Lola - MasterCard : fiasco historique
Après ses débuts catastrophiques en Australie, la nouvelle écurie Lola espérait placer ses deux bolides au départ du GP du Brésil. Hélas, le 26 mars, son principal (et unique) commanditaire MasterCard annonce retirer toutes ses billes avec effet immédiat. Motif invoqué: Lola n'a pas respecté certains engagements financiers - c'est-à-dire n'a pas trouvé de nouveaux sponsors capables de compléter le budget. Les apports de Sospiri (300 000 dollars) et de Rosset (1 million) se sont révélés insuffisants. Surtout, il apparaît que l'équipe a contracté six millions de livres sterling de dettes avant le coup d'envoi du championnat, « détail » qu'Eric Broadley aurait oublié de signaler à MasterCard. Reste que l'attitude de la firme américaine est peu élégante. Mais celle-ci suit les conseils d'une société de marketing animée par Julian Jakobi et Craig Pollock, personnages qui, on le verra, ont partie liée avec Reynard, le grand rival de Lola aux États-Unis...
Désormais, Eric Broadley n'a plus que deux alternatives: trouver dans l'urgence un repreneur ou faire renflouer les dettes de l'écurie par Lola Cars, la société mère. Or cette dernière fait également face à des problèmes de trésorerie... Sauf miracle, ce « come-back » de Lola en Formule 1 va s'achever dans le ridicule. Très remonté, Vincenzo Sospiri garde néanmoins l'espoir de dénicher l'argent nécessaire à la poursuite de l'aventure: « Avec Ricardo Rosset, nous avons appris la nouvelle par les journaux ! Il y a toutefois une infime chance de poursuivre, si Lola le désire. Rosset et moi pourrions trouver des solutions, mais avant toute chose, il faut se renseigner sur l'état de la situation. »
Accords Concorde: les Trois attaque Ecclestone
La querelle autour des Accords Concorde 1997 se poursuit de plus belle. Fin 1996, McLaren, Williams et Tyrrell ont été exclues de la FOCA par Bernie Ecclestone suite à leur refus obstiné de parapher lesdits accords. Les trois écuries prévoient cependant de riposter: début mars, elles adressent un courrier à leurs consœurs leur annonçant que si elles ne sont pas réintégrées d'ici le 26 mars, elles porteront l'affaire devant la justice en vertu d'une clause du traité de Rome de 1957. Les revendications de Ron Dennis, Frank Williams et Ken Tyrrell sont les suivantes: à défaut de pouvoir contester la mainmise économique d'Ecclestone sur la Formule 1, ils souhaitent obtenir un droit de regard sur sa succession, avoir des éclaircissements sur l'entrée à la bourse de New York de Formula One Promotions and Administration (FOPA), la machine de guerre d'Ecclestone, enfin et surtout, négocier une meilleure redistribution des droits TV, lesquels ont sensiblement crû avec l'arrivée des chaînes cryptées digitales (50 millions de dollars par équipe sur cinq ans).
Les « Trois » ont certes revu leurs ambitions à la baisse puisqu'ils contestaient jadis l'abandon officiel de la gouvernance économique de la Formule 1 à Bernie Ecclestone. « Pour des raisons qui m'échappent, ils veulent signer aujourd'hui un accord qu'ils auraient pu valider il y a plusieurs mois dans les mêmes termes ! » ironise le Grand Argentier. Max Mosley s'entremet entre les deux parties et propose au trio rebelle de réintégrer le droit chemin, à une condition: ils ne commenceront à percevoir les bénéfices des nouveaux droits TV qu'en 1998 ! Un faux compromis hautement refusé par Ron Dennis qui se dit prêt à aller au tribunal. « Personne n'y gagnera, mais la F1 y perdra sûrement », tonne celui-ci. « Nous voulons à tout prix éviter le durcissement de ce conflit, mais s'il le faut, nous irons au bout. »
Présentation de l'épreuve
Jacques Villeneuve a vécu trois semaines studieuses, ponctuées d'essais intensifs au Castellet. Il arrive à São Paulo avec la ferme intention de remporter une victoire qui effacerait son zéro pointé de Melbourne. Le Canadien est toujours remonté contre Eddie Irvine, responsable du carambolage qui l'a mis hors-jeu en Australie. « Cela ne sert à rien de discuter avec ce gars-là, il a la tête vide... » soupire-t-il. Pendant ce temps-là, le jeudi 27 mars, David Coulthard fête joyeusement son 26ème anniversaire avec toute l'équipe McLaren. L'Écossais ne s'attendait pas à occuper la tête du championnat du monde au soir du premier Grand Prix. De là à imaginer coiffer la couronne mondiale... « J'ai vécu trois semaines inouïes sur cette lancée », confie-t-il. Son ingénieur Steve Nichols se veut résolument optimiste quant à la suite de la saison: « Ce que nous avons partagé à Melbourne avec Mercedes est une enthousiasma analogue à celui que j'ai connu avec Ferrari en 1990, à l'époque où Alain Prost gagnait. » La saison 97 verra-t-elle un duel Williams-Renault vs. McLaren-Mercedes ?
