Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Williams Honda
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Honda
Teo FABI
 T.FABI
Benetton Ford Cosworth

446o Gran Premio

XXV Grosser Preis von Osterreich
Soleado
Österreichring
domingo, 16 de agosto de 1987
52 vueltas x 5.942 km - 308.984 km
Carrera interrumpida dos veces después de 1 vuelta tras accidentes, reanudada por la distancia original.
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

Piloto
Constructore
Motor
  • 24a victoria para Honda
  • 25a vuelta rápida para Honda
  • 100o Gran Premio para Honda

Qui veut du Judd ?

En cet été 1987, Guy Ligier a résolu de se séparer d'Heini Mader dont les quatre cylindres Megatron (ex-BMW) sont trop fragiles et surtout trop onéreux. Le 13 juillet, à Rugby dans le Warwickshire, l'ancien... rugbyman signe avec le motoriste John Judd un contrat d'acquisition de quinze moteurs aspirés pour 1988. Ceux-ci seront dérivés du V8 3l atmosphérique fourni par Honda en Formule 3000. Bernie Ecclestone, qui bénéficiait d'une option sur les Judd courant jusqu'au 28 juillet, renonce à s'en servir. Le même jour, Ian Phillips et Robin Herd sont à Rugby pour sceller l'alliance March-Judd. Ils y croisent Patrick Head...

 

John Judd fait le déplacement en Autriche et rencontre alternativement Frank Williams et Yoshitoshi Sakurai. Il tente d'obtenir de ce dernier la permission de transformer les V8 Honda. Sakurai n'est pas très enthousiaste car d'une part il devine que Judd va copier le V8 Cosworth, et d'autre part Honda prépare son propre moteur atmosphérique, destiné à apparaître en 1989. Il accepte finalement à condition que le nom de Honda soit retiré des culasses. Mais là n'est pas le plus important. Williams et Sakurai ont plusieurs échanges très vifs. Le Japonais apprend à l'Anglais que sa firme n'a pas l'intention de respecter son contrat pour 1988. Williams tombe des nues et perd son calme habituel. Le divorce sera officiellement prononcé à Monza.

 

Présentation de l'épreuve

Ce Grand Prix d'Autriche a de fortes chances d'être le dernier. Jean-Marie Balestre et Bernie Ecclestone pointent en effet du doigt les infrastructures obsolètes de l'Österreichring que les multiples incidents du week-end vont mettre en évidence. Par ailleurs, le prix élevé des billets décourage des supporteurs mécontents. Ceux-ci déploient une banderole « Ecclestone fucks up ! » qui se passe de tout commentaire... Selon l'ancien organisateur Ernie Huppert, seulement 85 000 personnes font le déplacement sur les trois jours, ce qui est un mauvais résultat.

 

En Hongrie, Gerhard Berger souffrait de violents maux de ventre, ce qui a engendré quelques rumeurs alarmistes dans les médias. Avant ce rendez-vous, l'Autrichien s'est reposé à la clinique de Willi Dungl à Vienne, en compagnie des motocyclistes Randy Mamola et Wayne Gardner. Berger débarque en Styrie frais et dispos, prêt à répondre aux sollicitations d'un public chaleureux. Depuis son transfert chez Ferrari, il a conquis l'affection des Autrichiens... et des Autrichiennes. Séducteur patenté, Gerhard attire à lui une nuée de jolies filles souvent court-vêtues...

 

Après ses déboires d'Hockenheim et de Budapest, Nigel Mansell se ressource à Seefeld, une station hivernale tyrolienne. Il tente d'y oublier les dix-huit points qui le séparent de Nelson Piquet au championnat. Une victoire en Autriche est impérative. Ce Grand Prix lui est aussi cher sur le plan symbolique puisqu'il y fête son centième Grand Prix, sept ans après ses débuts sur ce même tracé au volant d'une Lotus. Hélas, à son arrivée à Zeltweg, le voici terrassé par une violente rage de dents. On lui extrait en urgence deux dents de sagesse, pratiquement à chaud. Le pauvre Nigel se présente vendredi matin avec une poche de glace sur la joue, fatigué, mais prêt à en découdre !

