Sebastian VETTEL
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Mercedes

1003rd Grand Prix

LXXVII Grand Prix Automobile de Monaco
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Monaco
Sunday, 26 May 2019
78 laps x 3.337 km - 260.286 km
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L'Ordinateur s'est éteint

On attendait depuis des mois son retour sur les circuits. En vain. Le soir du 20 mai 2019, Niki Lauda est allé retrouver au paradis des pilotes Ronnie Peterson, Gilles Villeneuve, James Hunt et tous ses amis déjà disparus. L'Autrichien ne s'était hélas jamais complètement remis de la transplantation pulmonaire qu'il avait subie à l'été 2018. Certes, sur le moment, cette opération fort délicate lui avait sauvé la vie. Mais son organisme, usé par son terrible accident de 1976 et surtout par ses deux greffes de reins, n'a pas surmonté cette ultime épreuve. En janvier déjà, alors que l'on escomptait le revoir dans le paddock à Melbourne, pour le coup d'envoi de la nouvelle saison, Lauda avait été hospitalisé suite à une mauvaise grippe. Puis, au printemps, son état de santé n'a cessé de se détériorer. Placé sous dialyse début mai, il s'est éteint paisiblement, à l'hôpital de Zurich, entouré des siens, à l'âge de 70 ans.

 

Cet homme exceptionnel reste évidemment dans les mémoires pour sa survie miraculeuse après son dramatique accident au Nürburgring en 1976, dont il porta à tout jamais les stigmates. Son incroyable abnégation lorsqu'à peine revenu d'entre les morts, il reprit le volant quarante jours seulement après ce drame, força l'admiration de tous. Mais Lauda, ce ne fut pas que le courage d'un champion faisant fi de la souffrance physique, de son apparence, des regards malveillants pour retourner aussitôt à sa passion. Celui que l'on surnommait l'« Ordinateur » fit montre aussi d'une grande humanité deux mois plus tard, sous les trombes d'eau du Mont Fuji, en jugeant que sa vie, et celle de sa famille, ne valait pas un titre mondial. Quitte à se brouiller pour cela avec Enzo Ferrari en personne. Niki Lauda avait une telle personnalité qu'on ne peut le résumer à ses deux carrières en F1 et à ses trois titres mondiaux. Ce fut aussi un redoutable businessman, un avionneur audacieux, un patron d'écurie (pas toujours avisé), et surtout un homme franc, intransigeant, dur avec les autres comme avec lui-même, un grand homme que l'on peut sans rechigner parer du titre trop galvaudé de héros du sport automobile.

 

Hommages à Niki Lauda

De très nombreux pilotes, passés et présents, saluent sa mémoire. Alain Prost évoque avec émotion celui qui fut à la fois son mentor et son ami: « Il y a des champions, des gens avec des palmarès, mais là on perd un seigneur qui ne s'est jamais plaint de quoi que ce soit dans sa vie, de sa condition, de son accident et qui a toujours avancé », déclare le quadruple champion du monde à l'AFP. « Je suis totalement bouleversé. C'est un choc incroyable. Avec Niki, c'est à peu près quarante ans de ma vie, quelqu'un qui représentait beaucoup pour moi, qui s'en va. Il était l'idole de ma jeunesse quand j'ai commencé en karting. La période où nous fûmes équipiers chez McLaren a été la plus faste et la plus géniale que j'ai jamais connue, car il y eut certes le succès - lui gagne le championnat en 1984, moi en 1985 - mais surtout cette relation d'amitié très forte qui s'est créé à ce moment-là. » Prost rappelle aussi la sensibilité d'un homme trop souvent dépeint comme un froid calculateur: « Niki était surnommé l'ordinateur. Cette image lui a injustement collé à la peau. C'était quelqu'un qui savait différencier le travail et le privé et m'a appris beaucoup par rapport à ça. Après certains Grands Prix, j'étais dégoûté quand j'avais eu un incident mécanique ou un truc comme ça. Un soir, il m'a emmené dans une boîte de nuit et on a commencé à boire un ou deux whisky coca, ce qui ne m''était jamais arrivé. On a énormément rigolé et il m'a dit : « Tu vois, ça sert à oublier ce qui s'est passé et à partir de demain tu ne penses plus jamais à ce qui est derrière. » C'était sa philosophie: il y a le travail, il y a l'amusement. Depuis cette période, j'ai toujours des cases dans ma vie et je ne mélange pas les choses. Cela, c'est Niki qui me l'a appris. » Enfin, si Lauda avait beaucoup de défauts, on n'a jamais pu lui reprocher son hypocrisie, ce que souligne son ancien équipier: « Lorsqu'il énonçait quelque chose, je ne tournais pas les talons en me disant : Qu'est-ce qu'il m'a raconté ? C'était au deuxième degré ? Qu'est-ce qu'il veut dire ? Non, Niki, c'était Niki. »

