Frank Williams, cinquante années de passion
Sir Frank Williams célèbre ce week-end les cinquante ans de son premier engagement en Formule 1. C'est en effet en 1969 que sa première écurie, Frank Williams Racing Cars Ltd, a fait ses débuts dans la discipline reine avec une Brabham BT26 confiée au regretté Piers Courage. Si son état de santé ne lui permet plus de se rendre régulièrement sur les Grands Prix, le patriarche de Grove demeure actif à la tête de son entreprise. Et bien que celle-ci traverse actuellement la pire crise de son histoire, engluée dans les tréfonds du peloton, il ne baisse absolument pas les bras et entend se battre jusqu'au bout. C'est ce qu'il affirme dans un récent entretien, dans lequel il rend aussi hommage à son vieux complice Patrick Head: « Cinquante ans en F1, honnêtement, je n'y ai pas trop pensé. Je ne peux dire que j'ai adoré chaque minute, parce que certains moments furent vraiment difficiles. J'ai perdu ma femme et des pilotes. Mais la F1 a été très bonne avec moi. La vitesse m'a toujours fait vibrer, depuis que je suis gamin. Quand Patrick Head m'a rejoint, ce fut très important, il a été décisif pour faire de cette entreprise ce qu'elle est aujourd'hui. Nous avons obtenu des succès formidables, mais il y a une expression bien connue en F1: « Votre niveau dépend de votre dernière course ». Nous allons continuer à nous battre, et je ne vais certainement me retirer. »
Vendredi, Frank Williams effectue à Silverstone une de ses rares apparitions publiques. À cette occasion, Lewis Hamilton lui offre deux tours du circuit à pleine vitesse au volant d'une Mercedes-AMG S63, agrémentés de quelques donuts qui ne troublent pas son flegme légendaire...
La F1 à Silverstone jusqu'en 2024
Après des mois d'incertitude, l'accord liant Silverstone à la Formule 1 est finalement reconduit jusqu'à 2024. On se souvient qu'en 2017, le circuit avait activé une clause lui permettant de rompre son contrat avant terme en raison de la hausse annuelle de 5% des frais d'inscription au calendrier, devenue insupportable. L'édition 2019 du Grand Prix de Grande-Bretagne aurait ainsi dû être la dernière à se tenir à Silverstone. Or, la FIA et Liberty Media se sont très vite aperçus qu'ils ne possédaient pas d'alternative à l'ancien autodrome. Les projets de course dans les rues de Londres, un serpent de mer remontant aux années 2000, ne se sont jamais concrétisés. Par ailleurs, le British Racing Drivers' Club, propriétaire de Silverstone, s'est donné les moyens de conserver le Grand Prix en revoyant de fond en comble ses activités afin que ses revenus ne dépendent plus exclusivement de la F1. John Grant, le président du BRDC, se félicite de ce nouveau contrat: « Silverstone est l'un des Grands Prix les plus emblématiques de la F1, et avec un héritage si riche, il aurait été désastreux pour notre sport que nous ne parvenions pas à trouver un accord. Ces cinq années supplémentaires vont nous permettre de poursuivre nos investissements autour du Grand Prix, lesquels avoisineront les 100 millions de livres sterling (112 millions d'euros, NDLA) au final ». Du reste, l'événement sera de nouveau cette année un succès populaire puisqu'il se tiendra à guichets fermés devant 141 000 spectateurs.
Le circuit de Silverstone se pare d'un nouveau bitume qui remplace le calamiteux enrobé posé pour l'édition 2018. Cette fois, la plupart des bosses qui parsemaient le mythique circuit anglais ont été arasées, à la grande satisfaction des pilotes. Mais ce nouvel asphalte, très lisse, s'avère aussi piégeux et met les gommes à rude épreuve. Pirelli apporte ainsi ici ses composés les plus durs. Par ailleurs, quelques bacs à graviers ont été rajoutés dans les courbes de Becketts et Maggots, en lieu et place de dégagements en asphalte, et ce afin de dissuader les pilotes de rouler hors des limites de la piste. Dans le même esprit, des bosses en ciment ont été installées en bordure de plusieurs virages (Luffield, Copse, Maggots, Chapel). Enfin, la troisième zone d'activation de l'aileron arrière mobile, ajoutée l'an passé entre Club et Village, est supprimée car jugée trop dangereuse par le GPDA. Les pilotes estiment en effet ne pas disposer d'assez d'appui aérodynamique pour franchir la courbe d'Abbey DRS ouvert. En 2018, Marcus Ericsson et Romain Grosjean avaient tous deux tapé le mur après avoir perdu le contrôle de leur bolide à cet endroit.
