Chapman et Ferrari résistent à Ecclestone
En cette fin d'été Bernie Ecclestone fignole son projet de championnat du monde parallèle qu'il compte dévoiler lors du GP d'Italie afin de contraindre la FISA à renégocier le règlement technique de la saison 81. Le chef de la FOCA a obtenu le soutien de Cosworth et de tous les membres de l'association des constructeurs, excepté celui de Colin Chapman. Le patron de Lotus ne croit pas en l'initiative d'Ecclestone, mettant en avant qu'aucun organisateur de Grand Prix ne la soutient, et que les principaux sponsors (Marlboro, Elf, Gitanes, Essex, Candy, Leyland...) ne prendront pas le risque de subventionner des épreuves pirates. Ainsi Aleardo Buzzi, président de Marlboro-Europe, a déclaré que McLaren perdrait le soutien de Philip Morris si elle entrait en dissidence.
Lors d'une réunion à Monte-Carlo, Chapman rencontre son commanditaire David Thieme, PDG d'Essex, et François Mazet, l'homme de confiance de celui-ci. Tous deux poussent Chapman à se désolidariser d'Ecclestone. Bernie est furieux : il sait que Jean-Marie Balestre rêve de fomenter un « putsch » au sein de la FOCA en faveur de Chapman...
A l'occasion du GP d'Italie, Ecclestone espère néanmoins circonvenir Enzo Ferrari afin de briser le camp des « légalistes ». Cela est peine perdue. Le Commendatore accueille Balestre à Maranello et lui assure qu'il ne songe absolument pas à se démarquer de la légalité. L'aventure du turbo fascine le vieil homme. Il reçoit ensuite Ecclestone qui tente de le convaincre par tous les moyens. Le businessman propose même de lui céder la présidence de la FOCA à titre honorifique. Ferrari reste inflexible tout en caressant Ecclestone dans le sens du poil, louant son sens des affaires et son énergie à promouvoir la Formule 1. Mais non, la Scuderia ne rejoindra pas la « fronde ».
La guerre FOCA - FISA: ambiance délétère en Émilie-Romagne
Lorsque les membres de la FOCA se réunissent à Imola, Ecclestone est de méchante humeur. Il pensait pouvoir dévoiler son championnat parallèle à l'occasion de cette course. Il doit remiser son projet... pour le moment. Balestre pavoise et pense enfin contraindre la FOCA à des négociations. Il s'enhardit et déclare dans le quotidien français L'Équipe qu'il compte reprendre le contrôle financier de la Formule 1. Une nouvelle façon de provoquer les Anglais... Un parfum de guerre civile règne à Imola. Le très ecclestonien Frank Williams lâche ainsi que si les jupes sont interdites, il dissoudra son équipe !
En parallèle, la commission technique de la FOCA produit des contre-propositions pour ralentir les voitures tout en conservant les jupes. En juillet elle avait proposé de réintroduire les pneus rainurés mais les manufacturiers s'y sont opposés. En septembre la FOCA propose d'installer sur les voitures un débitmètre conçu par Cosworth... qui réduirait considérablement la puissance des moteurs turbo. Évidemment le quatuor Ferrari- Renault - Matra - Alfa Romeo rejette violemment une telle mesure. Ici le jeu d'Ecclestone consiste à mettre l'échec des négociations sur le dos des légalistes.
Le duel Jones - Piquet
La fin de la saison approche et la lutte pour le titre pilotes oppose désormais Alan Jones (47 points) à Nelson Piquet (45 points). La compétition est corsée par le complexe barème de points adopté par la FISA : seuls les cinq meilleurs résultats des sept derniers Grand Prix seront pris en compte. Cela désavantage plutôt Piquet qui a marqué des points à chaque course en cette mi-saison. Jones soupire toujours après les neuf points de sa victoire perdue à Jarama, mais cela ne sert à rien. L'Australien a trop compté sur la supériorité de sa Williams et a commis une erreur grossière à Zandvoort. Il doit se reprendre en main s'il veut devenir champion du monde.
