Pirelli fait monter la pression
Depuis le 15 juin, la FIA procède à de nouveau tests pour évaluer la flexibilité des ailerons arrière, une mesure destinée à éteindre la polémique lancée par Mercedes contre Red Bull et relatée dans les épisodes précédents. A priori, RBR se conforme aux nouvelles normes puisque durant ce week-end, il ne sera plus questions de ces ailes litigieuses. Mais, comme la F1 ne peut pas vivre sans controverse, les pneus Pirelli sont désormais au centre d'une nouvelle querelle. Le GP d'Azerbaïdjan a été marqué par les accidents de Lance Stroll et de Max Verstappen consécutifs aux éclatements subits de leur pneu arrière-gauche. Les écuries concernées, Aston Martin et Red Bull, ont pointé du doigt le manufacturier Pirelli, lequel s'est dans un premier temps dédouané en invoquant des « débris » qui auraient été à l'origine de ces crevaisons. Cependant, dans une enquête dont les résultats sont publiés le 16 juin, Pirelli change de version et met en exergue une « fissure circonférentielle du flanc intérieur qui pourrait être liée aux conditions d'utilisation du pneu ». En fait, sans l'écrire, Pirelli soupçonne Red Bull et Aston Martin d'avoir joué avec la pression et la température des pneumatiques. Il se murmure en effet dans le paddock que certaines écuries appliqueraient aux pneus une pression inférieure au seuil minimal recommandé, ou les chaufferaient plus que de raison afin d'accroître les performances... au détriment de la sécurité. Comme les niveaux de pression sont contrôlés avant le départ, la question est de savoir s'il est possible de les modifier en cours de Grand Prix.... Pirelli semble le penser.
C'est pourquoi, ce même 16 juin et comme par hasard, Nikolas Tombazis, le directeur technique de la FIA, publie une note ultra-détaillée qui encadre sévèrement l'utilisation des pneumatiques. Des contrôles aléatoires seront désormais appliqués après utilisation pour vérifier la pression. Seront concernées toutes les enveloppes utilisées en course, ainsi que celles avec lesquelles chaque pilote aura réalisé sa meilleure tentative en qualifications. En outre, Tombazis entend maîtriser l'action des couvertures chauffantes et rappelle que dépasser la température recommandée par Pirelli est une infraction au règlement sportif. Enfin, il entend s'assurer que la composition du gaz utilisé pour gonfler les pneus et sa teneur en humidité ne subissent aucune modification en vue de baisser la pression.
Ni Pirelli ni la FIA n'incrimine une écurie en particulier, mais Red Bull et Aston Martin se sentent visées par ces rapports. C'est pourquoi ces deux écuries se fendent chacune d'un communiqué faisant état de leur mécontentement devant les insinuations du manufacturier, que la fédération semble faire siennes. Pour Christian Horner comme pour Otmar Szafnauer, le seul responsable des explosions de Bakou demeure Pirelli. Max Verstappen se charge de relayer les critiques de son patron: « Nous avons confié à Pirelli nos pressions de pneus et elles étaient dans les limites fixées. Si ces limites ne sont pas correctes, nous n'y pouvons rien, nous suivons simplement ce qui est possible dans le cadre des règles. Si à l'avenir nous devons augmenter les pressions, nous le ferons. » Bien entendu, Lewis Hamilton profite de cette polémique pour titiller Red Bull et Verstappen, et prend ainsi le parti de Pirelli. « Nous n'avons pas de problème avec nos pneus, ils sont même plus robustes qu'auparavant. Pirelli fait un excellent travail », commente le champion du monde, qui semble avoir oublié que son propre pneu arrière-gauche présentait à Bakou une déchirure suspecte...
