Saison 2020: une Formule 1 surbookée
La saison 2020 comportera vingt-deux courses puisque les contrats des Grands Prix d'Espagne, du Mexique et d'Italie ont été récemment renouvelés. Les écuries ont finalement consenti à ce calendrier surchargé moyennant une augmentation du nombre de moteurs électriques alloués, ce que réclamait Renault: l'an prochain, les pilotes pourront utiliser trois MGU-K contre deux seulement en 2019. Par ailleurs, toujours à la demande des constructeurs, la durée des essais hivernaux de février est réduite de huit à six jours. Ainsi les monoplaces de la saison 2020 manqueront de roulage avant le premier Grand Prix, ce qui renforcera l'importance des simulateurs.
D'autre part, la FIA et Liberty Media cherchent toujours à faire évoluer le format des Grands Prix. Si l'idée de supprimer les essais libres du vendredi paraît abandonnée, celle d'une « course sprint » qui déterminerait la grille de départ, comme en Formules 2 et 3, fait son chemin. Ross Brawn songe à tester cette alternative aux traditionnelles séances qualificatives sur un ou deux week-ends en 2020. Bien sûr, cette proposition divise le paddock. Ainsi, si Otmar Szafnauer, le directeur de Racing Point, se dit ouvert aux innovations, Guenther Steiner, de Haas, estime que cela entraînera une augmentation des coûts: « Si nous avons deux courses par week-end, il nous faudra plus de pièces », prévient l'Italien. « Nous aurions besoin de plus de MGU-K, car ils peuvent casser. Il faut d'abord considérer toutes ces choses. » Or on sait que faire des économies est aussi un cheval de bataille des autorités, comme en témoignent les budgets plafonnés.
Présentation de l'épreuve
Le 4 septembre, la FIA, la FOM, l'Automobile Club d'Italie et le circuit de Monza officialisent la prolongation du contrat du Grand Prix d'Italie jusqu'en 2024. Cette annonce est effectuée sur la place du Dôme à Milan, lors d'une cérémonie célébrant le 90ème anniversaire de la Scuderia Ferrari. Une entente de principe avait cependant déjà été conclue en avril. L'ACI est parvenu à préserver cette épreuve mythique grâce à une enveloppe de 25 millions d'euros délivrée par la Région de Lombardie. Ainsi, l'argent public vient une nouvelle fois à la rescousse d'un rendez-vous historique. Voilà qui est de mauvais augure quant à la pérennité de ce type d'événements, car la générosité des gouvernements, et donc des contribuables, peut avoir des limites.
Auréolé de son premier succès à Spa-Francorchamps, Charles Leclerc est intronisé à Monza nouvelle coqueluche des tifosi. Le 4 septembre, lors de la cérémonie précitée de la place du Dôme, le jeune Monégasque est acclamé par 10 000 fanatiques enthousiastes, ovation qu'il accueille avec sa simplicité habituelle. En effet, en plus de son immense talent, Leclerc est en garçon modeste, souriant et accessible: autant de qualités qui lui assurent la sympathie d'un public italien généralement exigent. En outre, désormais certaine de détenir elle aussi un jeune prodige, la Scuderia Ferrari entend le conserver via un nouveau contrat « en béton » qu'elle mitonne grâce à son armée de juristes. Leclerc bénéficierait ainsi en 2020 d'une copieuse augmentation de salaire, de trois à neuf millions d'euros, sans compter les bonus en cas de victoire ou de titre mondial ! Quant au pauvre Sebastian Vettel qui accumule les déconvenues, c'est à peine si les tifosi se souviennent de son existence...
Instant nostalgie vendredi lorsque Jody Scheckter, 69 ans, reprend pour quelques tours de piste le volant de la Ferrari 312 T4 avec laquelle il a conquis voici quarante ans le titre mondial, le dernier pour la Scuderia avant vingt-et-une années de disette interrompues par Michael Schumacher en 2000. Scheckter avait par ailleurs remporté ce même GP d'Italie en 1979 devant son équipier et rival, le très regretté Gilles Villeneuve.
