Jacky ICKX
 J.ICKX
Ferrari
Jean-Pierre BELTOISE
 J.BELTOISE
BRM
Emerson FITTIPALDI
 E.FITTIPALDI
Lotus Ford Cosworth

212o Gran Premio

XXX Grand Prix Automobile de Monaco
Lluvia
Monaco
domingo, 14 de mayo de 1972
80 vueltas x 3.145 km - 251.600 km
Affiche
F1
Coupe

¿Lo sabían?

Piloto
Constructore
  • 17a y última victoria para BRM
  • 60o pódium para BRM
  • 15a y última vuelta rápida para BRM
Motor
  • 18a y última victoria para BRM
  • 110o pódium para Ford Cosworth
  • 14a y última vuelta rápida para BRM

Bras de fer entre les constructeurs et l'A.C.M.

Cette course est le théâtre d'un sérieux affrontement entre les constructeurs et le pouvoir sportif. Sous l'égide de Bernie Ecclestone, la F1CA a en effet signé avec les organisateurs de courses des contrats prévoyant des grilles de départ de 25 voitures, afin de ne pas léser les petites équipes. Or le jeune nouveau président de l'Automobile Club de Monaco Michel Boeri refuse d'autoriser plus de vingt voitures à prendre le départ dans les rues de la Principauté, pour des raisons de sécurité. Les Monégasques estiment déjà avoir fait suffisamment de concessions: entre 1970 et 1972 le nombre de partants à Monaco est passé de seize à vingt. Boeri s'appuie sur les prescriptions de la CSI pour s'opposer aux constructeurs. Hélas pour lui, sa position ne tient pas car la CSI et l'ACM avaient quelques semaines auparavant télégraphié à la F1CA qu'ils consentaient à augmenter le nombre de concurrents admis au départ. En fait le prince de Metternich, président de la CSI, se sert de Boeri pour briser les prétentions des constructeurs.

Finalement Metternich charge Jacques Blanchet, le président de la FFSA, de mener des négociations entre l'ACM et la F1CA à l'occasion du Grand Prix d'Espagne. Parfaitement francophone, l'avocat et patron de March Max Mosley mène au nom de ses collègues les pourparlers avec Boeri et Blanchet. Aucune décision concrète ne sort de cette entrevue.

 

Lorsque les équipes arrivent à Monte-Carlo Bernie Ecclestone sonne l'hallali: si l'ACM ne cède pas, le Grand Prix n'aura pas lui. A Paris, le président Metternich tempête contre les chefs d'écuries qui selon lui n'ont aucun droit de regard sur le règlement des Grands Prix. Mais son influence est nulle. A Monte-Carlo, Michel Boeri tente de gagner du temps et demande aux équipes de commencer les essais tandis qu'il promet d'autoriser vingt-deux voitures à prendre le départ. Mosley et Ecclestone refusent: s'ils n'obtiennent pas satisfaction, les constructeurs quittent la Principauté. L'ACM tente de leur forcer la main en faisant cadenasser les portes des garages ! Mais les équipes ne tardent pas à briser les chaînes... Michel Boeri ne peut que capituler: il y aura bien vingt-cinq voitures admises au départ de la course.

 

C'est un terrible échec pour le pouvoir sportif qui a dû céder aux injonctions des constructeurs. Conscients qu'ils sont les acteurs principaux de ce sport, et désormais conduits par l'homme d'affaires hors pair qu'est Bernie Ecclestone, ceux-ci n'entendent pas seulement parler d'égaux à égal avec le pouvoir sportif, mais bien lui imposer leurs volontés.

 

Présentation de l'épreuve

L'ACM a apporté quelques modifications au circuit de la Principauté, en attendant un chantier prévu pour 1973. La zone des stands a ainsi été déplacée de boulevard Albert Ier vers le quai des États-Unis. La chicane après le tunnel a été avancée de 200 mètres afin d'éviter que les pilotes appréhendent à trop haute vitesse le virage du bureau de tabac. Elle a aussi été resserrée afin d'être passée en première vitesse.

