La F1 au Castellet, ou le Grand Prix d'Estrosi
Dix ans. Il aura fallu dix ans au Grand Prix de France, la plus ancienne épreuve automobile du monde, pour revenir au calendrier du championnat du monde de Formule 1. La disgrâce du circuit de Magny-Cours, véritable gouffre financier, en 2008, a débouché sur cette décennie de disette au cours de laquelle se sont multipliés les projets de nouveaux tracés susceptibles d'accueillir l'épreuve, tous morts-nés: Disneyland, Versailles, Flins, Sarcelles... Les Nivernais ont même tenté de réhabiliter Magny-Cours ! Finalement, en 2016, l'actuel maire républicain de Nice Christian Estrosi, alors président de la région de Provence-Alpes-Côte d'Azur, ancien champion motocycliste, entreprend de faire revenir le GP de France sur le circuit Paul-Ricard, au Castellet. Celui-ci n'a plus accueilli de courses de F1 depuis 1990, mais il a depuis subi de pharaoniques travaux d'aménagement qui en ont fait une des pistes les plus modernes au monde. Déjà, en 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le premier ministre François Fillon avait négocié avec Bernie Ecclestone pour ramener la F1 dans le Var. Le projet était sur le point d'aboutir lorsque le retour des socialistes au pouvoir, en 2012, y a porté un coup fatal.
Estrosi s'associe à la FFSA et parvient à construire un solide montage financier. Il le présente à Jean Todt et Bernie Ecclestone lors d'un entretien au siège de la FIA à Genève, le 16 novembre 2016. Il prévoit un budget de 30 millions d'euros pour un contrat de cinq ans. Les collectivités territoriales (région PACA, département du Var) s'engagent à hauteur de 14 millions d'euros, le reste étant fourni par les recettes directes (billetterie, produits dérivés...). Estrosi, authentique passionné et politicien ambitieux, annonce des retombées mirifiques, comme des bénéfices s'élevant à 65 millions d'euros, et le développement de diverses filières industrielles en Provence. Todt et Ecclestone donnent leur accord, et l'annonce officielle du retour du GP de France au Castellet a lieu le 5 décembre 2016. Se crée alors un Groupement d'intérêt public chargé d'organiser et de promouvoir l'épreuve.
Le directeur du circuit, Stéphane Clair, conduit d'importants travaux en 2017 pour donner un nouvel asphalte au circuit et le rendre plus attractif. Le « S » de la Verrerie et le virage du Pont sont ainsi élargis pour favoriser la vitesse. Le tracé comporte trois pleines charges où les F1 pourront atteindre les 350 km/h. La célèbre ligne droite du Mistral est coupée par une chicane qui devrait occasionner quelques dépassements. La courbe de Signes, que les pilotes prennent à 345 km/h, est toujours un morceau de bravoure. Le circuit varois attend 65 000 spectateurs pour ce week-end. Il est doté d'une nouvelle tribune permanente pour répondre aux standards de la F1. Quatre tribunes temporaires sont édifiées, au virage du Camp, devant la chicane, au Beausset et au Pont. Enfin, les journalistes pourront découvrir une nouvelle salle de presse. Si ce Grand Prix de France n'est pas assuré de sa pérennité, incertitudes économiques et politiques obligent, il n'en suscite pas moins un vif intérêt. TF1 et Canal + diffusent l'événement en direct et espèrent de larges audiences. Un vaste soutien populaire étouffe les cris d'orfraie des écologistes et les élucubrations de quelques sycophantes de l'ultra-gauche.
Allez Gaule !
Ce retour de la Formule 1 survient dans une période faste pour le sport automobile français. L'Hexagone compte en effet trois représentants sur la grille, voire quatre si on ajoute le Monégasque Charles Leclerc. En outre, avec Esteban Ocon et Pierre Gasly, il compte très certainement deux des plus grands espoirs de la discipline, couvés par deux grandes constructeurs qui pourraient à terme les intégrer à leurs équipes d'usine, Mercedes pour le premier, Red Bull pour le second. Romain Grosjean (32 ans) n'a hélas pas la même popularité, et est même de plus en plus moqué pour ses nombreuses sorties de route. Reste que notre pays cherche toujours un successeur à Olivier Panis, dernier Français vainqueur d'un Grand Prix, à Monaco en 1996... Il y a vingt-deux ans !
