Essais libres et sprint: les derniers dadas de Stefano Domenicali
En 2022, Stefano Domenicali a eu peine à vaincre les réticences du président de la FIA Mohammed Ben Sulayem pour doubler le nombre de sprints par an (de trois à six). Mais l'effacement de ce dernier début 2023 permet au président de la Formule 1 de laisser libre cours à sa riche imagination. Ainsi, une nouvelle procédure de qualifications sera testée prochainement à Imola: les pilotes seront contraints d'utiliser un type de pneus différent pour chaque étape de la séance. Mais Domenicali souhaite aller plus loin dans la réinvention des week-ends de course. Il s'agit de garder le téléspectateur constamment en haleine et d'éliminer les « temps morts ». Les trois séances d'essais libres entrent ainsi dans son viseur. Ces entraînements sont certes indispensables au bon réglage des monoplaces mais ne sont pas spectaculaires. Et à l'heure de la « F1 - Netflix », rien ne doit primer sur le « buzz » et l'émotion factice. « Les essais libres sont très intéressants pour les ingénieurs et les pilotes, mais au bout du compte, dans le sport, il faut se battre pour quelque chose », pointe Domenicali. « Chaque fois que les pilotes sont en piste, il devrait y avoir au bout un enjeu, une récompense. Cela vaut aussi pour les essais libres. » Tout en affirmant qu'il n'est pas question de remettre en cause la primauté de la « course du dimanche », le représentant de Liberty Media suggère soit d'attribuer des points aux pilotes qui signeraient les meilleurs chronos lors des essais libres, soit de supprimer ceux-ci purement et simplement !
Domenicali souhaite en vérité réduire ces séances au strict minimum afin de laisser plus de place à son gadget favori, le sprint du samedi, amené à se généraliser tout en étant totalement découplé du « vrai » Grand Prix. Il propose aux constructeurs de décaler les qualifications au vendredi après-midi. Le samedi serait entièrement consacré au sprint, avec une séance qualificative le matin et la mini-course l'après-midi. Le résultat de cette dernière n'influerait plus sur la grille de départ dominicale. Ce format est accepté par les directeurs d'équipe et sera éprouvé dès le GP d'Azerbaïdjan un mois plus tard, même si l'on ne sait pas quelle forme prendront les qualifications pour le sprint. En tout cas, Domenicali est prêt toutes les expérimentations possibles. Mais, si la réduction des essais libres serait plutôt bien accueillie par les pilotes, ceux-ci sont plus dubitatifs face à ces transformations des week-ends de Grand Prix. C'est ce qu'exprime Max Verstappen: « Domenicali doit s'assurer que l'ADN du sport reste intact. Ce n'est un secret pour personne: je ne suis pas fan des sprints, ni de ce calendrier chargé. Nous devons faire très attention à ne pas trop expérimenter avec la Formule 1 sinon nous perdrons l'âme de notre sport. »
Présentation de l'épreuve
Ce Grand Prix d'Australie est tout à fait spécial pour le débutant Oscar Piastri qui va courir doublement à domicile, puisqu'il est natif de Melbourne. C'est aussi un véritable retour au bercail puisqu'il a quitté l'Australie à l'âge de 14 ans pour poursuivre sa carrière en Europe. Il n'a ainsi jamais piloté de monoplaces dans son pays d'origine, mais a néanmoins participé au GP d'Australie 2016 en tant que... « grid kid » ! « Je tenais le panneau de Daniil Kvyat, se souvient-il mais celui-ci est tombé en panne pendant son tour d'installation, donc je n'ai jamais eu l'occasion de le voir. J'espère que j'aurai plus de chance ce dimanche ! » Comme Mark Webber et Daniel Ricciardo avant lui, Piastri reçoit le chaleureux soutien du sympathique public australien. Il souhaite bien entendu inscrire à cette occasion ses premiers points en F1. Daniel Ricciardo effectue pour sa part sa première apparition dans le paddock depuis son retour chez Red Bull. Comme à son habitude, il égaye ses interlocuteurs de plaisanteries plus ou moins fines, mais s'entretient aussi avec Max Verstappen et Sergio Pérez pour peaufiner son travail dans le simulateur de Milton Keynes. « Dany Ric » espère bien sûr retrouver un vrai volant pour 2024 mais pour le moment aucune opportunité ne s'offre à lui...
