Nouvel actionnaire pour McLaren
Le groupe McLaren souffre particulièrement de la crise économique mondiale résultant de la pandémie de Covid-19, à l'instar de tous les constructeurs automobiles. Ainsi, lors du premier semestre 2020, McLaren a vu son chiffre d'affaires décroître de 68 % par rapport aux six premiers mois de 2019 et enregistrait des pertes de près de 200 millions de livres sterling. Une situation qui n'est pas dramatique mais appelle des mesures fortes afin d'assurer la pérennité du McLaren Group qui comprend McLaren Racing (l'écurie de F1), McLaren Automotive (le constructeur de voitures de sport) et McLaren Applied (recherche et développement technologique). Le directeur exécutif Paul Walsh, en liaison avec les principaux actionnaires, le fonds souverain Mumtalakat et la famille Ojjeh, a ainsi successivement levé des capitaux propres, décroché un prêt auprès de la Banque nationale de Bahreïn, hypothéqué les anciennes Formules 1 et mis en vente le siège social de Woking. En outre, un quart du personnel a été licencié. Tout cela n'a cependant pas permis de résoudre complétement les problèmes de trésorerie et donc de financer l'activité.
Aussi, en décembre 2020, McLaren Groupe vend 15% de son équipe de F1 au consortium américain MSP Sports Capital, qui n'est pas tout à fait inconnu dans la discipline puisqu'il avait approché jadis Force India et Williams lorsque ces équipes faisaient face à des difficultés financières. MSP investira à hauteur de 185 millions de livres sterling pendant deux ans avant d'acquérir fin 2022 33% de McLaren Racing. Il s'agit d'une excellente affaire pour le groupe McLaren qui, sans toucher à son actionnariat principal, peut désormais valoriser son écurie de Formule 1 à hauteur de 550 millions de £. Voilà qui devrait sauver les autres branches de la galaxie McLaren et même faciliter son extension, puisqu'après la F1 et l'IndyCar, Zak Brown envisage maintenant d'impliquer sa firme en Formule E.
Alonso dans la cour de récré
À Abou Dhabi, Fernando Alonso participe à trois démonstrations au volant de la Renault R25 avec laquelle il a remporté le premier de ses deux titres mondiaux en 2005. Mais il est surtout ici pour prendre part au « rookie test » du mardi 15 décembre au volant de la Renault RS.20, afin de préparer son retour à la compétition en 2021. La présence de l'Espagnol à cette journée fait grincer des dents car, à 39 ans, il n'est pas à proprement parler un débutant ! Renault a fait pression auprès de la FIA pour obtenir cette dérogation. Cette décision est d'autant plus contestable qu'en parallèle Sebastian Vettel et Carlos Sainz Jr. n'ont pas été autorisés à conduire pour leurs futures écuries respectives, Racing Point (Aston Martin) et Ferrari. Mais la fédération part du principe que tous les coureurs ayant participé à la saison 2020 sont exclus de ces essais. Rouleront ainsi Stoffel Vandoorne et Nyck de Vries (pour Mercedes), Antonio Fuoco et Robert Shwartzman (Ferrari), Sébastien Buemi et Jüri Vips (Red Bull), Fernando Alonso et Guanyu Zhou (Renault), Callum Ilott et Robert Kubica (Alfa Romeo), Jack Aitken et Roy Nissany (Williams), Marino Sato et Yuki Tsunoda (AlphaTauri), et enfin Mick Schumacher (Haas). Racing Point et McLaren font l'impasse sur ces essais.
