Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Benetton Ford Cosworth
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Renault
Jean ALESI
 J.ALESI
Ferrari

520o Gran Premio

XXXIV Gran Premio de España
Lluvia
Barcelona
domingo, 3 de mayo de 1992
65 vueltas x 4.747 km - 308.555 km
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

Piloto
Constructore
Motor

Présentation de l'épreuve

Plus d'un mois s'écoule entre l'étape brésilienne et ce rendez-vous catalan, pompeusement baptisé « Grand Prix des Jeux Olympiques » puisque la célèbre épreuve internationale se déroulera à Barcelone au mois d'août.

 

En marge de cette quatrième épreuve de la saison 92, Max Mosley réunit Jean-Marie Balestre, Bernie Ecclestone, Luca du Montezemolo et Fabrizio Serena di Lapigio, le président de la CSAI. Les cinq dirigeants débattent autour d'éventuelles réformes à apporter au règlement technique. Le président Mosley s'inquiète en effet de la prolifération des aides électroniques au pilotage et envisage leur interdiction à moyen terme. Bien sûr, le président de la FISA agit de concert avec son ami Ecclestone: la nouvelle hégémonie de Williams-Renault, en grande partie fondée sur la maîtrise de ces dispositifs, réduit le spectacle, donc les audiences télévisuelles, donc les recettes de la FISA et de la FOCA...

 

La faillite de La Cinq a bien failli priver les téléspectateurs français de Formule 1. La chaîne privée TF1 et celles du service public Antenne 2 - Fr3 se sont ardemment battues auprès de Bernie Ecclestone pour récupérer les droits. Finalement, le groupe de Francis Bouygues emporte le morceau pour environ dix millions de francs. Un contrat de cinq ans est signé le 27 avril entre Ecclestone et Patrick Le Lay, P-DG de TF1. Celui-ci dévoile aussitôt un de ses atouts majeurs: Alain Prost, retraité temporaire, est engagé comme consultant. Il commentera les Grands Prix en direct en compagnie de son ami Jean-Louis Moncet.

A signaler également que, pour la première fois, un Grand Prix est retransmis en direct par la télévision russe. Et Ecclestone se prend à nouveau à rêver d'une course en ex-URSS...

 

Peter Sauber, l'ex-homme de Mercedes en Endurance, est dans le paddock de Barcelone. Il confirme à l'occasion son engagement en Formule 1 pour la saison 93, avec le soutien discret de la firme à l'étoile. La première coque de l'officine suisse est déjà prête. La future Sauber F1 sera propulsée par le V10 Ilmor et Karl Wendlinger sera l'un des deux pilotes engagés.

Malgré des résultats nuls, Gabriele Rumi investit toujours dans Fondmetal F1 et recrute l'ingénieur Tommaso Carletti (ex-Ferrari, Renault et Minardi) pour diriger les ingénieurs sur le terrain, ce qui devrait permettre à Sergio Rinland de se consacrer à la préparation de la nouvelle voiture.

Blessé à Suzuka l'an passé, Éric Bernard semblait sur le point de complètement se rétablir et guignait un volant en F1 pour 1993. Afin de se « remettre dans le bain », il devait participer aux 24 heures du Mans pour le compte de Peugeot. Las, il s'est fêlé un os de la jambe gauche en essayant la 905 au Castellet. Il est immédiatement plâtré, déclare forfait pour l'épreuve mancelle, et du coup ses espoirs de retour en F1 s'amenuisent.

 

Benetton étrenne sa nouvelle monoplace, la B192 dessinée par Rory Byrne et Ross Brawn, les deux ingénieurs recrutés par Tom Walkinshaw. Cette monoplace à l'aérodynamisme extrêmement soigné se distingue par son museau surélevé presque plat qui permet de dégager beaucoup d'espace sous la coque et ainsi d'améliorer l'écoulement du flux d'air. Byrne et Brawn poussent ainsi encore plus loin le concept initié par John Barnard sur la B191. Cette machine sera propulsée à compter du prochain Grand Prix à Imola par le V8 Ford-Cosworth HB « génération VII ». Pour cette épreuve, le moteur « génération VI » est encore en place.

