Gerhard BERGER
 G.BERGER
Ferrari
Damon HILL
 D.HILL
Williams Renault
Mika HAKKINEN
 M.HAKKINEN
McLaren Peugeot

560o Gran Premio

LXV Gran Premio d'Italia
Ligeramente nublado
Monza
domingo, 11 de septiembre de 1994
53 vueltas x 5.800 km - 307.400 km
Carrera interrumpida después de 1 vuelta tras una colisión múltiple, reanudada por la distancia original.
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Affaires Schumacher - Benetton, suite et fin

 

Rififi chez Williams: Hill et Coulthard s'affirment

Maintenant qu'il sait pouvoir jouer le titre mondial, Damon Hill entend être mieux traité par Williams qui, selon lui, ne le considère toujours pas comme un « numéro un » valable. Juste avant Monza, il se plaint à Frank Williams et Patrick Head que l'ingénieur en chef David Brown soit préposé à la monoplace de David Coulthard, et non à la sienne. Il exige que Brown, qui a travaillé jadis avec Nigel Mansell, Alain Prost et Ayrton Senna, lui soit désormais attaché. Williams et Head résistent d'abord devant cette rébellion inouïe: jamais un pilote n'a eu la prétention de leur imposer sa loi ! Mais Hill menaçant de faire un esclandre devant la presse, ils finissent par céder. Hill et Coulthard échangent donc leurs binômes d'ingénieurs châssis et moteur: l'Anglais travaillera désormais avec David Brown et Denis Chevrier, l'Écossais avec Jim Russel et Éric Faron.

 

C'est désormais officiel: Nigel Mansell conduira la seconde Williams-Renault lors des trois derniers Grands Prix de la saison 1994, lorsque son programme d'IndyCar sera achevé. Ce retour alimente les discussions car entretemps le jeune David Coulthard, qui ne devait être qu'un simple suppléant, a démontré au volant de la machine n°2 qu'il avait toute sa place non seulement en F1, mais aussi dans un top-team. L'Écossais a certes commis quelques fautes de jeunesse, mais il se montre de plus en plus rapide, au point d'avoir failli battre Damon Hill à Spa-Francorchamps. Coulthard devient donc un prétendant très sérieux à ce baquet pour 1995, alors que l'on tenait pour certain l'établissement d'un tandem Hill - Mansell. La presse britannique se sépare entre Mansellistes et Coulthardistes, entre les partisans de l'expérience et ceux de la jeunesse. En tout cas, Coulthard ne s'inquiète pas pour son avenir puisqu'il est également courtisé par Ron Dennis qui l'associerait volontiers à Mika Häkkinen.

 

Présentation de l'épreuve

Les travaux réclamés par le GPDA à l'Automobile Club d'Italie n'ont pu être réalisés à cause de l'opposition des écologistes qui souhaitent à tout prix sauver les arbres du magnifique parc de Monza. Néanmoins, les pilotes se satisfont d'un nouveau bitume parfaitement lisse, qui arase les bosses dont ils se plaignaient les années précédentes. Des travaux de plus grande ampleur auront lieu pour l'édition de 1995. A noter que, pour une fois, la pluie s'invite à Monza, lors de la séance libre du vendredi matin, mais le temps sera sec pour le reste du week-end.

 

Jean Todt a depuis longtemps marqué d'une croix (rouge) ce rendez-vous de Monza sur son agenda. D'abord parce qu'il s'agit de la grand-messe des tifosi. Ensuite parce que cette saison la Scuderia a ici de grandes chances de victoire. Cet autodrome ultra-rapide est en effet le parfait terrain d'expression de son V12 043, survitaminé pour l'occasion. Dans ce contexte, Gerhard Berger et Jean Alesi font l'objet d'une attention fiévreuse. Les supporteurs italiens ne manquent pas une occasion de leur prodiguer de bruyants encouragements. Alesi est particulièrement motivé: de par ses origines familiales, il évolue presque à domicile. Il ne cache pas son désir de remporter (enfin) son premier Grand Prix ici, en Italie, sur la terre de ses ancêtres. « Ma tactique est simple: j'appuie sur l'accélérateur, et je fonce ! » déclare-t-il, rigolard, aux journalistes transalpins.

