Stefan JOHANSSON
 S.JOHANSSON
Ferrari
Michele ALBORETO
 M.ALBORETO
Ferrari
Alain PROST
 A.PROST
McLaren TAG Porsche

409o Gran Premio

XXIV Grand Prix du Canada
Cubierto
Montreal
domingo, 16 de junio de 1985
70 vueltas x 4.410 km - 308.700 km
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

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Constructore
Motor

Deux semaines après la mascarade ardennaise (Grand Prix de Belgique initialement prévu le 2 juin 1985), le paddock se retrouve à Montréal pour la cinquième manche du championnat. Comme partout ailleurs, l'accroissement des performances des turbos rend la sécurité précaire, notamment sur ce circuit Gilles-Villeneuve où le béton encercle la piste. Les S ultra-rapides qui suivent les stands, désormais abordés à 250 km/h, sont particulièrement redoutés.

 

La commission F1 de la FISA se réunit à Montréal et décide le report du Grand Prix de Belgique au 15 septembre. Le Grand Prix de New-York prévu pour le 6 octobre est une nouvelle fois annulé et remplacé par un Grand Prix d'Europe qui se tiendra à Brands-Hatch, comme en 1983. En outre, suite aux incidents d'Imola, la question de la diminution de la capacité des réservoirs revient sur la table. Tous les concurrents seraient favorables à un statu quo pour 1986, Ferrari exceptée. On s'interroge donc sur la position de Jean-Marie Balestre qui a déjà maintes fois changé d'opinion sur le sujet. Rappelons que les Accords de la Concorde requièrent l'unanimité pour chaque modification du règlement technique.

 

La saison des transferts est déjà lancée. La presse italienne affirme que René Arnoux serait sur le point de rejoindre Toleman, mais le team manager de cette écurie, Peter Gethin, affirme qu'il n'en a jamais été question. De son côté, la future écurie Beatrice Lola aurait proposé 3,5 millions de dollars à Nelson Piquet tout en prenant contact avec Gordon Murray ! Accaparé par son « super-business », Bernie Ecclestone devrait peut-être un peu mieux surveiller ce qui se passe sur ses terres... A signaler enfin que Dario Calzavara, l'ancien bras droit de Marco Piccinini chez Ferrari, a été nommé responsable des relations publiques de Pirelli F1. Pour s'exprimer trivialement, en voilà un qui va avoir du boulot...

 

Didier Pironi débarque au Québec pour commenter le Grand Prix pour le compte de Canal Plus. C'est la première fois qu'il se rend sur le circuit de Montréal depuis 1982. Il est assailli par de ténébreux souvenirs. Celui de son ami Gilles Villeneuve évidemment. Il songe aussi à l'infortuné Riccardo Paletti, tué au départ de l'épreuve de 1982 après avoir percuté sa Ferrari immobilisée... Mais le passé est le passé. Pironi est accueilli comme l'enfant prodigue par la Scuderia. Piero Lardi-Ferrari l'invite à prendre ses repas dans le motorhome de l'équipe italienne. Didier bavarde longuement avec Michele Alboreto, Stefan Johansson et Alain Prost. Il voit l'avenir avec optimisme. Sa démarche n'est plus altérée que par une légère claudication. Il a soif de compétition. « Pour un peu, j'aurais enfilé ma combinaison. Il n'y a que ça qui me manque... » glisse-t-il à Roger Zabel, son collègue de C+.

 

Ferrari teste à nouveau son compteur électronique de consommation Marelli, mais il sera débranché pour la course par peur qu'il entre en interférence avec les autres circuits électroniques de la 156. Alfa Romeo introduit des pontons à évacuation latérale essayés en soufflerie ainsi que de déflecteurs horizontaux ducarougiens. Cheever et Patrese bénéficient aussi du même ordinateur de bord que les McLaren, ce qui sera très utile pour surveiller la consommation du glouton V8 Alfa. Laffite reçoit sa JS25 allégée semblable à celle de de Cesaris. A noter qu'en qualifications, les six pilotes propulsés par Renault sont mus par l'EF14bis car seul celui-ci permet d'utiliser des gros turbos. L'écurie Zakspeed fait l'impasse sur la tournée nord-américaine afin de se concentrer sur le développement de sa voiture.