Les mauvaises prestations de la McLaren-Mercedes MCL60 lors des deux courses inaugurales poussent Zak Brown et Andrea Stella à remanier de fond en comble le département technique de Woking. Le directeur technique James Key fait les frais de cette restructuration et est limogé. Ses fonctions sont désormais réparties entre trois ingénieurs qui dépendent directement de Stella. Peter Prodromou se charge toujours de l'aérodynamisme avec Giuseppe Pesce comme bras droit. Tous deux travailleront à compter de 2024 avec David Sanchez, un ancien de la maison, qui s'occupera du concept et de la performance. C'est la position qu'il occupait il y a peu chez Ferrari. Neil Houldey hérite du poste nouvellement créé de directeur de l'ingénierie et de la conception. Enfin, Andrea Stella sera plus étroitement secondé par Piers Thynne, jusqu'ici chef des opérations, promu directeur de l'exploitation. Zak Brown justifie ce remaniement par le retard de développement pris par McLaren ces deux dernières années et que chacun peut constater sur la piste.
Depuis quelques mois, Valtteri Bottas adopte une allure et une tenue nonchalantes contrastant avec l'image sage et policée qu'il affichait jusqu'alors. Il a réinventé la « coupe mulet », arbore une curieuse moustache et déambule dans le paddock de Melbourne en débardeur, short et tongs. Omniprésent sur les réseaux sociaux, il relève des challenges « Tik Tok », montre son derrière sur le compte Instagram de sa nouvelle compagne, la cycliste Tiffany Cromwell, et pose nu pour GP Racing ! Tout ceci serait rigolo si cette ascension vers la « coolitude » n'était pas inversement proportionnelle à ses performances sur la piste. Car Bottas n'a inscrit que trois points lors de la deuxième moitié de la saison 2022 et en ce début 2023 il est plutôt devancé par son jeune équipier Guanyu Zhou. Son compatriote le pilote de GT Toni Vilander déplore cette évolution et se demande si ce Bottas en roue libre ne serait pas en train de couler sa carrière. Mais évidemment l'intéressé n'est pas de cet avis: « Quand j'étais débutant, je ne serais pas venu sur le circuit en tongs, mais maintenant je ne me prends plus autant au sérieux. Je suis ce que je suis et les autres devront s'y habituer ! » Bottas va devoir néanmoins retrouver son niveau d'antan s'il veut à terme être conservé par Audi, futur copropriétaire de l'écurie Sauber.
Alfa Romeo-Sauber annonce avoir signé un contrat de trois ans avec un nouveau sponsor-titre, le groupe de casinos en ligne australien Stake.com. Cette plate-forme créée en 2017 est devenue l'un des principaux sites mondiaux de paris sportifs et utilise notamment les cryptomonnaies. Cet accord suscite quelques critiques d'ordre moral puisqu'une équipe de Formule 1 fera désormais la promotion du jeu et des paris, alors que ce sport est de plus en plus populaire parmi les adolescents, notamment aux États-Unis.
Esteban Ocon et Fernando Alonso ont été pénalisés à Bahreïn puis à Djeddah parce qu'il étaient mal garés sur la grille de départ, sans doute en raison d'un manque de visibilité. Afin que ce genre d'incident se reproduise le moins possible, la fédération élargit de 20 centimètres les emplacements sur la grille (les « boîtes ») et y rajoute une ligne centrale verticale censée permettre aux pilotes d'être mieux centrés. Alonso doute cependant de l'utilité de cette marque: « Je ne pense pas que cela aide beaucoup parce que lorsqu'on se gare, on surveille les côtés et donc on ne regarde pas vers l'avant. » L'Espagnol rappelle en outre que les départs de biais seront de toute façon indispensables sur certains tracés: « A Imola ou à Monaco, la grille est placée sur une zone légèrement incurvée, donc on doit partir un peu de côté, sinon c'est le crash. »
A Djeddah, Lewis Hamilton a expliqué ne pas se sentir « connecté » avec sa nouvelle Mercedes W14. En Australie, le septuple champion du monde donne plus de détails sur le malaise qu'il ressent au volant de sa nouvelle Flèche d'Argent noire : « Le cockpit est trop proche de l'avant. Au volant, j'ai l'impression d'être assis sur les roues avant. Si je me trouvais un peu plus en arrière, il me serait plus facile de prévoir les réactions de la voiture, notamment au freinage. Cela me pose vraiment problème. » La Mercedes devrait en tout cas évoluer très sensiblement à compter du mois de mai puisque Toto Wolff a décidé de ne pas abandonner son développement.
Essais et qualifications
La première séance libre du vendredi matin se déroule par un temps frais et couvert. Verstappen se montre le plus rapide (1'18''790''') malgré un grip précaire et un tête-à-queue. Le manque d'adhérence envoie beaucoup des concurrents à la faute. En outre, une panne de GPS empêche les équipes de signaler à leurs pilotes les autres bolides, d'où un épais trafic. Cet incident entraîne finalement un drapeau rouge, puis la séance est définitivement interrompue quand Sargeant subit une panne électrique sur le circuit. Un peu plus tard, la seconde séance est écourtée par une forte averse. Alonso réalise le meilleur temps (1'18''887''') avant le déluge. La troisième session libre se déroule samedi sous un ciel menaçant. Verstappen est encore le plus véloce (1'17''765''') devant Alonso et Ocon.
