Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Ferrari
Alain PROST
 A.PROST
McLaren Honda
Riccardo PATRESE
 R.PATRESE
Williams Renault

475o Gran Premio

LXXV Grand Prix de France
Soleado
Le Castellet
domingo, 9 de julio de 1989
80 vueltas x 3.813 km - 305.040 km
Carrera interrumpida después de 1 vuelta tras un accidente, reanudada por la distancia original.
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

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Motor

La valse des débutants

Le 2 juillet, Ken Tyrrell et Michele Alboreto rompent brutalement leur collaboration en raison d'un conflit de sponsors. Quelques jours plus tôt, Tyrrell a en effet conclu un important contrat avec Camel qui cherchait à attirer un autre team anglais, en sus de Lotus. Or Alboreto est lié à Marlboro et a rapidement compris que la situation risquait de devenir intenable pour lui. A Montréal, Tyrrell a surpris son manager Domingo Piedade en discussion avec des responsables de Benetton. Furieux, Tyrrell demande à Alboreto de lui verser un dédit de 600 000 dollars ! La rupture est inévitable. Pour remplacer provisoirement l'Italien, Tyrrell sollicite Jean Alesi. Âgé de 25 ans, cet Avignonnais timide nés de parents siciliens a remporté le championnat de France de F3 en 1987 et vient de remporter le GP de Pau de F3000 pour le compte de l'écurie d'Eddie Jordan. Son coup de volant spectaculaire lui vaut l'enthousiasme de nombreux spécialistes. Alesi est aussi en contact avec Ligier et même Williams. Mais pour l'heure, il savoure cette incroyable opportunité de faire ses débuts en Formule 1 au Paul-Ricard.

 

Alesi partage cette chance avec Éric Bernard, l'un de ses rivaux dans la catégorie inférieure. Après avoir licencié le trop instable Yannick Dalmas, Gérard Larrousse fait d'abord appel à Emmanuele Pirro, mais ce dernier accepte finalement l'offre plus intéressante de Benetton. Larrousse engage donc Bernard, lui aussi âgé de 25 ans mais né à Martigues, « prêté » par DAMS. Prêté seulement car Jean-Paul Driot prévient Larrousse que Bernard est tenu d'achever son programme en Formule 3000. DAMS est en effet soutenue par Elf qui voit d'un mauvais œil cet accord avec une équipe financée par BP...

 

Malgré l'avis favorable des médecins et une belle course au Brésil, il est désormais évident que Johnny Herbert est loin d'avoir récupéré de son accident d'août 1988. Le jeune Anglais ne se sépare jamais d'une béquille et se déplace (même dans son stand !) au volant d'un vélo pliant. Sa jambe droite a souffert le martyr à Phoenix et Montréal. Sa convalescence n'est certainement pas achevée. Flavio Briatore, l'animateur du marketing de Benetton, exige de Peter Collins son licenciement après le GP du Canada. Le pauvre Herbert met donc sa carrière entre parenthèses, le temps de récupérer. Collins contacte d'abord Michele Alboreto pour le remplacer mais les pourparlers capotent car, comme Tyrrell, Benetton est sponsorisée par Camel. Finalement, Collins engage Emmanuele Pirro qui vient pourtant de tester la Lola-Lamborghini dans le but de remplacer Yannick Dalmas chez Larrousse. Âgé de 27 ans, Pirro n'a encore jamais conduit en Grand Prix mais a couvert des milliers de kilomètres en essais pour McLaren-Honda depuis 1988.

 

Fin juin, lors d'une course de côte à Jersey, Derek Warwick est victime d'un stupide accident au volant d'un karting. Le fougueux Anglais en fait un peu trop et atterrit contre un fourgon Ford Transit ! Bilan: une côte cassée et une grosse colère de Jackie Oliver. Warwick déclare forfait pour le GP de France. Oliver le remplace par l'espoir nord-irlandais Martin Donnelly, essayeur chez Lotus et coéquipier d'Alesi chez Jordan. Ce grand gaillard a bien du mal à s'installer dans l'étroit cockpit de l'A12...

