentation des performances observée sur les voitures depuis le début de la saison, que ce soit en vitesse pure ou au niveau des charges aérodynamiques, par rapport aux simulations fournies par les équipes l'hiver dernier », explique Mario Isola, directeur de la compétition de Pirelli. « Comme cette tendance ne fera que s'accentuer, nous avons réagi sans attendre, afin de notamment renforcer les pneus arrière. L'an passé, nous avions initié le développement d'un nouveau matériau en prévision de l'interdiction des couvertures chauffantes prévue pour 2024. Sans elles, vous devez commencer avec des pressions plus basses. On a testé cette nouvelle structure et la plupart des pilotes rapportent très peu de différence en matière d'équilibre et de comportement. » De fait, les pilotes font part de leur satisfaction vis à vis de ces nouveaux pneus qui se comportent très bien à Silverstone.
Les écuries apportent ici de nombreuses modifications à leurs bolides. Tout d'abord, Red Bull modifie les écopes de frein avant de la RB19. Puis, Mercedes éprouve un aileron avant tout à fait inédit. Ferrari introduit un « beam wing » modifié tandis que les dérives de l'aileron avant de la SF-23 font l'objet de retouches. Chez McLaren, Piastri hérite des évolutions dont bénéficiait Norris en Autriche, à l'exception d'un nouvel aileron avant au profil aplati. L'Alpine-Renault reçoit un aileron avant inédit destiné à atténuer le sous-virage persistant dont se plaignent Gasly et Ocon. Nouvelle aile avant aussi chez Aston Martin qui inaugure aussi des écopes de frein inédites à l'arrière. AlphaTauri introduit une seconde évolution majeure de sa très médiocre AT04. Les modifications concernent le plancher et le diffuseur, alors que toute la portion arrière est élargie. L'aileron et les suspensions postérieures sont révisés en conséquence. Alfa Romeo modifie aussi son plancher et son train arrière. Au final, seule Haas n'introduit pas de nouveautés, et l'on s'interroge toujours sur le potentiel de développement de l'écurie américaine...
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent sous un beau soleil. Sans grande surprise, Verstappen se montre immédiatement le plus rapide (1'28''600''') devant Pérez. Albon crée la sensation en signant le troisième temps avec sa Williams. Un peu plus tard, Verstappen est de nouveau le plus véloce lors de la seconde session libre (1'28''078'''). Il précède Sainz, le vainqueur de l'an passé, et le toujours étonnant Albon. Sargeant confirme l'excellente tenue des Williams par un exceptionnel 5e chrono. Leclerc ne roule pas en raison d'une panne électrique sur sa Ferrari. Samedi à la mi-journée, Leclerc réalise le meilleur chrono (1'27''419''') devant Albon et Alonso, avant que la pluie ne s'invite. Les pilotes roulent ensuite en pneus intermédiaires pour parfaire leurs réglages, des averses étant prévues plus tard dans la journée.
Dans l'après-midi, les qualifications commencent sur une piste en cours d'assèchement après une nouvelle averse. Les pilotes démarrent néanmoins en pneus slicks. Magnussen provoque un drapeau rouge en s'immobilisant en piste à trois minutes de la fin de la Q1. Tous les pilotes améliorent à la relance, et bien sûr ceux qui sortent les premiers sont les plus handicapés: ce sera le cas de Pérez...
Verstappen réalise une nouvelle pole position (1'26''720''') et ce en dépit d'un incident insolite: en Q1, privé de grip en quittant son stand, il brise son aileron avant contre le muret de la pit-lane ! Le Néerlandais n'a toutefois pas à rougir devant la nouvelle déconvenue de son équipier Pérez (16e) qui ne parvient pas à s'extraire de la Q1. Le Mexicain affirme ne pas être parvenu à faire chauffer ses pneus après le drapeau rouge... Ce samedi est un grand jour pour McLaren qui parvient à placer ses pilotes dans le « top 3 ». Après avoir dominé la Q1, Norris (2e), survolté à domicile, manque la pole pour seulement deux dixièmes (1'26''961'''). Piastri (3e) n'est pas en reste et ne concède qu'une poignée de millièmes à son équipier. Leclerc (4e) estime qu'il aurait pu hisser sa Ferrari en première ligne sans une glissade sur une plaque humide. Sainz (5e) rend 12 millièmes à son collègue. Vendredi, Mercedes ne parvenait pas à exploiter sa W14, et après une longue nuit à plancher sur les réglages, Russell (6e) et Hamilton (7e) obtiennent une qualification convenable, mais malgré tout décevante. Le septuple champion du monde se distingue par une pirouette à Stowe en début de séance.
