Stefano Domenicali à la tête de la Formule 1
La question de la succession de Chase Carey à la direction du Formula One Group a animé les coulisses durant toute l'année 2020. Âgé de 66 ans, l'Américain moustachu prendra en effet du recul à la fin de la saison, et John C. Malone, le terrible patron de Liberty Media, espérait le remplacer par un homme du sérail, connaissant la Formule 1 sur le bout des ongles. Le nom de Toto Wolff a souvent retenti, mais le directeur de l'écurie Mercedes a décliné cette proposition. Malone a finalement jeté son dévolu sur l'ancien directeur de Ferrari Stefano Domenicali (55 ans), dont l'engagement est officialisé le 25 septembre 2020. Ce commercial de formation a une très riche carrière derrière lui: après avoir gravi tous les échelons de la citadelle de Maranello, il devint le directeur sportif de la Scuderia en 2002, puis son patron en 2008 à la suite de Jean Todt. C'est sous sa férule que la légendaire firme italienne a remporté son dernier titre des constructeurs cette même année. Malgré tout, ses six ans (2008-2014) à la tête de la Scuderia ont marqué un déclin, notamment en raison de l'échec de la collaboration avec Fernando Alonso. Depuis 2016, Domenicali dirigeait Lamborghini après un court passage par Audi. C'est en janvier 2021 qu'il prendra officiellement les rênes de la F1, Chase Carey devenant président non-exécutif.
Cette nomination fait bien sûr tiquer nombre de passionnés attentifs: après Jean Todt, président de la FIA, et Ross Brawn, directeur sportif du FOG, voici trois ex-ferraristes à la tête de la Formule 1. Néanmoins, il convient de ne pas faire de procès d'intention à Stefano Domenicali qui, on l'a dit, a fréquenté d'autres firmes depuis son départ de Maranello. En outre, en dépit de son passé, Jean Todt n'a jamais vraiment favorisé Ferrari depuis son élection à la tête de la fédération internationale en 2009. Au contraire, il s'est même plutôt attaché à contrecarrer son influence. On pourrait dire que, pour tenir tête à Ferrari, il faut préalablement bien connaître cette maison prestigieuse... Rien ne permet donc d'affirmer que Domenicali sera un pantin, bien au contraire: l'Italien possède un caractère bien trempé et, jusqu'à preuve du contraire, son indépendance ne saurait être mise en doute.
Alonso - Renault: début du troisième chapitre
Lundi 21 septembre 2020, Fernando Alonso effectue un retour triomphal à l'usine Renault d'Enstone, onze ans après avoir quitté la firme au Losange pour rejoindre Ferrari. C'est avec un pincement au cœur que l'Espagnol revoit ces lieux d'où sont sorties les monoplaces qui l'ont conduit à deux reprises au titre mondial, en 2005 et 2006. « L'usine a un peu changé, mais elle reste plus ou moins la même », confie-t-il. « Il y a beaucoup de gens que j'ai connus les années précédentes. Une journée chargée d'émotion, c'est comme si j'étais à l'école, avec beaucoup d'espoir et beaucoup de nouvelles choses à apprendre. Mais une journée très productive. »
Après Enstone, Alonso s'envole le lendemain pour la France et se rend à Viry-Châtillon, chez les motoristes de Renault Sport qui lui réservent également un chaleureux accueil. Très volubile, il s'enquiert de l'état d'avancement des programmes 2021 et surtout 2022, année décisive du fait du changement de réglementation. Bien qu'il frôle la quarantaine, Alonso trépigne comme un bambin à l'idée de retrouver la Formule 1 et se plonge dans le projet Alpine-Renault comme si sa carrière en dépendait. « Fernando est extrêmement motivé », constate Cyril Abiteboul. « Il veut véritablement s'impliquer dans les préparatifs. Ces trois jours à Enstone et à Viry ont permis aux deux parties de renouer des liens et de poser des fondations très tôt. Cela sera essentiel pour démarrer du bon pied la saison 2021, une année clé dans notre progression en tant qu'équipe. » Alonso est d'autant plus enthousiaste qu'en dépit de son âge il n'a pas perdu l'espoir de coiffer un jour une troisième couronne mondiale. Renault saura-t-elle de nouveau satisfaire ses exigences ?