 

Prost - McLaren: le divorce

Tôt le matin, le vendredi 7 juillet, Alain Prost convoque une conférence de presse en compagnie de Ron Dennis et de Mansour Ojjeh. Le visage sombre, le champion français annonce qu'il quittera Marlboro-McLaren à l'issue de la saison 1989, après six années de collaboration. Face aux journalistes, Prost et Dennis se bornent à des formules soigneusement étudiées et emballent cette rupture dans du papier de soie. Mais le lendemain Dennis se permet quelques apartés cinglants: « Alain traverse une période psychologique très délicate. Je crois que ce sera très difficile pour lui, mentalement parlant, de conduire une autre machine qu'une McLaren. Il a beaucoup d'habitudes et un certain confort à oublier. Et puis, il a beaucoup de torts vis à vis de Honda et de nous-mêmes. Il n'aurait jamais dû se plaindre de son moteur. Il aurait dû reconnaître qu'il ne savait pas s'en servir comme Ayrton Senna. » Ces commentaires acerbes dépassent la pensée de Dennis qui sait pertinemment que la cohabitation entre deux as, donc deux monstres d'égoïsme comme Prost et Senna, ne pouvait qu'aboutir à une déflagration. Il admire toujours le Forézien qui lui a amené tant de beaux succès, mais le talent, l'emprise et le pouvoir de séduction de Senna sont si forts qu'il a dû choisir l'un aux dépens de l'autre.

 

Pour sa part, Prost affirme avoir aperçu dans un hangar des moteurs Honda portant des étiquettes « Special for Senna », assertion qui paraît trop « énorme » aux journalistes. Dennis ne se trompe pas: Prost traverse moralement une mauvaise passe. On le serait à moins. Alain considérait McLaren comme une seconde famille qui lui avait tout donné, et depuis un an il sent que celle-ci l'abandonne, pis le trahit, au profit d'un Senna dont l'unique ambition est de lui faire mordre la poussière, comme on déboulonne une vieille idole.

 

Mais Prost se projette déjà dans l'avenir et reçoit favorablement des émissaires de Gianni Agnelli. L'Avvocato caresse depuis des années le désir de voir le Français en rouge et est bien décidé à ne pas laisser passer cette opportunité. Cela tombe bien car, dans le même temps, Gerhard Berger est approché par Ron Dennis pour effectuer le trajet inverse. L'Autrichien est las d'attendre le renouveau d'une Scuderia en perpétuelle transition. Accablé de problèmes techniques, il n'a pas inscrit un point depuis le début de l'année. A 30 ans, sa réputation de pilote rapide et enthousiaste est intacte. Berger est sans aucun doute le meilleur remplaçant possible de Prost. Par ailleurs, il entretient de bonnes relations avec Senna. Le jovial Gerhard est en effet l'un des rares pilotes à savoir dérider le « moine-soldat » brésilien...

 

Présentation de l'épreuve

Début juillet, Arrows inaugure sa nouvelle usine de Milton Keynes, largement financée par son principal commanditaire et actionnaire USF&G. Elle comporte des bureaux d'études avec conception assistée par ordinateur et des ateliers entièrement informatisés, en attendant une soufflerie. Arrows s'aligne ainsi sur les standards des grandes écuries (McLaren, Williams et Ferrari). Manque seulement un moteur digne de ce nom...

 

Teddy Mayer ne sera resté qu'un petit mois à la tête de Brabham. A peine débarqué à Phoenix, l'avocat n'a pu résister à une de ses vieilles lubies et s'est autoproclamé ingénieur de piste. Le résultat fut désastreux et Mayer a été prié par Joachim Lüthi de retourner chez Penske... Du coup, Herbie Blash reprend la direction de MRD.

 

Benetton lance enfin sa B189. Rory Byrne a conçu une évolution de la B188 qui exploite encore mieux l'intégration des prises d'air au-dessus des pontons. La boîte de vitesses est toujours inversée. La suspension est à tirants à l'avant, à poussoirs à l'arrière. Cette machine à l'aspect « rondouillard » est armée du nouveau V8 Ford-Cosworth à 75° qui délivre une puissance de 630 chevaux. Seul Sandro Nannini la conduit, Emmanuele Pirro se contentant de la B188.

 

AGS présente la JH24 conçue par Claude Galopin. Cette monoplace aux formes bulbeuses est munie d'une transmission longitudinale et surtout d'un moteur Cosworth DFR. Mais elle souffre encore de quelques imperfections techniques, notamment en ce qui concerne le refroidissement du moteur. Gabriele Tarquini et Joachim Winkelhock se rabattront dès vendredi sur la JH23B.