Cette monoplace sera largement préparée pour Michael Schumacher qui s'est affirmé en quelques mois comme le leader incontesté de l'écurie Benetton. Flavio Briatore négocie avec Willi Weber et l'International Management Group (auquel l'Allemand s'est affilié) pour s'assurer de sa présence en 1993 et au-delà. Il craint en effet que Sauber et Mercedes tentent de le ramener dans leur giron à l'occasion de leur prochaine entrée en F1.

 

Tom Walkinshaw, le copropriétaire de Benetton Formula, traverse une mauvaise passe. Sa chaîne de garages perdait beaucoup d'argent depuis quelques mois. Afin de s'en défaire, il l'a cédée pour moitié au British Racing Drivers Club. Or la très snob association possède - entre autres - le circuit de Silverstone, géré par une société dirigée par un certain Walkinshaw Tom... Il y a donc là un léger conflit d'intérêts. En conséquence, Innes Ireland, le président de BRDC, fait exclure l'entrepreneur indélicat.

 

Minardi lance sa M192, due au coup de crayon d'Aldo Costa. Cette voiture est une mise à jour de la M191, redessinée pour épouser le V12 Lamborghini. Elle ne diffère véritablement de sa devancière que par ses moustaches en forme d' « ailes de mouette ». Un seul châssis est disponible à Barcelone, confié à Gianni Morbidelli. Christian Fittipaldi reçoit la M191B, rebaptisée M191 « L » pour Lamborghini. Enfin, Lotus lève le voile sur sa nouvelle 107, mais celle-ci ne prendra la piste qu'à Imola, deux semaines plus tard.

 

Brabham dans la panade - Arrivée de Damon Hill

L'avenir de l'écurie Middlebridge-Brabham paraît bien sombre. Un de ses créanciers a en effet saisi son mulet au passage de la frontière espagnole ! Ses dettes s'élèvent à plusieurs millions de livres, et on ne voit pas comment elle pourrait achever la saison.

 

Côté piste, Giovanna Amati a été licenciée, faute d'avoir su attirer de nouveaux sponsors, et est remplacée par Damon Hill, le fils du très regretté ancien double champion du monde, Graham Hill. Âgé de 31 ans, Hill Junior fait des débuts très tardifs dans la discipline. Après avoir commencé par la moto, il a réalisé une carrière honorable en F3 et F3000, mais sans jamais accrocher un titre à son palmarès. Depuis 1991, il est un essayeur très apprécié chez Williams. Patrick Head ne tarit pas d'éloges sur sa pointe de vitesse et son feeling technique, ce qui a conduit Dennis Nursey à l'engager malgré son absence de soutien financier. Du reste, Hill connaît déjà certains membres de l'équipe car il a conduit pour Middlebridge en F3000 en 1990.

 

Williams, Ferrari, McLaren: la course à l'électronique

Chez Williams, Mansell et Patrese disposent chacun de deux voitures, l'une munie du V10 Renault RS3C, l'autre de l'inédit RS4 tout juste sorti des ateliers de Viry-Châtillon. Bernard Dudot et son adjoint Denis Chevrier sont assez avares d'informations à son sujet, mais ils indiquent tout de même que les cotes d'alésage et de course ont été revues. En outre, de nouvelles culasses sont produites pour bénéficier des progrès apportés par un système de distribution à rappel pneumatique, lui aussi tout neuf. Tout ceci doit permettre de faire tourner le V10 à un plus haut régime et donc offrir plus de puissance.

 

Beaucoup se demandent pourquoi Riccardo Patrese est autant dominé cette saison par Nigel Mansell, alors qu'il parvenait l'an passé à l'égratigner plus souvent qu'à son tour. Il faut chercher l'explication dans la fameuse suspension active. Selon Patrick Head, avec ce dispositif, le ressenti en termes de résistance au roulis n'est pas celui d'une voiture standard. Avant chaque freinage, la FW14B connaît un court temps de flottement avant de se stabiliser et d'offrir une adhérence optimale. Mansell s'en accommode parfaitement et prend ainsi les virages sans faiblesse, tandis que Patrese, plus sensible aux variations d'adhérence, est moins à l'aise. Ceci expliquerait les importants écarts de performances (de quelques dixièmes à plus d'une seconde) entre les deux coéquipiers.

