Le Grand Prix d'Italie à Monza marque la fin de la saison européenne. Jochen Rindt, solide leader au classement général, peut devenir champion du monde en Lombardie s'il gagne la course et que son principal adversaire Jack Brabham ne marque pas plus d'un point. Le pilote autrichien est à vrai dire pressé d'en finir car il ne supporte plus sa collaboration avec Colin Chapman. Toutefois, s'il désire quitter Lotus, il n'est plus aussi certain qu'auparavant de vouloir se retirer, et envisagerait de poursuivre sa carrière une saison de plus.
Comme chaque année, le Commendatore Enzo Ferrari se déplace sur le circuit pour les essais du vendredi. En Autriche, ses voitures ont triomphé pour la première fois depuis deux ans. S'il semble trop tard pour que l'équipe italienne puisse se mêler à la lutte pour les championnats mondiaux, Ferrari a donné au directeur sportif Franco Gozzi un objectif clair: remporter les quatre derniers Grands Prix de la saison... et particulièrement celui d'Italie, où trois 312B seront engagées pour Jacky Ickx, Clay Regazzoni et Ignazio Giunti.
En tout cas le combat s'annonce féroce dans les lignes droites de Monza. Les Ferrari, les BRM et les Matra sont favorites grâce à la puissance de leurs moteurs à douze cylindres. Face à elles, les Lotus, Brabham, March et McLaren à V8 Ford-Cosworth sont tentées d'enlever leurs ailerons arrières afin d'augmenter leurs vitesses de pointe.
Le 22 août s'est déroulée l'International Gold Cup à Oulton Park, épreuve regroupant des F5000 et quelques F1. John Surtees a triomphé au volant de sa nouvelle TS7 devant Jochen Rindt et Jackie Oliver. Jackie Stewart a étrenné la nouvelle Tyrrell 001 lors de cette épreuve, mais il a dû rapidement abandonner. De son côté, après de brillants débuts en Formule 1, Clay Regazzoni se rapproche du titre de champion d'Europe de Formule 2.
Lotus amène quatre Lotus 72C: trois officielles pour Jochen Rindt, John Miles et Emerson Fittipaldi, et une quatrième confiée à l'équipe de Rob Walker pour Graham Hill.
La nouvelle Tyrrell 001 n'est toujours pas prête pour la compétition après des débuts très médiocres à Oulton Park. A Monza, Stewart effectue quelques tours d'essais à son volant avant de reprendre la March 701.
McLaren engage deux voitures à moteur Alfa Romeo: en plus de la M14D d'Andrea de Adamich, Teddy Mayer a confié une vieille M7D à l'Italien Nanni Galli qui brille en voitures de sport avec Alfa Romeo. Enfin, le vétéran Joakim Bonnier fait son retour avec sa propre McLaren M7C.
BRM introduit une nouvelle version de son moteur V12 conçue par Aubrey Woods. Seul Eaton l'utilisera pour la course.
Mario Andretti n'est pas présent et ne reviendra plus en Formule 1 cette année-là, préférant se concentrer sur sa saison américaine.
La question des ailerons
Comme c'est le cas depuis trois ans sur cette piste, ingénieurs et pilotes discutent sur l'opportunité de monter les ailerons sur les monoplaces, afin d'augmenter la vitesse de pointe, clef de la réussite sur cette piste. Toutefois une voiture privée d'aileron est plus instable, ce qui est très dangereux. Le vendredi, Cevert, qui a démonté ses ailerons, se fait une sacrée frayeur en effectuant un tête-à-queue à 300 km/h !
Chez Lotus, Rindt décide de se passer d'ailerons. Chapman impose le même choix à Miles, malgré les réticences de celui-ci. Sans appui, la Lotus 72 glisse en effet beaucoup dans les courbes et est instable en ligne droite. Mais Rindt n'est pas d'accord avec son équipier et trouve que sa machine a un comportement satisfaisant.