Après ses excellents essais, Albon (8e) rentre dans le rang mais demeure satisfait de sa Williams. Sargeant (14e) parvient pour sa part à franchir la Q1. Les Aston Marin déçoivent beaucoup. Alonso (9e) est cette fois loin des meilleurs et Stroll (12e) ne franchit pas la Q2 après avoir usé tous ses pneus tendres neufs en Q1. Les Alpine-Renault peinent à s'extraire du peloton: Gasly (10e) parvient néanmoins en Q3, contrairement à Ocon (13e), éliminé pour quelques millièmes. Hülkenberg (11e) frôle la Q3 au volant de sa Haas-Ferrari. Magnussen (19e) doit mettre pied à terre suite à une fuite d'huile. Bottas place son Alfa Romeo en Q2, mais ne peut disputer cette séance en raison d'une panne de moteur. Il est ensuite disqualifié car les commissaires ne peuvent prélever le litre d'essence réglementaire sur sa C43 à l'issue de cette séance. Le Finlandais partira dernier. Zhou (16e) ne franchit pas la première étape. Enfin, les AlphaTauri (Tsunoda 17e, de Vries 19e) ne s'adaptent pas aux conditions sèches et sont tout de suite éliminées.
Le Grand Prix
Il se déroule sous un ciel couvert et dans une atmosphère (24°C) plus fraîche que les jours précédents. 160 000 spectateurs sont massés dans les tribunes pour encourager Lewis Hamilton, mais aussi Lando Norris qui jouit d'un net regain de popularité suite à sa superbe performance en qualifications. La plupart des coureurs s'élancent en pneus médiums (C4). Russell part en gommes tendres (C5), tout comme Ocon, Tsunoda et de Vries. Bottas et Hülkenberg choisissent seuls les pneus durs (C3). Les équipes tablent pour la plupart sur un unique pit-stop.
Départ: Norris démarre un peu mieux que Verstappen et se porte à sa hauteur. Le Hollandais tente de serrer l'Anglais, mais celui-ci plonge à l'intérieur au premier virage et s'empare des commandes. Piastri se glisse dans le sillage de son équipier mais Verstappen garde l'ascendant sur l'Australien. Viennent ensuite Leclerc et Russell.
1er tour: Hamilton bloque les roues et sort large au virage n°3. Il repart derrière Gasly, qu'il repasse en fin de tour. Norris maintient son avance sur Verstappen sous les vivats de la foule. Suivent Leclerc, Russell, Sainz, Alonso, Hamilton, Gasly et Albon.
2e: Norris compte une seconde d'avance sur Verstappen. Piastri reste au contact du Néerlandais.
3e: Verstappen est revenu à une demi-seconde de Norris. Plus loin, Russell met la pression sur Leclerc. Pérez est 15e.
4e: Verstappen roule dans les échappements de Norris, aileron arrière ouvert. Le pilote McLaren ne va pas résister longtemps...
5e: Verstappen double facilement Norris par l'intérieur au virage de Brooklands et retrouve ainsi le commandement. Russell se fait menaçant derrière Leclerc, mais doit surveiller Sainz derrière lui.
6e: Norris reste proche de Verstappen. Piastri suit son équipier de près mais ne doit pas l'attaquer. Hamilton est dans les roues d'Alonso. Pérez a doublé Hülkenberg puis Tsunoda.
7e: Hamilton dépasse Alonso par l'intérieur à Brooklands, sous les bruyants applaudissements de ses fans.