Face aux éternelles polémiques autour des sanctions à adopter en cas de conduite litigieuse, le directeur de course Michael Masi décide de ressusciter le drapeau noir et blanc signalant une conduite anti-sportive. Ce symbole sera dorénavant considéré comme un avertissement unique avant pénalité, une sorte de « carton jaune ». Masi rompt ainsi avec la pratique de son prédécesseur Charlie Whiting qui prodiguait ce type de remontrance par radio à l'écurie concernée. L'utilisation de ce drapeau permettra de rendre l'avertissement public et donc d'accroître la transparence des décisions officielles.
Aldo Costa annonce à Monza qu'il quittera Mercedes à l'issue de cette saison pour devenir le directeur technique de Dallara. Désireux de rejoindre sa famille en Italie, l'ingénieur parmesan, maître d'œuvre des Mercedes à succès de l'ère hybride, a déjà pris un peu de recul voici un an en devenant simple « conseiller technique » du team de Brackley. Avec Dallara, Costa gardera toutefois un pied en Formule 1 puisque cette firme conçoit officiellement les châssis de l'écurie Haas.
Ferrari lance à Monza la troisième évolution de son groupe propulseur qui aura bien sûr pour but d'offrir quelques chevaux supplémentaires absolument essentiels pour triompher à Monza. En fait, ce nouveau moteur était déjà à la disposition de Haas et d'Alfa Romeo au GP de Belgique. La rumeur veut que la Scuderia ait renoncé à l'utiliser à Spa par crainte d'un problème de fiabilité. Du côté de Honda, Verstappen et Gasly bénéficient ce week-end de la nouvelle version du V6 hybride, ce qui leur vaut de lourdes pénalités qui les renvoient en fond de grille.
Pierre Gasly rend hommage ce week-end à son ami Anthoine Hubert, tragiquement disparu une semaine plus tôt à Spa, en arborant un casque aux couleurs de celui-ci. Les obsèques du pilote de Formule 2 auront lieu le mardi 10 septembre en la cathédrale de Chartres. L'autre pilote impliqué dans ce drame, Juan Manuel Correa, est pour sa part hospitalisé à Londres dans un état critique, placé dans un coma artificiel pour remédier à une détresse respiratoire.
Un nouvel accident spectaculaire - mais cette fois sans conséquence - se produit ce week-end dans les formules de promotion. Samedi matin, lors de la course de Formule 3, le jeune Australien Alex Peroni décolle sur un vibreur « saucisse » qui délimite la Parabolica. Sa monoplace s'envole, se retourne et atterrit dans un grillage, à proximité d'un poste de commissaires. Par bonheur, Peroni s'en tire avec une simple vertèbre fracturée. Mais cet accident soulève la question de l'utilité de ces « boudins » censés dissuader les pilotes d'emprunter les dégagements asphaltés qui bordent la piste. De nombreux observateurs soulignent qu'il serait peut-être plus judicieux de remettre tout simplement des bacs à graviers dans les courbes à risque...
Essais et qualifications
La première séance libre du vendredi matin est perturbée par la pluie et par trois drapeaux rouges suscités par trois sorties de piste successives de MM. Räikkönen, Pérez et Gasly. En fin de session, la piste s'assèche et permet à Leclerc de signer en slicks le premier chrono de référence. L'après-midi, des averses perturbent de nouveau les essais, cependant les pilotes ont le temps de rouler sur le sec. Leclerc est de nouveau le plus rapide, mais ne devance Hamilton que de quelques centièmes. Samedi matin, Vettel signe le meilleur chrono avec la seconde Ferrari.
Les qualifications sont marquées par une troisième manche absolument grotesque. Celle-ci est d'abord interrompue au bout de six minutes par une sortie de Räikkönen dans la Parabolica. Puis, au drapeau vert, les pilotes reprennent la piste au ralenti ! Tous roulent en peloton au petit trot dans l'espoir de bénéficier de l'aspiration pour un dernier tour lancé... mais avec la crainte d'offrir cette même aspiration aux concurrents ! A force de jouer à ce petit jeu, tous les pilotes, sauf Sainz, passent la ligne de chronométrage après le drapeau à damiers et ne peuvent donc accomplir d'autre tour rapide ! La fédération diligente aussitôt une enquête et menace de pénaliser les coureurs impliqués. Vendredi, en Formule 3, 17 des 30 engagés se sont comportés ainsi avant d'être sanctionnés.
