Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Ferrari
Gerhard BERGER
 G.BERGER
Benetton Renault
Mika HAKKINEN
 M.HAKKINEN
McLaren Mercedes

607o Gran Premio

LIX Grosser Preis von Deutschland
Soleado
Hockenheim
domingo, 27 de julio de 1997
45 vueltas x 6.823 km - 307.035 km
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

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Motor

Retour de Gerhard Berger

Le mardi 15 juillet 1997, Gerhard Berger retrouve le baquet de sa Benetton-Renault pour une séance d'essais privés à Monza, après six semaines de repos consécutives à une double opération des sinus. L'Autrichien réalise ds chronos tout à fait corrects, mais n'a pas le cœur à sourire: la veille, il a assisté aux obsèques de son père, tragiquement disparu dans un accident d'avion au Tyrol. Berger s'alignera au départ du prochain Grand Prix d'Allemagne mais, dans un tel contexte, nombreux sont ceux qui doutent de sa motivation et estiment que Flavio Briatore aurait dû reconduire son suppléant Alexander Wurz, auteur d'un superbe podium à Silverstone. D'autres parlent de retraite anticipée. Berger n'a cure de ses ragots et se dit prêt à repartir au combat. « Je suis en forme, j'ai repris l'entraînement physique, je me sens bien, et je suis heureux de retrouver ma voiture, mes ingénieurs, de faire mon travail. Bien sûr, la mort de mon père m'a profondément touché. Je ne peux ôter son visage de mon esprit. Mais je me concentre sur mon métier. » Comme il a su le faire en 1994, après la mort de ses amis Ayrton Senna et Roland Ratzenberger.

 

Coup de jeune chez Benetton

Quelques avant ce GP d'Allemagne, Benetton annonce le recrutement de Giancarlo Fisichella pour 1998, une nouvelle attendue puisque le jeune Italien est « managé » par Flavio Briatore. Toutefois, ce dernier avait prêté « Fisico » à Eddie Jordan pour deux saisons, moyennant un dédit de 2,3 millions de dollars en cas de rupture. L'Irlandais, toujours trop finaud, a omis de préciser ce détail lors de ses négociations avec Hirotoshi Honda: afin d'obtenir les V10 Mugen, il a assuré son interlocuteur que Fisichella roulerait encore pour Jordan la saison suivante. C'est du reste ce qu'il continue de prétendre dans le paddock d'Hockenheim, en ajoutant qu'il compte attaquer Briatore en justice. Mais si le fameux contrat est régulier, on ne voit guère comment Jordan pourra retenir Fisichella contre son gré.

 

Selon toute vraisemblance, Benetton alignera donc l'an prochain un duo de jeunes pousses comprenant Alexander Wurz et Giancarlo Fisichella. Jean Alesi discute de son avenir avec Eddie Jordan et Peter Sauber. Quant à Gerhard Berger, s'il affirme ne point songer à la retraite, il ne sera pas à Enstone l'année prochaine. « Je ne piloterai plus pour Benetton en 1998 », affirme-t-il. « Je m'entends très bien avec tout le monde, mais j'arrive au bout de mon contrat de deux ans et cherche un nouveau défi. J'ai eu le temps de réfléchir au cours de ces longues journées passées à me reposer... Et j'ai finalement décidé d'attendre un peu pour arrêter mes projets. » Découvrant ces propos, l'inénarrable Flavio Briatore feint la surprise: « Ma, c'est oune connerie de Gerhard, aussi grande que lui ! Il a dit ça pour qu'on ne lui parle pas de son hospitalisation, pour détourner l'attention ! J'ai encore besoin de lui pour l'an prochain ! » Ben voyons...

 

Présentation de l'épreuve

Tous les ans, les fanatiques allemands se déplacent par dizaines de milliers à Hockenheim pour encourager Michael Schumacher. Cette année, leur excitation grimpe encore d'un cran car il n'y a plus un Schumacher mais deux ! La gloire de Michael commence en effet à rejaillir sur Ralf, le petit frère, qui effectue des débuts remarqués en Formule 1 avec Jordan-Peugeot. Quoique peu apprécié des journalistes à cause de sa morgue puérile, Schumacher cadet s'affirme comme un champion en puissance. Il a ainsi accueilli avec bienveillance quelques (discrètes) avances de McLaren qui, partenariat avec Mercedes oblige, garde toujours un œil sur les pilotes allemands. Mais Ralf est encore trop jeune pour prétendre à un baquet dans un « top team » et restera en 1998 chez Jordan, en attendant mieux pour 1999...