 

Renault apporte ici un V10 « Évolution 2 » destiné dans un premier temps à n'être utilisé qu'aux essais. L'équipe de Bernard Dudot a travaillé sur les chambres de combustion, l'admission et les pistons, pour un gain d'environ 100 tours/minute. Les Ferrari disposent de plusieurs modifications, tant au niveau du châssis (barres antiroulis plus grosses) que du moteur allégé par l'ingénieur Paolo Massai. Les Lotus roulent avec le moteur Judd à 90° coiffé de culasses Tickford. Peter Warr affirme que le régime moteur s'en trouve sensiblement accru. Enfin, les Tyrrell arborent une nouvelle livrée bleue et jaune aux couleurs de Camel.

 

Essais et qualifications

Les belles Onyx de Gachot et de Johansson dominent la séance de pré-qualification, en grande partie grâce à leurs pneus Goodyear, beaucoup plus compétitifs que les Pirelli. Caffi et Modena se sortent aussi de cette épreuve. Pour la seconde fois consécutive, Brundle est éliminé après avoir endommagé son maître-cylindre d'embrayage sur un trottoir. Les Osella de Larini et Ghinzani passent à la trappe, à l'instar des lentes Zakspeed-Yamaha de Schneider et Suzuki. Weidler échoue encore au volant de la seconde Rial pendant que Raphanel est stoppé par une panne de boîtier électronique. Souffrant d'une sciatique, Winkelhock est encore moins compétitif que d'accoutumée. Foitek, qui s'est cassé un doigt en essais à Silverstone, ne parvient pas à qualifier l'Eurobrun.

 

Si Senna signe le meilleur chrono vendredi, Prost s'empare le lendemain de la pole position pour un souffle: 1'07''203''' contre 1'07''228 à son coéquipier. Ces temps sont plus rapides que ceux réalisés en 1988 par les McLaren-Honda turbocompressées. Mansell (3ème) attaque à fond et n'échoue qu'à deux dixièmes de la pole. Berger (6ème) est comme souvent plus en retrait. Après avoir eu du mal à la mettre au point, Nannini (4ème) tire samedi tout le parti de sa nouvelle B189. Pirro (24ème) s'adapte lui tant bien que mal à la B188. Les Williams sont rapides mais rencontrent plusieurs ennuis. Boutsen (5ème) s'accroche vendredi avec Arnoux tandis que Patrese (8ème) se débat avec une adhérence hasardeuse.

 

Alliot se fait pardonner ses récentes bourdes en hissant la Lola-Lamborghini au septième rang. Le néophyte Bernard se classe quinzième. Les Tyrrell se mettent aussi en valeur: Palmer se place neuvième et Alesi, gêné par du trafic, seizième. Des March-Judd revigorées (Gugelmin 10ème, Capelli 12ème) côtoient les surprenantes Onyx (Gachot 11ème, Johansson 13ème). Chez Arrows, Donnelly obtient un satisfaisant 14ème chrono mais Cheever (25ème) voit son temps du samedi annulé à cause d'un porte-à-faux d'aileron excessif. Les Ligier (Grouillard 17ème, Arnoux 18ème) se qualifient et évitent l'humiliation de l'an passé. Une culasse Tickford se casse sur la 101 de Nakajima, ce qui pousse Lotus à abandonner ce dispositif pour la course. Le Japonais (19ème) devance Piquet (20ème). Ils précèdent l'AGS de Tarquini.

 

Les monoplaces chaussées par Pirelli sont très désavantagées ce week-end. Modena est seulement vingt-deuxième. Les Dallara et les Minardi coulent à pic: si Martini (23ème) et Caffi (26ème) surnagent, le couperet tombe en revanche sur de Cesaris et Pérez-Sala. Danner et Moreno sont aussi éliminés.

 

Le Trophée Paul-Ricard de Formule 3 est cette année remporté par Ludovic Faure au volant d'une Dallara de l'écurie Elf.

 

Le Grand Prix

Avec Jean Alesi, Éric Bernard et Bertrand Gachot, ce sont trois pilotes français qui disputent leur premier Grand Prix dans leur pays. Gachot court certes sous licence belge mais possède la nationalité française.