Renault communique également beaucoup autour de cette épreuve, bien que son équipe, désormais très cosmopolite, ne soit française que sur les documents officiels de la FIA. Le constructeur compense en mettant en avant son meilleur ambassadeur, le quadruple champion du monde Alain Prost, très sollicité par les fans tout au long du week-end. « Le retour du GP de France est important pour le sport automobile, car cette discipline dépasse le simple cadre du sport », affirme celui-ci. « C'est une industrie hyper importante dans notre pays. On ne peut pas comparer cet événement à une Coupe du monde de football ou aux Jeux olympiques, mais c'est quand même une compétition qui tire vers le haut et qui met en avant l'image de la France. Quant à Renault, nous ne sommes pas encore en mesure de l'emporter. Certes, c'est notre Grand Prix national, mais je ne sens pas de pression. On n'a pas fait de réglages spéciaux en vue de la course, car ce serait au détriment du programme de progression sur toute la saison. L'idéal, ce serait les deux voitures dans les points et qu'on soit en communion avec le public. » Le Professeur a parlé.
Red Bull: de Renault à Honda
Le 19 juin, Red Bull annonce sans surprise la fin de son partenariat avec Renault et la signature d'un contrat de deux ans avec Honda. C'est la fin d'une alliance de douze saisons qui aura tout de même amassé la bagatelle de huit titres mondiaux, quatre chez les pilotes, quatre chez les constructeurs, cinquante-sept victoires et cinquante-neuf poles positions. Mais depuis le passage aux moteurs hybrides en 2014, les relations entre la firme au taureau et celle au losange étaient devenues tendues, voire détestables. Si cette rupture est logique, il est en revanche déconcertant de voir Red Bull se tourner vers Honda qui, certes, a fait de sérieux progrès, mais est encore loin des trois autres motoristes impliqués dans la discipline. Il s'agit très certainement d'un regroupement des forces avec Toro Rosso qui a « hérité » cet hiver du V6 japonais dont personne ne voulait... Christian Horner affiche pourtant un réel optimisme: « Depuis le début de la saison, nous suivons au premier plan la collaboration entre Honda et Toro Rosso, notre écurie sœur, et c'est génial de voir leurs progrès. Nous sommes arrivés à la conclusion que Honda progressait bien en termes de performance et de fiabilité. Nous avons donc décidé de passer à quelque chose de nouveau après douze saisons avec Renault. »
Renault « prend acte » de la décision de Red Bull et déclare vouloir faire regretter son choix à l'équipe austro-britannique, en amenant son écurie d'usine au sommet de la discipline. Évidemment, on jubile du côté de Honda qui pour la première fois depuis son retour en F1 fournira deux officines. Masashi Yamamoto, responsable de la compétition, précise cependant que Red Bull Racing ne bénéficiera pas du statut de team officiel, et sera traitée à égalité avec Toro Rosso. Cela n'empêche pas Horner d'afficher de très hautes ambitions: il affirme que la paire Red Bull - Honda peut devenir championne du monde dès 2019 !
Cacao-phonie chez McLaren
Fernando Alonso débarque sur la Côte d'Azur auréolé d'un succès aux 24 heures du Mans, remportées la semaine passée pour le compte de Toyota, au sein d'un équipage qui comprenait également Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima. Certes, cette victoire fut relativement aisée à obtenir car la firme japonaise ne faisait face à aucune opposition sérieuse. Mais Alonso n'a commis aucune erreur et a même réalisé un excellent relais nocturne qui n'a pas peu contribué au triomphe de sa machine sur celle de l'équipage rival Mike Conway - Kamui Kobayashi - José María López.