 

En ce qui concerne les transferts, Frank Williams aurait finalement décidé de remplacer Nelson Piquet par l'expérimenté Riccardo Patrese qui paraît s'assagir avec le temps, sans perdre sa vélocité. Teo Fabi devrait pour sa part quitter la F1 pour retourner en IndyCar, où l'attend le volant d'une March à moteur Porsche. Son remplaçant sera très certainement son jeune et prometteur compatriote Alessandro Nannini.

 

Après la Hongrie, les voitures ont perdu leurs « ailerons-murs » pour se parer de plans beaucoup plus fins. En outre, l'altitude réduit ici la pression atmosphérique, de sorte que les « pop-off valves » s'ouvrent à 3,9 bars au lieu de 4. Les moteurs perdent en moyenne vingt-cinq chevaux.

 

Du côté de Lotus, Nakajima hérite de la « carrosserie haute vitesse » inaugurée par Senna en Hongrie. Chez McLaren, Bosch revoit la configuration électronique du V6 TAG pour résoudre ses problèmes de fonctionnement. Ferrari ôte le senseur de sa boîte de vitesses, mais en place un autre pour mesurer la pression des turbos, dans l'espoir d'accroître la vitesse en qualifications. Benetton utilise un nouveau carburant pour améliorer l'efficacité du moteur Ford. March introduit une nouvelle carrosserie avec des pontons plus marqués. Palmer teste sur sa Tyrrell un nouvel embrayage AP/SEP en fibre de carbone. Enfin la Minardi arbore un nouvel aileron arrière dessiné par l'ingénieur (et journaliste !) italien Enrico Benzing.

 

Essais et qualifications

Vendredi matin, Stefan Johansson débouche au sommet de la bosse sans visibilité qui précède la Rindtkurve, lorsqu'un malheureux chevreuil égaré lui coupe la route ! Dans un réflexe inouï, le Suédois barque à droite, mais ne peut éviter l'animal avec sa roue avant-gauche. L'impact est terrible: tout le côté gauche de la McLaren est arraché: roue, suspension, carrosserie ! La voiture atterrit dans le rail à 240 km/h. Par miracle, Johansson en est quitte pour une belle frayeur. Il ne souffre que d'un côte cassée et de quelques contusions. S'il avait heurté la bête de face, les conséquences auraient sûrement été dramatiques...

 

Comme la pluie s'invite le samedi, la grille est déterminée par les chronos du vendredi. Piquet réalise sa vingt-deuxième pole position, à 256.622 km/h de moyenne, un dixième seulement devant Mansell qui, malgré sa joue enflée, n'a rien perdu de sa ténacité. Le Brésilien s'est néanmoins fait une frayeur en percutant l'AGS de Fabre à haute vitesse dans la Rindtkurve, sans rien heurter heureusement. Berger, troisième, confirme le retour en forme des Ferrari, mais concède tout de même huit dixièmes à Piquet. Son équipier Alboreto se classe sixième. L'Italien s'est frotté à Senna lorsque celui-ci a tenté de lui faire sans ménagement l'extérieur à 280 km/h. « Ayrton conduit comme un bandit ! » enrage-t-il. Les Benetton (Boutsen 4ème, Fabi 5ème) ne dominent pas ici comme l'an passé, mais sont de sérieux outsiders. Chez Lotus, Senna (7ème) se plaint à nouveau de la tenue de route de la 99T, et les averses du samedi ne lui permettent pas de valider les corrections apportées entretemps à la suspension active. Son collègue Nakajima signe le treizième chrono. Les McLaren (Prost 9ème, Johansson 14ème) manquent cruellement d'équilibre et semblent condamnées à faire de la figuration.

 

Les Brabham-BMW fonctionnent bien. Patrese (8ème) devance de Cesaris (10ème) de plus de deux secondes. Les Arrows-Megatron (Warwick 11ème, Cheever 12ème) viennent ensuite. Comme d'habitude chez Minardi, Nannini (15ème) précède Campos (19ème). La pluie est une bénédiction pour Ligier (Arnoux 16ème, Ghinzani 18ème) qui économise ainsi ses derniers moteurs disponibles. Du côté de Zakspeed, Brundle (17ème) et Danner (20ème) connaissent pour une fois des essais sans histoire. Caffi (21ème) est gêné par son moteur Alfa Romeo qui bafouille à haut régime. Les moteurs atmosphériques concèdent ici au moins dix secondes aux suralimentés. Alliot (22ème) est le plus rapide de la « seconde division » devant Capelli, Palmer, Streiff et Fabre. Ce dernier rend... 17 secondes à Piquet !