Ocon: trois ans de plus avec Alpine
Le 17 juin, Alpine-Renault annonce la prolongation du contrat d'Esteban Ocon pour trois saisons supplémentaires, jusqu'à fin 2024. Voici une excellente nouvelle pour le natif d'Évreux dont l'avenir paraissait flou voilà encore quelques mois. Nettement dominé par Daniel Ricciardo en 2020, Ocon était attendu au tournant en 2021 et beaucoup le voyaient subir la loi de Fernando Alonso. Or, tout au contraire, c'est bien le jeune Français qui tire Alpine vers le haut cette année tandis que le double champion du monde peine encore à se réacclimater à la F1. Ocon paraît plus serein, plus à l'aise au sein de l'équipe. De son propre aveu, cette assurance retrouvée découle de la relation fructueuse qu'il entretient avec son nouvel ingénieur Josh Peckett, lequel a succédé cet hiver à Mark Slade, avec lequel les rapports étaient conflictuels. Ocon s'entend également très bien avec Stuart Barlow, son ingénieur de la performance, qu'il avait déjà côtoyé chez Manor, et c'est donc grâce à cet environnement chaleureux et familier qu'il s'épanouit enfin chez Alpine. « Nous avons l'objectif commun de faire d'Alpine un top team, et cela a aidé aux négociations », explique-t-il. « Je suis ravi car cette équipe m'a aidé dès mes débuts, en 2010. J'ai grandi avec elle. Je mesure ma chance: trois ans, c'est le plus long contrat que j'ai jamais eu ! »
Cependant, en dépit de cet engagement à long terme, Esteban Ocon demeure contractuellement lié à Mercedes, mais ses liens avec la firme à l'Étoile semblent se distendre. « Esteban est un pilote géré par Mercedes, mais il n'y a pas de clause permettant de le débaucher. Il est donc avec nous pour les trois prochaines années » assure Laurent Rossi, le président d'Alpine. Ainsi, Ocon ne sera donc probablement pas le successeur de Lewis Hamilton chez Mercedes-AMG, mais peu importe, puisque son objectif est de gagner un jour le championnat avec Alpine-Renault.
Présentation de l'épreuve
La Formule 1 retrouverait-elle sa popularité d'antan en France ? Après des années d'un désamour souligné par la disparition du Grand Prix de France pendant dix ans, la discipline reine des sports mécaniques profite depuis quelque temps d'un regain d'intérêt dans l'Hexagone. La victoire de Pierre Gasly à Monza, en septembre 2020, la première d'un Tricolore en F1 depuis 24 ans, mais aussi l'ascension de Monégasque - et donc quasi-Français - Charles Leclerc ou la création de l'écurie Alpine-Renault sont les catalyseurs de ce retour de flamme. Ainsi, selon un sondage réalisé par le cabinet Nielsen Sports, 27 % des Français se disent intéressés par la F1 en avril 2021, soit une progression de 4 % en un an. En outre, Canal + enregistre d'excellentes audiences à chaque retransmission, au point d'oser diffuser certaines épreuves en clair, comme justement ce GP de France. On constate aussi que la popularité des pilotes français Esteban Ocon et Pierre Gasly est en forte hausse sur les réseaux sociaux: chacun compte plusieurs centaines de milliers d'abonnés sur Twitter, Facebook et Instagram. Enfin, le succès de la série-documentaire de Netflix « Drive to Survive », qui plonge le spectateur dans les coulisses de la discipline, a élargi et rajeuni le public de la F1, lequel avait tendance depuis deux décennies à se recroqueviller autour d'une poignée de passionnés vieillissants et parfois grincheux. « La France brille de nouveau un peu en F1, mais aussi en Moto GP avec Fabio Quartararo et Johann Zarco. Cela suscite un vif intérêt », constate Ocon. « La F1 s'est ouverte à des médias un peu plus globaux et puis Netflix nous a offert plus de visibilité auprès du grand public. Cela fait plaisir de voir cette popularité retrouvée. »
Hélas, cet enthousiasme ne pourra guère s'exprimer durant ce week-end, puisque le gouvernement français ne fait qu'entrouvrir les tribunes du Castellet, toujours en raison de la « crise sanitaire », qui semble pourtant terminée en Europe occidentale. Seuls 15 000 spectateurs sont tolérés, et encore doivent-ils se munir d'un « pass sanitaire », c'est-à-dire être vaccinés ou avoir subi un test PCR juste avant de se rendre sur le circuit. Ils ne profitent pas non plus de la brise provençale, puisque le port du masque est encore et toujours obligatoire. Par ailleurs, 15 000 personnes sont réparties par paquets de 5000 en trois « zones hermétiques » afin d'éviter au maximum les contacts. Enfin, la FIA a compliqué l'organisation de ce Grand Prix en l'avançant d'une semaine afin de pallier l'annulation du GP de Turquie, et ce à peine un mois avant l'échéance. Le directeur du circuit Eric Boullier n'a guère goûté ce changement de date, mais là n'est pas son principal souci, puisqu'avec cette jauge restreinte de spectateurs, c'est tout le modèle économique du Grand Prix qui a dû être repensé avec l'aide de la Région PACA, afin de limites les pertes financières.