Mais l'Espagnol retrouve une écurie McLaren totalement démotivée par ses récentes contre-performances, et semble-t-il en proie à une grave crise interne. Un récent article du Daily Mail, citant une source interne anonyme, dévoile que les employés de Woking sont à bout de nerfs, las d'être traités avec désinvolture par leurs dirigeants. La « taupe » affirme qu'elle et ses pairs n'auraient droit qu'à une barre chocolatée en guise de salaire pour leurs efforts ! Elle cite ainsi l'exemple de la préparation du nouvel aileron pour le GP d'Espagne: « Nous avons travaillé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour finir avant la date limite. Nous l'avons fait à temps. Une semaine plus tard, un Freddo a été offert à chacune des personnes impliquées, comme un bonus. Les superviseurs étaient gênés de nous les donner. Nous en avons eu un aussi l'an dernier après avoir fini de construire la voiture. » L'ambiance paraît irrespirable. Les ingénieurs mécontents envisageraient de faire grève et réclameraient le départ de quatre responsables jugés tyranniques et incompétents: le directeur de la compétition Éric Boullier, l'ingénieur en chef Matt Morris, le chef opérateur Simon Roberts et le directeur des opérations David Probyn. Enfin, toujours selon le Daily Mail, plusieurs salariés de McLaren auraient contacté leur ancien patron Martin Whitmarsh pour qu'il reprenne les rênes de l'entreprise.
Ces « révélations » sont évidemment à prendre avec des pincettes, le Daily Mail étant un tabloïd jugé peu sérieux. Zak Brown les réfute très fermement, mais il convoque tout de même une réunion de crise au Castellet, afin d'évoquer principalement le manque de performance de la MCL33, mais aussi l'avenir de l'équipe. Fernando Alonso semblant sur le départ vers les USA, il se dit que McLaren aimerait attirer Daniel Ricciardo. Ce qui semble peu évident, vus ses résultats actuels...
Présentation de l'épreuve
Les organisateurs du GP de France n'ont pas suffisamment réfléchi au plan d'accès au Castellet. Aussi, l'événement est victime de son succès. Situé au sommet de collines boisées, le circuit n'est desservi que par des petites routes départementales. Vendredi 22 et samedi 23 juin, d'énormes embouteillages se forment sur les axes routiers. La maréchaussée est débordée. Il faut parfois huit heures pour avancer de quinze kilomètres ! Samedi, la préfecture du Var recommande certains itinéraires afin de fluidifier le trafic, ce qui améliore un peu la situation. Les pilotes eux-mêmes ne sont pas épargnés par les bouchons. Sebastian Vettel et Romain Grosjean se retrouvent ainsi bloqués par les gendarmes vendredi matin et s'en tirent... en s'enfuyant !
Mercedes introduit ce week-end la nouvelle évolution de son groupe propulseur, baptisée « phase 2.1 », et délivrée à l'équipe officielle comme à Force India et Williams. Cette unité contient des améliorations au niveau du moteur à combustion interne, des turbos et du MGU-H. En conséquence, les trois équipes changent ces pièces sur leurs monoplaces. Parmi les autres nouveautés, Force India se pare d'une ailette latérale, très courbée vers le bas, chargée d'améliorer le refroidissement. Renault installe sur sa R.S.18 des dérives latérales d'aileron arrière inspirées de celles de la McLaren MCL33.
Régulièrement attaquée par Red Bull pour le manque de puissance de son moteur, Renault réplique en arguant que son client pourrait mieux exploiter son V6 en utilisant une essence plus adaptée. Selon Cyril Abiteboul, des tests menés au banc d'essais de Viry-Châtillon ont révélé qu'un nouveau carburant introduit par BP/Castrol (le pétrolier de l'équipe d'usine) depuis le GP d'Espagne procure un accroissement significatif des performances. Or les moteurs fournis à Red Bull tournent avec des produits Mobil...
Force India est toujours dans la panade: Sergio Pérez admet ainsi que la VJM11 est privée de certains développements essentiels par manque de budget. « Je suis satisfait que nous soyons toujours à la lutte dans le milieu de grille, mais c'est sûr que nous attendions un peu plus d'évolutions que celles que nous avons eues pour le moment », déclare le pilote mexicain. « Nous avons eu des améliorations mais il y a eu des problèmes financiers... Cela a pris du retard et vu comme c'est serré en milieu de grille, il est important d'essayer d'apporter tout ce que l'on peut. » Les rumeurs autour du rachat du team de Silverstone vont bon train. Après la piste Rich Energy, on évoque maintenant la possibilité d'un investissement de Michael Andretti, patron d'une puissante écurie d'IndyCar, avec laquelle McLaren songe d'ailleurs à s'associer en 2019. Liberty Media encouragerait Andretti à se porter acquéreur afin de renforcer la présence américaine en Formule 1. Parmi la liste des acheteurs possibles figurent aussi Mercedes et BWT, principal sponsor de l'équipe.
