Lance Stroll, un héritier contesté
Ce week-end, Lance Stroll, natif de Montréal, évolue à domicile et bénéficie d'une tribune entièrement dédiée à ses fans. On ne sait si celle-ci sera remplie, car hélas le jeune Canadien suscite auprès de ses compatriotes une parfaite indifférence. Il est vrai que sa timidité et sa répugnance à s'exprimer en français (l'anglais est sa langue maternelle) ne contribuent guère à sa popularité auprès des Québécois. Mais surtout, sa cote de pilote est actuellement fort basse. Après déjà sept saisons de Formule 1, Stroll ne parvient toujours pas à se défaire de sa regrettable image de « fils à papa ». Et d'autant moins cette année où il pâtit de la comparaison avec Fernando Alonso. Alors qu'il bénéficie de l'une des meilleures voitures du plateau, Stroll Jr. n'a inscrit que 35 points en sept courses, contre 99 pour son glorieux équipier, lequel est aussi monté cinq fois sur le podium. Certes, sa blessure au poignet en février lors d'un accident de vélo l'a longtemps handicapé. Mais beaucoup prétendent, sans doute à juste titre, qu'Aston Martin occuperait actuellement la seconde place du classement des constructeurs, loin devant Mercedes, si elle possédait un meilleur deuxième pilote. Pour l'heure, Lawrence Stroll ne semble pas envisager de remplacer son fils, mais comment pourra-t-il conduire son équipe aux titres mondiaux, ainsi qu'il l'ambitionne, avec un pilote d'aussi faible niveau ? La future association avec Honda précipitera peut-être les événements. Certains avancent que Yuki Tsunoda, le protégé du constructeur japonais, pourrait devenir l'équipier d'Alonso chez Aston Martin en 2024.
Cependant, Lance Stroll jouit encore du plein soutien de son écurie et chacun s'accorde à lui trouver toutes les excuses imaginables. « Chaque coureur a une courbe de progression bien à lui et, généralement, personne n'est champion dès sa première année, souligne le team manager Mike Krack. La F1 est un environnement injuste où les pilotes sont catégorisés rapidement. Il y a plusieurs facteurs à considérer, par exemple le fait que jamais jusqu'à ce jour Lance n'avait conduit une voiture aussi rapide. » Son équipier Fernando Alonso fait montre à son égard d'une obséquiosité d'autant plus gênante qu'il ne le craint aucunement. Il assure ainsi que Stroll n'a pas encore atteint sa pleine maturité: « Je crois que pour lui le plus important est de trouver la constance. On l'a vu faire des choses incroyables, mais parfois, les résultats n'ont pas suivi. Mais avec son engagement, sa motivation et ce que l'équipe est en train de construire, c'est une question de temps avant qu'il n'atteigne le succès. » En effet, Stroll n'a commencé sa carrière en F1 qu'en 2017...
Présentation de l'épreuve
Après le Grand Prix d'Espagne, la Formule 1 s'est envolée pour la Belle Province du Québec, avant un retour en Europe fin juin pour le Grand Prix d'Autriche. Voilà qui fait encore beaucoup de va-et-vient... Pour la saison 2024, Liberty Media et la FIA concoctent un calendrier plus rationnel qui réduira au maximum les coûteux déplacements d'un bout à l'autre de la planète. Pour ce faire, les décideurs tentent de regrouper les courses par aires géographiques. Or, comme trois Grands Prix se déroulent désormais aux Etats-Unis, il paraît logique d'y associer les épreuves mexicaine et canadienne, comme c'était du reste le cas dans les années 1960 et 1970, quand les championnats s'achevaient par une campagne nord-américaine. Mais cette idée se heurte au climat québécois, comme le rappelle François Dumontier, président du Grand Prix: « Sur le papier, cette problématique semble très facile à résoudre, mais c'est loin d'être le cas. Avec 23 épreuves, la F1 doit composer avec 23 réalités différentes. Chez nous, la météo est le point d'achoppement majeur dans nos pourparlers. » Il n'est ainsi pas question d'organiser le GP du Canada trop tôt au printemps, en raison des gelées tardives. « Et en automne, nous ferions face à des problèmes logistiques, poursuit Dumontier. Nous risquons de perturber les activités du parc Jean Drapeau et nous retrouver en conflit avec des congrès. » Ainsi, l'épreuve de Montréal devrait conserver sa date traditionnelle à la mi-juin.