La mort de Jochen Rindt
Les essais reprennent le samedi 5 septembre dans la matinée. Les pilotes s'élancent les uns après les autres pour des tours rapides. Jochen Rindt est sur la piste devant Denny Hulme. Il conclut une boucle lorsqu'à l'abord de la Parabolica, sa Lotus se met à zigzaguer à plus de 200 km/h. Le pilote ne peut contrôler son bolide qui fonce vers le rail externe et le percute de face. Le choc est effroyable, le capot de la voiture se soulève en heurtant le rail, monté bien trop haut. La Lotus effectue plusieurs tours sur elle-même avant de s'immobiliser dans le sable, l'avant complètement détruit.
Les commissaires de piste arrivent sur les lieux du drame et découvrent Rindt inanimé, la gorge coupée par son harnais qui s'est détaché lors de l'impact. Les secours sont bientôt sur place mais constatent qu'il n'y a plus rien à faire. Un médecin tente de prodiguer au malheureux un massage cardiaque... et ne fait que l'achever en lui éclatant l'aorte. Jackie Stewart et quelques autres pilotes assistent à la scène et voient leur ami transporté sur un brancard, recouvert d'un drap blanc. Bernie Ecclestone, l'agent de Rindt, a couru depuis les stands jusqu'à la parabolique. Il demande à tous ceux qu'il rencontre « Is he O.K. ? Is he O.K. ? ». Il n'a pour seules réponses que des visages fermés. Ecclestone ramasse le casque de son ami et regagne tristement les stands.
La nouvelle du drame se répand assez rapidement dans le paddock. Jackie Stewart annonce l'horrible nouvelle à Nina Rindt. Mais le décès de l'Autrichien ne sera officiellement prononcé que quelques heures plus tard. En effet, Rindt ne pouvait pas être déclaré mort sur le circuit, auquel cas le Grand Prix aurait été annulé afin de permettre à la police d'ouvrir une enquête. Ce qui était évidemment inimaginable pour les tifosi... Peter Warr se rend avec Ecclestone à l'hôpital de Milan où Rindt a été transporté. Sa mort est alors confirmée. Aussitôt, Colin Chapman s'enfuit et quitte l'Italie. Il sait en effet que la police italienne va l'inculper pour homicide involontaire...
Les causes de la mort de Jochen Rindt n'ont jamais été complétement élucidées. L'explication la plus souvent avancée est une rupture de l'axe reliant les freins aux roues de la Lotus, qui aurait entrainé celle-ci dans une terrible embardée. La suppression des ailerons aurait rendu la voiture incontrôlable. De plus, Rindt n'aurait attaché que quatre points de son harnais au lieu de cinq, ce qui expliquerait pourquoi on a retrouvé les lanières autour de son cou. C'était une habitude de Rindt qui voulait ainsi sortir plus facilement de son habitacle en cas d'incendie.
Les qualifications
Rindt mort, Chapman en fuite, l'équipe Lotus déclare évidemment forfait pour le Grand Prix. Graham Hill décide aussi de se retirer en hommage à son ancien équipier.
Malgré cette catastrophe, les essais qualificatifs se poursuivent. Sans grande surprise, Ickx réalise la pole position mais il ne devance que de deux dixièmes Rodríguez, dont la BRM se montre de nouveau performante grâce à son moteur V12. Regazzoni est troisième devant Stewart qui s'intercale devant Giunti. Oliver est sixième au volant de la seconde BRM. Siffert est septième devant Brabham, Hulme et Surtees. On remarque les bonnes performances de Cevert (11ème) et de Adamich (13ème). En revanche les Matra déçoivent énormément: Beltoise et Pescarolo ne sont que quinzième et seizième. Amon a cassé son moteur et utilise à la place 'un mauvais bloc si poussif qu'il ne parvient pas à se qualifier.
Amon, Eaton, Schenken, Bonnier, Galli et Moser sont initialement éliminés. Mais à cause du forfait des trois Lotus, Amon, Eaton et Schenken sont réintégrés sur la grille.
Le Grand Prix
Cent mille tifosi ont fait le déplacement pour encourager les Ferrari. Cinq pilotes prennent le départ sans leurs ailerons: Stewart, Cevert, Rodríguez, Oliver et Peterson.
Départ: Celui-ci est donné alors que seules les cinq premières lignes de la grille sont en place... Ickx part bien et conserve la première place devant Rodríguez. Suivent Stewart et Regazzoni. Surtees reste scotché à sa place car sa batterie est à plat.