Le pouvoir sportif ne cesse d'édicter des normes toujours plus draconiennes pour empêcher les pilotes de rouler hors des limites de la piste. Ce problème se pose avec acuité au Castellet, circuit célèbre pour les « parkings de supermarchés » qui lui tiennent lieu de dégagements. Aussi, afin de refroidir les ardeurs des vingt vaillants guerriers, la direction de course fait poser des vibreurs jaunes en forme de baguettes (de pain ?) au-delà des traditionnels trottoirs blancs et rouges dans les virages litigieux (La Verrerie, l'Hôtel, le Camp, Sainte-Baume et la Chicane Nord). Ces énormes saucisses remplissent leur office au-delà de toute espérance puisque, lors des essais du vendredi, plusieurs pilotes, notamment Valtteri Bottas et Max Verstappen, y râpent leur fond plat ou endommagent leurs ailerons. Ron Meadows et Jonathan Wheatley, les directeurs sportifs de Mercedes et de Red Bull, s'en plaignent auprès de Michael Masi et demandent leur retrait. Le directeur de course fait la sourde oreille, répliquant que ces bandes jaunes (5 cm) étaient déjà présentes lors de la précédente édition, en 2019, et que leur hauteur n'est pas plus grande que celles d'autres éléments dissuasifs présents sur d'autres tracés. De fait, elles resteront en place.
Jost Capito s'empare de tous les pouvoirs chez Williams. Le directeur de l'écurie Simon Roberts, qui avait assuré l'intérim entre le départ de la famille Williams et la prise en main par Dorilton Capital, était semble-t-il désormais de trop à Grove. Capito, jusqu'alors directeur général, récupère les fonctions de « team principal » tandis que son acolyte François-Xavier Demaison cumulera désormais la direction technique et celle des opérations en piste. Dans le même temps, Aston Martin débauche le designer en chef d'Alfa Romeo, Luca Furbatto, un ingénieur renommé qui a notamment collaboré jadis avec BAR, Toyota, McLaren, Toro Rosso ou encore Manor. Furbatto travaillera à Silverstone avec le titre de directeur de l'ingénierie, sous les ordres du directeur technique Andrew Green.
Mercedes avait prévu d'offrir ce week-end à Romain Grosjean une exhibition au volant d'une W08 afin que celui-ci puisse fêter dignement son retrait de la F1, précipité par son terrible accident de Sakhir. Hélas, cette petite fête a été annulée en raison de l'avancement du Grand Prix, Grosjean devant ce week-end participer à une épreuve d'IndyCar. Un test privé aura cependant bien lieu au Castellet à une date ultérieure, et tout le monde espère que le public pourra alors venir acclamer le pilote français.
Mercedes procède ce week-end à un échange de châssis entre Lewis Hamilton et Valtteri Bottas afin principalement de répondre à la détresse du Finlandais qui, à Bakou, n'a jamais pu trouver le bon équilibre sur sa W12. « Notre voiture est sur le fil du rasoir sur les pistes atypiques comme Monaco ou Bakou, plaide-t-il, mais sur des circuits plus conventionnels, comme le Paul-Ricard, trouver le bon set-up devrait être plus facile. » Pour sa part, Hamilton dément être troublé par ce changement de voiture, et ce bien que lui aussi ait du mal à dénicher les bons réglages depuis le début de la saison. Chez Red Bull, Verstappen dispose ce week-end d'un moteur Honda tout neuf. McLaren apporte plusieurs évolutions à sa monoplace: nouveau capot-moteur, aileron arrière plus imposant, apparition d'ailettes « type Mercedes » au sommet du museau. Ces nouveautés donnent satisfaction à Norris comme Ricciardo. Ferrari - privée de son sponsor Mission Winnow, banni dans les pays de l'UE - arbore un aileron arrière en forme de cuiller, déjà vu à Imola et à Bakou. Enfin, Williams a retouché les dérives latérales de la FW43B afin de rendre celle-ci moins sensible aux rafales de vent.
