Michele ALBORETO
 M.ALBORETO
Ferrari
Alain PROST
 A.PROST
McLaren TAG Porsche
Elio De ANGELIS
 E.De ANGELIS
Lotus Renault

408o Gran Premio

XLIII Grand Prix Automobile de Monaco
Variable
Monaco
domingo, 19 de mayo de 1985
78 vueltas x 3.312 km - 258.336 km
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

Piloto
Constructore
Motor

Conflits politiques: A.C.M., F.I.S.A., F.O.C.A. et I.R.P.A.

Ce Grand Prix de Monaco 1985 est longtemps demeuré en péril à cause du conflit opposant l'ACM à la FISA autour des droits télévisés. On se souvient que fin 1983 Michel Boeri a vendu une partie de ces droits à la chaîne de télévision américaine ABC, violant ainsi le règlement de la fédération. Au cours des premiers mois de l'année, la tension atteint son paroxysme entre les présidents Boeri et Balestre, au point que le Grand Prix de Monaco est retiré du calendrier. Le prestigieux Rallye de Monte-Carlo a également failli être biffé par un Balestre plus jaloux que jamais de son autorité. En mars 1985, Boeri porte l'affaire devant la cour d'appel de Paris afin de contraindre la FISA à réintégrer le Grand Prix au programme du championnat du monde. Mais les juges concluent en sa défaveur. Pour éviter un désastre financier, il est contraint de signer un « traité de paix » avec la FISA, qui est en fait une capitulation. La fédération internationale, et donc aussi la FOCA, toucheront bien une part substantielle des recettes télévisuelles du GP de Monaco.

 

Le long conflit opposant les journalistes de la presse écrite aux autorités aurait-il enfin trouvé une issue ? Vendredi, une réunion se tient à l'hôtel Hermitage entre les représentants de l'IRPA, de la FISA et de la FOCA. Ils conviennent de créer une nouvelle commission composée de représentants de la presse de chaque pays et qui sera chargée de distribuer les accréditations aux reporters qui ne couvrent pas tous les Grands Prix et qui jusqu'ici pouvaient se faire refouler par les sbires de la FOCA. En revanche, cet organisme ne représentera pas les journalistes TV qui souhaitaient pourtant députer leur confrère suisse Jacques Deschenaux. « La télé, c'est une affaire commerciale, il ne faut pas tout mélanger ! » clame Bernie Ecclestone qui veille au grain. Puis se déroule le traditionnel dîner annuel offert par Marlboro à l'IRPA. Bernard Cahier est triomphalement réélu à la tête de l'association des journalistes qui s'enrichit d'une nouvelle secrétaire, l'ancienne conductrice Maria Teresa de Filippis.

 

Présentation de l'épreuve

Le tracé de la Principauté n'est plus aussi populaire qu'autrefois parmi les pilotes. A cause des turbos, les vitesses atteintes sont si effrayantes que ce tracé urbain ne satisfait plus du tout aux paramètres de sécurité en vigueur. Les bolides lèchent les rails de protection à près de 280 km/h... Eddie Cheever fait part de son appréhension au journaliste Maurice Hamilton : « Prenez la chicane, par exemple. J'y arrive tellement vite que je peux à peine la voir ! C'est incroyable, mais c'est comme ça. Je sors à fond du tunnel, un petit coup de frein, un petit coup de volant, et me voici dans la zone de freinage du Bureau de tabac ! La marge d'erreur est infime et les conséquences sont énormes... » Derek Ongaro, délégué de la FISA chargé de la Sécurité, promet que des aménagements seront apportés à la chicane en 1986.

 

La Ferrari utilise désormais des turbos plus petits pour augmenter la puissance à bas-régime. Sa suspension arrière est en outre abaissée.

Patrick Tambay dispose ce week-end du nouveau moteur Renault EF15. Les RE60 ont subi une cure d'amaigrissement : leur poids est descendu de 589 à 570 kilos. Chez Lotus, Senna reçoit à son tour l'EF15. Ligier bénéficie aussi du nouveau bloc Renault, confié à Andrea de Cesaris. Ce dernier conduit aussi une nouvelle JS25 allégée de trente kilos grâce à sa nouvelle coque. Les Alfa Romeo adoptent pour de bon l'injection 100 % électronique Bosch. Nigel Mansell revient du Japon où il a testé une nouvelle version du V6 turbo Honda au rapport alésage/course modifié. Enfin la Zakspeed arbore à son tour les déflecteurs avant de type Lotus.