En revanche, il n'y a pas de suspens pour la coupe des constructeurs. Si Williams inscrit cinq points de plus que Ligier à Imola, elle sera assurée de finir première.
Transferts: Didier Pironi s'engage avec Ferrari
Le mercredi 10 septembre, Guy Ligier reçoit un coup de téléphone de Didier Pironi qui lui annonce sa signature chez Ferrari pour 1981. L'ancien rugbyman tombe de sa chaise : il ne s'attendait pas à un coup pareil. Pironi a été discret. Pour remplacer Jody Scheckter, Enzo Ferrari hésitait entre trois pilotes français : le jeune et brillant Alan Prost, le virevoltant René Arnoux, qui connaît déjà les moteurs turbos et parle l'italien, et Didier Pironi qui n'a pour lui que ses seules qualités de pilote. Celles-ci sont grandes : pour bon nombre de commentateurs, le Francilien a toutes les qualités pour devenir le premier champion du monde français. Le projet de la 126C à moteur turbo séduit évidemment ce jeune homme pressé. D'autant plus que Ferrari lui promet une égalité de traitement avec Gilles Villeneuve.
Présentation de l'épreuve
Pour la première (et unique) fois dans l'histoire de la Formule 1, le Grand Prix d'Italie n'a pas lieu à Monza. En effet c'est le circuit Dino Ferrari d'Imola, situé à une trentaine de kilomètres au sud de Bologne et à cent kilomètres de Maranello, qui a été choisi pour accueillir la course. Ce transfert provisoire est dû aux nécessaires travaux de sécurité entrepris à Monza après le drame de 1978. Composé de virages serrés mais aussi de quelques courbes rapides, le circuit d'Imola est jugé plutôt favorablement, nonobstant la nouvelle chicane située à l'emplacement de l'ancienne courbe Acqua Minerale. Celle-ci, dessinée par Gilles Villeneuve et Jean-Pierre Jabouille, est extrêmement lente. En revanche la qualité des infrastructures, modernes et spacieuses, est unanimement saluée.
Aux essais, Ferrai et Gilles Villeneuve testent la nouvelle 126 C destinée à disputer la saison 1981. Cette machine possède un moteur V6 turbocompressé censé remplacer le V12. Mais son temps de réponse est dramatiquement long, et ce n'est qu'après un long rodage qu'il débutera en 1981.
L'autre attraction du week-end est la présentation du moteur turbocompressé Alfa Romeo. Baptisé 158, c'est un huit-cylindres en V à 90°. Il est doté de deux turbos KKK et sa puissance annoncée est de 550 chevaux à 11600 tours/minute. Mais il ne doit pas faire son apparition avant au moins la deuxième partie de la saison 1981.
Afin de briller en Italie, l'équipe Osella a construit une nouvelle voiture, la FA1B, équipée d'une coque plus étroite et de pontons élargis. A son volant Eddie Cheever espère enfin voir l'arrivée d'une course.
Brabham n'utilise plus la boîte transversale Weismann sur la voiture d'Hector Rebaque. Le Mexicain a désormais pour tâche de seconder son équipier dans son combat pour le titre et utilise comme celui-ci une boîte Hewland classique.
Chez Arrows l'Allemand Manfred Winkelhock, 28 ans, pilier de la F2, fait ses débuts en remplaçant Jochen Mass, toujours sujet à de fortes douleurs après son accident en Autriche.
Michelin apporte un nouveau type de pneus plus tendres et à flancs plus rigides dont vont particulièrement profiter les Renault.
Le vendredi matin, un hélicoptère qui transportait du personnel de l'équipe Alfa Romeo vers le circuit se retourne à l'atterrissage. Un ingénieur et deux mécaniciens sont grièvement blessés. L'un des mécaniciens succombera à ses blessures le dimanche soir. Pour ne rien arranger, le samedi Vittorio Brambilla est victime d'un accident de la route en compagnie de Carlo Chiti. Heureusement les deux hommes sont sains et saufs.