 

Dimanche, un soleil écrasant règne sur Le Castellet. Philippe Gurdjian et François Chevalier enregistrent près de 85 000 spectateurs, ce qui constitue un record d'affluence. Prost réalise le meilleur chrono lors du warm-up. Patrick Head et Bernard Dudot décident finalement d'utiliser les V10 Renault « Évolution 2 » pour la course, et ce bien que Patrese n'ait pu tourner de la matinée, à cause d'un problème électronique.

 

A cause de la chaleur, tous les concurrents partent en pneus durs et prévoient de s'arrêter au moins une fois. L'après-midi commence mal pour Berger qui achève son tour de mise en grille avec une fuite d'huile. Il saute juste à temps dans son mulet.

 

Tour de formation: Patrese s'immobilise sur le bas-côté, moteur coupé. Un capteur de son faisceau électrique est tombé en rideau. Vingt-cinq voitures s'installent donc sur la grille.

 

Départ: Senna prend un superbe envol et s'empare du commandement devant Prost, Nannini, Mansell et Berger. Plus loin, Gugelmin tente de s'infiltrer entre les Ferrari et la Williams de Boutsen mais freine beaucoup trop tard. Le Brésilien bloque ses roues et glisse de la gauche vers la droite. Il percute Boutsen, décolle, voltige en arc de cercle, rebondit sur la Ferrari de Mansell puis sur celle de Berger et atterrit à l'envers dans les graviers ! Les débris volent dans tous les sens et sèment la panique. Arnoux harponne Palmer et plusieurs bolides passent par les graviers pour éviter le chaos. Mansell poursuit sa route sans aileron arrière et est percuté à la sortie de la Bretelle par Grouillard.

 

La direction de course déploie le drapeau rouge. La March de Gugelmin est remise sur ses quatre roues, le flanc droit arraché, vomissant son huile. Un début d'incendie est rapidement circonscrit. Par bonheur l'impétueux Maurício est parfaitement indemne. Son impressionnant vol plané fera le tour des télévisions du monde entier.

 

Roland Bruynseraede prévoit un nouveau départ vingt minutes plus tard. Gugelmin, Arnoux et Donnelly sautent dans leurs véhicules de réserve. Patrese profite de cette interruption pour monter dans le mulet réglé pour Boutsen et ne disposant pas du nouveau moteur. Le Belge aurait pourtant bien eu besoin de ce mulet car sa monture est très endommagée. Ses mécaniciens réparent ses suspensions avant et arrière. Grouillard fait également rafistoler sa Ligier. Chez Ferrari, on offre à Mansell la 640 abandonnée tout à l'heure par Berger. Du fait du retard pris dans les réparations, Mansell, Gugelmin et Donnelly partiront depuis les stands.

 

Second départ: Prost démarre parfaitement tandis que Senna ne parvient pas à enclencher son second rapport. Son différentiel a cédé. Le Pauliste se range sur la gauche non sans couper dangereusement la route. Prost passe le premier virage en tête devant Berger, Nannini et Boutsen.

 

1er tour: Senna rejoint les stands à pied. Prost mène devant Berger, Nannini, Boutsen, Alliot, Patrese, Capelli, Palmer, Gachot et Alesi.

 

2e: Berger est sur les talons de Prost. Boutsen allume ses roues au premier freinage. Alesi double Gachot à la Bretelle. Mansell roule en vingtième position. Il a déjà doublé Gugelmin, Donnelly, Caffi, Pirro et Martini.

 

3e: Prost contient un trio comprenant Berger, Nannini et Boutsen. Plus loin, Alliot emmène un peloton composé de Patrese, Capelli, Palmer, Alesi, Gachot, Johansson, Grouillard et Arnoux.

 

4e: Capelli déborde Patrese dans la ligne droite du Mistral. Mansell a effacé Piquet et Cheever. Gugelmin passe par son garage pour faire examiner son moteur qui bafouille.

 

5e: Prost commence à prendre le large devant Berger. Capelli dépasse Alliot.

 

6e: Prost précède Berger (1.9s.), Nannini (2.4s.), Boutsen (3s.), Capelli (6.5s.), Alliot (7.2s.) et Patrese (8.5s.).

 

7e: Patrese ne parvient pas à doubler Alliot car son mulet, mal réglé, survire excessivement. Mansell mène une cadence infernale dans le peloton. Il double Tarquini, Nakajima puis Modena et occupe maintenant le quinzième rang.