 

Chez Williams, Mansell et Rosberg étrennent un V6 Honda de type « E », à course allongée, plus puissant à bas régime et doté d'une large plage d'utilisation entre 8 500 (au lieu de 9 500) et 11 500 tours/minute. La FW10 reçoit des étriers de frein en carbone refroidis par un double conduit, ainsi qu'un compteur électronique fabriqué par Honda.

 

La prolifération des ordinateurs à Montréal n'est pas le fuit du hasard. Cette longue épreuve de 308 kilomètres nécessite une forte consommation. « Ici, on court avec sa tête, martèle Antonio Tomaini, l'ingénieur de Ferrari. Il ne suffit pas de foncer. La tactique est plus importante qu'ailleurs. » D'où la nécessité pour les pilotes d'être informés en temps réel de la quantité d'essence restant dans leur réservoir. « Sur des voitures fermées, il est relativement aisé de prévoir la consommation, explique Harvey Postlethwaite. Ce n'est pas le cas sur les monoplaces soumises à des forces latérales et longitudinales, ce qui entraîne une forte déperdition de carburant. [Avec l'informatique], je garantis de réduire les risques d'erreur d'évaluation à 1,5 %. »

 

Les qualifications

Le temps frais détourne les pilotes de l'usage des pneus hyper-tendres de qualification. En effet, les gommes arrière de ce type sont déjà dégradées alors que celles de l'avant ne sont pas encore parvenues à une température optimale. Tout le monde se rabat sur des pneus tendres de course. Alboreto est en haut de la feuille des temps le vendredi, mais il perd ses espoirs le lendemain à cause d'un incendie dû à une rupture de canalisation d'huile. Il laisse le champ libre aux Lotus-Renault qui monopolisent la première ligne. De Angelis souffle la pole à Senna pour trois centièmes de seconde. Alboreto est repoussé en seconde ligne où il retrouve son équipier Johansson, auteur enfin d'une belle prestation aux essais. Prost se classe cinquième au volant de sa McLaren tandis que Lauda, peu motivé et gêné par un... castor (!) dans un tour rapide, échoue à une piteuse 17ème place. Chez Renault, Warwick réussit un joli sixième chrono tandis que Tambay, handicapé par un sous-virage chronique, n'est que dixième. Les Arrows-BMW continuent de briller: Boutsen se classe septième malgré un violent accident le vendredi, Berger douzième. Les pilotes Williams apprennent à apprivoiser le nouveau moteur Honda. Rosberg est sixième ; Mansell, victime de nombreux pépins techniques, seizième.

 

Les Alfa Romeo de Cheever (11ème) et de Patrese (13ème) se sont faites remarquer par de spectaculaires pannes de moteur... Les pilotes Brabham pataugent toujours avec leurs pneus Pirelli. Piquet est neuvième et Surer, gêné par un gros rhume, vingtième. Bon dixième lors de la séance libre du vendredi matin, Alliot est victime l'après-midi d'un spectaculaire accident après que son capot-moteur s'est détaché. Il se qualifie finalement vingt-et-unième, sept places derrière Winkelhock. Les Ligier (de Cesaris 15ème, Laffite 19ème) ne brillent pas, faute d'adhérence de leurs pneus. Fabi (18ème) a cassé trois turbos Hart. Ghinzani, Bellof, Brundle et Martini ferment la marche.