Beaucoup estiment que le championnat du monde 2023 est déjà « plié » après sept Grands Prix. Il ne fait aucun doute que Red Bull, invaincue jusqu'ici, sera championne du monde des constructeurs et Max Verstappen paraît se diriger tranquillement vers sa troisième couronne mondiale d'affilée. Son équipier Sergio Pérez ne paraît plus une menace. Après avoir fait illusion en remportant les Grands Prix d'Arabie saoudite et d'Azerbaïdjan, le Mexicain s'est effondré lors des deux dernières épreuves à Monaco et Barcelone, et concède désormais 53 points à son équipier. Mais « Checo » espère clore cette mauvaise passe au Canada: « Je veux tout simplement faire un «reset«. À Monaco, j'ai commis une très grosse erreur. Puis à Barcelone, je n'ai pas réussi à faire une bonne qualification à cause de l'humidité et j'en ai payé le prix le dimanche. Du reste, c'était le premier week-end au cours duquel je n'étais pas à l'aise avec la voiture. Mais j'espère pouvoir retrouver ma forme du début de saison. »
Encouragé par ses proches, Pérez croit encore pouvoir jouer le titre contre son terrible équipier. Son père Antonio Pérez Garibay a même affirmé que Sergio ne reviendrait pas au Mexique sans la couronne mondiale. De telles ambitions laissent songeur bien des observateurs. « Pérez devrait essayer de faire douter Verstappen pour que son équipe reconsidère sa position, mais il a malheureusement tout faux et son entourage ferait mieux de la mettre en sourdine » commente Alain Prost. « On parle de lutte pour le titre mondial alors que l'un a déjà plus de cinquante points de retard sur l'autre. Cela n'a pas de sens. En vérité, la bagarre s'est terminée avant d'avoir commencé », estime Mark Webber. Et comme il fallait s'y attendre, le pauvre Pérez reçoit le coup de pied de l'âne de la part de son propre patron, Helmut Marko: « Sergio doit se concentrer sur lui-même et ne pas chercher à battre Max. Mais il doit répondre présent si quelque chose arrive à ce dernier. » En clair, Pérez est bien un simple numéro deux...
Le dimanche 11 juin, Frédéric Vasseur et Charles Leclerc ont fêté un exceptionnel triomphe de Ferrari. Non, il n'y avait pas un Grand Prix hors-championnat. Mais les deux hommes ont assisté à la victoire aux 24 heures du Mans de l'Hypercar 499P n°51 engagée par AF Corse, dernière-née des ateliers de Maranello, aux mains d'un équipage composé d'Antonio Giovinazzi, Alessandro Pier Guidi et James Calado. Le Cheval Cabré signe ainsi un retour victorieux dans la Sarthe, 58 ans après son dernier succès en 1965. Voilà qui permettra de faire oublier un temps les piètres performances de la Scuderia en Formule 1. Nul doute que Frédéric Vasseur jalouse quelque peu Antonello Coletta, son homologue pour l'Endurance...
Charles Leclerc adopte pour ce week-end une réplique du casque porté par Gilles Villeneuve afin de célébrer les quarante-cinq ans de la victoire de ce dernier lors du premier Grand Prix du Canada disputé à Montréal, en 1978. Toutefois, ce fameux couvre-chef est orné des sponsors actuels de Ferrari, et surtout le pilote monégasque omet d'avertir la famille du défunt champion de cette sympathique initiative. Il contrevient ainsi au droit à l'image détenu par Mélanie Villeneuve. Jacques Villeneuve prévient Leclerc qu'il doit se mettre en rapport avec sa sœur. Tout s'arrange finalement. Samedi 17 juin, Mélanie Villeneuve et sa mère Joann sont invités à passer la journée dans le stand Ferrari. Les deux femmes rencontrent Leclerc et acceptent de poser auprès du casque évoquant leur regretté père et époux.