Présentation de l'épreuve
C'est donc le 13 décembre que prendra fin cette saison 2020 retardée et entravée par les diverses épidémies de la Covid-19. Dans ce contexte psychose mondiale, ce dernier Gand Prix à Abou Dhabi prend pour les membres du paddock les allures d'un film de science-fiction. Les autorités de l'émirat leur imposent en effet ce qu'il nomme joliment une « biosphère », c'est-à-dire une forme d'incarcération à visée sanitaire. Chaque individu débarque ainsi d'un charter affrété par les organisateurs, puis est immédiatement transporté sous escorte vers son hôtel d'où il ne peut sortir que pour se rendre sur le circuit, muni d'un bracelet électronique vert. Un parcours balisé relie ces lieux sous la surveillance de garde-chiourmes. Le visiteur doit aussi se soumettre à pas moins de quatre tests PCR, du mardi au vendredi, pour pouvoir sortir de sa chambre. Tout contact avec le monde extérieur est bien sûr strictement prohibé. Cet enfer sanitaire n'est hélas pas une fantaisie de régime totalitaire puisque les organisateurs du Grand Prix d'Australie prévoient de mettre en place le même protocole à l'occasion de la première épreuve de la saison 2021, qui doit se tenir à Melbourne en mars prochain.
Quelques enjeux d'importance subsistent au crépuscule de ce championnat 2020. D'abord, le titre honorifique de vice-champion du monde est disputé entre Valtteri Bottas (205 points) et Max Verstappen (189 pts). Le Finlandais, qui n'est pas monté le podium depuis trois Grands Prix - une anomalie pour un pilote Mercedes - traverse une (nouvelle) mauvaise passe mais devrait sans trop de peine conserver cette seconde place. Verstappen se résout pour sa part à tirer un trait sur cette saison très décevante. Il visait la couronne mondiale et n'a finalement jusqu'ici remporté qu'une seule course, la seconde manche disputée à Silverstone.
La troisième place du championnat des constructeurs que se disputent Racing Point-BWT (194 points), McLaren-Renault (184 pts) et Renault (172 pts) est plus lourde d'enjeux, ne serait-ce qu'en raison de la répartition des droits commerciaux qui découlera du résultat final. Toutefois le succès de Racing Point, qui vient de remporter le GP de Sakhir avec Sergio Pérez, susciterait des grincements de dents chez ses adversaires, puisqu'il est impossible d'oublier la polémique qui a animé l'été 2020 autour de la conception de la RP20, copie peinte en rose de la Mercedes W10 de 2019. Zak Brown et Cyrille Abiteboul multiplient les propos aigres à propos de cette « écurie B » qui parvient à devancer McLaren et Renault qui elles ont conçu seules leurs monoplaces. Quoiqu'il en soit, Racing Point aborde cette ultime manche avec un handicap puisqu'elle remplace plusieurs éléments sur le groupe propulseur de Pérez qui sera ainsi relégué en fond de grille. McLaren retrouve donc de bonnes chances de conquérir la troisième place. Renault n'a pour sa part guère d'espoir de devancer Racing Point et souhaite surtout, question de prestige, devancer sa future ex-cliente McLaren, qui roulera Mercedes à compter de 2021.
Lewis Hamilton est demeuré cloué au lit par la Covid-19 pendant près de huit jours. Ce n'est que le 7 décembre qu'il donne quelques nouvelles rassurantes sur les réseaux sociaux. Ce n'est cependant que deux jours plus tard, après un test négatif, qu'il est autorisé à quitter son hôtel de Bahreïn pour rejoindre Abou Dhabi, où il reprend place dans le baquet de sa Mercedes. La question est désormais de savoir s'il bénéficiera de l'intégralité de ses moyens physiques après cette courte convalescence. Héros malchanceux du Grand Prix de Sakhir, George Russell retrouve pour sa part sa modeste Williams pour cette dernière épreuve. Il pilotera encore pour l'écurie de Grove en 2021, mais espère bien entendu regrimper dans une Mercedes en 2022, à la place de Lewis Hamilton ou de Valtteri Bottas.
Le 10 décembre, le président-directeur général de Ferrari Louis Camilleri annonce sa démission pour « raisons personnelles ». Il abandonne aussi le poste qu'il occupait au sein du conseil d'administration de Philip Morris, partenaire financier discret mais puissant de la Scuderia. Camilleri aura donc passé deux ans à la tête de la firme de Maranello pendant lesquels il aura amélioré la situation financière de celle-ci. Le P-DG de Fiat - Chrysler et héritier de la famille Agnelli, John Elkann, prend seul les rênes de Ferrari en attendant de trouver un successeur à Camilleri. Par ailleurs, Mattia Binotto, qui était revenu dans le paddock à l'occasion du GP de Sakhir, est rapatrié en Italie en raison d'un « problèmes de santé », sans que l'on en sache davantage. C'est donc le directeur sportif Laurent Mekies qui dirigera de nouveau l'équipe italienne sur le terrain à Abou Dhabi.
