Questions politiques: Ecclestone, future réglementation et retour de la fronde
Les équipes débattent toujours des changements réglementaires à introduire en Formule 1 à l'horizon 2017. Le Groupe Stratégique avait formulé en mai l'idée de réintroduire les ravitaillements en essence, mais elle semble être abandonnée car aucun directeur d'équipe n'y a apporté son soutien.
Sous l'impulsion de Bernie Ecclestone, le projet de développer des « châssis clients », qui seraient construits par les grandes équipes à l'intention des petites, est réapparue à la table des négociations. Une « étude de faisabilité » a été mandatée en ce sens par la FIA. Mais cette idée rencontre la farouche opposition des petites structures, à savoir Force India, Lotus, Sauber et Manor, qui craignent de perdre à terme toute indépendance. Le directeur adjoint de Force India Robert Fernley est le fer de lance de cette opposition. Il en profite pour reposer la question de l'inégalité de la répartition des revenus, déjà soulevée à l'automne 2014, et depuis totalement éludée selon lui par Ecclestone. D'après le Financial Times, les petites équipes auraient finalisé un rapport complet visant à dénoncer cette situation auprès de la Commission européenne. Mais cette menace avait déjà été agitée en octobre 2014, sans résultat.
Le régime ecclestonien a en tout cas encore de beaux jours devant lui. En 2014, le businessman avait été fragilisé par son procès mais il a désormais repris entièrement les rênes de la FOM. L'actionnaire majoritaire CVC avait pourtant essayé de mettre en avant Paul Walsh, le PDG de la firme Diageo, perçu comme un successeur potentiel. Fin 2014, Walsh avait été nommé directeur non exécutif de la FOM avec l'intention avouée de « marginaliser » Ecclestone. Il n'y est visiblement pas parvenu puisqu'il a aujourd'hui disparu de l'organigramme de la société.
Présentation de l'épreuve
Ferrari et Honda ont utilisé des « jetons » pour améliorer leurs groupes propulseurs hybrides avant Montréal. Ils sont les premiers à user de cette possibilité cette saison. Mercedes apporte pour Lewis Hamilton et Nico Rosberg des unités de puissance toutes neuves. Ce sont leurs seconds blocs de la saison, les premiers ayant disputé les six premières courses sans incident.
On reparle de Max Verstappen à Montréal. L'adolescent refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans l'accrochage survenu à Monte-Carlo avec Romain Grosjean. Cela lui attire des commentaires peu amènes de Felipe Massa qui qualifie sa conduite en piste de « dangereuse ». Soutenu par son père Jos, Verstappen réplique au Brésilien en évoquant la collision survenue en 2014 à Montréal entre celui-ci et Sergio Pérez, même si elle a peu à voir avec l'incident monégasque. En tout cas le jeune Hollandais, jugé responsable, écope d'une pénalité de cinq places sur la grille. Et pis encore, il est le premier coureur à devoir changer son groupe propulseur cette année, ce qui lui vaut une sanction supplémentaire de dix positions, soit quinze en tout. Mais cela faisait longtemps qu'une telle mesure était encourue par les pilotes propulsés par Renault.
Essais et qualifications
On s'attend à voir les Ferrari compétitives sur ce tracé, si du moins la chaleur s'en mêle. Or la température n'a rien de caniculaire. Les Mercedes dominent la première séance d'essais libres du vendredi mais les voitures italiennes ont un bon rythme. La seconde manche est marquée par la pluie et par une sortie de route de Hamilton à l'épingle. La troisième séance voit Rosberg devancer Räikkönen.
L'événement principal des qualifications est l'élimination de Vettel dès la première manche. L'Allemand a souffert d'une perte de puissance et n'a pu effectuer que deux tours. Le champ est donc libre pour les Mercedes. Hamilton réalise la pole position avec trois dixièmes de seconde d'avance sur Rosberg. Celui-ci se plaint d'avoir dû utiliser de mauvais trains de pneus en Q3. Räikkönen sauve les meubles pour Ferrari en obtenant le troisième temps. Son compatriote Bottas l'accompagne en deuxième ligne. Les Lotus-Mercedes effectuent une superbe performance puisque Grosjean et Maldonado peuplent la troisième ligne. Beaux résultats aussi pour les Force India : Hülkenberg est septième et Pérez dixième. Sur ce circuit de moteur, la puissance du groupe propulseur Mercedes compense la faiblesse de leur châssis. On ne peut pas en dire autant des Red Bull-Renault. Les évolutions apportées sur le châssis n'apportent rien. Kvyat et Ricciardo sont huitième et neuvième.