 

Toto Wolff, son acolyte à la tête de Mercedes GP, rappelle aussi le caractère entier et profondément honnête de Lauda, dans un message empreint d'émotion: « Aujourd'hui, Mercedes a perdu sa locomotive. Pour avoir collaboré avec lui au cours de ces six dernières années, je peux affirmer qu'il était parfois cruellement honnête mais également très loyal. C'était un honneur de l'avoir parmi nous et il fait partie intégrante de nos succès acquis ces dernières saisons. Quand il se rendait à Brixworth ou à Brackley et qu'il nous sortait un de ses discours légendaires, il apportait une énergie inimitable. Niki, tu es une personne irremplaçable. Personne ne peut t'égaler. C'était un honneur de t'avoir comme président, et un privilège de t'avoir comme ami. »

 

A Monte-Carlo, l'ensemble du paddock rend hommage à l'Autrichien disparu. Son équipe Mercedes peint le halo de ses W10 en écarlate, couleur fétiche du champion disparu, et arbore une livrée spéciale où figure le message Danke Niki (« Merci Niki »). Le personnel de l'équipe anglo-allemande porte des brassards noirs. Lewis Hamilton, très affecté par la disparition de son ami, est dispensé de toute activité promotionnelle et médiatique pour la journée du mercredi. Il s'abstient ainsi de participer à la conférence de presse officielle précédant les premiers essais libres. Une absence qui n'est pas appréciée par tout le monde. Ainsi, John Watson, ex-coéquipier de Lauda, estime qu'Hamilton aurait dû prendre la parole en cette circonstance et déplore son inconséquence. Le quintuple champion du monde se rattrapera cependant tout au long du week-end en évoquant presque constamment son patron disparu. Il rappelle ainsi que c'est Lauda qui l'a convaincu, en 2012, de quitter son cocon de McLaren pour tenter l'aventure Mercedes: « Si je n'avais pas eu cet appel, je n'aurais aujourd'hui qu'un titre de champion du monde, et j'aurais probablement vingt-deux victoires ou quelque chose comme ça, toutes avec McLaren. Et finalement, je suis là avec cinq couronnes. Je dois beaucoup à Niki. »

 

Par ailleurs, Lewis Hamilton et Sebastian Vettel portent tous deux des casques rouges inspirés de ceux portés par Niki Lauda au cours de sa carrière: celui de l'époque Ferrari pour l'Allemand, celui de l'époque McLaren pour le Britannique. Charles Leclerc arbore quant à lui un couvre-chef asymétrique reprenant les couleurs de son père Hervé (ancien pilote de F3, mort en 2017) et de son regretté ami Jules Bianchi.

 

Présentation de l'épreuve

C'est en grandissime favorite que Mercedes-AMG aborde ce Grand Prix de Monaco - le 90ème de l'Histoire. Le circuit lent et sinueux de la Principauté devrait en effet parfaitement convenir à la W10. L'écurie à l'Étoile lorgne sur un sixième doublé en autant de course, ce qui serait un nouveau record, et un beau coup de chapeau rendu à feu son président non-exécutif, Niki Lauda.

 

Le règlement technique de 2021 doit être publié par la FIA dans le courant du mois de juin, ce qui ne fera qu'un an de retard sur le délai initialement annoncé. On se demande du reste où sera la « révolution » promise. On sait que l'onéreux MGU-H, d'abord sur la sellette, sera très probablement conservé. Sur le Rocher, on apprend qu'une autre des grandes mesures proposées par les groupes de travail, la standardisation de la boîte de vitesses, est aussi abandonnée, et ce alors qu'un appel d'offres avait pourtant été lancé il y a quelques mois ! Plusieurs sociétés, notamment X-Tract, s'étaient mises sur les rangs. Mais selon le rapport rendu par le Conseil mondial du sport automobile, les performances des transmissions conçues par les écuries sont déjà à peu près similaires. Imposer un modèle unique n'influerait donc pas sur la hiérarchie sportive. Cependant, la standardisation avait avant tout pour but de réduire les coûts de production. La FIA prône maintenant d'autres pistes pour réaliser ces économies. Lesquelles ? On n'en sait pas plus...