La pluie tombe sur l'Albert Park entre les derniers essais et les qualifications, mais le vent finit par se lever. Cette séance se déroule ainsi sur une piste sèche, mais lavée et donc peu adhérente. Verstappen réalise sa deuxième pole position de la saison (1'16''732''') au volant d'une Red Bull souveraine. Pérez a connu plusieurs sorties lors des EL3 en raison d'un souci de frein moteur. En Q1, le problème est résolu, mais le Mexicain manque son freinage au virage n°3, tire tout droit et se plante dans les graviers, occasionnant un drapeau rouge. Il partira dernier. Les Mercedes sont nettement revigorées: Russell (2e) échoue à seulement deux dixièmes de la pole position et Hamilton (3e) le suit de près. Alonso place son Aston Martin en quatrième position, mais à seulement 4/10e de Verstappen, ce qui est un nouveau progrès. Stroll (6e) est bien placé sur la seconde voiture verte. Les Ferrari déçoivent à nouveau: Sainz (5e) et Leclerc (7e) regrettent de ne pas avoir fait chauffer correctement leurs pneus. Albon crée la sensation en amenant sa Williams-Mercedes en huitième position. Son collègue Sargeant (18e) ne va en revanche pas plus loin que la Q1 à cause d'un tête-à-queue.
Alpine-Renault peine à trouver la bonne fenêtre d'exploitation des pneumatiques. Gasly (9e) passe en Q3 tout en admettant ne pas avoir forcé l'allure et Ocon (11e) cale en Q2, selon lui à cause du trafic. Chez Haas-Ferrari, Hülkenberg (10e) atteint de nouveau la Q3 alors que Magnussen (14e) commet une erreur dans son dernier tour de Q2. L'AlphaTauri est ici dotée d'un nouveau plancher qui semble efficace puisque Tsunoda (12e) et de Vries (15e) atteignent tous les deux la deuxième manche des qualifications pour la première fois en 2023. Les McLaren-Mercedes sont toujours aussi instables. Norris (13e) ne peut éviter plusieurs erreurs et Piastri (16e, réprimandé pour une simulation de départ mal exécutée) manque la Q2 pour quelques centièmes. Enfin, Alfa Romeo vit un mauvais samedi: ni Zhou (17e) ni Bottas (19e) ne dénichent une bonne adhérence.
Le Grand Prix
La popularité de la Formule 1 en Australie ne se dément pas avec une nouvelle affluence record de 131 000 spectateurs pour le Grand Prix. Plus de 400 000 personnes visitent l'Albert Park sur l'ensemble du week-end. Voilà qui assure la pérennité d'une épreuve qui a signé un nouveau contrat avec la F1 jusqu'en... 2037 ! Bottas et Pérez partent depuis les stands suite à des modifications opérées sous parc fermé. Le Finlandais a reçu de nouveaux réglages de suspension et le Mexicain a fait remplacer plusieurs éléments sur son unité de puissance. La majorité du peloton s'élance en pneus médiums (C3). Gasly, Ocon, Zhou et Bottas sont en gommes tendres (C4) et de Vries, Sargeant et Pérez en enveloppes dures (C2). Un seul pit-stop est prévu.
Départ: Russell démarre mieux que Verstappen, se porte à sa hauteur, s'engouffre à l'intérieur et prend la tête au premier virage. Hamilton résiste pour sa part à Alonso.
1er tour: Hamilton prend l'aspiration de Verstappen puis se jette à l'intérieur au troisième tournant. Le Hollandais résiste mais est repoussé derrière la bordure et doit concéder la deuxième place. Au même endroit, Sainz réalise l'extérieur sur Alonso au prix d'un freinage appuyé. Juste derrière, Leclerc se rabat devant Stroll qui touche sa roue arrière-droite. Le Monégasque part en tête-à-queue dans le bac à graviers et s'y plante. La voiture de sécurité intervient. Ocon, Zhou, Pérez, Bottas et Sargeant entrent aux stands pour mettre ou remettre des pneus durs.
2e: Le peloton se range derrière la Safety Car. Russell précède Hamilton, Verstappen, Sainz, Alonso, Albon, Stroll, Gasly, Hülkenberg, Tsunoda, Norris, Magnussen, Piastri, de Vries, Ocon, Zhou, Bottas, Pérez et Sargeant.
3e: La voiture de sécurité regagne les stands à l'issue de cette boucle après l'évacuation de la Ferrari de Leclerc. Russell emmène la meute.