Essais et qualifications
Un brûlant soleil illumine les essais libres du vendredi. La première séance est dominée par les Mercedes de Bottas et de Hamilton. Un peu plus tard, lors de la seconde session, Verstappen réalise en pneus tendres le meilleur chrono de la journée (1'32''872'''), huit millièmes devant Bottas qui était muni de pneus médiums. Plus significatif, le Néerlandais tourne en 1'31''300''' samedi matin et cette fois relègue Bottas, doté des mêmes pneus tendres, à sept dixièmes. De l'avis général, la Red Bull fait la différence dans les trois lignes droites du tracé où sa configuration aérodynamique légère lui offre un avantage indéniable.
Les qualifications se déroulent dans une atmosphère lourde et orageuse (30°C). Le mistral souffle en rafales et perturbe les pilotes. La Q1 est marquée par deux drapeaux rouges successivement provoqués par Tsunoda et Schumacher. Verstappen réalise sa cinquième pole position (1'29''990''') avec une nette avance d'environ trois dixièmes sur les Mercedes qui ne peuvent rivaliser avec les Red Bull en vitesse de pointe. Hamilton (2ème) décroche la première ligne en dépit de nombreuses difficultés dans la mise au point de sa W12. L'Anglais a finalement décidé de simplifier son aileron arrière pour rivaliser avec Verstappen en ligne droite. Bottas (3ème) était jusqu'ici plus à l'aise que son équipier mais rencontre du survirage en qualifications. Sur la seconde Red Bull, Pérez (4ème) concède un peu moins d'une demi-seconde à Verstappen. Sainz place sa Ferrari au cinquième rang, à huit dixièmes de la pole. Moins heureux que l'Espagnol, Leclerc (7ème) rencontre du sous-virage et peine à demeurer sur la piste. Gasly se met une fois encore en vedette en conquérant la sixième place avec son AlphaTauri-Honda. Tsunoda quitte la route dans les Esses de la Verrerie et heurte les glissières par l'arrière, provoquant ainsi un drapeau rouge. Le Japonais s'élancera en dernier depuis la pit-lane. Les McLaren-Mercedes (Norris 8ème, Ricciardo 10ème) se placent en embuscade malgré des chronos décevants.
Très performantes vendredi, les Alpine-Renault rencontrent des problèmes d'adhérence en qualifications à cause des pneus médiums. Alonso (9ème) atteint toutefois la Q3 et Ocon (11ème) aura l'avantage de choisir ses gommes pour le départ de la course. Les Aston Martin manquent aussi d'adhérence et souffrent de sous-virage. Vettel (12ème) ne franchit pas la Q2 et Stroll (19ème), piégé par les deux drapeaux rouges, mais aussi par des excursions hors limites, ne parvient pas à boucler un seul tour rapide ! Chez Alfa Romeo, Giovinazzi (13ème) parvient en Q2 tandis que Räikkönen (17ème) est piégé en Q1 par la dernière neutralisation. Comme toujours, les Williams sont très sensibles au vent et, partant, assez instables. Russell (14ème) franchit cependant la première étape des qualifications, contrairement à Latifi (16ème). Schumacher (15ème) hisse pour la première fois de la saison la Haas-Ferrari en Q2, mais ne peut défendre ensuite ses chances en raison d'une sortie de route. Enfin, Mazepin (18ème) se signale derechef par plusieurs tête-à-queue et gêne quelques concurrents...
Le Grand Prix
Des orages éclatent au-dessus du Var dans la nuit du samedi au dimanche. Les averses nettoient la piste jusque dans la matinée et réduisent ainsi considérablement l'adhérence, sans parler du vent qui souffle toujours très fort. Lors de leur tour d'installation, les pilotes déplorent un intense survirage et certains partent en tête-à-queue. Les conditions météorologiques sont clémentes pour la course, mais il fait plus frais (28°C) que lors des deux journées précédentes. L'usure des pneumatiques sera donc un facteur déterminant. La majorité des concurrents partent en pneus médiums (C3). Ocon, Vettel, Stroll, Giovinazzi, Räikkönen et Mazepin se munissent de pneus durs (C2). Le composé tendre (C4), jugé inefficace, ne sera pas utilisé.
Départ: Verstappen prend un bon envol et contient Hamilton jusqu'au premier virage, où il subit un gros survirage et court-circuite le tournant, sans pouvoir emprunter l'itinéraire de réinsertion situé à sa droite. Hamilton en profite pour passer devant le Hollandais. Suivent Bottas et Pérez.