 

Michael Schumacher suspendu, Benetton doit aligner un duo composé de Jos Verstappen et de JJ Lehto. Cette combinaison laisse perplexe. Le jeune Néerlandais, certes rapides, est très inexpérimenté et accumule les accidents, et le Finlandais, sorti du placard où l'avait enfermé Flavio Briatore, est passablement diminué moralement et physiquement. Benetton a pourtant besoin d'une paire de pilotes performants pour conserver sa première place au championnat des constructeurs, dorénavant menacée par Williams. Seuls vingt-trois points séparent en effet encore ces deux écuries.

 

La situation de Lotus empire de jour en jour: début septembre, la mythique écurie de Colin Chapman a été contrainte de déposer son bilan, à la demande d'un commanditaire lui-même très gêné. Peter Collins et Peter Wright ont sur les bras une ardoise de près de douze millions de livres. L'avenir de l'équipe est donc désormais dans les mains de la justice qui va lui chercher un repreneur. Selon certaines rumeurs, Honda aurait l'intention de s'emparer d'une partie du capital afin de disposer d'une assise pour développer son nouveau V10, officiellement baptisé Mugen. Mais les Japonais peuvent pour cela tout aussi bien dénicher une écurie aux reins plus solides. Dans l'immédiat, Collins est contraint, la mort dans l'âme, de vendre son ami l'excellent Johnny Herbert, convoité par Benetton et McLaren.

 

Quatre ans après son dernier Grand Prix, Yannick Dalmas fait son retour en Formule 1 chez Gérard Larrousse qui lui avait mis le pied à l'étrier en 1987. Le Varois n'a pas chômé durant ce laps de temps, puisqu'il a remporté le championnat du monde d'Endurance avec Peugeot et vaincu deux fois au Mans: en 1992 avec la marque au Lion, puis en juin dernier au volant de la Porsche-Dauer 962. Malgré son incontestable talent, Dalmas ne doit cette opportunité qu'à une promesse de sponsoring formulée par la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Larrousse compte sur son ami le député Daniel Colin pour recevoir quelques millions de francs qui lui permettraient d'achever la saison 94. Dalmas se contente donc de savourer l'instant présent. « L'important est d'être présent ici », résume-t-il, « qui plus est dans une écurie française qui permet à un pilote français de revenir en F1. »

 

Le sympathique Alex Zanardi récupère la deuxième Lotus et pourra ainsi participer à son épreuve nationale, mais Philippe Adams le remplacera à nouveau à compter du Portugal. Enfin, Gianni Morbidelli a obtenu d'Uliveto une rallonge financière lui permettant d'achever sa saison chez Arrows.

 

Quatre mois après le grave accident qui a failli lui coûter la vie, Karl Wendlinger réapparaît dans un paddock de F1 comme simple spectateur. L'Autrichien rend bien sûr visite à son écurie Sauber, mais aussi à ses collègues, et notamment son compatriote Gerhard Berger qui a suivi de près sa convalescence. Il reçoit à cette occasion une ovation de la part des tifosi. « Vraiment, toutes ces démonstrations me vont droit au cœur », dit-il. « Cela me fait un bien fou d'être ici. C'est comme quand je suis rentré à la maison pour la première fois. » Il affirme par ailleurs avoir parfaitement récupéré physiquement. « Je me sens bien, je suis le même homme qu'avant mon accident ! Seul mon genou me gêne encore, mais après l'opération des ligaments que j'ai subie il y a dix jours, tout devrait rentrer dans l'ordre. » Wendlinger prévoit d'effectuer son retour au volant en 1995, voire lors des deux derniers Grands Prix de la saison en cours. Peter Sauber, homme d'honneur, lui garde en tout cas son volant en réserve.