Présentation de l'épreuve
Ce Grand Prix de Russie est très attendu car il sera le premier de la saison 2020 à se dérouler devant un large public. L'autodrome de Sotchi attend en effet près de 30 000 spectateurs pour la course de dimanche. Relativement épargnée par l'épidémie de Covid-19, en comparaison avec l'Europe occidentale, la Russie n'a pas jugé bon de détruire son économie en paralysant sa population et, partant, autorise les rendez-vous populaires dans les limites du raisonnable. Si le protocole sanitaire imposé par la FIA reste bien sûr en place, les journalistes occidentaux sont stupéfaits de croiser des spectateurs ni traumatisés ni effrayés à l'idée d'attraper une mauvaise grippe. Les 30 000 billets se sont vendus en quelques heures, et il en sera probablement de même lorsque les circuits de Portimão et d'Imola ouvriront leurs billetteries pour les futurs Grands Prix du Portugal et d'Émilie-Romagne. La vie reprend le dessus...
Voilà plusieurs mois que Liberty Media avance l'idée d'instaurer des courses qualificatives à grilles inversées, un « gadget » visant à accroître le spectacle en Formule 1. Déjà en 2019 Ross Brawn avait déclaré vouloir tester ce genre de mini-épreuves au cours du championnat 2020 avant de reculer devant le scepticisme général. Le dénouement du Grand Prix d'Italie, avec la victoire - surprise de Pierre Gasly suite au renvoi en queue de peloton du favori Lewis Hamilton, aurait, selon Ross Brawn, prouvé l'utilité d'une telle mesure afin de rendre les courses moins monotones. Mais décidément, cette incongruité ne convainc pas les principaux intéressés, à savoir les pilotes, qui presque unanimement s'y déclarent hostiles. « Je n'aime pas cette idée, c'est artificiel », proclame Max Verstappen. « En F1, la voiture la plus rapide doit être devant. Intégrer une grille inversée serait de la manipulation. » « La solution est ailleurs, il faut arriver à resserrer la hiérarchie dans le peloton », ajoute Romain Grosjean. Du côté des constructeurs, McLaren, Mercedes et Racing Point se prononcent aussi contre ces « grilles inversées ». Or, selon les nouvelles règles de gouvernance de la F1 gravées dans les Accords Concorde, la minorité de blocage est ainsi d'ores et déjà atteinte, et on peut penser que cette réforme sera promptement enterrée.
Au Mugello, Lewis Hamilton avait provoqué une petite polémique en apparaissant sur le podium vêtu d'un t-shirt appelant à l'arrestation des policiers qui auraient tué l'Afro-Américaine Breonna Taylor, une nouvelle affaire de violences policières touchant les États-Unis. Cette fois, la FIA a jugé que le sextuple champion du monde allait trop loin dans son militantisme « anti-raciste ». Elle interdit dorénavant aux pilotes d'afficher des messages à caractère politique sur leurs vêtements et leurs casques. La Formule 1 ne cesse pas néanmoins de soutenir le mouvement « Black Lives Matter », puisque le 24 septembre Hamilton dévoile la composition de la commission « en faveur de la diversité » que lui a confiée Chase Carey. On y trouve notamment l'ancien directeur de McLaren Martin Whitmarsh, mais aussi des universitaires, des entrepreneurs, des politiciens et des militants associatifs. L'objectif est de faciliter l'accès des « minorités », sous-entendu ethniques et sexuelles, au monde de la Formule 1, c'est-à-dire de pratiquer la fameuse « discrimination positive ». En parallèle, Hamilton et la plupart de ses collègues continuent de plier le genou tous les dimanches avant l'exécution des hymnes nationaux en signe de solidarité avec la communauté noire américaine.