Les qualifications
Les essais sont dominés par les Renault. Arnoux obtient sa troisième pole position consécutive, trois dixièmes de secondes devant Jabouille. Renault favorise désormais Arnoux aux dépens de Jabouille qui s'en trouve fort déçu. Malgré la domination des voitures jaunes, les mécaniciens sont préoccupés par l'endurance des pneus et des freins pour la course.
Reutemann se classe troisième tandis que Jones, peu satisfait du comportement de sa voiture, est seulement sixième. Survolté dans son pays, Giacomelli décroche la quatrième place. La cinquième position est occupée par Piquet qui précède donc son rival Jones sur la grille pour la première fois depuis Long Beach. Peut-être avantagé par Goodyear pour le GP d'Italie, Patrese amène son Arrows en septième position. Après avoir utilisé la T5 le vendredi, le toujours entreprenant Villeneuve décide d'étrenner la Ferrari turbo le samedi. A son volant il améliore le huitième chrono réalisé avec la T5. Rebaque se hisse en neuvième position. Fortunes diverses chez Lotus : si Andretti est dixième, de Angelis, privé d'adhérence, n'est que 18ème tandis que Mansell ne parvient pas à se qualifier. Bonnes performances pour les monoplaces brésiliennes : Rosberg est 11ème, Fittipaldi 15ème. Jarier est douzième aux côtés de Rosberg mais son équipier Daly est seulement avant-dernier à cause d'une foule de soucis techniques.
Les Ligier sont complètement « à la ramasse ». En effet, l'équipe française a décidé de faire tourner ses machines en configuration « Kyalami ». Une grosse erreur car les voitures bleues vont lamentablement se traîner, privées d'adhérence. Pironi est treizième et Laffite vingtième ! Pas de sourire non plus chez McLaren. Si Watson est quatorzième avec la M29C, Prost se qualifie in extremis au vingt-quatrième et dernier rang au volant de la M30. Le samedi, Scheckter est victime d'un énorme accident dans la portion rapide du circuit dont il sort miraculeusement sans blessure mais avec de fortes douleurs. Il se qualifie au seizième rang. Cheever le suit avec la nouvelle Osella. Dans le fond de la grille on trouve aussi la Williams de Keegan, l'autre Alfa de Brambilla et l'ATS de Surer.
Les deux Ensign de Lees et Lammers ne sont pas qualifiées, tout comme l'Arrows de Winkelhock et la troisième Lotus de Mansell.
Le Grand Prix
Ce dimanche, Jody Scheckter souffre passablement de la nuque, conséquence de son accident de la veille. Il refuse pourtant de déclarer forfait afin d'assurer la présence de deux Ferrari devant les tifosi. On ne peut que saluer son courage.
Départ: Reutemann tente de se faufiler entre les Renault mais aussitôt rencontre un problème d'embrayage au moment d'enclencher la seconde vitesse et se fait passer par tout le peloton. Arnoux conserve l'avantage devant Jabouille, Piquet et Giacomelli. Mal parti, Jones se retrouve septième. Brambilla passe par l'herbe et soulève un nuage de poussière.
1er tour: Arnoux mène devant Jabouille, Piquet, Giacomelli, Villeneuve, Rebaque, Jones, Pironi, Jarier et Watson. Reutemann est dernier mais sa Williams semble de nouveau fonctionner correctement.
2e: Arnoux est en tête mais Jabouille, Piquet et Giacomelli sont sur ses talons.
3e: Jabouille déborde Arnoux par l'extérieur à Tosa. Le Grenoblois tente de riposter dans l'accélération vers Piratella, sans succès. A Acque Minerale Piquet surprend Arnoux en plongeant à sa droite. Voici le Carioca second.
4e: Villeneuve déborde Giacomelli à Tosa. Piquet menace Jabouille. A la sortie de Rivazza le Français manque un changement de vitesse. Piquet en profite pour le doubler et s'empare de la première place.
5e: Brambilla s'arrête dans les graviers à Tosa, l'aileron arrière cassé après un choc.