Les loufoqueries de M. Storey
Lorsqu'en début de saison le Haas F1 Team a signé un contrat de sponsoring avec Rich Energy, quelques esprits malveillants ou sagaces avaient émis quelques doutes sur la viabilité de cette marque de boissons énergisantes dont les canettes sont inconnues du grand public. Cela n'empêchait pas William Storey, son emblématique président à longue barbe, de proclamer son intention de tailler des croupières à Red Bull, aussi bien sur le plan commercial que sportif. Six mois plus tard, la saison 2019 de l'écurie américaine vire au désastre. La Haas VF-19 semble incapable de faire fonctionner les nouveaux pneus Pirelli, au point qu'en Autriche Romain Grosjean s'est plaint « de rouler avec autant d'adhérence que sur une piste humide ! » Le virevoltant Guenther Steiner, après avoir épuisé toutes les excuses possibles et imaginables, est bien obligé d'admettre que Haas n'est pas la quatrième force du plateau comme il le prétendait en début de saison. Le soir du mercredi 10 juillet, un coup de tonnerre retentit sur Twitter: Rich Energy annonce qu'en raison des performances insuffisantes de son partenaire, leur accord prend fin avec effet immédiat. Sur le moment, beaucoup y voient une dérobade opportune de marchand de boissons, récemment condamné à ne plus utiliser son logo représentant un cerf, suite à une plainte pour plagiat déposée en justice par le constructeur de vélo Whyte Bikes. Faute de pouvoir afficher son image, Rich Energy se retirerait ainsi par une porte dérobée.
Mais le lendemain, jeudi 11 juillet, autre surprise: cinq actionnaires de la firme annoncent qu'ils désapprouvent complètement ce « tweet » inspiré par William Storey et que le contrat avec Haas est bel et bien maintenu. Guenther Steiner confirme pour sa part que Rich Energy est toujours le sponsor-titre de son écurie. Vendredi 12, nouveau rebondissement: Storey annonce avoir déjoué une « révolution de palais » fomentée par « un groupe d'actionnaires proches de Red Bull et de Whyte Bikes » (sic). Le Fidel Castro de Prisunic confirme contrôler l'ensemble des actifs de sa compagnie, ainsi que la fin de son soutien à Haas. « Nous avons rompu avec eux. C'est une décision malheureuse mais logique à la lumière des événements », affirme-t-il dans The Sun. « Chez Haas, ce sont des gens bien, mais la voiture recule. Nous avons un produit supérieur à Red Bull. Avoir un camion de laitier à l'arrière de la grille est un désastre pour nous. Fin de l'histoire ! » Toutefois, les rumeurs de faillite de l'entreprise vont bon train, ce qui pourrait mettre Haas dans une situation périlleuse.
Présentation de l'épreuve
Lewis Hamilton peut établir ce week-end un nouveau record en empochant un sixième succès dans son Grand Prix national, ce qui lui permettrait d'effacer des tablettes Jim Clark et Alain Prost, co-recordmans de victoires dans cette épreuve. Mais le public britannique encouragera aussi la nouvelle génération. Le cru 2019 des pilotes d'outre-Manche est en effet exceptionnel avec Lando Norris (19 ans), George Russel (21 ans) et Alexander Albon (23 ans). La relève d'Hamilton (34 ans) paraît assurée.