Pour Sergio Pérez, cet automne 2020 est celui de tous les paradoxes. Il vient en effet, après de dix ans de patience, de remporter enfin son premier Grand Prix à Sakhir puis se dirige vers Abou Dhabi pour clore (peut-être) sa carrière en Formule 1 ! Le Mexicain n'a en effet aucun volant pour la prochaine saison et attend toujours le verdict de Red Bull qui l'a contacté voici plusieurs mois afin de remplacer Alexander Albon. Cette situation le rend bien évidemment perplexe et nerveux, mais il fait bonne figure à l'heure de quitter cette équipe Racing Point pour laquelle il aura piloté pendant sept ans. Avec des hauts et des bas certes, quelques podiums de ci de là avant cette victoire à Sakhir, mais aussi une incroyable régularité: en 134 Grands Prix disputés pour le compte de Force India - Racing Point, Pérez n'a renoncé que 11 fois ! Lawrence Stroll ne tarit pas d'éloges à son égard: « Checo est un atout fantastique pour notre équipe, et il l'était déjà bien avant que je la prenne en main. » Un « atout fantastique » qu'il a tout de même évincé au bénéfice de Sebastian Vettel et de son propre rejeton...
Sebastian Vettel, puisqu'il est question de lui, quitte pour sa part Ferrari avec des sentiments mitigés. Voilà en effet des mois que la confiance est rompue entre le quadruple champion du monde et les dirigeants de la Scuderia, notamment Mattia Binotto. L'Allemand rêvait de mettre ses pas dans ceux de son idole Michael Schumacher et reconnaît avec amertume que sa collaboration avec Ferrari fut un « échec ». Revenant avec un certain détachement sur ces six années en rouge, il estime que plusieurs coups du sort peuvent expliquer ses défaites successives: le départ de l'ingénieur James Allison (en 2016), la mort de Sergio Marchionne (2018), l'oukase implicite lancé par la FIA contre le moteur Ferrari (2019) etc. Cependant Vettel a aussi sa part de responsabilité puisque ses nombreuses bourdes lui ont coûté le titre mondial à deux reprises, en 2017 et 2018. À 33 ans, il se concentre désormais sur sa nouvelle collaboration avec Aston Martin qui, espère-t-il, lui permettra de rebondir. Au moins ne part-il pas fâché avec ses mécaniciens, qu'il gratifie de propos affectueux, ni avec son équipier Charles Leclerc qui arbore un casque lui rendant hommage.
Ce Grand Prix d'Abou Dhabi est décidément celui des adieux. Carlos Sainz Jr. clôt deux années de collaboration fructueuse avec McLaren sans savoir s'il retrouvera une machine compétitive chez Ferrari. Il affiche en tout cas sa complicité avec son jeune équipier Lando Norris, avec lequel les relations furent idylliques. De son côté, son futur successeur Daniel Ricciardo laisse chez Renault des regrets unanimes, ce qui n'allait pas de soi il y a encore quelques mois. Son transfert chez McLaren, négocié en catimini en pleine crise de la Covid-19, avait choqué voire scandalisé les gars d'Enstone et de Viry-Châtillon. Mais grâce à une saison 2020 exemplaire, deux podiums et beaucoup de plaisanteries, Ricciardo a su reconquérir le cœur de ses troupes. Pour preuve, toute l'équipe Renault s'affuble ce week-end de masques sanitaires représentant le fameux « sourire en banane » de « Danny Ric », une initiative fort sympathique. Enfin, Kevin Magnussen quitte Haas et la Formule 1 sans rancune ni remords: comme il l'a déclaré lui-même, il n'a de toute façon pas le sou pour poursuivre l'aventure ! Le Danois trouvera refuge en 2021 outre-Atlantique: il pilotera une Cadillac pour le compte de l'écurie Chip Ganassi en IMSA, championnat où son père Jan Magnussen s'est forgé une brillante réputation.