Lewis Hamilton peut égaler ce week-end le record du nombre de victoires en Formule 1 détenu depuis 2006 par Michael Schumacher (91). À Sotchi, où Mercedes est invaincue depuis 2014, l'Anglais ne paraît pas avoir d'autre rival que son coéquipier Valtteri Bottas qui apprécie particulièrement le circuit des bords de la mer Noire, théâtre de son premier succès en 2017. Autre record sur le point de tomber: celui des Grands Prix disputés (323), propriété de Rubens Barrichello et qui sera égalé ce week-end par Kimi Räikkönen. Le vétéran finlandais, fidèle à lui-même, ne tire aucune gloire de sa longévité dans la discipline. « Je m'en fous ! » lâche-t-il aux journalistes qui veulent l'interroger sur cet exploit...
Sergio Pérez ne digère pas sa future éviction par Racing Point et se répand en commentaires peu amènes à l'égard de son écurie. « Checo » estime par exemple que celle-ci avantage dorénavant ouvertement Lance Stroll, le fils du patron, et que certains responsables « lui cachent des choses », sans préciser à quoi il fait allusion. Plus grave, il aurait fait « fuiter » auprès de journalistes des informations confidentielles concernant le salaire et les primes que touchera son successeur Sebastian Vettel. Piqué par ces déclarations mal venues, Otmar Szafnauer convoque le Mexicain rancunier. Les deux hommes s'expliquent dans le motor-home Racing Point de Sotchi. À l'issue de cette rencontre, Pérez calme le jeu devant la presse: « Je connais cette équipe depuis sept ans et c'est comme une famille pour moi. Il n'est pas possible que nous nous quittions en mauvais termes, la situation est totalement apaisée. Désormais nous allons de l'avant. »
Ferrari introduit ici quelques évolutions afin d'améliorer un peu le comportement de sa catastrophique SF-1000. Puisqu'il est impossible d'améliorer cette année les unités de puissance, les retouches sont d'ordre aérodynamique et visent principalement à réduire la traînée excessive générée par cette monoplace. Lors du GP de Toscane, la Racing Point RP.20 de Lance Stroll était dotée de nouveaux pontons moins galbés et écopes de frein modifiées. Tous ces éléments ont été détruits lors de la violente sortie de route du Canadien, ce qui a contraint les mécaniciens à rebâtir une monoplace avec les nouvelles pièces dont devait bénéficier Sergio Pérez à Sotchi. Le Mexicain devra donc encore patienter pour découvrir ces évolutions, ce qui n'améliore pas son humeur... Du côté de Honda, le directeur technique Toyoharu Tanabe promet que la panne électronique subie par Max Verstappen en course à Monza puis au Mugello est résolue, sans s'étendre sur son origine. Enfin, McLaren prépare la prochaine saison en testant un nouveau museau inspiré par Mercedes, c'est-à-dire affiné avec une extrémité arrondie et une large cape.
Essais et qualifications
Vendredi, les Mercedes survolent les débats et repoussent la concurrence à plus d'une seconde. Bottas signe les meilleurs chronos des séances libres du vendredi tandis que Hamilton est plus en retrait. Ricciardo et sa Renault prennent la tête du peloton des poursuivants devant les McLaren et les Red Bull. Cependant samedi matin Hamilton reprend le pouvoir et se montre le plus véloce.
L'après-midi, Hamilton réalise la 96ème pole position de sa carrière (1'31''304''') après avoir vécu une séance mouvementée. En effet, à la fin de la Q2, le drapeau rouge provoqué par Vettel (voir ci-après) vient le couper dans son élan alors qu'il n'a encore signé aucun chrono valide, son précédent ayant annulé parce qu'il avait court-circuité le virage n°2. Le Britannique est contraint d'utiliser un jeu de pneus tendres, ce qu'il n'avait pas prévu, pour arracher in extremis son billet pour la troisième manche. Puis, en Q3, il s'empare de la pole, mais celle-ci est un temps mise en sursis, car il s'avère qu'Hamilton, à l'instar de Latifi, Grosjean et Magnussen, aurait de nouveau coupé le second virage en Q1. Au final, les commissaires blanchissent les quatre pilotes, et Hamilton conserve ainsi sa position de pointe. Ce fameux second virage, un angle droit bordé d'un long dégagement en asphalte, est d'ailleurs très critiqué par les pilotes car, en cas de freinage manqué, ceux-ci doivent slalomer entre des plots pour revenir en piste, le tout sans toucher une « banane » orange située près du trottoir, sous peine de se voir infliger une pénalité... Un vrai casse-tête.