Parmi ce trio, Lando Norris est sans conteste la révélation de cette saison. Rapide et régulier, ouvert et sympathique, le natif de Bristol s'affirme déjà comme un futur prétendant au titre mondial. Il vient d'ailleurs d'être reconduit par McLaren pour 2020, à l'instar de son coéquipier Carlos Sainz Jr. George Russell n'est évidemment pas autant satisfait de son début de championnat, puisqu'il doit se débattre au volant d'une Williams totalement ratée. Ce n'est pas sans amertume qu'il observe son ex-rival Norris engranger des points alors qu'il demeure englué dans le fond du peloton. Néanmoins, Russell peut se targuer de dominer constamment son équipier Robert Kubica et se fait ainsi très favorablement remarquer par ses parrains de Mercedes. En espérant ne pas suivre la même trajectoire que Pascal Wehrlein... Enfin, Alexander Albon (qui possède les deux passeports britannique et thaïlandais), bien que tout à fait néophyte en F1, fait au moins jeu égal avec Daniil Kvyat et peut même prétendre à la succession de Pierre Gasly chez Red Bull. Ajoutés à Hamilton, ces trois jeunes hommes portent très haut les couleurs d'Albion.
Max Verstappen sera-t-il encore chez Red Bull en 2020 ? Son manager Raymond Vermeulen a récemment confirmé que le jeune Néerlandais possédait dans son contrat une clause l'autorisant à chercher un nouvel employeur si, début août, il ne figure pas parmi les trois premiers du championnat des conducteurs ou s'il n'a pas remporté une seule victoire. Il se trouve que depuis le GP d'Autriche ces deux conditions sont désormais remplies. Cela n'empêche pas les rumeurs d'aller bon train autour d'un possible départ de Verstappen vers Mercedes ou Ferrari. Certains l'imaginent même déjà à Maranello en 2020 à la place de Sebastian Vettel qui ferait le chemin inverse et reviendrait à ses premières amours chez Red Bull. Tout cela est bien sûr démenti par les intéressés.
Dans le même temps, et de façon beaucoup plus certaine, l'avenir de Pierre Gasly chez Red Bull Racing s'inscrit désormais en pointillé. Après un GP d'Autriche de nouveau très décevant, achevé à la septième place à un tour de son équipier vainqueur, le jeune Normand a reçu un ultimatum de Christian Horner. Celui-ci lui laisse désormais trois courses (les GP de Grande-Bretagne, d'Allemagne et de Hongrie), jusqu'à la pause estivale, pour briller, après quoi il pourrait être amené à céder sa place, probablement à l'un des deux pilotes de Toro Rosso, Daniil Kvyat ou Alexander Albon.
En raison de son partenariat avec Aston Martin, Red Bull met la série James Bond à l'honneur pour ce GP de Grande-Bretagne. Les monoplaces au taureau afficheront ainsi le célèbre numéro 007 de l'espion britannique, ainsi que de fausses plaques d'immatriculation inspirées de ses différents véhicules. L'acteur Daniel Craig, qui incarne Bond au cinéma, est enfin l'invité d'honneur de Red Bull Racing pour ce week-end.
Les discussions autour du règlement technique de 2021, qui ne sera connu qu'à l'automne, se poursuivent, et le directeur sportif de la F1 Ross Brawn a appelé les pilotes à émettre des suggestions pour améliorer le spectacle. Plusieurs d'entre eux, dont Lewis Hamilton, Sebastian Vettel et Max Verstappen, soumettent ainsi quelques idées en ce début d'été: revoir la configuration aérodynamique des bolides pour favoriser les dépassements, proposer des pneus qui autorisent de vraies prises de risque, réduire l'influence de l'aileron arrière mobile, concevoir un règlement sportif plus souple etc. Reste à savoir si ces souhaits seront pris en compte. Romain Grosjean l'espère et affirme même que les pilotes « sont seuls à savoir ce qu'il faut ou non pour offrir de meilleures courses. »
Afin de mettre le doigt sur les problèmes de la VF-19, Haas ne met pas tous ses œufs dans le même panier à Silverstone. Grosjean pilotera ainsi avec la configuration aérodynamique initiale de la monoplace américaine, celle utilisée à Melbourne, alors que Magnussen éprouvera une version plus récente. McLaren apporte une évolution aérodynamique à sa MCL34, dans l'espoir de confirmer son statut de quatrième force du plateau et de briller à domicile. On aperçoit ainsi une deuxième lame sur le rebord du fond plat de la machine papaye, afin d'améliorer la canalisation du flux d'air et de « décharger » quelque peu les roues avant. Alfa Romeo-Sauber munit de son côté sa C38 d'un nouveau museau plus élargi et toujours doté d'une « jupe ».