 

Toleman effectue enfin son retour suite à une curieuse transaction. Elle a en effet racheté le contrat Pirelli de la petite équipe Spirit, financièrement à l'agonie. Ce marchandage est orchestré par Benetton qui devient le principal sponsor de Toleman et entre dans son capital. D'après le reporter français Johnny Rives, Enzo Ferrari serait intervenu en personne pour faciliter l'opération. En effet, à l'époque du conflit FOCA-FISA, l'équipe d'Alex Hawkridge fut la seule à se rallier au camp des « légalistes » emmené par le Commendatore et serait ainsi payée de retour. Quant à l'officine de John Wickham, son commanditaire le publicitaire suisse Nicolo San Germani affirme qu'elle travaille à l'élaboration d'une nouvelle Spirit pour 1986.

 

Rory Byrne a particulièrement soigné l'aérodynamisme de la TG185 à moteur Hart. On remarque un aileron avant très galbé qui participe à l'aération des pontons, ainsi que les conduits de refroidissement de freins avant coudés qui par succion travaillent dans la zone antérieure aux pneus. La suspension arrière est ancrée très haut, ce qui permet d'implanter un extracteur d'air monobloc. L'Italien Teo Fabi a été recruté par Alex Hawkridge pour remplacer Stefan Johansson, et est seul présent à Monaco. On ne sait pas si John Watson conduira ou non un second modèle.

 

Les qualifications

Vedette de l'édition 84, Senna s'adjuge sa troisième pole position consécutive en pulvérisant le record de la piste : 145 km/h de moyenne ! Toutefois sa performance est assombrie par son comportement en piste, puisque Lauda et Alboreto l'accusent de les avoir bouchonnés pendant leurs tours rapides. Penaud, Senna tente de s'excuser auprès de Lauda qui l'envoie promener. Ne pouvant rivaliser avec son équipier, et aux prises avec un moteur peu vaillant, de Angelis est relégué à une médiocre neuvième place. A noter que le Romain utilise des freins en acier, et non en carbone, car il sollicite plus souvent ses freins que son équipier.

 

La seconde position revient à Mansell qui a pourtant eu de gros soucis le jeudi : son moteur poussait encore après qu'il a enlevé le pied du plancher ! « Je me suis retrouvé en train de foncer droit sur les rails du Casino, comme si l'accélérateur était coincé, raconte Nigel. Jusqu'à présent, je n'avais jamais eu la trouille dans une voiture de course. Et bien désormais, je sais ce que c'est... » Grâce à son sens de l'attaque, il se rattrape magistralement le surlendemain, échouant à 86 millièmes de Senna. Rosberg (7ème) est handicapé par le trafic et deux ruptures de turbos. Troisième, Alboreto est un prétendant très sérieux à la victoire. Son équipier Johansson (15ème) a été harponné par Fabi dans un tour rapide... Grâce à un V8 survitaminé, les Alfa Romeo brillent enfin et Cheever obtient une superbe quatrième place. Les traînards empêchent Patrese de faire mieux que le 12ème temps.

 

Il faut s'y habituer : à cause d'un défaut de pression de suralimentation, les McLaren ne brillent plus en qualifications. Prost se contente du cinquième rang mais Lauda coule à la quatorzième place... Les Arrows-BMW confirment leur potentiel entrevu à Imola. Boutsen se hisse à la sixième position tandis que Berger se classe onzième sans avoir rien touché, malgré un style de conduite beaucoup plus heurté que celui de son équipier. Au volant de la Ligier allégée, de Cesaris (8ème) précède nettement Laffite (16ème). Le Romain a heurté très violemment les rails à Massenet samedi matin, mais heureusement il était au volant du lourd mulet. Les Renault (Warwick 10ème, Tambay 17ème) sous-virent beaucoup et ne sont absolument pas « dans le coup ». Piquet n'est que treizième sur ce tracé qu'il déteste mais fait tout de même beaucoup mieux que le pauvre Hesnault, 25ème et non-qualifié. Brundle parvient à se classer 18ème au volant de la Tyrrell-Ford. La dernière ligne est composée de la Zakspeed de Palmer et de la Toleman-Hart de Fabi. Les RAM de Winkelhock et d'Alliot sont éliminées, de même que la Tyrrell de Bellof et l'Osella de Ghinzani. Pour Martini, l'aventure s'est terminée dès le jeudi dans un accident à Sainte-Dévote.

