Wolff tire les oreilles de Rosberg
L'accrochage entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton à Spa-Francorchamps a créé bien des remous. Toto Wolff a sermonné Rosberg, responsable évident de l'incident, et l'a contraint à s'excuser auprès de l'équipe et de Hamilton. Il l'a aussi obligé à payer une amende reversée à une œuvre caritative. Pour que l'harmonie soit parfaite Niki Lauda s'excuse lui aussi auprès de Rosberg pour l'avoir critiqué devant les caméras avant de s'être entretenu avec lui.
Quant à Hamilton, il n'affirme plus que son collègue l'a volontairement percuté. Mais il est douteux que les apparences de concorde reflètent la réalité. La conférence de presse ouvrant le week-end italien qui réunit les deux pilotes est un beau récital d'« éléments de langage »...
Présentation de l'épreuve
Monza n'échappe plus aux effets de mode. La Parabolica a subi le sort de bien d'autres célèbres virages et est désormais équipée elle aussi d'un dégagement en asphalte. L'une des courbes les plus difficiles du championnat perd ainsi une grande partie de son intérêt, mais telle est l'évolution générale des tracés de Formule 1.
Monza bruisse de rumeurs quant aux futurs transferts. Pour certains Sebastian Vettel réfléchirait sérieusement à rejoindre McLaren en 2015. Mais pour d'autres Jenson Button resterait finalement à Woking une année de plus. Cependant le bruit le plus fou concerne Ferrari : Luca di Montezemolo serait sur le point de quitter la direction de la marque tandis que Ross Brawn prendrait la tête de l'équipe de Formule 1. Cela est bien sûr aussitôt démenti, mais il est exact que Montezemolo est en froid avec Sergio Marchionne, le directeur général de Fiat. Après 40 ans de bons et loyaux services, l'omnipotent marquis piémontais serait-il en passe d'être congédié ?
Williams fait moins de tintamarre que Ferrari et obtient de meilleurs résultats cette saison. L'équipe de Sir Frank annonce qu'elle renouvelle sa confiance à Felipe Massa et à Valtteri Bottas pour la saison 2015.
Caterham poursuit sa quête du pilote le plus riche à recruter. Colin Kolles et Christijan Albers désiraient engager en course l'Espagnol Roberto Merhi, ancien champion de Formule 3, mais celui-ci n'a pas obtenu sa super-licence. Du coup Kolles a proposé à André Lotterer de disputer la course, à condition de laisser sa place à Merhi lors de la première séance d'essais libres. Lotterer refuse tout net, estimant qu'en tant que débutant il ne peut se permettre de faire l'impasse sur une séance d'essais. Sa droiture lui fait honneur, mais elle lui ferme peut-être définitivement les portes de la F1. En tout cas, Kamui Kobayashi est finalement rappelé par Kolles pour retrouver sa place. Les procédés de la nouvelle direction de Caterham suscitent logiquement beaucoup de critiques.
Charles Pic fait son retour sur un Grand Prix en pilotant une des Lotus-Renault lors des essais du vendredi.
Essais et qualifications
Les Mercedes sont nettement devant lors des essais libres malgré des ennuis mécaniques le samedi matin.
Leur domination se concrétise en qualifications. Hamilton réalise sa première pole position depuis le GP d'Espagne avec deux dixièmes d'avance sur Rosberg. Viennent ensuite les deux Williams-Mercedes de Bottas et de Massa, puis les deux McLaren-Mercedes de Magnussen et de Button. La supériorité du groupe propulseur allemand n'est plus à prouver ! Les Ferrari boivent la tasse : Alonso est septième, Räikkönen onzième. Ce n'est guère mieux pour les Red Bull-Renault : Vettel et Ricciardo occupent les huitième et neuvième rang.
Les Force India déçoivent (Pérez 10ème, Hülkenberg 13ème) tandis que les Sauber devancent les Lotus. En fond de grille Kobayashi précède les Marussia et son équipier Ericsson.
