Niki Lauda négocie son retour à la compétition
Niki Lauda est à Monza, et pas pour faire du tourisme. On le surprend en grande conversation avec Ron Dennis, Teddy Mayer et John Hogan. Ceux-ci tentent de l'attirer chez McLaren pour 1982. Dennis est persuadé que Lauda est le pilote qui permettra à l'équipe anglaise de revenir au premier plan. Mais il n'est pas seul sur les rangs. Lié à Parmalat, l'Autrichien pourrait retourner chez Brabham. Il conserve de bonnes relations avec Bernie Ecclestone qui s'inquiète du départ éventuel de Nelson Piquet chez Ligier ou Ferrari.
Lauda a besoin de capitaux frais pour sortir sa compagnie aérienne de la panade. Si sa passion pour la course est intacte, l'argument financier primera tout de même sur le projet sportif. Grâce à Marlboro, McLaren a un coup d'avance sur Brabham...
Présentation de l'épreuve
Après une escale à Imola, le Grand Prix d'Italie est de retour dans le temple de la vitesse, l'autodrome de Monza. Malgré quelques travaux de modernisation, celui-ci reste toujours obsolète. Les tifosi sont présents en nombre, animés par une passion fanatique. Ils s'agglutinent contre les grillages, grimpent aux arbres, sur les échafaudages, sont prêts à tout pour apercevoir, et pourquoi pas toucher, leurs chères Ferrari. Gilles Villeneuve est ici considéré comme un dieu vivant. Même si ses deux victoires à Monaco et à Jarama ont été sans lendemain, ses prouesses au volant ravissent ces authentiques esthètes que sont les supporteurs italiens. Après « Il grande Surtees », on parle désormais d'« il grande Villeneuve ». Jamais un pilote n'aura été aussi populaire en Italie depuis peut-être Alberto Ascari. Son équipier Didier Pironi, moins flamboyant qu'en 1980 avec Ligier, apparaît plus en retrait. Cette saison lui a permis de prendre ses marques à Maranello. Il n'y a en tout cas nulle trace de rivalité entre les deux coéquipiers : Villeneuve et Pironi sont les meilleurs amis de monde.
Geoff Lees n'est pas parvenu à obtenir un volant permanent en Formule 1 cette saison. Il se rattrape en remportant le championnat d'Europe de Formule 2. Il s'est assuré de cette couronne le 6 septembre par une deuxième place à Misano derrière Michele Alboreto, qui lui est désormais titulaire en F1 chez Tyrrell. Au classement européen Lees devance le Belge Thierry Boutsen et les Suédois Eje Elgh et Stefan Johansson.
Les Renault RE30 sont désormais munies d'une large prise d'air sur les pontons, destinée aux radiateurs et qui augmente le rendement de l'aileron arrière. Les Ligier JS17 ont de nouvelles coques et les ingénieurs installent des prises d'air sur le haut des pontons, comme sur les Renault. Cela permet aux voitures bleues de rouler avec moins d'incidence à l'arrière.
Gérard Ducarouge poursuit son travail chez Alfa Romeo : les 179 utilisent maintenant deux nouvelles coques redessinées « à la mode Ligier ». Giacomelli utilise une 179C à empattement court, Andretti une D à empattement long. Déception néanmoins : le moteur turbocompressé milanais n'est pas présent. Il n'apparaîtra pas avant 1982. Chez Lotus, les 87 inaugurent de nouvelles boîtes à air et une nouvelle géométrie de suspension. Peu compétitive depuis son lancement, la Tyrrell 011 a été sensiblement modifiée par Maurice Philippe : nouvelles suspensions et empattement rallongé d'où nouvelle répartition des masses. La Theodore continue d'être transformée et arbore des pontons latéraux inédits. Arrows a testé avec Pirelli des pneumatiques de type asymétrique qui ont donné satisfaction.
Osella inaugure la tout neuve et très fine FA1C. La coque et les suspensions ont été redessinées par l'ingénieur Valentini. Un exemplaire est donné à Jean-Pierre Jarier. Beppe Gabbiani utilise l'ancien modèle.