 

Le Grand Prix

Le ciel est couvert ce 19 mai 1985, et il n'est pas impossible que la pluie fasse son apparition. On compte moins de spectateurs que les années précédentes, sans doute à cause des prix très élevés pratiqués par les hôtels monégasques. Le Français Pierre-Henri Raphanel gagne la prestigieuse course de Formule 3 sur une Martini-Alfa Romeo, devant l'Italien Fabrizio Barbazza et le Belge Didier Theys.

 

Tambay décide d'utiliser son mulet muni du moteur EF14bis, le temps de réponse de son EF15 étant trop long. De Angelis opte lui aussi pour l'ancienne version du V6 Renault. Lors de l'échauffement, Senna effectue un surrégime en rétrogradant de cinquième en seconde. Une erreur a priori anodine mais qui va avoir de grandes conséquences... Les montes de pneumatiques sont très variées. Les Lotus utilisent des Goodyear A et B. Chez McLaren, Prost fait un choix plus conservateur que Lauda. Les Ferrari ont des A à gauche, des B à droite. Williams et Renault ont trois B et un A à l'arrière-droit.

 

Départ: Bon envol de Mansell qui semble en mesure de menacer Senna, mais celui-ci conserve l'avantage à Sainte-Dévote. Suivent Alboreto, Prost, Cheever et de Angelis. Berger manque son départ et sème la panique dans le peloton. Johansson harponne la Renault de Tambay et défonce son museau. Le Français poursuit sa route jusqu'à Sainte-Dévote où, privé de freins, il percute Berger et échoue dans l'échappatoire. Tambay et Berger sont hors-course tandis que Johansson continue clopin-clopant avec une suspension abîmée.

 

1er tour: Senna mène devant Mansell, Alboreto, Prost, Cheever, de Angelis, Boutsen, Rosberg, de Cesaris et Warwick. Johansson revient aux stands pour faire changer ses roues.

 

2e: Prenant l'aspiration derrière Mansell, Alboreto plonge à l'intérieur à Sainte-Dévote. Il conserve de justesse le contrôle de sa Ferrari qui part en zigzag, parvient à conserver sa trajectoire et s'empare ainsi superbement de la deuxième place. En fin de tour, Prost déborde Mansell sur la ligne de départ.

 

3e: Alboreto menace Senna tandis que Prost est relégué à plusieurs secondes. Cheever dépasse à son tour Mansell qui est en délicatesse avec ses freins. Rosberg double Boutsen. Johansson revient au garage Ferrari et abandonne, sa suspension étant trop gravement endommagée.

 

4e : Alboreto n'est qu'à 96 centièmes de Senna. Prost paraît opter pour une course d'attente.

 

5e: Alboreto est juste derrière Senna. Mansell cède encore deux places à de Angelis et Rosberg.

 

6e: Prost est relégué à cinq secondes des deux leaders.

 

7e: Une seconde entre Senna et Alboreto. Cheever est au ralenti à cause d'une panne d'alternateur.

 

8e: Cheever entre dans les stands poussé par des commissaires de piste. Les mécaniciens d'Alfa Romeo vont essayer de réparer sa machine. L'Américain repartira pour trois tours avant d'abandonner pour de bon. Boutsen, de Cesaris et Warwick luttent quant à eux pour la septième position. Plus loin, Lauda bute sur Patrese.

 

9e: Senna et Alboreto sont toujours en bagarre pour la première place. Patrese manque une vitesse sous le tunnel. Lauda tente de s'infiltrer à l'intérieur mais l'Italien le serre contre le rail. Niki baisse le pavillon pour éviter l'accrochage.