En tout cas, les propriétaires de la F1 ne veulent pas voir disparaître Force India. Selon le quotidien allemand Auto Motor und Sport, ils lui ont octroyé un prêt pour survivre jusqu'à la fin de la saison. En échange, Vijay Mallya a cédé son poste de directeur, tout en demeurant président et propriétaire.
Essais et qualifications
Les Mercedes occupent le haut de la feuille des temps lors de la journée du vendredi marquée par de nombreuses pirouettes. Hamilton est plus rapide que Bottas. Samedi matin, une grosse averse interrompt très tôt la troisième séance libre.
Les qualifications se déroulent sous un ciel chargé. Hamilton réalise sa 75ème pole position (1'30''029'''), un cheveu devant son équipier Bottas (1'30''147'''). Les Ferrari sont en retrait et, du reste, Vettel (3ème) comme Räikkönen (6ème) ne parviennent pas à réaliser un « tour parfait ». Les Red Bull roulent avec peu d'appuis pour compenser leur déficit en vitesse de pointe. Verstappen (4ème) et Ricciardo (5ème) manquent du coup d'adhérence et rendent plus d'une demi-seconde aux Mercedes. Chez Renault, Sainz (7ème) est très satisfait de sa R.S.18, contrairement à Hülkenberg (12ème) qui peine à dénicher le bon set-up.
Nouvel exploit de Leclerc qui atteint pour la première fois la Q3 avec sa Sauber, et se hisse au huitième rang. Ericsson (15ème) se signale surtout vendredi par une sortie de route qui se termine par un début d'incendie. Les Haas-Ferrari atteignent toutes deux la Q3. Magnussen (9ème) précède Grosjean (10ème). Le Genevois ne peut défendre ses chances au cours de cette troisième manche suite à une nouvelle sortie de piste survenue au virage de l'Hôtel. Les Force India (Ocon 11ème, Pérez 13ème) sont éliminées en Q2. Les McLaren-Renault sont en pleine déroute: Alonso (16ème) et Vandoorne (17ème) passent à la trappe dès la première séance. Zak Brown admet enfin l'existence d'un « loup » encore non identifié sur la monoplace orange. Gasly amène sa Toro Rosso-Honda au 14ème rang et vise les points. Hartley remplace plusieurs éléments sur son groupe propulseur et, pénalisé, s'élancera bon dernier. Il évite ainsi aux deux Williams (Sirotkin 18ème, Stroll 19ème), complément dépassées, la honte de peupler la dernière rangée. On notera que les Williams et les McLaren se côtoient désormais en fond de grille. Sic transit...
Le Grand Prix
Le trafic s'est fluidifié dimanche grâce à l'assouplissement des contrôles sur les routes d'accès au circuit. Aussi, avec 60 000 spectateurs, ce nouveau GP de France est un véritable succès populaire. On distingue nettement dans les gradins les 3500 invités de Renault Sport, tous de jaune vêtus. Parmi les officiels présents, on distingue Christian Estrosi, Jean Todt, Nicolas Deschaux, le président de la FFSA, et Laura Flessel, le ministre des Sports. L'ancien pilote Yannick Dalmas, natif du Beausset, est membre du collège des commissaires. Un quart d'heure avant le coup d'envoi, la Marseillaise est entonnée par la Légion étrangère, puis reprise à pleins poumons par le public, tandis que la patrouille de France survole la ligne de départ. Si, avec 24°C, l'atmosphère est estivale, des nuages menaçants pointent au-dessus des montagnes varoises et laissent craindre une averse durant l'épreuve.
