Talbot-Ligier: Jabouille se retire, Tambay arrive
Jean-Pierre Jabouille est courageusement revenu à la compétition après son terrible accident au Grand Prix du Canada 1980 qui l'a gravement blessé aux jambes. Mais malheureusement il n'est pas parvenu à retrouver son niveau de naguère. Complètement dominé par son coéquipier et beau-frère Jacques Laffite, il s'est jusqu'ici contenté de se battre pour sa qualification. Guy Ligier fait comprendre à Jabouille la nécessité de se retirer via leur ami commun Jean-Pierre Paoli. Jabouille accepte d'abandonner le volant en échange d'un poste de conseiller technique. Ligier ne veut pas perdre les lumières de cet excellent metteur au point.
Reste à trouver un remplaçant. La logique voudrait que Jean-Pierre Jarier, qui a assuré l'intérim lors de la Temporada, soit retenu. Mais l'entourage de Jacques Laffite ne souhaite pas faire appel à un pilote issu du sérail Matra. Ligier choisit donc Patrick Tambay, auteur d'un beau début de saison au volant de la modeste Theodore. Le Cannois saisit cette opportunité et accepte aussitôt. Mais il fait perdre gros à Teddy Yip puisqu'il venait d'obtenir le soutien de Marlboro Asie pour le reste de la saison.
Retour de Goodyear: nouvelle guerre des pneus
Goodyear effectue son retour en Formule 1 après six mois d'absence et fournit désormais Williams et Brabham. Ces deux équipes prennent un risque car le manufacturier américain n'a pas fabriqué de nouveaux pneus depuis fin 1980 et part donc avec un handicap face à Michelin. Les pneus Michelin à carcasse radiale auront semble-t-il un net avantage sur les Goodyear à carcasse classique. L'équipementier clermontois se concentre quant à lui sur ses quatre clients, Ferrari, Alfa Romeo, Renault et Talbot-Ligier, ainsi que sur McLaren et Lotus, qui seuls disposeront de pneus de qualifications. Les autres équipes devront se contenter de pneus durs, ou s'entendre avec Avon qui devient ainsi le « fournisseur du pauvre ». Theodore et March s'en remettent à cette dernière solution, tandis qu'Ensign tente un audacieux panachage avec des Avon à l'avant, des Goodyear à l'arrière ! Quant au patron d'ATS Günther Schmidt, refusant d'acheter des Avon qu'il juge trop onéreux, il confie à Borgudd un stock de Michelin datant de Jarama...
Les observateurs les plus avisés notent qu'Osella bénéficiera toujours de pneus Michelin, ce qui ne manque pas d'étonner tant les performances de la petite équipe italienne sont modestes. L'explication est qu'Enzo Ferrari en personne serait intervenu pour qu'un traitement de faveur soit accordé à son « protégé » Enzo Osella...
Présentation de l'épreuve
On reparle à nouveau du catastrophique départ du Grand Prix de Belgique. La FISA a décidé de frapper d'une amende les coureurs qui n'ont pas ralenti tandis que les secours intervenaient autour de Dave Luckett, le mécanicien d'Arrows fauché par Siegfried Stohr. Les pilotes sont furieux car ils considèrent, à juste titre, que les principaux responsables sont les organisateurs qui n'ont pas arrêté l'épreuve. Une délégation du GPDA doit s'entretenir avec le président Balestre après le Grand Prix de France. Quant à Luckett, il effectue son retour dans le stand Arrows ce week-end. Un vrai miraculé !
Les équipes françaises se doivent de briller à Dijon-Prenois. Talbot-Ligier-Matra apporte une suspension avant plus étroite qui permet un gain de 8km/h en vitesse de pointe. Mais hélas Laffite et Tambay vont se plaindre d'un manque d'adhérence durant la majeure partie du week-end.