1er tour: Ickx mène devant Rodríguez, attaqué par Stewart, puis viennent Regazzoni, Giunti, Oliver, Siffert, Brabham, Cevert et Beltoise.
2e: En début de tour, Regazzoni double Stewart. Siffert perd quatre places aux profits de Brabham, Cevert, Beltoise et Pescarolo. Les douze premiers roulent en peloton. Surtees parvient à s'élancer mais il n'effectue que quelques centaines de mètres car son alimentation électrique est hors d'usage.
3e: Stewart repasse devant Regazzoni en toute fin de tour, sur la ligne de chronométrage. Beltoise prend la huitième place à Cevert. Le moteur de Siffert explose devant les tribunes: le Suisse doit stopper sur le bas-côté.
4e: Rodríguez double Ickx, bientôt imité par Stewart. Oliver prend la cinquième place à Giunti. Siffert regagne les stands en saluant la foule.
5e: Stewart déborde Rodríguez et s'empare à son tour du commandement. Giunti repasse devant Oliver et Beltoise double Brabham.
6e: Regazzoni double Ickx. Oliver et Beltoise doublent Giunti. Brabham se fait passer par Stommelen et Cevert.
7e: Rodríguez repasse devant Stewart dans la longue ligne droite et retrouve le commandement. Olivier double Ickx.
8e: Giunti passe Ickx.
9e: Stewart surprend Rodríguez et reprend la tête. Oliver prend la troisième place à Regazzoni. Gethin s'arrête au stand McLaren car son capot avant se détache. Il effectuera trois arrêts pour résoudre le même problème.
10e: Stewart, Rodríguez, Oliver et Regazzoni sont roues dans roues. Dans ce tour le Tessinois va doubler à l'aspiration ses trois adversaires pour se retrouver en tête. Stommelen double Ickx puis Oliver. Regazzoni mène devant Rodríguez (0.3s.), Stewart (0.6s.), Stommelen (0.8s.), Oliver (1.1s.), Ickx (1.4s.), Hulme (1.9s.), Giunti (2.1s.), Cevert (2.7s.), Beltoise (2.7s.) et Brabham (6.5s.).
11e: Stewart double Rodríguez et Regazzoni pour se retrouver en tête. Oliver est troisième après avoir passé Stommelen et Regazzoni. Giunti entre au stand Ferrari car son moteur a des ratés.
12e: Stewart fait un mauvais tour puisqu'il chute de la première à la sixième place. Regazzoni retrouve le commandement après être passé devant les deux BRM de Rodríguez et Oliver.
13e: Rodríguez casse son moteur et doit abandonner. Oliver a doublé Regazzoni et prend le commandement. En un tour, Stewart a doublé Ickx, Stommelen et Regazzoni et se retrouve second. Giunti a repris la piste.
14e: Stewart passe Oliver et reprend la tête. Stommelen est désormais troisième devant Regazzoni, Ickx et Hulme.
15e: Le groupe de tête est désormais constitué de Stewart, Oliver, Stommelen, Regazzoni, Ickx, Hulme, Cevert et Beltoise. Pescarolo entre au stand Matra. Une soupape a cassé sur son moteur: le Français doit renoncer.
16e: Regazzoni et Ickx doublent Stommelen. Cevert passe Hulme.
17e: Stewart et Oliver sont en bagarre. Ickx prend la troisième place à Regazzoni. Hulme est repassé devant Cevert et a doublé Stommelen. Giunti doit abandonner. On s'aperçoit par la suite que les trompettes d'admission de sa voiture ont absorbé un corps étranger.
18e: Oliver attaque Stewart et se retrouve en tête. Ickx double à son tour le pilote écossais. Stommelen repasse devant Hulme. Schenken abandonne, moteur cassé.
19e: Ickx double Oliver et retrouve le commandement. Regazzoni double Stewart.
20e: Hulme reprend la cinquième place à Stommelen.
21e: Ickx semble en difficulté: il se fait successivement doubler par Oliver, Regazzoni et Stewart.
22e: Oliver est désormais en tête juste devant Regazzoni et Stewart. Eaton renonce à cause d'une surchauffe de son nouveau moteur.
23e: Stewart double Regazzoni. Ickx se fait déborder par Hulme.