8e: Verstappen mène devant Norris (1.1s.), Piastri (1.8s.), Leclerc (5.1s.), Russell (6.7s.), Sainz (7.7s.), Hamilton (9.9s.), Alonso (11.2s.), Gasly (11.6s.), Albon (13s.), Stroll (13.6s.) et Ocon (14s.).
10e: Norris tient le rythme de Verstappen et réduit son retard à moins d'une seconde. Ocon rentre aux stands pour abandonner car son Alpine menace de s'embraser suite à une fuite hydraulique.
12e: Verstappen allonge sa foulée et repousse Norris à plus d'une seconde. Gasly est aux trousses d'Alonso. Pérez prend la 12e place à Stroll.
13e: Verstappen mène devant Norris (2.3s.), Piastri (4.3s.), Leclerc (8s.), Russell (8.7s.), Sainz (10s.), Hamilton (13.4s.), Alonso (16s.), Gasly (16.6s.), Albon (18.3s.), Pérez (19.3s.) et Stroll (21s.).
15e: L'intervalle entre Verstappen et Norris atteint trois secondes. Tsunoda chausse les pneus durs.
16e: Pérez s'empare de la dixième place aux dépens d'Albon.
17e: Verstappen accroît son avantage de quelques dixièmes à chaque tour. Russell est toujours sur les pas de Leclerc sans pouvoir l'attaquer.
18e: Verstappen précède Norris (4s.), Piastri (5.7s.), Leclerc (10.3s.), Russell (10.7s.), Sainz (13s.), Hamilton (14.7s.), Alonso (19s.), Gasly (19.3s.) et Pérez (21.4s.).
19e: Leclerc passe chez Ferrari pour chausser les pneus durs (2.4s.) et glisse en 12e position, entre Stroll et Sargeant.
20e: Verstappen est le plus rapide en piste (1'32''3338'''). Deux secondes et demie séparent les McLaren de Norris et Piastri. Alonso contient toujours Gasly et curieusement Pérez ne revient guère sur ce duo.
22e: Verstappen devance Norris (5s.), Piastri (7.3s.), Russell (12.4s.), Sainz (16.1s.), Hamilton (17.2s.), Alonso (22s.), Gasly (22.7s.), Pérez (25s.), Albon (27s.), Stroll (29.5s.) et Leclerc (31.5s.).
24e: Verstappen contrôle la situation en tête et compte cinq secondes et demie d'avance sur Norris.
26e: L'avantage de Verstappen sur Norris grimpe à sept secondes. Leclerc dépasse Stroll à Stowe.
27e: Sainz fait escale chez Ferrari afin de chausser les enveloppes dures (2.4s.), puis repart derrière Stroll.
28e: Verstappen améliore le record (1'32''138''') Il précède Norris (8.1s.), Piastri (11.), Russell (16.4s.), Hamilton (20.7s.), Alonso (26.7s.), Gasly (28s.), Pérez (29.1s.) et Albon (32.5s.). Arrêt de de Vries.
29e: Russell achève son long relais en pneus tendres. Il stoppe chez Mercedes pour mettre des gommes médiums lors d'une opération longuette (4s.). Pérez s'empare des gommes rouges, puisque cette gamme paraît tenir la distance.
30e: McLaren adopte une stratégie conservatrice: Piastri passe aux stands pour prendre les pneus durs (2.4s.) et redémarre en sixième position. Sainz se défait de Stroll.
31e: Neuf secondes séparent Verstappen et Norris. Pérez améliore le record du tour (1'31''400'''). Russell réalise un superbe dépassement sur Leclerc, par l'extérieur de Woodcote. Piastri efface Gasly qui rejoint ensuite les stands pour mettre les pneus tendres. Stroll chausse aussi ce composé.
32e: Le moteur de Magnussen explose entre Aintree et Brooklands. Le Danois se gare à même la piste, train arrière en feu.
33e: La « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée suite à l'abandon de Magnussen. Leclerc retourne aux stands. Il se débarrasse de ses pneus durs pour mettre des médiums. Albon chausse lui des tendres. Tsunoda, Bottas, de Vries et Hülkenberg passent aux stands pour basculer sur les pneus tendres.