Leclerc s'empare d'une pole position peu glorieuse (1'19''307'''). Les tifosi sont ravis mais Hamilton et Mercedes accusent le Monégasque et Ferrari d'avoir fomenté cette « farce » en ralentissant volontairement, ce que les intéressés contestent évidemment. Vettel (4ème) est aussi mécontent de ne pas s'être battu pour la pole, d'autant plus que son équipier l'a doublé par surprise dans les derniers mètres, le privant ainsi d'un dernier tour rapide. Les Mercedes (Hamilton 2ème, Bottas 3ème) seront les adversaires principales de Leclerc dimanche. Les Renault (Ricciardo 5ème, Hülkenberg 6ème) font forte impression en occupant la troisième ligne. Red Bull-Honda connaît un week-end difficile: Albon (8ème) ne peut signer de chrono en Q3 et Verstappen est trahi dès la Q1 par une panne de moteur. Il s'élancera 19ème, mais était de toute façon déjà sous le coup d'une pénalité en raison de son changement de groupe propulseur.
Sainz (7ème) est le seul pilote à avoir tenté de signer un « vrai » chrono en Q3. Norris (16ème) remplace le moteur Renault de sa McLaren et est repoussé en fond de grille. Pour la première fois depuis un an, Stroll (9ème) entre en Q3. Sur l'autre Racing Point, Pérez (18ème) stoppe dès la Q1, victime d'une perte de puissance. Il changera de moteur et sera puni en conséquence. Du côté d'Alfa Romeo, Räikkönen tape les glissières de la parabolique au début de la troisième manche. Le Finlandais remplacera ensuite son moteur et sa boîte et partira depuis la pit-lane. Giovinazzi (10ème) a failli atteindre la troisième manche. Comme à Spa, les Haas-Ferrari manquent de vitesse de pointe, mais Grosjean (13ème) est beaucoup plus affecté que Magnussen (11ème). Mauvais week-end pour les Toro Rosso-Honda: Kvyat (12ème) déplore un manque de rythme et Gasly (17ème) est relégué en fond de grille à cause de ses pénalités. Les Williams-Mercedes (Russell 14ème, Kubica 15ème) manquent cruellement d'équilibre. Elles ferment la marche sur la feuille des temps, mais, toujours très fiables, profitent des pénalités de la concurrence...
Les quatre commissaires sportifs de ce Grand Prix, à savoir Garry Connelly, Silvia Bellot, Derek Warwick et Paolo Longoni, ne chôment pas devant le tollé suscité par le déroulement des qualifications. Ils auditionnent tout d'abord Nico Hülkenberg qui est l'un des pilotes à avoir le plus ralenti durant les dernières minutes de la Q3. Il a en outre emprunté l'échappatoire de la première chicane sans en avoir besoin, ce qui selon les autorités était un moyen de se retrouver en queue de peloton et de bénéficier de l'accélération. Mais l'Allemand s'en tire en expliquant qu'il surveillait ses rétroviseurs et a freiné trop tard... En ce qui concerne son ralentissement volontaire, Hülkenberg est entendu en même que Lance Stroll et Carlos Sainz. Ces trois pilotes sont les premiers à avoir pris la piste et les commissaires considèrent donc que ce sont eux qui ont contraint leurs concurrents à adopter une faible allure, ce qui est un raisonnement tendancieux, les pilotes Ferrari et Mercedes ne s'étant guère démenés pour faire sauter ces trois bouchons ! Ces derniers écopent finalement d'une simple réprimande tandis qu'une note est remontée à Michael Masi afin que celui-ci « trouve une solution pérenne pour que ce type de comportement [ralentir pour bénéficier de l'aspiration d'une voiture] ne se reproduise pas dans le futur. »
Le Grand Prix
Le soleil est au rendez-vous en ce dimanche de septembre et des dizaines de milliers de tifosi surexcités sont venus assister à une victoire de leur nouvel héros Charles Leclerc. Pirelli préconise une stratégie à un seul arrêt. La majorité des pilotes s'élance en pneus tendres (C4). Pérez, Norris, Kvyat, Gasly, Russell et Kubica partent en pneus médiums (C3), de même que Räikkönen. Mais il y a là une erreur de la part d'Alfa Romeo: le Finlandais ayant atteint la Q3, il aurait dû s'élancer avec les gommes tendres utilisées en qualifications...