4e: La course reprend. Les pilotes Mercedes se trouvent immédiatement sous la pression de Verstappen. Toutefois, l'usage du DRS n'est pas encore autorisé.
5e: Russell mène devant Hamilton (0.6s.), Verstappen (1.2s.), Sainz (2.6s.), Alonso (3.5s.), Albon (4.4s.), Stroll (5.3s.), Gasly (6.3s.), Hülkenberg (7.3s.), Tsunoda (8s.), Norris (9.5s.) et Magnussen (10.1s.).
6e: Russell, Hamilton et Verstappen se tiennent dans la même seconde. Un peu plus loin, Sainz est dans le radar d'Alonso.
7e: Albon escalade un vibreur et surchauffe ainsi ses pneus. Il glisse en prenant le virage de la Marina, part en toupie et heurte les glissières par l'avant. La Williams rebondit vers la piste et Hülkenberg l'évite d'extrême justesse. La voiture de sécurité refait son apparition.
8e: Un engin entre sur le circuit pour ôter la voiture d'Albon. Russell entre aux stands pour chausser les gommes dures, tout comme Sainz, Magnussen, Pérez et Sargeant. Mais Niels Wittich brandit alors le drapeau rouge car les barrières ont été quelque peu endommagées par l'accident d'Albon. En outre de nombreux débris jonchent le bitume.
Les bolides regagnent la pit-lane pour s'immobiliser. Cette interruption dure un quart d'heure et les pilotes sont autorisés à remplacer leurs pneumatiques. Les pilotes qui étaient déjà repassés aux stands font donc une mauvaise affaire, Russell en premier lieu. Au bout de quinze minutes, Niels Wittich allume le feu vert et les pilotes quittent les stands pour accomplir un tour de formation avant un départ arrêté. Tout le monde est muni de pneus durs, sauf de Vries et Sargeant qui sont en médiums. L'ordre de départ sera le suivant: Hamilton premier devant Verstappen, Alonso, Stroll, Gasly, Hülkenberg, Russell, Tsunoda, Norris, Piastri, Sainz, de Vries, Pérez, Ocon, Zhou, Sargeant, Bottas, Magnussen.
9e: Les voitures parcourent le tour d'installation avant de se positionner sur la grille. Au virage de la Marina se crée un « effet d'accordéon » visiblement causé par Piastri et Sainz. Plusieurs pilotes s'arrêtent en pleine piste pour ne pas dépasser les lambins, mais d'autres virent au-delà des bordures comme Sargeant et Magnussen. Finalement, tout le monde s'installe en bon ordre sur la grille.
Second départ: Hamilton démarre bien et reste en tête devant Verstappen et Alonso. Gasly et Russell passent devant Stroll.
10e: Hamilton compte quelques dixièmes d'avance sur Verstappen. A la sortie du troisième virage, Ocon et de Vries entrent en contact. Le Néerlandais rebondit sur la roue avant-droite de l'Alpine mais peut continuer sans dommages.
11e: Verstappen est sur les talons de Hamilton. Sainz dépasse Norris par l'extérieur au tournant n°3.
12e: Verstappen ouvre son aileron arrière mobile dans la grande courbe longeant le lac et déborde Hamilton sans aucune difficulté. Le voici en tête. Sainz efface Tsunoda.
13e: Verstappen s'enfuit et compte déjà deux secondes et demie d'avance sur Hamilton. Russell dépasse Gasly par l'extérieur au virage Ascari.
14e: Sainz dépasse Hülkenberg tandis que Norris se défait de Tsunoda.
15e: Sainz poursuit sa remontée et déborde Stroll par l'extérieur au virage n°3. Pérez évolue quant à lui au 14e rang. Tsunoda se défend face à Piastri et tous deux se frottent rudement au premier tournant. Le Japonais conserve l'ascendant.
16e: Verstappen devance Hamilton (3.6s.), Alonso (4.8s.), Russell (6.2s.), Gasly (6.7s.), Sainz (7.5s.), Stroll (8s.), Hülkenberg (8.5s.), Norris (11.1s.), Tsunoda (12.5s.), Piastri (14s.) et Ocon (15s.).
17e: Le moteur de Russell prend feu à l'entame du dernier secteur. Le jeune Anglais doit laisser passer ses poursuivants.
18e: Russell gare sa Mercedes fumante à la sortie de la pit-lane. La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est introduite. Les concurrents doivent rouler à vitesse modérée.
19e: La Mercedes de Russell est rapidement mise en sûreté. Le drapeau vert est agité au bout d'une minute de neutralisation.
20e: Verstappen est premier devant Hamilton (2.6s.), Alonso (3.6s.), Gasly (7.1s.), Sainz (8s.), Stroll (8.8s.), Hülkenberg (10.1s.), Norris (12s.), Tsunoda (15.2s.), Piastri (15.6s.), Ocon (16.1s.) et Pérez (16.4s.).