Bottas se classe seulement troisième avec l'autre Mercedes car il ne parvient pas à trouver la bonne fenêtre d'exploitation des pneumatiques. Du coup, pour la première fois depuis le GP de Styrie, Verstappen (2ème) parvient à glisser sa Red Bull-Honda sur la première rangée, entre les deux « Flèches noires ». Néanmoins le Hollandais est mécontent de l'équilibre général de sa RB16. Mais que dire d'Albon, relégué à plus d'une seconde de son leader ? Le Thaïlandais partira 15ème après avoir essuyé une pénalité de cinq rangs pour changement de boîte de vitesses. Pérez décroche une excellente quatrième place avec sa Racing Point-BWT. Son collègue Stroll (12ème) est moins heureux puisqu'il met pied à terre en Q2 suite à une surchauffe moteur. Les Renault (Ricciardo 5ème, Ocon 7ème) occuperont d'excellentes positions au démarrage, même si le constructeur français rêvait d'une seconde ligne pour son pilote australien. Les McLaren-Renault sont bien placées malgré quelques incidents: Sainz (6ème) heurte un mur vendredi matin et Norris (8ème) finit les qualifications à court de gommes.
Après des essais assez médiocres, Gasly (9ème) est surpris de parvenir en Q3 avec son AlphaTauri. Son équipier Kvyat (11ème) estime qu'il aurait pu atteindre cette étape sans le drapeau rouge qui a interrompu la Q2. Celui-ci a été provoqué par Vettel (14ème) qui fracasse sa Ferrari contre les glissières entre les virages n°4 et 5. Cette interruption ruine aussi les chances de son collègue Leclerc (10ème) de parvenir en Q3. Russell (13ème) atteint la Q2 avec sa Williams-Mercedes, pourtant peu performante sur ce tracé. Latifi (20ème) tâte les murailles lors de la première séance libre puis encaisse une pénalité pour changement de boîte. Les Haas-Ferrari (Grosjean 16ème, Magnussen 18ème) sont rapidement hors-jeu car elles ne parviennent pas à faire chauffer leurs pneus. Enfin, les Alfa Romeo-Ferrari sont toujours aussi lentes. Giovinazzi (17ème) précède Räikkönen (19ème) qui a commis un tête-à-queue à la fin de la première manche.
Le Grand Prix
Les 30 000 spectateurs de ce Grand Prix de Russie profitent d'une chaude atmosphère estivale: le mercure dépasse les 30°C. La plupart des coureurs s'élancent en pneus médiums (C4). Hamilton, Pérez, Ricciardo, Ocon, Sainz, Norris, Gasly et Albon sont munis de Pirelli rouges tendres (C5). Kvyat et Räikkönen partent seuls en gommes dures (C3). Tous ne prévoient qu'un seul arrêt aux stands.
En début d'après-midi, Hamilton s'inquiète du futur coup d'envoi du Grand Prix car, en raison de la grande distance qui sépare la ligne de départ du premier freinage, il craint d'être débordé par Verstappen ou Bottas qui pourraient bénéficier de son aspiration. Ainsi, en sortant de son garage pour son tour de reconnaissance, il décide de s'entraîner au moyen de plusieurs départs arrêtés. Mais, fatigué d'attendre son tour derrière le peloton, il demande à Peter Bonnington l'autorisation d'aller s'exercer un peu plus loin, à la sortie de la pit-lane, laquelle a ici la particularité de longer la grille de départ. L'ingénieur donne un peu légèrement son feu vert au sextuple champion du monde qui commet ainsi une double infraction: il stoppe dans une ligne droite sans nécessité (article 19.2 du règlement sportif) et n'effectue pas son tour de reconnaissance à vitesse constante (art. 36.1). Cette faute est aussitôt repérée par le collège des commissaires, où siège notamment Mika Salo. Hamilton a ainsi probablement perdu ses chances de victoire avant même le départ...