Départ: Leclerc et Hamilton démarrent idéalement. Le Monégasque serre légèrement le Britannique vers la droite, ce qui permet à Bottas, demeuré derrière la Ferrari, de franchir le premier tournant devant son équipier. Hamilton reprend toutefois la deuxième position à la sortie de la chicane. Au premier freinage Grosjean entre en contact avec Gasly. Il emprunte l'échappatoire et emmène avec lui Pérez. Surpris par le ralentissement ainsi provoqué, Verstappen s'écarte vers la pelouse pour contourner la Toro Rosso de Gasly et y endommage sa calandre.
1er tour: Hülkenberg fait l'extérieur à Vettel à la Variante della Roggia. En fin de boucle, Leclerc devance Hamilton, Bottas, Hülkenberg, Vettel, Ricciardo, Stroll, Sainz, Albon et Giovinazzi. Verstappen regagne son garage pour changer son museau et se retrouve lanterne rouge.
2e: Leclerc précède Hamilton d'une seconde. Vettel repasse devant Hülkenberg au bout de la ligne droite principale.
3e: Albon se fait doubler par Sainz au premier freinage. Il riposte toutefois à la Variante della Roggia, mais l'Espagnol reprend son bien au premier Lesmo. Placé à l'extérieur, le Thaïlandais tente de résister et sort dans les graviers. Il revient en piste derrière Giovinazzi et Magnussen.
5e: Ricciardo prend l'ascendant sur son équipier. À l'issue de cette boucle, Leclerc devance Hamilton (1.5s.), Bottas (2.6s.), Vettel (3.5s.), Ricciardo (7.3s.), Hülkenberg (8.3s.), Stroll (9.6s.), Sainz (11.2s.), Giovinazzi (12.5s.), Magnussen (13.7s.) et Albon (14.1s.).
6e: Vettel perd l'arrière de sa Ferrari en quittant la Variante Ascari et part dans une embardée. Il se retrouve dans la pelouse, à droite de la piste. L'Allemand retrouve le bitume alors que déboule Stroll à pleine vitesse. La Ferrari effleure la roue arrière-droite de la Racing Point qui exécute une pirouette à son tour. Mais Stroll est lui aussi très imprudent puisqu'il redémarre au moment où Gasly entame le Rettifilo Centrale. Le pilote Toro Rosso emprunte le bac à graviers pour éviter la Racing Point.
7e: Leclerc devance Hamilton d'une seconde et demie. Vettel regagne les stands avec un aileron avant effondré. Il change de museau et chausse des pneus durs, puis redémarre bon dernier.
8e: Albon tente de faire l'extérieur à Magnussen à la Variante della Roggia et passe en court-circuitant la chicane. Grosjean part en tête-à-queue à la chicane Ascari. Il reste sur la piste mais ses pneus sont détruits et il stoppe ensuite chez Haas pour les changer.
9e: Kvyat déborde Magnussen et grimpe ainsi au neuvième rang.
10e: Leclerc est premier devant Hamilton (1s.), Bottas (2.4s.), Ricciardo (21.1s.), Hülkenberg (14s.), Sainz (16.4s.), Giovinazzi (19.3s.), Albon (22.2s.), Kvyat (24s.), Magnussen (26.4s.), Pérez (27.1s.) et Stroll (27.6s.).
11e: Magnussen se défend vigoureusement face aux attaques de Pérez. Verstappen remonte au seizième rang après avoir dépassé les deux Williams. Vettel et Grosjean ferment la marche.