34e: La Safety Car est finalement envoyée en piste. Verstappen entre aux stands et chausse les pneus tendres usagés (2.7s.). Norris s'empare pour sa part de gommes dures (2.2s.). Hamilton opte pour les tendres (3.2s.), tout comme Alonso et Zhou.
37e: Le peloton est regroupé derrière la Safety Car. Verstappen devance Norris, Hamilton, Piastri, Russell, Alonso, Sainz, Pérez, Albon, Leclerc, Gasly, Stroll, Sargeant, Bottas, Tsunoda, de Vries, Hülkenberg et Zhou.
38e: La voiture de sécurité s'efface à l'issue de ce tour. Verstappen appuie très tôt sur le champignon et creuse l'écart sur Norris.
39e: Verstappen s'échappe aussitôt tandis que Hamilton menace Norris. L'aîné des Anglais prend l'aspiration de son cadet avant Brooklands, se déporte à l'extérieur, mais ne peut passer. Il retente sa chance avant Woodcote, mais Norris verrouille les issues. Stroll déborde Gasly par l'extérieur à Stowe, non sans mettre deux roues derrière la ligne blanche...
40e: Hamilton surprend Norris par l'intérieur à Woodcote, mais à la réaccélération le pilote McLaren garde l'ascendant, sans laisser d'espace au pilote Mercedes.
41e: L'usage du DRS est autorisé. Verstappen compte deux secondes et demie d'avance sur Norris. En difficulté avec ses pneus durs, Sainz est sous la menace de Pérez.
42e: Verstappen réalise le meilleur tour de la course (1'30''275'''). Il devance Norris (3.2s.), Hamilton (4s.), Piastri (5.3s.), Russell (6.3s.), Alonso (8.3s.), Sainz (8.8s.), Pérez (9.3s.), Albon (10s.), Leclerc (10.6s.), Stroll (11.2s.) et Gasly (12.2s.). Curieusement, les commissaires décident de ne pas sanctionner Stroll pour son dépassement litigieux sur Gasly.
43e: Norris, avec ses gommes dures, tient la dragée haute à Hamilton, muni de pneus tendres. Pérez déborde Sainz à Club. L'Espagnol est aussitôt assailli par Albon.
44e: Albon dépasse Sainz à Abbey. A la dérive, le Madrilène s'incline ensuite devant Leclerc à The Loop. Juste derrière les Rouges, Gasly contourne Stroll par l'extérieur à Woodcote. Le Normand menace ensuite Sainz, mais Stroll reste sur ses talons.
45e: Verstappen compte une peu plus de trois secondes d'avance sur Norris et Hamilton. Gasly dépasse Sainz à Woodcote, mais l'Espagnol réplique par l'intérieur à Copse et reprend son bien. Puis, Stroll attaque Gasly par l'intérieur dans l'enchaînement de Vale. Le Canadien vire au large, et lorsqu'il revient en piste, sa roue arrière-gauche percute la roue arrière-droite de l'Alpine. Gasly n'a plus qu'à rejoindre son stand clopin-clopant: sa suspension est brisée...
46e: Pérez a rallié Alonso et le dépasse aisément à Stowe. Gasly met pied à terre. C'est un double abandon pour Alpine.
48e: Verstappen est premier devant Norris (3.5s.), Hamilton (5s.), Piastri (6.8s.), Russell (9.5s.), Pérez (12.8s.), Alonso (13.8s.), Albon (14.8s.), Leclerc (15.6s.), Sainz (17.8s.), Stroll (19.4s.) et Sargeant (20.3s.).
49e: Norris et Russell reçoivent le drapeau noir et blanc pour franchissement des limites de la piste.
50e: Norris a repoussé Hamilton à une seconde et demie. Stroll reçoit cinq secondes de pénalité pour sa collision avec Gasly.
51e: Verstappen finit la course avec trois secondes de marge sur Norris. Albon menace Alonso dans ces derniers kilomètres. Leclerc observe ce duo de près.
52e et dernier tour: Leclerc tente une attaque sur Albon par l'extérieur à Brooklands, en vain.