 

Nigel Mansell révèle à la presse un secret de polichinelle: les Williams-Renault FW14B sont équipées d'un dispositif anti-patinage qui explique leurs démarrages remarquables. Mais il affirme aussi que Ferrari utilise également ce type de dispositif depuis... deux ans ! Quoiqu'il en soit, la Scuderia est bien obligée d'admettre elle aussi la présence de ce système sur sa monoplace. La presse italienne en décrit le principe: des capteurs placés sur les roues arrière sont chargés de détecter le patinage et d'informer la centrale de gestion électronique. Celle-ci coupe alors l'arrivée d'essence sur plusieurs cylindres pour stopper le dérapage.

 

Après ses débuts calamiteux à São Paulo, la MP4/7 a beaucoup roulé au cours du mois d'avril aux mains d'Ayrton Senna, de Gerhard Berger et de l'essayeur Mark Blundell. Le premier objectif des hommes de Ron Dennis est de gagner en fiabilité. Les nouveaux gadgets électroniques (boîte, accélérateur etc.) doivent faire preuve d'une plus grande solidité. Pour ce qui est des performances, il semblerait hélas que les Williams-Renault soient inattaquables... Plus inquiétant encore: au soir d'un entraînement à Imola, Senna s'est longuement entretenu avec Frank Williams, ce qui n'a pas manqué d'alarmer Dennis. Les temps sont difficiles pour le « boss » de McLaren. Fin avril, il se rend à Tokyo pour s'entretenir avec les principaux responsables de Honda Motor Company. Ceux-ci lui laissent entendre qu'après six campagnes mondiales victorieuses, leur firme envisage sérieusement de se retirer de la Formule 1 à la fin de la saison. C'est coup de massue pour Dennis qui pensait pouvoir encore compter de longues années sur ce partenariat unique.

 

Andrea Moda, épisode IV

Perry McCarthy a finalement obtenu sa super-licence avec l'actif soutien de Bernie Ecclestone qui a su apprécier sa ténacité. Cependant, dans le même temps, Enrico Bertaggia reprend contact avec Andrea Sassetti et lui annonce qu'il a trouvé des commanditaires prêts à débourser un million de dollars pour financer l'écurie. Le mafi... pardon, le businessman décide alors de licencier McCarthy pour reprendre Bertaggia, mais la FISA lui fait savoir qu'il a déjà effectué ses deux changements de pilotes réglementaires pour cette saison. McCarthy doit rester. Mais dès lors, il sera considéré comme un mouton noir par Sassetti. Contraint de se déplacer sur les Grands Prix par ses propres moyens (en tant que coursier pour une agence de voyages !), il sera impitoyablement défavorisé au profit de Roberto Moreno. En tout cas, Andrea Moda parvient cette fois à assembler deux machines pour ce rendez-vous.

 

Essais et qualifications

Les pré-qualifications du vendredi matin servent uniquement à éliminer les Andrea Moda. Moreno ne parcourt qu'un seul tour avant de casser son moteur. McCarthy est chargé de couvrir quelques tours à faible allure avant de laisser sa monoplace au Brésilien. Mais son propre bloc serre au bout de vingt mètres !

 

La grille de départ est déterminée par les chronos réalisés le vendredi après-midi, car le lendemain de violentes averses noient le circuit de Catalogne sous les eaux.

 

Mansell alterne les tours avec l'ancien et le nouveau moteur Renault sans rencontrer le moindre problème. Il réalise aisément une nouvelle pole position vendredi, avant de sortir sous la pluie le lendemain. Patrese (4ème) est toujours à la peine et rend près d'une seconde et demie à son équipier... Les nouvelles Benetton-Ford font forte impression. Schumacher réalise le deuxième temps et grimpe pour la première fois de sa jeune carrière en première ligne. Brundle, sixième, a plus de mal à dénicher les bons réglages. Les McLaren-Honda MP4/7 sont plus fiables mais guère plus performantes. Senna (3ème) et Berger (7ème) ne peuvent pas viser la victoire. Belle performance de Capelli qui hisse sa Ferrari au cinquième rang. Alesi (8ème) est ralenti par un départ d'incendie.