 

10e : Senna précède Alboreto (1.9s.), Prost (8.1s.), de Angelis (16.5s.), Rosberg (22.9s.), Mansell (27.4s.), Boutsen (31.1s.), de Cesaris (31.4s.), Warwick (31.8s.), Patrese (35.7s.), Lauda (35.8s.), Piquet (36.6s.), Laffite (37.7s.), Fabi (41.6s.), Brundle (48.8s.) et Palmer (57.4s.).

 

11e : L'intervalle entre Senna et Alboreto fait l'accordéon. L'Italien se tient tout près du Brésilien avant de lui concéder quelques mètres, ne pouvant le doubler. Lauda parvient à se débarrasser de Patrese.

 

13e: Boutsen stoppe chez Arrows pour changer ses pneus et repart au quinzième rang.

 

14e: De la fumée s'échappe de la Lotus de Senna. Conséquence du surrégime de la matinée, l'EF15 vient de rendre l'âme. Senna se fait doubler par Alboreto puis par Prost. Il rentre aux stands pour abandonner.

 

15e: Alboreto mène désormais avec six secondes d'avance sur Prost. Il revient sur un groupe de retardataires constitué de Patrese, Piquet, Laffite et Fabi, en lutte pour le neuvième rang.

 

16e : Patrese bouchonne Piquet avec sa sotte obstination coutumière. Le Brésilien se porte à droite, puis à gauche. Rien à faire : toutes les portes sont verrouillées. Il perd patience.

 

17e: N'y tenant plus Piquet tente de déborder Patrese par l'intérieur devant les stands. L'Italien se rabat devant la Brabham à l'approche de Sainte-Dévote. Les roues entrent en contact: Piquet brise ses suspensions contre la barrière tandis que Patrese est envoyé contre le rail extérieur. L'Alfa y rebondit puis heurte l'arrière de Piquet dans une gerbe de flammes. Les deux machines tournoient et échouent dans les protections à Sainte-Dévote. Une épaisse fumée recouvre la piste. Fabi échappe au carnage, mais Laffite exécute un énorme tête-à-queue à 280 km/h. Par bonheur, il ne touche rien. Profitant de la dénivellation, il parvient à repartir sans l'aide des commissaires. Piquet et Patrese sont indemnes, mais la boîte de vitesses déchiquetée de l'Italien répand de l'huile sur la piste. Survient Alboreto qui surprit, glisse sur du lubrifiant et tire tout droit. Il évite le mur et se relance, mais entretemps Prost a pris la tête du GP.

 

18e: Les commissaires n'agitent pas les drapeaux jaunes à Sainte-Dévote. Surpris, Lauda dérape sur l'huile répandue par Patrese et se retrouve face au rail. Il cale et doit abandonner. Fabi se retire également, victime d'une défaillance de turbine. Pendant ce temps-là, Piquet et Patrese tombent dans les bras l'un de l'autre en éclatant de rire. Visiblement, jouer aux imbéciles ne les dégrise pas.

 

19e: Alboreto est déjà revenu sur les talons de Prost. Le Français n'est guère en mesure de riposter car sa wastegate est coincée. A la moindre surcharge de pression, le V6 TAG partira en fumée...

 

20e: Prost mène devant Alboreto (0.5s.), de Angelis (9.8s.), Rosberg (29.5s.), de Cesaris (30s.), Warwick (30.7s.), Mansell (37.3s.), Brundle (1m. 05s.), Boutsen (1m. 08s.), Laffite (-1t.) et Palmer (-1t.).

 

22e : Alboreto est blotti dans les échappements de Prost.

 

24e: A l'entame de ce tour, Prost manque un changement de rapport. Alboreto le déborde aisément par l'extérieur. Intelligemment, le Français n'insiste pas et rend ainsi la première place au pilote Ferrari.

 

25e : Alboreto compte une seconde de marge sur Prost. De Angelis évolue à dix secondes.

 

26e : Brundle s'arrête à son stand pour changer de pneus et remettre du fluide dans son circuit de freinage.

 

27e: Rosberg, de Cesaris et Warwick luttent pour la quatrième place.

