L'éternel serpent de mer qui agite les coulisses de la F1 depuis un quart de siècle va a priori enfin devenir réalité. Début avril 2022, le conseil de surveillance du Groupe Volkswagen dessine les contours d'un futur engagement des marques Audi et Porsche dans la discipline reine des sports mécaniques à compter de 2026, sous réserve de l'adoption d'une nouvelle réglementation concernant les groupes propulseurs. L'engagement définitif dépendra de l'issue des négociations autour de cette question.
Porsche vise une association avec Red Bull qui vient de lancer son propre département moteurs, Red Bull Powertrains, chargé pour l'heure d'exploiter l'ex-groupe propulseur Honda, mais qui planche déjà en vue de l'échéance de 2026. Cette éventuelle association Red Bull – Porsche permettrait de réduire considérablement la charge financière qui serait partagée entre les deux partenaires, tout en jetant les bases d'une collaboration technique. Par ailleurs, RBR est liée au même fournisseur de carburant et de lubrifiant que Porsche, ExxonMobil, ce qui pourrait devenir un atout pour peu que la FIA autorise ce type d'échanges. Du côté de Red Bull, on assure être en mesure de développer seul un moteur original, tout en ouvrant la porte à des discussions avec un partenaire. Christian Horner se garde pour l'heure de citer Volkswagen, et encore moins Porsche.
Audi paraît pour sa part ne pas vouloir se contenter du rôle de simple motoriste et préférerait engager une écurie à part entière, comme elle le fit avec un immense succès en Endurance dans les années 2000. Certains avancent que la firme aux anneaux voudrait même construire un moteur distinct de celui de Porsche, mais l'on imagine mal Volkswagen lancer en parallèle deux chantiers aussi dispendieux... Audi pourrait toutefois reprendre une écurie existante. Fin 2021, le bruit d'un rachat de McLaren a couru le paddock, avant d'être fermement démenti par Zak Brown. Désormais, Ingolstadt lorgnerait plutôt sur Williams (dont le président Jost Capito est l'ancien patron de Volkswagen Motorsport) ou sur Sauber.
Toutefois, l'arrivée du Groupe VW en Formule 1 est conditionnée, on l'a dit, aux termes de la future réglementation sur les moteurs qui entrera en vigueur en 2026. Un premier pas a été franchi en 2021 avec l'abandon du coûteux et complexe MGU-H. Mercedes s'est vivement opposée à cette concession, avant de reculer, Volkswagen faisant de celle-ci une condition sine qua non de son entrée dans la discipline. Pour compenser la perte d'énergie induite, les performances du MGU-K (récupérateur d'énergie cinétique) seront augmentées. En revanche, Mercedes, Ferrari et Renault ont toutes trois refusé d'accorder aux éventuels nouveaux entrants du temps supplémentaire pour le banc d'essais, ou des ressources financières accrues, sous prétexte que les marques de la galaxie VW connaissent déjà bien les groupes motopropulseurs électriques. Les trois motoristes actuels redoutent de voir Porsche et Audi débarquer avec un avantage technologique qui serait très difficile à combler. Aussi, Volkswagen assure qu'aucune décision n'est arrêtée quant à un engagement définitif. Tout dépendra de quel côté penchera la balance, entre les facilités accordées par les concurrents et leurs réticences. Le bras de fer est déjà engagé.
Sources:
Auto Hebdo n°2358, 13 avril 2022, Jean-Michel Desnoues, Porsche et Audi en F1 : si près, si loin ?
Tony