24e: Regazzoni repasse devant Stewart. C'est au tour de Stommelen de dépasser Ickx qui a des soucis avec son embrayage.
25e: Stewart dépasse encore une fois Regazzoni. Ickx regagne son garage à la fin de cette boucle.
26e: Stewart attaque Oliver et lui reprend la tête de l'épreuve. Hulme prend la troisième place à Regazzoni. Cevert, Brabham et Beltoise sont en lutte pour la sixième place. Ickx met pied à terre: son embrayage est hors d'usage. Tous les espoirs de la Scuderia reposent désormais sur Regazzoni.
28e: Oliver passe devant Stewart, bientôt imité par Hulme.
29e: Hulme double Oliver et prend les rênes de la course pour la première fois.
30e: Oliver repasse devant Hulme, bientôt doublé par Stewart. Regazzoni observe ce trio. Le peloton de tête commence à se distendre.
31e: Une nouvelle fois, Stewart passe Oliver. Regazzoni dépasse Hulme.
32e: Regazzoni dépasse Oliver dans la première courbe. Puis le Tessinois attaque Stewart et prend la tête sous les vivats de la foule. Le moteur de Brabham se coupe dans la Parabolica, envoyant l'Australien dans le décor. Brabham sort sans dommage de sa voiture, mais il a perdu une occasion de reprendre quelques points à Rindt.
34e: A mi-parcours, Regazzoni mène devant Stewart (0.7s.), Oliver (1.6s.), Hulme (2s.), Stommelen (2.7s.), Beltoise (3.2s.), Cevert (5.8s.) et Amon (32.1s.). Suivent Gethin, Peterson et de Adamich.
35e: Stewart reprend la première place à Regazzoni. Hulme double Oliver.
36e: Regazzoni rend la monnaie de sa pièce à Stewart et reprend la tête. Oliver lève le pied et se fait doubler par Stommelen et Beltoise.
37e: Stewart sort de la Parabolica devant Regazzoni. Beltoise double Stommelen. Oliver doit abandonner: son moteur, comme celui de Rodríguez, n'a pas tenu le coup. Peterson est aussi à son stand pour renoncer suite à une panne de moteur. Il n'y a plus que neuf voitures en piste.
38e: Regazzoni s'impose face à Stewart. Beltoise prend la troisième place à Hulme.
40e: Regazzoni et Stewart sont roues dans roues, en lutte pour la victoire. Beltoise, Hulme et Stommelen les suivent, légèrement distancés.
42e: Stewart reprend le commandement à Regazzoni.
43e: Encouragés par les supporteurs italiens, Regazzoni harcèle Stewart. Beltoise et Hulme sont dans ses échappements, prêts à saisir la moindre opportunité.
44e: Regazzoni prend la première place aux dépens de Stewart. Hulme double Beltoise.
45e: Regazzoni, Stewart, Hulme, Beltoise et Stommelen se tiennent en moins de deux secondes. Le futur vainqueur se trouve parmi ces cinq pilotes.
47e: Beltoise passe devant Stewart.
50e: Regazzoni mène devant Stewart (0.3s.), Beltoise (0.8s.), Hulme (0.9s.), Stommelen (1.3s.) et Cevert (23.1s.). Suivent Amon, de Adamich et Gethin.
51e: Stewart double Regazzoni sur la ligne de chronométrage.
52e: Regazzoni repasse devant Stewart, mais l'Ecossais demeure dans son sillage.
53e: Stewart passe Regazzoni. Beltoise, Hulme et Stommelen sont juste derrière ces deux pilotes.
54e: Regazzoni double Stewart. L'Écossais se fait ensuite passer par Beltoise qui profite de la puissance de son V12. Stommelen double Hulme.
55e: Regazzoni a quelques mètres d'avance sur Beltoise. Hulme reprend la quatrième place à Stommelen.
56e: Stewart repasse devant Beltoise... et Stommelen est de nouveau devant Hulme.
57e: Regazzoni profite de la bagarre opposant Stewart et Beltoise pour s'échapper quelque peu. Le mano a mano entre Hulme et Stommelen se poursuit, cette fois-ci au profit du Néo-Zélandais.