Quelques semaines après avoir été évincé par McLaren, James Key a trouvé un point de chute. Alfa Romeo-Sauber annonce en effet que l'ingénieur britannique de 51 ans deviendra son directeur technique à compter du 1er septembre 2023, en lieu et place de Jan Monchaux. Key n'arrive pas en terrain inconnu puisqu'il a déjà occupé les mêmes fonctions au sein de l'écurie helvétique entre 2010 et 2012, et retrouvera chez Sauber Andreas Seidl qui l'avait attiré chez McLaren en 2019. Sa tâche sera de façonner le staff technique dans la perspective de la transformation de Sauber en équipe officielle Audi à l'horizon 2026. « La nomination de James est une étape cruciale de ce parcours », confirme Seidl. « Il possède une expérience exceptionnelle dans le sport, non seulement en tant que directeur technique, mais aussi dans d'autres fonctions au sein de l'organisation d'une équipe. Il dirigera le processus de transformation de l'équipe, en nous donnant les outils et la direction dont nous avons besoin pour aborder l'avenir. »
Aston Martin introduit une évolution de son AMR23 qui selon Dan Fallows vise à « élargir sa fenêtre d'exploitation » car, très performante dans les virages lents, la machine verte nécessite des adaptations pointues sur les pistes comprenant différents types de courbes. Les modifications concernent les pontons, avec une découpe sous les entrées d'air plus prononcée et une ravine plus étroite et sinueuse, tandis que la courbure du soubassement est accentuée pour faciliter l'écoulement de l'air vers le haut et l'arrière du bolide. Ces solutions sont inspirées par Red Bull. Williams apporte aussi des évolutions, seulement destinées à Albon. La FW45 adopte un ponton en forme de « toboggan ». La sortie du refroidissement supérieur est en outre retouchée pour mieux aérer le moteur et aussi sans doute à des fins aérodynamiques. Des modifications - restées secrètes - apparaissent aussi sur le fond plat. « Je peux simplement vous promettre que cela ne ressemble pas à ce que fait Red Bull ! » commente Dave Robson, directeur de la performance.
Essais et qualifications
Vendredi, la première session d'essais s'interrompt au bout de trois minutes. Tandis que le drapeau rouge est déployé pour évacuer l'Alpine de Gasly, victime d'une avarie électronique, une panne générale frappe le système de vidéosurveillance. La direction de course est incapable d'observer ce qui se passe sur l'ensemble du circuit. Les services techniques interviennent très vite, mais le problème ne peut être immédiatement résolu, si bien que la séance est tout simplement annulée. Une fois toutes les connexions rétablies, la deuxième session libre est rallongée d'une demi-heure pour permettre aux pilotes de rattraper un peu du temps perdu. Sous un ciel menaçant, les Mercedes occupent les avant-postes, Hamilton (1'13''718''') devant Russell, avant qu'un déluge ne s'abatte sur l'Île Notre-Dame et ne mette fin à l'entraînement.
Samedi, la dernière séance se déroule entre deux averses et les pilotes roulent en pneus pluie, puis en intermédiaires, avant qu'un nouveau crachin n'achèvent leurs efforts. Sur un sol humide, Verstappen se montre le plus véloce tandis que Sainz heurte rudement les glissières après être parti en aquaplanage au virage n°1.
Les qualifications sont aussi perturbées par la pluie. La séance commence sur piste humide et si une courte amélioration permet un temps de chausser les slicks en Q2, les précipitations reprennent dès la fin de cette étape. En Q3, les pilotes n'ont que trois minutes pour signer un chrono, jusqu'à ce que Piastri provoque un drapeau rouge en heurtant le mur au virage n°5. Après cela, la piste est trop détrempée pour permettre une amélioration.
Impérial dans ces conditions humides, Verstappen réalise sa 25ème pole position (1'25''858''') avec plus d'une seconde d'avance sur toute concurrence. Sur l'autre Red Bull, Pérez (12e) est de nouveau éliminé dès la Q2 car il a chaussé les pneus slicks trop tard, alors que la pluie recommençait à tomber. Alonso hérite de la deuxième place après la pénalité de Hülkenberg et espère que son Aston Martin lui permettra de menacer Verstappen. Stroll (16e) s'illustre de piètre façon: il part en tête-à-queue en Q2, endommage son aileron, ne franchit pas cette étape puis est pénalisé de trois rangs pour avoir gêné un concurrent. Les Mercedes (Hamilton 3e, Russell 4e) occupent la deuxième ligne et visent le podium pour dimanche. Hülkenberg réalise un sensationnel deuxième temps au volant de sa Haas, mais il est sanctionné de trois places pour ne pas avoir suffisamment ralenti lors du drapeau rouge. L'Allemand s'élancera cinquième. Son collègue Magnussen (13e) est beaucoup moins brillant. Ocon place son Alpine en sixième position et ce malgré une seconde séance libre écourtée par une chute de pression d'eau. Gasly (15e) est éliminé dès la Q1, en grande partie à cause de Sainz qui l'a gêné dans son dernier tour lancé.