Alain Prost rend public un contrat de sponsoring avec le fabricant français de stylos Bic qui apportera à son écurie 22 millions de francs annuels jusqu'en 2000. Cet accord est le fruit de tractations initiées dès 1996 par Jean-Michel Schoeler, un homme d'affaires proche du pouvoir chiraquien. Bic s'est laissé facilement convaincre de participer à cette aventure « franco-française », d'autant plus qu'elle entretient déjà des liens publicitaires étroits avec la Seita, autre grand sponsor de Prost GP.
Jean Alesi a connu des moments pénibles après son insolite panne sèche du GP d'Australie. Cet incident lui a valu une foule de quolibets et a ranimé la verve fielleuse des Guignols de l'Info, dont il est l'une des principales têtes de Turc. L'Avignonnais tient cependant à mettre les choses au point sur cette mésaventure: « La radio ne marchait pas bien, et à fond dans la ligne droite, on ne peut rien entendre, il y a trop de bruit. J'ai bien vu les panneaux s'agiter, et j'ai hurlé dans la radio afin de savoir si c'était pour moi. Et puis, trois virages plus loin, j'étais en panne. » Alesi est amer: des rumeurs infondées de licenciement avec effet immédiat ont circulé ces derniers temps dans la presse française. Heureusement, Flavio Briatore les fait taire en assurant son pilote de son plein soutien.
Patrick Faure, le président de Renault Sport, sillonne le paddock à la rencontre de Frank Williams, Patrick Head et Flavio Briatore. Il semble acquis que, tout en se retirant officiellement de la Formule 1 à l'issue de la saison 1997, Renault continuera à motoriser Williams via son sous-traitant Mecachrome, basé à Aubigny-sur-Nère (Cher), qui assemble déjà les moteurs flanqués du Losange. Voilà une solution qui devrait permettre à Williams de tenir son rang avant une probable alliance avec BMW d'ici 1999 ou 2000. En outre, Faure est tout à fait disposé à fournir ces V10 « de seconde main » à Benetton, mais Briatore ne désespère pas d'obtenir le V10 Mugen-Honda.
Le journaliste Renaud de Laborderie surprend Eddie Jordan et Flavio Briatore dans la salle de musculation de l'hôtel TransAmerica. Les deux meilleurs ennemis suent à grosses gouttes sur leurs vélos d'entraînement. Alors que Jordan s'interroge sur l'avenir de son alliance avec Peugeot, Briatore lui rappelle ses accords contractuels (à titre personnel) avec le jeune Italien Giancarlo Fisichella, qu'il compte bien titulariser chez Benetton en 1998. L'Irlandais fait celui qui n'entend pas. Plus tard, Jordan s'entretient avec Geraldo Rodrigues, l'ex-manager de Rubens Barrichello, qui lui propose d'engager une nouvelle pépite brésilienne: Ricardo Zonta, l'un des favoris de l'actuel championnat international de F3000.
Depuis plusieurs mois, le bruit court que Julian Jakobi, l'ex-agent d'Alain Prost et d'Ayrton Senna, désormais au service de Jacques Villeneuve, envisagerait de monter une équipe de F1 avec Craig Pollock, le mentor du Québécois, qui serait bien sûr de l'aventure. Jakobi et Pollock auraient déjà pris langue avec Reynard pour la construction d'un châssis à l'horizon 1999. Le plan de carrière du « p'tit Jacques » semble donc tout tracé: gagner un ou deux titres mondiaux avec Williams, puis créer une « écurie Villeneuve », ce qui était déjà une ambition de son regretté père...