21e: Pérez prend la 11e place à Ocon et revient facilement sur le duo Tsunoda – Piastri.
23e: Verstappen compte trois secondes et demie d'avance sur Hamilton et six secondes sur Alonso. Sainz et Stroll se rapprochent de Gasly, étonnant quatrième. Pérez a doublé aisément Piastri puis Tsunoda et apparaît dans les points.
25e: Sainz pourchasse Gasly. Il ouvre son DRS dans la seconde pleine charge, fait mine d'aller à gauche, puis pique à droite au freinage et surprend ainsi le pilote Alpine. Le Madrilène conquiert la quatrième place.
26e: Ocon réalise un très beau dépassement sur Piastri par l'extérieur dans l'enchaînement de Waite. Le Français est désormais 11e.
27e: Verstappen s'est forgé une solide avance de sept secondes sur Hamilton. Alonso évolue toujours à une seconde et demie de ce dernier. En revanche, Sainz n'a pas réussi à semer Gasly. Ocon double Tsunoda et s'empare de la dixième position.
29e: Verstappen améliore le record du tour (1'21''722'''). Piastri déborde à son tour Tsunoda par l'extérieur à Waite.
30e: Verstappen précède Hamilton (8.1s.), Alonso (9.5s.), Sainz (12s.), Gasly (12.8s.), Stroll (13.3s.), Hülkenberg (15.8s.), Norris (17.3s.), Pérez (20s.), Ocon (26s.), Piastri (29.7s.) et Tsunoda (30.8s.).
32e: Verstappen porte son avantage sur Hamilton à neuf secondes. Alonso a repris quelques dixièmes au pilote Mercedes. Le trio Sainz – Gasly – Stroll se rapproche insensiblement de ces derniers. Pérez tourne en 1'21''456'''.
34e: Les écarts sont stables en tête de la course. Zhou et Magnussen dépassent Tsunoda, en délicatesse avec ses pneus.
36e: Pérez fait la jonction avec la McLaren de Norris. Magnussen double Zhou. Second pit-stop pour Sargeant.
37e: Menacé par Alonso, Hamilton appuie sur le champignon (1'21''400'''). Une seconde et demie sépare toujours les anciens champions.
38e: Verstappen possède neuf secondes de marge sur Hamilton et abaisse le record (1'21''319'''). Pérez bute quelque peu sur Norris.
39e: Hamilton attaque fort (1'21''315''') mais ne parvient pas à décramponner Alonso. Sainz et Gasly évoluent dans le sillage de ces deux pilotes tandis que Stroll est semé.
40e: Verstappen est leader devant Hamilton (9.8s.), Alonso (11.5s.), Sainz (13.1s.), Gasly (13.7s.), Stroll (15.8s.), Hülkenberg (19.3s.), Norris (21s.), Pérez (22s.), Ocon (30s.), Piastri (38s.) et Magnussen (46.7s.).
42e: Pérez améliore le record du tour (1'20''979''') et se rapproche un peu plus de Norris.
43e: Verstappen possède désormais plus de dix secondes de marge sur Hamilton. Pérez double Norris dans la longue accélération bordant le lac.
44e: Pérez fond sur Hülkenberg et le dépasse facilement au virage Ascari. Le Mexicain est revenu en septième position.
45e: Verstappen précède Hamilton (10.7s.), Alonso (12.2s.), Sainz (14.4s.), Gasly (15.1s.), Stroll (18.6s.), Pérez (22.8s.), Hülkenberg (23.6s.), Norris (24.1s.) et Ocon (32.3s.).
47e: Gasly reste au contact de Sainz tandis que Pérez tente de remonter sur Stroll. Norris menace Hülkenberg. Second arrêt de de Vries.
48e: Verstappen bloque sa roue avant-droite en abordant l'avant-dernier virage et s'offre une courte excursion dans le gazon. Il perd quatre secondes dans cet incident.
49e: Verstappen se reprend en signant le meilleur chrono (1'20''342'''). Hülkenberg résiste à Norris au prix de décalages tardifs.
50e: Verstappen devance Hamilton (8.3s.), Alonso (10s.), Sainz (13.5s.), Gasly (15s.), Stroll (17.8s.), Pérez (20.4s.), Hülkenberg (25.5s.), Norris (26s.), Ocon (32.7s.), Piastri (40s.) et Magnussen (48s.).
51e: Attaqué par Norris, Hülkenberg glisse en quittant le virage Ascari, ce qui permet à l'Anglais de se porter à sa hauteur et de le doubler au virage Stewart. Tentant de résister, l'Allemand met deux roues dans la poussière.