Alan Jones apparaît à Monza avec deux doigts bandés à la main gauche. Il s'est en effet querellé quelque peu vivement avec un automobiliste londonien... Son équipier Carlos Reutemann est visiblement nerveux, angoissé. Depuis quelques semaines, rien ne va plus pour l'Argentin qui dominait le championnat. En témoigne son accrochage avec Jacques Laffite à Zandvoort. Nelson Piquet l'a rattrapé en tête du classement. De plus Frank Williams lui met la pression concernant un éventuel futur contrat. Reutemann n'a pas envie d'être pilote n°2 pour une troisième année consécutive, qui plus est de nouveau aux côtés d'Alan Jones. Mais il n'a pas beaucoup d'autres options et ne sait pas ce qu'il fera en 1982. Carlos ne retrouve le sourire que lorsqu'apparaît son maître Juan Manuel Fangio. Le grand champion, qui vient de fêter ses 70 ans, effectue quelques tours d'exhibition avec l'Alfa Romeo 159 au volant de laquelle il a remporté le titre mondial trente ans plus tôt. Le toujours fringant Luigi Villoresi apparaît lui au volant de la Lancia D50.
Les qualifications
Les Renault monopolisent le haut de la feuille des temps. Arnoux donne sa pleine mesure et obtient sa quatrième pole position de la saison. Prost a en revanche rencontré une foule de petites avaries et subi une touchette avec de Cesaris le samedi. Il n'est que troisième. Reutemann réalise le réel exploit de se glisser entre les deux Renault. C'est la première fois depuis Dijon-Prenois qu'une brèche est percée dans le « mur jaune ». Gênés par ses pansements aux doigts, Jones obtient une satisfaisante cinquième place au volant de son mulet. Laffite se hisse en deuxième ligne aux côtés de Prost, tandis que Tambay ne décroche qu'une décevante quinzième place. Piquet se contente du sixième rang après une sortie de route le samedi après-midi. Le brave Rebaque est quatorzième. Watson classe la McLaren MP4 en septième position. De Cesaris s'est - évidemment... - crashé le vendredi et n'est que 16ème. Pironi est sorti violemment à Lesmo le vendredi et s'est fait mal aux côtes. Il est tout de même huitième, juste devant Villeneuve qui a cassé plusieurs moteurs. Viennent ensuite les Alfa Romeo et les Lotus. Giacomelli et Andretti encadrent de Angelis et Mansell (honneur aux Italiens !)
Les Tyrrell 011 ne brillent toujours pas (Cheever 17ème et Alboreto 22ème). Jarier est dix-huitième avec la nouvelle Osella, ce qui est un peu décevant. Si Daly, Borgudd et Salazar sont des habitués des bas-fonds, ce n'est pas le cas de Patrese (20ème) qui se plaint de pneus Pirelli inefficaces et d'une Arrows trop lourde à cause de nouveaux dispositifs de fixation de jupes. Enfin, on sable le champagne chez Toleman-Hart : Henton arrache la 23ème place et qualifie donc pour la première fois la TG181. Cela tombe à merveille : Monza est l'épreuve nationale de Candy, le principal commanditaire de l'équipe...
Pas de miracle en revanche pour Warwick, éliminé comme Rosberg, Serra, Surer et Stohr.
Le samedi soir, en quittant le circuit, Jean-Pierre Jarier est victime d'un accident de la circulation dont il sort indemne, mais dans lequel un cycliste perd la vie. Moralement touché, le pilote français décide de prendre tout de même part au Grand Prix.
Le Grand Prix
Peu avant le démarrage, Jean-Marie Balestre réunit les pilotes et leur annonce qu'en cas de carambolage au départ, un deuxième envol ne sera pas donné et que les pilotes responsables seront durement sanctionnés. Il vise principalement Gilles Villeneuve, spécialiste des « envols canons » dont la cabriole lors du départ du Grand Prix des Pays-Bas a fait couler de l'encre.
Une pluie fine tombe sur le circuit au moment du départ. L'orage menace, le fond de l'air est très lourd. On craint l'irruption d'une plus forte averse durant le Grand Prix.
Prost s'élance en pneus Michelin tendres comme à Zandvoort. Reutemann a choisi une configuration aérodynamique ultra-fine, pour piste sèche, tandis que Jones au contraire croit à une course sous la pluie et préfère mettre de l'appui sur sa Williams.
Tour de formation : Le moteur de Rebaque cafouille. Le Mexicain doit être poussé vers les stands par les mécaniciens de... March. Alboreto partira lui aussi des stands à cause d'une commande d'accélérateur bloquée.
Départ: Prost jaillit de la deuxième ligne, passe Reutemann sans difficulté puis déborde Arnoux par l'intérieur à la première chicane. Excellent envol de Pironi qui passe de la huitième à la quatrième place. Andretti et Cheever ont « collé » leurs embrayages et s'élancent avec retard.