Le début de la saison 1981 a été très médiocre pour Renault-Elf qui ne totalise en tout que six points inscrits lors du GP d'Argentine. Il est impératif de relever la barre lors du Grand Prix de France. Alain Prost, qui s'est affirmé en quelques semaines comme le nouveau « patron » de l'équipe, met la pression sur les ingénieurs pour améliorer la RE30. De nombreuses modifications aérodynamiques sont apportées à Dijon-Prenois.
Williams et Brabham ont revu leurs géométries de suspensions pour s'adapter aux Goodyear. La FW07C possède de nouveaux pontons intérieurs qui se prolongent jusqu'à la boîte de vitesses. Toujours des changements aérodynamiques chez Alfa Romeo, mais un mal récurrent demeure : les autos italiennes usent beaucoup plus rapidement leurs pneus que leurs adversaires.
Beppe Gabbiani est le seul pilote Osella présent : ni Giorgio Francia, ni Piercarlo Ghinzani ni Miguel Angel Guerra, toujours blessé, n'ont fait le déplacement. Theodore a trouvé un remplaçant à Patrick Tambay : il s'agit de Marc Surer, laissé libre par Mo Nunn trois semaines plus tôt. En plus d'être un très bon pilote, le Suisse apporte un sponsor : une enseigne suisse de sex-shops !
Les qualifications
Les Renault-Elf turbo favorisées sur ce circuit rapide. De plus la température fraîche ménage leurs turbos. Elles sont extrêmement rapides et Arnoux se place en pole position le samedi 4 juillet, jour de son 33ème anniversaire. Il est le seul à descendre sous la barre d'1' 06''. Victime d'un léger déséquilibre sur sa voiture, Prost est troisième. Il a pourtant réalisé le même temps que le second qui n'est autre que Watson dont la McLaren MP4 ne cesse d'étonner. De Cesaris obtient une belle cinquième place avec l'autre MP4. Les voitures équipées de pneus Goodyear sont en retrait car ceux-ci ne valent pas les Michelin. Brabham ne s'en sort pas trop mal puisque Piquet est quatrième, mais Rebaque est quinzième. Les Williams souffrent : Reutemann est septième, Jones neuvième. Les performances des Talbot-Ligier sont médiocres. Laffite est sixième tandis que Tambay, victime de sous-virage, est seulement seizième. Sous-virage aussi pour les Lotus 87. Si de Angelis obtient une convenable huitième place, Mansell n'est que treizième.
Les Ferrari ne sont pas du tout à la fête et manquent cruellement d'équilibre dans les grandes courbes. Villeneuve en fait l'amère expérience en défonçant les grillages à Pouas le samedi matin. Le train avant de la voiture est totalement démoli mais le Québécois est miraculeusement sauf. Il se qualifie onzième tandis que Pironi, handicapé par des soucis de turbo, est 14ème. Les Alfa Romeo d'Andretti et Giacomelli sont respectivement dixième et douzième. Accablées de soucis techniques, les Fittipaldi de Rosberg et Serra sont 16ème et 24ème. Utilisant des Michelin « en bois », Patrese se retrouve dix-septième. En fond de grille on trouve les Tyrrell de Cheever et d'Alboreto, la Theodore de Surer, la March de Daly et l'Ensign de Salazar.
Stohr ne parvient pas à qualifier la deuxième Arrows dont les pneus sont encore plus mauvais que ceux-ci de son équipier. Il est éliminé avec Borgudd, Gabbiani, Warwick et Henton. Mais celui-ci a longtemps été qualifié avec la Toleman-Hart.
Le Grand Prix
Première manche
La foule des grands jours est présente en Bourgogne même si le ciel est gris et menaçant. Lors du warm-up Serra sort de la route et endommage sa voiture qui ne sera pas réparée pour la course.
Départ : Un problème technique survient. Le feu, passé au vert, revient au rouge... avant de virer définitivement au vert. Surpris, Arnoux a hésité et se trouve débordé. Placé tout à fait à l'extérieur, Piquet se rabat devant Watson et Prost et franchit le premier virage en tête. De Cesaris double ensuite Prost. Villeneuve fait l'intérieur à une bonne partie du peloton et gagne six places !