1er tour: Hamilton est premier devant Verstappen, Bottas, Pérez, Sainz, Gasly, Leclerc, Alonso, Ricciardo et Norris. La direction de course ne sanctionnera pas Verstappen pour son escapade du premier virage: à la dérive, le Hollandais ne pouvait pas éviter ce « tout droit ».
2e: Tous les pilotes constatent que la piste offre fort peu d'adhérence. Après une attaque manquée sur Ricciardo, Norris court-circuite le premier virage et revient en piste grâce à la bretelle de raccordement. Vettel déborde Ocon à la chicane. Mazepin bouscule son équipier Schumacher pour lui chiper la dix-neuvième place.
3e: Verstappen demeure au contact de Hamilton, à une seconde et demie. Bottas évolue à un peu moins de trois secondes du leader.
4e: Hamilton est premier devant Verstappen (1.6s.), Bottas (2.8s.), Pérez (6.1s.), Sainz (8.6s.), Gasly (9.2s.), Leclerc (11.8s.), Alonso (12.8s.), Ricciardo (14.2s.), Norris (15.3s.) et Vettel (16.4s.).
5e: Sainz est menacé par Gasly et Leclerc pendant que Ricciardo met la pression sur Alonso.
6e: Bottas s'empare du meilleur chrono provisoire (1'38''604''') et demeure ainsi dans le sillage du duo de tête.
8e: Les pilotes commencent à rencontrer du « graining » sur leur pneu avant-gauche. Hamilton est parvenu à faire monter ses enveloppes en température et repousse Verstappen à près de deux secondes.
10e: Hamilton précède Verstappen (2s.), Bottas (3.2s.), Pérez (7.7s.), Sainz (15.8s.), Gasly (17s.), Leclerc (18.3s.), Alonso (20.5s.), Ricciardo (20.8s.), Norris (21.9s.), Vettel (23.1s.) et Ocon (25s.).
11e: Ricciardo dépasse Alonso à la chicane. Un peu plus loin, Norris surprend l'Espagnol par l'intérieur de la courbe du Beausset.
12e: Hamilton possède deux secondes de marge sur Verstappen, quatre secondes et demie sur Bottas.
13e: Les Alpine n'aiment décidément pas les pneus médiums: Alonso s'incline devant Vettel. Le Ferrari n'a guère d'appétence non plus les Pirelli jaunes puisque Leclerc est déjà contraint de passer aux pneus durs et chute au 19ème rang.
15e: Hamilton est premier devant Verstappen (3s.), Bottas (5.6s.), Pérez (9.5s.), Sainz (26.5s.), Gasly (27.8s.), Ricciardo (28.8s.), Norris (30s.), Vettel (31.5s.), Alonso (34.3s.), Ocon (35.1s.) et Stroll (36s.). Changements de pneus pour Tsunoda et Schumacher.
16e: Alonso est dorénavant menacé par Ocon et Stroll. En fin de tour, Ricciardo fait escale chez McLaren pour s'emparer des gommes dures (2.9s.). Son objectif est de réaliser l' « undercut » sur Gasly et Sainz.
17e: Bottas chausse à son tour des pneus blancs (2.5s.). Sainz et Gasly stoppent de concert pour choisir le composé dur et ressortent tous deux derrière Ricciardo. Russell effectue son changement d'enveloppes.
18e: Verstappen prend les gommes dures (2.9s.) et parvient à quitter les stands devant Bottas. Hamilton mène dorénavant avec dix secondes de marge sur Pérez. Changement de pneus aussi pour Alonso et Latifi.
19e: Hamilton entre aux stands, laissant le commandement à Pérez. Le septuple champion du monde met les pneus durs (2.2s.) et ressort des stands au niveau de Verstappen. Auteur d'un « tour canon », le Hollandais arrive lancé aux Esses de la Verrerie et, idéalement placé à l'intérieur, dépasse sans peine son rival britannique. Le voici leader virtuel. Stroll double Ocon.
20e: Hamilton et Bottas évoluent dans le sillage de Verstappen. Tous deux peuvent user de leur aileron arrière mobile, mais l'excellente vitesse de pointe de la Red Bull-Honda leur interdit tout assaut.
22e: Pérez mène devant Verstappen (6.4s.), Hamilton (7.3s.), Bottas (7.7s.), Norris (26.8s.), Vettel (28.2s.), Stroll (36.6s.), Ocon (39s.), Giovinazzi (40.4s.) et Leclerc (42.2s.).