 

Ferrari a beaucoup travaillé pour ce GP d'Italie et teste deux types de suspensions avant: Berger roule avec des amortisseurs Koni et Penske tandis qu'Alesi exploite un système Belville. La n°27 est aussi équipée de ressorts coaxiaux à double élément et d'une nouvelle géométrie de suspension arrière. Sur le plan aérodynamique, la 412 T1B perd son double profil inversé mais conserve les dièdres inférieurs. Elle arbore aussi une configuration « spéciale Monza », avec des profils d'aileron et des attaches de triangle remaniés. Jean Todt a également mis la pression sur le département moteur après les trois ruptures de distribution pneumatique qui ont émaillé les GP de Hongrie et de Belgique.

 

Tyrrell inaugure un nouveau moteur Yamaha, baptisé K1, doté d'un régime de rotation accru, qui appelle une autre évolution prévue pour Estoril. McLaren n'utilise plus sa direction assistée, et les mauvaises langues soutiennent que cet abandon est lié aux récentes menaces de la FIA en matière d'aides électroniques illégales...

 

Essais et qualifications

Il aura attendu sa 82ème apparition en F1. Bien servi par la puissance de son V12 Ferrari qui monte très haut dans les tours, Alesi réalise enfin sa première pole position (1'23''844''') après avoir survolé les deux séances qualificatives. Berger l'accompagne en première ligne. Une première ligne toute rouge à Monza: du jamais vu depuis 1975 ! Hill place sa Williams-Renault au troisième rang, à trois dixièmes de la pole. Coulthard (5ème) est pénalisé samedi par une casse moteur. Le calamiteux châssis Lotus est transfiguré par le nouveau V10 Mugen-Honda. Le valeureux Herbert réalise ainsi un véritable exploit en se hissant à la quatrième place, à une demi-seconde d'Alesi ! Zanardi, qui doit se contenter de l'ancien moteur, obtient lui une satisfaisante 13ème position. Panis vit un samedi après-midi mouvementé: il endommage sa Ligier-Renault dans une figure, passe un long moment aux stands pour réparer, puis repart le couteau entre les dents pour arracher le sixième temps ! C'est la meilleure qualification des Bleus en 1994. Bernard (12ème) est plus en retrait, mais n'avait lui aussi jamais fait mieux cette année. Les McLaren pâtissent ici d'un V10 Peugeot à court de souffle. Comme d'habitude, Häkkinen (7ème) s'en tire mieux que Brundle (15ème). Irvine est disqualifié vendredi soir car il a parcouru treize tours au lieu des douze réglementaires. Le lendemain, l'Irlandais place sa Jordan-Hart au neuvième rang, loin devant Barrichello (16ème) qui peine à trouver le bon set-up. Les rétives Sauber sont sauvées par la puissance de leur moteur Mercedes-Ilmor. De Cesaris (8ème) devance pour la première fois Frentzen (11ème) qui part à la faute samedi.

 

Benetton-Ford domine ce championnat 1994. Voilà assertion à peine croyable lorsqu'on constate les contre-performances de Verstappen (10ème) et de Lehto (20ème) ! Le Hollandais a certes perdu du temps samedi lorsque la caméra embarquée de Frentzen est venue se fourrer dans un de ses radiateurs. Mais le Finlandais affirme pour sa part que sa voiture, celle utilisée habituellement par Schumacher, est tout bonnement inconduisible ! Étrange... Pas de réussite non plus pour les pilotes Tyrrell-Yamaha: Katayama (14ème) et Blundell (21ème) sortent tous deux dans le second Lesmo. Les Arrows (Morbidelli 17ème, Fittipaldi 19ème) paient un manque criant de stabilité. Chez Minardi, Martini (18ème) subit deux pannes de boîte électronique et Alboreto (22ème) sort de la route. Les Larrousse sont presque impossibles à maintenir en piste. Dalmas se fait une frayeur lorsqu'il décolle sur un vibreur et brise ainsi ses suspensions avant. Le Varois, 23ème, réussi tout de même à devancer Comas (24ème). Les Simtek (Gounon 25ème, Brabham 26ème) réalisent des performances honorables pour des monoplaces munies d'un antique V8 Ford-Cosworth série V. Encore un week-end noir pour Pacific: Gachot casse un moteur et Belmondo plie sa coque samedi matin. Tous deux sont éliminés.