 

Satisfaction du côté de March: Wendlinger (9ème) se met encore une fois en vedette tandis que Belmondo (22ème) arrache sa première qualification. Fortunes diverses chez Ligier: si Comas (10ème) trouve un bon grip, Boutsen (14ème) déplore du survirage et, pour parler trivialement, continue de « faire la gueule ». Les Tyrrell-Ilmor (de Cesaris 11ème, Grouillard 15ème) sont rapides mais rencontrent plusieurs avaries. Les Dallara-Ferrari (Lehto 12ème, Martini 13ème) sont toujours aussi délicates à équilibrer. Chez Footwork, ni Alboreto (16ème) ni Suzuki (19ème) ne trouvent les réglages optimaux. Les Jordan sont toujours aussi médiocres. Gugelmin se classe 17ème alors que Modena, comme à Kyalami, passe à la trappe, cette fois-ci à cause de graves problèmes de freins. Le V12 Yamaha offre de toute façon trop peu de puissance. Takaaki Kimura, le représentant de la firme nippone, se fait tout petit... Pour la première fois de la saison, les deux Fondmetal (Tarquini 18ème, Chiesa 20ème) sont qualifiées. Les vieilles Lotus semblent dépassées: Häkkinen (21ème) et Herbert (26ème) font de la figuration. Gachot (24ème) sauve sa Venturi-Lamborghini malgré des problèmes de boîte. Son équipier Katayama, physiquement trop juste, reste à quai. Encore une désillusion pour Minardi: Fittipaldi (22ème) est plus rapide avec l'ancien modèle que Morbidelli (25ème) avec le nouveau ! Enfin, les Brabham rencontrent beaucoup de soucis de fiabilité, notamment au niveau de la boîte de vitesses. Van de Poele et Hill ne seront pas au départ.

 

Peu de pilotes se risquent à mettre les roues dehors samedi sous la pluie. Jean Alesi, qui apprécie ces conditions, s'en donne à cœur joie et réalise le meilleur chrono malgré cinq (!) tête-à-queue.

 

Le Grand Prix

Dimanche 3 mai, la pluie s'abat toujours sur Montmelo. Le warm-up se déroule sous un crachin, puis une nouvelle averse mouille le bitume une heure avant le départ. Les pilotes et leurs managers sont perplexes: les prévisions météorologiques sont très floues. La majorité opte pour des réglages pour la pluie: pneus rainurés, suspensions souples et appuis moyens. Mansell, Patrese et Senna, prudents, choisissent des ajustements intermédiaires. Les deux pilotes Williams utilisent le V10 Renault RS3C, le nouvel RS4 n'étant pas jugé assez fiable pour la course. Les deux pilotes March, Wendlinger et Belmondo, ainsi que Chiesa sur Fondmetal, font le pari de partir en slicks, alors que la trajectoire est encore passablement humide.

 

La foule n'est pas au rendez-vous de ce « Grand Prix des Jeux Olympiques » : on ne dénombre que 38 000 spectateurs dans les tribunes.

 

Départ: Les Williams s'élancent idéalement. Mansell demeure premier tandis que Patrese « saute » Senna (très mal parti) et Schumacher avec facilité. Alesi démarre avant le feu vert. Il bondit de la quatrième ligne, slalome entre les McLaren et pointe au troisième rang au premier freinage devant Schumacher, Brundle, Berger et Senna. De Cesaris manque son envol à cause de son embrayage et plus loin Chiesa traverse le bac à graviers.

 

1er tour: La trajectoire est encore humide. Senna déborde Berger puis Brundle. En fin de boucle, Mansell mène devant Patrese, Alesi (dont le départ volé ne sera pas sanctionné), Schumacher, Senna, Brundle, Berger, Capelli, Comas et Grouillard. Parti en slicks, Wendlinger a dégringolé au 22ème rang.