 

28e : L'intervalle entre Alboreto et Prost se stabilise autour d'une seconde et demie.

 

29e: Prost est gêné dans ce tour par Boutsen qui tarde à s'écarter.

 

30e : Alboreto est en tête devant Prost (1.1s.), de Angelis (10.3s.), Rosberg (37.1s.), de Cesaris (37.8s.), Warwick (38.8s.) et Mansell (50.6s.).

 

31e: Rosberg rencontre comme son équipier des problèmes de freins. Il cède le passage à de Cesaris et à Warwick.

 

32e: Alboreto heurte le trottoir à l'épingle du Loews puis est victime d'une crevaison à l'arrière-gauche. Il laisse passer Prost à la Piscine, et entre aux stands pour changer de pneus. Il se fait doubler par de Angelis et de Cesaris et ne ressort qu'en quatrième position, juste devant Warwick et Rosberg.

 

34e: Reparti le couteau entre les dents, Alboreto remonte sur de Cesaris. Laffite prend la huitième place à Boutsen.

 

36e : Quinze secondes séparent Prost et de Angelis. Alboreto est revenu à huit secondes de de Cesaris.

 

37e : Boutsen change pour la seconde fois de pneumatiques.

 

38e : Alboreto est sur les talons de de Cesaris. On s'inquiète chez Ferrari, tant le jeune Romain peut être imprévisible... et Alboreto impatient lorsque la situation lui échappe.

 

39e: A Mirabeau, Alboreto fait l'intérieur à de Cesaris. Celui-ci se rabat devant son compatriote et lui laisse à peine l'espace nécessaire pour passer. L'accrochage est évité de justesse...

 

40e : Prost précède de Angelis (18.6s.), Alboreto (42.6s.), de Cesaris (46s.), Warwick (50.3s.), Rosberg (59s.), Mansell (1m. 10s.), Laffite (-1t.), Boutsen (-1t.), Palmer (-2t.) et Brundle (-3t.).

 

42e: Si Prost mène désormais tranquillement la course, Alboreto enchaîne les meilleurs tours et revient sur de Angelis.

 

44e : Prost roule à sa main afin de ne pas se faire surprendre par le comportement brutal de son moteur. Mais fort heureusement sa wastegate s'est décoincée. Mansell se rapproche de son compère Rosberg dont les pneus arrière sont abîmés.

 

46e: Prost compte vingt secondes d'avance sur de Angelis et une quarantaine de secondes sur Alboreto. Les deux Williams sont en bagarre pour la sixième place.

 

47e: Rosberg laisse passer Mansell à Mirabeau.

 

48e : Rosberg puis Mansell concèdent un tour à Prost.

 

50e : Prost est premier devant de Angelis (21s.), Alboreto (37s.), de Cesaris (42s.), Warwick (1m. 01s.), Mansell (-1t.), Rosberg (-1t.) et Laffite (-1t.).

 

52e: Rosberg revient au stand Williams pour changer de pneus. Il cède du même coup sa septième place à Laffite.

 

55e: Alboreto poursuit sa remontée et revient à moins de dix secondes de de Angelis.

 

57e : Alboreto roule comme en qualification. Il grappille deux secondes par tour à de Angelis. Son retard sur Prost tombe sous la barre des trente secondes. L'Italien s'en donne à cœur joie, frôlant les trottoirs et retardant au maximum ses freinages.

 

59e : Prost est leader devant de Angelis (25.2s.), Alboreto (26.8s.), de Cesaris (57.8.), Warwick (1m. 11s.), Mansell (-1t.), Laffite (-1t.), Rosberg (-1t.), Boutsen (-1t.), Brundle (-3t.) et Palmer (-3t.).

 

60e: Alboreto signe le meilleur tour en course: 1'22''637'''.

 

61e: De Angelis et Alboreto sont désormais roues dans roues. Après Sainte-Dévote, ils évitent Palmer, parti en tête-à-queue. Le jeune Anglais parvient à repartir.

 

62e: Un léger crachin commence à tomber sur la piste. Alboreto se montre dans les rétroviseurs de de Angelis.

 

64e: A l'abord de Sainte-Dévote, Alboreto plonge à l'intérieur et déborde de Angelis.