 

Samedi soir, c'est un Jean Alesi radieux qui se présente devant la presse. L'Avignonnais savoure ce moment unique, magique, historique: une pole position à Monza au volant d'une Ferrari. Bien sûr, toute son énergie est déjà concentrée sur l'épreuve du lendemain. « Cela ne me suffit pas. Tant que je n'aurai pas gagné une course, je ne serai pas complètement heureux », martèle-t-il. A ses côtés, Gerhard Berger fait de l'humour: « Avec deux Ferrari en première ligne, notre stratégie est limpide: Jean me laisse passer et il bouchonne tous les autres. » Alesi éclate de rire.

 

Le Grand Prix

Dimanche matin, Berger se fait une frayeur lors du warm-up: sa Ferrari part en toupie au freinage de la Variante della Roggia, escalade le vibreur, lèche le rail extérieur puis s'écrase très violemment par l'arrière dans les piles de pneus. Très sonné, l'Autrichien est extrait avec précaution de son habitacle, placé sur une civière et transporté vers le centre médical du circuit. Par bonheur, le grand Berger, bâti à chaux et à sable, est parfaitement indemne et reçoit le feu vert du Pr. Watkins pour disputer la course.

 

La chaleur enrobe ce dimanche de fin d'été en dépit d'un voile nuageux. La plupart des concurrents prévoient de n'effectuer qu'un seul ravitaillement, exceptés les pilotes Tyrrell et le poleman Alesi. Hill est victime d'une fuite d'huile sur son moteur lors de son tour d'installation. Il regagne précipitamment les stands pour grimper dans son mulet, sous le regard fiévreux de Joan Villadelprat, le directeur sportif de Benetton, qui espère une pénalité pour le Britannique. Las, Hill reprend la piste... une minute et demie avant l'heure butoir ! Brundle s'empare aussi de sa monoplace de réserve car il n'est pas satisfait de la tenue de route de son châssis initial.

 

Départ: Alesi profite au mieux de sa pole et franchit le premier virage devant Berger. Plus loin, Irvine, auteur d'un excellent envol, manque complétement son freinage et emboutit la Lotus de Herbert, envoyée en tête-à-queue. Hill évite celle-ci de justesse, mais pas Coulthard qui exécute un tête-à-queue à la sortie de la chicane. Panis, qui suivait Irvine de près, ne peut l'éviter et rejoint la Jordan dans le bac à sable. Bernard traverse les graviers pour échapper au carnage. Derrière, c'est l'empilement: les voitures freinent voire s'arrêtent, et dans ce tohu-bohu Comas tape de Cesaris par l'arrière.

 

La direction de course présente le drapeau rouge. Un nouveau départ va être donné, et le Grand Prix repartira pour la distance originale. Coulthard et Comas parviennent à ramener leurs voitures aux stands, mais Panis, Irvine, de Cesaris et Herbert doivent prendre leurs mulets. Irvine est jugé responsable du carambolage et renvoyé en fond de grille, en attendant une autre sanction à la fin de la course. Quant à Herbert, il devra partir avec sa « T-Car », non dotée du nouveau moteur Mugen-Honda, qui pis est depuis les stands car celle-ci n'est pas préparée dans les temps ! Il perd ainsi tout le bénéfice de sa splendide qualification. Le second départ est donné vingt-cinq minutes après le premier.

 

Deuxième départ: Alesi fait un peu patiner ses roues mais Berger le protège en retenant Hill. Suivent Coulthard et Häkkinen. Surpris par une manœuvre du Finlandais de McLaren, Panis freine très fort et fait des méplats sur ses gommes. Dans la petite chicane, Verstappen et Zanardi se bousculent violemment. Bernard cale sur la grille et ne s'élance qu'à la poussette.