23e: Verstappen, Hamilton et Bottas se tiennent dans un mouchoir et adoptent un rythme soutenu qui altère leurs gommes neuves. Tous trois remontent sur Pérez. Au cœur du peloton, Leclerc, Ricciardo, Sainz et Gasly sont aux prises avec les Alfa Romeo qui n'ont pas stoppé.
24e: Pérez fait escale chez Red Bull pour chausser les pneus durs puis redémarre en quatrième position, devant les Aston Martin. Norris remplace aussi ses enveloppes et reprend la piste entre Räikkönen et Alonso.
25e: Verstappen retrouve la première place et contient les Mercedes. Viennent ensuite les deux Aston Martin de Vettel et de Stroll qui, comme à l'accoutumée, passeront aux stands tardivement.
26e: Leclerc prend la septième place à Gasly qui n'a toujours pas stoppé. Ricciardo et Sainz ont doublé Giovinazzi.
27e: Ricciardo dépasse Ocon à la chicane. Le Normand cède ensuite devant Sainz. Gasly déborde Giovinazzi à Signes.
28e: Verstappen compte une petite seconde d'avance sur Hamilton. Ricciardo se défait de Leclerc qui voit ses pneus s'effondrer. Ocon fait halte chez Alpine pour mettre les pneus durs. Norris tente de faire l'extérieur à Gasly dans la courbe du Beausset, mais le Français freine tard et lui coupe la trajectoire. Tous deux doivent emprunter la bordure extérieure pour revenir en piste.
29e: Norris déborde Gasly à la chicane, puis dépasse Leclerc à Bendor. Arrêt de Giovinazzi.
30e: Verstappen a semé les Mercedes: il compte deux secondes d'avance sur Hamilton, cinq secondes sur Bottas. Gasly se défait de Leclerc au premier freinage.
31e: Verstappen précède Hamilton (2.8s.), Bottas (6.4s.), Pérez (19.2s.), Vettel (47.7s.), Stroll (54.4s.) et Ricciardo (58.2s.). Norris s'empare de la huitième place aux dépens de Sainz, en proie aux mêmes maux que son coéquipier Leclerc.
32e: Verstappen anticipe l'usure rapide du composé dur et stoppe chez Red Bull pour remettre un jeu de Pirelli blancs (2.5s.). Toute la question est désormais de savoir si Mercedes va couvrir cette stratégie. Norris double Ricciardo grâce à ses pneus plus frais. Arrêt de Mazepin.
33e: Reparti quatrième, Verstappen affole le chronomètre (1'36''743''') et ne concède que dix-sept secondes à Hamilton. Norris déborde Stroll. Changement de pneus pour Räikkönen.
34e: Pérez ouvre la voie à Verstappen. Stroll passe chez Aston Martin pour prendre les pneus médiums et se réinsère en quatorzième position, entre Russell et Ocon.
35e: Hamilton est premier devant Bottas (2.8s.), Verstappen (14.3s.), Pérez (15.2s.), Vettel (51s.), Norris (55s.), Ricciardo (57s.), Sainz (1m. 02s.), Gasly (1m. 03s.), Alonso (1m. 05s.), Leclerc (1m. 10s.) et Tsunoda (1m. 16s.). Verstappen réalise le meilleur chrono de la journée (1'36''404''').
36e: Bottas a repris une seconde à Hamilton. Gasly double Sainz par l'extérieur à la chicane. Le Madrilène cédera ensuite à Alonso.
37e: Verstappen n'entend plus son ingénieur: il doit repositionner son micro à l'intérieur de son casque, ce qu'il effectuera à 300 km/h dans la ligne droite du Mistral. Vettel effectue son pit-stop et chausse les pneus jaunes avant de repartir entre Leclerc et Tsunoda.
38e: Verstappen ne concède plus que neuf secondes à Hamilton. Leclerc est contraint de repasser aux stands pour changer ses gommes et dégringole au seizième rang.
40e: Hamilton mène devant Bottas (2.7s.), Verstappen (7.3s.), Pérez (11.3s.), Norris (56s.), Ricciardo (1m. 01s.), Gasly (1m. 06s.), Alonso (1m. 08s.), Sainz (1m. 12s.), Vettel (1m. 17s.), Tsunoda (1m. 21s.) et Stroll (1m. 23s.).
42e: Bottas est en difficulté car son pneu avant-gauche est peluché. Verstappen est revenu à une seconde du Scandinave.