Max Verstappen remporte sa sixième victoire consécutive. Norris finit à une exceptionnelle deuxième place devant son compatriote Hamilton. Piastri (4e) obtient son meilleur résultat en F1. Russell se classe cinquième devant Pérez. Alonso (7e) conclut un week-end médiocre pour Aston Martin. Albon apporte à Williams une belle huitième place. Les Ferrari de Leclerc (9e) et de Sainz (10e) se contentent de trois points. Sont aussi à l'arrivée: Stroll, Sargeant, Hülkenberg, Bottas, Zhou, Tsunoda et de Vries. Stroll recule au 14e rang suite à sa pénalité.
Après la course: McLaren sort du trou
Max Verstappen assoit encore son hégémonie: avec huit victoires en dix Grands Prix, le futur triple champion du monde pourra sans doute battre son propre record de succès en une saison (15) établi l'an passé. Toutefois, le pilote Red Bull n'a pas écrasé ce Grand Prix de Grande-Bretagne. Il lui a fallu surveiller la McLaren de Lando Norris durant toute la course et la stratégie consistant à effectuer le second relais en pneus tendres tandis que son poursuivant était muni de gommes dures s'est avérée périlleuse. « Ce ne fut pas particulièrement simple », confie-t-il. « J'ai pris un mauvais départ, avec beaucoup de patinage. J'ai donc dû revenir sur Lando, le dépasser, puis refroidir les pneus parce qu'il m'a encore menacé avec le DRS. Mais après cela, j'ai creusé un écart régulier jusqu'à la sortie de la voiture de sécurité. Je pense que le choix de redémarrer en pneus tendres était le bon, même si je me suis rendu compte qu'il n'était pas facile de les maintenir en température. Et puis j'ai encaissé de méchantes rafales de vent... » Néanmoins, Verstappen est encore sur la plus haute marche du podium. Au passage, il envoie un méchant tacle à son coéquipier Sergio Pérez, en pleine tourmente après ses piteux résultats en qualifications: « Avec notre voiture, nous devons atteindre la Q3... Il faut demander à Christian (Horner) et Helmut (Marko) ce qu'ils en pensent, mais pour le moment, j'ai l'impression de me battre tout seul pour le championnat des constructeurs. Si je n'avais pas été là aujourd'hui, cela aurait été une toute autre histoire pour Red Bull ! ... »
Tout à sa joie, Zak Brown assène d'amicales bourrades aux ingénieurs de McLaren. Ce GP de Grande-Bretagne pourrait en effet être sous-titré: « La résurrection des Papayes » ! Comme le souligne le journaliste Nicolas Carpentier, la saison 2023 serait très disputée... s'il n'y avait les Red Bull. Derrière l'ultra-dominatrice RB19, Aston Martin, Mercedes et Ferrari bataillaient jusqu'ici âprement pour la position de « meilleure des autres ». Et à Silverstone, la McLaren MCL60 « B » émerge soudain comme deuxième force du peloton. Ses évolutions aérodynamiques expliquent ce bond en avant. La voiture chrome et orange crée davantage d'appuis et est ainsi beaucoup plus à l'aise dans les courbes rapides, un avantage déterminant sur le circuit anglais. D'autre part, elle génère peu de traînée, contrairement à certaines de ses rivales comme l'Aston Martin. Enfin, la fraîcheur ambiante a atténué la dégradation des gommes, un des points faibles de la McLaren. Mieux: celle-ci est parvenue à faire chauffer rapidement ses pneus durs, ce qui a permis à Norris de résister en fin de course à Hamilton, pourtant doté d'enveloppes tendres.
Ces circonstances particulières expliquent donc pour partie la belle tenue des McLaren à Silverstone. Lando Norris reste donc prudent quant à la suite des événements: « Ce type de circuit nous permet de bien gérer nos pneus. Nous sommes très compétitifs dans les virages rapides: presque aussi bons que Red Bull dans certaines courbes, comme à Stowe. Mais par ailleurs, la voiture est mauvaise - je devrais dire horrible - dans les virages lents. Les dernières évolutions ont résolu 30 % de nos faiblesses en ajoutant de l'appui. Mais il reste 70 % à améliorer. Je peux comprendre l'enthousiasme général, mais les prochains circuits ne nous seront pas aussi favorables. Nos progrès sont réels, mais nous sommes encore loin de pouvoir nous battre avec les Mercedes sur certains tracés, sans parler des Red Bull. Il reste beaucoup de pain sur la planche. » Pour l'heure, McLaren moissonne 30 points d'un coup: c'est plus que ce qu'elle avait engrangé jusqu'ici en 2023 !