1er tour: Reutemann double Arnoux dans la Curva Grande, imité à la deuxième chicane par Pironi. Le pilote Ferrari s'attaque ensuite à l'Argentin et s'empare de la deuxième place à la Variante Ascari. Jones double Laffite au même endroit. Prost mène devant Pironi, Reutemann, Piquet, Jones et Laffite en bagarre, Villeneuve, Giacomelli et de Angelis. Parti des stands, Rebaque renonce suite à un court-circuit au niveau de sa platine d'allumage.
2e: Piquet se fait passer en début de tour par Jones, Laffite et Villeneuve. Plus loin, Laffite double Jones à la deuxième chicane.
3e: Prost compte deux secondes d'avance sur Pironi. Reutemann, Arnoux et Laffite sont juste derrière la Ferrari. Villeneuve déborde Jones à la première chicane. Giacomelli effectue la même manœuvre sur Piquet quelques secondes plus tard, de même que Watson sur de Angelis.
4e: Arnoux dépasse Reutemann par l'intérieur à la première chicane. Giacomelli dépasse Jones.
5e: Arnoux se débarrasse de Pironi qui ne parvenait pas à s'échapper. Laffite de son côté vient à bout de Reutemann à la Parabolica. Quatre Français occupent les quatre premières places.
6e: Cinq secondes séparent Prost et Arnoux. Laffite passe Pironi. Le moteur turbo de Villeneuve explose en un nuage de fumée. Le Canadien revient à son stand pour abandonner.
7e: Reutemann repasse Pironi qui souffre de sous-virage. Giacomelli perd deux places face à Jones et à Piquet.
8e: Prost précède Arnoux de cinq secondes et demie. Reutemann double Laffite.
9e: Prost réalise son meilleur chrono de la course (1'37''702'''). Victime d'une crevaison lente, Laffite perd une place face à Pironi dans la Parabolica. Jones et Piquet sont en embuscade.
10e: Dans la ligne droite principale Jones déborde successivement Laffite puis Pironi. Opportuniste, Piquet passe le pilote Ligier en difficulté. Plus loin, le Brésilien double à son tour Pironi tandis que Giacomelli double Laffite.
11e: Prost mène devant Arnoux (5.6s), Reutemann (11.2.), Jones (13.5s.), Piquet (15.4s.), Pironi (18.6s.), Giacomelli (20s.) et Watson (23s.). Laffite perd encore deux places face à Watson et Daly. Mansell s'arrête au stand Lotus après avoir endommagé une jupe contre une bordure. Il repart peu après.
12e: Le pneu arrière gauche de Laffite explose dans la première ligne droite. La Ligier s'échoue dans les graviers et Laffite doit mettre pied à terre. Jones prend la troisième place à Reutemann. La pluie fait son apparition dans le secteur de la Parabolica. Borgudd part en tête-à-queue à cet endroit et s'ensable. C'est fini pour lui.
13e: Arnoux revient sur Cheever dans la Parabolica. Malheureusement l'Américain glisse et part en toupie. Le Français fait un écart pour l'éviter et quitte la route. Arnoux est ensablé et Cheever en panne d'embrayage : c'est l'abandon pour eux. Daly part en tête-à-queue au même endroit mais parvient à repartir. Auteur d'une superbe remontée, Tambay est maintenant huitième.
14e: Salazar voit un de ses pneus exploser et se plante dans les graviers à la deuxième chicane. Giacomelli prend la cinquième place à Pironi. Dans la Parabolica les commissaires se hâtent de dégager la Tyrrell de Cheever qui est toujours sur la piste.
15e: Prost a 14 secondes d'avance sur Jones. Giacomelli dépasse Piquet. De son côté le surprenant Tambay se débarrasse de Watson et se retrouve septième sur la Ligier rescapée.
16e: Reutemann sombre au volant d'une voiture privée d'adhérence sur cette piste légèrement humide. Il se fait dépasser successivement par Giacomelli, Piquet, Pironi, Tambay et Watson.
17e: Tambay passe Pironi à la Variante Ascari et pointe désormais en cinquième position. Le pilote Ferrari essaie de récupérer sa place avant la parabolique, sans succès.
18e: L'averse a cessé. Prost mène devant Jones (16.1s.), Giacomelli (23.6s.), Piquet (27.5s.), Tambay (27.8s.), Pironi (28.1s.), Watson (29s.) et Reutemann (33s.).
19e: Tambay attaque Piquet dans la ligne droite devant les tribunes et le dépasse.