 

2e: Une seconde sépare Mansell et Patrese. Alesi emmène un groupe comprenant Schumacher, Senna, Brundle, Berger et Capelli. De Cesaris fait une excursion dans les graviers et ramasse ainsi une pierre qui endommage son moteur. Il rejoint les stands pour renoncer.

 

3e: Les Williams s'échappent. Brundle exécute un demi-tête-à-queue. Il perd trois places et se retrouve derrière Comas.

 

4e: Mansell est une seconde au tour plus rapide que son équipier. S'il ne pleut plus, les monoplaces soulèvent encore des gerbes d'eau. Schumacher est aux trousses d'Alesi. Senna et Berger suivent ce duo.

 

5e: Brundle double Comas en début de tour, mais dans la courbe Elf le Français tente de riposter en se faufilant à l'intérieur. Il touche la Benetton et l'envoie en tête-à-queue. Brundle atterrit à cheval sur le vibreur et doit renoncer pour la quatrième fois en quatre Grands Prix. Mansell précède Patrese (4.5s.), Alesi (10.6s.), Schumacher (11.3s.), Senna (12.5s.), Berger (13.2s.), Capelli (15s.), Comas (25s.), Grouillard (28s.) et Tarquini (31s.).

 

6e: Patrese réduit son retard sur Mansell. Les drapeaux jaunes sont agités pour ôter la Benetton de Brundle. Boutsen rencontre des problèmes d'arrivée d'essence et perd plusieurs places.

 

7e: Schumacher prend l'aspiration d'Alesi dans la longue ligne droite puis plonge à l'intérieur. Le Français se rabat mais trop tard: l'Allemand passe au forceps. Juste derrière, Berger déborde Senna mais doit freiner en catastrophe. Le Brésilien garde l'avantage et se place aussitôt dans la boîte d'Alesi.

 

8e: Senna dépasse Alesi au premier virage. Wendlinger regagne son stand pour prendre des pneus rainurés. L'asphalte est encore trop humide pour rouler en slicks.

 

9e: Les Williams doublent Chiesa qui roule sur des œufs avec ses slicks. Berger dépasse Alesi dans la grande ligne droite, mais l'Avignonnais reprend son bien un peu plus loin.

 

10e: Mansell boucle le meilleur tour de la course (1'42''503'''). Il mène devant Patrese (3s.), Schumacher (14s.), Senna (16s.), Alesi (17.4s.), Berger (18s.), Capelli (19s.) et Comas (42s.). Häkkinen perd deux positions dans une figure. Belmondo et Chiesa troquent leurs pneus lisses pour des rainurés.

 

11e: Mansell enchaîne les meilleurs tours et accroît son avantage sur Patrese. Berger attaque Alesi dans le gauche serré baptisé Seat, en vain. Boutsen rejoint son stand pour abandonner suite à un court-circuit sur sa pompe électrique.

 

13e: Berger se blottit derrière Alesi avant la courbe Repsol et se décale vers la droite pour le doubler. Mais le Français prend la corde comme si de rien n'était et ne lui laisse aucun espace. La McLaren touche l'arrière de la Ferrari qui part en tête-à-queue. Heureusement, Alesi reste sur la piste et peut se relancer, mais entretemps Berger et Capelli sont passés.

 

14e: Mansell compte quatre secondes d'avance sur Patrese. Herbert effectue en tête-à-queue à la sortie de la courbe Repsol et cale son moteur. Il sort de son habitacle et aide les commissaires à pousser sa Lotus vers le gazon.

 

16e: Schumacher est maintenant relégué à vingt secondes de Mansell, alors que le ciel se charge de nuées menaçantes.

 

18e: Mansell devance Patrese (3.7s.), Schumacher (23s.), Senna (28s.), Berger (29.4s.), Capelli (31.5s.), Alesi (37s.), Comas (1m. 23s.), Grouillard (1m. 29s.), Tarquini (1m. 30s.), Lehto (1m. 31s.) et Martini (1m. 32s.).