Mick Schumacher effectue enfin ses premiers tours de roue officiels en remplaçant Kevin Magnussen lors de la première session libre. Robert Kubica emprunte pour sa part l'Alfa Romeo d'Antonio Giovinazzi, peut-être pour la dernière fois car le Polonais, qui vient de fêter ses 36 ans, envisage de quitter définitivement la F1 à l'issue de cette saison. Enfin, les constructeurs mettent à profit cette dernière épreuve pour éprouver les nouvelles pièces qu'ils utiliseront en 2021, un travail d'autant plus nécessaire que les essais hivernaux de février seront réduits au strict minimum. La plupart des évolutions concernent les fonds plats qui adopteront une coupe triangulaire derrière les ailerons arrière afin de réduire l'appui aérodynamique. Le diffuseur et les écopes de freins seront aussi retouchés dans la même optique. Ces nouveaux éléments sont testés lors des essais du vendredi.
Essais et qualifications
Verstappen se montre le plus rapide lors des premiers essais du vendredi après-midi. Un peu plus tard, dans la soirée, lors du second entraînement, les Mercedes de Bottas et Hamilton retrouvent les premiers rangs et repoussent le Hollandais de Red Bull à plus d'une demi-seconde. Toutefois, Verstappen réplique en signant le meilleur chrono de la dernière séance libre du samedi après-midi devant son équipier Albon. Les Red Bull-Honda apparaissent pour une fois capables de se confronter aux Mercedes à la régulière.
Quelques heures plus tard, Verstappen réalise la pole position (1'35''246''') et prive ainsi le moteur Mercedes d'un « grand chelem » en 2020. C'est aussi, du même coup, la première position de pointe d'une Red Bull depuis plus d'un an. Albon se classe cinquième mais ne concède que trois dixièmes à son équipier. Les écarts sont en effet serrés sur le tracé de Yas Marina. Les Mercedes (Bottas 2ème, Hamilton 3ème) ne rendent qu'une poignée de centièmes à Verstappen, mais elles manquent d'équilibre et peinent à utiliser les gommes tendres. Les McLaren-Renault (Norris 4ème, Sainz 6ème) sont idéalement positionnées dans l'optique du championnat des constructeurs. Une performance d'autant plus surprenante que réalisée avec les gommes médiums. Kvyat se réveille décidément bien tard mais hisse son AlphaTauri-Honda en septième position. Gasly (9ème) peine à bien équilibrer son châssis. Stroll (8ème) est déçu du rythme de sa Racing Point-BWT. Pérez partira dix-neuvième à cause de la pénalité évoquée plus haut.
Les Renault sont rapides lors des essais, bien que Ricciardo soit frappé d'une chute de pression d'essence vendredi. Mais en qualifications les monoplaces jaunes manquent cruellement d'adhérence. Ocon (10ème) et Ricciardo (11ème) ne passent pas la seconde étape. Leclerc (12ème) atteint la Q3 avec les pneus médiums, mais il recule de trois rangs, une punition consécutive à sa collision avec Pérez à Sakhir. Vettel (13ème) finit l'année sans avoir compris pourquoi sa SF-1000 était beaucoup moins performante que celle de son équipier... Chez Alfa Romeo, Giovinazzi (14ème) parvient à se hisser en Q2 et confirme sa bonne forme de fin de saison. Räikkönen (15ème) subit un incendie vendredi soir puis le lendemain ne franchit pas la Q1. Les Williams-Mercedes (Russell 16ème, Latifi 18ème) manquent de grip et butent sur du trafic en Q1. Les Haas-Ferrari passent aussi tout de suite à la trappe. Fittipaldi (17ème) poursuit son apprentissage et Magnussen (20ème) est de toute façon pénalisé pour avoir remplacé de nombreux composants.
Lewis Hamilton admet samedi soir qu'il n'est pas tout à fait remis de sa bagarre contre le coronavirus. Fatigué, il laisse planer jusqu'au bout le suspens autour de sa participation avant de se résoudre à prendre le départ.