53e: Pérez conclut le meilleur chrono de la journée (1'20''235'''). Chassé par Zhou, Magnussen dérape en sortant du premier enchaînement et heurte le muret avec sa roue arrière-droite. Le pneu se détache de la jante, vole très haut avant de retomber en pleine piste. Magnussen s'arrête sur trois roues quelques virages plus loin.
54e: La Safety Car est envoyée en piste pour évacuer la Haas de Magnussen. Bottas fait changer ses pneus.
55e: Bien que la situation ne le justifie nullement, Niels Wittich brandit le second drapeau rouge de la journée, alors qu'il reste seulement trois tours à couvrir ! Interloqués, les pilotes regagnent la voie des stands.
Ce dernier rebondissement rebat complétement les cartes. Pendant que les commissaires s'affairent pour balayer les débris répandus par Magnussen, les pilotes se préparent à une « mini-course » de seulement trois tours ! La direction de course ordonne un troisième départ arrêté, ce laisse augurer du grabuge puisque les positions acquises sont remises en jeu. En outre, les concurrents peuvent de nouveau changer leurs enveloppes et tous sélectionnent le composé tendre. Après un quart d'heure de battement, les F1 s'ébranlent derechef.
56e: Cette boucle de formation conduit le peloton à une nouvelle grille qui se déroule comme suit: Verstappen premier devant Hamilton, Alonso, Sainz, Gasly, Stroll, Pérez, Norris, Hülkenberg, Ocon, Piastri, Tsunoda, Zhou, Bottas, de Vries et Sargeant.
Troisième départ: Verstappen coupe aussitôt la trajectoire à Hamilton et conserve la première place. Derrière, c'est le chaos: Sainz touche la roue arrière-droite d'Alonso et expédie ce dernier en tête-à-queue dans le second tournant. Surpris, Gasly et surtout Pérez tirent droit dans l'herbe. Gasly revient en piste dès l'entame de la deuxième ligne droite, mais n'aperçoit pas Ocon qui surgit à sa droite, dans un angle mort. Les deux Alpine se télescopent à 180 km/h. Ocon percute Gasly qui est expédié dans le mur. Plus tôt, au premier freinage, Sargeant a embouti l'AlphaTauri de de Vries et tous deux ont échoué dans le bac à graviers.
57e: La cohue est complète au cœur du peloton. Stroll manque son freinage au virage n°3 et sort dans les graviers. Il se réinsère en queue de peloton, derrière Alonso qui a pu se relancer. Mais quatre voitures sont au tapis... D'où un troisième drapeau rouge !
Pendant qu'Ocon et Gasly sortent indemnes de leurs Alpine roses accidentées, Verstappen, Hamilton, Sainz, Hülkenberg, Tsunoda, Norris, Piastri, Zhou, Bottas, Pérez, Alonso et Stroll rejoignent les stands dans cet ordre.
La question est désormais de savoir si l'épreuve doit repartir ou non pour un unique tour, et si oui dans quel ordre. Le problème est épineux car cette nouvelle hiérarchie est censée s'établir selon l'ordre de passage à l'issue du premier secteur. Or, quatre bolides n'ont pas achevé ce dernier. Après vingt minutes de palabres, Niels Wittich décide que le classement sera celui de la précédente grille, moins les pilotes ayant abandonné. Voilà qui sauve complétement les pilotes Aston Martin qui passent des 11e et 12e places aux 3e et 5e rangs ! Ce point réglementaire aurait d'ailleurs été soulevé par Fernando Alonso lui-même... Du reste, pendant que la direction débat, l'Espagnol ne perd pas son temps puisqu'il aide son équipe à transporter des pneus de rechange, avant de remonter dans son cockpit !
Afin de mettre le comble au ridicule, ce quatrième démarrage pour un tour unique se déroulera sous le commandement de la voiture de sécurité. Dans le même temps, Carlos Sainz reçoit une pénalité de cinq secondes suite à son accrochage avec Alonso. Le Madrilène conteste vigoureusement cette punition qui l'éjecte ipso facto hors des points. Il demande à s'expliquer avec les commissaires, en vain puisqu'il doit repartir pour la ronde de parade...
Ainsi, une demi-heure après l'interruption, les pilotes quittent pour la troisième fois les stands dans l'ordre suivant: Verstappen, Hamilton, Alonso, Sainz, Stroll, Pérez, Norris, Hülkenberg, Piastri, Zhou, Tsunoda et Bottas.