Essais et qualifications
La journée du vendredi est difficile pour les pilotes qui peinent à trouver de l'adhérence à cause de bourrasques de vent et d'un nouveau bitume glissant. Le matin, Gasly crée la surprise en signant le meilleur chrono avec sa Red Bull-Honda, avant qu'une averse interrompe la séance. L'après-midi, les deux Mercedes précèdent les Ferrari. Bottas est plus rapide que Hamilton qui se plaint d'un train arrière vicieux. Samedi matin, lors de l'ultime session libre, un crachin humidifie quelque peu l'asphalte, avant que Leclerc ne réalise le meilleur temps.
L'après-midi, Bottas réalise sa dixième pole position (1'25''093''') avec six minuscules millièmes d'avance sur Hamilton (1'25''099'''). Leclerc place sa Ferrari au troisième rang, à seulement 79 millièmes de la position de pointe. Il fait beaucoup mieux qu'un Vettel (6ème) absolument transparent. Verstappen (4ème) concède pour sa part moins de deux dixièmes à Bottas et pense qu'il aurait pu s'emparer de la pole sans une légère défaillance de turbo sur sa Red Bull-Honda. Gasly (5ème) réalise enfin une performance décente, à seulement trois dixièmes de son coéquipier. Satisfaction chez Renault: Ricciardo (7ème) et Hülkenberg (10ème) atteignent tous les deux la Q3. Du côté de McLaren-Renault, Norris (8ème) précède Sainz (13ème) qui se plaint d'un brusque survirage.
Fortunes diverses chez Toro Rosso: si Albon (9ème) se met en vedette, Kvyat (17ème) ne parvient pas à bien équilibrer sa monoplace et mise tout sur sa stratégie de course. Les Alfa Romeo (Giovinazzi 11ème, Räikkönen 12ème) sont plutôt décevantes sur cette piste rapide censée leur convenir. Le casse-tête se poursuit pour les ingénieurs de Haas: après un tête-à-queue exécuté dans la pit-lane (!) vendredi, Grosjean (14ème) fait mieux avec l'ancienne configuration aérodynamique de la VF-17 que Magnussen (16ème) doté des dernières évolutions. Les Racing Point-Mercedes (Pérez 15ème, Stroll 18ème) ont des performances irrégulières selon les secteurs du circuit. Comme d'habitude, les Williams-Mercedes sont en dernière ligne, et comme d'habitude Russell (19ème) devance nettement Kubica (20ème).
Le Grand Prix
La matinée de ce 14 juillet est pluvieuse à Silverstone, mais le bitume a le temps de sécher pour la course qui se déroulera sous un ciel chargé. L'atmosphère est fraîche (17°C) pour la saison, ce qui pourrait favoriser l'usure des pneumatiques. Le plateau est divisé sur le choix des enveloppes. Les Mercedes, Red Bull, Alfa Romeo, Racing Point, Williams, ainsi que la McLaren de Sainz, sont chaussés de pneus médiums (C2). Les Ferrari, Renault, Haas, Toro Rosso et la McLaren de Norris sont munis de pneus tendres (C3). Moment de panique chez Red Bull sur la grille: des micro-fissures sont détectées sur les montants des ailerons arrière de Verstappen et de Gasly. Ceux-ci pourront cependant être remplacés à temps.
Départ: Bottas démarre un peu moins bien que Hamilton, mais il lui barre la route et reste devant au premier freinage. Suivent Leclerc et Verstappen. Vettel prend l'ascendant sur Gasly, lequel se défend ensuite vigoureusement contre une attaque de Norris.
1er tour: Hamilton est sur les talons de Bottas. Norris repousse deux attaques hardies de Ricciardo à Copse, puis à Maggots. Grosjean et Magnussen se tamponnent à la sortie de la courbe d'Aintree et subissent instantanément des crevaisons. Le Danois déchape à l'arrière-droit. Enfin de tour, Bottas mène devant Hamilton, Leclerc, Verstappen, Vettel, Gasly, Norris, Ricciardo, Hülkenberg et Albon.
2e: Hamilton met une forte pression sur Bottas. Grosjean puis Magnussen se succèdent au stand Haas pour changer leurs pneus.