 

9e: Berger se débat avec une Ferrari instable et perd du temps sur Prost. Nannini guette la moindre erreur de l'Autrichien. Mansell a doublé Bernard et Arnoux.

 

10e: Prost est en tête devant Berger (3.9s.), Nannini (5.6s.), Boutsen (6.5s.), Capelli (8.8s.), Alliot (16.7s.), Patrese (17.5s.), Palmer (19.7s.), Alesi (20.4s), Gachot (21.2s.), Johansson (23.2s.), Grouillard (25.9s.) et Mansell (27.1s.).

 

12e: Berger dérape au S de Bendor et passe par les graviers. Il laisse filer Nannini et Boutsen et reprend la route sous le nez de Capelli. Mansell dépasse Grouillard. Gugelmin reprend la piste après que ses mécaniciens ont isolé un court-circuit.

 

14e: Prost compte sept secondes de marge sur Nannini et Boutsen. Mansell prend la onzième place à Johansson. Arnoux regagne son garage avec une boîte de vitesses explosée.

 

15e: Berger s'arrête chez Ferrari pour remplacer ses pneus abîmés dans son embardée. Il redémarre entre Johansson et Grouillard.

 

16e: Patrese double Alliot à Bendor. Seizième, Modena retient un impressionnant peloton comprenant Tarquini, Cheever, Piquet, Martini, Donnelly et Pirro.

 

18e: Prost devance Nannini de neuf secondes, Boutsen d'onze secondes. Mansell dépasse Gachot et Berger déborde Johansson. Caffi change ses Pirelli déjà très usés.

 

19e: Alesi prend la septième place à Palmer au Beausset. Berger efface l'Onyx de Gachot.

 

20e: Prost devance Nannini (10.6s.), Boutsen (12s.), Capelli (14.8s.), Patrese (30.4s.), Alliot (33s.), Alesi (36.5s.), Palmer (38.4s.), Mansell (39.2s.), Berger (39.6s.), Gachot (40.5s.) et Johansson (42.3s.).

 

21e: Prost revient sur le groupe Modena et entreprend le dépassement des attardés.

 

22e: Prost « avale » Pirro, Donnelly et Martini. Berger déborde Palmer. Mansell stoppe chez Ferrari pour mettre de nouvelles chausses. Il repart en quinzième position.

 

24e: Prost double Piquet, Cheever et Tarquini. Changement de pneus pour Nannini qui reprend la piste derrière Patrese.

 

25e: Prost se défait de Modena. Il compte quinze secondes d'avance sur Boutsen.

 

26e: Boutsen est à son tour aux prises avec le peloton Modena. Nannini reprend l'avantage sur Patrese grâce à ses pneus neufs. Berger s'empare de la septième place aux dépens d'Alesi. Mansell double Nakajima et Bernard.

 

27e: Berger déborde Alliot qui voit ses pneus s'effondrer. Mansell poursuit sa remontée et dépasse Grouillard. Arrêt pneus pour Martini.

 

28e: Alesi prend à son tour le meilleur sur Alliot.

 

29e: Capelli s'arrête chez March pour remplacer ses gommes. Berger est encore une fois trahi par sa boîte de vitesses et regagne les stands. Caffi fait une excursion dans les graviers. Il endommage ainsi le support de sa commande d'embrayage et doit renoncer.

 

30e: Berger met pied à terre. Patrese, Gachot et Piquet changent leurs gommes. Prost mène devant Boutsen (16.7s.), Nannini (28.1s.), Capelli (36.3s.), Alesi (40.8s.), Alliot (45.4s.), Palmer (46.2s.), Johansson (51.2s.), Patrese (53.3s.) et Mansell (54.6s.).

 

31e: Alliot s'immobilise au niveau de Signes, moteur Lamborghini hors d'usage. Tarquini rejoint son garage: la rupture d'une durite d'eau a cassé son moteur. Changements de gommes pour Johansson et Grouillard.

 

32e: Boutsen arrive chez Williams pour prendre des Goodyear neufs. Martini renonce après une chute de pression d'huile.

 

34e: Prost possède vingt-sept secondes d'avance sur Nannini lorsqu'il entre aux stands. Il prend des pneus neufs (9.5s.) et retrouve la piste sans avoir cédé le commandement. Modena prend aussi des enveloppes fraîches.