6e: A l'abord de la courbe qui précède Tosa, Villeneuve voit son pneu arrière droit éclater à 280 km/h. La Ferrari part en toupie avant de heurter de face, à très haute vitesse, le mur de béton. A cause de l'ampleur du choc, tout le train arrière de la voiture se détache. Elle rebondit ensuite jusque sur la piste où elle s'arrête, un peu en dehors de la trajectoire. Villeneuve est fort heureusement indemne. Au même instant Giacomelli est sorti de la piste à Tosa, victime d'une crevaison causée par un débris de la Ferrari. L'Italien n'ira pas plus loin.
7e: Piquet mène devant Jabouille (2.4s.), Arnoux (4.8s.) et Jones (8.2s.) qui vient de passer Rebaque, Pironi, Jarier, Andretti, Watson et Patrese. Cheever est au stand Osella pour juguler une fuite de liquide de freins. Les commissaires évacuent la Ferrari accidentée.
8e: Jarier prend la sixième place à Pironi. Devant eux Rebaque fait un « tout-droit » à Acque Minerale mais parvient à conserver sa place. Laffite part en tête-à-queue à cause d'un problème de freins. Il se relance en 20ème position.
9e : Jones s'est détaché du peloton et se lance à la poursuite de Renault.
10e : Piquet mène devant Jabouille (2.3s.), Arnoux (7.9s.), Jones (9s.), Rebaque (14.3s.), Jarier (15s.), Pironi (15.6s.), Andretti (16.2s.), Watson (17s.) et Patrese (18s.).
11e: Seul Jabouille semble pouvoir suivre Piquet. Jones est revenu juste derrière Arnoux qui est en délicatesse avec ses freins. Sa pédale est trop dure. Watson passe Andretti.
12e: Jones passe Arnoux qui aussitôt décroche par rapport à la Williams.
13e: Pironi est peu à l'aise avec la Ligier et perd deux places aux profits de Watson et d'Andretti.
14e: Piquet est premier devant Jabouille (4.3s.), Jones (12s.), Arnoux (15.8s.), Rebaque (17.5s.) et Jarier (19.3s.). Viennent ensuite en groupe Watson, Andretti, Pironi, Patrese et Scheckter. Reutemann occupe le seizième rang.
16e : Arnoux est désormais contraint de résister à Rebaque qui n'a jamais été à pareille fête.
18e: L'écart entre Jabouille et Jones se réduit. Fittipaldi sort de la piste à la sortie de Rivazza et atterrit dans les protections. Une faute de pilotage rarissime chez le Brésilien.
19e: En poursuivant Arnoux, Rebaque escalade un accotement à Acque Minerale et y brise une suspension. Le Mexicain a pêché par excès. Il doit renoncer.
20e: Piquet mène devant Jabouille (4.8s.), Jones (13.1s.), Arnoux (28.2s.), Jarier (29.6s.), Watson (30s.) et Andretti (30.5s.).
21e: Les freins arrière de Watson fument. Le pilote nord-irlandais est contraint de rentrer au stand McLaren pour abandonner.
23e : Cinq secondes pleines séparent maintenant Piquet et Jabouille. Jones remonte sur le pilote Renault. Arnoux est désormais menacé par Jarier et Andretti.
24e : Reutemann prend la onzième place à Keegan qui rencontre des problèmes de freins.
25e: Piquet a maintenant sept secondes de marge sur Jabouille. Jones est à quatre secondes du Français.
27e: Andretti double Jarier. Les deux pilotes sont justes derrière Arnoux.
28e: Piquet mène devant Jabouille (10.5s.), Jones (12.3s.), Arnoux (41.8s.), Andretti (43.3s.) et Jarier (44.7s.). Suivent Pironi, Patrese, Scheckter et Rosberg. Reutemann est onzième.
29e: Jones attaque Jabouille par l'intérieur de la Variante Bassa et le dépasse sans difficulté.