Le Grand Prix
Un doux crépuscule (26 °C) tombe sur Yas Marina en ce 13 décembre 2020. Les montes sont assez variées au démarrage de cette course. La plupart des pilotes prennent le composé médium. Norris, Albon, Kvyat, Gasly et Stroll partent en pneus tendres. Ricciardo, Pérez, Vettel et Magnussen s'élancent avec les pneus durs et comptent donc effectuer un premier relais très long.
Départ: Verstappen s'élance convenablement et demeure devant Bottas et Hamilton. Suivent Norris, Albon et Sainz.
1er tour: Les pilotes sont très sages en ce début de Grand Prix. Verstappen est premier devant Bottas, Hamilton, Norris, Albon, Sainz, Kvyat, Stroll, Ocon et Gasly.
2e: Gasly déborde Ocon au virage n°8. Le pilote Renault tente de faire l'extérieur à son compatriote dans le bout droit suivant, mais celui-ci retarde son freinage au virage n°11 et reste devant.
3e: Verstappen s'échappe aisément et repousse Bottas à deux secondes. Hamilton évolue déjà cinq secondes du leader. Albon menace Norris.
5e: Verstappen précède Bottas (2.5s.), Hamilton (5.6s.), Norris (10s.), Albon (10.5s.), Sainz (13.1s.), Kvyat (14.6s.), Stroll (15.8s.), Gasly (16.6s.), Ocon (18.2s.), Ricciardo (18.9s.), Vettel (20s.) et Leclerc (21s.).
6e: Albon fait l'intérieur à Norris à l'issue de la plus longue ligne droite. L'Anglais actionne ensuite son aileron arrière mobile pour répliquer au Thaïlandais, mais ce dernier conserve l'avantage. Renault demande à Ocon de s'effacer Ricciardo, jugé plus rapide. Le Français s'exécute.
7e: Pérez est remonté à la quinzième place après avoir successivement dépassé Latifi, Fittipaldi, Magnussen, Russell et Giovinazzi.
8e: Verstappen devance Bottas de trois secondes. Stroll dépasse Kvyat au virage n°8 puis se défend victorieusement dans l'accélération suivante. Pérez prend la 14ème place à Räikkönen.
9e: Gasly double son équipier Kvyat. Pérez se gare sur le bas côté au niveau de la Marina: son moteur s'est tu suite à une défaillance du MGU-K. Racing Point perd là sa meilleure carte dans sa bataille contre McLaren.
10e: La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est instituée car les commissaires ne peuvent toucher à la Racing Point de Pérez, encore sous tension.
11e: La neutralisation provoque une ruée aux stands. Verstappen stoppe chez Red Bull pour mettre les pneus durs (2.3s.). Bottas et Hamilton font escale chez Mercedes et prennent le même composé. Ils sont imités par Albon, Norris, Sainz, Stroll, Gasly, Kvyat, Ocon, Räikkönen, Russell et Fittipaldi.
12e: Michael Masi lance finalement en piste la voiture de sécurité elle-même car une grue doit intervenir pour ôter la voiture de Pérez. Latifi change de gommes à son tour. Seuls Ricciardo, Vettel, Leclerc, Giovinazzi et Magnussen ne sont pas passés aux stands.
13e: La Safety Car va s'effacer à l'issue de ce tour. Verstappen précède Bottas, Hamilton, Albon, Ricciardo, Norris, Vettel, Leclerc, Sainz, Stroll, Gasly, Giovinazzi, Ocon, Kvyat, Magnussen, Räikkönen, Russell, Latifi et Fittipaldi.
14e: Le drapeau vert est brandi, la course reprend. Verstappen n'est pas menacé par Bottas et réalise son meilleur chrono de la soirée (1'40''958'''). Sainz parvient à doubler Leclerc au virage n°8 puis contre une offensive du Monégasque avant le freinage suivant.
15e: Leclerc est en difficulté avec ses gommes et sera la prochaine proie de Stroll. Ocon passe devant Giovinazzi qui a lui aussi gardé ses vieux pneus.