12e: Vettel reçoit une pénalité de dix secondes pour avoir repris la piste de façon périlleuse.
13e: Leclerc conserve une seconde et trois dixièmes de marge sur Hamilton, sans pouvoir se détacher. Bottas demeure dans le sillage de son équipier. Vettel fait halte aux stands pour subir son « stop-and-go ».
15e: Leclerc porte son avance sur Hamilton à une seconde et demie. Albon dépasse Giovinazzi à la première chicane. Stroll écope d'un « drive-through » pour son dangereux retour sur le circuit. Il subit cette punition dans la foulée.
17e: L'intervalle entre Leclerc et Hamilton n'évolue plus. Une pénalité de cinq secondes est infligée à Albon pour avoir dépassé Magnussen en franchissant les limites de la piste.
18e: Leclerc mène devant Hamilton (1.5s.), Bottas (3.2s.), Ricciardo (17.2s.), Hülkenberg (20.3s.), Sainz (25.2s.), Albon (28s.), Giovinazzi (31s.), Kvyat (32.8s.), Magnussen (40.5s.), Pérez (41.3s.), Norris (43.5s.) et Verstappen (44.5s.).
19e: Hamilton entre aux stands en fin de tour pour chausser des pneus médiums (2.6s.). Son objectif est de réaliser l' « undercut » sur Leclerc. Räikkönen est sanctionné de dix secondes pour être parti avec le mauvais jeu de pneus.
20e: Leclerc arrive chez Ferrari et prend lui les gommes blanches (2.3s.). Il rejoint la piste juste devant Hamilton. Magnussen change aussi de pneus. Räikkönen exécute sa punition.
21e: Bottas est le nouveau leader, quinze secondes devant Ricciardo. Leclerc et Hamilton remontent sur Hülkenberg. Arrêt pneus pour Giovinazzi.
22e: Leclerc et Hamilton arrivent sur Hülkenberg et disposent donc chacun du DRS. Le Monégasque fait l'intérieur à l'Allemand dans la Parabolica.
23e: Hamilton dépasse Hülkenberg sur la ligne de chronométrage, puis tente de se glisser vers l'extérieur pour surprendre Leclerc, mais celui-ci lui barre la route. Hamilton assaille ensuite le Monégasque dans la Curva Grande et se déporte vers la droite. Il arrive presque à sa hauteur à la seconde chicane lorsque Leclerc le tasse contre la bordure. Leurs roues se frôlent. Hamilton tire tout droit dans l'échappatoire... sous les vivats des tifosi. Changement de pneus pour Norris, Stroll et Russell.
24e: Michael Masi adresse à Leclerc le drapeau noir et blanc, synonyme d'avertissement pour conduite dangereuse.
25e: Bottas précède Ricciardo (17.7s.), Leclerc (17.9s.), Hamilton (18.3s.), Hülkenberg (24.4s.), Sainz (30s.), Albon (31.2s.), Kvyat (36.3s.), Pérez (47s.) et Verstappen (48s.).
26e: Leclerc puis Hamilton se défont de Ricciardo. Albon stoppe chez Red Bull pour s'emparer de pneus médiums et subir sa pénalité. Räikkönen chausse lui des pneus tendres.
27e: Hamilton demeure quelques dixièmes derrière Leclerc sans pouvoir l'attaquer. En fin de tour, Bottas fait escale chez Mercedes et reçoit des pneus médiums (2.3s.). Verstappen stoppe chez Red Bull pour prendre les mêmes gommes.
28e: Bottas reprend la piste entre les Renault de Ricciardo et de Hülkenberg. Leclerc retrouve le leadership. Sainz, Kvyat, Gasly et Pérez changent de gommes. Sainz ressort des stands avec une roue avant-droite mal fixée et doit s'immobiliser sur le bas-côté.
29e: Bien que la McLaren de Sainz ne représente pas le moindre danger, la direction de course enclenche la procédure de « voiture de sécurité virtuelle » pour une quarantaine de secondes. Hülkenberg chausse les Pirelli jaunes pour finir l'épreuve.
