Si en Formule 1, le nom de Berta reste associé à un projet non abouti, il restera néanmoins un des plus grands constructeurs de monoplaces dans les différentes disciplines sud américaines.
Pendant les années 70, il existait en Argentine un championnat de monoplaces appelées Formula Mecanica. Oreste Berta et ses hommes s'y construirent une sérieuse réputation. Dès 1968, ils conquirent le titre national avec Eduardo Copello. Il faut préciser que cette formule nationale s'apparentait à une discipline oscillant entre F1 et F5000. Berta récidiva en 1969 avec ce coup-ci Jorge Ternengo avant de réaliser la passe de trois l'année suivante avec Betollini. Si le titre échappa à l'écurie argentine les deux années suivantes, il n'en demeurait pas moins que la structure de Berta devenait de plus en plus importante et que le flair de dénicheur de talents d'Oreste lui permettait de recruter les meilleurs espoirs locaux. Ainsi, le titre fut de nouveau glané en 73, 74 et 75 grâce au redoutable duo Luis di Palma et Nestor Garcia-Veiga.
Mais Berta avait des velléités de développement international. Ainsi, dès 1973, fut mis en chantier, la création d'une F5000 capable de disputer les manches du championnat américain. Malheureusement, par manque de préparation et par manque de moyens financiers, le projet fut abandonné devant le peu de résultats réussis par la voiture.
Oreste Berta savait que son pays n'avait d'yeux que pour la discipline reine : la Formule 1. Il savait donc qu'en montant un projet d'écurie 100% argentine de F1, il aurait le soutien des plus puissants industriels du pays. Ainsi, il construit son plan de bataille. Sachant que ses deux pilotes phares sont occupés par le championnat de Formula Mecanica, Oreste va confier le développement de la future voiture au pilote essayeur maison : Maritò Garcia. La voiture, très inspirée de la F5000 maison fut prête très tôt dans la saison puisque les premiers tours de roues eurent lieu lors de la dernière semaine de février.
Aux cours de l'année, une dizaine de séances d'essais seront mises sur pied et plusieurs pilotes se succèderont au volant : Garcia, di Palma, Garcia-Veiga bien sur mais aussi le patron, Oreste Berta lui-même. Et dès la mi-saison, la nouveauté suprême fit son apparition : un moteur maison, un V8 Berta, un bloc issu des V8 Cosworth racheté à l'écurie Brabham. Ce moteur amélioré était censé être le plus puissant des V8 disponibles sur le marché. Tout au long de l'année, les essais se multiplièrent et on se rendit vite compte que si le moteur était puissant et confortable, il était surtout fragile comme du cristal. Quasiment tout le stock de moteur fut brisé durant ces essais.
D'un autre côté, l'engouement populaire imaginé ne fut pas aussi impressionnant que prévu. Ainsi, les fonds vinrent à manquer et la réparation des blocs moteurs abîmés rendue impossible. Néanmoins, l'écurie s'estimait prête et confirma son engagement pour les deux premières manches du Championnat du Monde de Formule 1 1975, en Argentine et au Brésil.
Malheureusement, lors de la dernière séance d'essais privés avant le début de la saison, le dernier moteur Berta disponible fut réduit en miette... Ayant eu vent de l'histoire Berta, et sensible à un projet national sud américain, Wilson Fittipaldi (qui lance lui-même sa propre structure 100% brésilienne) consent à prêter un de ses V8 Cosworth à l'écurie argentine, afin qu'elle prenne part aux manches prévues.
La seule condition de ce prêt est que Berta doit rendre le moteur en état de marche. Mais, quelques jours avant l'ouverture de la saison, les ingénieurs de l'écurie se rendirent compte que si les moteurs étaient aussi fragiles, cela venait principalement du fait que la carrosserie n'était pas assez flexible et que cela entraînait de fortes vibrations, fatales au bon fonctionnement du moteur. Ainsi, la décision fut prise. Ne pouvant être sur de pouvoir rendre le moteur en bon état et n'ayant pas les moyens de rembourser une casse éventuel, Berta et son pilote Garcia-Veiga ne feront pas le déplacement pour ces deux manches.
Le projet, trop onéreux car sans soutien massif, fut définitivement abandonné dans le courant de l'année 75. Berta se concentra alors sur le championnat local de Formula Mecanica. Mais il ne connut plus la même gloire que par le passé. Néanmoins, lorsque fin 79, le championnat pris fin, à cause de la crise pétrolière, Berta pouvait s'orner de 5 titres et 45 victoires, soit le meilleur total de l'histoire de ce championnat. Par la suite, Berta continuera de s'impliquer dans le sport automobile local devenant le représentant officiel de plusieurs grandes marques, dont Renault. A ce jour, l'usine fonctionne mieux que jamais et Berta représente les intérêts de Porsche pour tout l'Amérique du Sud.
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