Enfin Kvyat est relégué du onzième au vingt-et-unième car il a utilisé son sixième moteur cette saison, soit un de trop. Ce problème pourrait frapper d'ici la fin de l'année tous les utilisateurs du bloc Renault, de loin le moins fiable.
Le Grand Prix
La majorité des coureurs part en pneumatiques médiums, exceptés Kvyat, Hülkenberg, Sutil, Grosjean, Gutiérrez et Ericsson qui utilisent les gommes dures.
Départ : Hamilton ne s'élance pas bien et Rosberg prend immédiatement l'ascendant. Bottas est aussi mal parti et est « avalé » par le peloton. Massa et Magnussen suivent Rosberg mais au freinage le Danois déborde le Brésilien par la gauche. Hamilton est quatrième suivi par Vettel et par Button.
1er tour : Rosberg mène devant Magnussen, Massa, Hamilton, Vettel, Button, Alonso, Pérez, Hülkenberg et Räikkönen. Bottas est onzième devant Ricciardo.
2e : Rosberg a deux secondes d'avance sur Magnussen qui a Massa et Hamilton sur ses talons.
3e : Hamilton se montre très menaçant derrière Massa. Plus loin Bottas fond sur Räikkönen et Hülkenberg.
5e : Après une attaque manquée à la première chicane, Massa double Magnussen à la Variante della Roggia. Hamilton déborde ensuite le Danois par l'intérieur avant Lesmo. Räikkönen double Hülkenberg.
6e : Bottas prend la dixième place à Hülkenberg. Chilton loupe son freinage à la deuxième chicane, escalade un vibreur et atterrit dans le bac à sable. La course est finie pour lui.
7e : Rosberg mène devant Massa (3.6s.), Hamilton (4.1s.), Magnussen (6.9s.), Vettel (7.7s.), Button (8.9s.), Alonso (9.5s.) et Pérez (10.2s.).
8e : Bottas double Räikkönen dans la ligne droite principale mais rate la corde à la chicane et perd aussitôt sa position.
9e : Rosberg arrive trop vite à la première chicane et part tout droit dans l'échappatoire. Il zigzague entre les panneaux publicitaires et reprend la piste toujours premier, mais en ayant perdu deux secondes. Bottas dépasse Räikkönen, cette fois-ci pour de bon.
10e : Hamilton attaque Massa par l'extérieur avant la Variante del Rettifilo. Il conserve l'avantage dans la chicane : le voici deuxième.
11e : Deux secondes séparent Rosberg et Hamilton. Massa a trois secondes et demie de retard. A huit secondes vient un peloton composé de Magnussen, Vettel, Button, Alonso, Pérez et Bottas.
13e : Hamilton réalise le meilleur tour à chaque boucle. Vettel se montre pressant derrière Magnussen.
14e : Bottas déborde Pérez et est désormais à la poursuite d'Alonso.
15e : Rosberg est premier devant Hamilton (1.5s.), Massa (5.1s.), Magnussen (13.6s.), Vettel (14.4s.), Button (15.5s.), Alonso (16.1s.), Bottas (16.6s.), Pérez (17.5s.), Räikkönen (19.9s.), Ricciardo (22.6s.) et Hülkenberg (26s.).
16e : Grâce au DRS Bottas double Alonso devant les stands.
18e : L'écart est d'une seconde entre les pilotes Mercedes. Bottas effectue une remontée irrésistible : il prend la sixième place à Button. En fin de tour Vettel s'engouffre dans la voie des stands.
19e : Comme vont le faire les leaders Vettel troque ses pneus médiums pour des pneus durs. Il repart en quinzième position. Pérez et Hülkenberg s'arrêtent plus tard aux stands.
20e : Rosberg a 1.3s. d'avance sur Hamilton. Massa a neuf secondes de retard.
21e : Bottas prend l'avantage sur Magnussen et se retrouve quatrième. Changement de pneus pour Räikkönen.
22e : Magnussen et Alonso changent leurs pneus. Le pilote McLaren repart entre Vettel et Pérez.