1er tour : Prost repasse devant de Cesaris dans la dernière accélération. En fin de boucle Piquet est donc en tête devant Watson, Prost, de Cesaris, Villeneuve, Laffite, Andretti, Reutemann, Arnoux et Pironi.
2e : Laffite et Reutemann doublent Andretti. Puis l'Argentin se débarrasse du Français. Arnoux prend ensuite l'avantage sur Andretti.
3e : Prost déborde Watson par l'intérieur à Villeroy. Au même endroit Villeneuve prend l'ascendant sur de Cesaris. Arnoux double Laffite et Pironi passe Andretti. Jusqu'alors onzième, Jones regagne le stand Williams pour remettre en place une biellette de direction tordue par un choc avec Andretti.
4e : Piquet précède Prost de deux secondes. Reutemann double de Cesaris, bientôt imité par un Arnoux frustré d'avoir manqué son départ.
5e : Piquet mène devant Prost (3.5s.) et Watson (9s.). De Angelis prend la dixième place à Andretti.
6e : Reutemann prend la quatrième place à Villeneuve. Arnoux se retrouve derrière la Ferrari. Jones reprend la piste.
7e : Piquet est premier devant Prost (4s.), Watson (10s.), Reutemann (11.5s.), Villeneuve (16s.) et Arnoux (16.2s.). Suivent de Cesaris, Laffite, Pironi, de Angelis, Andretti, Mansell et Rebaque. Salazar renonce à cause d'une suspension arrière gauche défaillante.
8e: Arnoux déborde Villeneuve sur la ligne de chronométrage et le double par l'intérieur à Villeroy.
9e : Reutemann menace maintenant Watson. Jones se trouve entre son coéquipier et la Renault d'Arnoux, avec trois tours de retard.
10e : Les leaders ont tous des ennuis : Piquet sent que son câble d'accélérateur commence à se gripper, Prost a du mal à enclencher la quatrième vitesse et Reutemann voit une grosse cloque se former sur son pneu avant gauche.
11e : Piquet mène devant Prost (7s.), Watson (12.8s.), Reutemann (13.2s.) et Arnoux (18s.). Villeneuve est rattrapé par de Cesaris et Laffite.
13e : Piquet continue de creuser l'écart : neuf secondes le séparent maintenant de Prost. Rosberg abandonne à cause d'un triangle de suspension arrière brisé.
15e : Jones reprend son tour de retard sur Reutemann qui ne lui a absolument pas facilité la tâche. A cause de cela l'Argentin perd le contact avec Watson. C'est « chacun pour soi » chez Williams...
16e : Laffite prend la septième place à de Cesaris.
18e : Piquet a onze secondes d'avance sur Prost. Suivent Watson (16s.), Reutemann (20s.) et Arnoux (23s.). Le Carioca double les premiers retardataires, les Tyrrell d'Alboreto et de Cheever.
19e : Jones est au stand Williams pour faire changer ses pneus avant.
21e : Piquet mène devant Prost (10.4s.), Watson (14.9s), Reutemann (20.6s.), Arnoux (23.7s.) et Villeneuve (43.2s.). Rebaque et de Angelis doublent Pironi.
22e : Jones est encore aux stands pour vérifier la fixation de ses roues.
24e : Piquet et Prost sont aux prises avec le trafic.
25e : Piquet est gêné par Tambay qui est en bagarre avec Giacomelli. Le Français double d'ailleurs l'Italien à Villeroy. Piquet double ensuite Giacomelli.
26e : Piquet bute derrière Tambay mais finira par le doubler au tour suivant. Prost est cependant revenu à huit secondes. Passage aux stands de Daly pour changer de pneus.
28e : Rebaque est revenu derrière Villeneuve, Laffite et de Cesaris.
29e : Arnoux rattrape désormais Reutemann. Rebaque double de Cesaris.
30e : Rebaque prend la septième place à Laffite. Tambay regagne les stands pour chausser de nouveaux pneus.