Après un coup d'envoi cataclysmique en Australie, Tom Walkinshaw réorganise quelque peu l'organigramme de TWR-Arrows. Son homme-lige Tony Dowe se consacrera ainsi désormais exclusivement au marketing et cède ses fonctions de directeur technique à Vincent Gaillardot. On susurre que Damon Hill serait intervenu en personne en faveur de l'ex-ingénieur de Renault Sport.
Benetton a beaucoup travaillé sur la B197 qui bénéficie d'une nouvelle prise d'air reposant sur un caisson d'aspiration rehaussé, de forme plus carrée. La suspension avant à trois amortisseurs Bilstein a subi aussi beaucoup de modifications. La Williams FW19 est passablement modifiée depuis Melbourne. D'abord au niveau des freins qui peuvent dorénavant accueillir des disques de 30mm d'épaisseur. Puis, sur les flancs, des mini-prises d'air ont été creusées afin de rafraîchir la centrale de gestion électronique. La direction assistée, longuement testée, ne doit en revanche entrer en service qu'au GP de Saint-Marin. Ferrari inaugure un dispositif de répartition de freinage électronique. Les techniciens de la Scuderia ont en outre rigidifié le réservoir qui avait bougé lors du GP d'Australie, occasionnant un second ravitaillement pour Schumacher. Comme Ferrari, Jordan étrenne un répartiteur électronique de freinage, mais aussi un nouveau diffuseur et des suspensions dotées de trois amortisseurs. La McLaren-Mercedes arbore de nouveaux volets à l'avant couplés à une suspension modifiée. Arrows travaille d'arrache-pied sur son A18. La prise d'air dynamique reçoit ainsi un élément séparant l'appui-tête de l'entrée d'air et la suspension avant jouit d'une nouvelle épure. Tyrrell modifie l'emplacement de plusieurs éléments sur sa 025 afin d'en améliorer l'équilibre. La suspension avant reçoit par ailleurs un troisième élément en guise de tampon. Stewart tente de parer à la fragilité de sa suspension arrière en hissant les triangles au-dessus des canaux latéraux du diffuseur. Une solution hardie, et en conséquence les sorties d'échappement du V10 Ford sont doublées et très inclinées vers le bas.
Essais et qualifications
Les essais libres du vendredi sont consacrés à la mise au point des monoplaces. Peu de pilotes cherchent à faire un chrono, d'autant plus que le bitume est très sale. Les Williams-Renault sont une fois encore les plus véloces, Frentzen devant Villeneuve. Samedi matin, le Québécois prend l'ascendant sur l'Allemand qui déplore un manque d'équilibre avec son set-up « qualifications ».
La séance qualificative se déroule par un fort vent et la température évolue au gré des passages nuageux. Sortir au moment opportun s'avère crucial. Villeneuve s'empare rapidement de sa cinquième pole position (1'16''004''') et s'affirme en favori. En revanche, Frentzen (8ème) ne parvient toujours pas à mettre le doigt sur les bons réglages. Voilà près d'un an qu'une Williams-Renault n'avait pas été aussi mal qualifiée ! « Nos gars ne trouverons pas le chemin sur la grille », grommelle Patrick Head. M. Schumacher (2ème) est heureux de placer sa Ferrari en première ligne, mais rend tout de même six dixièmes à Villeneuve. Irvine (14ème) se montre pour sa part incapable d'équilibrer sa F310B. Berger (3ème) tire un bon parti de sa Benetton-Renault malgré deux tête-à-queue. Alesi (6ème) est plus en retrait. Häkkinen (4ème) se montre satisfait du comportement de sa McLaren-Mercedes, au contraire de Coulthard (12ème) qui ne retrouve pas ses sensations australiennes. Accoutumée au « billard » de Magny-Cours, la Prost-Mugen tressaute sur les bosses d'Interlagos. Panis accroche pourtant un très beau cinquième temps, un millième devant son compatriote Alesi. Nakano (15ème) poursuit son apprentissage.
Les Jordan-Peugeot progressent comme en témoigne le septième temps de Fisichella. Le jeune Italien était en mesure d'améliorer en fin de séance lorsqu'il sort de la route et provoque un drapeau rouge. R. Schumacher (10ème) ne commet pas d'erreurs. Belle performance de Hill qui hisse sa poussive Arrows-Yamaha au neuvième rang. Diniz (16ème) tâtonne en revanche dans ses réglages. Chez Stewart-Ford, Barrichello (11ème) fait beaucoup mieux que le jeune Magnussen (20ème) qui peine à trouver un bon équilibre. Véloces le vendredi, les Sauber-Petronas de Herbert (13ème) et Larini (19ème) rentrent nettement dans le rang le lendemain. Chez Minardi-Hart, Trulli (17ème) prend le dessus sur son coéquipier Katayama (18ème). Tyrrell vit un week-end cauchemardesque: Verstappen (21ème) déplore du sous-virage et un déficit de traction tandis que Salo (22ème), frappé par une panne de moteur au début des qualifications, arrache son billet avec le mulet. Enfin, on note des écartes très resserrés puisqu'une seule seconde sépare M Schumacher (2ème) de son équipier Irvine (14ème).