 

Après trois courses, Denny Hulme et Emerson Fittipaldi sont en tête du championnat du monde avec 15 points chacun. Tout le monde parle de la renaissance des JPS Lotus, revigorées après une saison 1971 très difficile. A 25 ans, Fittipaldi est la nouvelle coqueluche du sport automobile tant ce jeune Brésilien fait preuve de maturité et de science du pilotage. Beaucoup estiment qu'il est le successeur sud-américain de Juan Manuel Fangio. Ses belles performances contrastent avec les énormes difficultés rencontrées par son coéquipier Dave Walker. Impérial en Formule 3, l'Australien semble complétement perdu au volant de la Lotus 72. Certains susurrent certes que Colin Chapman ne lui donnerait pas un bon matériel. Mais Walker apparaît aussi quelque peu dilettante et moins impliqué que Fittipaldi dans le développement de la monoplace.

 

Mario Andretti et Peter Revson sont absorbés par les qualifications des 500 Miles d'Indianapolis et ne peuvent donc prendre part à la course. Andretti n'est pas remplacé chez Ferrari. Chez McLaren, l'excellent pilote d'Endurance Brian Redman, toujours prêt pour un intérim, remplace Revson.

 

Jackie Stewart pilote pour cette épreuve seulement la Tyrrell 004. C'est le dernier modèle de la première génération des Tyrrell, avec un empattement plus long que ceux de la 002 et de la 003. Stewart l'a déjà utilisée comme voiture d'essais lors des Grands Prix d'Afrique du Sud et d'Espagne.

 

Après un bon début de saison, McLaren étrenne la version C de son élégante M19. Seule Denny Hulme en dispose, Brian Redman pilotant la version A.

 

Cinq BRM sont encore une fois au départ de cette course. Cette fois-ci c'est Howden Ganley qui se charge du développement de la nouvelle P180. Jean-Pierre Beltoise, Peter Gethin et Reine Wisell pilotent des P160B, tandis que Helmut Marko utilise une P153B, une version très évoluée du modèle de la saison 1970.

 

March engage à nouveau deux 721X mais cette voiture s'avère décidément inconduisible. Ronnie Peterson et Niki Lauda en sont très mécontents et Robin Herd planche déjà en catastrophe sur un nouveau modèle de transition.

 

Ayant subi une opération bénigne en début de semaine, Chris Amon est quelque peu affaibli pour cette course, mais il est bien présent au volant de la Matra. Enfin chez Brabham Wilson Fittipaldi remplace de nouveau Carlos Reutemann, toujours blessé.

 

Les qualifications

Les séances d'essais du jeudi et du vendredi se déroulent sur une piste sèche. En revanche la journée du samedi est pluvieuse et donc la grille de départ est déterminée dès le vendredi soir.

E. Fittipaldi confirme son irrésistible montée en puissance en décrochant sa première pole position. C'est aussi la première de Lotus depuis deux ans. Ickx est deuxième sur la grille, à deux dixièmes seulement du Brésilien. La deuxième ligne est occupée par Regazzoni sur Ferrari et Beltoise sur BRM. Les voitures anglaises semblent performantes sur ce tracé puisque Gethin s'est hissé au cinquième rang. Il précède la Matra d'Amon et la McLaren de Hulme. Les Tyrrell ont rencontré de nombreux problèmes: Stewart est seulement huitième et Cevert douzième. En cinquième ligne on retrouve Pescarolo et Redman, suivis par Hailwood.

La nouvelle March est toujours aussi inconduisible. Peterson n'est que quinzième et Lauda vingt-deuxième. Mauvaises performances aussi pour les Brabham: Hill est 19ème, W. Fittipaldi 21ème. Beuttler, Pace et Stommelen occupent le fond de la grille.

 

C'est sous la pluie que se déroule le samedi après-midi le Grand Prix de Formule 3. Il est remporté par le Français Patrick Depailler, un protégé d'Elf, sur Alpine, après un brillant cavalier-seul. Il précède les Britanniques Tony Trimmer et Colin Vandervell.