 

2019 devait marquer le grand retour de McLaren à Indianapolis, quatre décennies après sa dernière participation officielle, et deux ans après une première « pige » en partenariat avec l'équipe de Michael Andretti. Zak Brown s'est laissé convaincre par Fernando Alonso, toujours désireux de coiffer la fameuse « triple couronne ». Le team de Woking a ainsi acheté un châssis Dallara à moteur Chevrolet assemblé par l'écurie Carlin. Hélas, cette aventure vire au fiasco puisqu'Alonso échoue au stade des qualifications, qui plus est après après avoir tâté le béton du célèbre ovale ! Après une telle désillusion, il est peu probable que McLaren accompagne encore les ambitions américaines de l'ombrageux Ibère...

 

En marge de ce GP de Monaco, Renault Sport justifie les nombreuses pannes ayant frappé son groupe propulseur en début de saison par une faiblesse au niveau des bielles. Un défaut de conception qui fait désordre de la part d'un motoriste de Formule 1. Une nouvelle pièce a donc été dessinée et installée sur les V6 de l'équipe officielle et de McLaren au GP d'Espagne. Avec toutefois une contrainte: réduire de moitié le régime du moteur pour ne pas le faire exploser ! Heureusement, à Monaco, Renault permettra à ses pilotes d'appuyer sur le champignon, en attendant de grosses évolutions prévues pour le GP de France. « C'est un début de saison fâcheux, pas au niveau de ce que pouvons accepter », reconnaît cependant Cyril Abiteboul. Renault n'occupe en effet que la huitième place du classement des constructeurs, avec douze points.

 

Les promoteurs de la Formule 1 ont décidé de célébrer ce week-end le 300ème Grand Prix de Kimi Räikkönen. Il ne s'agit en fait que de son 300ème engagement, mais peu importe. C'est l'occasion de revenir sur la très longue carrière du champion finlandais, bientôt quadragénaire, au moyen de vidéos souvenirs et d'entretiens avec ceux qui l'ont côtoyé depuis son arrivée en F1, en 2001. Seul problème: l'intéressé n'est pas des plus coopératifs. Uniquement concentré sur la course à venir, il tente même de faire annuler toutes les festivités prévues par Alfa Romeo ! « Cela ne me procure aucun plaisir », bougonne Iceman. « J'ai déjà dit à l'équipe que ce n'était qu'un chiffre. J'ai essayé de les forcer à tout annuler, mais ce n'est pas vraiment un succès ! » Räikkönen doit donc supporter les flonflons et les laïus de circonstance. On ne le changera pas...

 

Les équipes gréent fortement leurs monoplaces afin de produire un bon appui sur ce tracé tortueux. Ainsi, Red Bull ajoute à sa RB15 des arêtes sur le bord extérieur du plancher, censées fonctionner avec une échancrure située un peu plus loin, afin de canaliser le flux d'air et de sceller le fond plat à petite allure, et ainsi de générer un peu plus d'appui. Sans surprise, la Ferrari SF-90, qui souffre d'un sous-virage chronique, reçoit les plus gros éléments aérodynamiques prévus pour la saison. C'est également le cas de la Haas qui, on le sait, a besoin d'une lourde charge pour ne pas trop éprouver ses pneumatiques.

 

Essais et qualifications

Comme attendu, les Mercedes sont souveraines sur le Rocher: Hamilton et Bottas dominent les séances d'essais du jeudi. Seuls Verstappen et sa Red Bull-Honda semblent en mesure de pouvoir rivaliser avec elles. Les Ferrari sont repoussées à près d'une seconde. Samedi matin toutefois, Leclerc crée la surprise en réalisant le meilleur chrono de la troisième séance libre, mais malheureusement Vettel heurte dans le même temps les glissières à Sainte-Dévote. A cette occasion, Leclerc ne ralentit pas suffisamment sous le régime de la « Virtual Safety Car » et écope d'une réprimande.