Sainz et Verstappen ont signé les 11ème et 12ème temps, mais le jeune Hollandais est repoussé en fond de grille par ses pénalités. Les Sauber font pâle figure : Ericsson est douzième, Nasr quatorzième. Alonso est seulement treizième avec la McLaren-Honda tandis que Button n'a même pas pris part aux qualifications à cause d'une panne d'ERS. Grosse désillusion pour Massa, seulement 15ème et éliminé dès la Q3 à cause d'un problème de pression sur son turbo. Grâce aux multiples pénalités, les Manor obtiennent les seizième et dix-septième rang, et pour la première fois Merhi devance Stevens.
Vettel est décidément accablé puisqu'il reçoit en sus une pénalité de cinq places pour avoir doublé un concurrent sous drapeau rouge lors de la troisième séance d'essais. Il s'élancera depuis le 18ème rang, devant Verstappen et Button. Ce dernier est affligé d'un drive-through pour avoir utilisé un cinquième turbo et un cinquième récupérateur d'énergie.
Le Grand Prix
Les Mercedes, les Ferrari, les Lotus, les Force India, Bottas, Ericsson, Sainz et Alonso partent en pneumatiques super-tendres, les autres en tendres.
Départ: Hamilton reste premier, suivi par Rosberg. Räikkönen se porte à la hauteur de l'Allemand au premier freinage mais celui-ci garde sa position. Aucun incident n'est à déplorer.
1er tour: Hamilton mène devant Rosberg, Räikkönen, Bottas, Grosjean, Hülkenberg, Maldonado, Kvyat, Ricciardo, Pérez et Alonso. Button passe par les stands pour effectuer sa pénalité.
2e: Hamilton a une seconde et trois dixièmes d'avance sur son coéquipier.
3e: Ericsson et Massa doublent Alonso.
4e: Vettel menace Alonso. Il tente de le doubler à l'épingle mais rate son freinage. Il parvient tout de même à prendre ensuite l'aspiration derrière la McLaren et à la doubler.
5e: Hamilton précède Rosberg (1.4s.), Räikkönen (2.3s.), Bottas (4.3s.), Grosjean (6.6s.), Hülkenberg (8s.), Maldonado (8.8s.), Kvyat (11.3s.) et Ricciardo (12.1s.).
7e: Hamilton devance Rosberg de deux secondes. Massa et Vettel sont bloqués derrière Ericsson. Afin de ne pas perdre de temps, Vettel regagne les stands et passe les pneus tendres. L'arrêt est toutefois un peu long à cause d'un souci à l'arrière-gauche.
9e: Massa et Ericsson franchissent côte à côte la première épingle, avant que le Brésilien ne s'impose au virage n°3. Pérez dépasse Ricciardo à la dernière chicane.
10e: Hamilton mène devant Rosberg (2.7s.), Räikkönen (4.4s.), Bottas (6.5s.) et Grosjean (11.6s.).
11e: Hamilton est le plus rapide en piste et réalise le meilleur tour provisoire: 1'18''469'''.
13e: Hamilton s'échappe un peu et possède plus de trois secondes d'avance sur Rosberg. Massa déborde Ricciardo.
15e: Trois secondes et demie séparent les Mercedes. Räikkönen compte sept secondes de retard sur le leader. Massa s'impose face à Pérez à la dernière chicane.
16e: Massa poursuit sa remontée et rattrape désormais Kvyat.
17e: Maldonado est aux stands pour changer de pneus. Il repart en douzième position.
18e: Hamilton prend un tour à Merhi, premier retardataire. Verstappen prend la 14ème place à Alonso, bientôt de nouveau menacé par Vettel.
19e: Massa efface Kvyat. Vettel attaque Alonso par l'extérieur à la dernière chicane. L'Espagnol se défend vaillamment et Vettel doit escalader le vibreur pour éviter une collision.