 

Le 22 juillet, les frères Schumacher participent une exhibition de karting dans les rues de Berlin. Michael, flanqué du n°1, et Ralf, avec le n°2, finissent par s'affronter en combat singulier devant un public en délire. Le lendemain, tous deux inaugurent le nouveau circuit de karting de Kerpen, la ville natale de Michael. De nouveau, la foule se presse. Willi Weber, le manager de la fratrie, exulte: il a spécialement confectionné 50 000 casquettes Schumacher pour ce GP d'Allemagne, 40 000 pour Michael, 10 000 pour Ralf. Le stock s'est évaporé en quelques jours. « J'ai sous contrat les deux meilleurs pilotes du monde ! » s'exclame-t-il, non sans exagération.

 

La popularité des Schumacher en Allemagne est telle qu'elle éclipse celle de Mercedes. Dans le Stadium d'Hockenheim, les Flèches d'Argent de David Coulthard et de Mika Häkkinen n'ont droit qu'à quelques applaudissements polis. Quant à Heinz-Harald Frentzen, c'est un quasi-anonyme ! Reste que la « Schumi-mania » finit par embarrasser Andreas Meyer, le promoteur d'Hockenheim, car le circuit n'est plus en mesure de répondre aux attentes du public germanique. « Nous atteignons notre capacité maximum, explique-t-il. Le circuit ne contient pas plus de 83 000 places assises. Comme il est coincé entre deux autoroutes, toute expansion nous est interdite. » En outre, la municipalité refuse tout agrandissement des parkings, jugés trop exigus depuis des années. Meyer a demandé l'installation d'un gradin supplémentaire après la deuxième chicane, et ce avec l'appui de Mercedes qui souhaitait y installer 6 000 invités. En vain. « Faute d'extension, Hockenheim est condamné à terme », admet-il. Bernie Ecclestone en est bien conscient et étudie une migration du GP d'Allemagne vers le Nürburgring, voire la construction d'un nouveau circuit près de Berlin. L'idéal serait bien sûr un réaménagement complet de l'Hockenheimring. Toutefois, cela signifierait la fin des pittoresques mais anachroniques lignes droites en pleine forêt...

 

Le mercredi 23 juillet, Mika Häkkinen et David Coulthard visitent pour la première fois de concert le siège de Mercedes-Benz de Stuttgart. Si le public allemand s'enthousiasme peu pour les performances de la firme à l'Étoile, les employés de celle-ci réservent une véritable ovation aux deux pilotes McLaren qui signent pas moins de mille autographes en quelques heures. Häkkinen et Coulthard ne repartent pas les mains vides: chacun reçoit une Mercedes Classe A argentée qu'ils étrenneront sur le circuit d'essais de la maison, à Untertürkheim. Pendant ce temps-là, Ron Dennis s'entretient avec Jürgen Hubbert, patron des véhicules particuliers chez Daimler, et Norbert Haug, le directeur de Mercedes Motorsport. Tous trois évoquent le « line-up » de 1998. Si les Allemands penchent pour la stabilité et la reconduction du duo Coulthard - Häkkinen, Dennis avance l'hypothèse Damon Hill. En effet, le champion du monde en titre discute depuis quelques semaines avec McLaren, séduit à l'idée de retrouver une machine compétitive. Adrian Newey, le nouveau directeur technique de McLaren, plaide en outre en faveur de son ami dont il vante les qualités de metteur au point. Sensibles à ces arguments, Hubbert et Haug donnent carte blanche à Dennis, à condition qu'il compose une paire de pilotes d'élite. Car en 1998, l'objectif de l'alliance McLaren-Mercedes sera bel et bien les deux couronnes mondiales.