 

1er tour: Morbidelli tente de faire l'extérieur à Zanardi dans la Curva Grande. Mais le pilote Lotus est victime d'une crevaison et emmène involontairement son compatriote vers la bordure. Morbidelli part en tête-à-queue et achève son après-midi contre le rail. Alesi mène devant Berger, Hill, Coulthard, Häkkinen, Frentzen, Katayama (qui a pris un envol-canon), de Cesaris, Barrichello, Brundle et Lehto. Zanardi déchape dans le Rettifilo Centrale et y abandonne un bout de gomme.

 

2e: Berger freine tard à l'abord de la première chicane et traverse en trombe le bac à graviers. Par miracle, il s'en tire avec une voiture intacte et sans avoir perdu de place ! Zanardi et Verstappen regagnent leurs stands respectifs sur trois roues et renoncent. Panis fait remplacer ses quatre pneus et reprend la course.

 

3e: Alesi compte quatre secondes d'avance sur Berger, menacé par Hill. Katayama prend la sixième place à Frentzen.

 

4e: Berger prend un peu de champ sur les Williams. Très léger en essence, Katayama prend l'ascendant sur Häkkinen... puis rattrape les Williams ! Barrichello dépasse de Cesaris.

 

5e: Alesi est en tête devant Berger (5.7s.), Hill (7s.), Coulthard (7.8s.), Katayama (8.5s.), Häkkinen (10.5s.), Frentzen (11.5s.) et Barrichello (14s.). Vient ensuite un peloton de bagarreurs comprenant de Cesaris, Brundle, Lehto et Blundell.

 

6e: Coulthard est sous la menace de Katayama. Blundell dépasse Lehto puis Brundle.

 

7e: Blundell dépasse de Cesaris. Comme son équipier Katayama, le jeune Anglais est parti avec peu d'essence.

 

8e: Alesi réalise son meilleur chrono du jour (1'26''279'''). Il compte huit secondes d'avance sur le peloton de chasse comprenant Berger, Hill, Coulthard et Katayama. Herbert progresse dans le peloton. Il est actuellement seizième.

 

10e: L'écart entre Alesi et Berger atteint les dix secondes. Lehto déborde de Cesaris. Blundell effectue son premier ravitaillement. Ses mécaniciens cafouillent avec la roue arrière-droite et il tombe au 21ème rang.

 

12e: Hill se manque au freinage de la première chicane et empiète sur la bordure. Cela permet à Coulthard de le recoller. Katayama opère un premier pit-stop. Cette fois les mécanos de Tyrrell peinent à fixer la roue arrière-gauche. Le Japonais se retrouve 17ème.

 

13e: Alesi mène devant Berger (11.3s.), Hill (12.6s.), Coulthard (13.6s.), Häkkinen (23.2s.), Frentzen (25.7s.), Barrichello (29.6s.) et Lehto (39.1s.). Brundle subtilise la neuvième position à de Cesaris. Alboreto mord sur la poussière en quittant la parabolique et perd deux places.

 

14e: Herbert est trahi par une panne d'alternateur. Voilà une journée bien décevante pour le team Lotus.

 

15e: Alesi pénètre aux stands, sous les vivats des tifosi, pour ce qui doit être son premier ravitaillement. Tout se passe bien jusqu'à ce que le Français tente de remettre les gaz: la première vitesse ne s'enclenche pas ! Alesi tripote ses manettes, son moteur crie, ses mécaniciens tentent de le pousser, en pure perte.

 

16e: Berger récupère les commandes de l'épreuve, une seconde devant Hill et Coulthard qui évoluent groupés. La Ferrari n°27 est ramenée au garage. On fait repartir le moteur mais la boîte refuse de répondre. Alesi, fou de désespoir, jette ses gants au sol et s'apprête à quitter le circuit sans se retourner.

 

17e: Lehto rejoint les stands pour ravitailler. Hélas, son limiteur de régime est déréglé et il écopera d'une pénalité pour vitesse excessive.