 

Le Grand Prix

Le dimanche matin, le ciel est très sombre à Monaco et la pluie se met à tomber. Elle est toujours là au moment du départ et tous les coureurs chaussent des pneus rainurés. Les conditions de course s'annoncent extrêmement pénibles car la piste est très détrempée. Dans ce contexte, Jacky Ickx, le « roi de la pluie », apparaît comme le grand favori. Néanmoins les performances des pilotes et des voitures vont aussi dépendre de la tenue des pneumatiques Goodyear et Firestone.

 

Départ: Ickx part bien, au contraire de Fittipaldi rapidement distancé. Ickx se place à gauche, se croyant libéré de toute menace, mais à droite jaillit Beltoise, très bien parti. Le Français vire en tête à Sainte-Dévote et précède Ickx, Regazzoni, Fittipaldi et Amon. D'énormes gerbes d'eau sont projetées dans les airs par les bolides.

 

1er tour: Beltoise s'échappe en tête de l'épreuve. Ickx se fait doubler par Regazzoni, puis par Fittipaldi.

A la fin de cette boucle, Beltoise mène devant Regazzoni, Fittipaldi, Ickx, Amon, Stewart, Gethin, Hulme, Redman et Hailwood.

 

2e: Beltoise est extrêmement rapide et a déjà trois secondes d'avance sur Regazzoni. Ickx attaque Fittipaldi. Cevert heurte un trottoir mais poursuit sa route malgré une biellette de direction gauche faussée.

 

3e: Beltoise a cinq secondes d'avance sur Regazzoni, Fittipaldi et Ickx qui évoluent roues dans roues. Beuttler part en tête-à-queue au Gazomètre et repart aussitôt.

 

4e: Hailwood double Redman. Tête-à-queue de Lauda qui touche une bordure et brise une roue. Il parvient néanmoins à ramener sa March à son stand.

 

5e: Regazzoni manque son freinage à la chicane, glisse et tire tout droit. Il entraîne dans son sillage Fittipaldi qui était blotti dans ses échappements et ne peut que le suivre pour éviter la collision. Ickx, qui a correctement abordé la chicane, dépasse ses deux rivaux.

 

6e: Il pleut toujours sur le Rocher. Beltoise mène avec douze secondes d'avance sur Ickx.

 

7e: Hulme part en tête-à-queue au Gazomètre et frotte le rail. Il chute au seizième rang. Après réparations, Lauda est renvoyé en piste par son stand.

 

8e: Beltoise prend un tour à Lauda, premier retardataire. Le pilote français est impérial en ce début d'épreuve.

 

9e: Beltoise réalise le meilleur tour de la course en 1'40''.

 

10e: Beltoise a treize secondes d'avance sur Ickx et vingt sur Regazzoni. Fittipaldi est à vingt-cinq secondes, puis viennent, distancés, Amon, Stewart, Gethin, Hailwood, Walker et Wisell.

 

11e: Wisell prend la neuvième place à Walker.

 

13e: Beltoise rattrape les premiers retardataires mais ne perd pas trop de temps.

 

15e: Walker rencontre un souci de tenue de route. Il entre au stand Lotus pour faire vérifier ses roues et ses suspensions. Ganley stoppe aussi aux stands avant de repartir.

 

16e: Amon s'arrête au stand Matra pour faire changer sa visière qui s'est embuée. Il ressort en huitième position. Gethin en profite pour doubler Stewart et pointe ainsi au cinquième rang.

 

17e: La piste est complétement détrempée et la météo ne s'améliore pas. Walker est sorti des stands en vingt-quatrième position. Wisell doit renoncer car son moteur ne fonctionne plus.

 

18e: Tête-à-queue de Fittipaldi à Sainte-Dévote. Le jeune Brésilien repart aussitôt mais s'est fait doubler par Gethin et par Stewart.

 

20e: Stewart repasse devant Gethin. En fin de tour, Beltoise mène devant Ickx (12.7s.), Regazzoni (31s.), Stewart (54s.), Gethin (56s.), Fittipaldi (1m. 11s.), Hailwood (1m. 31s.), Amon (1m. 32s.) et Cevert (2m.). Tous les autres pilotes sont relégués à un tour ou plus.