Les McLaren-Mercedes atteignent la Q3 mais Norris (7e) pense qu'il aurait pu mieux faire s'il n'avait été coupé dans son élan par le drapeau rouge provoqué par son compère Piastri (8e). Premier pilote à avoir chaussé les pneus slicks, Albon (9e) signe le meilleur temps en Q2 grâce à cet heureux pari stratégique. Sargeant (18e) est beaucoup plus discret. Ferrari vit une séance catastrophique. Alors qu'il semblait pouvoir menacer Verstappen, Leclerc (10e) reste trop longtemps et contre son gré en pneus intermédiaires. Lorsqu'il passe en slicks, la pluie retombe... Éliminé en Q2, le Monégasque ne dissimule pas sa vive irritation. Sainz (11e) atteint la Q3 mais est logiquement sanctionné de trois positions pour avoir bouchonné Gasly. Les Alfa Romeo ne brillent pas: Bottas (14e) cale en Q2 et Zhou (20e) doit mettre pied à terre suite à une perte de puissance. Enfin, les AlphaTauri sont aussitôt éliminées: de Vries (17e) ne parvient pas à faire chauffer ses pneus et Tsunoda (19e) écope de trois places de pénalité pour avoir entravé la marche de Hülkenberg.
Le Grand Prix
Dimanche, la météo est plus clémente à Montréal. La course se déroule par temps frais (18°C) mais le soleil perce les nuages. La majorité du peloton s'élance en pneus médiums (C4). Pérez, Magnussen et Bottas sont en gommes dures (C3) alors que seul Gasly part avec les tendres (C5). La piste ayant été lavée par les différentes averses, les pneus devraient s'altérer assez rapidement et deux arrêts sont à prévoir. Les mécaniciens de Ferrari doivent réparer in extremis le fond plat de Leclerc, quelque peu endommagé lors de son tour d'installation.
Départ: Verstappen conserve la première place tandis que Hamilton se porte à la hauteur d'Alonso et le dépasse par l'intérieur. Russell tente ensuite de déborder l'Espagnol au virage n°3, en vain.
1er tour: Mal parti, Sainz attaque Pérez à la seconde chicane, escalade le vibreur et est repoussé vers l'extérieur. Il assaille de nouveau le Mexicain à l'épingle, sans succès, avant le doubler dans la ligne droite longeant le bassin olympique. Surpris par le freinage de Pérez, Magnussen doit virer au large et perd quelques places. Verstappen devance Hamilton, Alonso, Russell, Ocon, Hülkenberg, Piastri, Norris, Leclerc et Albon. Tsunoda chausse déjà les pneus durs.
2e: Verstappen se forge un peu plus d'une seconde d'avance sur Hamilton. Alonso est au contact du Britannique. Dans le peloton, Leclerc prend les McLaren en chasse.
4e: Verstappen compte une seconde et demie d'avance sur Hamilton. Alonso lèche le muret avec sa roue arrière-droite en quittant la première chicane.
5e: Verstappen accroît quelque peu son avance en tête de l'épreuve. Hülkenberg (6e) mène un véritable « train DRS » qui ne comprend pas moins de treize pilotes, jusqu'à Zhou, avant-dernier !
6e: Verstappen précède Hamilton (2.1s.), Alonso (2.6s.), Russell (4s.), Ocon (8.4s.), Hülkenberg (10s.), Piastri (10.4s.), Norris (11.2s.), Leclerc (11.8s.), Albon (12.4s.), Sainz (12.8s.) et Pérez (14s.).
7e: Piastri dépasse Hülkenberg au premier tournant. Sargeant s'immobilise dans l'échappatoire du virage n°6 après que Williams a repéré une fuite d'huile sur son moteur. Les drapeaux jaunes sont déployés.
8e: La « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée pendant trente secondes, le temps pour les commissaires d'évacuer la voiture de Sargeant.
9e: Verstappen possède trois secondes d'avance sur un trio Hamilton - Alonso - Russell qui se tient en une demi-seconde.
10e: Verstappen est premier devant Hamilton (3.5s.), Alonso (4.3s.), Russell (5.1s.), Ocon (10.5s.), Piastri (14.2s.), Hülkenberg (16.5s.), Norris (16.8s.), Leclerc (17.1s.), Albon (17.6s.), Sainz (18.1s.) et Pérez (18.6s.). Gasly chausse les gommes dures.
11e: Englués dans le peloton contenu par Hülkenberg, Stroll et de Vries passent aux stands pour prendre les enveloppes dures.
12e: Russell escalade le vibreur de la seconde chicane et percute le mur externe par l'avant et l'arrière-droit, semant une foule de débris sur le bitume. L'Anglais regagne les stands au ralenti, avec un aileron avant endommagé et une roue crevée. La voiture de sécurité intervient et c'est la ruée aux stands pour mettre les pneus durs. Verstappen apparaît le premier (2.3s.), suivi par Hamilton (3.2s.) et Alonso (2.3s.). L'Anglais repart juste sous le nez de son ancien équipier qui freine pour l'éviter. Ocon, Piastri, Norris, Albon et Zhou changent aussi de pneus. Norris est relâché assez dangereusement devant Albon.