 

19e: Berger compte deux secondes de marge sur Hill. Gêné par une mauvaise répartition de freinage, Dalmas part en tête-à-queue à la première chicane et frappe les glissières par l'arrière. Le Varois était seizième.

 

20e: Le trio de tête Berger - Hill - Coulthard double les premiers attardés. Häkkinen, quatrième, évolue à vingt secondes.

 

21e: De Cesaris se range dans la pelouse à Lesmo avec un moteur expirant.

 

22e: Berger précède Hill (2.9s.), Coulthard (4.1s.), Häkkinen (19s.), Frentzen (20.5s.), Barrichello (30s.) et Brundle (35s.). La boîte de vitesses de Gounon part en fumée.

 

23e: Le moteur de Frentzen explose au passage de la ligne de chronométrage. Barrichello effectue son arrêt-ravitaillement (12.3s.). Un pit-stop aussi pour Brabham.

 

24e: Berger entre dans la voie des stands pour prendre de l'essence et des pneus. L'opération dure dix secondes, mais au redémarrage Berger doit marquer un temps d'arrêt pour laisser passer Panis qui se gare à son emplacement juste devant le stand Ferrari. L'Autrichien laisse ainsi filer quelques précieuses secondes. Hill s'empare du meilleur tour définitif (1'25''930''') et du commandement. Brundle et Martini passent aussi par les stands.

 

25e: Hill stoppe chez Williams pour son unique ravitaillement (10.7s.), puis reprend la piste devant Berger. Il devient donc le leader virtuel, mais Coulthard est actuellement en tête. Lehto observe un « stop-and-go » de dix secondes pour vitesse excessive dans la pit-lane.

 

26e: Coulthard observe son arrêt (10s.) et, comme à Spa, repart devant Hill ! Arrêts aussi pour Comas, Alboreto, Irvine et Bernard. Häkkinen hérite du leadership.

 

27e: Ravitaillement d'Häkkinen (9.4s.). Coulthard se retrouve donc premier mais ne devance Hill qu'une demi-seconde.

 

28e: Coulthard mène devant Hill (0.7s.), Berger (7s.), Häkkinen (24s.), Katayama (27s.), Fittipaldi (35s.), Barrichello (37s.) et Blundell (38s.).

 

29e: Sur ordre de Patrick Head, Coulthard s'efface devant Hill. Le championnat avant tout ! Fittipaldi fait halte chez Arrows pour ravitailler. Alboreto abandonne dans l'herbe avec une boîte de vitesses en rideau.

 

30e: Blundell profite de la puissance de son moteur Yamaha pour chiper la sixième place à Barrichello. Les deux Tyrrell sont dans les points.

 

31e: Hill est premier devant Coulthard (1s.), Berger (11s.), Häkkinen (25s.), Katayama (28s.), Blundell (38s.), Barrichello (40s.), Fittipaldi (59s.) et Brundle (1m. 01s.). A la Variante Ascari, Martini glisse sur de l'huile répandue par l'Arrows de Fittipaldi et s'enlise dans le sable.

 

32e: Les deux Williams tournent en 1'27'' contre 1'28'' pour Berger. Katayama menace de nouveau Häkkinen. Blundell effectue son deuxième ravitaillement et repart sous le nez de Fittipaldi.

 

33e: Hill repousse Coulthard à deux secondes. Katayama déborde Häkkinen à la Variante della Roggia. Le jeune Japonais est actuellement le plus rapide en piste, mais a opté, on s'en souvient, pour une stratégie à deux arrêts.

 

34e: Katayama fait escale chez Tyrrell et tombe au sixième rang. Second ravitaillement aussi pour Lehto, piteux treizième.

 

36e: Les Williams tracent leur chemin dans le trafic. Coulthard demeure dans le sillage de Hill.

 

37e: Katayama, en grande forme, est lancé aux trousses de Barrichello.