 

Clap de fin pour l'Österreichring

Après ces essais, de nombreux pilotes pestent contre le déficit de sécurité patent de l'Österreichring. L'accident de Stefan Johansson soulève évidemment la plus grande polémique. S'il est déjà insolite qu'un animal sauvage se balade sur un tracé moderne, celui-ci avait en plus été repéré par des commissaires quelques minutes avant l'accident, sans que la direction de course ne soit prévenue ! En outre, les voitures accidentées sont très mal évacuées. Après la collision avec Fabre, celle de Piquet est demeurée dix minutes en piste. Après une sortie de route à la sortie de la chicane, l'Arrows de Warwick a été garée à dix centimètres du bitume, là où les bolides entament leur accélération ! René Arnoux crie le plus fort: « Ce qu'ont fait les commissaires est simplement criminel ! » Avec Thierry Boutsen et Alain Prost, il dénonce aussi l'asphalte bosselé et les rails de sûreté ridiculement bas. Prost, président du GPDA, révèle qu'il a remis quelques mois plus tôt un cahier des doléances aux organisateurs afin d'améliorer la sécurité, en vain. Ce circuit magnifique paraît donc condamné à disparaître faute de rénovation.

 

Pour ne rien arranger, les écologistes autrichiens organisent une manifestation dimanche matin pour protester contre la tenue de cet événement sportif polluant. De quoi décourager d'éventuels investisseurs...

 

Le Grand Prix

Le beau temps est de retour pour la course. Lee Gaug prévoit un passage aux stands pour les voitures à moteur turbocompressé. Mansell va mieux. Sa joue a désenflé, et il est paré à en découdre avec son meilleur ennemi, Nelson Piquet. Capelli démarre avec son mulet à cause d'un problème de moteur. Cheever prend aussi sa voiture de rechange après une panne électrique.

 

Départ: Piquet prend un excellent envol tandis que la Williams de Mansell patine. Fabi se hisse au troisième rang devant les Ferrari. Tout se passe bien dans le peloton jusqu'à ce que, sans raison apparente, la Zakspeed de Brundle oblique brusquement vers la gauche. Elle percute violemment les rails et rebondit vers la piste. C'est alors la cohue. Arnoux et Campos entrent en contact, Streiff harponne Palmer qui est projeté contre les barrières, tandis que Ghinzani, tentant d'éviter Brundle, casse son triangle de suspension arrière-droit contre une glissière.

 

Piquet a pris le commandement de l'épreuve devant Fabi et Mansell, mais la ligne droite principale étant obstruée, les drapeaux noirs sont agités. La course est interrompue. Un second départ aura lieu. Brundle, Ghinzani et Palmer sautent dans leurs mulets pendant que les mécaniciens réparent les machines d'Arnoux, Campos et Streiff. Les pleins d'essence sont faits et la course repart pour sa distance originelle (52 tours) après une demi-heure d'interruption.

 

Deuxième départ: Piquet démarre bien. Mansell enclenche la première vitesse, mais un embrayage récalcitrant l'empêche de passer en seconde. Il ralentit alors que toute la meute fonce sur lui. Berger hésite un court instant avant de dépasser la Williams, ce qui provoque un terrible « empilement ». Alboreto évite Senna de justesse, mais Patrese, confronté à Mansell, choisit de braquer à droite... où se trouve déjà Cheever. C'est l'engrenage. Johansson emboutit l'arrière de l'Arrows avant d'être lui-même percuté par Brundle. Au centre de la piste, Ghinzani freine à mort et se fait harponner par Caffi. Capelli, Alliot et Streiff s'empilent les uns sur les autres. N'ayant pu ralentir, Fabre percute la Tyrrell de Streiff qui lui sert de tremplin pour atterrir sur le flanc de la March de Capelli, à quelques centimètres du cockpit d'Alliot ! Enfin, Danner monte sur ses freins pour éviter le carnage mais sa suspension avant-droite est touchée.