23e : Arrêt aux stands de Button qui repart entre Pérez et Alonso. Adoptant une stratégie décalée, Ricciardo se retrouve cinquième devant les Toro Rosso de Vergne et de Kvyat. Massa entre aux stands à la fin de ce tour.
24e : Massa repart derrière Ricciardo qui doit s'arrêter. Rosberg entre aux stands pour chausser des pneus durs.
25e : Hamilton a pris le commandement. L'arrêt de Rosberg a duré 2.8s. et le pilote allemand repart second. Changement de gommes pour Bottas qui ressort derrière Vettel et Magnussen puis se fait doubler par Pérez. Vergne change aussi de pneus.
26e : Hamilton fait changer ses pneus (2.6s.) et reprend la route deux secondes derrière son équipier. Bottas déborde Pérez sur la ligne de chronométrage. Brièvement troisième, Ricciardo s'arrête au stand Red Bull.
27e : Rosberg mène devant Hamilton (1.3s.), Massa (12.6s.), Kvyat (25s.), Vettel (27s.), Magnussen (28.5s.), Bottas (29s.), Pérez (29.8s.), Button (30.6s.), Alonso (33.5s.), Räikkönen (34.3s.) et Ricciardo (38.1s).
28e : Hamilton est revenu à sept dixièmes de Rosberg.
29e : Rosberg commet pour la seconde fois une faute à la première chicane et de nouveau tire tout droit. Cette fois-ci, lorsqu'il retrouve la piste, Hamilton a pris la tête de la course. L'Anglais réalise le meilleur tour de l'épreuve (1'28''004'''). Alonso arrête sa Ferrari dans l'échappatoire de la Variante del Rettifilo. Le système de récupération d'énergie de sa Ferrari ne fonctionne plus. Il n'avait plus abandonné depuis le GP de Malaisie 2013.
30e : Hamilton a deux secondes et demie d'avance sur Rosberg. Kvyat contient un groupe comprenant Vettel, Magnussen, Bottas, Pérez et Button. Mais en fin de tour le Russe s'arrête enfin aux stands pour changer de pneus.
31e : Bottas attaque Magnussen par la gauche à la première chicane mais ce dernier se défend en l'obligeant à tirer tout droit. Encore une manœuvre litigieuse de Magnussen.
32e : Attaque de Button sur Pérez au premier freinage, sans résultat.
33e : Hamilton a 3.6s. d'avance sur Rosberg. Massa a seize secondes de retard. Bottas attaque Magnussen à la Variante della Roggia, sans succès.
34e : Magnussen, Bottas, Pérez et Button sont roues dans roues. Ricciardo prend la neuvième place à Räikkönen.
35e : Hamilton mène devant Rosberg (4.4s.), Massa (18.1s.), Vettel (36.2s.), Magnussen (37.8s.), Bottas (38s.), Pérez (38.5s.), Button (39.2s.), Ricciardo (42.3s.) et Räikkönen (45s.).
37e : Avec le DRS Bottas double Magnussen dans la ligne droite principale.
38e : Bottas s'échappe devant le trio Magnussen - Pérez - Button, rattrapé par Ricciardo.
39e : En début de tour Button dépasse Pérez. Mais celui-ci ne baisse pas les bras et attaque le Britannique par l'extérieur à la deuxième chicane. Il doit partir tout droit, escalade un vibreur et revient en piste devant la McLaren. Button se place alors à l'extérieur. Les deux hommes franchissent côte à côte les deux virages de Lesmo mais finalement Pérez, placé à la corde, conserve sa position.
40e : L'écart est stable entre les pilotes Mercedes. Bottas double Vettel à la première chicane. Le voici quatrième. De son côté Ricciardo double Button.
41e : Ricciardo s'en prend maintenant à Pérez et le dépasse à la Variante della Roggia.
42e : Button double Pérez au premier freinage. Le Mexicain reste blotti derrière son rival dans la Curva Grande puis récupère sa position à la sortie de la deuxième chicane mal négociée par Button.
44e : Ricciardo est l'homme de cette fin de course. Il remonte comme une balle et double Magnussen.