 

38e: Hill précède Coulthard (0.8s.), Berger (13.3s.), Häkkinen (30.1s.), Barrichello (47.3s.), Katayama (48s.), Blundell (1m. 05s.), Fittipaldi (1m. 13s.), Brundle (1m. 18s.), Comas (-1t.), Irvine (-1t.) et Bernard (-1t.). Deuxième ravitaillement de Panis.

 

39e: Katayama dépasse Barrichello et se retrouve cinquième. Il peut maintenant espérer rattraper Häkkinen.

 

40e: Pressé par Blundell qui désirait lui prendre un tour, Panis tire tout droit à la première chicane et perd ainsi une place au profit de Brabham. Puis, Blundell sort de la route au virage Ascari. Il traverse le bac à sable avant de revenir en piste.

 

41e: Huit dixièmes séparent Hill et Coulthard. Blundell est victime de l'explosion de son disque de frein avant-droit, toujours à la chicane Ascari. La Tyrrell se met en tête-à-queue à 250 km/h, escalade le trottoir, effectue plusieurs tours sur elle-même et se plante dans le sable. Le jeune Anglais en est quitte pour de la peur. Panis remplace ses pneus encrassés.

 

42e: Irvine rentre à son box avec un moteur Hart éteint. Il était dixième.

 

44e: Hill compte une seconde et demie d'avance sur Coulthard. Berger évolue à quinze secondes. Le moteur de Fittipaldi, qui crachait de l'huile depuis une quinzaine de tours, rend l'âme. Le Brésilien s'arrête au pied de la grande tribune, face aux stands. Il traverse ensuite d'un pas altier la grande ligne droite pour regagner la pit-lane !

 

45e: Revenu du fin fond du peloton après sa mésaventure du départ, Bernard prend l'avantage sur Comas et se retrouve huitième.

 

46e: Comme son équipier, Katayama est trahi par un disque de frein. Il sort au deuxième Lesmo et encaisse un violent choc latéral contre la pile de pneus. Il sort sans peine de sa monoplace, tandis qu'une grue tracte la Tyrrell hors du bac à graviers.

 

47e: Hill est premier devant Coulthard (1.4s.), Berger (13s.), Häkkinen (35s.), Barrichello (53s.), Brundle (1m. 23s.), Bernard (-1t.), Comas (-1t.) et Lehto (-1t.).

 

48e: La pédale de frein de Brabham va au plancher à Lesmo. L'Australien parvient à éviter l'accident mais se gare peu après. Ses mécaniciens diagnostiqueront un disque de frein endommagé. Il n'y a plus que dix monoplaces en piste.

 

49e: Grâce à son réservoir allégé, Berger remonte - trop tard - sur les Williams. Il n'est plus qu'à dix secondes de Hill. Mais le plus rapide en piste est Panis, bon dernier, seul à rouler en 1'26''.

 

51e: A deux tours du but, Hill garde une courte avance d'une seconde et demie sur Coulthard. Berger est à six secondes de l'Écossais.

 

53ème et dernier tour: Damon Hill remporte pour la seconde fois le GP d'Italie. Coulthard sort de la Parabolica lorsque soudain son moteur se tait, à court d'essence ! Il s'immobilise sur le bas-côté alors que Berger franchit la ligne en deuxième position, sous les applaudissements des tifosi. Häkkinen, troisième, complète le podium. Barrichello termine quatrième, Brundle cinquième. Coulthard sera finalement classé sixième, avec un tour de moins. Bernard, Comas, Lehto et Panis achèvent aussi ce Grand Prix.

 

Après la course

Grâce à ce succès, Damon Hill réduit à onze points son retard sur Michael Schumacher et réalise une excellente opération. « Mon objectif est évidemment d'arriver au GP d'Europe avec un seul point de retard sur Michael », déclare l'Anglais. « De là, avec trois courses à disputer, la bagarre sera fantastique. Et le titre mondial pas exclu. Mais encore faut-il exploiter parfaitement chaque occasion. » Ce que fait Hill jusqu'ici, même si évidemment ses détracteurs ont remarqué que David Coulthard l'avait une fois de plus laissé passer. Le jeune Écossais, dont la cote monte en flèche, assurait en tout cas un très beau doublé pour Williams lorsque son moteur s'est tu dans le dernier virage. « J'ai senti que quelque chose clochait, raconte-t-il, et j'ai descendu les rapports en entamant la Parabolique, mais le moteur s'est arrêté et malheureusement je n'avais pas assez d'élan pour couper la ligne. » Renault Sport plaide coupable et invoque une petite erreur de calcul, due au tour supplémentaire parcouru par Hill pour changer de voiture avant le premier départ.