Les stratégies sont très variées. Hamilton, Bottas, Ricciardo, Verstappen, Magnussen, Gasly, Alonso, Vandoorne et Ericsson partent en pneus super-tendres. Vettel, Räikkönen, Leclerc, Grosjean, Hartley, Sainz, Ocon, Stroll et Sirotkin sont en ultra-tendres. Hülkenberg et Pérez sélectionnent les Pirelli jaunes tendres.
Départ: Hamilton prend un bon envol et conserve le leadership. Vettel se glisse dans son sillage sans devancer Bottas, placé à sa droite. Au premier freinage, l'Allemand monte sur ses freins, harponne le Finlandais et l'expédie en tête-à-queue dans l'échappatoire. Verstappen traverse le dégagement pour éviter la collision, et se retrouve second devant Sainz, Ricciardo, Leclerc et Magnussen. Plus loin dans le peloton, Grosjean est attaqué sur sa gauche par Ocon et le tasse rudement vers la bordure. Les deux voitures entrent en contact.
1er tour: Magnussen passe Leclerc dans la confusion des premiers virages. Au virage de l'Hôtel, Gasly est surpris par un changement de trajectoire d'Ocon. Il freine en catastrophe mais ne peut éviter d'emboutir l'arrière de la Force India. La course s'achève ici pour les deux Français. Plusieurs pilotes coupent le virage pour échapper au carambolage. La voiture de sécurité intervient. Vettel regagne les stands pour remplacer sa calandre endommagée. Bottas le rejoint avec une crevaison à l'arrière-gauche. Sirotkin, Alonso et Stroll passent aussi par les stands. Ces cinq pilotes prennent les pneus tendres afin d'aller ainsi au bout de l'épreuve.
2e: Les pilotes se rangent derrière la Safety Car. Hamilton devance Verstappen, Sainz, Ricciardo, Magnussen, Leclerc, Räikkönen, Grosjean, Pérez, Hülkenberg, Ericsson, Vandoorne, Hartley, Stroll, Sirotkin, Alonso, Vettel et Bottas.
3e: Le collège des commissaires examine la collision Vettel - Bottas pour établir les responsabilités.
5e: Les voitures accidentées d'Ocon et Gasly sont retirées. La course va reprendre au tour suivant.
6e: Le drapeau vert est agité. Hamilton s'échappe facilement. Räikkönen efface Leclerc. Attaqué par Vettel, Alonso part en tête-à-queue au niveau de l'Hôtel et se retrouve dernier. Vettel et Bottas doublent aussi Sirotkin.
7e: Hamilton compte une seconde et demie d'avance sur Verstappen. Räikkönen est sur les talons de Magnussen. Leclerc repousse vivement une attaque de Grosjean au S de la Verrerie. Vettel double Stroll et Hartley, derrière lesquels demeure Bottas. La Mercedes n°77 a été sévèrement endommagée dans la collision avec Vettel et n'a pas une bonne adhérence.
8e: Ricciardo est aux trousses de Sainz. Räikkönen « dépose » Magnussen dans la ligne droite du Mistral. Vettel double Ericsson tandis que Bottas se défait de Stroll et d'Hartley.
9e: Ricciardo double Sainz à la chicane du Mistral. Vettel passe devant Vandoorne mais apprend qu'il écope de cinq secondes de pénalité pour avoir harponné Bottas. Le Finlandais dépasse pour sa part la Sauber d'Ericsson.
10e: Räikkönen double Sainz grâce au DRS. Hamilton mène devant Verstappen (2.6s.), Ricciardo (7.7s.), Räikkönen (9.7s.), Sainz (11.4s.), Magnussen (14.1s.), Leclerc (16.2s.), Grosjean (17.3s.), Pérez (18.6s.), Hülkenberg (19.6s.) et Vettel (20.1s.).
11e: Vettel dépasse Hülkenberg au Beausset. Pérez est sa prochaine cible. Bottas double Vandoorne.
13e: Hamilton porte son avance sur Verstappen à trois secondes. Vettel déborde Pérez.
14e: Vettel surprend Grosjean dans la ligne droite du Mistral.
15e: Hamilton devance Verstappen de quatre secondes, Ricciardo de huit secondes. Pérez passe derrière Hülkenberg et Bottas.