 

Les Mercedes reprennent les devants lors de la séance qualificative. Hamilton s'empare de la 85ème pole position de sa carrière (1'10''166''') en devançant Bottas (2ème) de 86 millièmes. Verstappen (3ème) et sa Red Bull-Honda sont bien les « meilleurs des autres » sur ce circuit. Gasly réalise le cinquième chrono, mais recule de trois places, en huitième position, pour avoir gêné Grosjean lors de la Q2. Ferrari commet à nouveau une terrible erreur stratégique en n'autorisant pas Leclerc à boucler un tour supplémentaire à l'issue de la Q1. Résultat: le jeune Monégasque se fait doubler par plusieurs pilotes et passe à la trappe ! Il s'élancera quinzième. Vettel (4ème) ne fait pour sa part que de la figuration. Fortunes diverses chez Haas-Ferrari: si Magnussen (5ème) fait parler la poudre, Grosjean (12ème) manque de peu de s'accrocher avec Gasly et ne franchit pas la deuxième manche.

 

Ricciardo amène la Renault à la sixième place sur la grille, soit son meilleur résultat cette saison dans cet exercice. Hülkenberg (11ème) échoue en revanche aux portes de la Q3. McLaren a eu beaucoup de peine à régler ses MCL34, mais au final Sainz (9ème) et Norris (12ème) font bonne figure. La Toro Rosso-Honda est ici capable d'engranger de gros points. Kvyat (8ème) a toutefois été victime d'une touchette samedi matin alors qu'Albon (10ème) peine à faire monter ses gommes en température. Très performantes en essais libres, les Alfa Romeo sont inexistantes en qualifications. Räikkönen (14ème) déplore un manque d'équilibre et Giovinazzi (18ème) écope de trois places de pénalité pour avoir bouchonné Hülkenberg. Cela va de mal en pis pour les Racing Point-Mercedes, tout à fait inefficaces. Stroll (17ème), toujours très brouillon, concède six dixièmes à Pérez (16ème). Enfin, les Williams-Mercedes (Russell 19ème, Kubica 20ème) sont en léger progrès puisqu'elles ne concèdent plus que trois secondes aux meilleures.

 

Le Grand Prix

L'atmosphère est douce à Monte-Carlo en ce dimanche 26 mai, mais le ciel est chargé, et une averse n'est pas à exclure. Un quart d'heure avant le coup d'envoi, les vingt pilotes se regroupent au niveau de la ligne de départ pour respecter une minute de silence en l'honneur de Niki Lauda, dont le casque a été posé sur un socle noir. Les coureurs coiffent à cette occasion une casquette rouge où figure en lettres blanches le prénom Niki. Puis, ils entendent l'hymne monégasque en présence du couple princier, de Jean Todt et de Michel Boeri, le président de l'ACM.

 

Pirelli prévoit une course avec un seul arrêt aux stands. La majorité des coureurs s'élance avec les pneus tendres rouges (C5). Leclerc, Norris, Hülkenberg, Pérez, Stroll, Russell et Kubica sélectionnent les médiums jaunes (C4). Les pneus durs blancs (C3) sont réservés pour le second relais.

 

Départ: Hamilton prend un bon envol et conserve la première place. Verstappen tente en vain de faire l'intérieur à Bottas au freinage de Sainte-Dévote. Suivent Vettel, Ricciardo et Magnussen.

 

1er tour: Hamilton est en tête devant Bottas, Verstappen, Vettel, Ricciardo, Magnussen, Gasly, Sainz, Kvyat et Albon. Leclerc est quatorzième. Räikkönen se frotte à Pérez à l'épingle, sans conséquence pour les deux pilotes.

 

2e: Hamilton possède un peu plus d'une seconde d'avance sur Bottas. Leclerc dépasse Norris à l'épingle du Loews.

 

3e: L'usage de l'aileron arrière mobile est autorisé. Leclerc pourchasse Grosjean pour le gain de la douzième place.

 

4e: Verstappen et Vettel gardent pour l'heure le contact avec les Mercedes. Ricciardo est en revanche très distancé et fait bouchon devant Magnussen.

 

5e: Hamilton est premier devance Bottas (1.3s.), Verstappen (2.9s.), Vettel (4.6s.), Ricciardo (15.7s.), Magnussen (16.6s.), Gasly (18s.), Sainz (19s.), Kvyat (19.7s.) et Albon (20.5s.).