 

Avec bien des réticences, Frank Williams a mis de côté ses principes de stricte équité entre pilotes afin de favoriser Jacques Villeneuve, bien mieux placé que son coéquipier Heinz-Harald Frentzen pour remporter le titre mondial. À compter de ce Grand Prix, trois des quatre FW19 transportées depuis Grove seront affectées au Québécois. Frentzen se retrouve officieusement relégué au rang de pilote n°2. Son élimination à Silverstone dès le premier tour est censée justifier cette défaveur. En fait, ses relations avec Patrick Head traversent une nouvelle crise. Comme en début d'année, après le GP du Brésil, les deux hommes ont eu des mots. « Mais cette fois, je ne l'ai pas invité à visiter l'usine ! » lance Head, sarcastique. Blême de colère, « HHF » serre les dents et ne réplique pas.

 

Emerson Fittipaldi fait une apparition remarquée dans le paddock, un an après son grave accident sur l'anneau du Michigan qui a mis un terme à sa carrière en IndyCar. « Si je suis encore debout, c'est parce que je suis tombé sur d'excellents médecins », indique le jeune retraité de 50 ans. Fittipaldi se frotte machinalement le dos, en souvenir du déplacement vertébral qui a failli le laisser paralysé à vie. Ce week-end, le Brésilien va reprendre le volant d'une voiture de course pour pour la première fois depuis un an: il pilotera en exhibition la Mercedes W196 avec laquelle Juan Manuel Fangio est devenu champion du monde en 1954 et 1955.

 

Comme toujours, les équipes adoptent pour Hockenheim des ailerons braqués au minimum et suppriment la plupart des éléments profilés. On remarque cependant que l'aileron arrière biplan de la McLaren-Mercedes est moins épuré que sur les autres machines: la MP4/12 a en effet besoin de plus de charge pour chauffer ses pneus. Ferrari crée la surprise en revenant pour la course au V10 046/1 car la fiabilité du nouveau 046/2 laisse à désirer. Contrairement à Benetton, Williams n'utilisera pas ici le régime maxi du V10 Renault car elle n'a pas encore achevé ses tests de validation consécutifs à l'introduction du RS9/A. L'écurie de Grove redoute des pannes malvenues. Elle introduit en outre un dispositif à rayons infra-rouge destiné à surveiller la température des disques de frein. La Benetton B197 reçoit une nouvelle géométrie de suspension avant ainsi qu'une suspension à trois amortisseurs. Elle bénéficie aussi d'un contrôle de température de disques, à l'instar de la Williams. Sur le plan aérodynamique, l'aileron arrière est un biplan au profil si réduit qu'il se cintre légèrement en pleine ligne droite ! Jordan teste deux mini-ailerons de part et d'autre du nez de la 197. Ces éléments seront démontés le samedi. En outre, le train arrière et les pontons de la monoplace jaune sont resserrés afin d'accentuer la forme de « bouteille de Coca » de l'ensemble. Sauber installe des mini-ailerons à l'avant et à l'arrière de sa C16. Stewart inaugure un aileron biplan à profil supérieur unique, une solution également adoptée par Prost.

 

Essais et qualifications

Les essais du vendredi sont perturbés par des averses. Les pilotes roulent la majeure partie du temps en gommes rainurées. En fin de matinée, R. Schumacher profite d'une courte accalmie pour réaliser le meilleur chrono (1'46''). Les Jordan-Peugeot paraissent en verve grâce à la puissante cavalerie du V10 Peugeot car, le lendemain matin, Schumacher cadet est de nouveau en haut de la feuille des temps. C'est néanmoins Herbert et sa Sauber à moteur Ferrari (version 96) qui affichent la meilleure vitesse de pointe: 349 km/h.