Lando Norris s'extasie devant ce qu'il considère à bon droit comme la meilleure prestation de sa carrière: « C''est a minima le moment le plus excitant que j'ai jamais vécu. Un top 3 lors de son Grand Prix national est toujours très spécial. Entendre la foule chanter, toute l'équipe au pied du podium... C'est ce que je voyais à la télé en 2007-2008, quand j'ai commencé à regarder la F1. Hamilton et Alonso étaient déjà là... et maintenant, c'est mon tour ! » Son jeune acolyte Oscar Piastri mérite lui aussi une rude accolade de Zak Brown. Le néophyte australien a réalisé un sans-faute dans le sillage de son équipier et n'a perdu la troisième place qu'en raison d'un mauvais timing: il s'est arrêté aux stands deux tours avant la neutralisation... « Bien sûr, cela fait un peu mal de finir seulement 4e après avoir longtemps espéré monter sur le podium », lâche-t-il. « Mais au bout du compte, je suis content d'être dans une position où je suis déçu d'une quatrième place en F1 ! » Ce jeune garçon discret surprend par son sang-froid. « Ce que fait Oscar est incroyable », assure Andrea Stella. « Il n'est que rookie, mais il a tout de suite été rapide avec le nouveau modèle, au point d'être une référence pour Lando dans certains virages ! » Et rétrospectivement, Piastri semble avoir eu raison de quitter Alpine pour McLaren: celle-ci devance désormais celle-là au classement des constructeurs...
Lewis Hamilton grimpe pour la quatorzième fois sur le podium de son Grand Prix national. Le Britannique se contente de cette troisième place assez inespérée au regard des performances des Mercedes aux essais. Les aléas de la course ont eu leur part dans ce résultat. Grâce à la voiture de sécurité, Hamilton a bénéficié d'un « arrêt gratuit » qui l'a propulsé au troisième rang. Il n'en tire pas gloire. « McLaren nous a dépassé et nous devons travailler davantage », constate-t-il. « J'ai pris en outre l'un des pires départs de ma carrière. Pour une raison ou pour une autre, j'ai bloqué les roues arrière au virage n°3. Je ne m'attendais vraiment pas à monter sur le podium aujourd'hui. Mais notre stratégie était fondée sur l'irruption de la voiture de sécurité, et c'est ce qui s'est produit. J'étais parti avec un set de médiums afin de rouler le plus longtemps possible jusqu'à l'éventuelle neutralisation. Après cela, j'ai essayé d'attaquer Norris, mais je n'avais pas assez de puissance pour cela. »
Du côté de Ferrari, l'embellie autrichienne est déjà oubliée. Obnubilée par la crainte de détruire les pneus, la Scuderia a adopté une stratégie ultra-conservatrice... qui se solde par un maigre butin de trois petits points. Charles Leclerc a subi deux pit-stops, dont le premier dès le 19e tour, tandis que Carlos Sainz a fini l'épreuve en gommes dures usées alors que tous ses concurrents étaient chaussés plus souplement. Ce choix ne réchauffera pas les relations entre le Madrilène et son équipe, visiblement de plus en plus tendues... Enfin, Aston Martin a vécu son plus mauvais week-end depuis le début de la saison et ne rapporte que six points, glanés par Fernando Alonso. Celui-ci tire la sonnette d'alarme: les « Verts » sont en train de se faire dépasser par Mercedes, Ferrari et McLaren... Une réaction s'impose.
Sources :
- https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/grande-bretagne-angleterre-f1-technique-evolution-mclaren/
- Auto Hebdo n°2420 et 2421, 5 et 12 juillet 2023
Tony