3e: L'usage du DRS est autorisé et Hamilton s'en saisit immédiatement. Les deux Mercedes prennent un tour à Magnussen.
4e: Hamilton prend l'aspiration de Bottas aux abords du gauche de Brooklands et se décale à l'extérieur. Le Scandinave freine tard, ce qui permet au Britannique de le « croiser » et de lui faire l'intérieur à Luffield. Le champion du monde est devant, mais Bottas lui réplique dans le bout droit suivant, se porte à sa hauteur à Copse et lui reprend le leadership en le doublant par la droite.
5e: Bottas est premier devant Hamilton (1.3s.), Leclerc (2.9s.), Verstappen (3.6s.), Vettel (4.2s.), Gasly (5.1s.), Norris (10.3s.), Ricciardo (11.4s.), Hülkenberg (12s.) et Albon (13.7s.).
6e: Sept dixièmes séparent les deux pilotes Mercedes. À trois secondes de là évolue le train Leclerc - Verstappen - Vettel - Gasly.
7e: Chaque Red Bull menace sa Ferrari: Verstappen attaque Leclerc et Gasly fond sur Vettel. Plus loin, Norris fait bouchon devant les Renault.
8e: Magnussen rentre à son garage pour mettre pied à terre. Les suspensions de la Haas ont trop souffert du choc du premier tour.
9e: Hamilton évolue dans la boîte de son coéquipier sans pouvoir le dépasser, en dépit de l'aileron arrière mobile.
10e: Bottas précède Hamilton (0.8s.), Leclerc (5.5s.), Verstappen (6s.), Vettel (6.6s.), Gasly (7.6s.), Norris (17.4s.), Ricciardo (18.2s.), Hülkenberg (20.5s.), Albon (21.2s.), Sainz (22.7s.) et Pérez (26s.). Grosjean est à son tour contraint à l'abandon à cause des dommages subis par sa monoplace, notamment au niveau du fond plat. Fin d'un nouveau week-end désastreux pour Haas...
12e: Gasly se porte à la hauteur de Vettel et lui fait l'intérieur au virage n°3. L'Allemand tente de répliquer dans la pleine charge suivante, mais le Français a comme lui le DRS et reste devant. Albon prend la neuvième place à Hülkenberg.
13e: Une seconde sépare Bottas de Hamilton. Gasly passe aux stands pour prendre les pneus durs (2.4s.). Ricciardo et Kvyat font aussi halte aux stands.
14e: Leclerc et Verstappen entrent ensemble aux stands: le premier prend des pneus jaunes, le seconde des rouges. Tous deux repartent roue contre roue, le Néerlandais ayant une demi-voiture d'avance sur le Monégasque. Verstappen ressort des stands devant Leclerc, mais il perd ensuite du grip dans le gauche serré de The Loop et glisse vers le bord extérieur de la piste. Leclerc saisit cette opportunité pour le repasser. Norris, Hülkenberg, Albon et Stroll changent aussi de pneus.
15e: Le ciel s'éclaircit un peu, éloignant les risques d'averse. Verstappen demeure dans le sillage de Leclerc.
16e: Bottas stoppe chez Mercedes pour remettre des pneus médiums, ce qui signifie qu'il effectuera encore un arrêt. Il repart troisième.
17e: Hamilton est maintenant leader avec dix-sept secondes de marge sur Vettel. Il s'empare du meilleur chrono provisoire (1'30''236'''). Verstappen se montre dans les rétroviseurs de Leclerc. Räikkönen chausse des pneus neufs.
18e: Verstappen fait l'extérieur à Leclerc à Brooklands, mais celui-ci garde sa ligne et parvient à conserver l'avantage. Plus loin, le Hollandais actionne son DRS dans Hangar Straight et pique vers la droite à Stowe pour déborder la Ferrari. Leclerc tente de lui couper la route mais Verstappen se glisse dans un trou de souris, entre la Ferrari et l'herbe. Il semble être passé, mais Leclerc freine très tard, ouvre complétement sa trajectoire, contourne la Red Bull et récupère sa position. Superbe passe d'armes. Changement de pneus pour Pérez.
19e: Hamilton ne compte que dix-sept secondes de marge sur Bottas, soit un intervalle insuffisant pour ressortir en tête après son pit-stop.