Le Grand Prix
Villeneuve domine le warm-up du dimanche matin. Frentzen semble toujours perdu avec ses réglages tandis que Schumacher peine à dénicher une pression de pneus idéale. L'après-midi, l'atmosphère est lourde et le ciel chargé de gros nuages. Un orage n'est pas à exclure... Comme à Melbourne, il apparaît que les pneus Bridgestone sont plus endurants que les Goodyear ; en conséquence, Prost, Arrows, Minardi et Stewart tablent sur un seul arrêt, alors que toutes les autres équipes en prévoient deux. Enfin on dénombre moins de 40 000 spectateurs dans les tribunes: la « Barrichello-mania » n'est plus qu'un souvenir, mais l'intéressé semble ne pas en être mécontent...
Départ: Tout le monde s'élance au feu vert, sauf Barrichello qui reste bloqué, moteur calé. Villeneuve patine au démarrage, ce qui permet à M. Schumacher de se porter à sa hauteur et de plonger à l'intérieur en abordant le S de Senna. Repoussé vers l'extérieur, Villeneuve freine fort, dérape sur la poussière et tire tout droit dans la pelouse. Il revient en piste cahin-caha, mais derrière c'est la panique: Fisichella harponne Hill avant de partir en tête-à-queue tandis qu'Irvine joue à saute-moutons avec Herbert puis percute Magnussen. Frentzen suit son équipier dans le gazon pour éviter le carnage.
1er tour: Schumacher est premier devant Berger, Panis et Häkkinen. Mais la direction de course brandit le drapeau rouge car la Stewart de Barrichello est plantée sur la ligne droite principale. Villeneuve, englué dans le milieu du peloton, pousse un soupir de soulagement.
Les bolides regagnent la grille de départ. La course va reprendre de zéro pour la distance originale. Irvine, Hill, Fisichella, Frentzen et Herbert grimpent dans leur mulet. Barrichello utilise la « t-car » de Stewart, ce qui contraint donc Magnussen à rester au garage. Après vingt minutes d'interruption, un second tour de formation est lancé.
Deuxième départ: Villeneuve prend de nouveau un envol moyen et derechef Schumacher aborde en tête le premier virage. Cette fois, le Canadien joue la sécurité et prend sagement la corde derrière l'Allemand. Suivent Häkkinen, Berger et Alesi. Katayama demeure scotché à cause d'un embrayage bloqué. Sa Minardi est poussée vers les stands.
1er tour: Villeneuve prend immédiatement Schumacher en chasse. Il se laisse aspirer dans la remontée vers les stands et le déborde par l'intérieur sur la ligne de chronométrage. Häkkinen est troisième devant Berger, Alesi, Panis, Hill, Coulthard, Fisichella et R. Schumacher. Frentzen a manqué son démarrage et se retrouve treizième.
2e: Villeneuve prend une seconde d'avance sur M. Schumacher. Frentzen se défait de Barrichello, puis de Herbert, et remonte au onzième rang.
3e: Berger menace Häkkinen qui est mécontent du comportement de ses pneus. Katayama démarre des stands avec deux tours de retard.
4e: Villeneuve roule une seconde au tour plus vite que M. Schumacher. Berger double Häkkinen au premier virage.
5e: Villeneuve est premier devant M. Schumacher (3.7s.), Berger (4.8s.), Häkkinen (7s.), Alesi (7.6s.), Panis (8.3s.), Hill (11.6s.), Coulthard (12.1s.), Fisichella (12.4s.), R. Schumacher (13s.), Frentzen (13.5s.) et Herbert (14s.).
6e: Häkkinen contient Alesi et Panis en dépit d'une McLaren instable. Très lourd en essence, Hill traîne derrière lui un groupe comprenant Coulthard, Fisichella, R. Schumacher, Frentzen, Herbert et Barrichello.