20e: Pironi déborde Piquet dans la première chicane. Abandon de Patrese qui n'a plus l'usage de sa cinquième vitesse. En poursuivant Piquet dans le second Lesmo, Watson glisse sur le vibreur et part en travers. La McLaren heurte très violemment le rail extérieur par l'arrière. Le choc est si violent que le train arrière et le bloc moteur se détachent en une gerbe de flammes et reviennent sur la piste. Alboreto qui suivait la McLaren doit faire un écart dans l'herbe pour éviter les débris et perd lui-aussi le contrôle de sa machine, traverse la piste et tape les glissières. Fort heureusement les deux pilotes, et particulièrement Watson, s'en sortent sans dommage. Reutemann a ralenti pour éviter Watson et Andretti en a profité pour le doubler.
21e : Prost est premier devant Jones (16.5s.), Giacomelli (35s.) et Tambay (36s.). Mansell sort de la route puis revient en piste mais regagne aussitôt son stand. Il met pied à terre car il a endommagé une suspension dans son escapade.
22e: Tandis que Tambay menace Giacomelli, Piquet reprend la cinquième place à Pironi.
23e: Tambay a roulé sur un débris de la voiture de Watson. Son pneu arrière gauche éclate à la seconde chicane, ce qui l'envoie en tête-à-queue dans le bac à sable. Les deux Ligier sont hors course. C'est très dommage pour Tambay qui pouvait très certainement prétendre au podium.
25e : Prost a seize secondes de marge sur Jones. Giacomelli évolue à trente-quatre secondes.
26e: Giacomelli ralentit à cause d'une avarie de son sélecteur de vitesses. Il se fait dépasser par Piquet et Pironi puis revient à son stand et y reste bloqué une minute. Il ne repart qu'en dixième position après une réparation de fortune.
27e: Prost mène devant Jones (17.7s.), Piquet (34.6s.) Pironi (36.1s.), Andretti (44.6s.) et Reutemann (50.4s.). Suivent de Cesaris, de Angelis, Daly, Giacomelli, Jarier et Henton.
28e : Jarier et de Cesaris se touchent à la première chicane mais peuvent chacun continuer.
30e : Il pleut de nouveau, cette fois-ci à grosses gouttes. Va-t-on devoir chausser les pneus rainurés ? Prost devance Jones de 18 secondes. Au troisième rang Piquet a pris une seconde et demie d'avance sur Pironi.
31e: Giacomelli est de retour à son stand pour faire vérifier à nouveau son sélecteur de vitesses. Il repart avant-dernier.
32e : Prost est premier devant Jones (18.7s.), Piquet (40s.), Pironi (45s.), Andretti (52s.), Reutemann (53s.), de Angelis (1m.) et de Cesaris (1m. 01s.).
33e: Reutemann reprend la cinquième place à Andretti. Sa voiture est de nouveau adaptée à une piste sèche. De Angelis dépasse de Cesaris.
34e : La pluie s'est arrêtée pour de bon. Les pilotes vont demeurer en slicks jusqu'à l'arrivée.
35e : Prost mène devant Jones (16.2s.), Piquet (43s.), Pironi (50.9s.), Reutemann (57.7s.), Andretti (59.9s.), de Angelis (1m. 04s.) et de Cesaris (1m. 06s.).
37e: Reutemann est revenu sur Pironi et l'attaque à la deuxième chicane puis à la Parabolica, sans succès. Le pilote français est gêné par un trou dans sa carrosserie qui répand de l'air brûlant dans son cockpit. Il souffre aussi des côtes suite à son accident lors des essais.
38e: Après avoir pris l'aspiration derrière Pironi dans la Variante della Roggia, Reutemann plonge à l'intérieur à la chicane et s'empare de la quatrième place.
39e : Daly abandonne avec une boite de vitesses cassée. Il avait perdu ses deuxième et troisième rapports.
40e : Dix-sept secondes séparent Prost et Jones. Reutemann est revenu à dix secondes de Piquet.
41e: Andretti est au ralenti car son volant-moteur s'est désaccouplé. Le champion du monde 78 revient au stand Alfa pour abandonner. De Angelis remonte sur Pironi toujours aussi handicapé.
43e : Reutemann est désormais à huit secondes et demie de Piquet. La bataille pour le championnat semble devoir s'engager. Si les choses restent en l'état, Piquet prendra la première place avec un point d'avance sur Reutemann.
44e: De Angelis déborde Pironi par l'intérieur dans la Parabolica.
45e: L'écart est stable entre Prost et Jones. Piquet réagit au retour de Reutemann et obtient le meilleur tour en 1'37''598''', temps battu par Jones deux tours plus tard.
48e: L'écart entre Prost et Jones est tombé à huit secondes. Le Français protège sa mécanique. Reutemann signe le meilleur tour de la course (1'37''528''') et revient à cinq secondes et demie de Piquet.