46e : Hamilton possède quatre secondes et demie d'avance sur Rosberg. Ricciardo rattrape maintenant son équipier Vettel.
47e : Ricciardo attaque Vettel à la Variante del Rettifilo mais se heurte à une vive résistance. Il réussit finalement à s'imposer à la sortie de la Curva Grande.
48e : Hamilton est premier devant Rosberg (4.5s.), Massa (23.3s.), Bottas (39.8s.), Ricciardo (48.8s.), Vettel (52.8s.), Magnussen (53.4s.), Pérez (54.2s.), Button (54.9s.) et Räikkönen (57.9s.).
49e : Gutiérrez double Grosjean à la première chicane puis se rabat dangereusement devant lui. Les deux voitures se frottent et le Mexicain se retrouve dans l'échappatoire.
51e : Magnussen, Pérez, Button, Räikkönen et Kvyat sont roues dans roues. Suite à son accrochage avec Grosjean, Gutiérrez a crevé à l'arrière gauche et regagne son stand pour changer de pneu.
52e : Kvyat rattrape Räikkönen mais à cause d'un problème de freins, il tire tout droit en catastrophe avant la première chicane et dérape dans le gazon. Il parvient à éviter le rail et à repartir mais s'est fait très peur.
53ème et dernier tour : Lewis Hamilton remporte sa 28ème victoire en Grand Prix avec trois secondes de marge sur Rosberg. C'est le premier doublé des Mercedes depuis Zeltweg. Jusqu'ici très malchanceux, Massa monte enfin sur son premier podium de la saison. Il précède son équipier Bottas qui a réalisé une course splendide. Inexistant au début, Ricciardo est remonté au cinquième rang et termine une nouvelle fois devant Vettel. Magnussen est septième mais de nouveau sous le contrôle du collège des commissaires. Il précède Pérez et Button, les deux guerriers du jour. Räikkönen conclut le désastreux week-end de Ferrari au dixième rang. Sont aussi à l'arrivée Kvyat, Hülkenberg, Vergne, Maldonado, Sutil, Grosjean, Kobayashi, Bianchi, Gutiérrez et Ericsson.
Après la course
Les tifosi envahissent comme chaque année la piste, mais ce n'est pas pour célébrer la Scuderia. Sur le podium Felipe Massa est le plus applaudi car il s'adresse en italien au public. Jean Alesi est chargé d'interroger les pilotes et demande à Lewis Hamilton s'il est de nouveau ami avec Nico Rosberg. « Bien sûr, parce que nous sommes coéquipiers » répond Hamilton dans un sourire. Difficile de déterminer la part d'hypocrisie dans ce propos...
De nouveau les commissaires de course, assistés cette fois par Derek Warwick, ne chôment pas. Kevin Magnussen reçoit cinq secondes de pénalité pour avoir forcé Bottas à quitter les limites de la piste, ce qui le fait dégringoler au dixième rang. Gutiérrez reçoit quant à lui une sanction de vingt secondes pour son accrochage avec Grosjean.
La course est à peine finie que, comme de juste, une nouvelle polémique éclate autour de Mercedes. Des journalistes, des supporteurs et même Jackie Stewart (qui a toujours quelque chose à dire) se déclarent étonnés par les deux erreurs commises par Nico Rosberg au même endroit, alors que la piste n'était pas altérée et qu'aucun problème de freins n'a été signalé sur la W05. L'ambiance délétère qui règne autour de l'équipe allemande alimente la suspicion. Pour certains, Rosberg a reçu l'ordre de laisser gagner Hamilton afin de réparer son erreur de Spa-Francorchamps... Toto Wolff répond brutalement aux grincheux en déclarant qu'ils sont « paranoïaques ».
Quoiqu'il en soit, l'écart entre Rosberg et Hamilton au classement général est désormais de vingt-deux points. Bottas s'empare de la quatrième place aux dépens d'Alonso. Chez les constructeurs Williams-Mercedes prend la troisième place à Ferrari.
Tony