 

Le Grand Prix

Lauda fait taire ses détracteurs qui l'accusaient de démotivation en signant le meilleur chrono du warm-up. Lors de l'échauffement, les Lotus rencontrent des problèmes de fiabilité: Senna fait changer son moteur tandis que de Angelis reçoit de nouveaux turbos. Suite à une fuite de sa pompe à essence, Fabi est contraint de s'élancer depuis les stands avec la Toleman de secours. En ce qui concerne les pneus, les pilotes Goodyear optent pour des pneus tendres à l'avant et des durs à l'arrière. Chez Pirelli, le type 3 tendre se retrouve sur les quatre roues.

 

Départ: Excellent envol de de Angelis qui garde la première place, suivi par Senna, Alboreto, Warwick, Johansson et Prost. Laffite a volé le départ mais ne gagne qu'une place. Il est dix-huitième.

 

1er tour: Piquet effectue quelques mètres au ralenti avant de renoncer. Il ne peut pas sélectionner ses vitesses au-delà du second rapport. De Angelis mène devant Senna, Alboreto, Warwick, Johansson, Prost, Tambay, Rosberg, Cheever et Boutsen.

 

2e: Senna n'attaque pas son coéquipier afin de ne pas consommer trop d'essence. Les pilotes se résignent à une course d'attente. Johansson attaque Warwick, sans succès. Tambay déborde Prost.

 

3e: Surpris par une Renault à la tenue de route désastreuse, Warwick exécute une pirouette à 360° en plein milieu du peloton. Fort heureusement, tout le monde l'évite et il peut remettre les gaz. Cet incident a été causé par la perte d'une barre anti-roulis.

 

4e: Les deux Lotus sont confortablement installées en tête. De Angelis compte deux secondes d'avance sur Senna et six secondes sur Alboreto. Cheever dépasse Boutsen. Fabi s'élance depuis les stands avec trois boucles de retard.

 

5e: Fabi revient à son garage après un tour à faible vitesse, faute de pression d'essence.

 

6e: Senna entre aux stands à la fin de ce tour. Il se plaint d'une chute de pression de suralimentation. Ses mécaniciens s'aperçoivent qu'une bride raccordement entre le turbo gauche et l'échappement s'est ouverte, et vont la colmater. Dans le peloton, de Cesaris part en tête-à-queue à la deuxième chicane et se retrouve dans le mauvais sens. Il tente de redresser sa machine mais ce faisant harponne Winkelhock. Celui-ci s'arrête dans l'herbe, suspension brisée, tandis que le maladroit Italien regagne son garage.

 

7e: De Angelis a cinq secondes secondes de marge sur Alboreto. Johansson est isolé tandis que Prost menace Tambay. Les mécaniciens de Ligier changent le museau de de Cesaris.

 

8e: Après avoir repris la piste, de Cesaris ne trouve rien de mieux à faire que de bloquer le leader de Angelis pendant quelques virages. Rosberg entre aux stands avec une commande de pression de suralimentation coincée. Il ne faut que quelques secondes à ses mécanos pour dégripper le bouton, mais le Finlandais chute au quatorzième rang.

 

9e: Alboreto remonte sur de Angelis. L'intervalle est descendu à quatre secondes et demie.

 

10e: De Angelis est en tête devant Alboreto (3.9s.), Johansson (8.8s.), Tambay (12.3s.), Prost (13.4s.), Cheever (22s.), Mansell (23.9s.), Boutsen (27.2s.), Patrese (30.6s.), Warwick (31.7s.), Lauda (32.4s.), Berger (44.4s.) et Laffite (45.5s.).

 

11e: Lauda dépasse Warwick à l'épingle du Casino. Senna a repris la piste avec cinq boucles de retard.

 

12e: Alboreto revient sur de Angelis. L'écart entre les deux Italiens n'est plus que de deux secondes et demie.

 

13e: Une seconde entre de Angelis et Alboreto. Johansson concède neuf secondes au leader.

 

15e: Alboreto est dans les échappements de de Angelis. Il l'attaque par l'extérieur à la chicane, mais le pilote Lotus ne lui laisse aucune place et conserve sa position. Alboreto retente sa chance à l'épingle mais à nouveau le Romain pare la manœuvre.