50e : Prost est premier devant Jones (9.2s.), Piquet (46.3s.), Reutemann (51.2s.), de Angelis (1m. 19s.) et Pironi (1m. 27s.).
51e : Jones a cassé un ressort de soupape et doit ménager son V8. Prost a augmenté son avance de six secondes en un tour. Reutemann a encore quatre secondes de retard sur Piquet et ne songe plus à le rattraper.
52ème et dernier tour: Coup de théâtre: le moteur de Piquet part en fumée dans la Curva Grande ! Le Brésilien continue encore pendant quelques centaines de mètres avant de stopper. Reutemann prend la troisième place. Mais dans son malheur le Brésilien a de la chance: de Cesaris, qui aurait dû récupérer la sixième place, sort de la piste suite à une crevaison et par conséquent ne voit pas non plus le drapeau à damiers.
Alain Prost remporte sa troisième victoire de la saison devant les Williams de Jones et de Reutemann. De Angelis termine quatrième malgré un moteur qui a ratatouillé une bonne partie de l'épreuve. Pironi est cinquième et sauve l'honneur de la Scuderia en Italie. Malgré son abandon, Piquet parvient à inscrire un point précieux. De Cesaris est lui aussi tout de même classé, en septième position, devant Giacomelli, Jarier et Henton qui amène la Toleman-Hart à l'arrivée pour sa première apparition en course.
Après la course
Prost est le premier Français à remporter trois courses durant la même saison. Le motorhome Renault est envahi par des tifosi curieux de voir de près ces « Francesi » qui font la nique à leurs chères Ferrari et aux détestées voitures britanniques. Les mécaniciens de la Régie n'en ont cure et fêtent leur triomphe par une bataille de bouteilles d'eau.
Reutemann n'effectue pas de tour d'honneur et regagne les stands très mécontent. Il espérait que Frank Williams donne l'ordre à Jones de s'effacer à son profit, afin de prendre deux points de plus d'avance sur Piquet. Il n'en a rien été. Williams refuse d'interférer dans la lutte pour le titre, dont du reste Jones n'est pas encore exclu. Mais, fâché, Reutemann refuse de monter sur le podium.
Pendant ce temps-là, les spectateurs sont très contents de voir John Watson sur pied après son effrayant accident à Lesmo. Un brin désinvolte, l'Irlandais affirme que ce crash n'était pas si effrayant que ça et qu'il ne s'est même pas aperçu que sa voiture brûlait. Surtout, c'est un examen réussi pour la coque en en fibre de carbone imposée par John Barnard qui a démontré sa robustesse.
Reutemann reprend la tête du championnat du monde avec 49 points contre 46 à Piquet. Cependant Prost et Jones, avec 37 points chacun, demeurent en lice. Le jeune Français et le pilote australien ont dominé les dernières courses et peuvent donc très bien coiffer les deux Sud-Américains sur le fil. En revanche pour Laffite (34 pts) la tâche devient très ardue : il lui faudra absolument gagner à Montréal pour espérer conserver des chances de titre jusqu'à la dernière manche.
En ce qui concerne le championnat des constructeurs, Williams se rapproche de sa deuxième victoire consécutive. Elle possède vingt-neuf points d'avance sur Brabham, ce qui signifie qu'à moins d'un très improbable doublé Brabham au Canada couplé à deux abandons des Williams, la messe est dite. Renault est désormais solidement installée au troisième rang devant Talbot-Matra et Ferrari.
Alan Jones annonce sa retraite
Vus les déboires de Carlos Reutemann, on s'attend à ce que celui-ci annonce sa prochaine retraite. Et pourtant : surprise ! Au soir de Monza, c'est Alan Jones qui fait part de sa décision de quitter la Formule 1 à la fin de la saison. Et ce alors qu'il avait signé avec Frank Williams un pré-accord pour 1982. Il met en avant son désir de passer plus de temps auprès de sa femme Beverly et de son fils Christian, notamment dans la gigantesque ferme qu'il vient d'acquérir en Australie. Mais il dénonce aussi les règlements imposés par la FISA et les querelles politiques incessantes. Indomptable bagarreur, Jones est las de toutes ces tracasseries et ne s'amuse plus en Formule 1. Cette saison 1981 difficile, au cours de laquelle il a fait face à la rébellion de Reutemann et à une poisse persistante, l'a énormément frustré.
Jones va donc tirer sa révérence un an tout juste après avoir obtenu la couronne mondiale, exactement comme Jody Scheckter il y a douze mois.
Tony