13e: Le peloton se range derrière la Safety Car. Ferrari choisit de laisser Leclerc (4e) et Sainz (5e) dehors avec les pneus médiums qu'ils sont les derniers à porter. Pérez, Magnussen et Bottas gardent les pneus durs avec lesquels ils sont partis. Russell stoppe chez Mercedes et redémarre après quelques réparations. Miraculeusement, sa suspension a tenu le choc !
16e: Les commissaires ont balayé les débris. Le drapeau vert est agité à la fin de ce tour. Verstappen devance Hamilton, Alonso, Leclerc, Sainz, Pérez, Magnussen, Bottas, Ocon, Piastri, Norris, Albon, Tsunoda, Zhou, Hülkenberg, Stroll, de Vries, Gasly et Russell qui a rejoint le peloton.
17e: Verstappen s'échappe aisément tandis qu'Alonso menace Hamilton. Norris double son équipier Piastri à l'épingle.
18e: Verstappen compte une seconde et demie d'avance sur Hamilton. Norris repousse une contre-attaque de Piastri au premier tournant.
19e: L'usage du DRS est autorisé. Ocon déborde Bottas. Piastri manque son freinage à la dernière chicane et tire tout droit, ce qui permet à Albon de le dépasser.
20e: Deux secondes séparent Verstappen et Hamilton. Magnussen laisse passer Ocon qu'il a indûment doublé derrière la Safety Car. Il cède ensuite devant Bottas.
21e: Le convoi DRS se reforme, allant de Bottas (8e) à Russell (19e) ! Norris dépasse Magnussen, en délicatesse avec ses gommes.
22e: Alonso est dans les roues de Hamilton. Il prend son aspiration dans l'avant-dernière ligne droite, ouvre son aileron mobile, plonge à l'intérieur et conquiert la deuxième place au freinage. Albon se loupe à cet endroit et repasse derrière Piastri.
23e: Verstappen devance Alonso (2.8s.), Hamilton (3.6s.), Leclerc (5.3s.), Sainz (6s.), Pérez (9.8s.), Ocon (14.4s.), Bottas (16s.), Norris (16.4s.), Magnussen (18.1s.), Piastri (18.8s.) et Albon (19.5s.).
24e: Étonnamment, les Ferrari en pneus médiums ne sont pas semées par le trio de tête et tiennent Pérez à distance. Piastri prend la dixième place à Magnussen.
26e: Verstappen possède trois secondes de marge sur Alonso. Hamilton roule à deux secondes de l'Espagnol.
27e: Tentant de faire l'extérieur à Hülkenberg pour la 15e place, Stroll est tassé vers l'extérieur. Déséquilibré, le Canadien s'engage droit dans la voie des stands ! Il y rechausse les pneus durs.
28e: Verstappen est premier devant Alonso (3.2s.), Hamilton (5s.), Leclerc (7.8s.), Sainz (9.8s.), Pérez (13.2s.), Ocon (19s.), Bottas (21s.), Norris (21.7s.) et Piastri (24.7s.). Albon reprend la 11e place à Magnussen.
30e: L'avance de Verstappen sur Alonso atteint quatre secondes. Hamilton est relégué à six secondes et demie.
32e: Verstappen précède Alonso (4.1s.), Hamilton (7.6s.), Leclerc (10.7s.), Sainz (12.3s.), Pérez (16.7s.), Ocon (23.8s.), Bottas (26.6s.), Norris (28s.), Piastri (30.7s.), Albon (32.5s.) et Magnussen (35s.). Hülkenberg puis Zhou remplacent leurs gommes pour la seconde fois.
33e: Alonso roule à cinq secondes de Verstappen. Gasly rechausse des pneus durs. Tsunoda fait de même au tour suivant.
35e: De Vries assaille Magnussen au premièr virage pour conquérir la 12e place. Les deux hommes se touchent et sont renvoyés à l'extérieur de l'épingle Senna, ce qui permet à un Russell opportuniste de les dépasser. Dans le bout droit suivant, de Vries retente sa chance face à Magnussen mais freine beaucoup trop tard et tous deux atterrissent dans l'échappatoire. Les drapeaux jaunes sont brandis. Magnussen parvient facilement à s'en sortir, mais de Vries reste longtemps immobilisé avant de pouvoir enclencher la marche arrière. Norris reprend des enveloppes dures.