 

Incroyable chaos ! Dix voitures sont au tapis ! Par miracle, aucun pilote n'est blessé. Bien évidemment, Roland Bruynseraede ressort le drapeau noir et stoppe à nouveau l'épreuve. Mansell, dont l'embrayage s'est décoincé, peut achever son tour et regagner la grille de départ. Patrick Head lui propose de monter dans la voiture de réserve, mais il refuse car celle-ci a été réglée pour Piquet. Patrese, Brundle, Johansson, Alliot, Ghinzani, Caffi et Fabre s'emparent de leurs mulets pendant que le bolide de Danner est remis en état. Senna prend aussi sa voiture de réserve car son train arrière a été endommagé par Alboreto. Les voitures de course de Cheever et de Capelli sont réparées et peuvent donc remplacer les mulets Arrows et March. Seul Streiff reste à pied, Tyrrell n'ayant plus de modèle de rechange.

 

Il faut de nouveau patienter une demi-heure avant de voir les monoplaces s'ébranler. Cheever, Brundle, Danner et Fabre s'élanceront depuis l'allée des stands. Caffi prend la piste avec son mulet, mais son V8 Alfa Romeo explose alors qu'il était en route pour la grille...

 

Tour de formation: La McLaren de Prost refuse de monter en régime, à cause d'un mauvais contact électrique, et s'immobilise sur le bord de la piste, au bout de la ligne des stands. Les mécaniciens se précipitent pour tirer la voiture en arrière. Le champion du monde démarrera lui aussi depuis les stands. En fin de parcours, Alboreto regagne son garage, pensant être victime d'une crevaison. Ses mécaniciens changent ses pneus, avant de s'apercevoir que son volant était en fait mal fixé. Ils seront donc six à partir des stands !

 

Départ: Toujours pas de problème pour Piquet, et nouvel envol hésitant pour Mansell ! Boutsen prend un départ-canon et se faufile entre Berger et Mansell, pour pointer au second rang au premier freinage. Senna cale puis démarre à très faible allure, ses turbos refusant de souffler correctement. Heureusement, tout le monde l'évite !

 

1er tour: Piquet mène devant Boutsen, Berger, Mansell, Fabi, Patrese, Warwick, de Cesaris, Johansson et Nakajima. Après un tour au ralenti, Senna déconnecte sa commande d'« over-boost », le dispositif permettant à la pression d'atteindre instantanément son maximum. Dès lors, le V6 Honda se remet à rugir normalement.

 

2e: Boutsen met une grande pression sur Piquet qui lui ferme toutes les portes. Johansson effectue un tête-à-queue et endommage un de ses pneus. Il regagne les stands pour chausser des enveloppes neuves. Senna réalise un tour prodigieux: il déborde Alliot, Prost, Arnoux et Ghinzani et pointe déjà au douzième rang ! Nannini renonce, de l'eau ayant envahi son échappement.

 

3e: Senna prend la dixième place à Campos. Alboreto est 13ème, Prost 14ème. Johansson a repris sa route avec une roue avant-droite mal fixée ! Fort heureusement, son stand le prévient aussitôt par radio. Il peut donc ralentir avant que sa roue ne se désolidarise, et rejoint les stands clopin-clopant.

 

4e: Piquet ne parvient pas à se défaire de Boutsen. Mansell double Berger au premier virage. Fabi est dans les échappements de la Ferrari. Alboreto et Prost effacent Ghinzani. Onzième après un bon départ, Campos est trahi par sa courroie de distribution.

 

5e: Piquet devance Boutsen (1s.), Mansell (2.5s.), Berger (4.9s.), Fabi (5.6s.), Patrese (11.1s.), Warwick (16s.) et de Cesaris (18s.). Johansson retrouve le circuit avec quatre roues et deux tours de retard.

 

6e: Berger gare sa Ferrari dans la pelouse après avoir cassé un turbo. Consternation parmi le public autrichien.