 

Très rapide depuis le début du week-end, Berger effectue un spectaculaire « come-back » en s'adjugeant la douzième pole position de sa carrière (1'41''873'''). Le vétéran a déniché des réglages convenant parfaitement à cette piste atypique. C'est aussi la première pole d'une Benetton-Renault depuis près de deux ans. Alesi (6ème) est plus en retrait, à six dixièmes de son équipier. On l'a vu, les Jordan-Peugeot ont ici la puissance pour s'imposer. Fisichella (2ème) échoue à seulement vingt-trois millièmes de la pole. Vedette des essais libres, R. Schumacher (7ème) rentre dans le rang samedi après-midi: il commet quelques erreurs et se plaint d'une légère perte de puissance. Chez McLaren-Mercedes, Häkkinen perd la journée du vendredi suite à une rupture de moteur. Sa troisième place en qualifications n'en est que plus méritante. Plus fébrile, Coulthard (8ème) casse lui aussi un moteur et sort de la route en qualifications. M. Schumacher qualifie une Ferrari un peu poussive en quatrième position. Irvine (10ème) tâtonne longtemps dans ses réglages. Les Williams accusent ici un déficit en vitesse de pointe car, on l'a dit, leur moteur est quelque peu bridé. Mais la FW19 manque surtout de motricité. Frentzen (5ème) déniche de meilleurs réglages qu'un Villeneuve (9ème) à la dérive, contraint d'adopter - en vain - les solutions de son équipier.

 

Les Prost-Mugen (Trulli 11ème, Nakano 17ème) sont bien équilibrées dans le Stadium mais instables au freinage dans la portion rapide. Week-end mouvementé pour Stewart-Ford: Barrichello (12ème) se fait peur samedi matin en perdant son capot-moteur en pleine ligne droite tandis que Magnussen (15ème) casse un nouveau V10 Project 7. Chez Arrows, un équilibre satisfaisant permet à Hill (13ème) de compenser le manque de puissance du moteur Yamaha. Diniz (16ème) se qualifie avec le mulet après une casse moteur. Les Sauber-Petronas (Herbert 14ème, Fontana 18ème) sont - on l'a vu - rapides en ligne droite mais souffrent d'un grave déficit de traction. Salo (19ème) et Verstappen (20ème) font de la figuration car leurs Tyrrell à V8 Ford ED n'atteignent que 330 km/h en ligne droite contre 345 km/h pour les meilleurs... Beaucoup de difficultés aussi pour les Minardi-Hart: Marques (21ème) perd une demi-séance dans un tête-à-queue et Katayama (22ème) déplore un gros sous-virage.

 

Gerhard Berger est devenu le « spécialiste » de ce circuit d'Hockenheim puisque déjà l'an passé, après une première partie de saison très médiocre, il s'y était montré très véloce, menant le Grand Prix jusqu'à une panne de moteur à trois tours du but. L'Autrichien a en fait mis le doigt sur des réglages optimaux. Si cette piste ultra-rapide nécessite des ailerons et une garde au sol réduits au strict minimum, Berger conserve un plancher légèrement rehaussé tout en assouplissant ses suspensions. Il bénéficie ainsi d'une excellente motricité qui lui permet de franchir sèchement les vibreurs des chicanes et de gagner de précieux centièmes. Son jeune rival Giancarlo Fisichella a imposé à Jordan le même « set-up » mixte, et ce n'est sans doute pas un hasard si ces deux pilotes se retrouvent en première ligne.

 

Le Grand Prix

Il pleut durant la nuit du samedi au dimanche, si bien que le warm-up débute sur une piste humide qui s'asséchera. Villeneuve réalise le meilleur chrono au volant d'une Williams qu'il juge transfigurée. Il précède un étonnant Hill et Fisichella, toujours en verve. Berger exécute un tête-à-queue tandis que M. Schumacher évalue des réglages mixtes, puisque la pluie est redoutée pour l'après-midi.

 

Un crachin perturbe la parade des pilotes peu après le déjeuner, mais ensuite le vent chasse définitivement les nuages. La course se déroulera sous le soleil, dans une atmosphère estivale. Les gradins sont pleins à craquer: 140 000 spectateurs sont venus acclamer Michael Schumacher, ovationné à chacune de ses apparitions. Son frère Ralf et le très populaire Gerhard Berger recueillent leurs parts d'applaudissements. Benetton opte pour une stratégie à deux arrêts, avec un premier relais en pneus tendres, afin de permettre à Berger de s'échapper aisément. Toutes les autres écuries prévoient un seul ravitaillement, à l'exception d'Arrows et de Stewart, chaussées par Bridgestone.