30e: Le drapeau vert est agité. Leclerc compte sept dixièmes d'avance sur Hamilton. Ricciardo s'empare de pneus jaunes et repart devant son équipier. Alors qu'il occupait une belle sixième place, Kvyat est éliminé par une fuite d'huile. Il gare sa Toro Rosso fumante dans la pelouse, à l'amorce de la Curva Grande. Grosjean et Kubica changent d'enveloppes.
31e: La « Virtual Safety Car » est derechef instaurée pour permettre aux commissaires d'évacuer la monoplace de Kvyat.
32e: La neutralisation prend fin, et Hamilton maintient la pression sur Leclerc. Albon pourchasse Giovinazzi pour la sixième place. Verstappen prend la onzième position à Gasly.
33e: Leclerc et Hamilton prennent un tour à Vettel qui se bat pour la 16ème place contre Russell. Albon prend l'ascendant sur Giovinazzi. Magnussen, neuvième, est poursuivi par un trio comprenant Norris, Verstappen et Gasly.
34e: Sous la pression de Norris, Magnussen bloque sa roue avant-droite à la première chicane et tire tout droit. Il effectue ensuite un deuxième changement de pneus et chute au quinzième rang. Verstappen dépasse Norris au tour suivant.
36e: Leclerc allume sa roue avant-gauche au premier freinage et doit couper la chicane. Hamilton se blottit ensuite derrière la Ferrari, mais celle-ci est trop puissante pour que l'Anglais porte l'estocade. À la fin de cette boucle, Leclerc devance Hamilton (0.4s.), Bottas (4.3s.), Ricciardo (29.6s.), Hülkenberg (47.2s.), Albon (56s.), Giovinazzi (1m.), Pérez (1m. 01s.), Verstappen (1m. 06s.), Norris (1m. 09s.), Gasly (1m. 10s.) et Stroll (1m. 19s.).
38e: Hamilton demeure dans le sillage de Leclerc, mais il subit aussi des turbulences lorsqu'il en est trop près, notamment dans la parabolique, ce qui abîme ses pneus et obère ses chances de doubler dans la longue pleine charge. Bottas comble peu à peu l'écart avec son coéquipier. Pérez dépasse Giovinazzi pour la huitième place.
40e: Bottas recolle à moins de deux secondes de Hamilton. Verstappen pourchasse Giovinazzi.
41e: Verstappen prend l'avantage sur Giovinazzi. Piteux treizième, Vettel prend les pneus médiums dans l'espoir de conquérir le point du meilleur chrono.
42e: Hamilton allume ses roues au premier freinage et emprunte l'échappatoire pour laisser passer Bottas qui, muni de pneus plus frais, monte à l'assaut contre Leclerc.
44e: Leclerc est en tête devant Bottas (1.3s.), Hamilton (4.5s.), Ricciardo (39s.), Hülkenberg (53s.), Albon (56.8s.), Pérez (1m. 05s.), Verstappen (1m. 06s.), Giovinazzi (1m. 11s.) et Norris (1m. 16s.). Deuxième changement de pneus pour Kubica.
45e: Magnussen regagne son garage pour renoncer suite à une panne hydraulique.
47e: Bottas est aux trousses de Leclerc et améliore le temps de référence (1'22''859'''), mais il lui concède encore une seconde et demie.
48e: À cinq tours du but, Leclerc précède Bottas (1.3s.), Hamilton (7.2s.), Ricciardo (44s.), Hülkenberg (56.3s.), Albon (58s.), Pérez (1m. 11s.), Verstappen (1m. 12s.), Giovinazzi (1m. 19s.), Norris (1m. 22s.), Gasly (-1t.) et Stroll (-1t.).
49e: Hamilton entre aux stands pour chausser les pneus tendres afin de glaner le point du record du tour. Albon lorgne sur la cinquième place détenue par Hülkenberg.
50e: Bottas passe à l'attaque et revient à six dixièmes de Leclerc. Lancé aux trousses de Russell, Vettel s'adjuge le record du tour provisoire (1'22''799'''). Verstappen bute sur Pérez qu'il ne peut doubler à cause du manque de puissance de son V6 Honda.