36e: Verstappen garde une avance de cinq secondes sur Alonso. Ocon rechausse des gommes dures (2.5s.). Bottas effectue son unique pit-stop et se saisit de pneus médiums. Magnussen s'empare aussi de ce composé.
37e: Piastri reprend des enveloppes dures. Norris écope de cinq secondes de pénalité car il a trop ralenti lorsqu'il est entré aux stands derrière son équipier. Son objectif était évidemment de laisser de l'avance à l'Australien pour ne pas patienter derrière celui-ci, une pratique usuelle que la FIA semble vouloir bannir...
38e: Pérez passe chez Red Bull et s'empare de gommes médiums (2.3s.). Il repart derrière Albon.
39e: Verstappen compte cinq secondes d'avantage sur Alonso, dix secondes sur Hamilton. Sainz fait halte chez Ferrari pour prendre des gommes dures (2.8s.). Pérez se défait aisément d'Albon.
40e: Leclerc se saisit à son tour du composé dur (2.9s.) et reprend la piste devant son équipier Sainz.
41e: Hamilton arrive chez Mercedes pour son second pit-stop. Il chausse des gommes médiums (2.3s.) et conserve sa troisième place. Pérez améliore le record du tour (1'16''410''').
42e: Alonso apparaît chez Aston Martin et reprend pour sa part le composé dur (2.6s.) avant de repartir devant Hamilton.
43e: Verstappen effectue une tranquille escale à son stand pour mettre les gommes médiums (2.7s.). Ferrari demande à Leclerc (4e) et Sainz (5e) de geler leurs positions.
44e: Verstappen mène devant Alonso (4.3s.), Hamilton (9.5s.), Leclerc (12.3s.), Sainz (14.6s.), Pérez (17.9s.), Albon (24.5s.), Russell (26.3s.), Ocon (30s.), Bottas (31.2s.), Norris (33s.) et Stroll (34.4s.).
46e: Alonso améliore ses chronos mais Hamilton est le plus rapide actuellement (1'15''879''').
47e: Hamilton est revenu à trois secondes d'Alonso qui s'astreint à du « lift and cost ». Russell est revenu sur les talons d'Albon qui détient une belle septième place et ne compte pas s'arrêter une deuxième fois.
49e: Verstappen devance Alonso (5.5s.), Hamilton (8.7s.), Leclerc (12.3s.), Sainz (14.7s.), Pérez (18.7s.), Albon (31.7s.), Russell (32.3s.), Ocon (34.2s.), Bottas (35.6s.), Norris (37s.) et Stroll (39.6s.).
51e: Six secondes séparent Verstappen et Alonso. Celui-ci a allongé sa foulée et repousse Hamilton à trois secondes et demie. Second arrêt de de Vries.
53e: Albon résiste toujours à la pression de Russell. Ce duo est désormais rejoint par le trio Ocon - Bottas - Norris.
54e: L'intervalle entre Verstappen et Alonso atteint sept secondes. Nouvel effort de Hamilton qui a repris une seconde au pilote Aston Martin. Russell est rappelé au garage Mercedes pour abandonner suite à une surchauffe inquiétante de ses freins.
55e: Russell éliminé, Albon doit désormais résister à Ocon, lui-même pressé par Bottas et Norris. Stroll et Piastri se rapprochent de ce groupe. Nouvel arrêt de Magnussen. Comme d'habitude, les Haas dévorent leurs pneus en course...
57e: Verstappen mène devant Alonso (7.5s.), Hamilton (9.4s.), Leclerc (14.4s.), Sainz (17.4s.), Pérez (25.6s.), Albon (44.8s.), Ocon (45.3s.), Bottas (45.6s.), Norris (46.6s.), Stroll (48s.), Piastri (52.2s.) et Gasly (55s.).
58e: Hamilton attaque et revient à moins d'une seconde et demie d'Alonso.
60e: Le ciel s'assombrit en cette fin de course, mais il ne pleuvra pas. Hamilton frôle le « mur des champions » et perd quelques dixièmes dans ce dérapage. Stroll fait sa jonction avec le groupe Albon.
62e: Verstappen précède Alonso (8s.), Hamilton (10s.), Leclerc (15.5s.), Sainz (18.5s.), Pérez (28.2s.), Albon (57s.), Ocon (57.7s.), Bottas (58.2s.), Norris (58.7s.), Stroll (59.3s.) et Piastri (1m. 02s.).