20e: Suite à une probable défaillance de freins, Giovinazzi part en toupie à la chicane de Vale et échoue dans le bac à sable. C'est fini pour lui. La Safety Car entre sur la piste. Hamilton profite immédiatement de cette occasion pour plonger dans la voie des stands et mettre les pneus durs qui lui permettront d'aller au bout de la course. Il repart premier. Vettel, Verstappen, Sainz, Ricciardo et Kubica font aussi halte aux stands pour mettre les gommes blanches et perdent ainsi un minimum de temps.
21e: Les pilotes se rangent peu à peu aux ordres de la voiture de sécurité. Leclerc prend des pneus durs et fait une mauvaise affaire puisqu'il se retrouve derrière les Red Bull de Gasly et Verstappen. Kvyat et Russell changent aussi de gommes.
23e: Une grue retire la monoplace abandonnée de Giovinazzi. Sur la piste, Hamilton devance Bottas, Vettel, Gasly, Verstappen, Leclerc, Sainz, Norris, Albon, Hülkenberg, Ricciardo, Pérez, Räikkönen, Stroll, Kvyat, Russell et Kubica.
24e: La voiture de sécurité s'efface et la course reprend ses droits. Hamilton demeure devant Bottas. Beaucoup de mouvements dans le peloton. Pérez percute Hülkenberg à Brooklands et y laisse son aileron avant. Leclerc fait l'intérieur à Verstappen à Copse, sans résultat. Un peu plus loin, Leclerc se déporte à l'extérieur au freinage de Vale. Le Monégasque et le Hollandais franchissent la chicane roue contre roue, jusqu'à ce qu'ils se frottent à la réaccélération. Verstappen emprunte le dégagement en asphalte, mais sort de la courbe de Club devant la Ferrari. Il se rabat ensuite autoritairement devant celle-ci.
25e: Hamilton s'enfuit devant Bottas. Pérez fait escale à son stand pour faire remplacer son museau. Ricciardo a doublé Hülkenberg puis Albon, et réapparaît dans les points.
26e: Hamilton est premier devant Bottas (1.2s.), Vettel (5.9s.), Gasly (7.8s.), Verstappen (8.6s.), Leclerc (10s.), Sainz (12s.), Norris (12.8s.), Ricciardo (13.5s.), Albon (14.1s.), Räikkönen (14.8s.) et Hülkenberg (16.2s.).
27e: Verstappen se défait de Gasly dans Hangar Straight. Le jeune Français roule avec des pneus plus anciens que ceux de son équipier et ne peut résister.
29e: Une seconde et demie sépare les deux Mercedes de tête. Leclerc est revenu derrière Gasly.
31e: Hamilton devance Bottas (2.1s.), Vettel (9.4s.), Verstappen (11s.), Gasly (13.7s.), Leclerc (14.3s.), Sainz (21s.), Norris (23s.), Ricciardo (24s.) et Albon (25.2s.).
32e: Verstappen se rapproche sensiblement de Vettel. Gasly verrouille toutes les portes devant son copain Leclerc. Plus loin, Ricciardo harcèle Norris qui va devoir changer une seconde fois de gommes.
34e: Hamilton s'empare du meilleur chrono provisoire: 1'29''160'''. Bottas le suit à deux secondes.
35e: Norris passe chez McLaren pour prendre les pneus durs. La Safety Car a ruiné sa stratégie à deux arrêts: il tombe au 14ème rang.
36e: Verstappen est dans la boîte de Vettel. Leclerc dépasse Gasly par l'extérieur à Village. Le jeune Normand se cramponne néanmoins à la Ferrari et se porte à sa hauteur dans le bout droit menant à Brooklands. Mais Leclerc jouit encore du DRS et reste devant.
37e: Verstappen passe à l'attaque contre Vettel. Il prend son aspiration dans Hangar Straight, actionne son aileron arrière mobile, lui fait l'extérieur et passe sans coup férir. Mais l'Allemand ressort de Stowe dans la boîte de la Red Bull. Il se décale vers l'intérieur, mais le Hollandais anticipe sa manœuvre et lui barre la trajectoire. Surpris, Vettel freine au panneau « trop tard » et emboutit la Red Bull. Les deux pilotes partent en tête-à-queue dans les graviers, Verstappen décollant même sur le vibreur. Par miracle, la monoplace bleue est intacte et le Hollandais parvient à rejoindre la piste en cinquième position. Quant à Vettel, il repart aussi, mais son aileron avant est endommagé.
