Enfin un pilote portugais en F1. Cela n'était plus arrivé depuis Mario Cabral en 1959. Le Portugal n'a jamais donné à la plus grande discipline du sport automobile un seul grand pilote. Tout un pays portait donc ses espoirs sur le jeune Pedro Matos Chaves.
Fils de l'ancien président de la Fédération portugaise de l'automobile, Chaves n'a pas laissé passer l'occasion que lui offrait Enzo Coloni d'effectuer ses grands débuts en F1.
Débutant par le karting en 1980, continuant jusqu'à ce qu'il remporte le Toyota Starlet Trophy en 1985. Il décide alors de monter en Formule Ford 1600 et remporte les deux titres de la péninsule ibérique. Dès lors, Pedro décide de partir courir en Grande Bretagne. Deux années, toujours en FF1600, lui avaient permis de faire le grand saut en F3000 en 1989.
Le pilote lusitanien ne semblait pas afficher, le bagage technique, les qualités nécessaires pour réussir quelque chose de valable. En 10 manches, il loupera par quatre fois la qualification et son meilleur résultat ne sera qu'une timide onzième place à Brands Hatch. Cette expérience aurait pu être fatale au jeune portugais, mais sa combativité lui permet de se faire remarquer par un certain Nigel Mansell, qui lui propose de venir courir en F3000 Britannique dans l'écurie Mansell-Madgwick. Les suiveurs britanniques prédisent alors à Pedro une saison longue et très difficile. C'était sans compter sur la formidable volonté de Chaves.
En une saison, en effet, le Portugais réalisait des progrès colossaux pour, à la surprise générale, remporter le titre britannique de Formule 3000 en 1990. Il n'avait rien laissé au hasard, s'astreignant même à un régime draconien afin de perdre un excèdent de poids. Petit (1m68), le pilote de Porto se distinguait par son aspect rondouillard. jusqu'à cette année 90 au cours de laquelle il avait perdu une bonne dizaine de kilos. Au final, il remporte cinq manches et le titre haut la main. Pour parfaire son expérience, il va, sur les conseils de son mentor moustachu, courir quelques manches du championnat international de F3000 (quatrième à Brands Hatch) et ira jusqu'à Macao pour participer au célèbre Grand Prix de F3.
Auréolé de sa victoire dans le championnat britannique de F3000, soutenu financièrement, comme depuis ses débuts dans le sport automobile, par l'un des plus gros producteurs de vin du Portugal, Pedro Matos Chaves était prêt pour débarquer chez les grands.
En cette année 91, celle de ses débuts en F1, Pedro savait pertinemment que la tâche ne serait pas des plus aisées. Il se doutait que ses GP se finiraient le plus souvent le vendredi à 9h, à la fin de la séance de pré qualifications. Mais Pedro est là pour emmagasiner de l'expérience pour l'avenir.
Et cette saison qu'il prévoyait difficile fut catastrophique. 13 participations, 13 non pré-qualifications. Son meilleur résultat fût une 6ème place en pré-qualif à Phoenix où il devancera Grouillard et Van de Poele. Pour le reste il clôturera toujours le classement avec un écart moyen de 112% par rapport à la pole position. La raison principale de cet échec : la voiture. Comme à son habitude, Enzo Coloni a fait dessiner une voiture laide, lente, lourde, à la puissance d'une charrette et financée avec la récolte de la messe ! Dégoûté par cette saison, mal payé (10.000$ contre les 100.000$ prévus par le contrat) et en guerre ouverte avec son patron, Pedro claque la porte de l'écurie après son Grand Prix National.
En 1992, Pedro reprend le chemin de la F3000 international, mais avec une 7ème place comme meilleur résultat, Pedro doit définitivement mettre un terme à ses rêves de F1. Il se tourne alors vers les Etats-Unis. Il passera 3 saisons en Indy Lights, mais, malgré une victoire à Vancouver en 1995, il ne parviendra jamais à ouvrir les portes du CART.
Chaves abandonne alors la monoplace et se tourne vers le championnat espagnol de voitures de tourisme en 96 puis le championnat FIA GT l'année suivante. Pourtant soutenu depuis le début de sa carrière par Salvador Caetano, le plus gros importateur BMW et Toyota du Portugal, Pedro décide de conduire une Chrysler Viper en FIA GT. Outré par l'attitude de son poulain qui conduit pour la concurrence, Caetano lui retire son soutien. Devenu sans le sou, Pedro est obligé de faire machine arrière et de rentrer au bercail. Rancunier, Caetano lui confie pour 1998, la conduite d'une Toyota Corolla WRC pour faire du rallye. Pedro n'apprécie guère le rallye, mais contraint et forcé, il va entamer dans cette discipline sa 8ème saison.
Le Portugal devra encore attendre avant de trouver un Grand Champion en Formule 1.
Alex Mondin