63e: Alonso repousse Hamilton à deux secondes et demie. Norris déborde Bottas. Le Finlandais réplique dans la ligne droite suivante, se porte à la hauteur de la McLaren mais, placé à l'extérieur, il ne peut que céder face à son adversaire.
65e: Verstappen escalade rudement les vibreurs de la deuxième chicane, sans dommages pour lui. Ocon continue de menacer Albon, mais est lui-même harcelé par Norris qui a besoin de conquérir le plus de places possibles pour atténuer l'effet de sa pénalité.
67e: Verstappen précède Alonso (8.3s.), Hamilton (11.4s.), Leclerc (16.1s.), Sainz (19.6s.), Pérez (30.3s.), Albon (56s.), Ocon (56.5s.), Norris (56.7s.), Bottas (58.6s.), Stroll (59s.) et Piastri (59.8s.).
68e: L'aileron arrière d'Ocon bouge dangereusement dans les accélérations, ce que signale Norris qui évolue dans son sillage.
69e: Pérez passe par le stand Red Bull pour chausser les pneus tendres. Il part en chasse du meilleur chrono. Norris harcèle Ocon et Stroll met la pression sur Bottas.
70e et dernier tour: Norris tente en vain de surprendre Ocon par l'extérieur à l'épingle. Tous deux abordent l'avant-dernière ligne droite avec le DRS ouvert. Norris tente le tout pour le tout, se met à la hauteur de l'Alpine, mais il doit tirer tout droit au freinage. Juste derrière eux, Stroll chipe la 10e place à Bottas sur la ligne d'arrivée.
Max Verstappen remporte le GP du Canada devant Alonso et Hamilton. Les Ferrari de Leclerc (4e) et de Sainz (5e) sauvent les meubles après un samedi calamiteux. Pérez se classe sixième et signe le record du tour (1'14''481'''). Albon conquiert une très belle septième place pour Williams. Ocon est huitième. Norris recule de la 9e à la 13e place du fait de sa pénalité. Les derniers points reviennent donc à Stroll et Bottas. Piastri est 11e, Gasly 12e. Après Norris viennent Tsunoda, Hülkenberg, Zhou, Magnussen et de Vries.
Après la course: Verstappen rejoint Senna
Cette victoire de Max Verstappen est la 100ème de Red Bull en Formule 1, treize ans seulement après la toute première, glanée en Chine en 2009. L'équipe austro-britannique n'est devancée au palmarès que par Ferrari (242), McLaren (183), Mercedes (125) et Williams (114). Toutefois, Verstappen l'emporte ici avec une marge plus faible qu'à l'accoutumée, en partie à cause de l'atmosphère plutôt fraîche, la RB19 ayant peiné à chauffer ses pneus avant. « Ce n'était pas une course facile car les pneus étaient difficiles à faire monter en température, il faisait plus froid que vendredi et je glissais un peu, narre Verstappen. Le grip disparaissait assez vite. C'est pour cela que mon avance sur mes poursuivants n'a jamais été grande. Mais au final, tout s'est bien passé et signer la centième victoire pour l'équipe est incroyable. L'objectif maintenant, c'est d'atteindre les 200 ! » De son côté, le Batave signe sa 41ème victoire en F1 et rejoint Ayrton Senna au palmarès. Né après la disparition du Brésilien, il ne s'en émeut guère: « Je déteste comparer différentes générations. La seule chose que je peux dire, c'est que quand j'étais petit et que je faisais du karting, je rêvais d'être pilote de F1 et je n'aurais jamais imaginé gagner 41 Grands Prix. Je suis très fier d'égaler Senna, mais je ne compte pas m'arrêter là ! » Vue sa domination sur cette saison 2023, Verstappen peut espérer atteindre dès la fin de l'année les 51 succès d'Alain Prost...