 

16e: Dans les Esses qui suivent les stands, Alboreto parvient à déborder de Angelis par l'extérieur. Le voici en tête.

 

17e: Lauda prend la neuvième place à Patrese.

 

18e: Prost lit sur son ordinateur de bord qu'il tombera en panne sèche s'il n'adopte pas un rythme plus faible. Il abandonne donc la poursuite de Tambay.

 

20e: Alboreto devance de Angelis (1.8s.), Johansson (6.6s.), Tambay (9.3s.), Prost (12.4s.), Cheever (29.1s.) et Mansell (29.4s.). Lauda double Boutsen. Alliot est au stand RAM pour faire refixer son capot-moteur ainsi qu'un collier de turbo.

 

21e: Mansell menace la sixième place détenue par Cheever.

 

22e: A l'abord de l'épingle, Rosberg prend l'aspiration derrière Warwick et se déporte à l'extérieur pour le passer. Mais le Finlandais met une roue dans la poussière, part en tête-à-queue... et parvient étonnement à maîtriser son embardée. Retrouvant immédiatement sa première vitesse, il reprend la piste comme si de rien n'était. Un nouvel exemple de son exceptionnelle adresse. Il doit cependant repasser par les stands pour changer ses gommes abîmées.

 

23e: Alboreto est le pilote le plus rapide et creuse l'écart sur de Angelis. Mansell double Cheever. A la chicane avant l'épingle, Tambay fait face à un Martini récalcitrant à le laisser passer. L'Italien s'accroche à l'extérieur et finalement mord la poussière. Il part en tête-à-queue avant de repartir.

 

24e: Martini est dans les stands pour changer de pneus suite à sa collision avec Tambay.

 

25e: Alboreto klaxonne derrière Surer. Dans un virage le Suisse ferme la porte au nez du leader, qui doit monter sur un vibreur pour éviter l'accrochage. Cela permet à de Angelis de revenir juste derrière la Ferrari. Warwick heurte un rail et doit s'arrêter sur le bas-côté.

 

26e: Surer laisse enfin passer Alboreto, puis de Angelis.

 

27e: Alors onzième, Laffite est accusé par les commissaires de course d'avoir volé le départ.

 

30e: Alboreto mène devant de Angelis (1.2s.), Johansson (8.4s.), Tambay (11.1s.), Prost (17s.), Mansell (36.7s.), Cheever (38s.), Lauda (48.8s.), Boutsen (1m. 02s.), Patrese (1m. 03s.), Rosberg (1m. 21s.) et Laffite (1m. 22s.).

 

31e: Dans la rapide courbe à gauche qui ramène vers l'épingle à cheveu, la RAM d'Alliot exécute une embardée et se fracasse contre le mur. Le Français s'en sort indemne.

 

32e: Le drapeau blanc est brandi dans la zone de l'épingle du Casino où une camionnette évacue la RAM blessée.

 

34e: De Angelis se débat avec un châssis de plus en plus sous-vireur et commence à perdre le contact avec Alboreto.

 

35e: Alboreto possède deux secondes d'avance sur de Angelis. Rosberg prend la dixième place à Patrese.

 

36e: Très rapide, Rosberg dépasse Boutsen.

 

38e: Ghinzani s'arrête dans l'herbe, en panne d'alimentation. Lauda est dans les stands. Son moteur Porsche ne fonctionne plus à cause d'une fuite d'eau. C'est un nouvel abandon pour le champion du monde. Avec trente-cinq tours de retard (!), Fabi reprend la piste.

 

39e: Fabi revient de nouveau à son stand.

 

40e: Alboreto est leader, suivi par de Angelis (4.4s.), Johansson (10.8s.), Tambay (20.8s.), Prost (27.3s.), Mansell (57.8s.), Cheever (1m. 09s.), Rosberg (1m. 22s.), Boutsen (-1t.), Patrese (-1t.), Laffite (-1t.) et de Cesaris (-1t.).