 

7e: Piquet prend un tour à Fabre qui roule sans embrayage. Nakajima est victime d'une crevaison sur son pneu arrière-gauche. Il parcourt presque un tour complet au ralenti avant de regagner les stands

 

8e: Piquet, Boutsen et Mansell se regroupent en moins de trois secondes, pendant que Fabi perd du terrain. Senna et Alboreto se lancent aux trousses du duo Warwick - de Cesaris.

 

9e: Piquet s'assure un matelas de deux secondes sur Boutsen. Nakajima quitte les stands avec des pneus neufs, en dernière position.

 

10e: Piquet est en tête devant Boutsen (2.3s.), Mansell (3.6s.), Fabi (7.6s.), Patrese (24.3s.), Warwick (32.2s.), de Cesaris (33.1s.), Senna (36s.), Alboreto (36.2s.), Prost (42.2s.) et Cheever (57s.). Capelli (16ème) est premier en « deuxième division ».

 

12e: Les leaders tombent sur un peloton d'attardés. Senna prend la septième place à de Cesaris.

 

13e: Senna double Warwick. Celui-ci est bientôt « avalé » par un Alboreto déchaîné qui a déjà dépassé de Cesaris.

 

14e: Piquet est gêné par Brundle, ce qui permet à Boutsen de se blottir derrière la Williams.

 

15e: Catastrophe pour Boutsen: sa tringlerie de boîte s'est démantibulée ! Le Belge regagne les stands, fou de rage. Ses mécaniciens examinent sa machine et découvrent qu'un écrou s'est tout bonnement détaché du levier de vitesses ! Alboreto déborde Senna au forceps et s'empare de la septième place. Prost se défait de de Cesaris.

 

16e: Mansell se lance à la poursuite de Piquet. Prost dépasse Warwick. Boutsen reprend la piste avec un levier de vitesses refixé, mais en onzième position seulement. Il vient de perdre une possible victoire.

 

17e: Piquet devance Mansell (0.8s.), Fabi (7.2s.), Patrese (36.1s.), Alboreto (38.1s.), Senna (41.6s.), Prost (44s.) et Warwick (46s.).

 

19e: Mansell est sur les talons de Piquet. Les deux Williams se retrouvent derrière... Boutsen. Alboreto déborde Patrese avant la première chicane.

 

21e: Piquet et Mansell arrivent sur Fabre et Nakajima pour leur prendre un tour. Tous deux doublent l'AGS après la Tiroch Kurve. Dans la descente vers la Boschkurve, Mansell se déporte à l'intérieur et force le passage pour dépasser Piquet, qui fort heureusement ne cherche pas à lui couper la trajectoire. Voici l'Anglais en tête du Grand Prix. Senna déborde Patrese. Warwick et de Cesaris se battent pour la huitième place.

 

22e: Piquet rejoint les stands pour chausser des pneus neufs. L'arrêt dure onze secondes et le Brésilien repart avec des écrous de roue munis d'une goupille, afin d'éviter que se répète l'incident survenu à Mansell en Hongrie. Fabi suit Piquet dans les stands... mais manque son emplacement ! Il s'oblige ainsi à parcourir un tour supplémentaire et perd toute chance d'aller titiller les Williams.

 

23e: Fabi entre aux stands et, cette fois, trouve son stand ! Hélas, il perd vingt-cinq secondes à cause d'une roue arrière-droite récalcitrante. Il repart en septième position entre Prost et Warwick. Boutsen dépasse Cheever.

 

24e: Trente-quatre secondes entre Mansell et Piquet. Prost et de Cesaris remplacent leurs pneumatiques.

 

25e: Mansell s'engouffre dans la voie des stands et chausse des gommes neuves en dix secondes. Il retrouve le circuit cinq secondes devant Piquet. Changement de pneus pour Warwick.

 

26e: Mansell relègue Piquet à sept secondes. Alboreto passe par les stands (9s.) et redémarre entre Fabi et Prost.

 

27e: Mansell a huit secondes d'avance sur Piquet. Senna entre chez Lotus pour chausser des enveloppes neuves (9.5s.). Patrese, Cheever et Danner changent aussi leurs pneus.