16e: Vettel a maintenant le duo Magnussen - Leclerc en ligne de mire. Hülkenberg dépasse Grosjean à la petite chicane.
17e: Hamilton s'empare du meilleur chrono provisoire: 1'36''637'''. Vettel efface Leclerc et se retrouve septième.
18e: Vettel poursuit sa remontée et se débarrasse de Magnussen à la chicane.
19e: Hamilton est premier devant Verstappen (5s.), Ricciardo (8.8s.), Räikkönen (12.5s.), Sainz (29.3s.), Vettel (29.8s.), Magnussen (32.7s.), Leclerc (34s.) et Hülkenberg (37.1s.). Bottas fait l'intérieur à Grosjean au Beausset et grimpe au dixième rang.
20e: Le ciel se couvre de plus en plus. La pluie menace. Vettel fait l'extérieur à Sainz dans la ligne droite du Mistral.
22e: Hamilton paraît inattaquable. Il possède une marge de cinq secondes et demie sur Verstappen. Leclerc est aux trousses de Magnussen.
23e: Hamilton précède Verstappen (6s.), Ricciardo (8.7s.), Räikkönen (13.1s.), Vettel (31.5s.), Sainz (39s.), Magnussen (41s.), Leclerc (41.8s.), Hülkenberg (43.7s.), Bottas (45.8s.), Grosjean (51.3s.) et Pérez (52.6s.).
24e: Leclerc commet une faute et emprunte un des larges échappatoires. A son retour en piste, il se fait doubler par Hülkenberg.
25e: Verstappen pénètre dans la pit-lane pour chausser des pneus tendres et reprend la piste une seconde devant Vettel. Sirotkin reçoit cinq secondes de pénalité pour avoir roulé trop lentement durant la neutralisation ! Cela s'ajoutera à son temps final.
26e: Dix secondes séparent Hamilton et Ricciardo. L'Anglais conclut ce passage en 1'35''663'''. Sainz s'arrête chez Renault pour chausser les pneus tendres et tombe au quatorzième rang.
28e: Ricciardo passe à son tour en pneus tendres et se retrouve derrière Vettel. Changement de gommes également pour Magnussen. Bottas dépasse Leclerc. Pérez abandonne suite à une chute de pression hydraulique. Les deux Force India sont hors-jeu.
30e: Hamilton est leader devant Räikkönen (19.3s.), Verstappen (31.6s.), Vettel (36s.), Ricciardo (38s.), Hülkenberg (57s.), Bottas (1m.), Leclerc (1m. 04s.), Grosjean (1m. 07s.), Vandoorne (1m. 13s.), Sainz (1m. 17s.) et Magnussen (1m. 20s.).
31e: Le soleil refait son apparition, écartant tout risque d'averse. Leclerc troque ses pneus violets contre des rouges et se retrouve quinzième.
32e: Grosjean est frappé d'un « stop-and-go » de cinq secondes pour avoir percuté Ocon au départ.
33e: Hamilton fait halte chez Mercedes pour s'emparer de pneus tendres (2.4s.). Räikkönen récupère le commandement provisoire. Ricciardo recolle à Vettel.
34e: Ricciardo fait l'intérieur à Vettel au Beausset. Räikkönen chausse un jeu de pneus super-tendres (2.4s.) et reprend la piste derrière son équipier. Bottas se défait d'Hülkenberg. Grosjean passe par le stand Haas pour s'emparer d'enveloppes rouges et subir sa punition.
35e: Sainz est huitième après avoir dépassé Vandoorne. Arrêt d'Ericsson qui effectuera son second relais en Pirelli ultra-tendres.
36e: Hamilton devance Verstappen (5.1s.), Ricciardo (13.1s.), Vettel (16.8s.), Räikkönen (21.4s.), Bottas (42s.), Hülkenberg (46.4s.), Sainz (1m.), Vandoorne (1m. 02s.), Magnussen (1m. 03s.) et Hartley (1m. 12s.). Leclerc a pris l'avantage sur Alonso et pointe au douzième rang.
37e: Verstappen est plus rapide qu'Hamilton et lui reprend quelques dixièmes. Hülkenberg arrive chez Renault pour prendre des pneus violets. Magnussen dépasse Vandoorne qui n'a toujours pas changé de gommes.