31e : Piquet est leader devant Prost (7.7s.), Watson (13.3s.), Reutemann (19.7s.), Arnoux (21.1s.) et Villeneuve (54.5s.). Celui-ci emmène un peloton composé de Rebaque, Laffite et de Cesaris. Troisième arrêt pour Daly.
33e : Arnoux prend la quatrième place à Reutemann. Tambay a repris la piste.
35e : Le ciel est très noir. Tambay revient pour de bon à son garage avec un roulement de roue arrière endommagé.
36e : Piquet mène devant Prost (7s.), Watson (12s.), Arnoux (26s.) et Reutemann (27.5s.). Villeneuve a près d'un tour de retard et contient un groupe composé de Rebaque, Laffite, de Cesaris et de Angelis. Jones occupe le dix-neuvième rang.
37e : De Angelis prend la septième place à de Cesaris.
40e : Après avoir pris un tour à Pironi, Piquet arrive sur un peloton compact comprenant pêle-mêle Villeneuve, Rebaque, Laffite, Jones (qui n'est pas dans le même tour), de Angelis, de Cesaris et Alboreto.
41e : Piquet est en tête devant Prost (5.1s.), Watson (9s.), Arnoux (26.2s.), Reutemann (28.7s.), Villeneuve (1m. 08s.), Rebaque (1m. 09s.), Laffite (1m. 10s.), de Angelis (1m. 11s.) et de Cesaris (1m. 12s.).
42e : Piquet prend un tour à de Cesaris. Prost le rattrape assez rapidement. Villeneuve gare sa Ferrari en bord de piste avec un turbo muet. Rebaque récupère la sixième place.
44e : De Angelis s'écarte devant Piquet qui continue de perdre du temps.
45e : Prost est gêné par Pironi. Watson revient derrière le Français. Reutemann reprend la quatrième place à Arnoux.
46e : Piquet se débarrasse de Jones. Restent devant lui Rebaque et Laffite. Prost et Watson sont maintenant roues dans roues derrière Pironi. De Cesaris repasse devant de Angelis.
47e : Laffite concède un tour à Piquet. Prost et Watson doublent enfin Pironi qui ne s'est pas montré coopératif.
48e : Six secondes entre Piquet et Prost. Watson est dans les roues du Français.
49e : De Angelis s'écarte devant Prost mais pas devant Watson qu'il confond certainement avec une des Alfa Romeo, livrée Marlboro oblige...
50e : Rebaque laisse passer Piquet. Watson double de Angelis mais a perdu deux secondes sur Prost.
52e : Prost tente de passer de Cesaris à Villeroy mais celui-ci lui ferme brusquement la porte. Prost lève le pied pour éviter une stupide collision.
53e : Prost double de Cesaris qui n'a pas amélioré pas sa réputation.
54e : Tandis que Piquet prend un deuxième tour à Cheever, Prost double Laffite. De Cesaris a laissé passer Watson qui double ensuite la Ligier de Laffite.
55e : Piquet devance Prost de six secondes. Il commence à pleuvoir.
56e : Jones est plus rapide que Piquet et aimerait que celui-ci le laisse passer. Rebaque concède un tour à Prost pendant que Watson bute un temps sur Cheever.
57e : Il pleut assez fortement, la piste devient glissante par endroit. Jones est collé à l'arrière de Piquet, comme s'ils étaient dans le même tour... De Cesaris entre au stand McLaren pour faire resserrer une de ses roues.
58e : Un déluge s'abat désormais sur le circuit. La zone des stands est totalement détrempée. Tous les pilotes lèvent le pied mais la situation devient très dangereuse car tout le monde roule en pneus lisses et des pelotons compacts se sont formés.
59e : La direction de course décide d'interrompre l'épreuve. Le drapeau rouge est agité aux pilotes qui s'arrêtent devant les stands ou regagnent les stands. Daly est sorti dans les graviers mais les commissaires le poussent et il peut revenir à bon port.