38e: Vettel parcourt toute une boucle au petit trot avant de rejoindre son garage pour mettre un autre museau. Le quadruple champion du monde reprend la piste bon dernier, à un tour de Hamilton.
40e: Hamilton est en tête devant Bottas (2.2s.), Leclerc (20.4s.), Gasly (21.8s.), Verstappen (29.2s.), Sainz (35.7s.), Ricciardo (36.6s.), Albon (43.3s.), Räikkönen (44.1s.), Hülkenberg (45.1s.) et Kvyat (46.6s.). Stroll prend des pneus tendres.
42e: Ricciardo pourchasse toujours Sainz, désormais pour le gain de la sixième place.
43e: Räikkönen dépasse Albon. Suite à un problème de capteur, le moteur de Hülkenberg coupe quelques instants dans Chapel. L'Allemand parvient à remettre les gaz, mais entretemps a dû laisser filer Kvyat.
44e: Mercedes propose à Hamilton d'effectuer un deuxième changement de pneus qui serait indolore puisque Bottas doit lui aussi stopper. Mais le quintuple champion du monde estime cette précaution inutile et reste en piste. Jugé responsable de la collision avec Verstappen, Vettel écope de dix secondes de pénalité.
45e: Bottas s'arrête chez Mercedes pour finir l'épreuve en pneus rouges (2.4s.). Il conserve sa deuxième place et guigne maintenant le point du record du tour. Albon rencontre quelques problèmes électriques sur son groupe propulseur et doit s'incliner devant Kvyat.
47e: Hamilton jouit de vingt-deux secondes d'avance sur Bottas qui s'empare du meilleur chrono provisoire (1'27''406'''). Pérez effectue un ultime changement de pneus.
50e: À deux tours du but, Hamilton devance Bottas (21.3s.), Leclerc (28.2s.), Gasly (31.7s.), Verstappen (37s.), Sainz (51s.), Ricciardo (51.6s.), Räikkönen (1m. 02s.), Kvyat (1m. 03s.), Albon (1m. 08s.), Hülkenberg (1m. 09s.) et Norris (1m. 10s.).
51e: Hülkenberg prend la dixième place à Albon. Ce dernier cédera à Norris au tour suivant.
52ème et dernier tour: Lewis Hamilton remporte pour la sixième fois le GP de Grande-Bretagne et se paie le luxe de réaliser le meilleur tour (1'27''369''') dans cette ultime boucle, avec des pneus vieux de trente tours ! Bottas se classe second pour la cinquième fois cette saison. Troisième, Leclerc grimpe sur son quatrième podium de rang. Gasly finit quatrième, soit son meilleur résultat avec Red Bull. Verstappen termine cinquième en dépit de son accrochage avec Vettel. Sainz conserve in extremis sa sixième position devant Ricciardo. Räikkönen, Kvyat et Hülkenberg prennent les derniers points. Viennent ensuite Norris, Albon, Stroll, Russell, Vettel, Kubica et Pérez. Du fait de sa pénalité, Vettel recule d'un rang et est classé seizième.
Après la course: Hamilton, un peu plus dans la légende
Lewis Hamilton boucle son tour d'honneur en brandissant l'Union Jack, avant d'être porté en triomphe par une foule en délire, comme Nigel Mansell lors de son apothéose historique de 1992. Par cette 80ème victoire en F1, il bat le record des succès lors du GP de Grande-Bretagne. Une victoire certes un peu chanceuse car facilitée par l'entrée en piste opportune de la voiture de sécurité qui a ruiné les chances de Valtteri Bottas. Mais auparavant les deux équipiers ont pu se battre pour la plus grande joie du public. « Notre équipe s'attendait à ce qu'on économise les pneus, mais pas à ce qu'on s'attaque comme ça. C'était top ! » s'exclame le vainqueur du jour avant de prendre un énième bain de foule.