 

28e: Fabi détient la troisième place, à cinquante secondes du leader, mais il voit revenir un peloton de furieux comprenant Alboreto, Prost et Senna. Boutsen rattrape également ce quatuor.

 

29e: Dans la descente vers la Boschkurve, Mansell se retrouve face à Warwick et Capelli, qui ne sont pas dans le même tour. Les deux hommes hésitent. Qu'à cela ne tienne: Nigel se faufile hardiment entre eux, touchant au passage la roue de la March ! Par bonheur, Capelli conserve la maîtrise de son véhicule et évite une catastrophe... Alboreto semble avoir mangé du lion. Il escalade les vibreurs avec hargne et harcèle Fabi.

 

30e: Mansell devance Piquet (13.8s.), Fabi (56s.), Alboreto (56.5s.), Prost (56.9s.), Senna (59.4s.), Boutsen (1m. 06s.), Patrese (1m. 11s.), Warwick (-1t.), de Cesaris (-1t.) et Cheever (-1t.). Johansson change ses pneus pour la troisième fois. Il occupe le 18ème rang.

 

31e: Mansell réalise le meilleur chrono de la course: 1'28''318'''. Dans la première grande courbe, Alboreto déborde Fabi, imité par un Prost opportuniste. Puis, celui-ci fait l'extérieur au Milanais dans la pleine charge vers la Boschkurve. Voici Prost revenu au troisième rang ! Changement de gommes pour Brundle.

 

32e: Alboreto est très énervé de s'être fait posséder par Prost et l'attaque. Fabi est dorénavant sous la menace de Senna.

 

33e: Alboreto est gêné par Ghinzani, ce qui permet à Prost de s'échapper. Senna porte l'estocade contre Fabi dans la Rindtkurve. Cheever déchape suite à une crevaison, part en tête-à-queue à la Boschkurve et stoppe dans l'herbe. C'est fini pour l'Italo-Américain.

 

34e: Mansell porte son avance sur Piquet à vingt-et-une secondes. Désormais, l'Anglais ménage sa monture car son embrayage est en train de le lâcher. Il ne s'en sert plus que pour rétrograder. Piquet joue la prudence et se contente de sa seconde place. Senna déborde Fabi sur la ligne de chronométrage. De Cesaris double Warwick.

 

35e: A l'approche de l'Hella-Licht Kurve, Senna déborde Alboreto par l'intérieur. Mais l'Italien ne veut rien savoir et se rabat devant la Lotus, arrachant son aileron avant. Senna n'a plus qu'à se traîner aux stands pour changer sa calandre...

 

36e: Senna regagne les stands pour remplacer son museau et redémarre en neuvième position.

 

37e: La course s'arrête là pour Warwick, moteur cassé. C'est aussi terminé pour de Cesaris qui est lâché par un turbo.

 

38e: Mansell est premier devant Piquet (32.4s.), Prost (1m. 08s.), Alboreto (1m. 14s.), Fabi (1m. 18s.), Boutsen (-1t.), Patrese (-2t.), Ghinzani (-2t.), Senna (-2t.) et Danner (-2t.). Johansson poursuit une belle remontée. Il a doublé toutes les voitures à moteurs atmosphériques.

 

40e: Mansell possède trente-sept secondes d'avance sur Piquet. Johansson prend la onzième place à Arnoux.

 

41e: Senna dépasse Ghinzani et a maintenant Patrese en ligne de mire.

 

42e: Prost gagne du terrain sur Piquet mais il est trop loin pour le rattraper. En outre, un court-circuit l'empêche de lire son tableau de bord.

 

43e: Prost commence à perdre de la pression de suralimentation, probablement à cause d'une fuite d'échappement. Il ralentit considérablement et laisse passer Fabi. Alboreto regagne les stands au petit trot. Un échappement cassé enraie le fonctionnement de ses turbos. Pour la cinquième fois consécutive, aucune Ferrari ne verra le drapeau à damiers.

 

44e: Mansell a 43 secondes d'avance sur Piquet. Boutsen dépasse Prost et Johansson double Danner.