58e et dernier tour: Après un tour de procession, le drapeau vert est agité en même temps que le damier. Max Verstappen remporte son 37e Grand Prix. Hamilton (2e) donne son premier podium à Mercedes en 2023. Alonso finit de nouveau troisième. Sainz coupe la ligne en quatrième position, mais sa pénalité le relègue au dernier rang. Stroll hérite de la quatrième place avec le seconde Aston Martin. Pérez finit cinquième et obtient le point du meilleur tour. Norris se classe sixième et ouvre le compteur de McLaren. Hülkenberg (7e) marque ses premiers points avec Haas. Piastri (8e) empoche à domicile ses premiers points en F1. Zhou est neuvième et Tsunoda (10e) débloque le score d'AlphaTauri. Bottas est bon dernier.
Cette ultime boucle, bien que parcourue à vitesse réduite, est perturbée par un petit nombre de spectateurs qui parviennent à franchir les barrières et à pénétrer sur le circuit lui-même. En outre, une fois la ligne d'arrivée franchie, Nico Hülkenberg abandonne sa Haas car il est averti par un voyant lumineux que celle-ci se trouve « sous tension » et est donc potentiellement dangereuse pour quiconque n'est pas muni d'un équipement de sécurité électrique. Or plusieurs badauds sont aperçus gambadant près de ladite monoplace... Suite à ces incidents, les promoteurs du Grand Prix sont convoqués par les commissaires de course et une enquête est diligentée.
L'écurie Haas dépose une réclamation contre le classement du Grand Prix d'Australie car elle considère que le dernier départ aurait dû être donné avec la hiérarchie issue du carnage du 57e tour : dans cette alternative, Nico Hülkenberg grimperait sur son premier podium ! Guenther Steiner explique qu'il aurait été possible de déterminer une nouvelle grille à partir des enregistrements des données GPS pris au passage de la ligne de la voiture de sécurité sise entre la sortie des stands et le premier virage. Mais Niels Wittich considère que ces informations sont trop aléatoires et ne souhaite pas créer un précédent qui pourrait être à l'avenir source de multiples contestations. Aussi, la réclamation de Haas est rejetée et le classement final entériné.
Après la course
Grâce à cette victoire, Max Verstappen prend une nette avance sur son équipier Sergio Pérez au classement des pilotes (69 points contre 54) mais une fois de plus il n'est pas pleinement satisfait de sa course. Il n'a pas apprécié les multiples drapeaux rouges, ni surtout le dépassement musclé de Lewis Hamilton au premier tour. Contraint de rouler hors limites, il estime que son adversaire aurait dû être puni: « Le règlement est pourtant limpide sur ce que l'on a le droit de faire désormais à l'extérieur, et clairement il n'a pas été suivi, mais ce n'est pas grave. J'avais un bon rythme et j'ai doublé les Mercedes de toute façon. » Teigneux, Verstappen a en outre réclamé par radio et en pleine course une autre pénalité contre Hamilton qui n'aurait pas respecté les distances réglementaires derrière la voiture de sécurité, ce qui était faux. Le Batave n'est pas content non plus de son envol: « J'ai pris un très mauvais départ, mais je suis resté prudent parce que j'avais beaucoup à perdre et les Mercedes beaucoup à gagner. Puis, la voiture a été très rapide d'emblée. » Il minimise enfin son excursion dans le gazon qui a fait craindre un temps un nouveau problème sur la Red Bull: « J'ai simplement fait un petit blocage de roue. J'ai rendu service à la ville de Melbourne, ils n'auront pas à tondre la pelouse à cet endroit ! »
Après un samedi cauchemardesque, Sergio Pérez a été épargné ce dimanche par les problèmes techniques et a opéré une belle remontée, achevée à la cinquième place. Il a néanmoins eu chaud lors du troisième départ arrêté, coupant dans le gazon pour éviter la cohue: « J'étais très bien parti, gagnant trois ou quatre positions, mais après ce fut le bazar et j'ai dû freiner, sinon je finissais moi aussi dans le décor... » Pérez se tourne désormais vers l'épreuve de Bakou, un de ses circuits favoris où il a notamment gagné en 2021.
Mercedes clôt ce week-end sur un bilan plutôt positif, malgré la fâcheuse panne de moteur qui a frappé George Russell. Lewis Hamilton se contente de cette deuxième place qui lui semblait irréaliste quelques semaines plus tôt, même s'il ne se fait guère d'illusions sur sa capacité à rejoindre Red Bull: « C'est vraiment génial de marquer ces points, mais je ne suis toujours pas à l'aise avec ma voiture. Il n'y a pas d'alchimie et il va falloir remédier à cela. Pour être honnête, cela va prendre du temps. » Toto Wolff souligne aussi les progrès enregistrés par Mercedes mais ne compte pas se battre avec Red Bull pour le moment. « Leur vitesse est tout simplement époustouflante » constate l'Autrichien avec quelque amertume.