44e: Sous la pression de Verstappen, Bottas freine tard à la chicane et rate la corde. A la réaccélération, Verstappen prend son aspiration, puis le déborde par l'intérieur, pied au plancher, dans la courbe de Signes. Vettel prend la neuvième place à Sainz.
45e: Verstappen se lance désormais aux trousses de Hamilton, aux prises avec un intense sous-virage. Bottas peste à la radio contre la mauvaise stratégie de Mercedes: pourquoi ne pas l'avoir stoppé une seconde fois ? Pérez grossit dans ses rétroviseurs.
47e: À six tours du but, quatre secondes séparent Hamilton de Verstappen. Pérez est dans les roues de Bottas.
48e: Verstappen est revenu à trois secondes de Hamilton. Stroll dépasse à son tour Sainz et lui chipe la dixième place. Voici les deux Ferrari rejetées hors des points.
49e: Pérez déborde Bottas par l'extérieur dans la courbe de Signes. Ce faisant, le Mexicain mord sur le vibreur extérieur, franchissant ainsi les limites de la piste. Mais comme il avait alors déjà semé la Mercedes, cette incartade ne lui vaudra aucune remontrance.
50e: Hamilton devance Verstappen (1.6s.), Pérez (10.7s.), Bottas (12.8s.), Norris (1m. 04s.), Ricciardo (1m. 11s.), Gasly (1m. 12s.), Alonso (1m. 13s.), Vettel (1m. 20s.), Stroll (1m. 28s.) et Sainz (1m. 31s.). Russell prend la douzième place à Tsunoda
51e: Les pneus avant de Hamilton sont détruits et le Britannique n'a plus de motricité lorsqu'il remet les gaz. Verstappen est sur ses talons et peut actionner son DRS. Plus loin, Ricciardo est menacé par Gasly et Alonso.
52e: Verstappen prend l'aspiration de Hamilton à l'entame de la ligne droite du Mistral, ouvre son aileron et passe sans coup férir, par l'intérieur, au freinage de la chicane. Hamilton n'a pas esquissé la moindre résistance. Le Hollandais s'échappe ensuite très facilement.
53ème et dernier tour: Max Verstappen remporte sa troisième victoire en 2021 devant Hamilton et Pérez. Bottas échoue au quatrième rang, la rage au cœur devant la mauvaise stratégie que lui a infligée son écurie. Les McLaren de Norris (5e) et de Ricciardo (6e) grappillent de 18 points. Gasly se classe septième à domicile devant Alonso qui sauve l'honneur d'Alpine. Les Aston Martin de Vettel (9e) et de Stroll (10e) empochent les derniers points. Viennent ensuite Sainz, Russell, Tsunoda, Ocon, Giovinazzi, Leclerc, Räikkönen, Latifi, Schumacher et Mazepin. Aucun abandon n'est à déplorer.
Après la course
Ce GP de France marque peut-être le premier tournant de cette passionnante saison 2021. En effet, pour la première fois, Red Bull-Honda s'impose sur un tracé rapide, a priori favorable à Mercedes. Il s'agit en outre d'un succès stratégique puisque face à une attrition plus importante que prévue, l'équipe austro-britannique a fait preuve de sagacité en changeant les pneus de Max Verstappen à deux reprises. Le jeune Batave a accompli une course admirable, attaquant d'un bout à l'autre après un départ manqué. « J'ai été pris au dépourvu par le manque d'adhérence. raconte-t-il. J'ai tourné en pensant que tout allait bien et soudain j'ai perdu l'arrière. J'ai dû sortir de la piste et j'ai perdu ma position. Puis, je reconnais que je ne m'attendais pas à doubler Hamilton lors de son arrêt, mais à cet instant j'ai retrouvé du grip et j'ai pu attaquer. Je l'ai doublé, mais après cela, il a fallu faire face à une forte dégradation des gommes dures. L'équipe m'a proposé un second pit-stop et je me suis dit: OK, voyons si cela va marcher. Bien sûr la réussite de cette tactique dépendait du comportement des Mercedes, mais dès que je me suis rapproché de Lewis, j'ai pu voir que ses pneus étaient vraiment usés. Avec le DRS, je l'ai dépassé facilement. Toutefois ce fut une course serrée. » Le triomphe de Red Bull est complété par l'excellente troisième place de Sergio Pérez qui, comme à son habitude, a merveilleusement protégé ses chausses. En conservant ses pneus médiums pendant 24 tours, le Mexicain a pu s'assurer un second relais relativement aisé en pneus durs et ainsi doubler Valtteri Bottas.