 

7e: Vettel établit le premier chrono de référence: 1'16''278'''. Leclerc fait l'intérieur à Grosjean à la Rascasse et parvient à faufiler sa Ferrari entre la Haas et le rail. Un dépassement au « forceps »...

 

8e: Les écarts sont stables entre les membres du quatuor de tête. Les Mercedes ne s'enfuient pas. Leclerc chasse Hülkenberg et tente de rééditer la manœuvre réussie sur Grosjean au tour précédent, toujours à la Rascasse. Mais cette fois, son adversaire lui ferme la porte. Leclerc touche la barrière et part en tête-à-queue. Le Monégasque se relance mais il souffre bientôt d'une crevaison à l'arrière-droit.

 

9e: Leclerc roule au pas avec sa roue crevée. Il retient ainsi plusieurs voitures. Son pneu déchape avant le Bureau de Tabac et sème ainsi des débris, tout en endommageant son fond plat. Leclerc parvient néanmoins à regagner les stands pour changer de pneus. Hülkenberg fait aussi halte chez Renault pour remplacer ses enveloppes.

 

10e: Leclerc a laissé de nombreux morceaux de carbone entre le Port et le Bureau de Tabac. La direction de course décide d'envoyer la voiture de sécurité en piste pour permettre aux commissaires de balayer le bitume.

 

11e: Hamilton entre aux stands et chausse les pneus médiums avec lesquels il devra finir l'épreuve. Bottas, Verstappen, Vettel, Ricciardo, Magnussen, Pérez et Russell changent aussi de gommes et optent pour la plupart pour les pneus durs. Red Bull commet l'erreur de relâcher Verstappen au niveau de Bottas. Le Hollandais ne peut laisser aucune place au Finlandais et les deux bolides se heurtent légèrement. Verstappen reste devant mais sa manœuvre n'est pas passée inaperçue auprès des autorités sportives. En quittant la pit-lane, Pérez évite de justesse deux commissaires imprudents qui traversaient cette allée afin de rejoindre leur poste. Le Mexicain en est quitte pour de la peur.

 

13e: Bottas subit une crevaison lente, conséquence de son choc avec Verstappen. Il change pour la seconde fois de pneus, mais ne perd qu'une place.

 

14e: Les débris ont été ramassés par les commissaires. La course va reprendre au tour suivant.

 

15e: Le drapeau vert est agité. Hamilton conserve l'avantage devant Verstappen, Vettel et Bottas. Ricciardo et Magnussen ont eu tort de s'arrêter durant la neutralisation puisqu'il se retrouvent respectivement 13ème et 14ème.

 

16e: Giovinazzi harponne Kubica à la Rascasse et l'envoie en tête-à-queue. La Williams obstrue la piste et contraint Pérez, Hülkenberg, Russell et Leclerc à stopper. Heureusement, Kubica parvient à se relancer et tout le monde redémarre sans mal.

 

17e: Hamilton ne compte que sept dixièmes de marge sur Verstappen. Leclerc passe chez Ferrari pour prendre des pneus tendres mais il se plaint de son fond plat très abîmé.

 

18e: Hamilton précède Verstappen (0.7s.), Vettel (1.4s.), Bottas (2.3s.), Gasly (3.4s.), Sainz (4.7s.), Kvyat (6s.), Albon (7.3s.), Grosjean (9s.), Norris (10.6s.), Stroll (11.5s.), Räikkönen (12s.), Ricciardo (12.8s.) et Magnussen (13.4s.). Leclerc regagne son garage pour abandonner.

 

20e: Les quatre premiers se tiennent en seulement deux secondes et demie. Un peu plus loin évolue un trio comprenant Gasly, Sainz et Kvyat.

 

21e: Hamilton doit ménager ses pneus médiums alors que tous ses poursuivants sont en durs. Mercedes semble s'être fourvoyée dans sa stratégie... Kubica change de gommes.

 

23e: Verstappen évolue dans la roue d'Hamilton. Vettel et Bottas gardent le contact avec ce duo.

 

24e: Verstappen reçoit cinq secondes de pénalité pour sa touchette avec Bottas dans les stands. Sa seconde place en piste devient donc virtuelle. Giovinazzi écope lui d'une punition de dix secondes pour avoir percuté Kubica.