 

42e: Alboreto mène devant de Angelis (5.3s.), Johansson (14s.), Tambay (20.4s.), Prost (27.3s) et Mansell (1m. 01s.).

 

43e: Rosberg efface Cheever et se lance maintenant à la poursuite de son équipier.

 

45e: Désormais dix-septième, Senna signe le meilleur tour en course: 1'27''445'''. La neuvième place est disputée entre Boutsen, Patrese et Laffite.

 

46e: Le temps de réponse du V6 de de Angelis s'allonge. Bien que son propre moteur ne tourne par exactement rond, Johansson rattrape le jeune Italien. Laffite double Patrese.

 

47e: Laffite double Boutsen dont la pression de suralimentation fluctue. Fabi effectue encore un tour au ralenti et est rappelé à son stand, cette fois pour de bon.

 

48e: Les pneus de de Angelis commencent à se dégrader. L'Italien a perdu du terrain sur Alboreto et voit remonter Johansson. A cause d'une rupture de pignon, Tambay n'a plus l'usage de son quatrième rapport. Prost le rattrape facilement.

 

50e: Prost déborde un Tambay très lent. Johansson est revenu derrière de Angelis et l'attaque par l'extérieur à l'épingle. Mais l'Italien emmène le Suédois vers la poussière et ce dernier ne peut que lever le pied pour éviter un tête-à-queue.

 

51e: A la toute fin de ce tour, en sortant de l'épingle, Johansson se place dans l'aspiration de la Lotus de de Angelis. Il le déborde par l'extérieur, mais une roue dans l'herbe et parvient à doubler sur la ligne de chronométrage.

 

52e: Johansson est plus rapide que son équipier et peut envisager la victoire.

 

53e: Rosberg prend la sixième place à Mansell.

 

54e: Quatre secondes entre Alboreto et Johansson. Rosberg revient très facilement sur Tambay. Mansell est bloqué par Patrese qui a perdu quelques places. Le dixième est désormais de Cesaris qui a doublé Boutsen.

 

55e: Prost est aux trousses de de Angelis. Rosberg s'empare de la cinquième position aux dépens de Tambay.

 

56e: Johansson est à deux secondes de son équipier et paraît bien en mesure de lui chiper la victoire. Mais il est gêné dans ce tour par Martini.

 

57e: Johansson est dans les roues d'Alboreto mais son moteur continue de cafouiller. Marco Piccinini s'alarme et ordonne au Suédois de se tenir tranquille.

 

58e: Prost n'est plus qu'à deux secondes de de Angelis. Alboreto accroît sa pression de suralimentation pour semer Johansson. Mansell double Tambay et fait son retour dans la zone des points.

 

59e: Cheever est au ralenti à cause d'une panne d'alimentation. Il regagne le stand Alfa Romeo.

 

60e: Alboreto précède Johansson (2.1s.), de Angelis (16.2s.), Prost (16.9s.), Rosberg (47.9s.), Mansell (1m. 07s.), Tambay (1m. 14s.), Laffite (-1t.), de Cesaris (-1t.) et Boutsen (-1t.). Martini tombe en panne d'essence.

 

61e: Alboreto compte une seconde et demie d'avance sur son coéquipier. Prost se montre dans les rétroviseurs de de Angelis.

 

62e: Prost attaque et dépasse de Angelis à la quatrième chicane.

 

63e: De Cesaris termine la course à très faible allure car ses freins en carbone se sont désagrégés.

 

65e: Alboreto a relégué Johansson à trois secondes. Rosberg remonte à pas de géants sur de Angelis. Cheever a repris la piste en dernière position.

 

67e: Johansson est désormais sous la menace de Prost. Le prudent Français a mieux conservé ses gommes que ses adversaires et gagne trois secondes par tour sur les Ferrari.

 

68e: Rosberg dépasse un de Angelis à l'agonie. Autre pilote en grandes difficultés, Tambay cède sa septième place à Laffite.