Mercedes a cette fois clairement commis une erreur stratégique en ne calquant pas la stratégie de Lewis Hamilton et de Valtteri Bottas sur celle de Max Verstappen. Néanmoins, il s'en est fallu de peu que cette option s'avère payante: un tour et demi très exactement ! Mais même un Hamilton ne peut pas faire de miracles avec des pneus à la corde... « Je n'avais plus de train avant, je ne pouvais donc pas me défendre face à Max », explique-t-il, fataliste. « Deux arrêts auraient sûrement été l'idéal, mais nous n'avions pas envisagé cette stratégie. Du reste, il a fallu composer avec une piste imprévisible. Il a fait plus froid ce dimanche que lors des deux journées précédentes, et pourtant la dégradation des pneus fut plus importante. Pourquoi ? Nous n'en savons rien... » Le pilote britannique s'inquiète surtout que la Red Bull soit désormais plus véloce que la Mercedes en ligne droite, ce qui l'a contraint à réduire ses appuis, d'où son bon rythme en début de course, mais aussi, sans doute, la dégradation prononcée de ses enveloppes...
Valtteri Bottas est quant à lui fort grognon. Le Finlandais estime que Mercedes a ruiné sa course en ne lui permettant pas d'effectuer un troisième relais, ce qui l'a transformé en proie facile pour Max Verstappen puis Sergio Pérez. « Pour gagner, il fallait s'arrêter deux fois, mais on a percuté trop tard ! » grommelle-t-il. « De plus, me faire stopper le premier a grandement compromis ma course. Il aurait ensuite fallu m'arrêter une seconde fois ! J'ai fait tout ce que je pouvais mais les pneus étaient complètement morts, donc je n'avais aucune chance de finir sur le podium. Nous pensions que les pneus tiendraient beaucoup plus longtemps que ça. » Durant la course, à la radio, Bottas fut encore plus explicite, accusant ouvertement son équipe de ne tenir aucun compte de ses avis. Beaucoup y voit un énième signe de la rupture consommée entre le Finlandais et Mercedes. Toto Wolff tente de déminer le terrain, mais à nouveau ne peut s'empêcher de critiquer son pilote: « Valtteri a fait une belle course, mais il doit peut-être encore progresser dans la gestion des pneus. » L'intéressé ne partage certainement pas cet avis...
Comme souvent, les McLaren-Mercedes ont davantage brillé en course qu'aux essais, et le joli tir groupé de Lando Norris et Daniel Ricciardo, respectivement cinquième et sixième, permet à l'écurie britannique de repasser devant Ferrari au championnat des constructeurs. La Scuderia a bu le pastis sur le Ricard: Carlos Sainz et Charles Leclerc finissent tous deux hors des points à cause d'une monoplace trop rude avec les gommes. « Avec la pluie de la matinée, le revêtement était plus glissant et cela a affecté la dégradation des pneus de manière surprenante. Toutes les équipes ont été touchées par ce phénomène, mais aucune autant que nous », explique Mattia Binotto. « J'étais très à l'aise vendredi et samedi, et aujourd'hui, tout s'est dégradé », constate Carlos Sainz. « J'ai vécu l'une des pires, si ce n'est la pire course de ma carrière », concède Charles Leclerc, piteux 16ème.
Côté tricolore, le bilan de ce GP de France est assez mitigé. Le Castellet a souri à Pierre Gasly qui finit septième et inscrit des points pour la sixième course consécutive. « Aujourd'hui, nous étions la quatrième force du plateau, et cela est positif », commente le Rouennais, qui regrette cependant d'avoir été dépassé par les McLaren lors des arrêts aux stands. Chez Alpine, Fernando Alonso limite les dégâts avec une huitième place qui ne permettra pas aux Bleus de remonter sur AlphaTauri et Aston Martin, leurs rivales directes au championnat. Esteban Ocon a quant à lui sombré à cause (qui l'eût cru ?) des pneumatiques. « Que ce soit avec les médiums ou les durs, je n'ai jamais pu maintenir les gommes en bon état », commente le jeune Français. « Il faut comprendre pourquoi. » Beaucoup se posent cette question en cette soirée de juin...
Sources:
- Auto Hebdo n°2317, 23 juin 2021
Tony