 

21e: Rattrapant son retard, Amon prend la septième place à Hailwood.

 

22e: Beltoise et Ickx sont aux prises avec des attardés mais ils caracolent toujours en tête de l'épreuve. Une dizaine de secondes les séparent.

 

24e: Après avoir pris un tour à Cevert, Beltoise se retrouve derrière Schenken qui occupe le neuvième rang. Mais l'Australien ne le voit pas et le bouchonne.

 

25e: Beltoise cherche l'ouverture sur Schenken, mais celui-ci se rabat devant lui à chaque virage. Le Français s'inquiète car Ickx lui a déjà repris trois secondes.

 

27e: Excédé par la mauvaise volonté de Schenken, Beltoise tente le tout pour le tout à l'épingle de la gare: il freine tard, plonge à l'intérieur, « s'appuie » contre le flanc gauche de la Surtees et passe, non sans avoir bousculé Schenken qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Beltoise a à son endroit un geste d'exaspération.

 

28e: Gethin se loupe à la chicane et percute les protections. Il parvient à repartir, mais ce faisant emprunte la piste à contre-sens, ce qui est très dangereux à Monaco, qui plus est sous la pluie. Il regagne son stand.

 

29e: Gethin met pied à terre car sa calandre est enfoncée. Mais de toutes façons la direction de course le disqualifie pour avoir conduit à contre-sens.

 

30e: Beltoise a onze secondes d'avance sur Ickx qui s'est lui aussi heurté à des retardataires peu coopératifs. Regazzoni est troisième à quarante-cinq secondes du commandement. Il est désormais menacé par Stewart. Fittipaldi est cinquième devant Amon. Suivent ensuite Hailwood, Schenken, Cevert, Pescarolo, Redman et Marko, tous relégués à un tour de Beltoise.

 

31e: Amon doit s'arrêter à nouveau chez Matra pour faire changer sa visière. Sa voiture souffre aussi d'un léger problème de suspension. Le Néo-Zélandais repart au neuvième rang derrière Cevert.

 

32e: Schenken tape le rail à Mirabeau. Il doit abandonner.

 

33e: Stewart parvient à doubler Regazzoni. Le voici troisième.

 

34e: Amon prend la septième place à Cevert.

 

35e: Beltoise possède dix-huit secondes d'avance sur Ickx. Stewart est désormais le pilote le plus rapide en piste. Il rattrape Ickx peu à peu.

 

37e: Beltoise prend un tour à Fittipaldi. Stewart est revenu à quinze secondes de Ickx.

 

39e: La pluie redouble d'intensité. Amon dépasse Hailwood.

 

40e: A mi-course, tandis que l'asphalte est de plus en plus mouillé, Beltoise compte une vingtaine de secondes d'avance sur Ickx. Stewart est à trente-trois secondes du leader. Regazzoni est quatrième à une minute. Tous les autres pilotes sont à un tour ou plus. Fittipaldi est cinquième et précède Amon, Hailwood, Pescarolo, Redman et Marko. Seuls trois abandons sont à déplorer.

 

41e: Stewart est à dix secondes d'Ickx. Cevert s'arrête au stand Tyrrell car son allumage est noyé. Les mécaniciens s'affairent autour de sa voiture pour changer ses bougies.

 

42e: Beltoise est désormais gêné par Peterson qui navigue au quinzième rang. Au virage du Gazomètre, il se place à l'intérieur mais le Suédois se rabat devant lui. L'avant de la BRM percute une roue arrière de la March. Sous le choc, Peterson se laisse doubler par Beltoise, mais celui-ci se demande dans quel état est sa voiture.

 

43e: Pensant avoir endommagé son train avant, Beltoise ralentit au maximum à l'épingle de la gare afin d'observer la réaction des spectateurs au passage de sa voiture. Aucun ne réagit car celle-ci est intacte. Rassuré, Beltoise remet les gaz.