7e: Villeneuve s'envole et compte près de sept secondes de marge sur Schumacher. Berger, qui a prévu deux arrêts, est sur les talons de l'Allemand. Katayama effectue un ravitaillement.
8e: Berger prend l'aspiration de Schumacher dans la ligne droite principale et plonge à l'intérieur du S de Senna. Mais le double champion du monde ne cède pas d'un pouce. La Benetton et la Ferrari dévalent la pente côte à côte, et à la réaccélération Schumacher, mieux placé, conserve l'ascendant. Berger retente sa chance avant la courbe du lac, mais son adversaire ferme la porte.
10e: Villeneuve précède M. Schumacher (9.6s.), Berger (10.1s.), Häkkinen (12.3s.), Alesi (12.7s.), Panis (14.3s.), Hill (21.2s.), Coulthard (22s.), Fisichella (22.4s.), R. Schumacher (22.9s.) et Frentzen (23.7s.).
11e: Villeneuve poursuit son échappée et repousse la paire Schumacher - Berger à plus de dix secondes. Son équipier Frentzen est coincé dans le peloton entre les Jordan et la Sauber de Herbert.
12e: Berger déborde Schumacher au passage de la ligne et s'impose, au prix toutefois d'un freinage appuyé. Rejeté loin vers l'extérieur, Schumacher ne peut pas répliquer. Cela va mal pour son équipier Irvine, seizième au volant du mulet Ferrari, qui vient de céder devant Diniz et Larini...
14e: Débarrassé de Schumacher, Berger réduit son retard sur Villeneuve car il a embarqué moins d'essence que celui-ci.
15e: Villeneuve devance Berger (9s.), M. Schumacher (14s.), Häkkinen (15s.), Alesi (15.7s.), Panis (17.7s.), Hill (28.2s.), Coulthard (28.9s.), Fisichella (29s.), R. Schumacher (30s.), Frentzen (30.7s.) et Herbert (31.3s.).
16e: Suite à une probable rupture de suspension, Diniz part en tête-à-queue en abordant la courbe du lac et échoue dans la pelouse.
17e: Neuf secondes séparent Villeneuve et Berger. Herbert observe un premier pit-stop. Barrichello rejoint son garage suite à la rupture d'une rotule de suspension. Une fois de plus, le Brésilien ne verra pas l'arrivée de son Grand Prix national.
18e: M. Schumacher se retrouve sous la menace de Häkkinen et Alesi. L'Allemand peine à préserver ses gommes et manque d'adhérence. Salo ravitaille pour la première fois.
20e: L'intervalle entre Villeneuve et Berger n'évolue plus. Huitième, Coulthard a fort à faire pour contenir les assauts du jeune Fisichella. Premier arrêt pour Verstappen.
21e: Coulthard observe son premier arrêt-ravitaillement et repart seulement seizième.
22e: Berger subit son premier pit-stop (8s.) et reprend la piste devant Hill. Larini passe aussi aux stands.
23e: Villeneuve précède M. Schumacher de vingt-et-une seconde. Alesi ravitaille (7s.) et se glisse entre Frentzen et Irvine.
24e: Häkkinen fait hale chez McLaren pour reprendre de l'essence et des enveloppes neuves. Il ressort devant Alesi. Irvine ravitaille aussi et sombre en seizième position. Deuxième arrêt-ravitaillement pour Katayama.
25e: Vingt-trois secondes séparent Villeneuve de M. Schumacher. Fisichella subit un long premier pit-stop et perd beaucoup de positions.
26e: Villeneuve apparaît au stand Williams pour son premier ravitaillement (7s.). M Schumacher s'arrête dans le même temps chez Ferrari (6s.) et fait une mauvaise affaire car il repart derrière Hill et Häkkinen. Coulthard se fraie un chemin dans le peloton: il dépasse Trulli puis Nakano qui ne stopperont qu'une fois. R. Schumacher passe aux stands.
27e: Villeneuve est toujours premier, une seconde devant Panis qui n'a pas stoppé. Berger est troisième à huit secondes.
28e: Villeneuve réalise le meilleur tour en course (1'18''397''') et sème facilement Panis. Häkkinen bute sur Hill qui n'a prévu qu'un pit-stop. Frentzen opère son premier arrêt et se retrouve onzième, derrière R. Schumacher.