16e: L'usage du DRS est de nouveau admis. Stroll dépasse Leclerc au virage n°8, mais ce dernier reprend l'ascendant dans le bout droit qui suit en actionnant son aileron arrière mobile. Kvyat double Giovinazzi.
17e: Les commissaires sportifs enquêtent sur Sainz qui aurait trop ralenti en pénétrant aux stands, gênant ainsi Stroll. Pour l'heure, le Madrilène se défait de Vettel.
18e: Verstappen devance Bottas (3s.), Hamilton (5s.), Albon (8.7s.), Ricciardo (13.2s.), Norris (14.2s.), Sainz (18.4s.), Vettel (19.8s.), Leclerc (21.2s.), Stroll (21.5s.), Gasly (21.8s.) et Ocon (23.7s.).
19e: La nuit est tombée sur Abou Dhabi. Stroll déborde Leclerc au virage n°8. Le pilote Ferrari se porte ensuite à la hauteur du Québécois grâce au DRS, mais celui-ci le serre légèrement et reste devant.
20e: Ricciardo conserve un bon rythme avec ses pneus durs et n'est pas menacé par Norris. Gasly se débarrasse sans peine de Leclerc dont les pneus médiums agonisent.
21e: Verstappen compte trois secondes et demie d'avance sur Bottas. Hamilton rencontre un peu de sous-virage et roule à six secondes du Néerlandais.
22e: Ocon double Leclerc qui rejoint ensuite son stand pour chausser les enveloppes dures. Il se retrouve ainsi bon dernier.
24e: La course sombre dans la torpeur. Verstappen accroît toujours régulièrement son avantage sur les Mercedes.
25e: Lancé aux trousses de Vettel, Stroll bloque une roue au virage n°11 et emprunte l'échappatoire pour retrouver la piste.
26e: Verstappen domine devant Bottas (5.4s.), Hamilton (7.8s.), Albon (13.5s.), Ricciardo (26.2s.), Norris (28.3s.), Sainz (34.5s.), Vettel (38.5s.), Stroll (40.7s.), Gasly (42.1s.), Ocon (45.8s.) et Kvyat (48s.).
28e: Stroll bute décidément sur Vettel et voit Gasly grossir dans ses rétroviseurs. Giovinazzi remplace ses gommes. Leclerc a doublé Latifi et les deux Haas.
29e: Verstappen possède sept secondes de marge sur Bottas. Gasly surprend Stroll en se jetant dans un trou de souris, par l'intérieur, au virage n°11. Le Normand prend ensuite Vettel en chasse.
31e: Gasly dépasse Vettel à l'issue de la longue pleine charge. Grâce au DRS, l'Allemand se hisse ensuite à la hauteur de son cadet, mais ce dernier se décale puis retarde son freinage au tournant n°11 et demeure devant la Ferrari.
32e: Verstappen est leader devant Bottas (7.3s.), Hamilton (10.3s.), Albon (16.5s.), Ricciardo (36s.), Norris (38.4s.), Sainz (45.1s.), Gasly (57.4s.), Vettel (59s.), Stroll (59.5s.), Ocon (1m.) et Kvyat (1m. 01s.). Premier changement de pneus pour Magnussen.
34e: L'intervalle entre Verstappen et Bottas atteint huit secondes. Ricciardo contient toujours sans peine un Norris peu menaçant. Leclerc s'empare de la quatorzième position aux dépens de Russell.
35e: Vettel fait bouchon devant un train comprenant Stroll, Ocon et Kvyat. Deuxième arrêt pneus pour Fittipaldi.
36e: Vettel s'arrête chez Ferrari et chausse les Pirelli jaunes. Il tombe au 15ème rang. Second pit-stop de Latifi.
38e: Verstappen jouit toujours de huit secondes de marge sur Bottas. Décidément pas dans son assiette, Hamilton est un transparent troisième.
39e: Ricciardo fait un plat sur un pneu au virage n°8. Norris revient à deux secondes de l'Australien qui en toute logique regagne son garage pour prendre les gommes médiums (3.5s.). Il redémarre en septième position devant Gasly.