Départ: Bottas double immédiatement Verstappen et prend l'aspiration de Hamilton. Le Finlandais se porte à la hauteur de son équipier et lui fait l'extérieur au premier freinage, mais il patine en sortie de virage, ce qui permet à Hamilton de reprend l'ascendant. Verstappen emprunte pour sa part le dégagement et se réinsère derrière Ricciardo. Il est imité par plusieurs pilotes, dont Sainz qui garde le pied au plancher en zigzaguant entre les plots bornant le chemin à suivre pour revenir en piste. L'Espagnol finit par heurter le mur avec sa roue avant-gauche. La McLaren est renvoyée en piste où par chance tout le monde parvient à l'éviter.
1er tour: Verstappen dépasse Ricciardo. Ocon mène ensuite une rude bataille pour doubler son équipier. Touché par Leclerc à la sortie du virage n°4, Stroll part en tête-à-queue et heurte le mur intérieur, y laissant son train avant. La voiture de sécurité entre en piste pour évacuer les deux monoplaces accidentées. À l'issue de ce premier tour, Hamilton devance Bottas, Verstappen, Ocon, Ricciardo, Pérez, Gasly, Leclerc et les deux Haas de Magnussen et Grosjean qui se sont très bien élancées.
2e: Sainz et Stroll sortent sans peine de leurs épaves. Les commissaires déblayent les débris. Albon et Russell passent aux stands pour chausser des pneus durs, à l'instar de Norris qui fait aussi retirer des débris issus de l'autre McLaren.
4e: Le peloton est désormais rangé derrière la Safety Car. Hamilton est premier Bottas, Verstappen, Ocon, Ricciardo, Pérez, Gasly, Leclerc, Magnussen, Grosjean, Kvyat, Giovinazzi, Vettel, Latifi, Räikkönen, Russell, Albon et Norris.
5e: La voiture de sécurité se retire à l'issue de cette boucle. Après avoir ralenti ses concurrents, Hamilton appuie sur le champignon après le virage n°16 et empêche ainsi Bottas de prendre son aspiration.
6e: Le drapeau vert est agité. Hamilton s'enfuit immédiatement devant Bottas et Verstappen qui ne peuvent guère le suivre puisqu'ils sont munis de pneus plus durs que ceux de Britannique.
7e: Hamilton reçoit une pénalité de deux fois cinq secondes pour la double infraction précitée. Averti par son ingénieur Peter Bonnington, le sextuple champion du monde exprime vivement son incompréhension.
8e: Hamilton est en tête devant Bottas (1.8s.), Verstappen (3.3s.), Ocon (4.7s.), Ricciardo (5.6s.), Pérez (6.2s.), Gasly (8.1s.), Leclerc (10.1s.) et Magnussen (12.1s.). Kvyat prend la dixième place à Grosjean.
9e: L'usage du DRS est autorisé. Verstappen se plaint d'un manque d'adhérence avec ses gommes arrière. Russell, Norris et Albon bataillent pour la seizième place.
11e: Hamilton ne parvient plus à décramponne Bottas qui n'évolue qu'à une seconde et demie derrière lui. Verstappen est à deux secondes et demie du leader. Plus loin, Ocon contient Ricciardo et Pérez.
13e: Hamilton précède Bottas (1.5s.), Verstappen (3s.), Ocon (5.3s.), Ricciardo (6.1s.), Pérez (7s.), Gasly (9.8s.) et Leclerc (13s.). Kvyat déborde Magnussen. Vettel pourchasse Giovinazzi pour la douzième place sans pouvoir passer. Albon et Norris doublent Russell qui a manqué un freinage et fait un méplat sur ses pneus.
14e: Hamilton refuse de changer de pneus pour le moment et cravache afin d'atténuer les conséquences de sa future pénalité. Il améliore le record du tour (1'39''773''') et repousse Bottas à plus de deux secondes.