 

19e: Les pneus rainurés commencent à s'altérer, mais les pilotes n'osent pas les remplacer car quelques gouttes tombent à nouveau

 

20e: La pluie redouble. Les Williams sont aux prises avec les attardés. Patrese survient un peu rapidement derrière Häkkinen. Il monte sur ses freins, glisse, se met à l'équerre et heurte de face le muret intérieur. C'est terminé pour l'Italien.

 

21e: Mansell est premier devant Schumacher (21.7s.), Senna (28.2s.), Berger (30s.), Capelli (35.5s.), Alesi (40.2s.), Comas (1m. 40s.) et Grouillard (1m. 43s.).

 

22e: Mansell prend un tour aux deux pilotes Dallara, Lehto et Martini, qui roulent de concert et poursuivent Tarquini.

 

23e: Mansell double Tarquini tandis que Martini déborde son équipier Lehto. Berger est sur les talons de Senna.

 

24e: Mansell a perdu du temps dans le trafic et ne compte plus que dix secondes d'avance sur Schumacher. Mais le jeune Allemand se retrouve à son tour parmi les attardés. Chiesa part en aquaplanage et heurte le muret par l'arrière. Il s'immobilise sur le bas-côté.

 

26e: La piste est à nouveau très humide. Gugelmin perd le contrôle de sa Jordan à la sortie de la dernière courbe et heurte violemment le muret des stands. Heureusement, il quitte sans peine son habitacle. Les drapeaux jaunes sont déployés.

 

27e: Mansell repousse Schumacher à quinze secondes. Senna est un temps gêné par Häkkinen avant de s'en défaire au bout de la longue pleine charge. Il garde Berger derrière lui. Morbidelli remplace ses pneus rainurés.

 

28e: Schumacher, Senna et Berger se retrouvent dans un impressionnant trafic d'une dizaine de voitures. Ils font preuve de beaucoup de prudence pour s'en défaire.

 

29e: Mansell mène devant Schumacher (16.3s.), Senna (19.2s.), Berger (20.2s.), Capelli (25.1s.), Alesi (28.2s.), Comas (-1t.), Grouillard (-1t.), Tarquini (-1t.), Martini (-1t.), Lehto (-1t.) et Alboreto (-1t.). Désespéré par la tenue de route désastreuse de la nouvelle Minardi, Morbidelli regagne son garage et se retire de son propre chef.

 

31e: Berger déborde Senna au premier freinage. Mais le Brésilien demeure à la hauteur de son équipier et reprend sa position quelques mètres plus loin. Un peu plus tard, Berger prend sa revanche et s'impose à La Caixa. Mais dans la remontée qui suit, il est gêné par Martini et frôle l'accrochage. Senna s'infiltre alors à l'intérieur et repasse l'Autrichien. Devant eux, à l'avant-dernier virage, Comas glisse sous le nez de Wendlinger et exécute un tête-à-queue. Il se relance après avoir perdu quelques positions.

 

32e: Grouillard dérape sur une plaque d'humidité et s'évanouit dans le bac à graviers. Comas passe par son stand pour remplacer ses pneus. Il chute ainsi au quatorzième rang.

 

33e: Mansell compte dix-sept secondes de marge sur Schumacher. Alesi chausse de nouveaux pneus rainurés (7.5s.) et demeure sixième. Alboreto se défait des Dallara de Martini et Lehto.

 

34e: Schumacher passe à l'attaque et tourne une seconde et demie au tour plus vite que Mansell. Senna parvient à se détacher de Berger. Lehto repasse devant Martini.

 

35e: L'averse a cessé. Mansell précède Schumacher (12s.), Senna (22s.), Berger (28.3s.), Capelli (35s.), Alesi (59s.), Tarquini (-1t.), Alboreto (-1t.), Lehto (-1t.), Martini (-1t.) et Gachot (-1t.).

 

37e: Mansell répond à Schumacher. L'intervalle remonte à quatorze secondes. Senna réduit son retard sur le jeune Allemand. Gachot abandonne dans une échappatoire, moteur coupé.

 

39e: La trajectoire commence à s'assécher. Alesi est cependant le plus rapide en piste avec ses gommes sculptées. Le Français remonte sur son équipier Capelli. Alboreto est sur les traces de Tarquini.