30e: Villeneuve précède Panis (4.8s.), Berger (11.4s.), Hill (23.6s.), Häkkinen (24.1s.), M. Schumacher (25.2s.), Alesi (26.8s.), Herbert (41s.), Coulthard (44.2s.), R. Schumacher (47.7s.) et Frentzen (50s.).
32e: Häkkinen prend la quatrième place à Hill. Fisichella se défait de Nakano: le voici douzième.
34e: Villeneuve repousse Panis à sept secondes. Le Français garde cependant une marge de cinq secondes sur Berger. Un peu plus loin, Hill contient M. Schumacher et Alesi.
35e: Panis fait escale chez Prost pour son unique arrêt-ravitaillement (10s.) et se réinsère en septième position. Trulli subit aussi son seul pit-stop.
36e: Schumacher se porte à la hauteur de Hill entre Mergulho et Junção, sans pouvoir doubler. Irvine rejoint le stand Ferrari pour faire resserrer son harnais et remet les gaz après une trentaine de secondes d'immobilisation.
37e: Villeneuve est premier devant Berger (14s.), Häkkinen (27s.), Hill (36.2s.), M. Schumacher (36.4s.), Alesi (36.7s.), Panis (40s.), Herbert (44.3s.), Coulthard (47.1s.), R. Schumacher (50.2s.), Frentzen (52s.) et Fisichella (57s.).
38e: Schumacher prend l'aspiration de Hill au passage de la ligne et se jette à l'intérieur du S de Senna. Hill lui laisse juste l'espace nécessaire pour passer. Alesi s'infiltre dans le trou de souris et déborde l'Arrows à son tour. Nakano perd sa roue arrière-gauche en entrant aux stands. Par chance, il peut regagner son emplacement et repartir après avoir ravitaillé... et remis quatre pneus.
39e: Hill effectue son seul ravitaillement et reprend la piste en treizième position.
40e: Villeneuve compte quinze secondes d'avance sur Berger. Häkkinen ravitaille pour la seconde fois (7s.), imité par R. Schumacher.
41e: Herbert et Coulthard effectuent leur second ravitaillement. Lorsqu'ils repartent, les deux Britanniques encadrent leur compatriote Hill.
43e: Villeneuve est en tête devant Berger (12.2s.), M. Schumacher (37s.), Alesi (38.5s.), Panis (43s.), Frentzen (54.2s.), Häkkinen (55.7s.), Fisichella (56s.), Larini (1m. 09s.) et Herbert (1m. 14s.). Deuxième arrêt pour Salo.
44e: Second ravitaillement de Fisichella qui glisse de la huitième à la douzième place. Troisième arrêt de Katayama.
45e: Villeneuve opère son second pit-stop avant celui de Berger. L'opération dure huit secondes et permet au Québécois de ressortir second. M. Schumacher subit son second ravitaillement (8.3s.) et repart de nouveau derrière Häkkinen.
46e: Berger précède Villeneuve de dix-huit secondes. Panis est désormais solidement arrimé à la troisième place et ne s'arrêtera plus. Alesi effectue son deuxième pit-stop (8.6s.) et se réinsère derrière M. Schumacher. Deuxièmes arrêts aussi pour Larini et Verstappen.
48e: Berger fait son entrée au stand Benetton pour son deuxième ravitaillement (9s.) et se retrouve logiquement second. Frentzen passe aussi par les stands et repart huitième, entre Herbert et Hill. Fisichella s'empare de la dixième place aux dépens de Coulthard.
49e: La course semble jouée en faveur de Villeneuve qui bénéficie de douze secondes de marge sur Berger. Fisichella prend l'ascendant sur Hill.
50e: Villeneuve évolue derrière l'attardé Larini sans le dépasser. En effet, ses pneus tardent à monter en température et il craint une sortie stupide.
51e: Villeneuve mène devant Berger (11.4s.), Panis (17s.), Häkkinen (29.5s.), M. Schumacher (34.7s.), Alesi (39.3s.), Herbert (52s.), Frentzen (57s.), Fisichella (1m.), Hill (1m. 03s.), Coulthard (1m. 04s.) et R. Schumacher (1m. 12s.).
52e: Irvine exécute dans l'indifférence générale son troisième pit-stop. L'Irlandais navigue en dix-septième position, derrière les Tyrrell !
53e: Villeneuve se défait enfin de Larini, mais Berger est revenu à neuf secondes.
54e: R. Schumacher se gare peu avant l'entrée des stands. Sa pompe à essence a cessé de fonctionner suite à une coupure électrique.