 

45e: Patrese renonce avec un bloc BMW parti en fumée. Boutsen s'arrête à son stand car son carénage inférieur se détache. Cela affecte bien sûr sa tenue de route, mais comme il n'y a rien à faire pour y remédier, le Belge se contente de repartir avec des gommes neuves, en cinquième position.

 

46e: Mansell est bouchonné sur quelques virages par Danner. Boutsen repasse devant Prost qui se contente de terminer l'épreuve au ralenti.

 

47e: Mansell devance Piquet (48.7s.), Fabi (1m. 24s.), Boutsen (-1t.), Prost (-1t.) et Senna (-2t.).

 

49e: L'écart continue d'augmenter entre Mansell et Piquet. Senna remonte sur Prost.

 

50e: Mansell est premier devant Piquet (53.4s.), Fabi (-1t.), Boutsen (-1t.), Prost (-2t.), Senna (-2t.), Ghinzani (-2t.), Johansson (-2t.), Danner (-3t.) et Arnoux (-3t.).

 

51e: Mansell prend un tour à Fabi. Johansson s'empare du septième rang aux dépens de Ghinzani.

 

52e: Senna prend la cinquième position à Prost dans les derniers mètres.

 

Nigel Mansell gagne le GP d'Autriche avec plus de cinquante secondes d'avance sur Piquet. Fabi termine troisième devance son équipier Boutsen. Senna finit cinquième. Prost coupe la ligne d'arrivée avec un moteur agonisant et récolte un point. Le très valeureux Johansson achève son week-end fou au septième rang. Viennent ensuite Ghinzani, Danner et Arnoux. Capelli finit onzième et remporte pour la première fois la course des moteurs aspirés. Alliot, Nakajima, Brundle et Palmer rallient aussi l'arrivée, de même que Fabre, mais celui-ci n'a pas couvert assez de tours pour être classé. Le Lyonnais s'estime surtout heureux d'être sorti indemne du carambolage du second départ. « J'ai cru prendre une voiture sur la tête ! » s'exclame-t-il avec angoisse.

 

Brundle est disqualifié car les commissaires de la FISA jugent que la hauteur de son aileron arrière dépasse la cote autorisée. C'est une sanction sévère car l'Anglais a connu bien des émotions cet après-midi. Après avoir été rudement impliqué dans les deux carambolages, il a fini l'épreuve avec une voiture qui refusait de tourner à gauche...

 

Après la course

Ce Grand Prix rocambolesque nous réserve une ultime péripétie. Après le drapeau à damiers, les trois premiers, Nigel Mansell, Nelson Piquet et Teo Fabi grimpent dans un pick-up pour effectuer un tour d'honneur. Pour cela, le véhicule doit passer sous une passerelle métallique. Insouciant, Mansell se dresse pour saluer la foule... et heurte le portique avec le front ! Il s'écroule K.O. sur les genoux de Piquet... qui éclate de rire ! Plus charitable, Fabi ranime le malheureux Nigel en lui versant le contenu d'une bouteille d'eau fraîche sur la tête. C'est sonné mais indemne que le vainqueur grimpe sur le podium... avant d'aller chercher d'autres poches de glace !

 

Certains s'étonnent que Nelson Piquet n'ait pas cherché à rattraper Mansell après les changements de pneus. Mais le Brésilien assume totalement sa stratégie d'« épicier » : « Quand j'ai vu Nigel foncer sur moi, je n'ai pas insisté. Je peux encore joué placer », estime-t-il. Tant pis pour les puristes ! Après leur nouvel accrochage, Michele Alboreto et Ayrton Senna échangent encore des politesses. Le pilote Ferrari reconnaît sans vergogne avoir volontairement claqué la porte au nez de son adversaire. « Ce gars ne comprend rien par les mots. Il faut donc lui faire la leçon en piste, à 300 km/h... » soupire-t-il. Senna l'accuse d'avoir zigzaguer pour l'empêcher de passer, ce qui est effectivement une fâcheuse tendance propre à Alboreto.

Alain Prost quitte le circuit très déboussolé. Il s'attarde longuement en compagnie de Ron Dennis et de Gordon Murray pour se plaindre cette énième défaillance de son moteur. « Quelle galère ! C'est fini, je ne serai pas champion du monde cette année ! » constate-t-il avec amertume.