40e: Verstappen devance Bottas (7.8s.), Hamilton (11s.), Albon (20s.), Norris (48s.), Sainz (54s.), Ricciardo (1m. 08s.), Gasly (1m. 09s.), Stroll (1m. 17s.), Ocon (1m. 19s.) et Kvyat (1m. 21s.). Leclerc pourchasse Räikkönen pour le gain de la douzième place sans jamais pouvoir le doubler.
42e: Les gommes de Bottas sont altérées, mais Mercedes ne songe pas à le faire stopper une seconde fois. Vettel a dépassé Russell.
43e: Verstappen déplore à son tour quelques vibrations en sortie de courbe mais ses gommes tiendront le coup jusqu'au drapeau à damiers.
45e: Verstappen précède Bottas (10s.), Hamilton (12s.), Albon (19.5s.), Norris (55s.), Sainz (1m.), Ricciardo (1m. 15s.), Gasly (1m. 20s.), Stroll (1m. 26s.), Ocon (1m. 28s.), Kvyat (1m. 30s.), Räikkönen (1m. 37s.) et Leclerc (1m. 38s.).
47e: Les Mercedes perdent un peu de temps dans le trafic. Le drapeau noir et blanc est présenté à Leclerc qui a déjà franchi trois fois les limites de la piste.
48e: Verstappen prend un tour aux Ferrari. Deuxième changement de pneus pour Magnussen.
50e: Verstappen est en tête devant Bottas (11s.), Hamilton (14.4s.), Albon (19.3s.), Norris (48s.), Sainz (53s.), Ricciardo (1m. 06s.), Gasly (1m. 15s.), Stroll (1m. 22s.), Ocon (1m. 24s.) et Kvyat (1m. 26s.). Troisième arrêt de Fittipaldi.
52e: L'épreuve s'achève dans l'ennui le plus complet. La seule bataille en piste oppose Stroll à Ocon pour la neuvième place.
54e: Verstappen finit la course avec treize secondes d'avance sur Bottas. Albon gagne du terrain sur Hamilton. Deux secondes les séparent, mais le pilote Red Bull est trop loin pour menacer le champion du monde. Ocon est dans les roues de Stroll.
55ème et dernier tour: Ocon déborde Stroll au virage n°11 et s'empare in extremis de la neuvième place.
Max Verstappen donne à Red Bull-Honda une seconde victoire en 2020. Les Mercedes de Bottas et de Hamilton l'encadrent sur le podium. Albon termine quatrième. Les McLaren de Norris, cinquième, et de Sainz, sixième, conquièrent la médaille de bronze au championnat des constructeurs. Ricciardo finit septième et empoche aussi sur la ligne le point du meilleur chrono (1'40''926'''). Gasly se classe huitième devant Ocon et Stroll. Viennent ensuite Kvyat, Räikkönen, Leclerc, Vettel, Russell, Giovinazzi, Latifi, Magnussen et Fittipaldi.
Après la course - Bilan de l'« Année de la Covid »
Ce tranquille succès permet à Max Verstappen de ne pas dresser un bilan trop sombre de cette saison 2020. Certes, il espérait bien plus que deux victoires et sa troisième place finale au classement des conducteurs le laisse sur sa faim. Mais pour la première fois de l'année, la Red Bull-Honda a complétement dominé les Mercedes, ce qui est de bon augure pour le prochain championnat. « Au moins nous allons entamer l'hiver avec un boost psychologique, c'est important », commente le Hollandais. « Mais on ne peut pas juste s'appuyer sur ce succès et croire que cela sera suffisant pour 2021. Il va falloir travailler dur. Il est indispensable d'apprendre de nos erreurs passées et de démarrer l'année suivante avec une machine compétitive. Cette année, on a changé beaucoup de choses sur la voiture en cours de saison. En 2021, il faudra que nous soyons rapides d'emblée. »
Max Verstappen est d'autant plus prudent qu'il sait que les Mercedes ont roulé avec une bride sur leur moteur afin de préserver le système de récupération d'énergie cinétique (MGU-K) qui donnait des signes de faiblesses et a notamment causé les abandons de Sergio Pérez lors du GP de Bahreïn et ici-même à Abou Dhabi. Valtteri Bottas et Lewis Hamilton feignent de ne pas avoir été avertis de l'installation de cette entrave, mais admettent avoir manqué de puissance durant la course. Voilà qui explique sans doute pourquoi Bottas n'a jamais pu s'approcher de Verstappen. Le Finlandais n'est pas trop déçu puisqu'il conquiert tout de même le titre symbolique de vice-champion du monde. Quant à Hamilton, diminué par la Covid-19, il n'a qu'une hâte: rentrer chez lui et se reposer !