Valtteri Bottas est lui véritablement déçu. Après avoir signé la pole et vaillamment résisté à son coéquipier lors des premiers tours, il avait fait le plus dur, jusqu'à ce que la neutralisation et une inepte stratégie à deux arrêts ne lui fassent perdre la victoire. « Après mon premier arrêt, j'espérais avoir une autre opportunité plus tard dans la course, mais je savais que les chances étaient très minces parce que je devais faire un autre pit-stop de toute façon, pour passer sur un autre type de pneus », explique le Finlandais. « En fait, la longévité des pneus était bien meilleure que ce que nous pensions, donc il aurait été possible de ne faire qu'un arrêt. Mais les simulations disaient que faire deux arrêts était la meilleure option... » Au championnat des pilotes, Bottas compte maintenant trente-neuf points de retard sur Hamilton. Ses espoirs de titre mondial s'amenuisent course après course.
Cette épreuve restera dans les mémoires pour le fantastique duel auquel se sont livrés Max Verstappen et Charles Leclerc, deux semaines après leur première passe d'armes, plus litigieuse, au GP d'Autriche. Les deux jeunes loups, par leur talent, leur bravoure et leur audace, redorent quelque peu le blason d'une F1 passablement ennuyeuse. « Charles a défendu fort, mais il n'y a rien à dire. C'est comme ça que j'aime la course ! » clame Verstappen, très serein. Leclerc avait prévenu qu'après sa défaite autrichienne, il allait muscler son jeu en piste: « Je sais ce que je peux faire ; les limites de ce qu'il est possible de faire ont été repoussées. Je m'y adapterai. » Et en effet, il a démontré, notamment en repoussant une attaque hardie de Verstappen à Stowe, qu'il avait lui aussi un gros cœur: « Il s'agit sans doute du meilleur souvenir de ma jeune carrière en F1. J'ai adoré ce Grand Prix... » Les spectateurs aussi !
Une nouvelle fois, la foudre s'est abattue sur Sebastian Vettel, coupable d'une erreur grossière face à Max Verstappen, alors qu'il pouvait grimper sur un podium assez inespéré. L'Allemand a, pour une fois, aussitôt reconnu sa responsabilité dans cet incident: « Max m'a dépassé à Stowe, mais il est sorti un peu large. J'ai profité d'une meilleure traction pour revenir et tenter de lui faire l'intérieur. Je suis revenu trop vite sur lui. Je suis désolé... » Cette énième bourde jette une lumière crue sur le désarroi du quadruple champion du monde. Alors qu'en début de saison il parvenait à dominer son jeune équipier Charles Leclerc, il en est désormais le faire-valoir. Avec le recul, la victoire perdue sur tapis vert à Montréal a marqué une profonde césure dans la saison d'un Vettel qui semble passablement démobilisé. Les rumeurs de retraite anticipée grandissent un peu plus.
A contrario, Pierre Gasly retrouve enfin le sourire. Sur la sellette chez Red Bull, le Normand a enfin produit une prestation convaincante, roulant sur le même rythme que son équipier et les Ferrari. « Il y avait tout un tas de petites choses à rectifier ou à optimiser », explique-t-il au journaliste Ralf Woodall, dans L'Équipe. « C'est une bonne avancée. Il reste à trouver ce petit quelque chose qui permettrait de se battre pour le podium. Mais ce fut de loin mon meilleur week-end de l'année. » Gasly doit maintenant poursuivre sur sa lancée à Hockenheim et à Budapest afin de conserver son baquet après la trêve. Le Dr. Marko ne relâche jamais la pression...
Enfin, Guenther Steiner passe un savon à ses deux pilotes Kevin Magnussen et Romain Grosjean, coupables d'avoir ruiné la course de Haas dès les premières mètres. Les deux hommes n'en sont pas à leur coup d'essai: déjà à Barcelone, alors en lutte pour de gros points, ils s'étaient accrochés et avaient encouru les foudres de leur patron. Steiner juge leur comportement « inacceptable » et envisage même ouvertement de les renvoyer à la fin de saison. De toute évidence, la maison Haas prend l'eau de toute part. Au soir de la course, son ex (?) partenaire l'histrion Williams Corey se moque ouvertement de celle-ci en publiant la photo d'une camionnette repeinte aux couleurs de l'équipe américaine, agrémentée de cette légende « Great start boys »...
Tony