 

Piquet consolide son avance au championnat et compte désormais onze points d'avance sur Senna, quinze sur Mansell. Prost concède vingt-trois longueurs au leader. Enfin, dans une certaine discrétion, Ken Tyrrell et son équipe sablent le champagne, assurés de remporter le Trophée Colin Chapman des écuries utilisant un V8 atmosphérique. Ce qui n'est pas un grand exploit puisque le Team Tyrrell est le seul de sa catégorie à aligner deux voitures. On s'amuse comme on peut...

 

Derniers feux et disparition de Didier Pironi

Cela fait maintenant deux ans que Didier Pironi se jette à corps perdu dans les courses d'off-shore. Sa passion est née en 1985, lorsqu'il assiste à une course à Key West, en Floride, en compagnie de Philippe Streiff et de Gilles Gaignault. Le coup de foudre est immédiat. « Je ne l'ai jamais vu si excité et si tendu, se souvient Gaignault. Il voulait tout savoir. » Son parrain est Jean-Claude Fruitier, le seul Français engagé dans ces compétitions peu médiatisées. Tous deux mettent au point un programme de compétition pour la saison 1987. Avec le soutien d'Elf et de Midial, Pironi fonde l'écurie Leader Racing et commande à ACX la conception du « Colibri », une formidable « Formule 1 nautique » propulsée par un moteur Lamborghini.

 

Le succès est immédiat. Avec ses équipiers le technicien Jean-Claude Guénard et le journaliste Bernard Giroux, il remporte le 9 août sa première victoire en mer, à Arendal en Norvège. Deux semaines plus tard, le trio s'apprête une nouvelle fois à défier les vagues à Poole, dans le Dorset, sur les bords de la Manche. Pironi affiche un moral d'acier. Le 20 août, Gérard Larrousse s'est engagé à lui fournir un volant en F1 en 1988. Dans le même temps, Philippe Midy, le PDG du groupe Midial, son principal sponsor, lui a confirmé son soutien à long terme. Tout bascule ce 23 août 1987, jour de la course. A 160 km/h, Pironi, Giroux et Guénard filent sur l'eau lorsque le « Colibri » bascule sur une vague traîtresse. Le bateau voltige et se retourne. Ses trois occupants plongent vers le néant. Didier Pironi avait eu 35 ans le 26 mars.

 

Son nom restera intimement lié à celui de Gilles Villeneuve, son coéquipier chez Ferrari à compter de 1981. Leur profonde amitié se brisa à Imola en 1982, lorsque le Français décida de « chiper » une victoire que le Québécois pensait s'être réservée. Deux semaines plus tard, Villeneuve se tua à Zolder en tentant de réaliser un meilleur chrono que son ex-ami, devenu pour lui le traître honni. Pironi eut bien du mal à se remettre de ce drame. Et pourtant, en cette même année 1982, il dominait le championnat du monde. Jusqu'à ce pluvieux matin d'août, lorsque sa Ferrari percuta à plus de 200 km/h la Renault d'Alain Prost. Jambes brisées, il perdit tout espoir de devenir le premier champion du monde français de l'histoire. A force de courage et de ténacité, il parvint péniblement à se rétablir et à reprendre goût à la vie. A défaut de Formule 1, les courses de bateau lui offrirent un exutoire salutaire. En France, il était pionnier en la matière. Après sa victoire en Norvège, un bel avenir lui était promis...

 

Le Colibri sera restauré et remis en service par son ami Jean-Pierre Jarier. Cinq mois après sa disparition, sa veuve Catherine Goux met au monde deux jumeaux posthumes, baptisés Gilles et Didier...

 

 

Trophée Jim Clark Trophée Colin Chapman
1. J. Palmer 61 pts 1. Tyrrell-Ford-Cosworth 106 pts
2. P. Streiff 45 pts 2. AGS-Ford-Cosworth 35 pts
3. P. Fabre 35 pts 3. Lola-Ford-Cosworth 25 pts
4. P. Alliot 25 pts 4. March-Ford-Cosworth 19 pts
5. I. Capelli 19 pts
Tony