58e: Beltoise double Stewart à la Parabolica. De Adamich doit s'arrêter à son stand à cause d'une crevaison. Il pourra repartir après avoir perdu beaucoup de temps.
59e: Stewart redouble Beltoise.
60e: Regazzoni s'échappe en cette fin d'épreuve et possède deux secondes d'avance sur ses poursuivants immédiats. Stewart se fait doubler par Beltoise et par Hulme.
61e: Nouveaux changements derrière le leader: Stewart est deuxième devant Beltoise, Stommelen et Hulme.
62e: Beltoise est maintenant second devant Hulme, Stewart et Stommelen. Si ces quatre pilotes se battent entre eux, ils ne se semblent pas capables de rattraper Regazzoni.
63e: Hulme double Beltoise dans la longue ligne droite. Le Français est ensuite dépassé par Stewart.
64e: Regazzoni est première devant Hulme (4.7s.), Stewart (5.1s.), Beltoise (5.5s.) et Stommelen (6.3s.). Cevert est sixième à une minute.
65e: Regazzoni réalise le meilleur tour de la course: 1'25''2'''.
66e: Hulme, Stewart, Beltoise et Stommelen sont toujours roues dans roues et vont se battre jusqu'à la fin.
67e: Tandis que dans les tribunes on encourage Regazzoni, Stewart prend la deuxième place à Hulme.
68ème et dernier tour: Clay Regazzoni remporte sa première victoire en Formule 1, et ce dès son cinquième Grand Prix. Les tifosi exultent. Stewart termine deuxième tandis que Beltoise chipe à Hulme la troisième place sur la ligne d'arrivée Stommelen finit cinquième. Cevert est sixième et inscrit son premier point en Formule 1. Amon et de Adamich sont les seuls autres pilotes classés, tandis que Gethin arrive avec huit tours de retard à cause de ses problèmes de capot.
Après la course
Comme il est d'usage en Italie, la foule envahit la piste alors même que toutes les voitures n'ont pas fini leur course. Les tifosi se précipitent autour de Clay Regazzoni qu'ils arrachent à sa voiture pour le porter en triomphe jusqu'au podium. Le Tessinois est considéré comme un quasi-Italien, ce qui ne fait qu'augmenter la ferveur du public. Ferrari n'avait pas triomphé à Monza depuis la victoire de Ludovico Scarfiotti en 1966. Regazzoni est le nouvel héros de la péninsule italienne. Son succès parvient à éclipser les problèmes techniques qui ont frappé ses équipiers Ickx et Giunti...
A l'heure des comptes, la situation au championnat du monde des conducteurs est inédite. Mort, Rindt est toujours en tête avec 45 points et une avance très confortable sur ses poursuivants: Brabham et Stewart n'ont que 25 points, Hulme 23, Regazzoni 21 et Ickx 19. Le malheureux Autrichien a donc toutes les chances de devenir champion du monde à titre posthume.
Au classement des constructeurs, la situation est plus serrée. Lotus n'a qu'onze points d'avance sur March. Mais l'équipe anglaise s'inquiète surtout du retour de Ferrari, désormais quatrième, intercalée entre Brabham et McLaren.
Hommages à Jochen Rindt
La mort de Jochen Rindt bouleverse bien évidemment le monde du sport automobile, mais aussi l'Autriche toute entière. Rindt était en effet devenu un héros national. Autrefois considéré comme un dandy casse-cou, il avait pris une autre dimension en cette saison 1970, faisant preuve de mesure et de maturité. Le titre de champion du monde allait consacrer sa carrière.
Ses obsèques ont lieu à Graz le 11 septembre 1970 et déplacent une foule immense de plus de dix mille personnes. Tout le gratin de l'automobilisme est présent, de même que des responsables politiques. Jo Bonnier prononce son éloge funèbre au nom de tous les coureurs. Rindt laisse une veuve, Nina, et une fille, Natasha, âgée de deux ans.
Colin Chapman et l'équipe Lotus sont bientôt accusés d'homicide involontaire par la justice italienne. Mais ils seront assez rapidement relaxés. L'enquête démontrera en effet que la mauvaise installation des rails de sécurité a tout autant provoqué la mort du champion qu'une défaillance mécanique, de toutes façons improuvable, sur la Lotus 72.
Tony