La « mi-temps »
La direction de course décide d'attendre que l'averse cesse pour relancer l'épreuve. En effet, pour interrompre une course et que la totalité des points soit accordée, il faut que 75 % de la distance originelle ait été couverte. Or 75 % de 80 tours est égal à 60 tours, et non 58 ! Nelson Piquet n'a vraiment pas de chance, à deux tours près il était vainqueur... Une deuxième manche sera lancée à compter du 59ème tour, et le classement se fera par addition des temps.
La seconde manche doit durer 22 tours seulement. Ce sera une « course au sprint ». Pierre Dupasquier s'entretient avec Gérard Larrousse et Alain Prost et leur propose un pari audacieux : équiper la Renault de pneus de qualifications très tendres. Il assure que ceux-ci tiendront le coup durant les vingt-deux boucles. Larrousse et Prost font leur calcul : pour l'emporter, il faut reprendre six secondes et sept dixièmes à Nelson Piquet. Il n'y a donc pas à hésiter. Des pneus très tendres sont installés sur le côté droit de la Renault, des pneus un peu plus durs sur la gauche. Dupasquier propose la même stratégie à Watson, Pironi, Andretti et de Cesaris qui l'adoptent.
Prost n'a plus que de quatrième vitesse, mais les mécaniciens n'ont pas le temps d'effectuer une réparation : l'averse fut aussi brève que drue. Chez Brabham, on est très inquiet car Goodyear n'a pas les moyens de répliquer à l'initiative de Michelin. Piquet devra courir avec ses pneus usés. Enfin Patrese et Giacomelli partent en pneus rainurés. Hélas pour eux, le soleil fait son apparition quelques instants avant le second départ et assèche la trajectoire.
Deuxième manche
Voici la nouvelle grille de départ établie selon le classement de la première manche : Piquet, Prost (6.7s.), Watson (7.2s.), Reutemann (28.1s.), Arnoux (39.1s.), Rebaque (-1t.), Laffite (-1t.), de Angelis (-1t.), Pironi (-1t.), Mansell (-1t.), Andretti (-1t.), Surer (-1t.), Giacomelli (-1t.), de Cesaris (-2t.), Patrese (-2t.), Cheever (-2t.), Alboreto (-2t.), Jones (-3t.) et Daly (-7t.).
Deuxième départ : Très mauvais envol de Piquet qui se retrouve enfermé dans le peloton. Prost prend l'avantage devant Watson et Arnoux. Laffite heurte Reutemann à Villeroy et endommage son train avant.
59ème tour : Dans les Esses de la Sablière Reutemann se frotte à Rebaque et l'envoie en tête-à-queue. Le Mexicain repart en queue de peloton. Watson attaque Prost par l'intérieur à Gorgeolles. Il double mais mais met deux roues hors trajectoire, où la piste est encore humide. Il escalade un vibreur et laisse Prost s'échapper. En fin de tour Prost mène devant Watson, Arnoux, Piquet, Reutemann, Pironi, Mansell, Giacomelli, de Angelis et Andretti. Laffite rentre aux stands pour renoncer.
60e : Rapide grâce à ses pneus tendres, Pironi double Reutemann puis Piquet.
61e : Prost commence à s'échapper en tête. Mansell déborde Reutemann qui rencontre des soucis d'alimentation.
62e : Prost mène devant Watson (2.5s.), Arnoux (7s.), Pironi (9s.), Piquet (13s.) et Mansell (14s.). Prost est donc officiellement en tête de l'épreuve. Reutemann cède à Andretti et à de Cesaris.
64e : Prost réalise le meilleur tour de la course : 1'09''14'''. De Cesaris double Andretti.
65e : Trois secondes et demie séparent Prost et Watson. Tous deux ont passé Piquet au classement officiel. Jones remonte dans le peloton, pour l'honneur puisqu'il concède trois tours au classement officiel.
66e : De Cesaris et Andretti doublent Mansell.
68e : Prost a course gagnée s'il ne commet pas d'erreur. Il rattrape déjà les premiers retardataires.
69e : En piste, Prost mène devant Watson (3.2s.) et Arnoux (8.5s.). Viennent ensuite Pironi et Piquet à plus de quinze secondes. De Cesaris est sixième mais a deux tours de retard au classement final. Suivent Andretti, Jones, Mansell et de Angelis.