 

44e: Lancé à la poursuite d'Ickx, Stewart part en tête-à-queue à Mirabeau. Le champion écossais repart mais Regazzoni lui a entretemps repris la troisième place. Tête-à-queue de Hulme qui repart mais n'évolue plus qu'en quinzième position.

 

46e: Beltoise maintient sur Ickx une avance d'une vingtaine de secondes. Cevert reprend la piste.

 

48e: La pluie est toujours aussi forte et les pilotes n'y voient goutte. Pourtant le Grand Prix continue et on s'étonne que deux pilotes seulement aient heurté les protections !

 

50e: Au virage de Mirabeau, Ganley percute Hailwood qui venait de lui prendre un tour. Le Néo-Zélandais finit contre le rail, tandis que le Britannique regagne son stand avec un réservoir percé. Il répand ainsi de l'huile sur une piste détrempée. Amon est de nouveau au stand Matra pour mettre une quatrième (!) visière. Il perd deux places dans cette opération.

 

51e: L'asphalte est très glissante car l'eau est mêlée à l'huile répandue par la voiture de Hailwood. Ce dernier renonce à son stand. L'état de la piste est désormais plus favorable aux pneus Goodyear qu'aux Firestone.

 

52e: Regazzoni glisse sur l'huile répandue par Hailwood au virage du Gazomètre. Il tire tout droit et heurte assez violemment les protections. Le Tessinois sort sans dommage de sa voiture.

 

53e: Grâce aux nouvelles conditions de piste, Stewart se montre un peu plus rapide. Pescarolo commet une erreur au Gazomètre et laisse passer Amon et de Adamich.

 

54e: Nouveau tête-à-queue de Stewart à Mirabeau. Cette fois-ci l'Écossais comprend qu'il doit demeurer prudent et se contenter de sa troisième place.

 

55e: Beltoise a dix-huit secondes d'avance sur Ickx. Stewart est troisième à cinquante secondes. Fittipaldi quatrième à un tour. Redman est cinquième, à deux tours, et précède Amon, de Adamich, Pescarolo, Marko et Stommelen.

 

57e: La piste est très glissante dans la deuxième portion du tracé. Les pilotes se livrent à de véritables numéros d'équilibristes et plusieurs fois évitent de peu de se « mettre à l'équerre ».

 

59e: Pescarolo part en aquaplanage avant le virage du Gazomètre et heurte le rail. Il regagne son stand au ralenti, juste devant Beltoise qui, aveuglé par les projections d'eau et d'huile, l'évite de quelques centimètres...

 

60e: Beltoise possède 16.9s. d'avance sur Ickx. Stewart est troisième à 57 secondes. E. Fittipaldi est quatrième à un tour, puis viennent, à deux tours, Redman, Amon, de Adamich, Marko, W. Fittipaldi et Stommelen.

 

62e: Le moteur de Stewart commence à crachoter. La Tyrrell est peu rapide.

 

64e: Ickx est gêné par des retardataires, ce qui permet à Beltoise d'augmenter son avance. Plus rien ne semble pouvoir arriver au Français, en état de grâce.

 

65e: Vingt-deux secondes séparent Beltoise et Ickx.

 

67e: La météo n'est pas plus clémente en cette fin de course. Stewart est désormais à la peine: il s'est fait prendre un tour par Beltoise et Fittipaldi le rattrape peu à peu.

 

69e: Jusqu'alors quinzième, Pace s'arrête au stand Williams pour faire changer sa visière et vérifier son allumage.

 

70e: A dix tours du but, Beltoise a trente-quatre secondes d'avance sur Ickx. Stewart est troisième à un tour, peu à peu rattrapé par E. Fittipaldi. Redman est cinquième à deux tours et précède Amon, de Adamich, Marko, W. Fittipaldi et Stommelen.

 

71e: Beltoise arrive sur un groupe composé de Stommelen, W. Fittipaldi, Marko et de Adamich. En bagarre, les quatre hommes ne se soucient pas de la BRM et lui font perdre beaucoup de temps.