 

40e: Mansell roule devant Schumacher (16s.), Senna (20s.), Berger (25.6s.), Capelli (56s.), Alesi (1m. 04s.), Tarquini (-1t.) et Alboreto (-1t.).

 

41e: Alesi se retrouve bloqué derrière Häkkinen qui ignore les drapeaux bleus. Entrant trop vite dans une courbe, il rattrape de justesse un début d'embardée, au prix d'un contre-braquage.

 

42e: Alesi fait l'intérieur à Häkkinen dans la courbe Seat. Le Finlandais lui coupe la trajectoire. Les deux monoplaces se tamponnent et partent en tête-à-queue. Alesi et Häkkinen parviennent cependant à redémarrer sans dommage.

 

43e: La pluie tombe drue derechef. Schumacher et Senna réduisent leur retard sur un Mansell très économe de ses efforts. Alesi revient comme une balle sur Capelli. Alboreto s'empare de la septième place aux dépens de Tarquini.

 

44e: La piste est passablement détrempée. Mansell réagit et reprend dans cette boucle sept dixièmes à Schumacher.

 

46e: Dix secondes entre Mansell et Schumacher. Alesi se débarrasse de Capelli qui lutte avec des pneus usés.

 

47e: Schumacher est soudain beaucoup plus rapide que Mansell. Il ne lui concède plus que sept secondes. Senna est lâché.

 

48e: L'averse se poursuit sur Montmelo et les bolides soulèvent des gerbes d'eau de plus en plus impressionnantes. Schumacher n'est plus qu'à cinq secondes et demie de Mansell. L'Anglais rencontre-t-il un problème mécanique ?

 

49e: Schumacher rend quatre secondes et demie à Mansell. Senna accélère pour garder le contact avec les leaders, mais sa McLaren manque de grip, et il corrige plusieurs débuts d'embardées. Alesi est toujours le plus véloce de la bande et comble peu à peu son retard sur Berger.

 

50e: Mansell mène devant Schumacher (4.4s.), Senna (11.3s.), Berger (25.4s.), Alesi (1m. 07s.), Capelli (1m. 21s.), Alboreto (-1t.), Tarquini (-1t.), Lehto (-1t.), Martini (-1t.), Suzuki (-2t.) et Häkkinen (-2t.).

 

51e: Mansell riposte enfin à Schumacher: il tourne en 1'46'' contre 1'47'' à son jeune adversaire.

 

52e: Mansell siffle la fin de la récréation: il boucle ce tour en 1'45'' et repousse Schumacher à neuf secondes.

 

54e: L'intervalle entre Mansell et Schumacher monte à quatorze secondes. Alesi revient comme un météore sur Berger dont la boîte semi-automatique se dérègle.

 

55e: Mansell devance Schumacher (15s.), Senna (21s.), Berger (46s.), Alesi (1m. 12s.), Capelli (1m. 45s.), Alboreto (-1t.) et Tarquini (-1t.).

 

56e: Capelli concède un tour à Mansell. Alesi signe des chronos d'1'48'' malgré la pluie et reprend trois secondes par tour aux McLaren.

 

57e: Senna part en toupie à la sortie d'un long droit. Il traverse les dégagements mais heureusement revient sur la piste et peut relancer son moteur. Lehto dérape sur une flaque et achève sa course dans les décors.

 

58e: Alesi revient dans le sillage de Berger, mais il retrouve Häkkinen sur son chemin. Le pilote Lotus lui coupe encore une ou deux fois la route avant de le laisser passer. Tarquini glisse et sort dans les graviers. Il revient sur la piste mais sa Fondmetal a subi des dégâts et il doit renoncer.

 

59e: Alesi fait l'intérieur à Berger à La Caixa et récupère la quatrième position. Comas perd sa Ligier dans la courbe Repsol. Le Drômois termine son après-midi dans le bac à sable.

 

60e: Mansell compte une vingtaine de secondes d'avance sur Schumacher. Senna roule à trente secondes. Häkkinen part en aquaplanage et en tête-à-queue. Il n'ira pas plus loin.

 

61e: Alesi remonte maintenant sur Senna, mais il a encore quinze secondes de retard à quatre tours du but.