 

25e: Hamilton est premier devant Verstappen (0.7s.), Vettel (1.7s.), Bottas (2.4s.), Gasly (4.5s.), Sainz (6.6s.), Kvyat (7.5s.), Albon (9.2s.), Grosjean (10.5s.), Norris (23s.), Stroll (24.3s.) et Räikkönen (24.7s.).

 

27e: Verstappen file le train d'Hamilton et ouvre son aileron arrière mobile sur le boulevard, sans pouvoir se porter à sa hauteur.

 

28e: Gasly s'arrête chez Red Bull pour prendre des pneus jaunes (2.6s.) et repart au neuvième rang.

 

30e: L'intervalle entre les duos Hamilton - Verstappen et Vettel - Bottas se chiffre à une seconde et demie. Le ciel se couvre: on redoute la pluie.

 

31e: Sainz passe chez McLaren pour chausser des pneus jaunes et repart entre Gasly et Norris.

 

32e: Changement de gommes pour Kvyat qui se réinsère en piste juste derrière son ex-équipier Sainz.

 

33e: Hamilton garde Verstappen sept dixièmes derrière lui. Tous deux commencent à abîmer leur pneu avant-gauche. Quelques gouttes tombent sur le Rocher, mais sans humidifier quoique ce soit.

 

35e: Hamilton devance Verstappen (0.6s.), Vettel (2.1s.), Bottas (4s.), Albon (12s.), Grosjean (14.2s.), Gasly (24s.), Sainz (27s.), Kvyat (28.3s.), Norris (38s.), Stroll (44s.) et Räikkönen (44.6s.).

 

38e: Le train Hamilton - Verstappen - Vettel - Bottas poursuit sa ronde. Loin de là, Grosjean poursuit Albon pour le gain de la cinquième place. Le Genevois demeure en piste bien que ses pneus rouges soient usés. Räikkönen et Stroll se tamponnent à l'épingle du Loews, sans conséquence pour leurs montures.

 

39e: Stroll fait remplacer ses pneus et tombe au dix-huitième rang.

 

40e: Albon fait escale chez Toro Rosso pour s'emparer de pneus médiums et remet les gaz en neuvième position, derrière son collègue Kvyat.

 

42e: Six dixièmes de seconde séparent Hamilton et Verstappen qui rejoignent les premiers attardés.

 

43e: L'étonnant Albon s'empare du meilleur chrono provisoire: 1'15''607'''.

 

44e: Dans les tréfonds du classement, Pérez attaque Magnussen pour la 14ème place. Le Danois court-circuite la chicane du Port pour résister au Mexicain.

 

45e: Hamilton est en tête devant Verstappen (0.6s.), Vettel (2s.), Bottas (3.6s.), Grosjean (12.3s.), Gasly (16.8s.), Sainz (24s.), Kvyat (25.3s.), Albon (27.3s.) et Norris (47s.).

 

46e: Un peloton serré comprenant Räikkönen, Ricciardo, Magnussen, Pérez et Stroll lutte pour la onzième place. Arrêt pneus pour Giovinazzi.

 

47e: Hamilton se plaint de plus en plus d'un manque de grip. Ses pneus avant se couvrent de bulles. Stroll est frappé d'une pénalité de cinq secondes pour avoir roulé en dehors des limites de la piste. Changement d'enveloppes pour Räikkönen.

 

48e: Hamilton et Verstappen prennent un tour à Russell, puis à Stroll. Ce dernier va ensuite bouchonner Bottas sur plusieurs mètres. Norris effectue son unique arrêt chez McLaren afin de finir la course en gommes tendres.

 

50e: Les quatre premiers se défont de quelques retardataires. Grosjean opère enfin son changement de pneus et parvient à reprendre la piste au neuvième rang.

 

52e: Les pneus d'Hamilton, mais aussi ceux de Verstappen, sont atteints de « bullage ». L'adhérence devient précaire pour ces deux pilotes. Suite à un travers, Kvyat court-circuite la chicane du port mais ne perd aucune position.

 

54e: Le rythme des deux leaders est si peu élevé qu'ils peinent à remonter sur les retardataires. Vettel et Bottas se contentent d'observer la situation, car eux aussi doivent préserver leurs enveloppes.