15e: Pérez esquisse une attaque sur Ricciardo au second virage, puis déborde l'Australien par l'extérieur dans la grande courbe longeant la Place des Médailles. Ricciardo fait ensuite escale chez Renault pour chausser des pneus durs (3.7s.) et repart au cœur du peloton, entre Räikkönen et Albon. Russell repasse chez Williams pour remplacer ses gommes endommagées.
16e: Hamilton apparaît au stand Mercedes. Ses mécaniciens patientent dix secondes avant de lui fixer des gommes blanches. L'Anglais se réinsère en onzième position derrière Vettel. Bottas se retrouve leader avec quatre secondes d'avance sur Verstappen. Arrêt pneus aussi pour Giovinazzi.
17e: Bottas attaque et signe le meilleur chrono provisoire (1'39''375'''). Ocon change ses gommes et redémarre devant son équipier Ricciardo. Arrêts aussi pour Grosjean et Latifi.
18e: Gasly subit le remplacement de ses gommes. Son compère Kvyat, parti en pneus durs, restera en piste plus longtemps.
19e: Bottas relègue Verstappen à cinq secondes. Hamilton se défait aisément de Vettel au second virage. Magnussen effectue son unique pit-stop.
21e: Bottas améliore le record du tour à chaque passage. Pérez fait halte chez Racing Point et s'empare de gommes dures (2.6s.). Il fait une excellente affaire puisqu'il reprend la piste devant les Renault qui sont encore bloquées derrière Vettel. Ricciardo s'est débarrassé de Räikkönen.
22e: Bottas devance Verstappen (7s.), Leclerc (26.6s.), Kvyat (29.4s.), Hamilton (39s.), Pérez (42.7s.), Vettel (45s.), Ocon (46s.), Ricciardo (48s.), Räikkönen (51s.), Albon (52s.) et Gasly (53s.).
24e: Huit secondes séparent Bottas et Verstappen. Ocon ne parvient pas à doubler un Vettel pourtant assez lent. Les deux pilotes Renault voient Pérez s'envoler.
25e: Sur ordre de son stand, Ocon se range au bout de la ligne droite principale pour céder le passage à Ricciardo. Mais ce dernier rate son freinage et escalade le fameux boudin orange qui borde le 90°. Il peut donc s'attendre à une punition...
26e: Verstappen chausse les pneus durs dans un arrêt très rapide (1.9s.). Le Batave repart quatrième, sept secondes devant Hamilton.
27e: Bottas compte trente-et-une secondes de marge sur Leclerc. Le Finlandais passe aux stands pour mettre le composé dur (2.7s.) et conserve le leadership. Verstappen dépasse Kvyat au premier freinage. Ricciardo dépasse Vettel au virage n°13.
28e: Ocon double Vettel. Ricciardo se voit infliger cinq secondes de pénalité pour sa sortie du 25ème tour. Albon s'empare d'un train de pneus médiums pour remonter vers les points.
29e: Hamilton fond sur l'AlphaTauri de Kvyat. Leclerc observe son unique pit-stop et chausse les enveloppes dures. Il reprend la piste sixième, entre les Renault de Ricciardo et d'Ocon, et a donc gagné deux positions grâce à cette stratégie décalée.
30e: Bottas précède Verstappen de douze secondes. Kvyat prend les pneus médiums avant de repartir derrière Ocon et devant Räikkönen qui n'a toujours pas stoppé. Vettel fait halte chez Ferrari pour mettre les pneus durs. Il se retrouve seizième derrière Albon.
31e: Bottas est leader devant Verstappen (13s.), Hamilton (21.4s.), Pérez (26.6s.), Ricciardo (37.4s.), Leclerc (39.8s.), Ocon (43.1s.), Kvyat (46.4s.), Räikkönen (48s.), Gasly (49.4s.), Norris (53s.) et Magnussen (56s.).
33e: Hamilton ne remonte pas sur Verstappen. Gasly pourchasse Räikkönen pour le gain de la neuvième place.
34e: Gasly déborde Räikkönen au bout de la ligne droite principale. Le voici neuvième.