38e: Hamilton hausse son rythme et repousse Verstappen à cinq secondes. Räikkönen est dans les échappements de Vettel. Leclerc double Hartley qui entre ensuite aux stands pour changer de pneus.
39e: Vettel laisse passer Räikkönen dont les pneus sont en bien meilleur état que les siens. Bottas entre aux stands pour s'équiper en pneus super-tendres. Hélas, ses mécaniciens tardent à fixer sa roue arrière-droite, et il reste immobilisé huit secondes. Le Scandinave se retrouve derrière Vandoorne.
40e: Vettel regagne son stand pour observer sa sanction et prendre des pneus ultra-tendres. Il regagne le circuit sans avoir cédé de position. Vandoorne opte pour les pneus violets après un relais de quarante tours en super-tendres.
41e: Bottas boucle le tour le plus rapide du jour: 1'34''225'''. Grosjean prend la onzième place à Alonso qui déplore une surchauffe de ses freins.
42e: Hamilton est premier devant Verstappen (4.8s.), Ricciardo (14.1s.), Räikkönen (18.7s.), Vettel (54.4s.), Sainz (1m. 05s.), Magnussen (1m. 09s.), Bottas (1m. 12s.), Hülkenberg (1m. 19s.), Leclerc (1m. 22s.) et Grosjean (1m. 28s.).
43e: Räikkönen prend Ricciardo en chasse. L'Australien perd des éléments de son aileron avant, ce qui occasionne un gros sous-virage.
45e: L'intervalle entre Hamilton et Verstappen est de cinq secondes. Räikkönen n'est plus qu'à une seconde de Ricciardo qui rencontre du trafic.
47e: Räikkönen attaque Ricciardo au S de la Verrerie, puis au virage de l'Hôtel, sans succès. Il lui fait finalement l'extérieur dans la ligne droite du Mistral et monte au troisième rang.
48e: A cinq tours du but, Hamilton précède Verstappen (4.1s.), Räikkönen (22.7s.), Ricciardo (25.7s.), Vettel (56.3s.), Sainz (1m. 12s.), Magnussen (1m. 14s.), Bottas (1m. 16s.), Hülkenberg (1m. 26s.), Leclerc (1m. 29s.), Grosjean (-1t.) et Vandoorne (-1t.). Alonso chausse un troisième train de pneus et se retrouve lanterne rouge.
49e: Bottas convoite la septième place détenue par Magnussen. Mais, emporté par sa fougue, il escalade allègrement les vibreurs et concède ainsi quelques dixièmes.
50e: Sainz perd de la puissance suite à une défaillance de son récupérateur d'énergie cinétique. Il doit laisser passer Magnussen et Bottas.
51e: Le pneu avant-gauche de Stroll éclate à l'abord de la courbe de Signes. La Williams quitte la route à 300 km/h, mais par bonheur les immenses dégagements permettent au jeune Canadien de s'arrêter avant d'heurter les barrières. La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est activée. Les pilotes ralentissent.
52e: Les quelques débris laissés par Stroll sont retirés par les commissaires. Ricciardo a hâte d'en finir car son aileron avant se désagrège.
53ème et dernier tour: Le drapeau vert est agité pour l'ultime boucle. Alonso regagne son garage avec un bris de suspension.
Lewis Hamilton remporte sa 65ème victoire en F1 devant Verstappen et Räikkönen. Ricciardo se classe quatrième en dépit d'une tenue de route précaire. Vettel se contente de la cinquième place. Sixième, Magnussen ramène huit excellents points à Haas. Bottas achève sa remontée au septième rang. Sainz sauve la huitième place et devance son équipier Hülkenberg. Leclerc empoche le point de la dixième position. Grosjean, Vandoorne, Ericsson, Hartley et Sirotkin reçoivent également le drapeau à damiers.
Après la course
Lewis Hamilton est très satisfait de cette balade provençale qui lui permet de reconquérir la première place du championnat du monde. L'évolution du moteur Mercedes semble faire merveille. « Après le départ, je n'ai pas eu à regarder mes rétroviseurs, tout était sous contrôle », admet-il en un sourire.