30e : Piquet est en tête devant Jones (13s.), Jabouille (15s.), Arnoux (48.3s.), Andretti (48.8s.), Jarier (49s.2s.), Pironi (56s.) et Patrese (57s.).
32e: Onze secondes séparent Piquet et Jones. Jabouille reste au contact de ce dernier. Rosberg prend la neuvième place à Scheckter.
34e : Jones est revenu à dix secondes de Piquet.
35e: Arnoux continue de résister à Jarier et à Andretti. Patrese prend la septième place à Pironi. Nouvelle sortie de route de Daly qui finit sa route dans les barrières. L'Irlandais n'était que dix-septième et avant-dernier.
36e : Jones s'aperçoit que la température de son liquide de freins augmente dangereusement. Il doit donc être prudent et renonce à rattraper Piquet.
37e: L'écart est de onze secondes entre Piquet et Jones. Après s'être débarrassé de Scheckter, Reutemann double Rosberg.
38e : Piquet mène devant Jones (11s.), Jabouille (15.2s.), Arnoux (1m. 00.4s.), Jarier (1m. 00.7s.) et Andretti (1m. 01s.). Suivent Patrese, Pironi, Reutemann, de Angelis et Rosberg.
39e: Le moteur de Patrese explose à la chicane haute. Reutemann se débarrasse de Pironi et se retrouve septième.
40e: L'avance de Piquet sur Jones et Jabouille est stable. Jarier passe Andretti dont le moteur Cosworth est en train d'expirer.
41e: Piquet prend un tour à Scheckter. Andretti revient à son stand à très faible vitesse, moteur cassé.
42e: Se plaignant comme Arnoux d'une pédale de frein trop dure, Jabouille perd de plus en plus le contact avec Jones. Grâce à l'abandon d'Andretti, Reutemann est désormais sixième. Derrière lui, de Angelis a passé Pironi.
43e : Piquet domine devant Jones (12.7s.), Jabouille (19.6s.), Arnoux (1m. 11s.), Jarier (1m. 12s.), Reutemann (1m. 22s.), de Angelis (1m. 29s.) et Pironi (1m. 30s.).
44e : Piquet prend un tour à Pironi qui vit un vrai calvaire au volant de sa Ligier mal réglée. Quant à Laffite, il erre en onzième position.
45e: Reutemann rattrape assez rapidement Arnoux et Jarier, et convoite donc la quatrième place.
47e: Jones signe le meilleur tour: 1'36''089'''. Jarier attaque et passe Arnoux. Reutemann est en embuscade. Pironi sort de la route à Acque Minerale, mais parvient à repartir, toujours en huitième position. Surer abandonne avec un moteur surchauffé.
48e: Arnoux est si lent qu'il fait signe à Reutemann de le passer dans la montée vers Piratella. Puis, à la sortie d'Acque Minerale, Jarier part en tête-à-queue. Il parvient à repartir, mais entretemps Reutemann, Arnoux, ainsi que le leader Piquet sont passés.
49e: Arnoux se débat avec une Renault très instable. Un support d'amortisseur s'y est en effet brisé. Il se fait repasser sans difficulté par Jarier.
50e : Piquet mène devant Jones (11.8s.), Jabouille (31.5s.), Reutemann (1m. 30s.), Jarier (-1t.), Arnoux (-1t.), de Angelis (-1t.), Pironi (-1t.), Rosberg (-1t.) et Scheckter (-1t.).
52e: Arnoux est désormais la proie de de Angelis, qui le passe sans coup férir au moment où il concède un tour à Jones.
53e: Arnoux finit la course au ralenti. Il se passer par Pironi et par Rosberg
54e: Piquet a maintenant quinze secondes d'avance sur Jones qui ménage sa monture.
55e: C'est la bérézina chez Renault. Jabouille revient aux stands, boîte de vitesse bloquée. C'est terminé pour le Français. Dans le même temps, véritable chicane mobile, Arnoux est doublé par Scheckter et par Prost.