55e: Villeneuve possède encore huit secondes d'avance sur Berger. Plus loin, dix secondes séparent Panis de Häkkinen. Décevant cinquième, Schumacher doit surveiller Alesi dans ses rétroviseurs. Coulthard double Hill.
57e: Villeneuve s'inquiète maintenant de la température élevée de son moteur. Il tourne en 1'20'' contre 1'19'' pour Berger.
58e: Villeneuve précède Berger (6s.), Panis (17.1s.), Häkkinen (28.4s.), M. Schumacher (34.1s.), Alesi (36.4s.), Herbert (52.4s.), Frentzen (1m.), Fisichella (1m.), Coulthard (1m. 02s.), Hill (1m. 11s.), et R. Schumacher (1m. 14s.).
60e: Villeneuve lit des données plus encourageantes sur son ordinateur de bord et rappuie sur le champignon. Berger est repoussé à sept secondes.
62e: Häkkinen a renoncé à poursuivre Panis qui s'est forgé une avance de quatorze secondes. Pénible instant pour Hill qui se fait prendre un tour par Villeneuve, son ex-coéquipier...
63e: Villeneuve perd du temps en doublant les attardés Katayama et Verstappen. Berger réduit son retard.
64e: Frentzen rencontre des problèmes de boîte de vitesses et cède la huitième place à Fisichella. Il va bientôt concéder un tour à son équipier...
66e: À cinq tours du but, Villeneuve devance Berger (4s.), Panis (14s.), Häkkinen (30.7s.), M. Schumacher (33.2s.), Alesi (34.5s.), Herbert (51.4s.), Fisichella (1m. 03s.), Frentzen (1m. 07s.), Coulthard (1m. 17s.), Hill (-1t.) et Larini (-1t.).
67e: Berger est à son tour ralenti par Hill, puis par Katayama et Verstappen. Cinquième, Schumacher se trouve sous la menace d'Alesi.
69e: Hill regagne les stands avec un moteur fumant. Le champion en titre était onzième après une course satisfaisante.
71e: Villeneuve achève l'épreuve avec cinq secondes d'avance sur Berger. Vainqueur à Melbourne, Coulthard est cette fois un piteux dixième et concède un tour au leader...
72ème et dernier tour: Jacques Villeneuve remporte sa cinquième victoire en F1. Berger finit deuxième et monte sur son premier podium depuis neuf mois. Panis termine troisième: voici déjà un premier podium pour l'écurie Prost et les pneus Bridgestone. Häkkinen se classe quatrième. M. Schumacher n'obtient qu'une décevante cinquième place. Alesi récolte le point de la sixième position. Viennent ensuite: Herbert, Fisichella, Frentzen, Coulthard, Larini, Trulli, Salo, Nakano, Verstappen, Irvine et Katayama. Hill est classé dix-septième.
Après la course: la revanche de Villeneuve, l'éclosion de Prost GP
Grâce à cette victoire, Jacques Villeneuve tire un trait sur ses déboires de Melbourne et lance ainsi réellement sa saison. Toutefois, Dame Chance lui a souri, car de nouveau il fut pris dans la mêlée du départ, et cette fois par sa faute. « Ce premier virage est un piège », reconnaît le Québécois. « Le point de freinage et la trajectoire diffèrent selon qu'on l'aborde à petite allure, comme c'est le cas après le départ, ou lancé, une fois que la course est partie. Je suis arrivé trop vite, et en plus à l'extérieur... » Par bonheur, Rubens Barrichello a calé son moteur et les gentils commissaires brésiliens ont donné un second départ. Où Villeneuve se fit une fois de plus doubler par Michael Schumacher, mais sans se mettre dehors. « Lors du deuxième envol, j'ai trop patiné et le moteur s'est emballé. J'ai levé le pied pour le calmer et Schumacher a filé. Mais heureusement j'avais deux atouts pour le repasser: des pneus neufs et un peu moins d'aileron que lui. » La suite de l'épreuve fut difficile à cause de pneus médiocres: « Mes gommes étaient très inconstantes. Les premier et troisième trains me faisaient glisser, peut-être à cause d'une mauvaise pression. D'où la remontée de Berger en fin de course. Mais il est agréable d'exploiter enfin tout le potentiel de cette Williams ! » Voici justement ce dont Heinz-Harald Frentzen semble incapable. Comment l'Allemand peut-il terminer neuvième à un tour de son équipier victorieux ? Il déclare n'être jamais parvenu à dénicher les bons réglages, puis avoir composé en course avec une commande de boîte capricieuse. « Je commence à croire que Hill était un pilote bien plus fort que l'on ne pensait », commente Jacques Villeneuve avec perfidie. En attendant, Frank Williams et Patrick Head ordonnent à Frentzen de regagner l'Europe pour subir des briefings spéciaux à Grove afin de comprendre pourquoi il ne s'adapte pas à la FW19....