 

55e: Le quatuor de tête prend un tour à Hülkenberg qui évolue en quatorzième position.

 

56e: Hamilton rappuie sur le champignon et repousse Verstappen à plus d'une seconde. Vettel fait la jonction avec le jeune Néerlandais.

 

57e: Verstappen réplique à Hamilton et lui reprend sept dixièmes en un seul tour. Les écarts sont plus serrés que jamais.

 

58e: Verstappen met son nez dans l'échappement de la Mercedes d'Hamilton. Mais à l'accélération le moteur Mercedes demeure plus puissant que le Honda, et Max ne peut pas attaquer Lewis.

 

59e: Hamilton est leader devant Verstappen (0.5s.), Vettel (1.6s.), Bottas (3.1s.), Gasly (15.8s.), Sainz (37s.), Kvyat (38.5s.), Albon (39.5s.), Grosjean (40.5s.), Ricciardo (1m. 10s.) et Norris (1m. 12s.).

 

61e: Hamilton bloque ses roues à l'épingle. L'Anglais se débat avec un violent sous-virage. Verstappen est toujours sur ses talons.

 

62e: Bottas laisse filer les leaders afin d'avoir le champ nécessaire pour grappiller le point du meilleur tour en course. Gasly change une seconde fois de pneus: lui aussi lorgne sur le record du tour. Il reste en cinquième position.

 

64e: Hamilton peine de plus en plus à se maintenir en piste, mais il tient bon. Verstappen ne peut pas porter l'estocade car ses propres pneus sont couverts d'aspérités.

 

65e: Bottas améliore le record du tour (1'15''163''') et rattrape ainsi le trio de tête.

 

66e: Bien qu'il ne puisse remporter la course du fait de sa pénalité, Verstappen semble décidé à doubler Hamilton. Gasly s'empare du meilleur chrono de la journée (1'14''567''') et du point qui l'accompagne.

 

67e: Hamilton, Verstappen et Vettel se tiennent maintenant en moins de trois secondes. L'Allemand de Ferrari conserve des pneus en bon état relatif, mais il ne peut espérer qu'une défaillance des deux premiers pour s'imposer.

 

69e: Verstappen intimide Hamilton en se déportant à l'extérieur de l'épingle du Loews. Il rééditera plusieurs fois cette manœuvre, sans que son adversaire n'en soit impressionné. Bottas fait la jonction avec Vettel.

 

70e: A huit tours du but, Hamilton est en tête devant Verstappen (0.5s.), Vettel (1.6s.), Bottas (2.4s.), Gasly (28s.), Sainz (45.6s.), Kvyat (46.7s.), Albon (47.9s.), Grosjean (50s.), Ricciardo (1m. 16s.), Norris (1m. 18s.) et Magnussen (1m. 23s.).

 

71e: Verstappen est à l'attaque et se fait piéger au second S de la Piscine. Il doit couper par l'échappatoire pour éviter le rail.

 

72e: Gasly abaisse encore le record du tour (1'14''279''').

 

73e: Grosjean reçoit une pénalité de cinq secondes pour avoir mordu sur la ligne jaune en sortant des stands. Il devrait donc perdre sa neuvième place au profit de Ricciardo.

 

75e: Verstappen est collé à la Mercedes d'Hamilton qui résiste avec énergie. Vettel les observe, en espérant qu'ils s'accrochent...

 

76e: Verstappen prend l'aspiration d'Hamilton sous le tunnel et tente de lui faire l'intérieur à la chicane du Port. Mais il lui manque quelques mètres pour se porter à sa hauteur. La roue avant-droite de la Red Bull touche la roue arrière-gauche de la Mercedes. Hamilton tire tout droit au freinage. Par une chance assez inouïe, tous deux poursuivent sans subir de crevaison ! La course est jouée.

 

77e: Verstappen laisse filer Hamilton. Son aileron avant a en effet quelque peu souffert du contact du tour précédent. Mais il ne tarde à revenir sur la Mercedes.

 

78ème et dernier tour: Lewis Hamilton remporte le GP de Monaco devant Verstappen, mais celui-ci recule au quatrième rang car il doit ajouter cinq secondes à son temps final. Ce sont donc Vettel et Bottas qui encadreront le vainqueur sur le podium. Gasly finit cinquième. Sainz obtient une belle sixième place avec sa McLaren-Renault. Kvyat, septième, et Albon, huitième, apportent dix points à Toro Rosso. Grosjean termine neuvième, mais sera classé dixième, derrière Ricciardo, à cause de sa pénalité. Viennent ensuite Norris, Magnussen, Pérez, Hülkenberg, Russell, Stroll, Räikkönen, Kubica et Giovinazzi.