 

La terrible contre-performance de JJ Lehto, neuvième à un tour au volant de la Benetton-Ford de Michael Schumacher, fait jaser dans le paddock. Selon le Finlandais, la voiture qui jusqu'ici dominait le championnat du monde est devenue une vraie mule: « J'ai eu des problèmes d'embrayage, de boîte de vitesses, de limiteur de régime... d'où ma pénalité: je ne savais pas à quelle vitesse je roulais dans les stands ! » énumère-t-il. « En outre, j'ai failli partir en tête-à-queue plusieurs fois car la boîte de se bloquait. » Certes, Lehto était à court d'entraînement, mais beaucoup se demandent s'il a vraiment conduit la même voiture que Schumacher. « Michael aurait été beaucoup plus rapide que moi en qualifications, mais pas de trois secondes », reprend-il. « J'étais à huit dixièmes de Verstappen. Lui aurait-il collé deux secondes sur ce circuit ? » Le mystère reste entier. En tout cas, Lehto se console facilement de cet après-midi noir puisqu'il apprend le soir-même la naissance de sa fille.

 

Le virevoltant Eddie Irvine est puni pour son départ-kamikaze: le collège des commissaires sportifs lui inflige trois courses de suspension avec sursis. Il avait déjà reçu la même sanction en début de saison après le carambolage du GP du Brésil. Johnny Herbert, dont les espoirs ont été ruinés par l'Irlandais du Nord, juge la fédération encore trop clémente: « Irvine a causé de sérieux dommages cette saison et devrait être sérieusement pénalisé. La F1 n'a pas besoin de pilotes comme cela. Un jour, il y aura peut-être un accident beaucoup plus sérieux. » Son patron Peter Collins, plus expéditif, estime pour sa part que « ce pilote sans cerveau devrait se voir retirer sa licence » !

 

Herbert n'adressera pas de sitôt la parole à Irvine. Mais la situation est encore plus tendue entre Gianni Morbidelli et Alessandro Zanardi. Le premier accuse le second de l'avoir « sorti » dans la Curva Grande et lui colle son poing dans la figure ! On ne savait pas que le gentil Gianni pouvait être aussi vindicatif...

 

Bilan Ferrari: la Scoumoune d'Alesi

Ce week-end italien s'achève en demi-teinte pour la Scuderia. « Nous aurions pu mieux faire ! » lâche un Jean Todt irrité. La seconde place de Gerhard Berger paraît en effet décevante au regard des essais et du début de course des Rouges. Pourquoi Berger fut-il incapable d'inquiéter les Williams lors de son second relais ? « J'ai pourtant attaqué très dur... C'était impossible de donner plus ! » déclare l'Autrichien, quelque peu désabusé. Vraisemblablement, la Ferrari a une tenue de route très médiocre réservoir plein, d'où un piètre rythme jusqu'à ce que la charge en carburant devienne supportable... c'est-à-dire à dix tours du but.

 

Mais le plus déçu ce dimanche soir est évidemment Jean Alesi qui caracolait avec panache en tête de ce Grand Prix lorsqu'une stupide panne de boîte de vitesses l'a trahi. L'Avignonnais, effondré, a aussitôt plié bagages en compagnie de son inséparable frère José et rejoint sa retraite provençale. Il a même débranché son téléphone afin que personne ne vienne le déranger avant qu'il ait digéré cette énième déception. Sa douleur fait peine à voir. Quand parviendra-t-il à vaincre le signe indien et à remporter enfin sa première victoire ?

Tony