 

69e: Prost est dans les roues de Johansson. Mais la pompe à essence de la McLaren s'affole. Plutôt que de revivre le scénario d'Imola, Alain baisse le pavillon.

 

70ème et dernier tour: Les trois leaders sont gênés par de Cesaris qui finit la course au ralenti. Prost perd de précieuses secondes derrière la Ligier, ce qui sauve peut-être la seconde place de Johansson.

 

Michele Alboreto remporte sa quatrième victoire en F1. Johansson est deuxième et permet ainsi à Ferrari d'obtenir son premier doublé depuis deux ans. Prost termine troisième. Rosberg finit quatrième et inscrit ses premiers points de la saison. Le Français et le Finlandais stoppent dans l'herbe sitôt la ligne d'arrivée franchie. De Angelis et Mansell prennent les derniers points. Suivent Laffite, Tambay, Boutsen, Patrese, Bellof, Brundle, Berger, de Cesaris, Surer, Senna et Cheever.

 

Laffite reçoit une pénalité d'une minute pour avoir anticipé le départ, ce qu'il conteste formellement. Quoiqu'il en soit, il perd une position au profit de Tambay.

 

Après la course

Alboreto et Johansson n'offrent pas seulement un doublé à la Scuderia, mais tout simplement sa première victoire depuis le GP de Belgique 1984. Les Rouges reviennent de très loin et sont maintenant en mesure d'imposer leur loi à la concurrence. Alboreto conserve tout de même son flegme: « Victoire presque facile... Il me semble que j'étais beaucoup mieux que les Lotus en freins et en adhérence [...] Je dois cette victoire au travail de tous. Je tiens les promesses entrevues en Belgique. Je n'ai jamais eu peur de manquer d'essence. Tout était bien calculé. » Johansson pouvait-il le doubler en fin de course ? Les versions des deux équipiers ne concordent pas tout à fait. « J'étais libre de le passer, assure le blond Suédois. Il n'y avait aucun ordre contraire et je n'ai vu aucun panneau du stand m'ordonnant de ralentir. Malheureusement, lorsque je me suis collé à Michele, il a accéléré si fort que ça m'a découragé pour le reste de la course ! » « Si Stefan m'a rattrapé, c'est parce que j'avais ralenti pour économiser du carburant, répond Alboreto. Par sécurité. Il a d'ailleurs très vite compris... »

 

Au moins, Enzo Ferrari est désormais certain qu'il a dans son équipe deux battants, ce qu'il savoure par-dessus tout.

 

La superbe prestation des Ferrari va de pair avec les faiblesses affichées par les McLaren. « Un Grand prix de m****... soupire Alain Prost. Rien de franchement mauvais, rien de franchement bien... J'ai mené une course strictement tactique, rien de plus. » La MP4/2B consommait trop sur ce tracé de Montréal : Prost a terminé avec un seul petit litre dans son réservoir. Il n'avait donc pas les moyens de s'en prendre aux Ferrari.

 

Comme souvent, les Lotus-Renault n'ont pas confirmé en course leur vélocité des essais. Elio de Angelis espérait l'emporter pour creuser l'écart au championnat. Il est très déçu: « Je n'ai jamais cru vaincre aussi intensément qu'aujourd'hui. Mais j'ai perdu de la puissance motrice au fil des tours. Et les pneus se sont abîmés. » Certains observateurs déplorent que l'Italien n'ait pas le sens de l'attaque d'Ayrton Senna. Peter Warr plaide en sa faveur: « Elio a un talent exceptionnel, très différent de celui de Senna. Il n'est pas toujours le plus rapide, bien qu'il ait ici dominé Ayrton. Mais il sait finir. On lui reproche d'être conservateur. C'est faux. Moi, je le félicite pour son intelligence... »

 

Alboreto est sans conteste le grand vainqueur du jour. Il s'empare de la tête du championnat avec 27 points contre 22 à de Angelis et à Prost. Ferrari prend la première place du championnat des constructeurs, avec six points de mieux que Lotus et douze de plus que McLaren.

Tony