 

Départ: Berger prend un départ moyen mais conserve la première place en barrant la route à Fisichella. M. Schumacher prend l'ascendant sur Häkkinen. Marques reste scotché sur la grille avec un embrayage grillé. En sortant du premier virage, Irvine harponne Frentzen. Déséquilibré, l'Allemand roule sur l'aileron avant de Coulthard.

 

1er tour: M Schumacher et Häkkinen tentent en vain de déborder Fisichella dans la première ligne droite. En fin de ronde, Berger mène devant Fisichella, M. Schumacher, Häkkinen, Alesi, Villeneuve, Trulli, Barrichello, Herbert et R. Schumacher. Irvine et Frentzen regagnent les stands au petit trot, victimes de crevaisons: à l'arrière-gauche pour le premier, à l'avant-droit pour le second. L'aileron avant de Coulthard s'effondre à l'entrée du Stadium, ce qui contraint l'Écossais à traverser le bac à graviers.

 

2e: Berger possède deux secondes et demie d'avance sur Fisichella. R. Schumacher dépasse Herbert. Coulthard change sa calandre et reprend la piste bon dernier. Irvine regagne le stand Ferrari avec un ponton gauche déchiqueté et met pied à terre. C'est également terminé pour Frentzen dont le fond plat est trop endommagé par ce long parcours effectué sur trois roues.

 

3e: Berger s'enfuit et compte plus de trois secondes d'avance sur Fisichella, menacé par M. Schumacher. Coulthard s'immobilise dans la pelouse, victime d'un bris de transmission.

 

4e: Alesi menace Häkkinen pour la quatrième position. À la surprise générale, Villeneuve est sous la pression de la Prost de Trulli. R. Schumacher prend la huitième place à Barrichello.

 

5e: Berger est premier devant Fisichella (4.7s.), M. Schumacher (5.6s.), Häkkinen (8.2s.), Alesi (8.9s.), Villeneuve (12.6s.), Trulli (13s.), R. Schumacher (14.3s.), Barrichello (16.1s.), Herbert (20.1s.) et Hill (20.3s.).

 

7e: La stratégie de Benetton fonctionne pour l'heure à merveille puisque Berger roule une seconde au tour plus vite que Fisichella. M. Schumacher suit le jeune Italien sans pouvoir se hisser à sa hauteur.

 

8e: Sept secondes séparent Berger et Fisichella. Alesi roule dans les échappements de Häkkinen, mais la cavalerie du V10 Mercedes est trop puissante pour que l'Avignonnais puisse doubler. Hill dépasse Herbert.

 

9e: Berger réalise le meilleur chrono de l'après-midi (1'45''747'''). Aux trousses de Herbert, Diniz manque son freinage à la première chicane et emboutit l'arrière de la Sauber. Les deux pilotes achèvent leur après-midi en tête-à-queue dans les graviers.

 

10e: Villeneuve manque décidément de motricité puisqu'il se retrouve sous la menace de Trulli et de R. Schumacher. Seule la puissance du moteur Renault permet au Canadien de parer à toute attaque.

 

12e: Berger précède Fisichella (9.7s.), M. Schumacher (11s.), Häkkinen (15.8s.), Alesi (16.5s.), Villeneuve (22s.), Trulli (22.5s.), R. Schumacher (23.6s.), Barrichello (31s.) et Magnussen (44s.). Hill opère son premier pit-stop.

 

13e: Fontana exécute un tête-à-queue à la chicane Clark. Le jeune Argentin se redresse sans prendre beaucoup de précaution, mais laisse tout de même passer Nakano et Salo.

 

14e: Berger possède douze secondes de marge sur Fisichella, treize secondes sur M. Schumacher. Alesi évolue toujours dans l'ombre de Häkkinen.

 

16e: Les pneus de Berger s'abîment car il n'accroît plus son avance sur Fisichella. Son équipier Alesi effectue le premier de ses deux pit-stops (7.3s.) et reprend la piste derrière Barrichello.

 

17e: Berger pénètre dans l'allée de stands pour son premier ravitaillement (7s.) et retrouve le circuit un souffle derrière Häkkinen. Arrêt aussi pour Magnussen.

 

18e: Fisichella est désormais leader, deux secondes devant M. Schumacher. Tous deux ne s'arrêteront qu'une fois. Berger est sur les talons de Häkkinen. Barrichello exécute son premier arrêt-ravitaillement.