Sebastian Vettel est évidemment désappointé: son accrochage avec Valtteri Bottas au premier freinage lui coûte de gros points. Chez Mercedes, on juge même que la pénalité de cinq secondes qui lui a été infligée n'était pas suffisante. « Ce n'est qu'une tape sur les doigts ! » plaisante Hamilton. Le champion allemand s'estime lui responsable mais pas coupable: « J'ai pris un super départ, mais je n'ai pas pu en profiter. Je me suis vite retrouvé enfermé derrière Hamilton et coincé derrière Bottas. Il n'y avait pas de place. Je n'avais aucune adhérence et j'ai perdu le contrôle. Je ne pouvais pas faire autrement. Techniquement parlant, j'ai commis une erreur. Valtteri avait Verstappen sur sa droite, il ne pouvait rien faire d'autre. Je me suis excusé auprès de lui. » Quant à Bottas, il se montre philosophe: « Après la collision, la voiture avait pas mal de dégâts et je sentais une perte d'adhérence à l'arrière. Je glissais et j'ai dû faire un deuxième arrêt, qui a malheureusement été lent, donc nous avons perdu encore plus de temps. Ce n'était pas ma journée... »
Max Verstappen, excellent second, profite de l'incident Vettel - Bottas pour se venger des journalistes qui l'ont éreinté ces derniers temps: « La prochaine fois, vous devriez demander à Seb [Vettel] de changer de style, comme vous l'avez fait avec moi, parce que son comportement n'est pas acceptable ! » lance-t-il avec malice en conférence de presse.
Au classement mondial des pilotes, Hamilton reprend l'avantage avec 145 points contre 131 à Vettel. Chez les constructeurs, Mercedes (237 pts) précède Ferrari (214 pts) et Red Bull-TAG Heuer (164 pts).
Bilan français: l'important, c'est de participer
Pour le camp tricolore, ce GP de France s'est achevé en queue de poisson dès le premier tour par une incroyable auto-élimination. Les deux amis Esteban Ocon et Pierre Gasly n'ont en effet pas dépassé le troisième virage. « J'étais à l'intérieur et je pensais qu'Esteban allait rester au milieu de la piste, mais il a pris le virage comme s'il n'y avait personne », raconte le pilote Toro Rosso. « J'étais là et c'était impossible pour moi d'éviter le contact. Je ne pense pas qu'il l'ait fait exprès. » Ocon contredit son compatriote, mais en veut surtout à Romain Grosjean qui l'a tassé au démarrage: « Pierre perd le contrôle de sa voiture au freinage et me rentre dedans. Je ne suis pas énervé contre lui, mais plutôt contre Romain, car c'est à cause de lui que je me suis retrouvé là. Je fais un bon départ, je me retrouve à côté de Romain, mais je suis déjà à la limite de la piste, sur le côté gauche. Et soudain, je reçois un énorme coup de volant, sans raison ! Il m'a arraché presque la moitié du côté ! »
Ces propos sont immédiatement rapportés à Grosjean qui, irrité d'une pénalité qu'il estime injustifiée, s'emporte avec véhémence: « C'est un petit c** ! Qu'Ocon regarde la vidéo ! A ma droite, il y avait Leclerc ! Où pouvais-je aller ? Qu'il apprenne avant de parler ! » Hélas, les images filmées sont impitoyables pour Grosjean qui, contrairement à ses dires, n'avait personne à ses côtés: Leclerc était déjà cinq bons mètres devant lui... Le Genevois est d'autant plus nerveux qu'il n'a toujours pas inscrit le moindre point en 2018 alors que son équipier Kevin Magnussen en compte vingt-sept...
C'est donc finalement Renault qui a sauvé l'honneur de la France dans cette épreuve du Castellet, et ce malgré le problème de MGU-K qui a affecté Carlos Sainz Jr. en fin de course. Avec 62 points dans la besace, l'écurie au losange a déjà amélioré son score final de 2017 et est maintenant solidement installée à la quatrième place du championnat des constructeurs, son objectif de la saison. Alors, allez les Jaunes !
Tony