 

35e: Prost est premier devant Nannini (6.8s.), Capelli (13s.), Alesi (22s.), Boutsen (28s.), Palmer (32s.), Patrese (33s.) et Mansell (35s.).

 

36e: Nakajima et Pirro changent de pneus. Palmer regagne aussi les stands et se plaint de vibrations sur son train avant. Il repart en treizième position avec de nouvelles enveloppes.

 

38e: Sept secondes entre Prost et Nannini. Gugelmin réalise le meilleur chrono de la course: 1'12''090'''. Il est tout de même relégué à neuf tours du leader. Palmer change une seconde fois de pneus car sa Tyrrell est toujours aussi sous-vireuse.

 

39e: Boutsen rencontre des soucis de boîte de vitesses et ne parvient pas à rattraper la modeste Tyrrell d'Alesi. Arrêt de Cheever.

 

40e: A mi-parcours, Prost devance Nannini (8.7s.), Capelli (16s.), Alesi (26.7s.), Boutsen (31.8s.), Patrese (33.6s.), Mansell (36s.), Bernard (53.7s.), Gachot (54s.), Grouillard (1m. 09s.) et Johansson (1m. 11s.).

 

41e: A l'abord de la Bretelle, Nannini s'apprête à dépasser Nakajima lorsque sa suspension arrière-gauche s'affaisse. Le Siennois tire tout droit, frôle la Lotus de quelques centimètres et finit sa course dans la bac à graviers, par bonheur sans dommage. Patrese prend l'avantage sur Boutsen.

 

42e: Prost compte seize secondes d'avance sur Capelli, le nouveau deuxième. Mansell dépasse Boutsen qui a de plus en plus de mal à sélectionner ses vitesses. Gachot prend la septième place à Bernard. Troisième changement de gommes pour Palmer.

 

44e: Le moteur de Capelli part en fumée après Signes. Alesi occupe désormais la seconde place pour son premier Grand Prix !

 

45e: Prost précède Alesi (29s.), Patrese (34s.), Mansell (36s.), Boutsen (41s.), Gachot (1m.), Bernard (1m. 03s.) et Grouillard (-1t.).

 

47e: Les pneus d'Alesi sont à la corde. Le néophyte voit Patrese et Mansell grossir dans ses rétroviseurs. Gachot regagne son stand à faible allure. Sa batterie est déchargée. Au premier virage, Donnelly sort dans l'échappatoire en voulant doubler Modena. L'Irlandais repart à la poussette.

 

48e: Alesi s'arrête chez Tyrrell pour chausser un second train de pneus. Il reprend sa route devant la Williams de Boutsen.

 

50e: Mansell est dans la roue de Patrese. Boutsen regagne les stands avec une boîte de vitesses bloquée. Nakajima se gare quant à lui dans les graviers, moteur coupé. Gachot revient en course avec une batterie neuve.

 

51e: Prost a trente-cinq secondes d'avance sur Patrese qui résiste tant bien que mal à Mansell. Johansson menace Bernard et Grouillard.

 

52e: Bernard change de pneumatiques pour la première fois et cède ainsi deux places à Grouillard et à Johansson.

 

53e: Johansson prend la cinquième place à Grouillard.

 

54e: Prost est en tête devant Patrese (38.3s.), Mansell (39.1s.), Alesi (1m. 07s.), Johansson (-1t.), Grouillard (-1t.), Bernard (-1t.), Piquet (-1t.), Cheever (-1t.) et Pirro (-1t.).

 

56e: Patrese se défend vaillamment contre Mansell malgré un violent survirage. Ses pneus arrière s'usent prématurément.

 

58e: Prost a trente-neuf secondes de marge sur la paire Patrese - Mansell. Alesi a près d'un tour de retard.

 

60e: Deuxièmes changements de pneus pour Piquet et Modena.

 

61e: Patrese perd l'arrière de sa Williams dans le double droit du Beausset et se retrouve en tête-à-queue dans les graviers. Heureusement il ne cale pas et parvient à reprendre la piste. Mais Mansell est passé depuis longtemps...

 

62e: Prost est leader Mansell (44s.), Patrese (53s.), Alesi (1m. 10s.), Johansson (-1t.), Grouillard (-1t.), Bernard (-1t.), Cheever (-1t.), Pirro (-1t.) et Piquet (-2t.).