 

19e: Häkkinen survire en quittant la première chicane, ce qui permet à Berger de prendre son aspiration dans la seconde pleine charge. L'Autrichien plonge à l'intérieur au freinage de l'Ostkurve et s'empare de la troisième place aux dépens de Häkkinen qui n'a pas résisté.

 

20e: Fisichella est premier devant M. Schumacher (3.7s.), Berger (10.7s.), Häkkinen (15.8s.), Villeneuve (20.3s.), Trulli (20.7s.), R. Schumacher (21.8s.), Alesi (28.8s.), Nakano (50s.) et Barrichello (51s.). Ravitaillement de Verstappen.

 

21e: Fisichella hausse son rythme dans l'espoir de ressortir devant Berger après son ravitaillement. Il sème ainsi Schumacher, repoussé à près de cinq secondes. Häkkinen effectue son arrêt-ravitaillement.

 

22e: Arrêts simultanés des frères Schumacher. Michael (9.7s.) retrouve la piste en cinquième position, derrière Trulli et Alesi. Ralf (12.7s.) redémarre pour sa part derrière Villeneuve. Nakano passe aussi aux stands.

 

23e: Fisichella reste en piste avec huit secondes d'avance sur Berger. Salo passe chez Tyrrell pour ravitailler et modifier ses réglages d'aileron avant. Katayama s'arrête dans l'herbe, en panne d'essence: suite à un choc avec Verstappen, le Japonais subissait de telles vibrations qu'il n'arrivait pas à voir son panneauteur dressé sur le muret des stands ! En outre, sa radio de bord était déconnectée...

 

24e: Fisichella observe son seul ravitaillement à la fin de ce tour. Le jeune Italien reste une dizaine de secondes à son emplacement, s'empare de gommes rodées puis repart second derrière Berger. Trulli fait escale chez Prost et se retrouve de nouveau entre Villeneuve et R. Schumacher.

 

25e: Pressé par M. Schumacher, Alesi bloque ses roues au freinage de l'Ostkurve et traverse la chicane, sans perdre de place. Fontana effectue son unique pit-stop. Deuxième arrêt de Hill.

 

27e: Berger tourne une seconde au tour plus vite que Fisichella. Il doit maintenir une cadence élevée afin de creuser un écart substantiel sur l'Italien et conserver ainsi la première place après son deuxième pit-stop. Alesi, troisième, contient Schumacher avec peine. Plus loin, Häkkinen emmène un peloton comprenant Villeneuve, Trulli et R. Schumacher.

 

28e: Berger est premier devant Fisichella (19.2s.), Alesi (23.2s.), M. Schumacher (24s.), Häkkinen (42s.), Villeneuve (42.7s.), Trulli (43.2s.), R. Schumacher (44.1s.), Barrichello (51.7s.) et Nakano (1m. 24s.). Magnussen se range dans le Stadium après une nouvelle panne de son V10 Ford.

 

30e: Alesi effectue son deuxième ravitaillement (8.5s.). Sa stratégie n'est pas payante puisqu'il redémarre en huitième position, derrière le groupe Häkkinen, soit des pilotes qui ne stopperont plus.

 

31e: Berger ne parvient plus à accroître son avance sur Fisichella: dix-neuf secondes les séparent. M. Schumacher évolue à vingt-cinq secondes du leader.

 

32e: R. Schumacher est perturbé par son saute-vent qui menace de se détacher. Le jeune Allemand tente de revisser cet élément d'une main, en pleine ligne droite, à 350 km/h !

 

33e: Berger mène devant Fisichella (19.6s.), M. Schumacher (26.4s.), Häkkinen (47.2s.), Villeneuve (48s.), Trulli (48.4s.), R. Schumacher (49.5s.), Alesi (50s.), Barrichello (1m. 17s.) et Nakano (1m. 31s.).