70e : Watson est gêné par Patrese et Alboreto, ce qui permet à Prost d'augmenter son avance. Daly renonce, moteur cassé.
72e : En piste, Prost a 21s. d'avance sur Piquet, donc quatorze secondes au temps final. La cause est entendue.
73e : Prost a trois secondes et trois dixièmes d'avance, en piste, sur Watson.
75e : Prost a vingt-huit secondes d'avance sur Piquet. Celui-ci a été semé par Pironi et voit de Cesaris le menacer. Reutemann est toujours en proie à des soucis d'alimentation et tourne à faible allure.
77e : Tout va bien pour Prost qui prend un tour à Rebaque.
78e : Trente-et-une seconde séparent Prost et Piquet. Suivent Arnoux, Pironi, Piquet, de Cesaris, Andretti, Jones, Mansell et de Angelis. Les autres pilotes ont concédé un tour.
79e : L'orage est de retour et quelques gouttes tombent sur le circuit. Prost et Watson doublent Reutemann qui termine au ralenti avec un moteur qui ne cesse de désamorcer.
80ème et dernier tour : A 26 ans Alain Prost remporte sa première victoire en Formule 1. Watson termine deuxième en piste et au classement officiel, rapprochant ainsi un peu plus McLaren de la victoire. Forcément déçu, Piquet se classe finalement troisième. Troisième de la deuxième partie de la course, Arnoux hérite de la quatrième place. Il précède Pironi qui a été très rapide durant la deuxième manche grâce aux pneus Michelin tendres. Le dernier point échoit à de Angelis... qui n'a jamais été parmi les six premiers durant l'après-midi ! Le classement final comprend aussi Mansell, Andretti, Rebaque, Reutemann, de Cesaris, Surer, Cheever, Patrese, Giacomelli, Alboreto et Jones.
C'est la première fois depuis le GP de Long Beach 1980 qu'aucune Williams ne marque de point.
L'éclosion d'Alain Prost
Ce nouveau succès tricolore électrise le public français. Renault triomphe à Dijon-Prenois comme deux ans auparavant, et surtout un nouveau champion apparaît sur le devant de la scène. Les téléspectateurs découvrent Alain Prost, ce petit bonhomme timide, presque introverti, à l'expression choisie, d'une grande intelligence. Prost a rapidement été adopté par l'équipe Renault dont il connaissait déjà une partie du personnel, comme le motoriste Bernard Dudot. Metteur au point exigent, il cerne les défauts et les qualités de la voiture, puis harcèle ses ingénieurs jusqu'à ce qu'il la juge parfaite. D'où sa réputation d'« emmerdeur », mais aussi de précieux retours d'information pour les ingénieurs. Ce que ne peut apporter René Arnoux, pilote beaucoup plus intuitif qui pousse toujours la monoplace dans ses retranchements. Le résultat est que Prost règle mieux la voiture que son équipier et le devance très nettement. Aussi, si Arnoux fête comme il se doit la victoire de son équipe à Dijon, son moral n'est pas au beau fixe...
Néanmoins, la plupart des journalistes s'accordent à déclarer Nelson Piquet vainqueur moral de la course. Il est vrai que Prost a bénéficié du « coup de poker » de Michelin. L'intéressé perçoit d'emblée les limites de ce premier succès : « Il me manquait quelque chose. Je l'ai ressenti tout de suite. J'étais simplement inassouvi, et je n'aimais pas ça du tout. » confiera-t-il plus tard. Réaction bien surprenante pour un garçon qui vient d'entrer dans l'histoire de la Formule 1 ! Mais aussi la preuve d'une grande maturité et d'un perfectionnisme quasi-obsessionnel.
Reutemann conserve le commandement du championnat avec onze longueurs d'avance sur Piquet. Au championnat des constructeurs, Brabham repasse devant Ferrari. Renault prend la quatrième place à Ligier.
Tony