 

62e: Mansell est premier devant Schumacher (27s.), Senna (38s.), Alesi (45s.), Berger (1m. 05s.), Capelli (-1t.), Alboreto (-1t.), Martini (-2t.), Suzuki (-2t.), Wendlinger (-2t.), Fittipaldi (-3t.) et Belmondo (-4t.).

 

63e: Senna est sous la pression d'Alesi qui lui reprend six secondes à chaque passage ! Le Pauliste arrive sur Capelli qui s'efface devant lui à La Caixa. Senna passe mais pour cela roule sur une couche d'humidité. La McLaren lui échappe comme une luge et il finit en tête-à-queue dans le gravier. Quelques mètres plus loin, Capelli pirouette à son tour et s'enlise. Alboreto et Martini grimpent dans les points.

 

64e: La pluie s'intensifie encore et la visibilité devient nulle. Heureusement, les coureurs n'ont plus qu'une boucle à parcourir.

 

65ème et dernier tour: Nigel Mansell gagne son vingt-cinquième Grand Prix de F1. Schumacher termine second après avoir réalisé une course exceptionnelle. Alesi décroche une belle troisième place malgré deux accrochages. En outre, il ne finit qu'à trois secondes de Schumacher ! La quatrième place revient à Berger. Alboreto se classe cinquième. Martini récolte le premier point de la Scuderia Italia cette année. Suzuki, Wendlinger, Fittipaldi et le néophyte Belmondo sont les autres rescapés de ce terrible après-midi.

 

Après la course

Nigel Mansell ne se laisse pas griser par ce quatrième succès de rang, qui fait tout de même de lui l'égal de Jim Clark. « J'en suis au même point qu'Ayrton en 1991 », souligne-t-il. « Pas question pour moi d'en rester là, ni de m'endormir sur mes lauriers. Je n'ai qu'une ambition: pousser toujours avec Williams et Renault. » Il reconnaît cependant que son dimanche ne fut pas une partie de plaisir. Sa machine était réglée pour une piste moyennement humide et n'offrait qu'une adhérence médiocre. Les journalistes l'interrogent surtout sur le passage à vide qui l'a frappé aux alentours du cinquantième tour, lorsque Michael Schumacher s'est rapproché à quatre secondes. Nigel enfonce alors sa casquette sur son crâne, saisit des deux mains un volant imaginaire et tire la langue, tel un naufragé sur le point d'être englouti. Rires dans l'assistance. « Ce gamin avait dû trouver un raccourci... » conclut-il en désignant Schumacher. On n'en saura pas plus... Et lorsqu'un journaliste américain demande si, par hasard, il n'aurait pas laissé revenir l'Allemand pour « entretenir le suspense », Mansell perd son humour: « T'es malade ! Ou drogué ! Va consulter un psychiatre ! »

 

Le héros du jour est sans conteste Michael Schumacher qui a fait étalage sous la pluie d'une maîtrise digne des plus grands virtuoses. Plus de doute possible: le « gamin », comme dit Mansell, est un champion du monde en devenir. Jean Alesi a également offert un récital et met un peu de baume au cœur déçu des tifosi. « J'avais un compte à régler avec Barcelone » lâche le Français qui pense toujours qu'il aurait dû gagner ici même l'an passé.

 

Enfin, la désillusion est totale chez McLaren-Honda. Ayrton Senna est abattu: « J'ai commis une faute et j'ai payé. C'est normal. Mais avec cette voiture je ne peux pas lutter pour le titre mondial. Alors, abandonner ou finir troisième, c'est pareil pour moi. » Voilà qui a le mérite d'être clair.

 

Mansell caracole en tête du championnat du monde des pilotes avance 40 points. Il précède Patrese (18 pts), Schumacher (17 pts), Berger (8 pts) et Alesi (7 pts). Senna n'a dans son escarcelle que les quatre unités de sa troisième place de Kyalami. Chez les constructeurs, Williams-Renault (58 pts) devance très largement Benetton-Ford (17 pts), McLaren-Honda (12 pts) et Ferrari (9 pts).

Tony