 

34e: Trulli attaque Villeneuve avant la première chicane. Repoussé vers l'intérieur, le Québécois bloque ses roues au freinage, part en tête-à-queue et s'enlise dans le bac à graviers. Il n'ira pas plus loin. Au même instant, Barrichello se gare dans une échappatoire suite à une rupture d'arbre à cames. Salo renonce aussi après une défaillance d'embrayage. Bien qu'il ne compte que dix-neuf secondes de marge sur Fisichella, Berger doit rentrer à son stand pour ravitailler une seconde fois (6.4s.).

 

35e: Berger quitte les stands juste derrière Fisichella. Il doit cependant lever le pied à la Clark Kurve, surpris par le panache de fumée qui s'échappe de la Stewart de Barrichello. Mais peu après Fisichella manque son freinage à l'Ostkurve. Berger sort de cet enchaînement dans la roue de l'Italien, déboîte par l'extérieur à la réaccélération et se ressaisit des commandes de l'épreuve. Grâce à ses pneus neufs, il s'enfuit immédiatement. Une grue ôte la Williams abandonnée de Villeneuve.

 

37e: Berger précède Fisichella (2.2s.), M. Schumacher (8.7s.), Häkkinen (30.8s.), Trulli (32.8s.), R. Schumacher (34.5s.), Alesi (35.2s.), Nakano (1m. 21s.), Hill (-1t.), Fontana (-1t.) et Verstappen (-1t.).

 

38e: Berger accroît son avance sur Fisichella. Plus loin, Alesi est aux trousses de R. Schumacher.

 

39e: Fisichella subit une crevaison à l'arrière-gauche et traverse les graviers à l'entrée du Stadium. Le jeune Romain tente d'atteindre les stands, mais il part en toupie dans l'avant-dernier virage en voulant ouvrir la voie à Fontana. Il redémarre et parvient enfin à son stand, puis repart en septième position avec quatre pneus neufs.

 

40e: M. Schumacher est rappelé aux stands pour remettre quelques litres d'essence car lors de son premier pit-stop, la pompe n'avait pas bien fonctionné. L'Allemand reste immobilisé six secondes et retrouve le circuit juste devant Häkkinen et Trulli.

 

41e: Fisichella ralentit et se gare dans l'herbe car un de ses radiateurs est obstrué par des débris de gomme. Ainsi s'achève son superbe Grand Prix. Avec vingt-six secondes de marge sur Schumacher, Berger a course gagnée et peut lever le pied.

 

42e: À trois tours du drapeau à damiers, Berger devance M. Schumacher (26.5s.), Häkkinen (30.4s.), Trulli (31.4s.), R. Schumacher (34.4s.), Alesi (36.3s.) et Nakano (1m. 25s).

 

44e: Trulli rencontre quelques problèmes de freins et abandonne la poursuite de Häkkinen, assuré de finir sur le podium.

 

45ème et dernier tour: Gerhard Berger remporte sa dixième victoire en F1, la première de Benetton-Renault depuis près de deux ans. M. Schumacher termine second et empoche six points précieux. Troisième, Häkkinen grimpe sur son premier podium depuis quatre mois. Ce n'est néanmoins pas un bon GP d'Allemagne pour Mercedes. Trulli se classe quatrième et inscrit ses premiers points. R. Schumacher finit cinquième, Alesi sixième. Nakano, Hill, Fontana et Verstappen sont aussi salués par le drapeau à damiers. Quant au pauvre Fisichella, il rejoint les stands pris en croupe par M. Schumacher qui lui permet ainsi de recueillir une ovation bien méritée.

 

Après la course: Berger le Phénix

Cette saison 1997 réserve décidément de nombreuses surprises. Quelques jours avant ce GP d'Allemagne, on pouvait douter de revoir un jour Gerhard Berger au volant d'une Formule 1: mis au repos forcé par une vilaine infection, meurtri par la mort subite de son père, récent jeune papa, poussé vers la sortie par Benetton, le vétéran de 37 ans avait d'excellentes raisons de rester dans son chalet de Kitzbuhel. Mais il a relevé avec brio le défi d'un retour sur son circuit-fétiche d'Hockenheim en s'adjugeant cette étonnante victoire, sa première depuis le GP d'Allemagne 1994. Le Phénix autrichien renaît de ses cendres. « Les vacances ont l'air de me réussir ! Peut-être devrais-je demander un contrat me permettant de courir une fois tous les trois mois ! » plaisante-t-il après l'arrivée. On l'a vu, Berger a bâti ce succès en réglant sa Benetton à la perfection. Mais il a aussi bénéficié d'une audacieuse stratégie à deux arrêts lui permettant de rouler léger avec des gommes en bon état sur une grande partie de l'épreuve. « J'ai vécu une journée magique », confie-t-il. « Pole, meilleur tour, une victoire construite tour après tour, comme je le voulais. Elle prouve le potentiel de notre voiture que jusqu'ici nous avions peine à exploiter. Mais, ce dimanche, il me semble avoir bénéficié d'un pouvoir supplémentaire... Et je crois savoir d'où il vient », conclut-il, ému, songeant bien sûr à son père.