Gerhard Berger grimpe sur son premier podium depuis le GP de Grande-Bretagne 1996 et retrouve confiance en sa Benetton-Renault. « Nous étions ici beaucoup plus proches des Williams que nous l'étions à Melbourne », souligne l'Autrichien. « Certes, l'écart est encore important, mais nous voilà remis en selle. Cette deuxième place est suffisante pour l'heure, au regard de ce que j'ai pu lire dans la presse après notre prestation de Melbourne. Cette saison sera très ouverte: en treize ans de F1, je n'ai jamais vu d'écarts aussi serrés ! Et puis peut-être vais-je finir par gagner à nouveau ! » Berger n'a plus gagné depuis le GP d'Allemagne 1994... Son coéquipier Jean Alesi se contente d'un petit point qui lui vaut ce commentaire gentiment sarcastique de Flavio Briatore: « Tu vois Jean, en t'arrêtant de temps en temps aux stands, tu peux finir ! »
Ferrari n'a pas vécu un bon week-end et Michael Schumacher, pourtant bien parti, doit au final se contenter d'une décevante cinquième place. Le champion allemand juge sévèrement les performances de la F310B: « Comme je l'avais prévu, mes pneus n'ont pas tenu le coup sur la totalité de la course. J'ai même eu du mal à doubler Hill, dont les pneus se maintenaient impeccablement, et cela m'a sans doute coûté une ou deux places. Cependant, notre plus gros problème en ce moment est l'adhérence. » Son équipier Eddie Irvine, piteux seizième après un week-end calamiteux, de nouveau impliqué dans un accrochage, subit pour sa part les foudres de la presse italienne qui lance la rumeur de son éventuel remplacement par l'essayeur Gianni Morbidelli. Mauvaise course également pour les McLaren-Mercedes qui, comme les Ferrari, ont souffert de la trop grande attrition des pneus Goodyear. Cependant, cette fois, Mika Häkkinen (4ème) s'en est bien mieux sorti que David Coulthard (10ème). « Personne n'a abandonné aujourd'hui, sinon nous aurions été dans les points », remarque l'Écossais en guise de consolation.
Olivier Panis irradie de bonheur: ce podium démontre l'excellent potentiel de la Prost-Mugen et la robustesse des pneus Bridgestone qui ont permis à l'équipe française d'adopter cette stratégie payante à un seul arrêt. « Depuis le début, nous savons que cette voiture est bonne, seulement il a fallu prendre certains risques techniques pour en tirer le meilleur parti », explique Panis. « Cette course fut un régal: je suivais sans peine mes adversaires malgré un réservoir surchargé. L'usure des pneus fut insensible. Cette troisième place vaut bien ma victoire de Monaco l'an passé, car cette fois tous les gros bras étaient là. Et nous attendons encore des progrès. » Comme à son habitude, Alain Prost se garde de tout optimisme excessif: « Ce n'est pas parce que nous avons fait 5ème en Australie et 3ème au Brésil que nous gagnerons en Argentine ! Il ne faut pas croire au miracle. Plus que ce résultat mérité, je suis surtout content d'avoir réussi à ressouder l'équipe très rapidement. Olivier a beaucoup progressé, notamment en qualifications, et montre que la voiture fonctionne bien. Ne nous en demandez pas plus pour l'instant ! » Reste que les supporteurs français rêvent d'ores et déjà à la victoire d'une Prost Grand Prix...
Coulthard et Villeneuve (10 points) se partagent la première place du championnat des conducteurs devant Berger (9 pts), M. Schumacher (8 pts) et Häkkinen (7 pts). Chez les constructeurs, McLaren-Mercedes (17 pts) précède Williams-Renault et Benetton-Renault (10 pts). Ferrari (8 pts) a la surprise d'être talonnée par Prost-Mugen-Honda (6 pts) tandis qu'Eddie Jordan et Pierre-Michel Fauconnier font grise mine: après deux courses, la paire Jordan-Peugeot n'a toujours pas le moindre point au compteur.
Tony