56e: Jarier n'a plus de freins: le pilote Tyrrell doit renoncer alors qu'il avait en vue une superbe quatrième place. De Angelis récupère sa position, suivi par Pironi et Rosberg.
57e: Piquet a 22s. de marge sur Jones. Rosberg prend la cinquième place à Pironi tandis que Prost double Scheckter.
58e: Vingt-quatre secondes séparent Piquet et Jones.
60ème et dernier tour: Nelson Piquet remporte son troisième Grand Prix de la saison. Jones limite les dégâts avec la deuxième place mais perd la tête du championnat. Reutemann obtient une troisième place inespérée après son calamiteux départ. De Angelis est quatrième, meilleur Italien lors de sa course nationale. Rosberg inscrit des points pour la première fois depuis son podium de Buenos Aires. Le week-end fut calamiteux pour Ligier mais Pironi ramène tout de même un point. Prost finit septième devant un Scheckter admirable de bravoure puisqu'il a piloté avec une nuque quasi paralysée. Suivent Laffite, Arnoux, Keegan et Cheever. C'est la première fois que l'Américain amène l'Osella à l'arrivée
Après la course: Piquet prend le pouvoir, Williams titrée
Nelson Piquet est aux anges : cette deuxième victoire du rang lui permet de s'emparer pour la première fois du commandement du championnat avec un point d'avance sur Alan Jones. Celui-ci est dépité : après ses victoires du mois de juillet, il pensait véritablement être assuré du titre et ne s'attendait pas au retour du jeune Brésilien, sans doute top sous-estimé.
La déception de Jones contraste avec la joie de Frank Williams, Patrick Head, Charles Crichton-Stuart et de toute l'équipe Leyland-Saudia-Williams qui sable... le jus de fruit : ils sont champions du monde des constructeurs ! Quelle récompense pour Frank Williams, le « garagiste » qui tirait le diable par la queue durant les années 70, chassé de sa propre équipe par Walter Wolf en 1976, reparti de zéro l'année suivante... et qui finalement put s'élever grâce à la manne saoudienne et concevoir avec Patrick Head cette superbe FW07 qui l'a mené en seulement deux ans au sommet de la discipline. Il ne faut pas oublier en effet le rôle de Head qui avec la FW07 a sans doute produit la meilleure Formule 1 à effet de sol de troisième génération. Il fut pour cela secondé par d'autres jeunes ingénieurs talentueux comme Ross Brawn ou Neil Oatley.
Jean-Pierre Jabouille signe avec Ligier
Tout le monde a noté durant le week-end la mauvaise humeur de Jean-Pierre Jabouille. Les relations entre le pilote Renault et Gérard Larrousse, son patron et ancien camarade, se sont dégradées. Jabouille est las des avaries mécaniques qui frappent sa Renault pendant que Larrousse ne semble avoir plus d'yeux que pour Arnoux.
Dans le même temps, Guy Ligier est désemparé par le départ de Didier Pironi. Ses accords avec la Seita et PSA le contraignent à engager un autre pilote français. Il ne parvient pas à s'entendre avec Jean-Pierre Jarier, tandis que Marlboro protège le contact d'Alain Prost. Reste donc Jabouille, le « beauf' » de Jacques Laffite. Celui-ci prend les devants et écrit à Ligier : « J'ai parlé à Larrousse et à Renault, à vous de vous décider rapidement... » Ligier hésite, mais Jabouille a déjà choisi. Il refuse de se rendre aux prochains essais Renault à Dijon. La rupture est consommée. Pendant quelques jours il se retrouve en balance entre les deux grands groupes automobiles français, Renault et PSA. Mais finalement Guy Ligier se décide en sa faveur. Et le mercredi 12 septembre, Jean-Pierre Jabouille signe dans les bureaux de la Seita à Paris un contrat de deux ans avec la future équipe Talbot-Ligier-Matra. « C'est épatant : maintenant que Jabouille a signé chez nous, je peux aller chez Renault ! » blague Jacques Laffite. Mais le fait est que la Régie est désormais à la recherche d'un autre coureur...
Tony