20e: Hamilton est premier devant Rosberg (3.5s.), Räikkönen (8.9s.) et Bottas (13.2s.). Vettel dépasse Alonso sur la ligne de chronométrage.
21e: Vettel dépasse Verstappen.
22e: Vettel prend la treizième place à Sainz.
24e: Ricciardo et Pérez sont aux stands pour changer leurs pneus. Ils chaussent les Pirelli tendres.
25e : Hamilton précède Rosberg (4.2s.), Räikkönen (10.8s.), Bottas (15.2s.), Grosjean (30.7s.), Hülkenberg (38.5s.), Massa (41.9s.), Kvyat (46.8s.), Maldonado (53.2s.) et Vettel (53.7s.).
26e : Räikkönen est aux stands pour mettre un train de pneus tendres et repart en quatrième position. Vettel menace Maldonado.
27e : Räikkönen part en tête-à-queue à la sortie de l'épingle du Casino. Il remet les gaz et repart mais a perdu un temps précieux. Grosjean et Kvyat changent leurs pneus en fin de tour.
28e : Rosberg se rapproche quelque peu de Hamilton. Changement de pneus pour Hülkenberg.
29e : Bottas met un train de pneus tendres et repart devant Räikkönen, sans avoir perdu de place. Rosberg bloque ses roues à l'épingle et prend l'échappatoire. Peu après Hamilton entre aux stands et met les pneus tendres (2.8s.). Rosberg prend la tête. Avant le dernier freinage Vettel attaque Maldonado qui, surpris, prend l'échappatoire et laisse passer la Ferrari.
30e : Rosberg entre chez Mercedes et met lui aussi les Pirelli tendres (2.6s.). Il ressort en piste derrière son équipier.
32e : Kvyat prend la dixième place à Verstappen qui ne s'est pas arrêté pour changer de pneus.
33e : Rosberg est à une seconde de Hamilton. Pérez dépasse Verstappen.
34e : Hamilton domine devant Rosberg (1.6s.), Bottas (20.3s.), Räikkönen (22s.), Massa (38s.), Grosjean (38.3s.), Vettel (38.8s.), Maldonado (41.7s.), Hülkenberg (49s.) et Kvyat (57.2s.).
35e : Massa résiste avec des pneus usés à Grosjean et à Vettel. Les trois évitent de peu une marmotte égarée sur la piste... En fin de tour Grosjean déborde Massa. Vettel entre chez Ferrari pour mettre des pneus super-tendres.
36e : Rosberg doit ménager ses freins surchauffés pendant quelques tours et laisse Hamilton s'échapper un peu.
37e : Arrêt de Massa qui chausse les pneus super-tendres et se retrouve derrière Vettel, en neuvième position.
38e : Ricciardo menace Verstappen mais se loupe au dernier freinage et emprunte l'échappatoire.
39e : Räikkönen se rapproche de Bottas mais pas assez pour utiliser son DRS. Verstappen change de pneus et chute au seizième rang.
40e : Hamilton précède Rosberg (1.4s.), Bottas (19.9s.), Räikkönen (21s.), Grosjean (40.1s.), Maldonado (41.9s.), Hülkenberg (50.7s.), Vettel (51.9s.), Massa (58s.), et Kvyat (1m. 01s.).
41e : Ne pouvant pas doubler Bottas, Räikkönen effectue un second changement de pneus et cette fois-ci met les pneus super-tendres. Il ne perd pas de place dans cette opération.
42e: Räikkönen réalise le meilleur tour de la course: 1'16''987'''. Vettel est blotti derrière Hülkenberg.
43e : Vettel attaque Hülkenberg par l'extérieur à la dernière chicane. Le pilote Force India tente de résister et part en tête-à-queue. Par chance il parvient à ne rien toucher et à repartir, mais Vettel est passé depuis longtemps, ainsi que Massa.
45e : Hamilton devance Rosberg (1.1s.), Bottas (21.6s.), Räikkönen (36.1s.), Grosjean (41.6s.), Maldonado (43.5s.), Vettel (51.7s.), Massa (58s.), Hülkenberg (1m. 03s.) et Kvyat (1m. 07s).
46e : Alonso revient aux stands pour abandonner à cause d'une perte de puissance due à un problème d'échappement. Il naviguait au quinzième rang.