51e: Bottas manque la corde à la première chicane et perd ainsi de précieux dixièmes. Hamilton s'empare du meilleur chrono définitif: 1'21''779'''.
52e: Malgré ses efforts, Bottas concède encore sept dixièmes à Leclerc et ne pourra pas le rattraper d'ici le drapeau à damiers.
53ème et dernier tour: Charles Leclerc remporte sa deuxième victoire de rang et précède les Mercedes de Bottas et Hamilton. Ricciardo, quatrième, et Hülkenberg, cinquième, apportent à Renault son meilleur résultat de la saison. Albon amène sa Red Bull au sixième rang. Parti en fond de grille, Pérez décroche une belle septième place. Verstappen se contente cette fois de quatre points. Giovinazzi, neuvième, a réussi son Grand Prix national. Le dernier point revient à Norris. Viennent ensuite Gasly, Stroll, Vettel, Russell, Räikkönen, Grosjean et Kubica.
Après la course: l'intronisation de « Carletto »
Charles Leclerc est le premier pilote à remporter le Grand Prix d'Italie sur Ferrari depuis Fernando Alonso en 2010. Il est seulement le dixième pilote de l'histoire de la Scuderia à réaliser cet exploit, salué comme il se doit par les hourras d'une marée de fans en délire. Ce triomphe à Monza marque les noces de « Carletto » avec les tifosi. Le jeune Monégasque vit là sans doute le meilleur moment de sa jeune carrière. « Sur les deux derniers tours, j'ai compris que Valtteri ne me rattraperait pas », narre-t-il. « Mes pneus étaient encore bien. Alors, j'ai regardé vers les tribunes, j'ai vu qu'il commençait à y avoir de l'agitation. Je me suis mis à penser à ce que cette victoire signifiait... Alors je me suis dit: « Charles, regarde la piste devant toi ! » Arrête de tourner la tête, reste concentré... » D'autre part, cette deuxième victoire fut acquise au prix d'une défense musclée face à la pression exercée par les deux Mercedes: « Cette victoire a été beaucoup plus difficile à obtenir qu'à Spa. C'est toujours compliqué d'avoir Lewis si près derrière soi. Mais je ne pensais qu'à ça depuis vendredi: gagner ! Pour récompenser les supporteurs de tout le soutien que nous avons reçu. » Et comme souvent Leclerc revient à son mentor Jules Bianchi qui, s'il avait vécu, serait peut-être aujourd'hui son équipier chez Ferrari: « Un jour, Jules m'avait emmené à Maranello pour un reportage télévisé et avait voulu me faire entrer. Mais je n'ai pas eu le droit d'entrer ! » Il y est dorénavant chez lui.
Mattia Binotto se félicite de ce succès à domicile qui ne fut certes pas facile à glaner: « Nous savions que nous serions performants en venant ici, mais nous savions aussi que nous n'avions aucune marge d'erreur, » explique le directeur de la Scuderia. « Les écarts avec nos rivaux étaient faibles. Le pilotage de Charles a été fantastique et il s'est très bien défendu, en faisant très peu d'erreurs. Si la pression a un effet sur lui, c'est de le motiver. Cette victoire est vraiment méritée ! Toute l'équipe a fait un sans-faute, notamment avec la stratégie, parce qu'il était courageux de passer sur les pneus durs. Cela s'est avéré le bon choix. »
Mercedes a eu beau adopter deux stratégies différentes pour ses pilotes, rien n'y a fait: Leclerc était irrattrapable, en grande partie grâce à l'impressionnante cavalerie délivrée par le moteur hybride Ferrari. « J'ai fait tout ce que j'ai pu, raconte Valtteri Bottas, mais je n'étais pas assez près à la sortie de la parabolique pour tenter quoique ce soit en ligne droite. En outre, mes pneus ont fléchi dans les derniers tours, car il m'a fallu beaucoup attaquer ! Notre stratégie réclamait de gagner une seconde au tour sur Leclerc, et je ne lui en reprenais que la moitié. Avec le DRS, on allait aussi vite que lui sans ! » Quant à Lewis Hamilton, il est plutôt agacé par la défense très « virile » que lui a opposée le vainqueur du jour, et surtout par leur contact du 23ème tour. Il s'étonne du manque de constance des décisions de la FIA. « L'an dernier, Verstappen avait exécuté la même manœuvre sur Bottas, en le forçant à sortir de la piste. Il avait alors été pénalisé. Les commissaires devaient être aujourd'hui d'une autre humeur... Si je ne jouais pas le championnat, je crois que j'aurais été au contact ! » Toto Wolff suggère pour sa part que Leclerc a été épargné pour ne pas froisser les tifosi: « Si Charles avait été sanctionné, il y aurait eu une émeute ! » Quoiqu'il en soit, Mercedes n'avive pas la polémique et accepte la décision du collège des commissaires. Quant au drapeau blanc et noir sorti de la naphtaline par Michael Masi, il semble promis à une belle carrière de « joker » pour les pilotes hargneux.