35e: Bottas améliore le record du tour (1'37''807'''). Räikkönen effectue son changement de pneus. Il perd du temps à cause d'un écrou grippé et tombe au seizième rang.
36e: Bottas possède treize secondes de marge sur Verstappen, vingt-deux secondes sur Hamilton. Ocon se retrouve sous la menace d'un Kvyat survolté par cette course à domicile et surtout muni de gommes plus tendres.
38e: Bottas précède Verstappen (11.8s.), Hamilton (23s.), Pérez (30.5s.), Ricciardo (41.1s.), Leclerc (46s.), Ocon (53s.), Kvyat (54s.), Gasly (1m. 01s.), Norris (1m. 09s.) et Magnussen (1m. 11s.). Albon prend la treizième position à Giovinazzi et attaque ensuite Grosjean.
39e: Albon dépasse Grosjean. Magnussen est sa prochaine sa cible.
40e: L'intervalle entre Bottas et Verstappen tourne autour de la douzaine de secondes. Les pneus de Grosjean s'altèrent et le Français laisse filer Giovinazzi.
41e: Vettel dépasse Grosjean avec autorité au premier virage. Le Genevois est poussé vers l'échappatoire qu'il emprunte un peu maladroitement puisqu'il renverse un plot au passage. Mais au moins n'a-t-il pas dévié du chemin tracé par les officiels !
42e: Albon prend la onzième place à Magnussen. Peu après, la procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée afin de permettre aux commissaires de retirer les morceaux du plot renversé par Grosjean. Cette neutralisation ne dure que trente secondes. Gasly passe chez AlphaTauri pour prendre les pneus médiums et repart en onzième position.
44e: Bottas mène devant Verstappen (11.1s.), Hamilton (19.3s.), Pérez (29.5s.), Ricciardo (42.8s.), Leclerc (50s.), Ocon (57s.), Kvyat (57.8s.), Norris (1m. 16s.), Albon (1m. 17s.) et Gasly (1m. 18s.). Deuxième arrêt pour Grosjean.
45e: Albon et Gasly sont sur les talons de Norris qui ne s'est pas arrêté depuis le premier tour. Albon se porte plusieurs fois à la hauteur du pilote McLaren sans pouvoir doubler. Le Thaïlandais se fait finalement surprendre par Gasly entre les virages n°10 et 13.
46e: Norris se défend farouchement devant Gasly mais ses gommes sont trop endommagées pour rallier ainsi l'arrivée.
47e: Verstappen concède dix secondes à Bottas. Gasly déborde Norris au premier virage.
48e: Norris manque un freinage et doit céder le passage à Albon. Le jeune Anglais regagne ensuite son stand pour changer de pneus et chute au quinzième rang. Pour la première fois de la saison, McLaren ne récoltera aucun point.
49e: Bottas précède Verstappen (7s.), Hamilton (18.4s.), Pérez (29s.), Ricciardo (43s.), Leclerc (53s.), Ocon (1m.), Kvyat (1m. 01s.), Gasly (1m. 28s.), Albon (1m. 30s.), Giovinazzi (1m. 36s.) et Magnussen (1m. 38s.).
50e: Verstappen reprend environ une seconde par tour à Bottas qui se contente de gérer son avance. Gasly améliore le record du tour (1'37''231''').
51e: Bottas rappuie sur le champignon et s'adjuge le meilleur tour définitif (1'37''030'''). Il empochera donc un point supplémentaire. Troisième et dernier changement de pneus pour Russell.
52e: Kvyat menacera Ocon pour la septième place jusqu'au drapeau à damiers. Dixième, Albon reçoit à son tour cinq secondes de pénalité pour avoir tiré tout droit au premier freinage. Cette sanction ne changera rien à son classement final.
53ème et dernier tour: Valtteri Bottas remporte pour la seconde fois le GP de Russie. Verstappen et Hamilton l'encadrent sur le podium. Pérez décroche une belle quatrième place après quelques courses décevantes. Ricciardo finit cinquième en dépit de sa pénalité. Leclerc obtient la sixième place: un bon résultat pour Ferrari... en 2020. Ocon termine septième devant les AlphaTauri de Kvyat et de Gasly. Albon empoche le point de la dixième place. Suivent Giovinazzi, Magnussen, Vettel, Räikkönen, Norris, Latifi, Grosjean et Russell.