48e : Une seconde et deux dixièmes séparent les deux pilotes Mercedes.
49e : Peu avant la dernière chicane, Grosjean prend un tour à Stevens mais se rabat bien trop rapidement devant la Manor et casse l'aileron avant de celle-ci avec son pneu arrière gauche. Les deux pilotes regagnent aussitôt les stands, Grosjean pour changer de roue et Stevens pour réparer son nez. Le Français tombe ainsi au onzième rang.
51e : La direction de course, conseillée par l'ancien champion Alan Jones, inflige cinq secondes de pénalité à Grosjean pour son accrochage avec Stevens. Cette sanction sera ajoutée à son temps final.
53e : Hamilton précède Rosberg (1.3s.), Bottas (26.7s.), Räikkönen (37.8s.), Maldonado (50.1s.), Vettel (51.9s.), Massa (58s.), Hülkenberg (1m. 10s.), Kvyat (1m. 15s.), Pérez (1m. 21s.) et Grosjean (1m. 22s.).
54e : Vettel menace désormais Maldonado. Sainz prend la douzième place à Ricciardo.
55e : Vettel double Maldonado dans la ligne droite longeant le Saint-Laurent. Grosjean prend la dixième place à Pérez.
57e : Hamilton a une seconde et demie d'avance sur Rosberg. Button est rappelé au stand McLaren pour renoncer lui aussi à cause d'un problème d'échappement.
59e : Räikkönen a encore huit secondes de retard sur Bottas. Avec des pneus qui vont se dégrader, il est douteux qu'il puisse le rattraper. En revanche Massa remonte rapidement sur Maldonado
61e : Merhi est au ralenti à cause d'un bris d'arbre de roue. Il regagne les stands pour renoncer.
62e : Massa prend la sixième place à Maldonado qui ne cherche pas à résister.
63e : Grosjean est revenu derrière Kvyat et convoite donc le neuvième rang.
65e : Hamilton est premier devant Rosberg (2.3s.), Bottas (34s.), Räikkönen (40.8s.), Vettel (49.4s.), Massa (57.6s.), Maldonado (1m. 01s.), Hülkenberg (1m. 22s.), Kvyat (-1t.) et Grosjean (-1t.).
67e : Trois secondes et demie d'écart entre les pilotes Mercedes. Grosjean ne parvient plus à menacer Kvyat.
68e : Le rythme tombe en cette fin de course car tous les pilotes, et en particulier ceux de Mercedes, veillent à ne pas dépasser la limite des cent kilos d'essence à consommer.
70ème et dernier tour : Lewis Hamilton gagne son 37ème Grand Prix devant Rosberg qui assure un tranquille doublé à Mercedes. Bottas termine troisième et donne son premier podium de l'année à Williams. Räikkönen et Vettel viennent ensuite et concluent un week-end très décevant pour Ferrari. Au moins Vettel a-t-il effectué une belle remontée. Massa termine sixième. Il précède Maldonado qui inscrit ses premiers points en 2015. Hülkenberg termine huitième et entre dans les points pour la première fois depuis Melbourne. Kvyat ramène deux maigres unités à Red Bull tandis que Grosjean se contente de la dixième place. Suivent Pérez, Sainz, Ricciardo (vainqueur l'année précédente !), Ericsson, Verstappen, Nasr et Stevens.
Après la course: Mercedes, toujours et encore...
Hamilton se remet en selle par cette victoire absolument incontestable. Rosberg doit s'avouer vaincu par plus fort que lui, et malheureusement, malgré ses deux victoires à Barcelone et à Monaco, il ne paraît pas en mesure de contester la domination de son équipier sur le championnat du monde. On pourra souligner que les soi-disant pneus « super-tendres » de Pirelli ont tenu durant tout un très long relais, ce qui augmente la grogne contre le manufacturier unique accusé de fournir des « pneus en bois ».
Hamilton accroît son avance sur Rosberg qui atteint maintenant dix-sept points. Vettel a quarante-trois longueurs de retard sur l'Anglais et ne semble plus vraiment dans la course au titre. Chez les constructeurs Mercedes porte son avantage sur Ferrari à 105 points. Lotus grimpe au cinquième rang devant Force India et Sauber.
Tony