 

L'ensemble du paddock se réjouit du triomphe de ce « bon vieux Gerhard » à la personnalité si attachante. Néanmoins, chez Jordan-Peugeot, l'ambiance est des plus moroses. Jamais l'écurie irlandaise et le motoriste français n'étaient passés si près d'un premier succès en F1. Et le jeune Giancarlo Fisichella, auteur d'un week-end admirable, est effondré: après le deuxième arrêt de Berger, il croyait tenir la victoire. « Fisico » regagne en pleurs son motorhome avant de se présenter, rasséréné, devant la presse. « J'étais vraiment à l'aise, mais cette satanée crevaison est venue tout foutre en l'air... J'ai tout de même fait du bon boulot, cela m'aide à surmonter ma déception », lâche-t-il avec modestie. « Je me dis que la voiture est vraiment très bonne et que je vais avoir d'autres chances cette saison. Même si cela paraît un peu stupide, je voudrais remercier Michael Schumacher de m'avoir pris en stop: il m'a offert le plus beau tour d'honneur de ma carrière. C'est vraiment un grand monsieur. » Cette fin de course malheureuse associée à cette touchante candeur valent au jeune Romain la sympathie des journalistes, surtout en comparaison avec la froide arrogance affichée par son équipier Ralf Schumacher.

 

Michael Schumacher quitte quant à lui Hockenheim satisfait: il n'a pas gagné, mais cette seconde place couplée à l'abandon de Jacques Villeneuve lui permet de porter son avance au championnat à dix points. « Je ne pouvais pas espérer mieux car il m'était impossible de remonter sur Fisichella et Berger. », confie toutefois l'Allemand, inquiet du niveau de la Ferrari. « Ce n'est pas rassurant car dans deux semaines à Budapest, sur un circuit lent, nous serons encore moins compétitifs. » Si Schumacher est préoccupé, que dire de son adversaire Jacques Villeneuve ? Le Québécois s'est lamentablement traîné tout au long du week-end avant de s'évanouir dans un tête-à-queue après une passe d'armes avec Jarno Trulli. Qu'arrive-t-il aux Williams-Renault ? Il semblerait que Patrick Head ne fasse plus confiance à Villeneuve - comme à Heinz-Harald Frentzen - pour tirer la substantifique moelle de sa FW19: ne l'a-t-on pas vu donner quelques tours de tournevis à ses bolides pendant que les deux pilotes avaient le dos tourné ?

 

Enfin, Jarno Trulli saute dans les bras d'Alain Prost, puis de son ingénieur Humphrey Corbett: il vient d'inscrire ses trois premiers points en F1. « Je ne suis pas surpris », rit le jeune Transalpin, « Hockenheim m'a toujours souri en F3: j'y ai gagné six fois en 95 et 96 ! Ces points me permettent de remercier Alain Prost de m'avoir donné ma chance sans m'avoir mis la moindre pression. » Trulli peut du reste se targuer d'avoir poussé Jacques Villeneuve à la faute. Une heure après l'arrivée, Le Canadien vient s'expliquer avec son jeune adversaire, mais beaucoup estiment à juste titre que celui-ci n'a rien à se reprocher. C'est le cas de Flavio Briatore qui débarque dans le stand des Bleus et se jette sur Alain Prost pour couvrir d'éloges son poulain. « - Alors, tu vois, Jarno est un bon, n'est-ce pas ? - Oui, mais ne me le pique pas tout de suite, il est à moi ! » répond le Français, taquin.

Tony