 

Magnussen écope d'une pénalité de cinq secondes pour avoir coupé la chicane en résistant à Pérez. Il recule ainsi au quatorzième rang. En tout, ce ne sont pas moins de cinq pilotes qui se retrouvent punis à l'arrivée !

 

Après la course

Lewis Hamilton n'aura pas volé ce troisième succès monégasque de sa carrière, en résistant plus de cinquante tours à un Max Verstappen pressant et incisif. Le Britannique a fait montre d'une habileté et d'un sang-froid hors-normes en ne commettant pas la moindre erreur en dépit de pneumatiques très endommagés. Une victoire de gestionnaire, « à la Lauda », ce qu'il ne manque évidemment pas de souligner. « Lewis nous a sauvés », reconnaît Toto Wolff, penaud après cette erreur stratégique. « Ces pneus médiums auraient dû tenir, selon nos calculs. Mais au bout de vingt tours, nous avons aperçu un fort graining sur le pneu avant-gauche de Lewis. Et à vingt tours de la fin, il ne restait plus rien sur sa gomme. Il souffrait d'un énorme sous-virage dans les virages lents. » Hamilton a aussi dû résister à une attaque quelque peu désespérée de Verstappen à deux tours du but. « On s'est touchés, mais il n'aurait pas pu passer ! » assure le quintuple champion du monde, hilare, avant de prendre un bain dans la grande piscine du Rocher. Puis, pour se « venger » de James Vowles, le stratège de Mercedes pour une fois peu inspiré, il l'asperge de champagne ! Son équipier Valtteri Bottas est beaucoup moins joyeux: il déplore de ne pas avoir pu jouer la victoire ici, ce qui démontre qu'il pense bel et bien au titre mondial.

 

Max Verstappen se classe donc seulement quatrième du fait de sa punition, mais il n'est pas déçu de sa course. Au contraire, il affirme s'être bien amusé: « Rouler derrière Hamilton, essayer de le passer, c'était franchement sympa. Si j'avais réussi à le doubler, je pense honnêtement que j'aurais pu m'échapper et effacer mes cinq secondes de pénalité. Je ne les conteste pas, même si je ne suis pas favorable à ce type de sanctions. Je n'y pouvais rien. On m'a donné le feu vert et je ne pouvais pas voir qu'une autre voiture était à mes côtés... » En outre, le Hollandais a dû composer avec une erreur de manipulation au volant, qui a modifié la progressivité de sa pédale d'accélérateur. Ainsi, au moment de remettre les gaz, il a toujours perdu une fraction de seconde sur Hamilton.

 

En finissant second, Sebastian Vettel met fin à la série de doublés de Mercedes, mais n'a pas de quoi pavoiser: la Ferrari était sans surprise incapable de s'imposer à Monaco, à moins d'un gros coup de pouce du destin... qui a bien failli se produire lorsque Hamilton et Verstappen se sont touchés ! Enfin, le seul (!) abandon de ce Grand Prix de Monaco aura frappé, par ironie, le seul citoyen de la Principauté en lice: Charles Leclerc. Celui-ci aura au moins fait le spectacle en dépassant audacieusement Romain Grosjean à la Rascasse, un exploit similaire à celui réussi par son ami Jules Bianchi sur Kamui Kobayashi en 2014. Hélas, sa seconde tentative, sur Nico Hülkenberg, ne fut pas couronnée de succès. Grosjean et Hülkenberg estiment tous deux que Leclerc a tenté des dépassements de « kamikaze ». Mais comment reprocher à un gamin de 21 ans parti en fond de grille de vouloir briller à domicile ?

 

Au classement des pilotes, Hamilton (137 points) creuse l'écart sur Bottas (120 pts). Vettel (82 pts) prend la troisième place à Verstappen (78 pts). Chez les constructeurs, Mercedes-AMG (257 pts) devance Ferrari (139 pts) et Red Bull-Honda (110 pts). McLaren-Renault occupe la quatrième place avec 30 points.

Tony