Après la course
Valtteri Bottas est heureux de retrouver la plus haute marche du podium après trois mois de disette, mais sa victoire n'est pas des plus glorieuses, puisqu'elle ne fut permise que part la pénalité qui a frappé Lewis Hamilton. Le Scandinave a pourtant failli dépasser son équipier au démarrage, mais il prétend que sa manœuvre fut gâchée par l'irruption d'une abeille dans son cockpit ! « Mis à part ça, je n'ai pas connu de grosses inquiétudes » déclare-t-il. « Durant mon premier relais, je me suis surtout concentré sur le fait de garder mes pneus le plus longtemps possible. Cela fait du bien de gagner une nouvelle fois ici. Je dois essayer de profiter de cet élan pour reprendre des points à Hamilton et me rapprocher de lui. On ne sait jamais ce qui peut se passer, on l'a vu aujourd'hui. » D'autre part, Bottas se croit obligé de lancer à la radio un message ordurier à ses détracteurs des réseaux sociaux, similaire à celui qu'il avait déjà proféré il y a un an et demi, après sa victoire au GP d'Australie 2019. Cette réaction dénote chez lui une certaine tension. « J'adressais seulement mes meilleurs vœux à ceux qui me souhaitent du mal », se justifie-t-il.
C'est un Lewis Hamilton blême de colère que les journalistes découvrent à l'issue de ce Grand Prix. Le Britannique en veut à la Terre entière. Il est d'abord fâché contre son équipe qui, selon lui, l'a rappelé aux stands trop tôt pour changer de pneus. Il est surtout très irrité par sa double pénalité qu'il ne comprend pas. Et il explose lorsqu'il apprend que les commissaires sportifs lui enlèvent en plus deux points sur son « permis », le plaçant ainsi à seulement deux unités d'une suspension ! Piqué, Hamilton déclare que les autorités « inventent des règles pour freiner sa progression ». Des accusations graves qui sont en outre reprises par Toto Wolff, lequel dénonce « une pénalité tirée par les cheveux ». La situation s'apaise quelque peu en fin de soirée lorsque le collège des commissaires revient sur le retrait de points infligé à Hamilton: ils considèrent en effet que celui-ci ayant obtenu l'aval de son ingénieur Peter Bonnington pour procéder à ses essais de départ, il ne peut être tenu pour totalement responsable de cet incident. Reste qu'il devra encore patienter pour égaler le record de victoires de Michael Schumacher.
Max Verstappen se contente de cette deuxième place bienvenue après ses deux abandons à Monza puis au Mugello, même s'il reconnaît que la Red Bull-Honda est toujours très perfectible. « Au départ, j'avais très peu d'adhérence, ce qui nous a coûté un peu cher au moment de s'élancer », raconte le Batave. « Je suis sorti large au deuxième virage, mais heureusement j'ai pu revenir sans aucun problème. Après le restart, nous étions un peu plus lents avec le train de médiums. Nous avions quelques problèmes avec l'équilibre, mais une fois la course lancée nous étions plus performants, donc je suis plutôt content. Nous pouvons être fiers d'avoir pu nous intercaler entre les Mercedes. » Ses espoirs d'être vice-champion du monde derrière Lewis Hamilton s'amenuisent cependant puisqu'il concède maintenant trente-trois points à Valtteri Bottas.
Le zéro pointé de McLaren - grandement imputable à la maladresse de Carlos Sainz - avive encore un peu plus la bataille pour la troisième place du championnat des constructeurs. L'écurie de Woking (106 points) n'a plus qu'une très faible avance sur Racing Point (104 pts) et Renault (99 pts), tandis que Ferrari (74 pts) n'est pas tout à fait hors-jeu. Le resserrement des performances est donc bien une réalité, mais il est dommage pour le spectacle que Mercedes ne soit pas concernée...
Tony