Fernando Alonso est désormais abonné au podium en 2023, même s'il fut bien près de tout perdre lors de la collision du troisième départ. « Je suis passé tout près de l'abandon », avoue-t-il. Par chance, son Aston Martin n'a rien heurté, et il peut savourer cette nouvelle troisième place. Grand seigneur, il reconnaît même que la pénalité infligée à Carlos Sainz est « probablement trop sévère ». Mais après trois troisièmes places, Alonso espère visiter les autres marches du podium: « Ce fut un bon week-end pour le team, avec des émotions en forme de montagnes russes, mais il faut maintenant viser plus haut ! Plus haut sur le podium ! » Chacun aura compris le message.
Douze mois plus tôt, Ferrari avait quitté Melbourne sur une victoire de Charles Leclerc. Cette année, la firme au Cheval cabré plie bagages avec un zéro pointé. Leclerc n'a pas dépassé le troisième tournant et affiche après trois Grands Prix un bilan famélique de 6 petits points contre 71 en 2022 à la même époque... « C'est un début de saison désastreux, tout simplement », soupire-t-il, dépité. Carlos Sainz Jr. est lui très remonté contre la sévère pénalité consécutive à son accrochage avec Fernando Alonso. Ainsi privé d'un podium, il perd en outre deux points sur son permis. « Je pense que c'est la punition la plus injuste de ma vie ! » s'époumone le Madrilène qui aurait aimé pouvoir s'expliquer avec les commissaires sportifs, emmenés par l'ancien pilote Enrique Bernoldi. Mais ceux-ci estiment Sainz entièrement coupable puisqu'il était nettement derrière Alonso à l'entame de ce premier virage. Quant à Frédéric Vasseur, qui souffrait ce week-end de maux de dos, il préfère souligner le bon rythme de Sainz en course. On se console comme on peut.
Il n'aura fallu attendre que trois courses pour assister à une collision entre Esteban Ocon et Pierre Gasly... mais les deux Français ont été victimes d'un fâcheux concours de circonstances et n'ont guère de raison de s'en vouloir. Ils publient d'ailleurs un message commun sur les réseaux sociaux pour assurer qu'ils ne sont pas fâchés. Toutefois ce double abandon est très regrettable car les Alpine-Renault étaient très rapides ce dimanche, en particulier celle de Gasly qui pouvait même viser le podium. « Je suis extrêmement déçu parce qu'on faisait une très bonne course », soupire le Rouennais. « La voiture marchait bien et je me sentais à l'aise. Je ne m'attendais pas à lutter avec Sainz, ni à avoir Alonso et Hamilton en ligne de mire. J'ai donc du mal digérer ce dénouement. » Gasly échappe cependant à une pénalité qui aurait signifié une suspension d'une course, puisqu'il ne compte plus que deux points sur son permis.
Drapeaux rouges : sécurité ou spectacle ?
Le sujet principal de cet après-course est la succession des drapeaux rouges qui a grandement perturbé le déroulement du Grand Prix. La deuxième interruption, suite à l'accident de Kevin Magnussen, paraît tout à fait incompréhensible. Certes, le Danois a répandu des débris sur la piste, mais de l'avis quasi général une simple voiture de sécurité, même virtuelle, aurait suffi pour déblayer la piste. Le choix d'un départ arrêté pour relancer la course est aussi très critiqué. L'enjeu était tel, à seulement trois tours du but, qu'il fallait s'attendre à du grabuge. Cela n'a pas manqué. En voulant parer un danger très faible, Niels Wittich a créé un chaos qui aurait pu avoir des conséquences bien plus fâcheuses. Ce dimanche soir, plusieurs pilotes éreintent ses décisions. Max Verstappen, qui aurait pu perdre la victoire sur ce dernier coup de dés, est très critique: « Franchement, on aurait pu se passer de ce drapeau rouge. La direction de course a créé le problème toute seule. » Lando Norris n'est peut-être pas loin de la vérité quand il subodore qu'une fois de plus les autorités ont saisi ce prétexte sécuritaire pour créer un suspens artificiel, quitte à s'asseoir sur l'équité sportive... Michael Masi, présent à Melbourne pour superviser les Supercars, apprécie en connaisseur...
Chez les team managers, seul Christian Horner salue franchement la décision de Wittich. Il est vrai que son équipe doit beaucoup à ce genre d'artifices. Personne n'a oublié Abou Dhabi 2021... Toto Wolff réclame quant à lui un usage plus réfléchi des drapeaux rouges et des départs arrêtés qu'il qualifie ironiquement d'« excellents divertissements ». « Il faudrait que soient définis clairement les cas dans lesquels sont utilisés la VSC, la voiture de sécurité et le drapeau rouge. Les dirigeants doivent se pencher là-dessus. » Le patron de Mercedes est mauvais coucheur : ce départ-catastrophe offre plein de belles images pour la prochaine saison de Drive to Survive...
Tony