 

66e : Prost réplique au retour d'Alboreto en réalisant son meilleur chrono de la journée : 1'23''898'''. Mais le pilote Ferrari roule tout de même une seconde au tour plus rapidement.

 

67e: Prost compte vingt-six secondes d'avance sur Alboreto qui sème de Angelis

 

69e : L'averse se poursuit sur le Rocher. On constate que l'écart entre Prost et Alboreto ne diminue plus.

 

70e: Prost mène devant Alboreto (25.4s.), de Angelis (45.9s.), de Cesaris (1m. 14s.), Warwick, Mansell et Laffite à un tour. Suivent Rosberg, Boutsen, Brundle et Palmer.

 

72e: La pluie continue de tomber et la piste devient dangereusement glissante aux alentours du Casino. Les commissaires déploient les drapeaux rayés de jaune et de rouge.

 

74e: De Angelis ralentit en cette fin d'épreuve car il n'a presque plus de freins. Cela permet à de Cesaris de le rattraper. Laffite remonte sur Mansell.

 

75e : Prost possède une quinzaine de secondes d'avance sur Alboreto. Privé de freins, Mansell part en tête-à-queue à la sortie du tunnel et frotte le rail. Miraculeusement, sa suspension n'est pas endommagée et il peut poursuivre.

 

76e : L'adhérence devient précaire et tous les pilotes ralentissent.

 

77e: Laffite chipe la sixième place à Mansell à quelques encablures de l'arrivée.

 

78ème et dernier tour: Alain Prost remporte son deuxième Grand Prix de Monaco, suivi par Alboreto qui aura réalisé une course sensationnelle mais hélas malchanceuse. De Angelis complète le podium. De Cesaris finit quatrième après avoir mené un Grand Prix impeccable. Warwick inscrit ses deux premiers points de l'année. Laffite prend la sixième position. Viennent ensuite Mansell, Rosberg, Boutsen, Brundle et Palmer.

 

Après la course

Alain Prost grimpe les marches de la tribune princière en compagnie d'Alboreto et de Angelis. « Rassurez-vous, cette fois, je suis sûr de faire le poids » glisse-t-il malicieusement aux deux Italiens. Les sirènes des bateaux amarrés dans le port l'empêchent d'entendre les sifflets des tifosi qui ont fait le déplacement...

 

Prost est un vainqueur heureux: il a profité de l'abandon de Senna et du chapelet d'incidents ayant frappé Alboreto. Mais il a sagement conduit sa barque : « Alboreto et moi avons joué au chat et à la souris durant pratiquement toute la course, sans relâcher notre attention. Ma seule tactique a été de ne pas entrer dans une éventuelle bagarre avec les hommes de tête. Au contraire, j'ai laissé la course se décanter, sans trop attaquer [...] Sur la fin, lorsque j'ai senti la pluie arriver, j'ai bien sûr pensé à mes deux courses passées dans ces conditions. En 82 avec mon accident, en 84 avec ma demi-victoire. Cette fois, c'est sans bavure ! » Michele Alboreto enfouit sa déception : « Les six points que je prends ici me font plaisir. Ce fut une belle course, avec une énorme malchance. C'est le lot de chacun. La voiture était parfaite, le moteur et les pneus également... »

 

Les deux Ligier inscrivent des points. Les Bleus n'avaient pas réalisé une telle performance depuis 1982 ! « L'idéal serait d'obtenir une belle victoire... » rêve tout haut Guy Ligier. De son côté Jacques Laffite s'estime heureux d'être sorti sans dommage de la collision Patrese - Piquet. Mais lorsqu'on lui demande s'il est devenu trop dangereux de doubler à Monaco, le brave « Jacquot » se récrie : « Ce n'est pas une affaire de sécurité, mais une affaire de couil.... ! »

 

De Angelis (20 pts) conserve la première place du classement mondial devant Prost et Alboreto (18 pts chacun). Chez les constructeurs, Lotus-Renault compte 29 points contre 22 à Ferrari et 21 à McLaren-TAG-Porsche.

 

Grand Prix de Belgique initialement prévu le 2 juin 1985
Tony