Les commissaires de course absolvent Carlos Sainz Jr. (6e) de toute pénalité après son ralentissement dans la voie des stands. Son résultat couplé à celui de Lando Norris (5e) offre ainsi à McLaren la troisième place du classement des constructeurs, une première depuis 2012 ! Seule une victoire aura manqué cette année à la légendaire écurie de Woking. Voilà le fruit du patient travail de reconstruction accompli par Zak Brown et Andreas Seidl depuis trois ans. Grâce à son nouvel investisseur, McLaren peut envisager sereinement l'avenir et espérer à terme revenir pour de bon dans le cercle des « top teams ». Reste toutefois à relever un sérieux défi en 2021, puisqu'il lui faudra installer le moteur Mercedes dans un châssis imaginé pour accueillir le V6 Renault.
Racing Point-BWT échoue à la quatrième place du championnat des constructeurs, à sept longueurs de McLaren-Renault. Une déception pour Otmar Szafnauer qui parle d'« une année d'occasions manquées ». Un constat sévère puisque les Roses ont tout de même gagné un Grand Prix et totalisent, avec 195 points, le meilleur résultat de leur histoire. Au final, il est surtout regrettable que cette petite structure, qui jouissait jusqu'ici d'une sympathie (n'oublions pas qu'elle est la lointaine héritière du team Jordan), ait écorné son image en devenant de facto la vassale de Mercedes-AMG, au point de copier presque intégralement les Flèches d'Argent. Mais Lawrence Stroll a compris que l'heure n'était plus aux structures indépendantes, coupées de tout lien avec un grand constructeur. Le contraste avec le destin de Williams, qui pour la première fois depuis 1976 (!) conclut une saison avec un score vierge, est ici frappant.
Bilan mitigé aussi pour Renault qui termine cinquième du classement des équipes, comme en 2019, mais avec deux fois plus de points et trois podiums. « Le bilan est positif, car nous ne pensions pas être aussi bien placés en début d'année. Nous avons pu nous battre pour la troisième place, c'est ce qu'il faut retenir. », déclare Alain Prost. Cependant, le plus important est que le directeur général Luca de Meo ait confirmé l'engagement à long terme du Losange en Formule 1, sous la nouvelle dénomination Alpine-Renault. Il eût en effet été tragique que tous les efforts fournis par Enstone et Viry-Châtillon soient anéantis à cause de la crise économique.
En revanche, Ferrari ne sauvera rien de sa saison 2020: la Scuderia termine à la sixième place du classement des constructeurs, son plus mauvais résultat depuis 1980 ! Pis encore, elle ne devance que de 24 points sa petite consœur de Faenza AlphaTauri qui est même parvenue à gagner un Grand Prix à Monza avec Pierre Gasly. Bref, à Maranello, on ne voit pas comment 2021 pourrait être pire que 2020, mais il ne fait aucun doute que le chemin à parcourir pour retrouver les sommets sera très long...
Cette fin de saison sonne comme une libération pour les pilotes: ils vont enfin pouvoir revoir leurs familles et leurs amis ! La « bulle sociale » qui les enveloppait depuis fin juin s'ouvre pour une courte intersaison de trois mois. Le 19 mars 2021, la Formule 1 se retrouvera à Melbourne pour une très longue saison de vingt-trois Grands Prix... du moins si ce coronavirus qui - semble-t-il - dirige désormais le monde le veut bien.
Tony