Verstappen est accompagné sur le podium par Adrian Newey qui fête quant à lui sa 200ème victoire, la première remontant au Grand Prix du Mexique 1991, remporté par Riccardo Patrese au volant de la Williams-Renault FW14 conçue par le génial ingénieur anglais. « 200 victoires, ce fut une aventure assez incroyable ! » commente-t-il. « C'est d'autant plus spécial d'atteindre ce chiffre ici que la première aurait dû avoir lieu à Montréal, en 1991. Nigel Mansell menait dans le dernier tour, mais il a oublié de rétrograder en faisant signe à la foule !... Depuis, je sais qu'on ne peut pas considérer une victoire comme acquise avant le drapeau à damiers ! »
Fernando Alonso et Aston Martin redressent la barre après leur petite contre-performance barcelonaise. L'Espagnol pensait que Montréal serait un meilleur circuit pour son AMR23 et ne s'est pas trompé, même s'il aurait aimé titiller davantage Max Verstappen. « On s'attendait à davantage défier les Red Bull mais j'ai perdu une place face à Hamilton au départ et j'ai dû me battre avec les Mercedes. J'ai été surpris de pouvoir repasser Lewis en piste. Dans la première partie de la course, j'étais le plus rapide, mais ensuite c'était lui qui avait le plus de rythme. En outre, nous avons dû parcourir le dernier relai en pneus durs parce que nous n'avions plus de médiums. Je n'ai pas eu un tour durant lequel j'ai pu me détendre. J'ai en effet accompli 70 tours de qualifications. C'était une bataille incroyable ! »
Alonso a apprécié cette belle bagarre avec son vieux rival Lewis Hamilton. La Mercedes est elle aussi en progrès, et malgré l'abandon de George Russell, l'écurie anglo-allemande est satisfaite de son dimanche. « Les conditions étaient très difficiles, mais j'ai adoré être dans la voiture », rapporte Hamilton. « Nous sommes sur la bonne voie. Pour nous, être sur la deuxième ligne était génial, et finir sur le podium pour la seconde fois de suite l'est tout autant. Cela va être une bataille de développement avec Aston Martin et Ferrari durant toute la saison. Ici, nous savions que nous ne serions pas au mieux car nous manquions de traction dans les virages lents. Il faut que nous arrivions à rajouter un peu d'appui sur l'arrière. Mais nous progressons et je pense que nous y parviendrons à un moment ou un autre ! » Toto Wolff est tout aussi satisfait et confirme que Montréal n'était pas un tracé idéal pour la W14: « Nous n'étions pas très loin de Verstappen, beaucoup plus proche que nous l'espérions en début de saison », souligne-t-il.
Ferrari engrange ici 22 points grâce à une stratégie très audacieuse. Charles Leclerc et Carlos Sainz ont effectué un très long premier relais en pneus médiums alors que tous les autres concurrents partis avec ce composé s'en sont débarrassés dès la voiture de sécurité, au 12ème tour. Mais pour une fois, la SF-23 a ménagé ses enveloppes et les deux pilotes rouges, partis au milieu du peloton, se sont installés au pied du podium. « Les pilotes nous ont dit qu'ils étaient gênés dans le trafic : ils y abîmaient leurs pneus à cause de l'air sale, narre Frédéric Vasseur. Par conséquent, nous ne les avons pas arrêtés en même temps que les autres, afin qu'ils aient une piste libre et ménagent les gommes. Mais bien sûr, c'était très risqué, car s'il y avait eu une nouvelle neutralisation quinze tous plus tard, ce n'était plus la même histoire. Mais c'était aussi pour nous le meilleur moyen de récupérer des places. » Ce bon résultat dominical ne doit pas faire oublier que les Ferrari étaient très compétitives lors des essais libres et auraient sans doute fait beaucoup mieux si les qualifications n'avaient pas tourné au fiasco... « Nous progressons course après course, tout en scrutant les moindres détails pour nous assurer que nous pouvons avoir un week-end parfait du vendredi au dimanche », conclut Vasseur.
Enfin, l'exploit du jour est signé Alexander Albon, époustouflant septième au volant de sa modeste Williams. L'Anglo-Thaï est parvenu à parcourir près de 60 tours avec ses pneus durs et à résister en fin d'épreuve à la pression d'Esteban Ocon. « Nous savions que par le passé, Alex s'était montré exceptionnellement bon pour gérer les courses et se défendre face à plusieurs voitures », commente Dave Robson. « Aujourd'hui, il a été capable de doubler en piste et de profiter des améliorations de la FW45 pour aller chercher un très beau résultat grâce à un pilotage d'exception. » Sa performance est d'autant plus méritante qu'il avait déjà la veille remporté un superbe pari stratégique en commençant la Q2 en slicks, sur une piste encore humide. Faut-il voir dans ces coups de poker réussis la patte du nouveau patron, James Vowles, l'ex-stratège en chef de Mercedes ? Toujours est-il que ces six précieux points permettent à Williams de céder la dernière place du classement des constructeurs à AlphaTauri... ce qui pourrait valoir quelques millions de dollars de droits commerciaux en fin de saison.
Sources :
- Auto Hebdo n°2418, 21 juin 2023
- https://www.lapresse.ca/sports/course-automobile/2023-06-15/grand-prix-du-canada/lance-stroll-pas-encore-maitre-chez-lui.php
- https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/canada-f1-technique-evolution-aston-martin-amr-23/
Tony