 

64e: Mansell est bouchonné durant plus d'un tour par Palmer qui lutte avec un châssis instable et ne regarde pas ses rétroviseurs...

 

65e: Rien à signaler en piste. Le Professeur contrôle magistralement la situation et compte quarante-cinq secondes d'avance sur Mansell.

 

67e: L'intervalle entre Prost et Mansell se réduit un peu et se chiffre désormais à quarante-trois secondes.

 

69e: Modena se gare sur le bas-côté, moteur Judd en panne.

 

70e: Prost mène devant Mansell (43.5s.), Patrese (57.6s.), Alesi (1m. 10s.), Johansson (-1t.), Grouillard (-1t.), Bernard (-1t.) et Cheever (-1t.).

 

72e: Les positions sont figées en tête de la course. En revanche, grâce à des pneus neufs, Piquet tourne très rapidement et convoite la neuvième place détenue par Pirro.

 

73e: Prost se rapproche d'Alesi mais il lui manque encore 500 mètres pour lui prendre un tour.

 

75e: Prost devance Mansell (46s.), Patrese (59s.), Alesi (1m. 16s.), Johansson (-1t.) et Grouillard (-1t.).

 

77e: N'ayant plus rien à gagner, Prost et Mansell relâchent leurs efforts. Piquet met la pression sur Pirro.

 

79e: Le moteur de Bernard explose avant la ligne droite du Mistral. Le jeune Français occupait une prometteuse septième place. Il répand de l'huile sur la piste. Les commissaires brandissent le drapeau rayé de rouge et de jaune.

 

80ème et dernier tour: Piquet arrache in extremis la huitième place à Pirro.

 

Alain Prost remporte sa trente-septième victoire, quarante-quatre secondes devant Mansell. Patrese termine troisième et monte ainsi sur son quatrième podium consécutif. Alesi décroche une exceptionnelle quatrième place pour sa première apparition en Formule 1. Johansson finit cinquième et donne ainsi ses premiers points à l'Onyx. Premier point également pour Grouillard, sixième. Cheever, Piquet, Pirro, Palmer, Donnelly et Gachot rallient l'arrivée, ainsi que Gugelmin qui n'est cependant pas classé.

 

Après la course: la révélation Alesi

Ce Grand Prix de France aura particulièrement souri à nos héros tricolores. Vainqueur de cette épreuve pour la quatrième fois, Alain Prost a produit une impeccable démonstration. « Tout s'est passé comme je le voulais ! » jubile-t-il. Son rival Ayrton Senna n'a pas grand-chose à dire puisqu'il n'a couvert que deux cents mètres. « Je passais de première en seconde lorsque tout s'est arrêté... Le Grand Prix le plus court de ma carrière... » soupire le Brésilien. Au championnat, « Magic » perd gros puisque son compteur reste bloqué à 27 points pendant que Prost s'envole avec 38 unités.

 

Le très calme Olivier Grouillard savoure son premier point en Formule 1, applaudi par Guy Ligier, très fier de son poulain: « Olivier a bien gagné son point, avec les tripes. » Mais le chef des Bleus n'est toujours pas satisfait des résultats de son équipe: « Nous cassons trop de matériel et ça finit par nous coûter cher. En plus nous n'avons pas assez de temps pour développer la voiture... » Ces récriminations en terre française sont implicitement adressées à ses généreux protecteurs mitterrandiens...

 

Mais l'homme du jour est bien sûr Jean Alesi. Entouré comme une star, le jeune Avignonnais reçoit humblement les félicitations spontanées d'Alain Prost. Il tente de rester posé après son exploit: « La Tyrrell me paraît une bonne voiture, j'en ai tiré le maximum. Après tout, ce n'est pas si difficile que ça, la Formule 1. Je ne me sens même pas fatigué. Tyrrell m'avait demandé de finir. Au fond, avec un peu de chance, j'aurais pu finir sur le podium. » Sa course ne s'achève pas avec le drapeau à damiers. Ken Tyrrell tient à ne pas laisser s'échapper une telle pépite et lui fixe un rendez-vous pour le lendemain. Avec Alesi, Tyrrell renoue avec sa filière française amorcée avec François Cevert et poursuivie avec Patrick Depailler et Didier Pironi.

Tony