C'est un Sebastian Vettel désabusé qui quitte l'autodrome de Monza dans l'indifférence générale. L'Allemand s'est une nouvelle fois distingué par des bourdes indignes d'un quadruple champion du monde, en exécutant d'abord un tête-à-queue, puis surtout en repartant sous le nez de Lance Stroll qui surgissait à 200 km/h. La catastrophe a été évitée de justesse. Vettel, tout penaud, reconnaît pleinement ses torts: « Quand on fait mal son travail, on ne peut pas être un homme heureux », lâche-t-il à l'envoyé de L'Équipe. Au-delà de cette énième maladresse, la victoire de Charles Leclerc résonne pour lui tel le chant du cygne. En effet, en cinq saisons passées en rouge, Vettel n'a jamais gagné à Monza, alors que son jeune coéquipier y est parvenu à sa première tentative. Du reste, et fort logiquement, Leclerc fait maintenant l'objet de toutes les attentions de la part de la Scuderia. Au point que celle-ci, par une cruelle étourderie, oublie de convier Vettel à la « photo souvenir » réunissant dimanche soir l'écurie victorieuse...
Renault: Veni, Vidi,... Viry ?
Enfin, l'Italie a souri au Losange: grâce aux quatrième et cinquième places de Daniel Ricciardo et Nico Hülkenberg, Renault réalise son meilleur résultat depuis son retour officiel en Formule 1 en 2016. Ricciardo salue à cette occasion le travail effectué par les ingénieurs motoristes français qui ont su enfin offrir un moteur capable d'en remontrer aux Ferrari et aux Mercedes. « Jadis, avec Red Bull, on débarquait chaque année ici avec peu d'espoir, du fait du manque de puissance », se souvient l'Australien. « Cette année, tout a changé. J'espère qu'on va maintenant progresser côté appuis aérodynamiques, et être performants sur les circuits lents comme Singapour. » Cyril Abiteboul demeure assez stoïque et confirme que dorénavant l'écurie anglo-française doit faire progresser sa monoplace. Il met ainsi la pression sur les hommes d'Enstone: « Je ne suis pas ému aux larmes, car ce n'est pas un résultat inattendu. Viry-Châtillon a bien travaillé. Cela fait plusieurs Grands Prix qu'on a dépassé les mille chevaux. On sait aussi qu'on va rencontrer des problèmes sur d'autres types de circuits. Maintenant, il faut corriger le châssis. » Mais Renault ne boude pas son plaisir: grâce à cette moisson de points, la quatrième place du championnat des constructeurs, toujours détenue par les clients et rivaux de McLaren, redevient accessible. Dix-huit points séparent encore les deux écuries.
Au classement des pilotes, Hamilton (284 points) n'a rien à redouter de Bottas (221 pts) et de Verstappen (185 pts). Leclerc (182 pts) chipe la quatrième place à Vettel (169 pts). À cause de la contre-performance de ce dernier, Ferrari (351 pts) perd encore des points sur Mercedes-AMG (505 pts), malgré sa victoire...
Tony