 

72e: Beltoise ne peut pas doubler les retardataires car l'écume est si épaisse que le moindre petit écart pourrait engendrer un terrible carambolage. Ickx est revenu à moins de trente secondes.

 

73e: Vingt-six secondes séparent Beltoise et Ickx.

 

74e: Beltoise se morfond toujours derrière le groupe d'attardés et craint le retour d'Ickx. Celui-ci est revenu à dix-huit secondes. De son côté, Stewart roule désormais au ralenti, avec un moteur expirant. Fittipaldi le rattrape.

 

75e: Deux des attardés qui gênaient Beltoise se loupent à la chicane et tirent tout droit, libérant le leader. Celui-ci dépasse en effet rapidement les deux autres voitures et peut reprendre sa marche en avant.

 

77e: Fittipaldi prend la troisième place à Stewart qui ne cherche pas à lui résister.

 

78e: Beltoise a maintenant plus de vingt secondes d'avance sur Ickx qui a perdu du temps en doublant Peterson.

 

79e: Ickx et Peterson arrivent sur Stewart au sommet de la montée vers la Casino. Ickx ralentit pour doubler Stewart qui se range sportivement, mais Peterson est aveuglé par les gerbes d'eau et heurte assez violemment l'arrière de la Ferrari. Par miracle les deux hommes évitent les rails et peuvent repartir avec des machines très diminuées.

 

80ème et dernier tour: Au terme d'une course héroïque, Jean-Pierre Beltoise remporte enfin sa première victoire en Formule 1 après avoir mené l'épreuve de bout en bout. Ickx termine second avec une voiture assez abîmée. E. Fittipaldi finit troisième, à plus d'un tour de Beltoise. Stewart sauve la quatrième place malgré un moteur très affaibli. Pour sa première course en F1 depuis plus d'un an, Redman obtient une belle cinquième place. Amon est sixième et inscrit le premier point de la saison pour Matra. De Adamich est septième et précède Marko, W. Fittipaldi, Stommelen, Peterson, Hill, Beuttler, Walker, Hulme, Lauda, Pace et Cevert, ce dernier n'étant pas classé.

 

Après la course

La victoire de Beltoise fait plaisir à tous ses supporteurs qui attendaient ce moment depuis si longtemps. Il n'avait pas gagné une course automobile depuis 1968 ! La poisse a enfin épargné « Bébel » qui a réalisé une course fantastique dans des conditions dantesques. Nul n'a pu le suivre, pas même Jacky Ickx, le « roi de la pluie ». Paradoxalement, Beltoise doit sa maîtrise sous la pluie à sa paralysie du bras gauche. En effet comme l'explique son ami Johnny Rives, avec le temps, à force d'utiliser son seul bras droit, il a acquis une sensibilité très aigüe aux changements d'adhérence, aux blocages de roue et au patinage en accélération. En tout cas, le journaliste José Rosinski écrit le lendemain qu'une longue injustice a été réparé. Si Beltoise est parfois contesté pour son caractère entier et peu diplomate, il a été l'icône du sport automobile français renaissant au mitan des années 60 et il était incompréhensible que son nom ne figure pas au palmarès de la Formule 1.

Cette victoire permet aussi à BRM d'inscrire ses premiers points en 1972 et de se relancer après un très mauvais début de saison.

 

Après avoir reçu les félicitations de la famille princière, Beltoise va fêter sa victoire à Saint-Tropez en compagnie de sa « bande »: son épouse Jacqueline, son beau-frère François Cevert, le journaliste Stéphane Collaro, le chanteur Danyel Gérard etc....

 

Bien que sa course fût moyenne, Fittipaldi fait une belle opération avec cette troisième place puisqu'il s'empare de la première place du championnat du monde avec 19 points. Il précède Ickx (16 pts), Hulme (15 pts) et Stewart (12 pts). En ce qui concerne la coupe des constructeurs, Lotus, McLaren et Ferrari se retrouvent à égalité avec dix-neuf points chacune. Tyrrell est quatrième avec douze unités.

Tony